« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
«Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » 1 et 2 et 3 parties Extraits traduit du russe par Maria-Luisa Bonaque

Le père Alipi avait un don étonnant d’orateur
.....se souvient le père Nafanaïl

"Il est arrivé plus d’une fois qu’on entende des pèlerins dire qu’ils resteraient encore une petite semaine au monastère au cas où le père Alipi ferait un autre sermon. Dans ses homélies il soutenait les affligés, il consolait les pusillanimes. “Frères et soeurs, vous avez entendu les appels à renforcer la propagande antireligieuse, ne baissez pas la tête, ne vous attristez pas, cela signifie que leurs difficultés commencent. Il est terrible de s’unir à la foule. Aujourd’hui, elle crie : ‘Hosanna !’ Et dans quatre jours : ‘Prenezle, prenez-le, crucifiez-le !’ C’est pourquoi, là où règne le mensonge ne criez pas : ‘hourra !’, n’applaudissez pas. Et si l’on vous demande pourquoi, répondez : ‘Parce que chez vous c’est le mensonge. – Mais pourquoi ? Parce que ma conscience me le dit.’ Comment reconnaître Judas ? ‘Quelqu’un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va Me livrer !’ a déclaré le Sauveur lors de la Cène.

Impertinent est l’élève qui veut égaler le maître, celui qui veut égaler le chef et prendre la première place, se saisir le premier de la carafe. Les aînés n’ont pas encore déjeuné, mais l’enfant a déjà bien mangé et se lèche les babines. C’est un futur Judas. Si les aînés ne se sont pas encore mis à table, ne t’y mets pas non plus. Les aînés prennent place à table, assieds-toi s’ils t’en prient. Les aînés ont saisi leur cuillère, prends-la aussi. Les aînés ont commencé à manger, tu peux commencer, toi aussi.” »

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
Savva Iamchtchikov, un restaurateur et critique d’art envers lequel le père Alipi était bien disposé, racontait :

– On m’a demandé pourquoi un si bel homme s’était retiré dans un monastère. On disait qu’il avait été gravement blessé et avait perdu la capacité de procréer... Un jour, il a lui-même évoqué le sujet et m’a dit : « Savva, toutes ces conversations sont vaines. La guerre était une chose si monstrueuse, si horrible, que j’ai promis à Dieu que si je survivais à cette terrible bataille, je me retirerais dans un monastère. Imagine un peu : un combat féroce, les tanks allemands qui franchissent notre ligne de front, écrasant tout sur leur passage, et dans cet enfer, voilà que j’aperçois soudain notre commissaire de bataillon qui enlève son casque, tombe à genoux et se met à… prier.

Oui, oui, il murmurait en pleurant les mots quasiment oubliés d’une prière et demandait au Tout Puissant, que la veille encore il insultait, clémence et salut. Et je l’ai alors compris : chaque homme porte Dieu en son âme et, un jour ou l’autre, vient à Lui… »

Les autorités s’ingéniaient par tous les moyens à anéantir le monastère.

Un jour, toutes ses terres agricoles, pâturages compris, lui furent brutalement confisquées sur ordre du soviet de Petchory. C’était au début de l’été. On venait juste d’emmener les bêtes paître et il fallut les faire revenir à l’étable. Dans la même période, sur une directive de Moscou, les travailleurs du comité régional du parti amenèrent au monastère une grande délégation de représentants des partis communistes frères.
Pour les régaler de passé russe, comme on dit. Au début, tout se déroula normalement. Mais alors que les « fils d’une mosaïque de peuples », admirant le calme et la beauté du monastère, flânaient entre les parterres de roses écloses, les portes de la cour de ferme s’ouvrirent soudain tout grand et, dans un grand mugissement de liberté retrouvée, surgirent les trente vaches du monastère au grand complet ainsi qu’un énorme taureau. L’opération avait été orchestrée par le père Alipi en personne.

Le bétail, queues dressées, mugissant et ivre de liberté se précipita pour brouter herbe et fleurs des parterres, tandis que les représentants
du mouvement communiste international, hurlant à pleins poumons en erses langues, se mettaient tant bien que mal à l’abri. Les travailleurs du comité régional se ruèrent sur le père Alipi.

– Vous voudrez bien m’excuser, soupira-t-il. Mais ces bêtes me font pitié ! Nous n’avons plus d’autres pâturages et sommes obligés de les faire paître à l’intérieur du couvent.

