Nous avons parlé des Solovki à plusieurs reprises sur ce cite. Il s'agit d'un endroit unique au monde, où on se sent plus prés du ciel que nulle part ailleurs. Situées au milieu de la Mer Blanche, au-delà du Cercle Polaire, c'est un haut lieu de la spiritualité et de la mémoire russes. Il y d'abord les nombreux saints qui en font l'un des principaux lieux de pèlerinage avant le révolution: fondés par les saints Zosime et Sabbaty, le monastère connut son apogée au XVIe siècle avec l'higoumène saint Philippe (Kolychev), qui fut ensuite appelé à Moscou comme métropolite et fut martyrisé (voir le filme "Tsar"); c'est à lui qu'on doit les prouesses agricoles et ces constructions grandioses qui créent l'atmosphère extraordinaire dont je parlais au début. A partir du XVIIIe siècle le monastère devint l'un des principaux centres de pèlerinage de Russie, avec des centaines de volontaires venant y faire retraite et aidant les moines à développer les constructions et une activité agricole qu'on aurait cru inimaginable sous ces latitudes (on y faisait même murir des pastèques en utilisant la chaleur de la ciergerie…)

Mais les Solovki symbolisent aussi le terrible martyre du peuple russe au XXe siècle: c'est là que fut testé et mis au point le système du Goulag dès 1920 et ce camp devint l'archétype de tous les autres; plusieurs dizaines de milliers de détenus y trouvèrent la mort, souvent après avoir subi des "punitions" raffinées. Parmi ces martyres un grand nombre furent des gens d'église martyrisés pour leur fidélité à Jésus Christ dans le cadre de l'opération de liquidation de l'Eglise orthodoxe déclenchée par Lénine le 19 mars 1922: des milliers de prêtres et de moines furent assassiné, les autres déportés aux Solovki où ils furent. C'est tout cela qu'à voulu rappeler le Père Jean (Krestiankin) 1910-1006, l'un des starets les plus vénérés en Russie) en appelant les Solovki "un antimension à ciel ouvert".

Rouvert depuis 1990, le monastère de abrite aujourd'hui 40 moines venus de toute la Russie, qui continuent ainsi l'apostolat des anciens et gardent le souvenir des nouveaux martyres. Il est aussi redevenu un lieu saint de plus en plus visité par des milliers de pèlerins ou de touristes venus du monde entier (le site est classé par l'UNESCO). Le cardinal Vingt-Trois s'y est rendu en 2008 et Sa Sainteté Cyrille I en 2009. Les Solovki c'est aussi une nature magnifique et sauvage (j'y ai vu un renard polaire) où chaque année on découvre de nouvelles fosses communes.

Il faut toutefois reconnaître que la mémoire des Solovki, comme du reste du Goulag
et, plus généralement les crimes du bolchevisme, ne sont pas suffisamment répandu dans la population de la Russie qui, trop souvent, préfère oublier ces heures noires. Comme je l'ai souvent écrit, l'Église est au premier rang du combat contre cet oubli. Ainsi le patriarche Cyrille avait proposé de créer là un grand mémorial des épreuves subies par l'Église russe au XXe siècle et nous en avons un nouvel exemple maintenant: Mgr Eugène de Vereïsk, recteur de l'Académie de Théologie de Moscou, a décidé d'envoyer des étudiants en théologie servir comme guide aux Solovki pendent les vacances d'été et pour préparer ce service, les étudiants de l'académie ont suivi un cours spécial, le 1er mars dernier, pour découvrir l'histoire, l'environnement et surtout le sens spirituel de ce haut lieu de l'Orthodoxie et du Golgotha russe.

Texte Vladimir Golovanow pour "Parlons d'orthodoxie"

Source ICI

et Un livre: " Sans savoir où aller..."

Rédigé par Vladimir Golovanow le 4 Mars 2010 à 15:07 | 1 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile