V.G.

La plupart de nos commentateurs occidentaux considèrent l'Ukraine comme un pays appartenant à la culture européenne, oppressé pendant 3 siècles par la Russie qui cherche par tous les moyens à récupérer son hégémonie perdue en 1991. Bien peu acceptent de voir que l'Ukraine est en fait profondément divisée entre culture occidentale et culture orientale, cette division étant attisée par les grandes puissances, Russie d'un côté et Occident de l'autre.

Comme je l'ai écrit sur un autre fil les évènements actuels en Ukraine prennent racine dans son histoire parfaitement illustrée par son histoire religieuse. Mon post précédent en fait une présentation détaillée et je propose maintenant une analyse plus fouillée de la situation actuelle.

Décrypter la situation en Ukraine
Ukraine et Occident

L'Ukraine revendique à juste titre l'héritage de la Rus de Kiev dans une succession historiquement continue et ses liens avec l'Occident sont de fait bien établis. La Rus de Kiev faisait partie de la culture occidentale par la religion (c'était avant le grand schisme) par le commerce et par des alliances politiques: les mariages des filles de Iaroslav le Sage (978-1054), le fils et héritier de saint Vladimir, qui épousèrent toutes trois des princes occidentaux (dont le roi de France Henry 1) en sont la plus éclatante illustration, tout comme les icônes et les église inspirées de Byzance.

Comme le montre bien l'histoire religieuse, l'Ukraine de l'est perpétua cette mouvance occidentale pendant la domination polono-lithuanienne qui la protégea des Tatars: l'Eglise resta dans la mouvance de Constantinople même quand le métropolite partit pour Vladimir puis Moscou (1354): dès 1458 la métropole de Kiev se rattacha à nouveau à Constantinople. Puis ce fut la signature de l'Union de Brest-Litovsk (1596) par 6 évêques sur 8 y compris le métropolite de Kiev et la position du métropolite Pierre Mohyla (1596-1646), qui s'y opposa est très caractéristique: alors qu'il combat fermement les Uniates pour faire renaitre la métropole orthodoxe, sa "Confession" "reste le document le plus latin qui ait été approuvé par un concile officiel de l'Eglise orthodoxe" (2). L'Union de Brest favorisa la pénétration des jésuites en Ukraine, en particulier dans l'enseignement, et "vers 1650, le niveau de culture était plus élevé en Ukraine que dans n'importe quelle autre région du monde orthodoxe" (ibid. 2, p. 125). L'Ukraine occidentale profita en effet pleinement du "siècle d'or" polono-lithuanien qui s'accompagna d'un grand développement culturel, avec en particulier des relations suivies avec l'Italie alors que, au plan ecclésial, les liens entre Rome et l'Eglise catholique de Pologne se renforçaient. Une grande partie de la noblesse ukrainienne se "polonisa" alors en adoptant des terminaisons en "sky" à la place du "ko" courant en Ukraine. Bien évidement, ce tropisme occidental fut encore accentué dans les provinces ukrainiennes absorbées par l'empire austro-hongrois après 1795 (Galicie orientale, Bukovine, Ruthénie subcarpatique).

Entre les deux guerres ces Ukrainiens se retrouvèrent en Pologne, Tchécoslovaquie et Roumanie et ils ne rejoignirent l'Ukraine qu'après Yalta… C'est dans cette région que fut fondée l'Eglise Autocéphale d'Ukraine qui, après l'annexion à l'URSS, se poursuivit dans l'émigration, essentiellement en Amériques où ses diocèses sont maintenant autonomes sous l'omophore du patriarcat de Constantinople; l'EAU se réimplanta en Ukraine vers 1990 avec le soutien des autorités, essentiellement dans les provinces occidentales, et participa à la création du pseudo-patriarcat de Kiev (1992) avant de s'en séparer. Version extrémiste: c'est aussi dans ces régions que se forma l'organisation nationaliste armée de Stepan Bandera qui lutta contre le pouvoir polonais avant 1939, puis contre les Soviétiques (1939-1941), les Allemands (1941-1944) et à nouveau les soviétiques, en Ukraine même jusque dans les années 1950 puis dans la diaspora ukrainienne (3). Les organisations "Svoboda" et "Praviï Sector", en tête du coup d'état de mars (4) et qui continuent à peser fortement sur le gouvernement mis en place (5), en sont les héritiers actuels.