Le jour même, tous les pâturages furent rendus au monastère. Le père Nafanaïl distinguait comme l’une des épreuves les plus rudes le
jour où le monastère avait reçu un oukase interdisant la célébration dans les grottes d’offices pour les défunts. Cela signifiait que l’accès aux grottes n’était plus autorisé et que la fermeture du monastère s’ensuivrait. Le texte portait la signature de l’évêque de Pskov. Mais le père Alipi ordonna de continuer à officier dans les grottes comme si de rien n’était. En ayant eu vent, les autorités municipales accoururent pour savoir si le père avait bien reçu la directive de son supérieur. Celui-ci confirma.

– Pourquoi n’exécutez-vous pas cet ordre alors ? demandèrent les fonctionnaires indignés. À quoi le père répondit qu’il n’y obéissait pas parce qu’il avait été écrit sous la contrainte et par faiblesse de caractère.
– Et moi, je n’écoute pas les gens faibles de caractère, avait-il conclu,mais seulement ceux qui ont de la force d’esprit.

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
Les offices religieux dans les grottes ne s’interrompirent pas.

La guerre livrée au monastère ne connaissait aucun jour de trêve. L’écrivain de Pskov, Valentin Kourbatov, se souvient : « Avant la visite d’une nième commission étatique venant fermer le monastère, le père archimandrite Alipi annonça sur les Saintes Portes que la peste s’était déclarée au couvent et qu’il ne pouvait permettre à la commission d’y pénétrer. Celle-ci était dirigée par Anna Ivanovna Medvedeva, présidente du comité régional à la Culture. Et c’est à elle que le père s’adressa : “Excusez-moi, ce ne sont pas mes idiots de moines qui
me font pitié. Ils sont de toute façon destinés au Royaume des cieux. Mais c’est vous, Anna Ivanovna, et vos chefs que je ne peux laisser entrer. C’est que je ne trouverais pas les mots qu’il faut pour répondre de vous à l’heure du Jugement dernier. Donc, pardonnez-moi, mais je ne vous ouvrirai pas.” Et, pour la unième fois, le voilà lui-même qui prend l’avion pour Moscou, fait des démarches, frappe à toutes les portes et finit, une fois de plus, par triompher. »

De même qu’un vrai guerrier distingue infailliblement ses ennemis, de même le père Alipi se montrait intraitable envers les démolisseurs conscients. Mais avec les simples gens il se comportait tout à fait différemment, y compris lorsque ceux-ci, par manque de discernement, ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

Cela peut paraître étrange après les histoires que je viens de raconter ici, mais l’essentiel dans la vie du père Alipi, d’après ses propres dires, c’était l’amour. C’était lui son arme invincible et inconcevable pour le monde.

« L ’amour, disait ce grand supérieur, est la prière suprême. Si la prière est la reine des vertus, alors l’amour chrétien est Dieu, car Dieu est
Amour… Ne regardez le monde qu’à travers le prisme de l’amour et tous vos problèmes s’envoleront : vous verrez en vous le règne de Dieu, dans l’homme une icône, dans la beauté terrestre l’ombre de la vie au paradis.
Vous m’objecterez qu’il est impossible d’aimer ses ennemis. Souvenez-vous des paroles du Christ : “Tout ce que vous avez fait aux hommes, vous me l’avez fait à Moi.” Écrivez ces mots en lettres d’or sur les tables de la loi de vos cœurs, écrivez-les à côté de l’icône et lisez-les chaque jour. »

Un soir, alors que les portes du monastère étaient fermées depuis longtemps, le gardien accourut, épouvanté, chez le père supérieur et lui
annonça que des militaires en état d’ivresse voulaient pénétrer de force dans le monastère (on apprit plus tard qu’il s’agissait d’élèves parachutistes qui fêtaient chaudement la fin de leur scolarité dans leur chère école).
Malgré l’heure tardive, les jeunes lieutenants exigeaient qu’on leur ouvre incontinent toutes les églises du monastère, qu’on leur organise
une visite guidée et qu’on les laisse déterminer à quel endroit les popes retranchés là cachaient leurs nonnes.
Le gardien raconta horrifié que les officiers ivres s’étaient déjà munis d’une énorme poutre qu’ils utilisaient comme bélier pour défoncer le
portail.

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)
Le père Alipi s’éloigna dans ses appartements et en revint revêtu d’une vareuse militaire ornée de plusieurs rangées de médailles qu’il avait
enfilée sur son manteau ecclésiastique. Il jeta sa chape sur cet uniforme de façon à cacher les décorations et se dirigea vers les Saintes Portes
accompagné du gardien. De loin déjà, il comprit que le monastère subissait un véritable assaut.

