Christophe Levalois: « En quête d’unité » par Patrice Mahieu et Alexandre Galaka (éditions Salvator)
Patrice Mahieu et Alexandre Galaka, « En quête d’unité. Dialogue d’amitié entre un catholique et un orthodoxe », éditions Salvator, décembre 2021, 214 pages, 20 euros.

Voilà un livre qui répond à bien des attentes. En effet, nombreuses sont les personnes qui s’interrogent sur les différences et les concordances entre le catholicisme et l’orthodoxie.

C’est par le biais d’un dialogue, d’une grande bienveillance, mais sans éluder les questions délicates, les différences et les nuances souvent subtiles, que Patrice Mahieu, moine-prêtre de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, membre du Comité mixte catholique-orthodoxe de France, et Alexandre Galaka, prêtre orthodoxe, recteur de la paroisse Saint-Alexandre-Nevsky-et-Séraphin-de-Sarov (Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale) à Liège en Belgique, se sont attelés à cette clarification très utile. Le père Patrice Mahieu connaît bien les orthodoxes notamment pour avoir suivi des cours à l’Institut Saint-Serge, principalement des pères Boris Bobrinskoy et Nicolas Lossky ainsi que de Michel Stavrou.

C’est à cette occasion qu’il a rencontré le père Alexandre Galaka, étudiant, après le séminaire en Ukraine, puis enseignant à l’Institut Saint-Serge. Ils sont restés en lien depuis. Le père Alexandre, pour sa part, lors de son séjour en France a rencontré des communautés catholiques et protestantes et a effectué un séjour à l’abbaye de Solesmes.

Ce dialogue est l’un des aspects originaux du livre. En effet, on peut trouver des ouvrages ou des émissions, de la part d’un catholique ou d’un orthodoxe, qui expliquent l’autre confession, avec ses ressemblances et différences, mais bien plus rarement des éclaircissements donnés par chacun sur sa foi et les réponses qu’il donne aux interrogations de son interlocuteur qui est dans l’écoute avec le plus grand respect et la plus grande estime. Cette démarche permet non seulement à chacun de préciser le plus clairement possible sa propre foi, mais aussi de formuler des réponses aux questionnements, aux ressentis et aux perceptions des fidèles de l’autre foi.

Toutes les grandes questions sont abordées. L’Église et les Saintes Écritures, la vie liturgique, les sacrements, le Filioque, le pape et la primauté, les dogmes concernant la Vierge Marie, la vie monastique, la situation actuelle des Églises, par rapport à la société moderne ainsi qu’aux États, les relations œcuméniques entre catholiques et orthodoxes, mais aussi avec les spiritualités non chrétiennes et bien d’autres sujets. Les questions sont évoquées aux différents niveaux de compréhension qu’elles requièrent avec toute la subtilité nécessaire : historique, culturelle, linguistique et sémantique (qui ont engendré bien des controverses), philosophique, théologique et dogmatique.

C’est aussi l’occasion pour le lecteur de revisiter l’histoire et les traditions, souvent complexes, des Églises et de la théologie.

Un vaste panorama donc, qui en apprend beaucoup. C’est ainsi que l’on se rend compte que d’indéniables progrès ont été faits au XXe siècle dans la compréhension de l’autre confession ce qui a permis un authentique rapprochement. C’est le cas de la question du Filioque qui fut une pomme de discorde pendant près d’un millénaire. Il s’agit de l’ajout en Occident à la fin du premier millénaire dans le Symbole de foi (le Credo) de la mention « et du Fils », en latin Filioque, dans le passage concernant le Saint-Esprit « il procède du Père », à qui les Latins, et la papauté après avoir résisté, ont rajouté sous l’impulsion des Carolingiens « et du Fils ». Aujourd’hui, cet élément de division a été clarifié entre les Églises. On saisit parfaitement le cheminement historique et les interprétations théologiques qui ont conduit à cette situation. Aujourd’hui, le Credo est parfois récité sans le Filioque dans l’Église catholique.

Cela conduit le père Patrice Mahieu à affirmer sa conviction profonde : « En fait, pour moi, il n’y a pas de différence de foi. Il y a des différences dans la dogmatisation ; il y a des différences dans la réflexion théologique ; il y a des différences liées à l’histoire et à la conception de l’unité et de l’exercice de l’autorité ; mais il n’y a pas de différence de foi. » Toutes les questions ne sont pas résolues, mais ce livre montre bien que la diversité de fait, fruit de l’histoire, ne va pas forcément contre l’unité, et même enrichit l’approfondissement de la foi de chacun dans le respect des identités, pour peu que l’on comprenne bien l’autre grâce à un dialogue amical, sincère et lucide.

Un livre finalement porteur d’espoir et pleinement à la hauteur de son titre, « En quête d’unité ». Un beau cadeau offert aux fidèles des différentes Églises. À connaître et à diffuser !

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Janvier 2022 à 15:07 | 1 commentaire | Permalien



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