De la primauté dans l’Eglise orthodoxe et de la situation au Mont Athos

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De la primauté dans l’Eglise orthodoxe et de la situation au Mont Athos

Voici quelques extraits de l’interview accordée lors de son séjour en Grèce par Mgr Hilarion, président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, au site « Romfea.gr ».

De la primauté dans l’Eglise orthodoxe

Monseigneur, le Saint Synode l’Eglise orthodoxe russe a récemment décidé de créer un groupe de travail qui se consacrerait à l’étude de la question de la primauté dans l’Eglise orthodoxe. Certains disent qu’il s’agit là d’une initiative visant à mettre en doute la primauté du patriarcat de Constantinople?

C’est sur ma proposition que ce groupe a été mis en place. Il définira l’attitude du patriarcat de Moscou à l’égard de la primauté dans les rapports interorthodoxes ainsi que dans notre dialogue avec les catholiques romains. Il est indispensable d’avoir des positions bien arrêtées quant à la primauté, de savoir s’il s’agit d’une primauté d’honneur ou de pouvoir ? De s’entendre sur les paramètres de ces deux catégories de primauté. Notre Église se doit de formuler sa position officielle à l’égard de tout ceci. C’est à cette fin que le groupe a été crée. J’en fais moi-même partie.

J’espère qu’un texte sera collationné en septembre de sorte à pouvoir le faire approuvé par la session du Synode en octobre. Notre position sera définie en fonction de l’expérience du passé ainsi que de la tradition théologique. Je souligne à nouveau cette position sera la nôtre dans le dialogue interorthodoxe ainsi que dans nos contacts avec l’Eglise de Rome.

La situation au Mont Athos

Mgr Hilarion a également répondu à une question portant sur l’installation de moines venus de Russie au Mont Athos, dans le monastère russe Saint-Panteilemon :

- Les nombreuses tentatives de l’Eglise russe d’envoyer des moines au monastère Saint-Panteleimon se heurtent à des difficultés causées par le patriarche de Constantinople. Je pourrais vous citer des exemples concrets. Nos interventions sont souvent restées sans réponse de la part de Constantinople, dans de nombreux cas des refus nous été opposés.

Rédigé par Nikita Krivochéine le 1 Septembre 2009 à 11:58 | 5 commentaires | Permalien

Commentaires

1.Posté par P.Jean le 02/09/2009 13:52

Je pensais, bien naïvement sans doute, que la situation allait vers une amélioration sensible des relations, suite à la rencontre des Patriarches à Constantinople. Je vois qu'il continue d'y avoir de nombreuses pierres d'achoppements. Les propos pleins de bons sens tenus par le Diocèse de Chersonèse et Mgr Hilarion, ainsi qu'à Chambésy, devrait laisser augurer une solution satisfaisante (je prie pour cela !). Si la situation ukrainienne (et ailleurs..) ne débouche pas sur une impasse préjudiciable.

2.Posté par Marie Genko le 03/09/2009 10:06

Merci, cher père Jean, de soutenir l'orthodoxie par vos prières.
Car quelle angoisse est la notre devant la menace d'une mésentente des plus hauts dignitaires de notre Sainte Orthodoxie!
Nous savons bien que notre Église est construites de pécheurs!
Mais nous avons tellement besoin d'un exemple de sainteté de concorde et d'amour!
Si cet exemple ne vient pas de nos patriarches, qu'allons-nous devenir?
Comment pourrions-nous rêver de reconstruire l'unité du Corps indivisible du Christ avec nos frères chrétiens séparés, si les plus éminents de nos pasteurs ne peuvent même pas s'entendre entre eux?
Avons-nous vraiment le droit de nous réjouir d'avoir su garder intacte la parole et la tradition que nous ont laissés les apôtres, si c'est pour montrer aux yeux du monde le spectacle désolant de nos luttes de pouvoir intestines?
Une honte lancinante m'obsède, lorsque je parle à mes frères catholiques ou protestants!
Chaque orthodoxe attaché à la pureté de sa religion devrait éprouver la même honte, car par notre silence nous laissons salir le Corps très pur du Christ!

3.Posté par Michel Englert le 03/09/2009 11:27

'Il continue d'y avoir de nombreuses pierres d'achoppements' - oui.
Mais cela ne veut pas dire que la situation ne va pas vers une amélioration sensible des relations entre les Eglises autoséphales Orthodoxes. La route est longue...