Arrivé tout près, il ordonna de tirer les verrous et, instantanément, une dizaine de lieutenants se ruèrent à l’intérieur du monastère. Ils
s’attroupèrent, menaçants, autour du vieux moine emmitouflé dans sa chape noire et exigèrent à qui mieux mieux qu’on leur montre les lieux,
que l’on cesse de faire régner en territoire soviétique les lois de l’Église et de dissimuler aux futurs héros un musée du patrimoine appartenant au peuple tout entier.
Le père Alipi les écouta, tête baissée. Puis il leva les yeux et enleva sa chape… Les lieutenants se mirent au garde-à-vous, bouche bée. Le père les observa tous d’un air menaçant et demanda sa casquette au lieutenant qui se tenait le plus près de lui. Celui-ci la lui remit docilement. Le père vérifia qu’à l’intérieur du bandeau se trouvait bien, comme il était d’usage, le nom de famille de l’officier écrit à l’encre, puis il fit demi-tour et repartit chez lui.
Dégrisés, les lieutenants le suivirent d’un pas traînant. Ils murmuraient des excuses et demandaient que la casquette leur soit rendue. Les jeunes gens voyaient se profiler de sérieux désagréments. Mais le père Alipi ne leur répondait pas. C’est ainsi que les jeunes officiers parvinrent à son domicile et s’arrêtèrent, hésitants. Le supérieur ouvrit la porte et les invita d’un geste à entrer.

Ce soir-là, il resta avec eux jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Il les régala comme lui seul savait le faire. Il leur fit visiter lui-même le monastère, leur montra les anciens sanctuaires, leur parla du passé glorieux et du présent fascinant du monastère. À la fin, il embrassa chacun d’entre eux comme un père et les récompensa avec prodigalité. Ils refusèrent, troublés. Mais il leur dit que cet argent que leurs grands-mères, leurs grands-pères et leurs mères avaient réuni leur serait utile.

Ce fut un cas particulier, mais pas unique en son genre. Le père Alipi ne perdait jamais sa foi en la puissance Divine capable de métamorphoser les hommes, quels qu’ils soient. Il savait d’expérience que bien des persécuteurs de l’Église étaient devenus chrétiens, soit dans le secret, soit ouvertement, peut-être même grâce aux propos sévères, décapants et pleins de vérité qu’ils avaient entendus de sa propre bouche. Des mois, et parfois des années plus tard, les ennemis d’hier revenaient vers lui, non plus pour molester le monastère, mais pour rencontrer en la personne du supérieur un témoin d’un monde autre, un pasteur et un guide spirituel plein de sagesse. Car une vérité prononcée sans crainte, pour amère et au premier abord incompréhensible qu’elle soit, reste gravée dans la mémoire d’un
individu. Et il la critiquera jusqu’au moment où il finira par l’accepter ou la rejeter à jamais. Les deux attitudes sont possibles....a SUIVRE

Éditions des Syrtes
74, rue de Sèvres, 75007 Paris
01 56 58 66 66 – edifin@worldonline.fr
www.editions-syrtes.fr

« Editions des Syrtes » : père Tikhon Chevkounov «Père Rafaïl et autres saints de tous les jours » ( 4 partie)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 31 Janvier 2014 à 11:19 | 35 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Nicodème le 01/02/2014 18:45
Très émouvant . C'est peut-être grâce à de tels saints que je finirai peut-être par rejoindre l'orthodoxie (russe , évidemment , pas la mondaine droitdlhommiste ) . Merci de nous avoir fait connaître ce véritable saint .

2.Posté par Irénée le 01/02/2014 22:59
Je ne savais pas, cher Nicodème, qu'il y avait plusieurs Eglises orthodoxes... Je crains fort qu'en rejoignant l'Eglise de Russie, vous puissiez ne pas être en même temps membre des autres Eglises orthodoxes. Et c'est tant mieux ! Mais vous pouvez peut-être nous expliquer comment vous voyez les choses...

