BERLIN, 26 avr 2009 (Agence France Presse)

Les Berlinois ont rejeté dimanche lors d'un référendum local une revalorisation des cours de religion dans les écoles de la capitale allemande, qui continueront donc à organiser des leçons d'"éthique" obligatoires pour tous les élèves, quelles que soient leurs origines. 51,3% des votants ont rejeté une réforme qui prévoyait que les élèves aient le choix entre ce cours d'éthique et un cours portant sur la religion de leur choix, selon des résultats définitifs communiqués à 19h00 GMT. Ces résultats montrent un très net clivage entre l'ancien Berlin-Est communiste, très peu religieux, et les quartiers plus bourgeois et conservateurs de l'ancien Berlin-Ouest.

Ainsi, le "oui" a recueilli 66,3% des voix dans le quartier de Steglitz-Zehlendorf ou 69,2% à Spandau, dans l'ouest de la capitale. A l'inverse, le "non" s'est imposé à plus de 77% à Marzahn ou à Lichtenberg, dans l'ancien Berlin-Est. Du fait d'une participation très faible (29,2%), les partisans de la réforme auraient de toute façon échoué, même si le "oui" l'avait emporté de justesse, car le texte devait être approuvé par au moins 25% des 2,4 millions d'électeurs inscrits. Or, seuls 14,2% des inscrits ont finalement voté "oui". Soutenue par des partis politiques de droite, par les Eglises catholiques et protestantes, par la communauté juive et par une partie de la communauté musulmane, l'association "Pro Reli", à l'origine de ce scrutin, espérait imposer cette réforme à la municipalité de gauche, qui n'en voulait pas.

L'archevêque Robert Zollitsch, chef de l'Eglise catholique d'Allemagne, a regretté dans un communiqué le "résultat douloureux" de la consultation. Mais il s'est félicité que, grâce à celle-ci, la foi et la religion ont été présentes dans les rues et dans le débat public comme jamais auparavant". Ce débat complexe ne portait pas sur la place de la foi dans l'espace public - l'Allemagne ne connaît pas la notion de laïcité - mais plutôt sur la manière de transmettre des valeurs dans une ville multiculturelle et de moins en moins religieuse, notamment dans l'ancien Berlin-Est. Après un sanglant crime dit "d'honneur" au sein de la communauté turque, qui avait ému tout le pays, la mairie avait imposé en 2006 un cours d'éthique obligatoire pour tous, avec l'idée affichée de rassembler dans une même classe les élèves de toutes origines et de toutes confessions. Le cours de religion, lui, reste une option, que les élèves peuvent suivre, s'ils le souhaitent, en plus de l'éthique. C'est justement ce que contestaient les membres de "Pro Reli": ils voulaient que les élèves aient le choix entre l'éthique et la religion, comme c'est le cas dans la plupart des autres Etats régionaux (Länder) d'Allemagne. "Un cours d'éthique obligatoire, imposé par l'Etat, démontre un manque de tolérance", ont-ils martelé. Le référendum a été précédé d'un débat public et d'une campagne électorale animée. Ces dernières semaines, des milliers d'affiches pour le "oui" et le "non" avaient recouvert les murs de la capitale, dont certaines à l'effigie de stars de la télévision ou du football, engagées dans l'un ou l'autre camp. La chancelière Angela Merkel, fille de pasteur, était elle-même intervenue dans la campagne, quoique tardivement, en faveur du "oui". "Je souhaite que le plus possible de Berlinoises et de Berlinois votent oui", avait-elle dit vendredi.

Rédigé par Nikita Krivochéine le 27 Avril 2009 à 08:15 | 0 commentaire | Permalien



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