C'est cette partie pro-occidentale de l'Ukraine que les observateurs occidentaux considèrent comme représentative de tout le pays...

Ukraine orientale

Il y a pourtant toute une autre partie de l'Ukraine: celle qui se trouve au sud-est d'une ligne Kharkov-Odessa (6). Ces provinces là furent dès le départ liées au destin de la Russie et ne se trouvèrent en fait rattachées à l'Ukraine qu'après la révolution. Elles ont donc été coupées de tout liens avec l'Occident pendant la domination Tatar (XII-XVe) puis par les hostilités qui perdurèrent avec la Suéde et la Polono-Lituanie jusqu'à la fin du XVIIIe. Tout comme la Russie, elles ne participèrent pas à l'inflexion majeure de la pensée occidentale que furent la Renaissance, la Réforme et la Contre-réforme (l'Ukraine occidentale y participa activement, voire la "Confession" du métropolite Pierre Moghyla), mais essayèrent de se raccrocher directement au "Siècle des Lumières" sous l'impulsion des empereurs de Russie. Toutefois ce rapprochement resta très superficiel par rapport à l'influence orientale comme le montrent l'écrivain Alexis Tolstoï dans son poème humoristique "Zmeï Tougarine" (1867) ou le poète Alexandre Blok dans "Les Scythes" (1918)

C'est en fait des régions peu peuplées et sans villes importantes que les Russes conquirent sur les Tatars et les Turques du XVIe au XVIIIe. Elles furent peuplées de colons russes, ukrainiens et d'Europe centrale (Serbes, Hongrois…), les villes y furent pour la plupart crées au XVIII siècle aussi bien dans les steppes que sur la Mer Noire (7) et ces régions furent totalement englobées dans la construction de l'empire russe sans faire partie des gouvernorats ukrainiens. Au XIXe siècle c'est là que se développèrent les installations industrielles (8) qui en font toujours la partie la plus riche de l'Ukraine avec un revenu annuel moyen par tête supérieur à 4000 $ en 2008 contre 2000 $ à l'ouest (9). Ces industries sont très liées à la Russie qui constitue pour elles un marché essentiel alors que leurs produits ne sont pas compétitifs en Europe pour leur plus grande part.

C'est bien évidement l'Eglise russe qui est toujours largement majoritaire dans ces régions dont les diocèses s'opposent très fermement à toute idée d'autocéphalie de l'Eglise d'Ukraine. De même les idées nationalistes n'y ont jamais eu de succès et, durant la guerre civile, ces régions se sont partagées entre Rouges et Blancs mais ni Petlioura ni Makhno n'y firent beaucoup d'adeptes contrairement à l'Ukraine occidentale.

Quel avenir pour l’Ukraine?

"Contrairement à ce qui est trop souvent affirmé, il n’y a pas « 2 » pays mais 3 dans le cas de l’Ukraine. Une Ukraine médiane apparaît aussi, différente tant dans la production que dans la composition ethnique. C’est une zone où les habitants parlent simultanément l’ukrainien et le russe, et dont la langue spontanée serait ce « mélange » que l’on connaît sous le nom de « Surzhik »" écrit J. Sapir dans un article particulièrement bien documenté dont j'emprunte aussi le titre (ibid 9).

Et en effet, entre les deux extrêmes dont j'analyse les spécificités, il y a une large bande moyenne qui comprend Kiev, qui fut la première rattachée à la Russie dès le XVIIe siècle et où les deux types de mentalités se mêlent. Et il y a (avait?) aussi la Crimée, réellement à part avec son tropisme russe affirmé qui s'est clairement manifesté lors du référendum du 16 mars. Par contre, en dehors de cette presqu'ile, aucune région ne veut faire sécession et aucune grande puissance n'a réellement intérêt à voir exploser l'Ukraine (10). La solution fédérale qui semble émerger des pourparlers entre Russie et USA, sur proposition de la Russie, pourrait donc satisfaire la plupart des acteurs sauf un: le groupe extrémiste qui s'est emparé du pouvoir à Kiev (11). Mais on peut raisonnablement espérer que la raison l'emportera après l'élection présidentielle…

Il faut encore noter qu'une large part de responsabilité dans la crise incombe à "l’irresponsabilité avec laquelle les dirigeants européens ont traité le dossier ukrainien" comme l'a dit très nettement Nigel Farage, dirigeant britannique du parti eurosceptique UKIP (ibid 10). Mais c'est dans des pourparlers entre la Russie et les USA qu'on va probablement trouver une solution!


(1) ICI commentaire 1
(2) In Mgr Kallistos Ware, évêque de Diokleia, "L'Orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles", Cerf Paris 2002, p.127. La "Confession" de Mohyla fut ratifiée par le concile de Jassy, Roumanie, qui réfuta le protestantisme (1642) et Mgr Kallistos la cite parmi "les principales déclarations doctrinales orthodoxes depuis 787" (Ibid. P 262).
(3) ICI
(4) Voir l'excellent article de J. Sapir. J. Sapir dirige le groupe de recherche IRSES à la FMSH et co-organise, avec l'Institut de Prévision de l'Economie Nationale (IPEN-ASR), le séminaire Franco-Russe sur les problèmes financiers et monétaires du développement de la Russie. Ses analyses sont très justes mais peu diffusées dans nos média.
(5) Kiev
(6) Cf. carte (ibid. 4)
(7) Exemples: Zaporozhye, crée en 1770, Dnepropetrovsk, 1776, Kherson et Mariupol, 1778, Sébastopol, 1783, Simferopol et Melitopol, 1784, Nikolaev, 1789, Odessa, 1794, Lugansk, 1795...
(8) Donetsk est crée en 1869. La ville s'appelle alors "Iouzovka", d'après le nom de l'exploitant des mines de charbon…
(9) ICI
(10) Cf.
(11) ICI

Rédigé par Vladimir Golovanow le 1 Avril 2014 à 08:27 | 9 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par posté par Vladimir.G le 01/04/2014 16:36
"Comme je l'ai écrit sur un autre fil " fait référence à la note (1): http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Les-uniates-encouragent-l-Occident-a-s-ingerer-dans-les-affaires-interieures-de-l-Ukraine_a3651.html?com#comments

2.Posté par posté par Vladimir.G: l'extrême droite éjectée du centre de Kiev. RÉCIT Hélène DESPIC-POPOVIC. In "Libération" le 02/04/2014 11:37
RÉCIT Hélène DESPIC-POPOVIC

Le Parlement a voté le désarmement des groupes paramilitaires qui avaient pris leurs quartiers dans la capitale, et expulsé Praviy Sektor de l'hôtel Dnipro.

Après plus de cinq semaines d’inaction, les autorités ukrainiennes ont repris mardi la main face aux paramilitaires d’extrême droite qui ont profité du Maïdan pour contrôler le centre de Kiev. Tirant parti d’une fusillade qui a fait lundi trois blessés sur Kreschatyk, l’artère principale de la capitale, le Parlement a voté ce mardi matin leur désarmement, par 256 voix pour et 47 abstentions.

Dans la matinée, la police a également expulsé Praviy Sektor, la principale milice d’extrême droite, de l’hôtel Dnipro dont elle occupait sans payer deux étages depuis la chute, le 21 février, du régime du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, et sa fuite à Moscou. «Seuls les membres des forces armées, de la garde nationale ou des services de sécurité d’Etat peuvent porter des armes», a déclaré le président par intérim Oleksander Tourtchinov. Les autres «sont des saboteurs qui travaillent contre l’Ukraine». Praviy Sektor s’est transformé à la mi-mars en parti politique et son leader, Dmitro Iaroch, a posé sa candidature à la présidentielle anticipée du 25 mai. Mais le groupe n’a pas pour autant changé ses méthodes d’action, refusant notamment d’entrer dans la garde nationale formée le mois dernier pour renforcer la surveillance des frontières face aux manœuvres de la Russie.

C’est près de l’hôtel Dnipro, à moins d’une centaine de mètres du Maïdan, la place symbole de la révolution où tentes et barricades disparaissent peu à peu, qu’un membre de Praviy Sektor a, le soir du 31 mars, sorti son revolver dans le feu d’une dispute et tiré sur trois hommes, dont un officiel de la mairie de Kiev. Mardi matin, les miliciens ont dû quitter l’hôtel un à un, sans emporter leurs armes. Plusieurs armes ont été saisies dans l’immeuble, selon un communiqué de la police. L'hôtel était déserté depuis des semaines par les clients, et les employés étaient terrorisés par la présence des paramilitaires.
Rentier de la révolution

Créé pendant le mouvement de contestation, Praviy Sektor s’est affirmé à partir du mois de janvier comme un groupe plaidant pour des actions de force contre le pouvoir de Ianoukovitch, s’illustrant par ses coups contre les forces de l’ordre. Après la chute du régime, il a commencé à se comporter comme un rentier de la révolution, en s’installant dans de très nombreux locaux en ville. Des photographes avaient notamment observé que Iaroch, leur chef,avait fait sien un des véhicules qui appartenait jusqu’en février au chef de l’Etat.

Les relations entre le ministère de l’Intérieur et Praviy Sektor se sont détériorées à la suite de la mort, le 24 mars, d’un de ses chefs pour l’ouest du pays, Sachko Bily, mêlé à des activités criminelles et tué lors d’une opération de police dans la région de Rivne. Les militants d’extrême droite ont exigé et obtenu qu’une commission parlementaire se penche sur les circonstances de cette mort. Ils réclament le départ du ministre de l’Intérieur.

Praviy Sektor, dont l’existence permet à Moscou de crier au fascisme en Ukraine, n’a pas été interdit. Ses membres ont simplement été escortés par la police vers une de leurs bases situées à l’extérieur de la ville. Il est difficile d’estimer quels sont les effectifs réels de ce groupe dont certains membres arborent de nouveaux uniformes, signe de rentrées récentes d’argent.

Les autorités ont longtemps semblé démunies face à ce phénomène. En mars, le ministère a encouragé les citoyens à remettre volontairement leurs armes. Sans grand succès, semble-t-il, puisque l’action a été reconduite mardi pour un second mois.

Hélène DESPIC-POPOVIC

3.Posté par Vladimir.G: un médiateur auto-désigné rencontre le pseudo-patriarche de Kiev (RIA Novosti) le 04/04/2014 09:59
RIA Novosti: Les 31 mars et 1er avril, le président du parlement monténégrin Ranko Krivokapic s'est rendu à Moscou et à Kiev pour trouver des voies permettant de régler la crise russo-ukrainienne.

"Dans le cadre de sa mission diplomatique visant à rapprocher les positions des deux parties, M. Krivokapic a mené des négociations avec de hauts responsables de la Fédération de Russie et de l'Ukraine. Parmi les nombreuses initiatives, dont certaines attendent d'être développées, figure le consentement de Moscou et de Kiev à une rencontre entre des députés russes et ukrainiens à Vienne le 11 avril prochain", lit-on dans le communiqué du parlement monténégrin.