3.Posté par Nicodème le 02/02/2014 00:31
Depuis le temps que j'observe les innombrables querelles de juridiction , quand ce n'est pas de "canonicité" , j'ai cessé de sourire , pour me mettre à pleurer . Aussi , croyez que je prise fort peu votre ironie . Oui , il y plusieurs Eglises , qui s'excluent ou s'anathémisent les unes les autres , et ceci est entretenu par l'orgueil et le manque d'amour des hiérarques . Je parle aussi pour l'Eglise de Rome naturellement , alors que , n'en déplaise à Justine , il suffirait de peu de chose pour qu'elle retrouve l'orthodoxie dont elle s'est éloignée au cours du premier millénaire (une époque où l'Eglise russe n'existait pas encore , d'ailleurs!). Mais hélas , il, est impossible aux hiérarques de tous bords de reconnaître avoir eu tort , eux ou leurs prédécesseurs . Et après , ils vont parler d'humilité ...

4.Posté par Tchetnik le 02/02/2014 11:52
@Nicodème

Disons que la véritable Orthodoxie, qui est "Christianisme" et qui, vous l'avez compris d'ailleurs, ne peut effectivement se passer du Christ comme ne peut être relativiste ou mondaine, n'est pas nécessairement "Russe", mais est, pour paraphraser Charles Maurras, la seule internationale qui tienne. N'importe quelle juridiction peut la soutenir comme peut hélas la trahir.

Vous avez raison de refuser le modernisme mondain et relativiste, mais hélas, aucune juridiction nous offre un abri durable et sérieux contre lui.

5.Posté par justine le 02/02/2014 21:54
A Nicodème. "Peu de chose" n'est certes pas une description réaliste de tout cet enchainement de déviations qui séparent le catholicisme de l'Orthodoxie et qui d'ailleurs n'ont fait que commencer au premier millénaire, s'amplifiant et se généralisant au 2e. C'est la tactique des œcuménistes de toujours mettre en avant ce qui est resté commun et de se taire au sujet de ce qui sépare, qui a créé cette fausse idée du "peu de chose".

Ceci dit, vous avez bien raison concernant les Saints, ceux dont parle le livre et tous les autres. Ce sont eux effectivement qui nous inspirent et nous fortifient. Mais n'oubliez pas que tous ont été, d'une façon ou d'une autre, des combattants pour la Foi droite, et ces combats ont commencé dès l'époque apostolique. Il n'y a jamais eu de période dans l'histoire de l'Eglise où l'ennemi du Christ n'aurait suscité des falsificateurs de cette Foi, et à chaque génération, les Orthodoxes sont appelés à s'y opposer. S'ils cessaient de combattre et jetaient les armes parce que, soi-disant, il ne faut pas se quereller, il se passerait ce qui se passe dans un champ qu'on néglige de désherber – les zizanies l'envahissent entièrement. Pour cela, St Paul exhorte son disciple Timothée à être "un bon soldat du Christ" (2 Tim 2,3 et le reste de la lettre).

6.Posté par Vladimir.G le 03/02/2014 14:29
Je suis d'accord avec Nicodème qu'il suffirait de /relativement!/ peu de choses pour que l'Eglise romaine retrouve l'orthodoxie dont elle s'est éloignée depuis la fin du premier millénaire ... et j'ajouterais que, depuis 50 ans, ce mouvement de rapprochement est entamé: cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Vatican-II-et-l-Eglise-orthodoxe_a3551.html!

Et pour ce qui concerne les saints, parmi ceux dont le livre ne parle pas, je rappellerais volontiers saint Nicolas d'Ohrid, qui fut l'un des fondateurs les plus prestigieux du mouvement œcuménique en participant à la première conférence de « Foi et Constitution » à Lausanne en 1927 (cf. lien). Ses déclarations sont conservées dans les archives du COE mais ne me sont malheureusement pas accessibles ...

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-1_a2514.html

7.Posté par Nicodème le 03/02/2014 15:13
Merci , Vladimir . Pour info , j'ai été censuré , pour avoir eu le tort , je présume , d'énumérer les principales pierres d'achoppement . Dans un message qui a dû précéder le vôtre et que vous n'avez pas pu connaître . A moins que ce ne soit pour avoir rappelé que le prêtre Boris Brobinskoy , que j'appréciais beaucoup , parlait de théléogoumène à propos du "filioque" . Il faut que je recherche la référence , il me semble que c'était ds sa somme "La Trinité" ...De toutes façons , pour moi , ce ne sera ni russe ni Constantinople ni celte ni gaulois . Si on voulait me démontrer que l'Eglise , c'est une question de pouvoir plus que d'amour , on n'aurait pas fait mieux . Enfin , ça , on le sait depuis l'Inquisition , en occident , et la répression des "vieux croyants" en Russie ...

8.Posté par Daniel le 03/02/2014 17:01
Saint Nicolas de Jitcha fut membre à ses débuts du mouvement œcuménique. Mais il s’en détourna par la suite.