4.Posté par vladimir le 04/09/2009 12:26

Je suis d'accord avec Michel Englert: ces commentaires de Mgr Hilarion ne changent pas réellement les analyses précédentes:

LA PRIMAUTÉ: c'est évidement un point crucial pour l'unité orthodoxe sur les deux plans mis en avant par Mgr:
- Pour le dialogue avec les catholiques: c'était le sujet des discussions de la commission théologique mixte catholique-orthodoxes qui s'est réunie à Ravenne l'an dernier. Le document qui a été adopté, en l'absence des représentants de l'Eglise russe, a été officiellement rejeté par le Patriarcat de Moscou. Il n'a' a ma connaissance, été officiellement adopté par aucune Église Orthodoxe.
- C'est aussi à l'ordre du jour des prochaines Conférences préconciliaires inter-orthodoxes qui doivent discuter de l'ordre des dytiques.
J'ai du mal à imaginer que cette question n'a pas été abordée lors de la visite de Sa Sainteté Cyrille I au Phanar en juin dernier. Mais je pense qu'il n'a pas été trouvé de point d'accord, ce qui explique le silence des commentaires (on n'a mis en avant que les point d'accord) et justifie la création de cette commission pour renforcer la position théologique de l'Eglise Russe. Attendons les résultats de ses travaux …

L'ATHOS: le déblocage des arrivées de moines russes est certainement l'un des gestes qu'attends Moscou de Constantinople en réponse à ses ouvertures(1). Si Constantinople accepte la mise à disposition de prêtres russes pour desservir les paroisses russophones en Turquie il parait difficile qu'il puisse dans le même temps refuser d'accepter des moins russes à la Sainte Montagne… Ce point là a du être réglé lors de la rencontre de juin, sinon on n'en aurait pas parlé, et sa mention par Mgr Hilarion serait alors une sorte de rappel diplomatique… Mais il ne faut pas non plus oublier que les monastères de l'Athos donnent souvent du fil à retordre au Phanar: ils ont, par exemple, unanimement rejeté le document de Ravenne dont je parle ci-dessus, se trouvant ainsi sur la même ligne que l'Eglise russe!

(1) Cf. interview de Mgr Hilarion citée dans la note "Moscou – Constantinople: un nouveau format des relations"

5.Posté par wormwood le 14/09/2009 17:26

Il y a plusieurs années que je me suis pas rendu à la sainte montagne. Je suppose que, au sujet de la difficulté évoquée, la situation n'a pas beaucoup changé. Il me semble que l'opposition à la venue massive de moines russes au monastère de saint Panteleimon vient moins du patriarcat de Constantinople que de la sainte Epistasie qui est l'organe du gouvernement monastique athonite (autonome, rappelons-le.) Un décret a été pris par cette sainte Epistasie fixant un numerus clausus pour les moines du monastère de saint Panteleimon (cinquante je crois) et interdisant aux vingt monastères de concéder des kellies à des moines non-grecs.
On peut se hasarder à penser que ces restrictions viennent d'une part de la volonté de promouvoir l'hellénisme (contre la tradition monastique athonite qui est universaliste) et d'autre part du souvenir, cuisant pour les grecs, du temps où les moines russes pullulaient au mont Athos (approximativement 2000 à saint Panteleimon, 600 à la skite saint André, 800 à la skite saint Elie etc...).
Ajoutons en outre que diverses erreurs ont été commises par des moines russes venus à l'Athos, comme, parmi bien d'autres, de commémorer liturgiquement le patriarche de Moscou et non celui de Constantinople. Ces erreurs, bien que corrigées, demeurent dans les mémoires.
Enfin les divisions internes à la communauté de saint Panteleimon, notamment celle opposant moines russes et ukrainiens, portées sur la place publique, n'ont pas manqué de fournir des arguments aux grecs.
On ne peut qu'espérer que la sainte Epistasie élargisse quelque peu le numerus clausus qu'elle a établi et que les moines russes susceptibles de venir s'établir à saint Panteleimon soient d'abord éprouvés et formés en Russie à la rencontre du monde grec, ainsi qu'à cette humble et douce charité qui caractérise la spiritualité russe.

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