M. Krivokapic a rencontré à Moscou la présidente du Conseil de la Fédération (chambre haute) Valentina Matvienko et le président de la Douma (chambre basse) Sergueï Narychkine. Il a été reçu à Kiev par le président par intérim Alexandre Tourtchinov et le primat de l'Eglise orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Kiev), le patriarche Philarète.

source: http://fr.ria.ru/world/20140402/200893963.html

4.Posté par Gueorguy le 04/04/2014 19:31
Quand va-t-on cessé d'écrire (ou de laisser écrire sans mentionner qu'il y a bien une erreur) des énormités comme "l'Eglise orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Kiev)"; laissant percevoir qu'il s'agit d'une entité orthodoxe canonique.

Cette entité qui se revendique être le patriarcat de Kiev n'est pas orthodoxe ! Orthodoxe ne veut pas dire qu'elle pratique des rites qui se pratiquent dans l'Eglise orthodoxe. Orthodoxe veut déjà dire qu'elle est conforme aux canons mais cela passe, d'abord, par la reconnaissance par les autres Eglises orthodoxes.

Des polémiqueurs uniatophile (je n'ai aucune envie de leur faire de la publicité) tentent d'ériger ce pseudo-patriarcat au rang d'Eglise orthodoxe mais on devine bien que le premier dessein recherché par ces agitateurs est d'entretenir la division au sein de l'Eglise.

Tout comme, on comprend que n'est pas un hasard, la réception, par les autorités politiques des USA de ce pseudo-patriarche en même temps que le chef de l'église uniate est à vocation strictement politicien qui conforte la volonté qu'ont ces autorités de diviser le peuple d'Ukraine. Bien sûr, il n'y a strictement rien de religieux de cette mascarade.

Ces écarts n'empêchent absolument pas d'entrevoir et de rechercher, à l'initiative de la seule Eglise orthodoxe canonique, en Ukraine, qui est placée sous l'autorité spirituelle du Métropolite de Kiev, Mgr Onuphre, à surmonter les divisions et à réunir enfin dans une Eglise unique, tout le peuple orthodoxe d'Ukraine. Sans compromettre la foi orthodoxe, cela n'exclut de prendre en considération des traditions qui auront été cultivés et enrichies au sein de toutes les entités qui chercheront à se réunir. C'est cette Eglise, enfin réconciliée, qui sera reconnue par le plérôme de l'Eglise orthodoxe.

5.Posté par Mischa le 05/04/2014 00:07
Согласен с Георгием! Нужно прекратить говорить упоминать об этой " церкви" как о канонической . в России о " патриархе Филарете" и его " Киевской Патриархии" пишут только как о ТАК НАЗЫВАЕМОЙ и НЕКАНОНИЧЕСКОЙ и РАСКОЛЬНИЧЕСКОЙ.
ОНи ведут захватническую политику и занимаются открытой пропагандой !

6.Posté par Vladimir.G: plus royalistes que le roi? le 05/04/2014 23:12
Je suis d'accord sur le principe mis en avant par Misha et Gueorguy et je mentionne systématiquement le statut non-canonique de l'EOU-PK et de l'EAU (voir en particulier mon commentaire sur un autre fil présentant un résumé de l'histoire détaillée de l'Ukraine (1). Toutefois, il faut bien prendre en compte que la moitié des Orthodoxes d'Ukraine n'appartiennent pas à l'Eglise canonique et les considérer comme non Orthodoxes me semble pour le moins hasardeux. "La division est inacceptable pour le peuple, qui souhaite la réunification; elle n'est pas acceptée par le clergé, qui veut l'unité" disait récemment le représentant de l'EOU-MP lors d'un débat (2)

De plus, je vous laisse le soin de corriger le "énormités" dans les communiqués officiels du patriarcats de Moscou: je lis sur le site officiel (3): "une Commission responsable du dialogue entre l’Eglise orthodoxe d’Ukraine (PM) avec l’Eglise orthodoxe ukrainienne (Patriarcat de Kiev) et l’Eglise orthodoxe autonome d’Ukraine vient d’être installée" et "la Commission de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine pour le dialogue avec l'EOU-KP et l'EAU a eu sa première réunion de travail"... Le communiqué de l'EOU-MP dans les mêmes termes est disponible en ukrainien sur http://news.church.ua/2014/03/26/vidbulosya-roboche-zasidannya-komisiji-upc-dlya-dialogu-z-upc-kp-i-uapc/

Alors, plus royalistes que le roi?