9.Posté par justine le 03/02/2014 17:07
Il y a ce soupçon que ceux qui refusent toutes les traditions orthodoxes par lesquelles l'enseignement des Apôtres a été transmis jusqu'à nos jours, ont au fond le désir de fabriquer leur propre tradition personnelle... Quand "le prêtre Boris Bobrinskoy parle de théologoumène à propos du 'filioque' ", il est évident qu'il se considère plus grand que Saint Photios le Grand et plus illuminé que Saint Grégoire Palamas et bien d'autres Saints Pères de l'Eglise encore qui ont clairement statué et montré que le "filioque" est une hérésie qui déforme l'enseignement orthodoxe sur la Sainte Trinité. C'est une maladie bien caractéristique de notre époque de vouloir se mettre au-dessus de tout – de la Sainte Ecriture, des Saints Apôtres, des Saints Peres, des Saints Conciles, des Saints Canons. En cela, la "théologie post-patristique" et le papisme phanariote relèvent du même esprit.

Quant à la tentative de Vladimir d'instrumentaliser une fois de plus Saint Nikolaj Velimirovic pour justifier la panhérésie de l'écuménisme, rappelons que comme d'autres grandes figures de l'Orthodoxie qui au début soutenait le mouvement écuménique parce qu'ils espéraient y trouver l'espace pour proclamer haut et clair le message de l'Orthodoxie et aider les hétérodoxes à revenir dans la voie droite, il a très vite réalisé que la véritable dynamique derrière ce mouvement était bien autre et s'en est distancié si clairement qu'il relève de la malhonnêteté d'associer aujourd'hui encore son nom à ce mouvement totalement opposé à l'Orthodoxie. D'ailleurs, qui en premier a qualifié l'écumenisme de "panhérésie"? C'est Saint Justin (Popovic), le disciple de Saint Nikolaj!

10.Posté par Nicodème le 03/02/2014 17:33
Tout ceci me fait penser à la fresque sur le jugement dernier , au Mont Ste Odile , en Alsace , réalisée par Herrade de Landsberg , abesse du couvent ,au XII ième siècle , si ma mémoire est bonne . Donc , après 1054 , ouh là là ... on y voit d'un côté une foule de gens , composée de laïcs , des artisans , des paysans , des hommes , des femmes , des gens d'armes , des clercs , des rois , des moines , des évêques , etc... , et de l'autre une foule de gens composée de laïcs , des artisans , des paysans , des hommes , des femmes , des gens d'armes , des clercs , des rois , des moines , des évêques , etc... Marrant , non ..? A mon avis , ce devait être les orthodoxes d'un côté et les hétérodoxes de l'autre . Pour la censure : ceci est de l'humour ...

11.Posté par Vladimir.G le 03/02/2014 19:41
Et bien, comme saint Tomas, je demande à voir: où et quand saint Nicolas a-t-il écrit quelque chose contre l'œcuménisme? Car ce qu'il a dit et écrit pour est clairement documenté et, si nous n'avons pas accès à ses déclarations personnelles, nous avons ce passage de la "Déclaration des participants orthodoxes" à cette Première Conférence mondiale « Foi et Constitution » à laquelle il a souscrit:

Citation (cf. lien en 6): "Comme il a été souligné plus d'une fois au cours des pourparlers qui ont déjà eu lieu, en matière de foi et de conscience religieuse, aucun compromis n'est de mise dans l'Église orthodoxe et il n'est pas possible de fonder sur les mêmes mots deux conceptions, deux représentations et deux explications différentes de formulations reçues par tous. Et les orthodoxes ne peuvent espérer qu'une unité fondée ainsi sur des formulations ambiguës puisse être de longue durée... L'Église orthodoxe estime que toute alliance doit se fonder sur une foi commune ... L'accord sur la nécessité des sacrements dans l'Église, par exemple, n'a aucune valeur pratique s'il existe des différences radicales entre les Églises concernant leur nombre, leur signification et en général l'essence de chacun, leurs effets et leurs résultats... En conséquence, nous ne pouvons accepter une conception de la réunification qui se limite seulement à des éléments insignifiants: selon l'enseignement de l'Église orthodoxe, là où il n'y a pas communauté de foi, il ne peut y avoir communion dans les sacrements. Nous ne pouvons même pas ici appliquer le principe de l'Économie qui pourrait jouer dans d'autres circonstances et que l'Église orthodoxe a souvent adopté à l'égard de ceux qui se convertissaient à elle."
Fin de citation

Je crois que tout cela reste vrai et justifie toujours la participation des Orthodoxes...

