Déclaration de l’OLTR sur les difficultés actuelles de l’Archevêché
Les nuages qui s’amoncelaient au-dessus de l’Archevêché ont fini par éclater en orage, à l’occasion du départ de Monseigneur Gabriel. Il est très important que chacun comprenne ce que nous vivons pour se faire une opinion, en connaissance de cause.

Ce que l’on appelle, actuellement, l’Archevêché est un diocèse de l’Eglise russe, créé par le patriarche Tikhon, au début des années 1920, pour répondre aux besoins des nombreux Russes contraints d’émigrer après la révolution. Ce diocèse fut amené à rompre, provisoirement, avec le Patriarcat de Moscou, à l’époque captif du pouvoir soviétique persécuteur de la foi. Pour ne pas rester isolé, il demanda, et obtint, la protection canonique du Patriarcat de Constantinople. Cette situation, avec quelques avatars, dura en l’état, jusqu’à la fin des années 1990.

A cette époque, le pouvoir antireligieux en Russie s’effondra et l’Eglise recouvra la liberté dont elle était privée depuis de nombreuses années.

Après une période d’observation et avec la bénédiction du Patriarcat de Constantinople, Monseigneur Serge (Konovaloff) entama un rapprochement avec le Patriarcat de Moscou qui fut brusquement stoppé après son décès. Son successeur, sous l’influence du conseil actuel de l’Archevêché, exprima un fort désamour envers l’Eglise russe et refusa de considérer la proposition de création d’une métropole autonome, canoniquement rattachée au Patriarcat de Moscou, que présenta, en son temps, Sa Sainteté Alexis II, prédécesseur du patriarche actuel. Depuis, de fortes tensions ont vu le jour dans l’Archevêché. Les partisans d’une étude plus approfondie de cette proposition furent soigneusement écartés du conseil de l’Archevêché et des conseils de paroisse.

Les deux voies possibles

Pourtant, ce sont eux qui restent fidèles à l’héritage que leurs pères leur ont laissé. Ils ont, en effet, voulu faire fructifier ce qu’ils ont reçu et le transmettre à la Russie et à leurs pays d’exil. La préservation de l’héritage spirituel, théologique et même culturel de l’émigration russe devrait être considérée comme une tâche essentielle. Sa greffe sur l’arbre de plus en plus vigoureux de l’Eglise russe est un devoir moral à l’égard de la vérité, autant qu’une dette envers les générations précédentes qui nous ont légué cette mission qu’elles n’ont pas eu le temps de réaliser, à cause des circonstances historiques et politiques.

D’autres ont préféré oublier le passé. Dans l’esprit des membres du conseil actuel de l’Archevêché, l’état provisoire historique de cette entité ecclésiale a changé de nature. Selon eux l’Archevêché doit durer, non pas jusqu’à la libération de l’Eglise de Russie, pour trouver sa voie en son sein, mais jusqu’à l’instauration, dans nos pays, d’une Eglise territoriale locale.

Ils mettent leur confiance dans les statuts d’autonomie, négociés avec le Patriarcat de Constantinople, pour continuer à jouir de cette liberté qui leur permet, pensent-ils, d’élire leurs évêques. Mais cette liberté semble, aujourd’hui, bien fragile.

La position du Patriarcat de Constantinople

En refusant les candidats présentés pour l’élection du nouvel archevêque, le Patriarcat de Constantinople a, de facto, rendu cette élection impossible. En proposant à l’Archevêché d’élire pour lui un évêque vicaire « de tradition russe » et auxiliaire du « métropolite de France » du Patriarcat de Constantinople, il supprime son autonomie et l’intègre, purement et simplement, dans la Métropole grecque de France. Un évêque vicaire ne dirige pas mais aide, simplement, son Métropolite dans une partie de ses fonctions.

On ne peut en vouloir au Patriarcat de Constantinople de souhaiter ce changement qui correspondrait, exactement, à la manière dont il se représente la juste organisation de l’Eglise orthodoxe en France et dans tous les pays de la diaspora : un seul diocèse par pays avec, à sa tête, un évêque du Patriarcat de Constantinople entouré d’évêques vicaires, chacun chargé des fidèles de même origine (russe, roumaine, bulgare, etc.).

On ne peut pas, non plus, le blâmer de vouloir une certaine normalisation. Ces dernières années, l’Archevêché n’a pas prouvé qu’il pouvait vivre dans la paix et la concorde, de façon autonome. Sa Sainteté le Patriarche a eu des échos de la lutte contre les partisans de la fidélité au passé, notamment par les plaintes que certaines victimes lui ont adressées. De plus, l’Archevêché n’a pas été en mesure de préparer des candidats à prendre sa tête.

Pourtant, en raison des réactions diverses suscitées par sa proposition, le Patriarcat de Constantinople, avec la sagesse qui lui est habituelle, n’a pas voulu imposer sa vision des choses : il accepte d’ouvrir une période de consultation pour la recherche de nouveaux candidats à l’élection et la tenue, plus tard, de l’assemblée qui doit procéder au vote, lequel d’ailleurs, n’est qu’une proposition que le Saint Synode doit prendre en considération mais n’est pas obligé de suivre.

Que pouvons-nous faire maintenant ?

Il faudrait que cette période de consultation réunisse, cette fois, toutes les tendances existant au sein de l’Archevêché et que l’objet de cette concertation soit élargi à la recherche d’une formule satisfaisante pour tout le monde. Il est toujours possible d’obtenir, au sein du Patriarcat de Moscou, directement ou par l’intermédiaire de l’Eglise russe hors-frontières, un statut permettant de sauvegarder les spécificités de l’Archevêché. Rappelons que le patriarche de Moscou, en son temps, avait proposé que l’Archevêque élu soit simplement confirmé par le Saint Synode du Patriarcat.

Si cette période de réflexion s’avère fructueuse, on appliquera la solution consensuelle qui aura été trouvée. Dans le cas contraire, on laissera, à chacun, la liberté de choisir son avenir et cela concernera aussi bien les laïcs que les clercs et les paroisses, lesquelles devront déterminer, elles-mêmes, leur avenir.

N’oublions pas, non plus, que l’Archevêché dispose des églises russes construites avant la révolution, dont l’Eglise russe a été spoliée du fait des actions du pouvoir soviétique qui a réussi à casser sa cohésion. Comment trouver juste que ces églises restent dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople, alors que l’Eglise russe s’est relevée après les dures persécutions qu’elle a subies? Cette question pourrait être soumise, non pas à la justice civile des pays concernés, mais au jugement de l’assemblée des évêques orthodoxes de France.

Ce n’est que si l’on acceptait un tel processus que l’on pourrait avancer de façon vraiment honnête et juste.

24 mars 2013
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Rédigé par OLTR le 24 Mars 2013 à 18:58 | 57 commentaires | Permalien


Commentaires
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57.Posté par Vladimir le 08/04/2013 19:08
La très intéressante dispute sur l'annexion de la Géorgie a le mérite de soulever la question de la vérité historique. Daniel cite des documents et des faits exacts, qui ont été occultés par l'histoire officielle en Russie et en URSS, et qui sont maintenant montés en épingle par le nouveau régime. Il est clairement établi que tant l'annexion même que la politique de russification ont été combattus en Géorgie, y compris par des insurrections armées, mais force est de reconnaitre que ces mouvements étaient minoritaires et les insurrections sporadiques et peu suivies, surtout quand on pense à ce qui se passait alors dans le Caucase nord et en Pologne. Nos descendants de Géorgiens, Marie et Alexandre (et je rappelle que Marie compte un saint géorgien parmi ses parents proches: elle sait de quoi elle parle), ont tout à fait raison de souligner que la majeure partie de la population était russophile: les nobles parce qu'ils ont rejoint l'élite russe et par elle l'élite européenne, le peuple parce qu'il y a gagné la paix et la stabilité après des décennies de guerre qui avaient ruiné le pays. Rappelons en effet que l'annexion russe, en 1801, faisait suite au pillage de Tiflis par les Perses (1795), qui y mirent le feu et n'en furent chassés que par l'intervention des troupes russes…

Ainsi donc, comme souvent, la vérité est dans les deux versions: ni l'amour sans faille des peuples russe et géorgien, dont parlait l'histoire classique, ni la résistance acharnée d'un petit peuple opprimé que veut imposer l'angiographie officielle actuelle ne correspondent à complétement à la réalité historique...

Et l'Eglise, comme le reste de la société, accepta l'annexion et y trouva avantages. Pratiquement tout le clergé, évêques compris, resta en place et fut rémunéré comme le clergé russe, le nouveau primat, exarque de Géorgie, fut nommé membre du Saint synode de l'Eglise russe, et si Antoine II fut exilé à Nijnii Novgorod, c'est avec rang et domesticité de métropolite de 1er rang, carrosse, rente annuelle de 54 000 roubles… etc. Il a été canonisé par l'Eglise de Géorgie en 2011.

Il faut souligner que la suppression de l'autocéphalie fut décidée par décret impérial. C'est en effet clairement une prérogative impériale de créer et supprimer des autocéphalies, nommer et révoquer des patriarches: les empereurs de Byzance, les sultans puis les empereurs de Russie en usèrent fréquemment… Et il faut constater que les autres Eglise orthodoxes non seulement acceptèrent cette absorption, mais refusèrent ensuite de reconnaitre la proclamation unilatérale de l'autocéphalie géorgienne en 1917. La première à la reconnaitre fut l'Eglise russe, en 1943, Constantinople ne la reconnaissant qu'en 1990…

Pour en revenir au fond du débat, "l'indépendance" de Daru, même les diocèses peuvent être crées ou fusionnés par décision du synode. Or Daru n'a jamais été diocèse: il "constitue un organisme ecclésial unifié, dépendant canoniquement et de manière immédiate du Trône Œcuménique" et "est gouverné par un seul Evêque dirigeant, ayant le rang et le titre d’Archevêque-Exarque Patriarcal des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale" (tomos de 1991). La seule mention d'une soi-disant "indépendance" est la référence aux "statuts en vigueur et approuvés par le Patriarcat Œcuménique" (ibid.), et il me semble certain que ce qui est défini par un tomos peut être modifié par un autre tomos, comme ce fut le cas en 1965…

56.Posté par Tchetnik le 05/04/2013 10:40
@Marie

Et faute de données fiable, personne ne peut parler de génocide. Les chiffres sur les populations des empires Américains varient de 8 à 100 millions de personnes, ce qui est léger pour tirer des conclusions hâtives.

En revanche, les études sur le caractère mortifère des civilisations précolombiennes existent.

Vous avez avancé une théorie fausse sur l'action Espagnol;e en Amérique du Sud, théorie basée sur des légendes noires infondées, je me suis contnté de remettre les choses en place.

Maintenant que c'est fait, on peut revenir au sujet du fil.


55.Posté par Marie Genko: Revenons au sujet de ce fil! le 05/04/2013 09:04
Cher Tchetnik,

C'est vous qui utilisez le mot "génocide"
Voici ci-dessous ce que vous pouvez lire dans Wikipédia au sujet de la conquête du Mexique et du peuple Aztèque par Hernan Cortez

"D'après Mark Nathan Cohen, en 1618, un siècle après le début de la conquête de l'Empire aztèque, la population totale du Mexique était passée de 20 millions d'habitants à seulement 1,6 million[42], soit une diminution de l'ordre de 90 %."

Les Espagnols n'ont pas vraiment fait dans la dentelle même si la maladie de la Variole, qu'ils ont apportée avec eux d'Europe, les a bien aidés...!!!
....................................................

Revenons au sujet de ce fil, j'ai lu sur moinillon que vous avez répondu aux différents intervenants au sujet de AG du 30 mars à la rue Daru, peut-être pouvez-vous en dire quelque chose aux lecteurs de ce site?
Merci par avance.

Avec toute mon amitié Marie

54.Posté par Tchetnik le 04/04/2013 09:19
@Daniel

En effet, vous faites la part des choses, en l'occurence.


53.Posté par Tchetnik le 03/04/2013 21:23
@Marie

Pour votre gouverne, les Espagnols n'ont jamais massacré un peuple Aztèque qui, avec plusieurs centaines de milliers de sacrifices humains par an, s'en chargeait très bien lui-même.

En fait, ils ont même contribué à arrêter les frais.

Entre 60 et 90 pour cent des populations des pays d'Amérique centrale et du Sud sont d'origine Indienne et Métisse. Comme "génocide", on fait mieux.

Ce n'est pas être un bon Orthodoxe que de reprendre les stéréotypes anticatholiques habituels.

52.Posté par Daniel le 03/04/2013 16:35
@ Tchetnik

C'est ce que je disais: "Mais tout le monde est bien conscient qu'une domination russe, même illégale car violant les traités, était préférable à une domination turque ou perse... car moins dure." et "Dans l'Empire ottoman, des patriarches de Constantinople ont connu des fins plus douloureuses..."

Mais pour revenir à nos moutons darusiens, la question était de savoir si de façon unilatérale Constantinople pouvait abolir le mode de fonctionnement particulier qu'il a avec Daru et imposer un nouveau mode de fonctionnement. Serait-ce canonique? Les privilèges darusiens sont-ils irrévocables? Si non, comment cela doit-il se faire?

51.Posté par Marie Genko le 03/04/2013 16:20
Cher Daniel,

Pardonnez-moi, mais vraiment vous n'y êtes pas du tout!
Les Russes ont toujours eu la plus profonde admiration et le plus grand respect de la culture géorgienne!

Ce n'est pas moi qui l'invente, cela transparaît dans toute la littérature russe !

Gommer la civilisation d'un peuple pour lui en imposer une autre, cela est digne des Espagnols massacrant le peuple Astèque, mais c'est totalement faux en ce qui concerne un peuple orthodoxe envers un autre peuple orthodoxe....!!!
Je vous assure que vous voyez l'annexion de la Géorgie avec les yeux d'un Occidental habitué aux moeurs des Occidentaux.
La langue liturgique géorgienne et son rite, qui n'a rien à voir avec le rite russe, sont toujours bien en place et en valeur dans l'Eglise géorgienne, autant hier qu'aujourd"hui!

Il est possible...mais je n'en sais rien...que certaines paroisses aient introduit des chants en slavon pour satisfaire les nombreux fidèles russes présent en Géorgie, un peu comme aujourd'hui on introduit du roumain dans certaines paroisses de l'archevêché...???
Mais c'est pour les Russes de Tiflis que l'église russe qui se trouve au centre de la ville a été construite.
Et oui, de nombreux Russes vivaient et travaillaient à Tiflis, beaucoup d'entre eux avaient épousé des Géorgiennes. Chacun sait que les femmes géorgiennes comptent parmi les plus belles femmes du monde...
C'était le cas du général Dimitri Starosselsky, mon arrière grand-père, qui était aussi le beau-frère d'Ilia Tchavtchavadze. Ces deux hommes ont travaillé ensemble pour créer la première banque de Géorgie!
Ils ont également collaboré dans bien des domaines puisque Dimitri Starosselsky était chargé par le grand duc Nicolas Romanov de l'aider dans l'administration des questions géorgiennes.
Je ne vais pas ici vous décrire toutes ces activités, elles sont sans intérêt pour les lecteurs de ce site.
Si elles vous intéressent les archives russes sont bien faites et tout s'y trouve...

Pour revenir au sujet de ce fil, je pense comme Séraphin Rehbinder, qu'une concertation est nécessaire entre toutes les partie prenantes de l'archevêché.
Je pense même qu'il faudrait y associer l'évêque Nestor en tant que réprésentant de l'Eglise mère de l'archevêché.
Comme nous pouvons le lire dans la missive de Sa Sainteté Bartholomé, le Père Jean Gueit et le secrétaire de l'archevêché, Michel Sollogoub, ont trouvé necessaire de se rendre auprès du Patriarche de Constantinople...Dans quel but???
Etait-il nécessaire d'argumenter sur la liste des candidats elligibles?
Ou bien est-ce qu'aucun de ces candidats n'avaient trouvé grâce au yeux de ces représantants du conseil de l'archevêché????

Avec toute mon amitié Marie

50.Posté par Tchetnik le 03/04/2013 11:08
La politique Russe n'a jamais été parfaite, que ce fut en Arménie, Géorgie ou Moldavie et leur présence s'est parfois accompagnée de mesures excessives, mais dans l'ensemble force est de constater qu'elle a aussi su être respectueuse de ces peuples et leur a assuré une paix et une prospérité que les musulmans étaient certainement bien loins de leur prodiguer...


49.Posté par Daniel:je suis en désaccord pour une question de méthodologie le 03/04/2013 10:57
@ Marie et Alexandre

Comme vous vous en doutez, je suis en désaccord pour une question de méthodologie. Il me semble que vous ne voyez qu'une partie de la société géorgienne de l'époque, celle de la noblesse qui avait pu tirer profit de la situation et y était favorable. Une société ne se limite pas à certaines de ses portions, y compris les soi-disant élites (cf la France actuelle). D'ailleurs, vous pouvez m'adresser aussi ce reproche que j'accepte bien volontiers.

Votre explication des fresques de style russe en Géorgie est également possible; je n'avais pensé pour l'heure qu'à l'hypothèse d'une imposition de fresques russes pour faire disparaître l'héritage géorgien, vu que la langue liturgique géorgienne était aussi prohibée avec ce même but.

Cependant, je n'ai aucun souvenir de peuple entier qui ait voulu abandonner son être pour devenir "autre", en dépit du prestige de cet autre, et ce en à peine 100 ans. Ainsi, l'américanisation est réelle, mais au final les européens sont restés très européens, les Japonais très japonais etc. Les Géorgiens auraient voulu devenir russes, abandonner leur "être".

Le mouvement national géorgien est antérieur aux menchéviks. Il y eut un complot de la noblesse en 1832, une révolte paysanne et d'une partie de la noblesse en 1841 en Gouri. Quant à Ilia Chavchavadzé, il était un nationaliste géorgien qui prônait à terme l'indépendance, l'usage de la langue géorgienne, le retour de l'autocéphalie de l'Eglise de Géorgie, et en aucun cas l'absorption et la dilution dans la Russie.

Bon nous avons dérivé du propos initiale. De la Rue Daru en 2012, nous voilà en Géorgie en 1811, tout ça à cause de Wladimir... qui avait affirmé que la suppression de l'autocéphalie en 1811 était canonique, ce que je rejette en vertu notamment du Canon 8 du troisème concile oecuménique qui parle de sauvegarde des droits acquis... En vertu de ce canon, Constantinople pourrait-il imposer des mesures administratives à la rue Daru violant ses droits acquis? Tel était le début de notre discussion... J'aurais tendance à dire non...

48.Posté par Marie Genko le 02/04/2013 23:54
Cher Daniel,

Monsieur Stephen H. Rapp n'est pas infaillible et la façon dont il présente les faits, est à mon sens biaisée...
J'explique pourquoi:
Il est juste qu'à la fin du XIXème siècle la Russie à imposée le Russe dans toutes les provinces russes, Géorgie, Pays Baltes etc.
Et il est juste aussi que cela a été une politique maladroite et mal perçue par une partie des autochtones de ces pays.
Pour ce qui est des fresques du XIXème siècle, dans le goût saint sulpicien, personne n'a obligé les paroisses à repeindre leurs églises.
Il est un phénomène redoutable qui s'appelle " la mode " Au XIXème siècle les Géorgiens avaient un tel désir de se russifier qu'ils ont voulu eux-mêmes repeindre leurs églises dans le goût de l'époque!
Ils ont fait cela avec la même logique que celle de bien des familles géorgiennes qui ont russifé leur propre nom de famille.
Lorsque j'ai voulu retrouver la tombe de mon arrière-arrière-grand-père dans la chapelle du cimetière de Sagouramo, j'ai été stupéfaite d'entendre mon guide me lire son nom en géorgien.
Je pensais rechercher Thadéoz Gouramishvili et mon guide m'a lu Thadéoz Gouramoff....
D'autres noms de famille géorgiens ont suivi cet exemple : Eristoff, Andronikoff... et je ne les connais pas tous, loin de là...

Pourquoi fallait-il suivre la mode russe et se réjouir de faire partie de cet empire, mais tout simplement parce que cet empire, en plein essort, était en quelque sorte une " success story" et les success story attirent vers elles comme des aimants.

Lorsque vous parlez du petit peuple qui souhaitait son indépendance, sachez que le petit peuple dans les montagnes et le plaines vivait encore comme au Moyen Age, on écoutait ce que disait le Prince propriétaire des terres. Le Prince s'occupait de politique, mais certainemnt pas le paysan.
D'ailleurs pour des raisons climatiques, il est évident que le paysan géorgien vivait mieux que son homologue russe!

Lorsqu'en 1905, le poison des idées révolutionnaires a commencé à se répandre, les choses ont changé
Mon grand oncle Ilia Tchavtchavadze, politicien d'envergure et grand ami de la Russie, gênait les révolutionnaires et il a été assassiné en 1907 sur ses terres à Sagouramo.

Remarquez au passage que les perdants ont toujours tord!
Lorsque l'empire russe s'est effondré, les menchéviks ont pris le pouvoir en Géorgie et ont réclamé son indépendance...
Nous connaissons la suite!
Et depuis combien de personnes ont réécrit l'Histoire!!!

Heureusement qu'il y a encore en émigration des témoins qui peuvent encore se souvenir des mentalités de jadis!

47.Posté par Daniel le 02/04/2013 17:12
@ Alexander Miller de la Cerda

Oui, c'est l'Empire russe qui protège efficacement les états géorgiens des invasions turco-persanes. Ceci est établi par le Traité de Georgievsk qui est un traité de protection mais non une annexion. Pour protéger la Corée du Sud et l'Europe occidentale du risque d'une invasion communiste, les Etats-Unis ont stationné des bases, mais ils n'ont pas annexé ces territoires. Le reproche politique qui est fait à la Russie (Etat russe) sur ce point est de ne pas avoir honoré sa parole et ses engagements prévus dans le dit traité, tout d'abord en 1795 en n'intervenant lors de l'invasion perse puis en annexant la Karthlie Kakhétie en 1801 en violation du traité. Puis, le reproche religieux est d'avoir supprimé l'autocéphalie.

Mais tout le monde est bien conscient qu'une domination russe, même illégale car violant les traités, était préférable à une domination turque ou perse... car moins dure.

46.Posté par Daniel le 02/04/2013 17:02
@ Mme Genko

Je ne suis pas d'accord avec votre affirmation disant "S'il y a bien une chose dont je suis persuadée c'est que le clergé géorgien est resté en place en Géorgie et que les choses se sont passées en douceur au moment de l'intégration de la Géorgie dans l'empire russe. Il était impossible de faire entrer un patriarche dans le synode des évêques russes, et c'est la raison pour laquelle ce patriarcat géorgien a été supprimé. Mais cela n'a en rien changé l'organisation interne de l'Eglise en Géorgie".

Les choses ne se sont pas passées en douceur et l'organisation de l'église en Géorgie a été grandement modifiée. Contraindre une personne à l'exil et à la forcer à abandonner son poste, en lui interdisant de retourner dans son pays, comme ce fut le cas du patriarche Anton II, n'est pas d'une grande douceur, même si on peut être plus dur bien sûr vu qu'au passage, l'intéressé a bénéficié d'une pension de retraite. Dans l'Empire ottoman, des patriarches de Constantinople ont connu des fins plus douloureuses...

Pour le reste, l'église en Géorgie a été soumise à un exarque. Après un premier exarque géorgien, tous les suivants furent russes, ne connaissant pas le géorgien, ne l'apprenant pas, et très coupés des fidèles.

Stephen H Rapp dans "Georgian christianty", article paru dans "The Blackwell Companion to Eastern Christianity" indique les faits suivants (p150) (livre disponible sur Google book par extraits): le slavon a remplacé obligatoirement le géorgien, les fresques de style géorgien ont été recouvertes et au-dessus furent peintes des fresques dans le style russe de l'époque (qui n'était pas le meilleur), le nombre de sièges épiscopaux fut diminué, et au séminaire local, plus aucun enseignement ne fut donné du géorgien ancien et l'enseignement ne se fit plus en géorgien. Dans les années 1860 et 70, les exarques russes semblent s'être livrés à des trafics d'objets religieux géorgiens, notamment les émaux et les icônes alors que les églises étaient mal entretenues, que 700 étaient dépourvues de prêtres et que le nombre de sièges épiscopaux avait été réduit de 20. Ce qui ne veut pas dire que la culture orthodoxe en langue géorgienne a disparu car il y eut bien aussi des publications en géorgien...

Pour les raisons de la suppression de l'autocéphalie, peut-être des historiens ont-ils fouillé l'ensemble des correspondances et dépêches des acteurs de l'époque, mais on peut voir plusieurs causes:

- politiquement, conserver une église autocéphale dans un pays annexé était un risque pour la Russie car cette église autocéphale était une sorte de souvenir de l'ancienne indépendance et pouvait servir de terrau aux revendications indépendantistes. Je penche pour cette option

- autre possibilité, subordonner l'église à l'Etat comme ce fut le cas en Russie avec la suppression de la fonction de patriarche. A l'opposé, en Géorgie, l'église était toujours demeurée indépendante du pouvoir royal et d'ailleurs disposait de beaucoup de terres

Si l'on sort du cadre religieux, de nombreux nobles géorgiens ont pu faire carrière dans l'Empire russe, et ce sont peut-être ces milieux qui étaient nostalgiques... Quid du petit peuple, quid des nationalistes de l'époque qui prônaient l'indépendance?

45.Posté par Alexandre de Miller de La Cerda le 02/04/2013 14:30
Je suis heureux de lire les commentaires avisés et toujours pleins de bon sens de Marie Genko.

Concernant la Géorgie, mon arrière-grand-mère paternelle était née princesse Elisabeth Toumanoff (Toumanichvili) et ma grand-mère que j'ai très bien connue (elle est dcd pendant mes études universitaires) était née à Tiflis. J'ai encore de la famille géorgienne et un bon ami géorgien (dont les grands-parents et parents ont vécu en Soviétie) et jamais je n'ai entendu de leur part le moindre reproche concernant l'Empire Russe, au contraire, c'était tjs le plus sûr rempart contre les "rizzim" orchestrés régulièrement par leurs "voisins" perses, turcs, etc.

J'ai encore dans ma bibliothèque une copie d'époque du "Dogovor" (accord) du 24 juillet 1783 provenant du palais de Gatchina (dont un oncle éloigné - par ma mère - fut le dernier gouverneur avant la révolution), et il n'est pas inintéressant de voir les clauses généreuses consenties aux Géorgiens, à commencer par l'intégration à la noblesse de l'Empire de tous les nobles géorgiens, sur un strict pied d'égalité...

Par ailleurs, et dans le même ordre d'idée, on commémore actuellement le 185e anniversaire de la signature du traité de paix de Turkmanchai entre la Russie et la Perse qui a plus que "soulagé" les Arméniens des mêmes persécutions musulmanes (que celles subies par les Géorgiens) :
"Relations russo-arméniennes et traité de paix de Turkmanchai
Elina Kazarian
30.03.2013

Une exposition consacrée au 185e anniversaire de la signature du traité de paix de Turkmanchai entre la Russie et la Perse s’est ouverte dans la capitale de l'Arménie. Le traité a mis fin à la guerre russo-persane de 1826-1828 pour la libération de l’Arménie de l’Est du jour persan séculaire et avait une importance énorme pour les Arméniens résidant en Perse et en Turquie. Environ 80 000 Arméniens ont pu retourner sur leurs terres historiques à la suite de la signature de ce document.

L’exposition renferme environ 50 pièces du XIXe siècle provenant des réserves du musée d’histoire d’Erevan comme la maquette de la forteresse d’Erivan, des drapeaux, des uniformes, des armes, des cartes d’état-major et des documents uniques racontant la prise de la fortification par l’armée russe. Parmi eux se fait en particulier remarquer la copie du projet du traité de paix de Turkmanchai qui a mis fin à la guerre russo-persane. Alexandre Griboiedov, diplomate, écrivain et grand ami de l’Arménie a pris une part active à la formulation des clauses de ce traité. La parole est à Marc Kalinine, directeur adjoint du bureau de Rossotroudnitchestvo en Arménie :
« Nous avons lutté côte à côte contre les asservisseurs étrangers pour l’émancipation du peuple arménien et nous voyons que notre grande fraternité d’armes est le garant d’une amitié qui se raffermit, d’une bonne coopération stratégique et de la sécurité dans le monde ».
Nous pouvons affirmer aujourd’hui que les guerres russo-persanes du début du XIXe siècle ont remodelé la carte géopolitique de la Transcaucasie. Le traité de paix de Gulistan perfidement violé par la Perse a été suivi par celui de Turkmanchai aux termes duquel les khanats d’Erivan et de Nakhitchevan ont été rattachés à l’empire de Russie. Environ 80 000 Arméniens ont alors pu regagner leurs terres historiques. Des écoles et des imprimeries ont été ouvertes après la fondation du gouvernorat d’Erivan. Selon Viatcheslav Kovalenko, ambassadeur de Russie en Arménie, un peuple qui a un si grand respect pour son histoire ne disparaîtra jamais de la surface de la terre :
« Je suis vraiment content de constater que l’Arménie et les intellectuels arméniens accordent une si grande attention à l’histoire nationale et veillent à en conserver l’image authentique ».
Les organisateurs de l’exposition et notamment le musée d’histoire d’Erevan et le bureau de Rossotroudnitchestvo en Arménie prépareront un catalogue qui deviendra la première publication relatant le traité de Turkmanchai de 1828 et le rattachement à la Russie de l’Arménie de l’Est. En plus de documents inédits, le catalogue comprend des œuvres graphiques du peintre Mashkov qui a pris part à la campagne contre la Perse".
http://french.ruvr.ru/2013_03_30/Relations-russo-armeniennes-et-traite-de-paix-de-Turkmanchai/

Pour en revenir à mon arrière grand’mère la princesse Elisabeth Dmitrievna Toumanoff, c’est précisément à Tiflis que, jeune fille, elle avait connu mon arrière grand’père paternel, le général Alexandre de La Cerda.
Fille du colonel Prince Dmitri Toumanoff, elle s’était éprise du valeureux jeune capitaine d’artillerie qui venait d’être versé dans l’Armée du Caucase stationnée à Tiflis (on dit maintenant Tbilissi) après avoir participé aux combats victorieux contre les Turcs qui devaient aboutir au traité de San Stefano obligeant le sultan à reconnaître l’indépendance du Monténégro, de la Roumanie et de la Serbie. Vous trouverez évoqués avec beaucoup plus de détails dans ma biographie « Nathalie de Serbie, la reine errante » parue chez Atlantica toutes ces péripéties balkaniques, auxquelles il faudrait ajouter encore les Bulgares qui ont, en témoignage de reconnaissances aux Russes, édifié dans leur capitale la magnifique cathédrale Alexandre Newsky.
Et, je me souviens d'avoir reçu il y a qqs années à Biarritz l'ancien ambassadeur de Russie à l'Unesco dont les ancêtres assyriens avaient trouvé refuge à la fin du XIXe siècle dans l'Empire Russe.
Certes, on trouvera toujours à redire (parfois avec raison, comme pour toute œuvre humaine) à la politique de nos anciens souverains russes, mais on ne pourra jamais leur reprocher d'avoir abandonné les chrétiens d'Orient ou des Balkans face aux exactions musulmanes (on ne pourrait pas en dire autant pour les puissances occidentales, depuis François Ier et son alliance avec les Turcs ottomans... Jusqu'à la IIIe république et ses successeurs, les Arméniens en savent qqchose).
Alors de grâce, que le flambeau de la vérité historique illumine de temps en temps le brouillard du "polit'correct » !

Alexandre de Miller de La Cerda




44.Posté par Marie Genko le 02/04/2013 09:15
Cher Daniel,

En vous lisant on pourrait croire que du jour au lendemain, en 1801, toute l'Eglise géorgienne aurait été balayée et remplacée par un clergé russe....

J'ai été à deux reprises en Géorgie.
Il n'y a à Tbilissi qu'une seule église russe et elle date de la deuxième moitié du XIXème !

Toutes les autres sont de magnifiques églises géorgiennes admirablement bien conservées alors qu'elles datent pour la plus part d'entre elles du premier millénaire!

S'il y a bien une chose dont je suis persuadée c'est que le clergé géorgien est resté en place en Géorgie et que les choses se sont passées en douceur au moment de l'intégration de la Géorgie dans l'empire russe.
Il était impossible de faire entrer un patriarche dans le synode des évêques russes, et c'est la raison pour laquelle ce patriarcat géorgien a été supprimé.
Mais cela n'a en rien changé l'organisation interne de l'Eglise en Géorgie

Si vous aviez grandi comme moi entouré de Géorgiens, qui étaient encore nés dans l'empire de Russie, vous comprendriez mieux combien la mentalité orientale de ces gens est différente de celle des Occidentaux qui nous entourent aujourd'hui.
Les Géorgiens de l'Ancien Régime aimaient l'empire russe et avaient un indefectible sentiment de fidélité envers son empereur
Cette mentalité était même différente de celle des Géorgiens d'aujourd'hui qui sont persuadés qu'il ont été les victimes de la Russie soviétique.

Comme c'est commode de faire endosser ses propres erreurs à autrui !
C'est tout de même Joseph Djougashvili, un Géorgien, qui a d'une main de fer gouverné la Russie soviétique durant un règne de trente années!

Mais de grâce revenons au sujet de ce fil quelle est cette audience d’une délégation de membres du Conseil avec Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée dont parle Galina dans son message N° 30 ?
Pourquoi le Père Job, qui remplit toutes les conditions nécessaires pour être agréé par Sa Sainteté Bartholomé, n'a-t-il pas été agréé...?


43.Posté par Daniel le 01/04/2013 23:57
Il semble qu'un de mes messages se soit perdu dans le cyberespace. J'ai fait une petitre recherche dans le Pédalion et comme son commentateur Saint Nicodème l'Hagiorithe a eu la bonne idée après chaque canon de lister les canons qui concordent, j'ai pu rapidement en tirer ceci.

Les canons en eux-mêmes parlent peu voire pas du tout de la façon dont on donne l'autocéphalie (de là le fait que cela serait discuté lors du concile panorthodoxe à venir) ni de la façon dont elle peut être révoquée, à supposer que cela est possible.

Vous vous appuyez sur 2 faits en affirmant que cela est possible car des précédents existent et n'ont suscité aucune condamnation. Pour l'archevêché d'Orhid, je n'en sais rien (je connais mal) pas pour la Géorgie, j'ai, en fait, pas mal d'éléments.

Dans les faits, le patriarche Anton II (Antoine II) a été exilé de force en Russie et retiré de son siège. Je ne sais pas ce que sont devenus les autres évêques du moment car il y en avait. Ceci viole un ensemble de série de canons qui assure la souveraineté de l'évêque dans son diocèse. Il s'agit de

- canon 34 des apôtres:
- canon 35 des apôtres
- canon 9 d'Antioche
- canon 20, 30 et 39 du 6e concile oecuménique
- canon 3, 11 et 12 de Sardique
- canon 2 du 2e concile oecuménique
- canon 8, 3e concile oecuménique

Ce dernier est très explicite. Le voici en anglais:

2. Bishops must not leave their own diocese and go over to churches beyond its boundaries; but, on the contrary, in accordance with the Canons, let the Bishop of Alexandria administer the affairs of Egypt only, let the Bishops of the East govern the Eastern Church only, the priorities granted to the church of the Antiochians in the Nicene Canons being kept inviolate, and let the Bishops of the Asian diocese (or administrative domain) administer only the affairs of the Asian church, and let those of the Pontic diocese look after the affairs of the diocese of Pontus only, and let those of the Thracian diocese manage the affairs of the Thracian diocese only. Let Bishops not go beyond their own province to carry out an ordination or any other ecclesiastical services unless (officially) summoned thither. When the Canon prescribed in regard to dioceses (or administrative provinces) is duly kept, it is evident that the synod of each province will confine itself to the affairs of that particular province, in accordance with the regulations decreed in Nicaea. But the churches of God that are situated in territories belonging to barbarian nations must be administered in accordance with the customary practice of the Fathers

"Que l'évêque d'Alexandrie administre les affaires de l'Egypte uniquement, [...] que les évêques des Eglises d'Asie admninistre uniquement les affaires de l'Asie etc..." C'est une affirmation de la souveraineté d'une église sur son territoire canonique. Or déposer un évêque, ou ravir un territoire canonique existant pour le dépecer ou en faire autre chose, est déjà en soi un acte administratif fait dans ce territoire. Or ce canon exprime bien que chaque église administre uniquement son propre territoire.

Le commentaire de Saint Nicodème dit:

"It commands, in addition, that both patriarchs and metropolitans alike refrain from interloping beyond their own dioceses and provinces with the object of ordaining others or performing other ecclesiastical services in the parishes of others, without being invited to do so; and that the synod of each particular province shall manage the ecclesiastical matters of each province of the metropolitans, whether they be elections, or ordinations, or penances, or absolutions, or any other such matters"

Traduction :"Et que les synodes de chaque province particulère gérera les affaires ecclesiatisques de chaque province que ce soit les élections, les ordinations, les pénitences, les absolutions et tout autre sujet."

En somme tout sujet est au main des évêques de l'église locale en question, y compris donc, la fusion avec une autre église qui ne peut être imposée manu militari.

Ce principe est réaffirmé dans le commentaire du Canon 8 du troisème concile oecuménique par Saint Nicodème. Ce canon traite du cas de Chypre qui était revendiqué par Antioche. Le texte affirme:

"[...] Cette même règle sera aussi observée dans les autres diocèses et dans toutes les provinces, en sorte qu'aucun des évêques aimés de Dieu ne s'empare d'une autre province, qui ne fût déjà et dès le début sous son autorité ou sous celle de ses prédécesseurs; et s'il s'en était emparé et par force se la fût assujettie, il la rendra, afin que les canons des pères ne soient pas enfreints, ni que sous le prétexte d'actes sacrés ne s'insinue l'orgueil de la puissance mondaine et que sans nous en rendre compte nous perdions peu à peu la liberté, que nous a donnée par son propre Sang Jésus Christ notre Seigneur, le Libérateur de tous les hommes. Il a été donc décidé par le saint concile oecuménique que soient sauvegardés à chaque province purs et inviolés les droits acquis déjà et dès le début selon l'usage établi depuis toujours et le métropolitain sera autorisé de prendre copie conforme de notre décision pour garantir ainsi la sécurité de sa province. Si quelqu'un produisait une ordonnance opposée à la définition présente, le saint et oecuménique concile tout entier décide que cette ordonnance sera nulle et non avenue."


Voici ce que dit Saint Nicodème:


Inasmuch as Cyprus, so far as concerned secular administration, was subject to the Duke of Antioch, and was wont to send it an army commander (or general), it came to pass that the Bishop of Antioch, in imitation of this secular and civil form and law, undertook to show authority over that same Cyprus, with regard to both the religious and the ecclesiastical administration, by ordaining the bishops in Cyprus extra-territorially and not as a matter of ancient custom. This, however, was a thing that was contrary to Ap. cc. XXXIV and XXXV. [...] But, making the Canon general and catholic, the Fathers of this Council add that this same rule shall hold also in regard to diocese (or administrations) and provinces everywhere else, to the end that no bishop be permitted to usurp and appropriate any other province that has not formerly and from the beginning been subject either to his authority or to that of his predecessors. If, nevertheless, anyone should appropriate it forcibly, he must return it, in order that the Canons of the Fathers be not transgressed, [...].

Administrativement, l'île de Chypre dépendait d'un gouverneur d'Antioche; et sur ce modèle Antioche se mit à ordonner des évêques à Chypre, ce qui fut condamné par le concile. Saint Nicodème explique que ce canon chypriote a une portée générale : "aucun évêque ne peut s'approprier ou usurper une province qui ne lui a précédemment appartenu et qui n'a pas été dès le début soumise à son autorité ou à celle de ses prédécesseurs".Ce qui prouve que les changements administratifs ne justifient pas des changements de diocèses...

C'est également la réponse datée du 5 août 1919 que fit le Patriarche géorgien Leonide au Patriarche Tikhon. Cet extrait est cité dans le livre de Vladimir Moss "New Zion in Babylon" (peu favorable à l'autocéphalie géorgienne au passage, présentation douteuse de Moss) qui semble l'avoir tiré du livre suivant: de K.E Skuriat : Istoria Pomestnykh Pravoslvnykh Tserkvej (Histoire des églises orthodoxes locales).

"L'abolition de l'autocéphalie de l'Eglise de Géorgie fut un acte accompli par la force par les autorités séculières au mépris des lois ecclésiastiques. Mais l'Eglise de Russie, au lieu de protester contre les abus des pouvoirs séculiers, accepta la souveraineté sur l'Eglise autocéphale de Géorgie qui lui avait été remise par le pouvoir civil. Puis, toute protestation et des évêques géorgiens et des laïques contre l'abolition arbitraire de l'indépendance de l'église de Géorgie et la russification des Géorgiens furent supprimées par les autorités civiles".

Il y eut bien donc protestation des évêques géorgiens eux-mêmes. Voilà j'espère avoir répondu à vos questions sur l'affaire géorgienne...

42.Posté par Marie Genko le 01/04/2013 21:30
Cher Daniel, votre commentaire 40

Comment auriez vous voulu que l'intégration de la Géorgie, et par le fait même de son Eglise, ait pu se faire dans l'empire russe en 1801 ?
Vous savez très bien que l'Eglise de Russie était un synode d'évêques, alors comment lui associer un Patriarche géorgien?

Les règles sont une chose et la réalité en est apparamment une autre...!
Par exemple :
Au milieu du XXème siècle personne ne pensait à établir des Eglises Locale en Occident ou ailleurs !

Il a fallu la guerre froide pour que l'OCA exige son autocéphalie!
Autocéphalie toujours contestée par Constantinople...

Jusqu'au milieu du siècle dernier tous les Orthodoxes considéraient que l'Occident est le territoire canonique de l'évêque de Rome.

Aujourd'hui les fervants de l'Eglise Locale se battent contre cette compréhension des choses...
Les mentalités changent...

Et pour ma part, j'espère que cela est pour le mieux?

41.Posté par Marie Genko le 01/04/2013 11:30
Cher Daniel,

Je vous avais moi aussi répondu un assez long message en réponse à votre message 36, mais il semble que cette réponse ait disparu dans le cyber espace....

Pour résumer :
Il nous est quasi impossible de juger, avec notre mentalité occidentale d'aujourd'hui, de l'approche des Géorgiens envers l'empire russe en 1801 au moment de l'absorbtion de la Géorgie par celui-ci.
Les Géorgiens sont des orientaux et ils fonctionnnent encore aujourd'hui comme des orientaux.
Leur amour réél pour l'empire russe a été ébranlé par les Menchéviks en 1917....
Pour ce qui est de la suppression du patriarcat géorgien il faudrait consulter les archives géorgiennes du début du XIXème siècle pour s'en faire une idée.

Enfin le sujet de ce fil étant les difficultés actuelles de l'Archevêché, je remarque que Galina dans son message N°30 écrit:

" Le Conseil de l’Archevêché s’est réuni le mercredi 6 mars 2013, sous la présidence de Son Éminence le Métropolite Emmanuel de France, Locum Tenens du trône archiépiscopal, à la suite de l’audience d’une délégation de membres du Conseil avec Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, à Constantinople, le samedi 23 février 2013. La liste des trois candidats au poste d’Archevêque, établie par le Conseil lors de la séance du 13 février 2013, n’a pas été agréée par Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée Ier, ce dernier estimant que toutes les conditions de sérénité n’étaient pas, pour l’instant, réunies pour pouvoir procéder à l’élection d’un nouvel Archevêque"

Que veut dire "à la suite d'une audience d'une délégation de membres du Conseil avec Sa Sainteté Bartholomé"

De quelle délégation s'agit-il et pourquoi cela n'a-t-il pas été mentionné ?

Amitiés Marie


40.Posté par Daniel le 01/04/2013 10:29
Une question à Vladimir qui a oublié de me répondre. Au cours de nos échanges, vous avez sur ce blog défendu le principe des territoires canoniques. Chaque église aurait son territoire sur lequel elle est souveraine. Vous justifiez de cette façon que les orthodoxes ne peuvent nommer des évêques en Occident car c'est le territoire de l'Eglise de Rome, même si celle-ci n'est pas orthodoxe, il faut respecter son territoire. Soit.

Comment conciliez-vous votre exigence de respect du territoire canonique d'une église, impératif selon vous, avec le fait que dans le cas de la Géorgie, ce territoire canonique n'ai pas été respecté en 1811? Si le respect du territoire canonique s'impose pour les églises hétérodoxes, ne s'impose-t-il pas aussi pour les églises orthodoxes?

39.Posté par Daniel le 01/04/2013 09:52
@ Vladimir

Votre incompréhension vient de votre définition d'une autorité canonique. Qu'est-ce donc? Je l'ignore.

Les protestations sont venues du clergé géorgien lui-même et du peuple géorgien lui-même.Ce sont des protestations parfaitement admissibles et canoniques pour peu qu'elles émanent d'orthodoxes car dans l'orthodoxie, il n'y a pas de coupure entre église enseignée et église enseignante, et le peuple orthodoxe, même le moindre laïc est parfaitement à même de protester en cas d'infractions. Pas besoin de théologien, car déjà dans l'orthodoxie le théologien par excellence est le saint ou celui qui prie (et non celui qui a un doctorat). Pas besoin de synode, surtout quand ceux-ci sont silencieux... ou inexistant. Les exemples où c'est la "base" qui prend les choses en main ne manquent pas comme en Ukraine lors de la crise uniate.

Par ailleurs, vous ignorez ce principe que je vous ai rappelé qui dit qu'un évêque est maître de son diocèse. Il se décline en différents canons que je peux citer de mémoire qui interdisent :

- pour un évêque de faire des ordinations dans un autre diocèse
- de recevoir des paroisses d'un autre diocèse sans autorisation ( annexer des diocèses étrangers revient à cela)

Habituellement, les suppressions de diocèses sont décidées par les synodes d'évêque de l'Eglise en question de façon libre et indépendante. Un exemple peut être dans l'absorption forcée de l'Eglise uniate en Ukraine décidée par le pouvoir soviétique. Ce dernier a eu la délicatesse, il me semble, de respecter la forme, à savoir obliger les évêques uniates ou le clergé?, à voter cette absoprtion de façon consentie et libre bien sûr (humour noir).

Ce serait une piste à fouiller. Je vous ai cité aussi quelques sources précédemment à fouiller (quels étaient ces anciens russes qui ont protesté?) mais attention, sur ce sujet, les sources sont peut-être difficile à trouver sauf en géorgien (je n'y ai pas accès). Un livre qui devrait en parler serait " L'Eglise géorgienne des origines jusqu' à nos jours" de Michel Tamarati publié en 1910 à Rome. Livre présent dans de rares bibliothèques et pas encore numérisé... Voire aussi les différentes histoires de la Géorgie (que j'ai prêtées et que je ne peux plus consulter avant leur retour).

Les arguments canonqiues développés par l'Eglise de Géorgie se trouveraient dans le courrier qui proclament l'autocéphalie en 1917 et qui semble expliquer pourquoi la suppression violait les canons. Ce courrier semble avoir été envoyé au synode russe. Ou le trouver et dans quel langue?

Source: http://src-h.slav.hokudai.ac.jp/publictn/acta/23/03_werth.pdf

C'est tout ce que je peux dire pour l'heure en écrivant "de mémoire". Pour plus, il faudrait récupérer mes livres et chercher de bibliographie en bibliographie; que je relise les canons en entier... si je veux faire le travail moi-même.

PS et hors sujet: politiquement, certains Géorgiens se sont bien sortis avec l'annexion russe en faisant une carrière en Russie, c'est vrai. Mais il y eut des insurrections menées par des nobles également et certains Géorgiens pendant la grande guerre combattirent au côté des Turcs, chose peu connue et documentée d'ailleurs.

38.Posté par Vladimir le 31/03/2013 22:39
Bien cher Daniel,

Je connais assez bien l'histoire de la Géorgie pour faire des cours sur le sujet dans l'enseignement supérieur et je ne peux que vous félicitez de vos citations et remarques: tout est absolument juste (même si vous sous estimez le courant pan-russe dans l'establishment géorgien qui a permis l'annexion en préférant la domination russe à celle des Turcs. Des princes Bagration, par exemple, s'en sont très bien accommodés…). Mais ce n'est absolument pas l'objet du débat.

Nous parlions de droit canon et vous vous référez à un principe que vous dites canonique mais que je ne connais pas: "une fois une autonomie ou une autocéphalie donnée, l'autorité qui l'a accordée ne peut plus l'amender, sinon ce ne serait pas une autonomie ou une autocéphalie". Vous n'en donnez aucune référence et je vous cite deux exemples historiques où ce pseudo principe est violé sans qu'aucune autorité canonique ne s'en émeuve et ne s'y réfère. De votre côté, vous ne citez que des protestations politiques mais aucun théologien à l'appui de votre position qui apparait donc comme pour le moins fragile.

Je veux vous assurer que je suis tout prêt à accepter votre principe comme canonique si vous pouvez le documenter de quelque façon pertinente.

En toute amitié

37.Posté par Sebastian le 31/03/2013 17:55
Cher Daniel, cher Vladimir

J'ai toujours été de l'avis que l'autocéphalie avait au fond une fonction purement administrative - qu'il soit plus facile d'administrer une église si elle ne dépassait pas les frontières nationales - mais que cette fonction n'a jamais vraiment été la seule raison de proclamer l'autocéphalie. Depuis le XVIe siècle, la fonction de l'autocéphalie était plutot d'affirmer une identité particulière, ce qui a mené à "l'autocéphalisme" d'aujourd'hui.

Si j'ai bien compris, les plans de Mgr Serge et plus tard de Patriarche Alexis II en 2003 visaient justement à surmonter les querelles d'identité et retourner vers cette notion d'administration. Ou bien, j'ai mal compris la situation?

Cordialement,

SebRim

36.Posté par Daniel : Les cas géorgien et des balkans ne sont pas des cas exemplaires le 31/03/2013 16:47
J'oubliais une autre explication. Les cas géorgien et des balkans ne sont pas des cas exemplaires car dans les deux cas, on a une intrusion du pouvoir politique qui force des modifications au niveau ecclésiale. Ainsi, dans les Balkans, c'est la conquête turque qui force les orthodoxes de l'empire ottoman à dépendre du patriarche de Constantinople lequel est à la tête de la communauté orthodoxe pour tout l'empire. De ce fait sont abolies ainsi de ce fait les anciennes autocéphalies.

Dans le cas de la Russie et de la Géorgie, on a dès Pierre le Grand en Russie, une église en Russie fonctionnant sous un mode anormal inspiré du protestantisme : sans patriarche mais avec un fonctionnaire (parfois non orthodoxe à la tête), ce qui est tout sauf canonique. Dans le traité de Goergievsk, outre les dimensions politiques, protectorat et ainsi de suite, il y a un aspect religieux via l'article 8 qui prévoit que l'Eglise de Géorgie fusionne avec celle de Russie et que le patriarche de Géorgie siège au synode de l'Eglise de Russie dans des conditions à déterminer et qui ne le furent jamais...

Mais c'est un traité entre 2 Etats et en quoi engage-t-il l'Eglise et les Eglises : qu'en pensait celle de Russie, à supposer qu'elle puisse penser autre chose que Catherine II? Je n'ai aucune indication sur la façon cet aspect religieux fut reçu en Géorgie. Mais ce qui est sûr est qu'il ne fut jamais mis en place et qu'il fallut passer par l'annexion de la Kartlie Kakhétie en 1802 puis la suppression formelle de l'autocéphalie en 1811 pour que cet aspect soit appliqué mais de la façon imposée par l'Etat russe (et à nouveau ce fut une décision purement étatique), ce qui semblerait indiquer que l'Eglise de Géorgie n'acceptait pas cet aspect du traité.

Dans tous les cas des protestations en Géorgie ont suivi cette abolition de l'autocéphalie qui est considérée comme illégale. Le fait qu'il s'agit d'une action de l'Etat russe apparaît aussi dans le fait que les demandes de rétablissement de l'autocéphalie furent adressée initialement à l'Etat russe, et non à l'Eglise de Russie.

Le traité de Georgievsk date de Georgievsk date de 1783. On peut le lire ici: http://www.westminster.edu/staff/martinre/Treaty.html

Il faudrait pour les sources russes sortir de l'historiographie officielle et parfois soviétique qui dit que la Karthlie Kakhétie a demandé à rejoindre la Russie, chose erronnée car c'est toute la différence entre protectorat et annexion (elle est grande); et constater aussi qu'en 1795, la Russie n'a pas honoré ses engagements militaires lors de l'invasion perse. Pour l'aspect religieux, il semble que des voix en Russie ait protesté contre la suppression de l'autocéphalie géorgienne :

"Despite the wise admonitions of many Russian elders to respect the portion assigned by lot to the Theotokos and converted by the holy Apostles themselves, appalling crimes continued to be committed against the Georgian Church and nation."

http://www.holytrinityorthodox.com/calendar/los/March/12-08.htm

Les exemples que vous citez me semblent montrer uniquement qu'en ayant la force et le concours de l'Etat, on peut supprimer une autocéphalie, mais non que cela est légitime. Si cela l'était, cela remettrait en cause le principe de l'autocéphalie qui veut qu'une église est libre de son destin. Cela remettrait aussi en cause le principe de la souveraineté de l'évêque dans son diocèse. En un mot, c'est un nouveau véhicule pour le désordre le plus absolu et les prétentions au papisme orthodoxe. La force n'est pas le droit...

35.Posté par Daniel : Je pense qu'il faudrait que vous combliez quelques lacunes sur l'histoire de la Géorgie le 31/03/2013 15:49
@ Vladimir

"Et idem pour l’absorption de l'Eglise de Géorgie par l'Eglise russe en en 1811: non seulement il n'y eut aucune réaction négative mais la restauration de l'autocéphalie en 1917 ne fut reconnue par l'Église russe qu'en 1943 et qu'en 1989 par le Patriarcat œcuménique qui refuse toujours d'en reconnaitre l'antériorité à 484 (querelle des dyptiques, l'un des points d'achoppement de la préparation du Concile...) "

Je pense qu'il faudrait que vous combliez quelques lacunes sur l'histoire de la Géorgie. Aucune réaction négative! Cette absorption a été non consentie et imposée par le pouvoir politique russe qui avait tout aussi illégalement annexé la Kartlie Kakhétie en violation du traité de Georgievsk qui faisait de ce royaume une sorte de protectorat (indépendant pour toutes ses affaires intérieures mais sans politique étrangère en échange d'une protection militaire russe, qui au passage fit défaut en 1795) mais non une partie de la Russie. La même annexion s'est déroulée avec les 2 états géorgiens indépendants sur la côte. Les Géorgiens ont donc protesté contre cette suppression de l'autocéphalie et ont réclamé son rétablissement au long du 19e siècle... et dès qu'ils ont pu, ils l'ont restauré, ce qui n'était que reprendre ce qui avait été volé. Il est absolument erroné de dire qu'il n'y a pas eu protestation.

En suivant votre logique, toute église pourrait annexer selon son bon vouloir toute autre église car elle est la plus forte...ou parce qu'elle a le soutien du pouvoir politique. Dans ce cas, vous oubliez les sacro-saints territoires canoniques, alors que vous vous montrez très respectueux des territoires canoniques latins... Etrange, étrange...

Ne pensez-vous pas que l'absence de réactions négatives vient parfois des rapports de force en place? On se tait pour éviter les coups de bâton? Les gens courageux ou fous pour défendre les causes perdues mais justes ne sont pas légions

Du site de l'Eglise de Géorgie en anglais : "In 1811 the Russian Empire illegally annulled the autocephaly of Georgian Church." En 1811, l'Empire russe annula illégalement l'autocéphalie de l'Eglise de Géorgie. Pas de protestation, vous êtes sûr?


34.Posté par Vladimir le 31/03/2013 14:38
Bien cher Daniel,

Je trouve ce débat sur les principes assez intéressant pour être poussé plus loin:

Je ne me souviens pas que l'empereur ou le patriarche de Constantinople aient jamais été blâmés pour cette "Action violant totalement les canons". D'ailleurs L'Eglise de Bulgarie, héritière du patriarcat d'Ohrid, recouvra son autocéphalie en 1872 mais elle ne fut reconnue par le Patriarcat œcuménique qu'en 1945... Et idem pour l’absorption de l'Eglise de Géorgie par l'Eglise russe en 1811: non seulement il n'y eut aucune réaction négative mais la restauration de l'autocéphalie en 1917 ne fut reconnue par l'Église russe qu'en 1943 et qu'en 1989 par le Patriarcat œcuménique qui refuse toujours d'en reconnaitre l'antériorité à 484 (querelle des dyptiques, l'un des points d'achoppement de la préparation du Concile...)

De fait je ne vois pas de quels canons il s'agit en l'espèce; à l'évidence ils ne semblent pas non plus connus des Eglises.... Je pense personnellement que rien n'interdit à une autorité qui créé ou reçoit " un "organisme ecclésial" de le modifier, voire supprimer… Cela est souvent arrivé régulièrement avec des diocèses de plein exercice.

33.Posté par Basile de Tiesenhausen : rappel juridique le 31/03/2013 14:36
Quand Mgr Serge a été élu Archevêque le statut ecclésiastique de l'Archevêché était un vicariat de fait de la Métropole grecque. ( depuis la déclaration d' indépendance de l'archevêché en 1965 suivie d'une demande humble d'être à nouveaux reçus chez Constantinople en 1971

Mgr Serge a voulu avoir 3 évêques vicaires un pour la Scandinavie , un pour le Bénélux , un pour la France

Un en Scandinavie le père JOHANSON. Dans la position de l'époque il fallait avoir l'accord du Métropolite grec Mgr Paul en Scandinavie. Celui ci a refusé

Un au Bénélux le père Gabriel . Le Métropolite grec en Belgique Mgr Pantéléimon a refusé

Un en France le père Michel Store. Mgr Jérémie Métropolite grec de France a accepté. Il fut donc ordonné évêque en passant par:
-une demande officielle au Patriarche
- une élection par l'AG de l'Archevêché
- une élection confirmation par le Saint Synode de Constantinople

Cette situation de demandes d'autorisations due au statut de dépendance du Métropolite grec de France déplaisant à Mgr Serge il demanda au Patriarche Bartholomée sa dépendance uniquement de Constantinople .

Cela fut le début des négociations pour le TOMOS

Quand le TOMOS fut proclamé Mgr Serge revint à la charge auprès du Patriarche et obtint l'ordination de Mgr Gabriel car il n'y avait plus besoin des accords des Métropolites locaux

32.Posté par Vladimir le 31/03/2013 14:31
Je ne me souviens pas que l'empereur ou le patriarche de Constantinople aient jamais été blâmés pour cette "Action violant totalement les canons". D'ailleurs L'Eglise de Bulgarie, héritière du patriarcat d'Ohrid, recouvra son autocéphalie en 1872 mais elle ne fut reconnue par le Patriarcat œcuménique qu'en 1945... Et idem pour l’absorption de l'Eglise de Géorgie par l'Eglise russe en en 1811: non seulement il n'y eut aucune réaction négative mais la restauration de l'autocéphalie en 1917 ne fut reconnue par l'Église russe qu'en 1943 et qu'en 1989 par le Patriarcat œcuménique qui refuse toujours d'en reconnaitre l'antériorité à 484 (querelle des dyptiques, l'un des points d'achoppement de la préparation du Concile...)

De fait je ne vois pas de quels canons il s'agit en l'espèce; à l'évidence ils ne semblent pas non plus connus des Eglises....

31.Posté par Daniel: Action violant totalement les canons surtout si elle a été commise sans l'accord des intéressés. le 31/03/2013 13:26
"Que pensez-vous d'un précédent comme la suppression de l'autocéphalie du patriarcat d'Ohrid, absorbé par Constantinople en 1020? "

Action violant totalement les canons surtout si elle a été commise sans l'accord des intéressés. De toute façon, une action n'est pas canonique du simple fait qu'elle est réalisée par Constantionple ou Moscou ou autre... Attendons le communiqué "officiel" qui tarde ou les témoignages des délégués.

30.Posté par Galina: 30 mars 2013 - l’Assemblée Générale extraordinaire le 31/03/2013 12:00
(Vladimir )" D'après les premiers échos la proposition du Phanar a été adoptée et il n'aurait pas été jugé utile de modifier les statuts"...

En effet ces Statuts, confirmés par le patriarche, sont le socle sur lequel est bâti l'Archevêché.
A ma connaissance la seule décision prise le 30 mars consister à tenir à nouveau une assemblée début novembre. Le métropolite Emmanuel reste par conséquent le "locum tenens" de l'exarchat.

15 janvier: Mgr Gabriel se retire.

17 janvier : Mgr Emmanuel est nommé locum tenens.

19 janvier : Mgr Emmanuel célèbre à la cathédrale et tient des propos rassurants

24 janvier: Mgr Emmanuel préside le Conseil de l'Archevêché qui fixe la date des élections au 30 mars, alors qu'il a 4 mois pour le faire, et propose aux paroisses de présenter des candidats.

13 février: Mgr Emmanuel préside le Conseil de l'Archevêché qui arrête une liste de candidats à transmettre au Synode de Constantinople.

6 mars: Mgr Emmanuel préside le Conseil de l'Archevêché qui constate qu'il n'y a plus de candidats, qui reporte sine die les élections et qui fait état d'une proposition de nommer Mgr Emmanuel exarque ( Le Conseil de l’Archevêché s’est réuni le mercredi 6 mars 2013, sous la présidence de Son Éminence le Métropolite Emmanuel de France, Locum Tenens du trône archiépiscopal, à la suite de l’audience d’une délégation de membres du Conseil avec Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, à Constantinople, le samedi 23 février 2013. La liste des trois candidats au poste d’Archevêque, établie par le Conseil lors de la séance du 13 février 2013, n’a pas été agréée par Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée Ier, ce dernier estimant que toutes les conditions de sérénité n’étaient pas, pour l’instant, réunies pour pouvoir procéder à l’élection d’un nouvel Archevêque)

30 mars 2013 - Assemblée générale extraordinaire

29.Posté par Vladimir: Que pensez-vous d'un précédent comme la suppression de l'autocéphalie du patriarcat d'Ohrid, absorbé par Constantinople en 1020? le 30/03/2013 22:58
Bien cher Daniel,

Que pensez-vous d'un précédent comme la suppression de l'autocéphalie du patriarcat d'Ohrid, absorbé par Constantinople en 1020?

Vous avez raison pour la collégialité entre évêques titulaire et la non-ingérence dans les affaires d'un autre diocèse. Le problème est que Daru n'est pas un diocèse et qu'un exarchat est totalement dépendant du primat et de son synode et non d'une quelconque assemblée clerico-laïque qu'aucun canon n'a jamais prévu...

