Par M. Dmitriev Université d’État Lomonossov de Moscou. Traduit du russe par Élisabeth Teiro, Proposé par V. Golovanow

Nous pouvons considérer « la foi de la chrétienté orientale avec son fondement institutionnel (l’organisation ecclésiastique), la doctrine idéologico-politique impériale et son symbole (Constantinople), la littérature commune gréco-slave en deux langues et la tradition de Cyrille et Méthode qui a instauré l’identité culturelle de ces deux langues » comme des « constructions porteuses fondamentales » de la civilisation byzantino-slave de l’Europe.


Mixail-V. Dmitriev

Depuis les IXe-Xe siècles, la Rus’ était incluse dans une sphère d’influences de civilisations essentiellement byzantines ; la Pologne dans celle de la culture « latine » de l’Occident. Le christianisme adopté par la Rus’ venait de Constantinople, la langue de la culture livresque était le slavon, la littérature traduite était principalement grecque. Le christianisme des Polonais, des Lituaniens et des Baltes venait de Rome et d’Allemagne. Dès le Moyen Âge, la culture de la "Russia Occidentalis" et de la "Russia Orientalis" entra en contact avec le monde de culture latine. La tradition byzantino-balkanique demeura toutefois dominante.

Après l’invasion mongolo-tatare, aux XIIIe-XIVe siècles, la Rus’ du nord-est et la Rus’ du sud se trouvèrent culturellement relativement isolées de l’Occident. Elles conservèrent des liens étroits avec Byzance et subirent l’influence du monde asiatique. La Rus’ du nord-ouest (les pays de Novgorod et Pskov) souffrit nettement moins de l’invasion tatare et maintint ses liens avec la Lituanie, la Pologne et l’Europe occidentale. Aux XVe-XVIIe siècles, les liens de la Russia Occidentalis (les futurs pays biélorusses et de l’Ukraine de l’Ouest) avec Byzance et les Balkans se distendirent. En revanche, l’influence de la culture catholique se renforça considérablement dans le royaume de Pologne et dans la Grande-Principauté de Lituanie. Dans la Rus’ moscovite, au cours des XVe-XVIIe siècles, sous l’influence des traditions locales, byzantines et, en partie, occidentales s’élabora une culture particulière qui se distinguait radicalement du modèle tant de l’Europe occidentale que de l’Asie.

Que signifiaient et quelle influence sur l’histoire sociale, politique et domestique eurent les différences entre les traditions confessionnelles et culturelles de l’Occident chrétien et le monde byzantino-orthodoxe ? Cette question concerne des aspects bien plus fondamentaux que la religion en tant que telle. Il s’agit de définir à quel groupe de civilisation appartenaient les différentes sociétés et de savoir comment agirent, au fil de l’histoire de l’Europe orientale, les traditions de civilisations byzantines, occidentales et locales. Nous employons les termes « civilisation » et « traditions civilisationnelles » dans un sens relativement strict, à savoir dans celui qui souligne que les « structures de longue durée » politiques, sociales, culturelles et même mentales de civilisations distinctes (en l’occurrence ici de l’Europe occidentale et du monde byzantino-orthodoxe) étaient substantiellement différentes. C’est pourquoi la question de savoir sur la base de quel discours confessionnel et culturel se sont édifiées les cultures « érudite » et « populaire » est en même temps une interrogation sur le type du développement socioculturel. (…) Nous pouvons considérer « la foi de la chrétienté orientale avec son fondement institutionnel (l’organisation ecclésiastique), la doctrine idéologico-politique impériale et son symbole (Constantinople), la littérature commune gréco-slave en deux langues et la tradition de Cyrille et Méthode qui a instauré l’identité culturelle de ces deux langues » comme des « constructions porteuses fondamentales » de la civilisation byzantino-slave de l’Europe.

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Saint Vladimir le Grand - Vladimir le BEAU SOLEIL (980-1015) et le Baptême de la Russie

Rédigé par Vladimir Golovanow le 7 Mai 2014 à 10:51 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: Quels sont les points communs et les différences entre catholiques et orthodoxes ? Un point de vue catholique synthétique et relativement complet... le 20/02/2016 18:54
Quels sont les points communs et les différences entre catholiques et orthodoxes ? Un point de vue catholique synthétique et relativement complet...

