« Dieu, mon Dieu, qui est mon prochain, comment aimer mon prochain ?»
père Nikolaï Tikhonchuk

Chers frères et sœurs !
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, un légiste récite deux commandements au sujet de l’amour envers Dieu, notre Créateur, et de l’amour envers le prochain. Ensuite, Jésus le félicite pour cette réponse et il prononce la parabole du bon Samaritain.


Lc. 10,25-37
"Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question: «Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle?» Jésus lui demanda: «Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit? Que lis-tu?» L’autre répondit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.» Jésus lui dit: «Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie.»

Mais lui, voulant montrer qu’il était un homme juste, dit à Jésus: «Et qui donc est mon prochain?» Jésus reprit: «Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits; ceux-ci, après l’avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa de l’autre côté".

«Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui; il le vit et fut saisi de pitié. Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant: “Prends soin de lui; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits?» Le docteur de la Loi répond: «Celui qui a fait preuve de bonté envers lui.» Jésus lui dit: «Va, et toi aussi, fais de même.»

Chers frères et sœurs

Ce dialogue entre le légiste et Jésus est très emblématique de l’Evangile. Saint Mathieu et saint Marc le racontent également. Mais chez saint Luc, c’est le légiste qui cite ces deux commandements, alors que chez les autres évangélistes, c’est Jésus lui-même qui les énonce. Comme vous le savez, ces deux commandements de l’Ancien Testament sont devenus les deux commandements principaux de Nouveau Testament.

C’est un dialogue qui n’est pas resté figé dans le passé, mais qui naît en nous de façon permanente. C’est un dialogue que nous-mêmes, nous menons avec Dieu. Nous connaissons l’Evangile, nous connaissons tous ces commandements, bref, nous connaissons la volonté de Dieu : nous savons que l’amour est le seul et unique chemin de salut. Alors pourquoi ce dialogue intérieur avec le Père apparaît-il en nous ? « Dieu, mon Dieu, qui est mon prochain, comment aimer mon prochain ? Je ne sais pas quoi faire de ce commandement … ».

Ce dialogue intérieur révèle une chose en nous : d’une part, qu’aimer son prochain, ce n’est pas facile, certes. Mais aussi autre chose. Chacun de nous cherche à réduire la loi divine de l’amour à un ensemble de règles : décrire, donner une définition, codifier. Par ce que dans cette démarche au final nous recherchons fuir, mettre limites de nos responsabilités vis-à-vis de Dieu. On aimerait bien réduire ce commandement à une liste de règles à respecter, de principes moraux, parce que sinon, on ne sait pas quoi en faire.

Comment Dieu peut-il nous commander d’aimer ? C’est impossible, tout simplement. Dans notre compréhension, l’amour c’est spontané : on aime une personne, ou pas, rien à faire. Pourtant, dans le mariage, on s’engage à aimer son époux ou son épouse toute sa vie, alors qu’après tout, on ne sait pas quels seront nos sentiments dans quelques années… N’est-ce pas déraisonnable ?

En réalité, les commandements du Christ ne sont pas des lois dans le sens juridique du terme. Ce n’est pas une loi, mais une action d’amour qui est sans limite : comme le dit le psalmiste, « large à l’infini est Ton commandement » (Ps. 118). Ce commandement d’aimer est impossible à accomplir - c’est impossible à l’homme, mais rien n’est impossible à Dieu.

C’est l’appel à marcher avec Lui dans cette voie, pour apprendre à aimer à la fois Dieu et notre prochain. En effet, comme dit saint Jean, si je dis que j’aime Dieu et que je n’aime pas mon frère, ce n’est pas vrai que j’aime Dieu. C’est un commandement qu’il nous faut approfondir toute notre vie, pour apprendre, par la grâce de Dieu, à aimer comme Il nous aime.

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 15 Novembre 2020 à 12:11 | Permalien



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