Et, bien cher Nicodème, il est arrivé que certains de mes textes ne passent pas sur PO ou soient expurgés... C'étaient le plus généralement pour des questions de forme et non de fonds et je m'associe à ce souci des modérateurs de sauvegarder pour ces échanges une forme très correcte et sans attaques de personnes...

12.Posté par Tchetnik le 03/02/2014 21:53
La "Vie de Saint Sava" du même Nicolas d'Ohrid montre assez bien par ailleurs que ce saint demeurait assez défiant quant à l'œcuménisme.

A la rigueur ses articles et discours d'avant 1920 peuvent effectivement contenir un ton plus bienveillant, voire relativiste, mais il en est largement revenu ensuite.

13.Posté par Bartimée le 04/02/2014 10:02
Cher Nicodème, après avoir écouté tous les avis et conseils, redemandez-vous quel est l'épicentre de votre démarche.
Si c'est d'aller dans le bercail où en ce bas monde vous vous trouvez le plus proche possible du Christ, là où vous êtes le plus réceptif à Sa mansuétude, là où vous recevez la nourriture spirituelle en abondance, la réponse est là.

Certes Il est partout présent et chacun est "l'image de Sa gloire inexprimable", cependant chacun reçoit Sa proximité de manière singulière, selon sa propre histoire.

Il est malheureusement un fait symptomatique que même un fin champion du double langage ne peut que constater, c'est le fait de la désertification des bercails chez la "fille aînée de l'Eglise", mais où sont passées les brebis perdues?

N'en soyez pas une d'où que vous veniez, où que vous soyez, faites-vous aussi confiance, déterminez-vous, fortifiez-vous vous recevrez des coups ce ne sera pas toujours facile peu importe, rapprochez-vous de Lui, Il vous attend.

14.Posté par Nicodème le 04/02/2014 11:11
"Il est malheureusement un fait symptomatique que même un fin champion du double langage ne peut que constater, c'est le fait de la désertification des bercails chez la "fille aînée de l'Eglise", mais où sont passées les brebis perdues?"

En effet . Je fais partie de ces brebis là , et mon orthodoxie n'est que théorique .Un an de St Serge ne suffit pas .Que s'est-il passé ? cela ne remonte pas à 45 ,ou 1905 , ou même à 1792 . C'est très profond , très ancien . Mais si on s'en tient à l'époque contemporaine , Alain Besançon a bien analysé la chose ds son essai : "Les trois tentations de l'Eglise" . Pour moi , il y eu la tentation du marxisme (reconnue et dénoncée , mais trop tard , par Decourtray) , ensuite le tiers mondisme , et puis le faux universalisme européïste et droitdlhommiste, alors que l'Europe de Bruxelles promeut des valeurs directement opposées à celles des Evangiles , et de la foi mosaïque en général , et puis le détournement "du" Concile VII , qui était une tentative de réappropriation de la Tradition (qui , elle , ne remonte pas au concile de Trente) . Le détournement a été opéré violemment après 65 par les clercs crypto-ariens , et leurs équipes , dont la plupart sont encore au pouvoir , par la génération suivante . Alors que , sur le plan liturgique , on avait un magnifique renouveau avec , par exemple les œuvres d'André Gouze , inspirées à 80% par la liturgie orthodoxe de culture russe . Mais les apparatchiks ont fait barrage . Ils ont imposé au petit peuple des cantiques insipides , et mondains , voire crypto-ariens . Il ne fallait pas que le petit peuple puisse accéder à la beauté .Cela et bien d'autres choses ont vidé durablement des églises que , maintenant , on démolit . Dans le même temps où on construit des mosquées .

Pour répondre à Vladimir , le Seigneur , je le trouve ds mes livres et ds l'Ecriture . Quant aux "sacrements" , à propos desquels on se dispute pour des virgules , j'ai trop vu , aussi bien ds le monde kto que ds le monde ortho , leur totale inefficacité sur la possible metanoia des braves gens dont les coeurs sont restés aussi durs et aussi secs pour continuer d'y croire . Nonobstant quelques miracles , ici ou là , rares , trop rares .

Tout cela finit par me fatiguer passablement . La seule chose que je sais , c'est que s'il n'y a pas , en France et en Europe une union sacrée , politique et ecclésiale , pour éradiquer l'islam de nos Patries , d'ici moins de 20 ans , nous serons des dhimmuis réels .Sauf si la Russie vient nous secourir . Encore faudrait-il que Poutine tienne bon .