La photo de Cuba: à gauche, le pape François, 79 ans né en Argentine, à la tête d'une Église de 1,2 milliard de catholiques; à droite, le patriarche Cyrille, 69 ans, né en Russie, à la tête d'une Église de 165 millions d'orthodoxes russes

Le point avec Mgr Manuel Nin la veille de la rencontre de Cuba. Mgr Manuel, moine bénédictin, connait bien le sujet: il était recteur du Collège pontifical grec de Rome avant d'être nommé le 2 février 2016 Exarque apostolique pour les fidèles de rite byzantin en Grèce, devenant ainsi le chef de l’Église catholique byzantine grecque, c’est à dire des catholiques de rite byzantin vivant en Grèce, l’une des plus petites parmi les Églises catholiques orientales : 6 000 membres. Il a sa résidence à Athènes.

Pour la première fois dans l’Histoire, le Pape catholique et le patriarche orthodoxe russe vont se rencontrer, ce vendredi 12 février à Cuba.

Plus que « prophétiser », il est intéressant de voir « l’importance d’une rencontre fraternelle », loin d’Europe (depuis le schisme de 1054), et du Vatican et de Moscou, sur un « terrain neutre », explique Mgr Manuel Nin. Une déclaration commune entre les primats de l’Église devrait être signée.

Aux dires du prélat, l’enjeu est de taille : « Souligner l’unité, ce vers quoi doivent tendre tous les chrétiens ». Car l’Église orthodoxe russe est importante : entre 165 et 250 millions de fidèles.

Du point de vue de la foi cette rencontre est importante pour l’ensemble des fidèles chrétiens. « Nous chrétiens avons entretenu depuis 1 000 ans ces ignorances mutuelles au mépris de l’Évangile, regrette Mgr Nin ; par la parole de Jésus nous devons retrouver cette pleine communion, celle de l’Évangile de Jean : ‘que tous soit un' ».

Jean Paul II et Benoît XVI, qui a connu le patriarche Cyrille, montrent le chemin de l’œcuménisme dont le pape François ne s’est pas écarté. « C’est une rencontre, la plus positive qu’il y ait eu eue », se réjouit le nouvel Exarque apostolique.

La rencontre avec le patriarche Cyrille a été plus compliquée qu’avec le patriarche de Constantinople Bartholomée. « Chaque Église Orthodoxe est autocéphale, indépendante ; ainsi la relation avec les autres églises chrétiennes a son propre rythme », explique Mgr Manuel Nin.

Une nouvelle étape dans les relations entre catholiques et orthodoxes

Le spécialiste le confirme, il y a un face à face entre cardinaux et métropolites russes ces dernières années. « Ce moment est important car les dirigeants des Églises se rencontrent approfondissant la fraternité. »

Des discussions au sujet du « primat du Successeur de Pierre » ont commencé. « Les Églises orthodoxes reconnaissent un primat d’honneur et non de juridiction au Pape, et les discussions des commissions théologiques se fondent dessus. (…) Je parle de siècles de séparations ; nous ne pouvons prétendre que cela se résolve en quelques jours. »

Le Pape a donné un signal positif en affirmant, dès novembre 2014, « Il existe la volonté de nous rencontrer ».

Les points communs

- La Vierge
Pour les catholiques, Marie est considérée comme la mère de Dieu de l’Église et pour les orthodoxes, elle inspire de nombreuses fêtes et célébrations, même si les sensibilités sont différentes selon l’image que les croyants ont d’elle et des événements qui s’y rapportent.

- Pâques
Les événements clés : pour un catholique comme pour un orthodoxe, l’événement pascal (Passion, mort et Résurrection du Christ) est fondamental et la messe qui le commémore, le sommet de la vie chrétienne : la liturgie orthodoxe est centrée autour de la consécration du pain et la communion au Christ, comme la messe catholique.

- Saints
Le culte des témoins de la foi est commun aux deux Églises. Il existe néanmoins une différence entre les critères pour lesquelles une personne est déclarée bienheureuse ou sainte.

- Trinité
La Trinité est un mystère fondant le culte commun des chrétiens orthodoxes et catholiques au Dieu « un et trine », Dieu unique en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, même s’il existe des divergences sur la façon dont les « énergies divines » infusées chez le fidèle par l’Esprit Saint circulent au sein de la Sainte Trinité, procédant du Père par le Fils (chez les orthodoxes) ; ou dont la « grâce » opère par l’action du Saint-Esprit procédant du Père et du Fils (chez les catholiques). C’est la querelle du Filioque (et du fils en latin), un obstacle théologique qui demeure : « Je suis sceptique, malgré le travail des théologiens, Athenagoras a dit : “Laissons les théologiens sur une île discuter et partons” » reprenait récemment à son compte le Pape François. Le Filioque a vu le jour en 589 face à l’hérésie arienne niant le caractère divin du Christ en Europe occidentale et s’est ajouté au Credo (le symbole de foi que les chrétiens prononcent durant la messe). Les orthodoxes ne l’acceptent pas et s’en tiennent aux symboles des Conciles de Constantinople de 381 puis d’Éphèse en 481.

- Les sacrements
Catholiques et orthodoxes ont pour référence les sept sacrements : Baptême, Confirmation, Eucharistie, Réconciliation, Onction des Malades, Ordre, Mariage.

Les différences

- L’Immaculée Conception
Les orthodoxes ne considèrent pas l’Immaculée Conception comme un dogme mais reconnaissent la maternité divine de la Toute Pure Vierge-Marie, Mère de Dieu. Le Pape Pie XII a quant à lui consacré, en 1950, le dogme de l’Immaculée Conception confessé par les fidèles catholiques.

- Le Pape
Pour les catholiques, le Pape est vicaire du Christ et préside la charité de toutes les Églises. Il est l’autorité supérieure. Les orthodoxes ne reconnaissent pas cette juridiction supérieure mais une primauté d’honneur et n’acceptent pas le dogme de l’infaillibilité pontificale telle que définie par le Concile Vatican I en 1870. Dans le monde orthodoxe, le Saint Synode (l’assemblée des évêques) a une autorité supérieure au patriarche qui le préside.

- Le célibat
L’Église orthodoxe accepte les prêtres mariés mais refuse le mariage après l’ordination. L’Église catholique impose le célibat.

- Les calendriers grégorien et julien
L’Église catholique utilise le calendrier grégorien depuis 1582 (introduit par le pape Grégoire XIII au XVIème siècle) fort différent du calendrier julien qui prévaut chez les orthodoxes (un calendrier solaire introduit par l’empereur Jules César en 46 avant J.-C.).

Source: http://fr.aleteia.org/2016/02/11/quels-sont-les-points-communs-et-les-differences-entre-catholiques-et-orthodoxes/

2.Posté par Marie Genko le 20/02/2016 23:29
Cher Vladimir,

J'ai eu la curiosité de lire jusqu'à la fin l'article de Mikhail Dimitriev.

Pour un homme possédant certainement des connaissances historiques approfondies, il utilise des termes, qui sont complètement anachroniques avec les noms des lieux dont il parle.

Pourquoi ne pas utiliser les noms exacts des régions qu'ils mentionne à telle ou telle époque?

A force de nous parler "d'Ukraine", un pays qui a une une existence éphémère pour la première fois en 1918, nous ne comprenons pas quelle localité exacte, il veut mentionner à partir du XVème siècle ?

Cela dévalue le travail considérable qu'il s'est donné la peine de faire au sujet de l'apparition des gréco-catholiques dans l'empire de Russie.

Et par ailleurs cela induit en erreur le lecteur occidental qui va s'imaginer que l'Ukraine existe depuis des lustres...!

3.Posté par Vladimir.G: Le terme "Ukraine" pour qualifier les territoires actuels à l''''ouest du Dniepr apparait en Pologne le 21/02/2016 11:13
Bien chère Marie,

Votre réaction me surprend car je trouve au contraire cet article assez précis: il parle de la "Russia Occidentalis", terme assey précis et connu de ceux qui s'intéresse à l'Europe des XVe-XVIII e siècles (cf. http://www.maphouse.co.uk/antique-maps/russia/M1687-russia-imperium-russicum-pars-occidentalis/, ) et précise, pour les autres, qu'il s'agit là des "futurs pays biélorusses et de l’Ukraine de l’Ouest". Difficile d'être plus précis!

Le terme "Ukraine" pour qualifier les territoires actuels à l'ouest du Dniepr apparait en Pologne justement à cette époque (Encyclopédie Brockhaus et Efron, 1899).

4.Posté par Vladimir.G: Le terme "Ukraine" pour qualifier les territoires actuels à l'ouest du Dniepr apparait en Pologne le 21/02/2016 11:18
Bien chère Marie,

Votre réaction me surprend car je trouve au contraire cet article assez précis: il parle de la "Russia Occidentalis", terme assez précis et connu de ceux qui s'intéressent à l'Europe des XVe-XVIIIe siècles (cf. http://www.maphouse.co.uk/antique-maps/russia/M1687-russia-imperium-russicum-pars-occidentalis/,) et précise, pour les autres, qu'il s'agit là des "futurs pays biélorusses et de l’Ukraine de l’Ouest". Difficile d'être plus précis!

Le terme "Ukraine" pour qualifier les territoires actuels à l'ouest du Dniepr apparait en Pologne justement à cette époque (Encyclopédie Brockhaus et Efron, 1899).

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