Attendons le communiqué officiel. D'après les premiers échos la proposition du Phanar a été adoptée et il n'aurait pas été jugé utile de modifier les statuts...


28.Posté par Daniel le 30/03/2013 20:20
A Vladimir. Absolument faux, le pouvoir n'est pas monarchique... Il est collégial, synode d'évêque pour les affaires d'une église et l'obéissance se limite à ce qui est juste. En outre, Constantinople n'a pas créé l'exarchat mais a accepté de fonctionner avec lui selon certaines modalités convenues à deux. Un contrat lie deux personnes et oblige les deux. Au passage, une fois une autonomie ou une autocpéhalie donnée, l'autorité qui l'a accordé ne peut plus l'amender, sinon ce ne serait pas une autonomie ou une autocéphalie. Sinon quels sont les échos de l'AGE?

27.Posté par Vladimir le 30/03/2013 18:03
Oula la, quel pastis! Et remarquez bien que tous ces documents canoniques sont unilatéraux; par suite rien n'empêche un primat de revenir sur sa propre décision. Le pouvoir dans l'Eglise est "monarchique" et tout "organisme ecclésial" peut être modifié, voire supprimé, par l'autorité qui l'a créée… C'est déjà arrivé à des diocèses de plein exercice.

26.Posté par Daniel le 30/03/2013 16:08
@ Vladimir

"sorte d'église autonome" ne signifie pas "église autonome". C'est une entité au statut étrange qui rappelle l'autonomie du fait de la sélection de son archevêque confirmée ou infirmée par le synode de l'église-mère, par le fait qu'elle a ses propres statuts. J'espère m'être mieux fait comprendre...

25.Posté par Vladimir le 30/03/2013 14:56
Votre formulation, bien cher Daniel, "l'exarchat est une sorte d'église autonome" est totalement en contradiction avec les canons. Un exarchat n'est pas une Eglise autonome, ni même un diocèse, et aucun des documents que nous connaissons, depuis le décret du patriarche Tikhon (8 avril 1921), nommant Mgr Euloge "à la tête des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale avec les droits et prérogatives d’évêque diocésain" jusqu'au tomos de 1931 ("tout en conservant sans changement ni diminution l’indépendance qu’elles avaient jusqu’ici en tant qu’organisation russe particulière et administrant librement leurs affaires") et 1999 ("un organisme ecclésial unifié, dépendant canoniquement et de manière immédiate du Trône Œcuménique... soumis au Patriarcat Œcuménique et est administré selon ses propres statuts,") ne permet d'en dire plus que cela: "organisation russe particulière et administrant librement leurs affaires"...

24.Posté par Daniel le 30/03/2013 00:31
Le Patriarchat ne peut unilatéralement changer les règles... pas plus qu'il ne peut retirer une autonomie ou une autocéphalie à une église à laquelle il l'aurait donné. Comme je l'ai dit, l'exarchat est une sorte d'église autonome. Toute remise en cause passe par un accors entre les deux parties. Quand il n'y pas eu accord, comme quand le Patriarche Athénagoras a lâché la Rue Daru, cela a crée un flou considérable...

Quant au respect des règles canoniques, quant on voit comment elles sont foulées au pied, je me dis qu'elles le seront à nouveau si besoin

23.Posté par Gueorguy le 29/03/2013 23:35
@20 - Marie

En l'état et à ce stade, je suis très dubitatif quant à la présence de Mgr Nestor, dans ce débat. Excusez-moi si je projette qu'une opinion sans l'expliquer.

@21 - Daniel
Croyez-moi que je comprends votre argument qui est toutefois mal formulé car on ne parle pas de "5 ans d'ancienneté dans l'exarchat". Vous vous fiez aux condiitons d'éligiblité. L'article 41 - Alinéa c) - les autres me semblent satisfaits - écrit exactement:
"c) être rattaché à l’Archevêché depuis au moins cinq ans."

La notion de rattachement me semble plus élastique (on a parlé d'un candidat qui était jugé, par le CA,éligible car il ensaignait à l'ITO depuis longtemps ou d'un autre que son rattachement "sentimentale" avait cette durée, justement parce que dans ce délai, il avait été proche de l'Archevêché car occupant des responsabilités importantes en son sein avant d'être détaché dans un autre diocèse).
Si vous considérez l'article 17 (concernant les délégués laïcs), on précise bien qu'il faut être membre (on ne parle pas de "rattachement");ici, c'est alors très explicite.
L'article 16.1 parle précisément du rattachement mais indique une nuance:
"Tous les membres du clergé (évêques, prêtres, diacres) titulaires ou non ou en retraite, rattachés canoniquement à l’Archevêché. Tous les prêtres et diacres doivent être affecté à une paroisse ou à une communauté par un document officiel spécifiant son affectation." On voit que ce rattachement est plus vague pour ce qui concerne les évêques.
Surtout, le tomos de 1999 et le fait que Mgr Emmanuel a pu être nommé Locum Tenens peut être considéré comme une sorte de rattachement (bien qu'on parlerait plus d'un rattachement de l'Exarchat à la Métropole grecque.
A partir de ces définitions, il y a, je vous l'accorde, un questionnement à avoir sur cette idée de "rattachement" qui rendrait la candidature de Mgr Emmanuel éligible, Enfin, les statuts évoquent suffisament l'autorité du Patriarche de Constantinople et je ne vois comment serait contestable si cette candidature était agréée par sa Sainteté.

Je vous concéde qu'il s'agit-là, entre nous, d'une simple discussion sur des interprétations juridiques sans grnade incidence et sans même l'idée de vouloir les imposer. Et il faut, surtout, ne pas oublier la dimension ecclésiale: si c'est vraiment cette orientation qui est bénéfique, il faut savoir mettre le juridique au service de l'Eglise et pas l'inverse.

22.Posté par Séraphin Rehbinder : droit civil et droit canonique le 29/03/2013 23:32


Éviter la confusion entre droit civil et droit canoniquе

Les évènements récents liés à la succession de Mgr Gabriel à la tête de l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale montrent qu’il y a parfois confusion dans les règles qui doivent s’appliquer dans telle ou telle situation car elles sont de nature très différente.

Il y a d’abord les statuts de l’Archevêché. Il s’agit des règles qui ont été choisies pour le fonctionnement de l’Archevêché aussi bien sur le plan interne qu’externe. Ils permettent de lui donner la personnalité juridique. Ces règles sont issues du droit civil français et plus particulièrement du droit des associations.

Les statuts de l’Archevêché s’efforcent, dans la mesure du possible, de rendre compatible les règles de l’Eglise (le droit canonique) avec le droit civil. Par exemple le président de l’association n’est pas élu comme d’habitude mais il est l’évêque dirigeant du diocèse. Ce dernier doit donc faire fonctionner l’association selon le droit civil en respectant certaines modalités dont il est responsable devant les membres de l’association. Mais il dirige aussi son diocèse suivant d’autres modalités, celles du droit canon, dont il n’est responsable que devant Dieu et ses pairs.

Cela crée des situations parfois complexes qui peuvent donner lieu à des cafouillages comme cela est arrivé récemment à la cathédrale de la rue Daru. Car tout doit se faire dans le respect du droit civil pour se conformer aux lois du pays mais aussi et surtout des règles de l’Eglise, pour se conformer au droit canon.

Mais il y a encore une circonstance dont il faut tenir compte. Les statuts de l’Archevêché ont été rédigés avec la bénédiction du Patriarche de Constantinople. Cela était nécessaire car c’est l’Eglise de Constantinople qui, à travers son Saint Synode, procède à l’élection canonique des évêques de l’Archevêché. Il s’est donc établi un accord entre Le Patriarcat de Constantinople et l’évêque responsable de l’Archevêché sur la manière dont ces évêques seront choisis et consacrés et plus généralement sur le statut canonique de l’Archevêché.

Mais il s’agit là d’un accord dont la permanence n’est pas assurée. A tout moment le patriarche de Constantinople peut considérer que les circonstances dans lesquelles il a accepté cet accord ont changées et le remettre en cause. Le mieux est d’ailleurs que, si cela arrivait, cette mise en cause soit ouvertement affirmée et ses conséquences bien clarifiée.

Ce genre d’accord pas plus que la loi civile ne sont en effet des règles intangibles qui s’imposeraient à l’Eglise. Seuls les Canons de celle-ci représentent pour elle des règles de conduite que personne ne peut changer.

SR

29/03/2013

21.Posté par Daniel : L'assemblée ne peut élire le Métropolite Emmanuel le 29/03/2013 21:45
@ Gueorguy

L'assemblée ne peut élire le Métropolite Emmanuel comme candidat au poste d'archevêque, celui-ce devant avoir 5 ans d'ancienneté dans l'exarchat.

20.Posté par Marie Genko le 29/03/2013 18:39
@Guéorguy,

Merci pour votre commentaire 19.
Un débat serait juste et équitable, s'il comprenait outre les délégués de toutes les paroisses, le métropolite Emmanuel et l'évêque Nestor représentant l'Eglise mère de l'Archevêché!
De même des membres de l'OLTR, qui représentent les fidèles de l'Archevêché désireux de revenir sous l'omophore de l'Eglise de Russie, devraient pouvoir aussi faire entendre leur voix!

Avec toute mon amitié Marie

19.Posté par Gueorguy le 29/03/2013 17:51
@ 14 - Daniel.

Pensez-vous, vraiment, ne serait-ce qu'une seconde, que le Patriarche Bartholomée est si mal entourée qu'il ait pu soumettre une proposition contraire aux statuts?

Vous n'avez, semble-t-il, éluder deux cas:
- Le premier cas est abordé dans les messages 15 de Galina et.. le votre (@17). Si aucune élection n'est possible par absence de candidats (ce qui est une situation indépendante du Locum Tenens (que je vous accorde ne pas être un cas de guerre!), le mandat du Locum Tenens se prolonge et ses pouvoire sont étendus (Art 55 des statuts) : "Durant cette période, le locum tenens jouit de tous les droits et prérogatives de l’Archevêque diocésain."
- Le deuxième cas n'a jamais été envisagé, jusqu'à présent. Il suffit que l'assemblée élise, comme candidat au poste d'Archevêque, Mgr Emmanuel, lui-même. Au regard du droit français, il me semble que rien ne s'y oppose pour faire fonctionner l'Archevêché (au sens d'une association 1905). Et surtout, c'est aussi conforme au TOMOS de 1999 (alinéa 7 : Les Assemblées Générales Extraordinaires de l’Exarchat Patriarcal peuvent être présidées par le Métropolite de France, à la suite d’une demande de l’Exarchat et par une délégation particulière du Patriarche Œcuménique.) et redit en toutes lettres dans la missive parue sur le lien indiqué ci-dessous.

L'OLTR, dans sa déclaration, établit le lien l'approche habituelle du Patriarcat de Constantinople mais, surtout, relève l'approche constructive de ne pas imposer ce point de vue mais exprime la volonté de la soumettre à l'appréciation et au débat.

En marge. On ne comprend pas pourquoi ce point de vue n'a pas eu l'heur d'être publié sur le même blog induisant l'idée d'un débat ouvert qui n'en est, en fait, pas. La dénomination de ce blog "Archevêché.blogspot" prête donc volontairement à confusion. On ne peut s'empêcher de penser à une opération de communication, aux USA, où un blogger avait baptisé son site OCANEWS alors qu'il n'était investi d'aucune délégation officielle de l'OCA. Nous n'avons pas le même obscurantisme et ne craignons pas de cite ce blog. Je dédis cette note de page à Vladimir qui croyait y trouver un espace de dialogue.

18.Posté par Richard le 28/03/2013 16:26
"N’oublions pas, non plus, que l’Archevêché dispose des églises russes construites avant la révolution, dont l’Eglise russe a été spoliée du fait des actions du pouvoir soviétique qui a réussi à casser sa cohésion. Comment trouver juste que ces églises restent dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople, alors que l’Eglise russe s’est relevée après les dures persécutions qu’elle a subies? Cette question pourrait être soumise, non pas à la justice civile des pays concernés, mais au jugement de l’assemblée des évêques orthodoxes de France."
Nous y voilà... et si ce n'est pas l'assemblée des évêques cela sera la justice civile... après on va nous parler d'une grande autonomie, d'apporter un héritage spirituel, d'humilité, de carême...

17.Posté par Daniel @ Galina - Je suis entièrement d'accord le 27/03/2013 15:00
@ Galina (message 15)

Je suis entièrement d'accord.. En revanche, en cas d'impossibilité de tenir les élections dans les 4 mois, le mandat du locum tenens est caduc et la procédure reprend à nouveau. C'est la seule certitude.

16.Posté par Marie Genko le 27/03/2013 14:13
Cher Daniel,

Je suis heureuse de voir que vous citez l'EORHF parmi les entités ecclésiales jouissant d'autonomie!

L'Archevêché est, lui, semi autonome!

Nous voyons combien cette position génère aujourd'hui de diffiultés....!

Si, comme je m'efforce de l'écrire depuis plusieurs années, l'Archevêché rejoignait sa soeur jumelle l'EORHF, il jouirait lui aussi d'une grande autonomie...
Il apporterait à son Eglise mère une partie non négligeable de l'héritage spirituel des exilés russes de 1920!

Mais avoir l'humilité de reconnaître s'être fourvoyé n'est pas évident, même en plein carême!

Il nous reste à placer notre espoir dans le Seigneur, afin que toute cette richesse spirituelle patiemment conservée par les émigrés russes jusqu'à la limite extrême de leurs forces, ne disparaisse pas balayée par le vent de la discorde et de la sédition.
Avec toute mon amitié Marie

15.Posté par Galina : nos statuts de l'Archevêché le 27/03/2013 14:02
Dans nos statuts de l'Archevêché : aucune règle ne prévoit la procédure à suivre dans le cas où une liste de candidats est refusée!!!!!

14.Posté par Daniel: La dernière phrase de la proposition phanariote dit bien le 27/03/2013 10:48
@ Gueorguy et Vladimir

La dernière phrase de la proposition phanariote dit bien:

"La mise en œuvre de cette proposition doit se faire en accord avec les statuts de l’Archevêché, qui fondent son existence et son fonctionnement organique, en référence constante avec Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique et le Saint-Synode."

En l'état des statuts (et de ma propre compréhension), cette mise en oeuvre est impossible sans modification préalable des statuts, ce qui est un autre processus. Par ailleurs, une proposition n'est pas un ordre, cela se rejette ou s'accepte... Cette proposition ne saurait d'ailleurs être un ordre car le synode de Constantinople est uniquement habilité à confirmer ou pas l'élection de l'archevêque, à valider la liste ou pas des candidats. Mais les relations exactes entre l'Exarchat et Constantinople sont je crois, définies dans le tomos de 1999 qui avait été accordé par l'Archevêque Serge d'Eucarpie et le patriarche de l'époque. Ce document doit préciser la marge de manoeuvre des uns et ds autres.

Je le répète enfin, l'Archevêché est une entité semi-autonome qui élit son propre archevêque, dont l'élection est ensuite confirmée. D'autres églises autonomes existent dans ce genre, l'EORHF, l'Eglise d'Ukraine, l'Eglise du Japon, l'Eglise du Sinaï etc. En aucun l'entité-mère n'a le droit d'enfreindre cette autonomie qu'elle-même a donné.

13.Posté par Gueorguy @30 - Daniel: Vous semblez n'avoir pas bien lu le paragrpahe d'introduction de ces statuts. le 27/03/2013 01:50
@30 - Daniel

Il m'est délicat d'intervenir sur ce sujet (ayant mes attaches dans le diocèse de Chersonèse). Aussi, acceptez mes remarques sur un plan général sans vouloir m'imiscer dans les relations entre le Patriarcat de Constantinople et l'Archevêché.

Vous semblez n'avoir pas bien lu le paragrpahe d'introduction de ces statuts.
Il s'agit surtout d'un document d'ordre strictement juridique, relevant du droit français:
"Afin d’entrer en conformité avec la législation française, l’Exarchat prend la forme juridique d’une union d’associations cultuelles loi 1905. Ci-dessous les statuts de cette association."

J'élude juste une seule question sur ce plan strictement juridique. Comment ces statuts sont-ils opposables à un citoyen turque résidant en Turquie?

MAis bien sûr, c'est sur le plan strictement ecclésial qu'il convient de réduire à néant votre affirmation selon laquelle est le Patriarcat est lié par ces statuts. Prenons un cas d'école qui, je l'espère n'arrivera jamais. Imaginons qu'en respectant, au regard du droit français, scrupuleusement ces statuts, l'exarque soit amené, à l'appui de son assemblée ou de son conseil, à prendre une disposition clairement hérétique ou non canoniquement reconnue, ni par le Patriarche de Constantinople, ni par son synode, ni même par le plérôme de l'Eglise orthodoxe. Certes un fidèle orthodoxe qui attaquerait cette disposition devant la justice de notre pays serait débouté. Mais, croyez-vous, un seul instant, que le Patriarche de Constantinople s'embarassera de savoir comment il est lié par ces statuts pour déposer immédiatement le coupable?

Je crains que vous êtes, cher Daniel, tombé dans l'un des plus graves écueuils qui gette l'Eglise: le juridisme.

Une autre chose est le tomos de 1999 qui régit les relations entre le Patriarcat de Constantinople et son exarque (son représentant). Et particulièrement l'alinéa 7 qui dit expressement :

"Le fonctionnement du Conseil Episcopal, de l’Assemblée Générale et du Conseil Archiépiscopal de l’Exarchat Patriarcal se fait sous la présidence de l’Archevêque-Exarque Patriarcal en accord avec les statuts en vigueur et approuvés par le Patriarcat Œcuménique.
Les Assemblées Générales Extraordinaires de l’Exarchat Patriarcal peuvent être présidées par le Métropolite de France, à la suite d’une demande de l’Exarchat et par une délégation particulière du Patriarche Œcuménique."

C'est à la dernière phrase qu'il convient, peut-être de penser quand, dans sa proposition (3ème item), le patriarche de Constantinople écrit:

"La mise en œuvre de cette proposition doit se faire en accord avec les statuts de l’Archevêché, qui fondent son existence et son fonctionnement organique, en référence constante avec Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique et le Saint-Synode."

Mais peut-être, voudrez-vous amender ma perception des choses?

12.Posté par Daniel le 26/03/2013 23:47
@ Vladimir

Je n'avais pas compris votre question, j'ai lu un peu vite.. Désolé. D'un point de vue des canons, le Patriarche Bartholomée est avant tout évêque de son diocèse et n'est en aucun cas évêque de l'Exarchat. Il ne peut donc donner des ordres dans ce dernier, L'Exarchat fonctionne comme une église mini-autonome raison pour laquelle le synode de Constantinople se limite à confirmer ou pas le choix de l'archevêque.

11.Posté par Vladimir: pour vous, Daniel, "hors des statuts point de salut"... le 26/03/2013 22:29
Bref pour vous, Daniel, "hors des statuts point de salut"...

C'est une profession de foi qui en vaut une autre, par exemple "les statuts sont faits pour l'homme et non l'homme pour les statuts"... Car on pourrait adapter les statuts aux circonstances, faute de pouvoir adapter les circonstances aux statuts. Il suffit d'un peu d'humilité et d'écoute, comme je l'écris ailleurs.

Qu'en pensez-vous? :-)

10.Posté par Daniel: Toutes les parties sont donc liées par ces statuts.. le 26/03/2013 19:20
Les statuts régissent le fonctionnement entre l'Archeveché et le Patriarcat de Constantinople. Toutes les parties sont donc liées par ces statuts... le Patriarche ne peut aller au-delà de ces statuts. Il peut en refuser les candidatures, il peut proposer des solutions mais l'assemblée peut aussi refuser sa proposition qui sort du cadre statutaire actuel et demanderait au préalable une modification des statuts.

9.Posté par Vladimir @ Daniel: vous placeriez donc les statuts au dessus des canons? le 26/03/2013 15:57
Tiens tiens Daniel, vous placeriez donc les statuts au dessus des canons? Car dans quel canon est-il dit que le patriarche doit obéir à une assemblée clerico-laïque représentant (et encore sous réserve!) une petite partie de son Eglise?

8.Posté par Marie Genko le 26/03/2013 13:54
Cher Daniel, Cher Tchetnik,

Il me semble impossible de bâtir l'Eglise Locale d'Occident en se dressant contre un trône patriarcal, quel qu'il soit!

Je ne vois pas comment certains membres de l'Archevêché seraient en droit d'exiger quoi que cela soit...!

N'est-il pas possible d'agir dans un climat de confiance?

Nous savons tous que certains ont littéralement pris le pouvoir dans les conseils paroissiaux, et une grande partie des fidèles de l'Archevêché, celle qui est de nature soumise, ne fait pas entendre sa voix!
Ces fidèles, ce clergé même et ils sont nombreux, veulent-ils vraiment se confronter à Mgr Emmanuel?
Permettez-moi d'en douter!
Cher Daniel, cher Tchetnik, J'appréhende la journée à venir du 30 mars!

Que le Seigneur nous vienne en aide.

Avec toute mon amitié Marie


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