15.Posté par justine le 04/02/2014 18:36
A Vladimir, post 11: Votre citation de la déclaration des participants orthodoxes à la l'ère Conférence de "Foi et Constitution" est en elle-même la preuve de l' anti-œcuménisme de St Nikolai que vous cherchez, puisque cette declaration co-signée par lui dit:

"En matière de foi et de conscience religieuse, aucun compromis n'est de mise dans l'Église orthodoxe et il n'est pas possible de fonder sur les mêmes mots deux conceptions, deux représentations et deux explications différentes de formulations reçues par tous. Et les orthodoxes ne peuvent espérer qu'une unité fondée ainsi sur des formulations ambiguës puisse être de longue durée... L'Église orthodoxe estime que toute alliance doit se fonder sur une foi commune ... L'accord sur la nécessité des sacrements dans l'Église, par exemple, n'a aucune valeur pratique s'il existe des différences radicales entre les Églises concernant leur nombre, leur signification et en général l'essence de chacun, leurs effets et leurs résultats... En conséquence, nous ne pouvons accepter une conception de la réunification qui se limite seulement à des éléments insignifiants: selon l'enseignement de l'Église orthodoxe, là où il n'y a pas communauté de foi, il ne peut y avoir communion dans les sacrements. Nous ne pouvons même pas ici appliquer le principe de l'Économie qui pourrait jouer dans d'autres circonstances et que l'Église orthodoxe a souvent adopté à l'égard de ceux qui se convertissaient à elle."

Cette déclaration affirme donc tout le contraire de ce qui se passe aujourd'hui dans ce mouvement "dit œcuménique", mais plus justement appelé œcuméniste.

Car il exige sans cesse et de manière croissante des compromis en matière de foi et de conscience religieuse (aucun membre du COE n'a le droit d'affirmer que sa foi est la seule vraie, Document de Nouvelle Delhi 1961), son langage est des plus ambigus (tous au sein du COE utilisent p. ex. le terme "église", mais la conception et compréhension orthodoxe de l'Eglise est entièrement différente de la "branch theory" protestante adoptee par le COE à Porto Alegre en 2006), la "foi commune" est bien affirmée par les membres du COE, mais en réalité la Foi orthodoxe authentique diffère profondément de la foi des sectes protestantes, de même la conception des sacrements, et quant à l'unité basée sur l'accord dans des questions mineures seulement (aucune unite p.ex. au niveau de la soteriologie, ni meme de la christologie et de la triadologie), elle est universellement prêchée par les œcuménistes au moyen du slogan "unité dans la diversité" et "le Christ n'est pas divisé" etc. etc. Vous pouvez vérifier tout cela en étudiant les divers documents du COE des dernières décennies.

Tandis donc que la plupart des représentants orthodoxes auprès du COE ont trahi l'esprit de cette déclaration en signant ces documents et en promouvant leur application concrète dans leurs pays respectifs (p. ex. par l' introduction d'idées œcuménistes et opposées aux Saints Pères dans l'enseignement théologique ou par la transformation de l'enseignement religieux orthodoxe dans les écoles en un enseignement œcuméniste sur la soi-disante équivalence de toutes les religions), Saint Nikolaj, tout comme Georges Florowski d'ailleurs et d'autres encore, lui restaient fideles et prirent leur distance quand ils constatèrent le cours que prenaient les événements.


http://www.oikoumene.org/fr/resources/document

16.Posté par Nicodème le 04/02/2014 20:01
Certes , il y a des "oecuménistes" , comme il y a des "orthodoxistes" . Il faudrait quand même faire attention à, ne pas faire partir les âmes de bonne volonté vers les "sectes protestantes" , car toutes ne sont pas véritableement persuadées de leurs erreurs théologiques , dont les deux plus énormes sont "le salut par la foi seule" et "Scripta solae" . Et Dieu sait si ce discours "orthodoxiste" serait de nature à les y faire partir ...

Je n’ai en tous cas pas l'impression d'avoir été un tout petit peu compris , même lorsque j'ironise en m’efforçant de sourire .


M'enfin , quand on sera tous en camp de concentration islmique , on pourra toujours continuer cette discussion vitale , comme les byzantins , dit-on , discutaient du sexe des anges à Constantinople alors que les Turcs en faisaient le siège . N'aurions nous ni rien compris ni rien appris ?