(1) Cf. commentaire 1 sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Les-uniates-encouragent-l-Occident-a-s-ingerer-dans-les-affaires-interieures-de-l-Ukraine_a3651.html?com#comments
(2) Cf. http://obozrevatel.com/politics/71930-ideya-russkogo-mira-kak-opravdanie-zla.htm. Un compte rendu en français sera prochainement publié...
(3) http://www.patriarchia.ru/db/text/3613716.html

7.Posté par Vladimir.G: précisions concernant les Eglises de rite orthodoxe présentes en Ukraine le 13/08/2014 19:13
Malheureusement sans citer de sources, RIA.NOVOSTI donne des précisions concernant les Eglises de rite orthodoxe présentes en Ukraine:

- UOC-MP, seule Église canonique, 12 806 paroisses.
- UOC-KP, non canonique, née en 1992, 4 685 paroisses
- L'Eglise gréco-catholique (uniate), crée par l'Union de Brest-Litovsk (1596), 3915 paroisses
- L'UAOC, non canonique, fondée en 1921 en Ukraine occidentale, 1247 paroisses.

Source: http://rian.com.ua/infografika/20140813/355948286.html

Rappelons que les derniers sondages donnaient les résultats suivants avant les évènements
- UOC-MP: 30 à 46%
- UOC-KP: 25 à 32%
- L'Eglise gréco-catholique: 8-10%
- L'UAOC: moins de 1%


8.Posté par Vladimir.G: OSCE: Nous ne pouvons cependant pas nous taire, car les tendances actuelles, dans la vie religieuse en Ukraine, en particulier dans l’ouest du pays, sont alarmantes. le 08/10/2015 14:06
La conférence de l’OSCE se poursuit depuis le 21 septembre jusqu’au 2 octobre 2015 à Varsovie (Pologne). Elle est chargée d’examiner l’application des droits de l’homme dans différents domaines.

Le 30 septembre, une réunion de travail a eu lieu sur le thème de la tolérance et de la discrimination, de la lutte contre le racisme et la xénophobie, y compris l’intolérance et la discrimination contre les chrétiens et les fidèles d’autres religions. A la bénédiction du métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, l’archiprêtre Nicolas Danilievitch, du DREE de l’Église orthodoxe ukrainienne, a pris part à cette réunion, ainsi que le prêtre Roman Bogdassarov, vice-président du Département du Patriarcat de Moscou aux relations de l’Église avec la société.

Dans son allocution, l’archiprêtre Nicolas Danilievitch a parlé des cas de violation des droits des fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne.

Depuis le début de l’année 2014, a-t-il relaté, les cas d’agression contre l’Église orthodoxe ukrainienne, que l’on peut qualifier de discriminatoires, sont devenus plus fréquents. Ainsi, le 28 janvier 2015, les députés du Conseil municipal de Kiev ont exempté d’impôts locaux les organisations religieuses de la ville, à l’exception des communautés de l’Église orthodoxe ukrainienne. Cette décision anticonstitutionnelle et discriminatoire a été annulée par un jugement du tribunal de Kiev le 18 juin 2015. Des cas semblables ont été enregistrés à Ternopol et à Lvov.

Suivant le représentant de l’Église, tandis que les organes du pouvoir central tentent de maintenir une politique religieuse équilibrée, les régions se permettent de nombreux abus de pouvoir. Il s’agit principalement d’occupation d’églises par les fidèles de « l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Kiev », qui s’appuient sur les autorités politiques, les députés locaux, les organisations radicales comme le Pravy Sektor ou Svoboda, voire sur les forces de maintien de l’ordre du bataillon « Ternopol ». A l’heure actuelle, 28 bâtiments cultuels de l’Église orthodoxe ukrainienne ont été occupés, six sont menacés de l’être, les scellés ont été posés sur deux. Quatre autres communautés religieuses ont volontairement changé de juridiction. « Je tiens à préciser, a dit le père Nicolas, qu’il ne s’agit pas d’un changement libre de juridiction tel que le décrit la Loi ukrainienne sur la liberté de conscience et les organisations religieuses. Il s’agit bel et bien d’occupations avec emploi de la force, de la violence ou de la tromperie. Principalement, il s’agit d’églises des régions de Volhynie, de Roven, de Ternopol, de Lvov et de Tchernovtsy. » L’archiprêtre Nicolas a mentionné l’occupation d’une église au village de Katerinovka, dans la région de Ternopol, appartenant à une paroisse de l’Église orthodoxe ukrainienne depuis 1946.

Parlant des pressions et des discriminations subies de part des autorités locales par les fidèles de Katerinovka, l’archiprêtre a constaté que, tandis que la communauté paroissiale a l’usage de l’église, sur la base d’un contrat, les autorités régionales ont décidé que les offices seraient célébrés à tour de rôle avec une autre confession, qui aurait également l’usage de l’église. La communauté a été contrainte d’accepter cette situation. L’affaire a été portée devant les tribunaux.

L’un des principaux abus du pouvoir en place dans cette situation a été la décision de la police d’autoriser les organisations radicales (Pravy Sektor) à participer à la résolution du conflit. Les représentants de l’état « partagent » ainsi le monopole de l’usage de la force légale, réglementé par la looi, avec les représentants de groupuscules d’extrême-droit difficilement contrôlables. Le conflit s’en est trouvé aggravé, tant sur le plan local que sur le plan national. Les autorités, cependant, ne reconnaissent pas cet état de choses.

« Nous sommes donc face à une situation où les autorités protègent visiblement une confession donnée, « l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Kiev ». Tous sont égaux devant la loi, mais certains sont plus égaux que d’autres », a conclu le prêtre.

Il a été aussi constaté qu’en défendant ses droits, l’Église orthodoxe ukrainienne ne porte pas atteinte aux droits et aux biens d’autres confessions religieuses. Dans le Donbass, les évêques de l’Église orthodoxe ukrainienne ont refusé de célébrer dans les bâtiments culturels d’autres confessions passés prises dans le cours des opérations militaires.

Concluant son allocution, l’archiprêtre Nicolas Danilievitch a souligné : « Je n’aimerais pas que les faits que je viens d’exposer soit utilisés par quiconque à des fins de propagande politique. Nous ne pouvons cependant pas nous taire, car les tendances actuelles, dans la vie religieuse en Ukraine, en particulier dans l’ouest du pays, sont alarmantes. Et les tendances, on le sait, sont plus importantes que les faits ».

9.Posté par Vladimir.G: une analyse remarquable... qui oublie la religion! le 04/11/2015 16:00
Une analyse remarquable... qui oublie la religion!

Je voudrais signaler cette remarquable intervention du professeur Georges Nivat, à la table ronde "L'Ukraine" du 14 septembre 2015 de la "Fondation Res Publica" présidée par M. Jean-Pierre Chevènement.

Le professeur Nivat dresse une synthèse remarquable de l'histoire et de la situation actuelle des "Slaves de l'est", mais l'absence totale à toute référence religieuse me semble affaiblir considérablement son propos...

http://www.fondation-res-publica.org/Deux-nationalites-pour-un-seul-passe-et-deux-futurs_a909.html

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