17.Posté par Bartimée le 05/02/2014 09:32

@ Nicodème

Le double langage est une tentative collatérale de manipulation consécutive à un débat, qui a pour objectif de le stériliser. Ce qui n'est pas le cas dans vos propos, au contraire.
Votre dénonciation du cruel fléau totalitaire toujours contemporain depuis le VII°s. est très pertinente.

Cher Nicodème, sur le chemin que vous suivez ne vous focalisez pas trop sur les ombrages humains passés, traversez-les sans plus. Ceux du présent suffisent ...

Vous portez le beau nom de celui qui a eu le courage d'être le premier myrrhophore du Fils de l'homme

18.Posté par Irénée le 05/02/2014 10:51
@Justine
Votre message 15 me laisse un peu pantois !
Dans un soucis de recherche de la vérité et d' "orthodoxisme" vous mélangez un peu tout, et sans finalement ni éclairer, ni faire avancer le débat...
Encore un fois, il me faut revenir à une question déjà posée ici : où se trouve donc la Vérité ?
Dans le Christ ? Certainement ! Chez les Pères ? sans aucun doute !
Mais aujourd'hui, selon vous, où est l'Eglise ? Pas au Phanar visiblement !
A Moscou alors ? mais alors que fait SE Le métropolite Hilarion depuis 10 ans au COE ?
et que faisait SS Cyrille (alors métropolite) à Porto Alegre en 2006 ? Il était venu donner son accord à la théorie des Branches ?
Et que fait son neveu, le père Michel Goundaiev, au Comité exécutif du COE ?
Votre vision de l'oecuménisme est passionnelle, et votre connaissance très superfitielle ! Il y a certes un galimatia peu digeste dans les textes du COE, mais ils ne constituent en aucun cas des prises de positions partagées par toutes les Eglises membres !
Et comme je l'ai rappelé ici à plusieurs reprises, il y a sans doute des planqués et des incapables parmi les délégués des Eglises orthodoxes au COE, mais il y a aussi de remarquables évêques et théologiens... Qui n'ont rien signé du tout ! (Il n'y a rien à signer d'ailleurs...)
Il ne faut pas oublier, là comme ailleurs, les aspects positifs et constructifs des situations. Et pourtant, pour différentes raisons, je n'apprécie pas trop ce genre d'organisation ! mais ce n'est pas une raison pour dire n'importe quoi !
Dites-nous donc où se trouve l'Eglise !

19.Posté par Vladimir.G le 05/02/2014 18:15
Bien chère Justine,

Je vous remercie de répondre en détails mais, comme Irénée, je suis totalement en désaccord avec ce que vous affirmez. Comme je l'avais montré dans la série d'articles que j'avais consacré à ce sujet en 2012*, les délégués orthodoxes ont toujours très clairement maintenu la ligne fixée à cette conférence de Lausanne en 1927. En particulier, "la Commission spéciale sur la participation des Orthodoxes au Conseil œcuménique des Eglises" (1999-2003), a eu pour mandat "d'étudier et d'analyser tout l'éventail des questions relatives à la participation orthodoxe au sein du COE" et "de faire des propositions au Comité central de ce dernier concernant les modifications nécessaires à apporter à la structure, au style et à la manière de vivre du Conseil". Le "rapport intérimaire" a été approuvé par le Comité central du COE (août 2002) et confirmé à la conférence de Thessalonique (juin 2003). Il a ainsi été fait droit aux demandes concrètes des Orthodoxes sur l'intercommunion (il a été décidé dès 1998 de ne pas inclure de célébration de l’Eucharistie dans le programme officiel; précédemment seuls les Orthodoxes chalcédoniens pouvaient communier à l'Eucharistie orthodoxe) et sur la règle du consensus pour les décisions. Le rapport aborde aussi des points de friction importants, de l'ecclésiologie aux prières communes, sans leur apporter aucune réponse définitive mais en montrant la voie de recherches ultérieures. Par contre tous les sujets doctrinaux restent en débat.

Cette idée de "Commission spéciale " avait été proposée par le métropolite Cyrille (l’actuel patriarche de Moscou et de toute la Russie) et il n'est pas étonnant que les principes de participation aux organisations inter-chrétiennes ainsi élaborés ont été pris en considération lors de la préparation des «Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie» adoptés par le concile épiscopal de 2000 et confirmés par le concile local (ce qui lui donne un début de reconnaissance canonique: plusieurs dogmes ont été promulgués par des conciles locaux avant d'être repris par des conciles œcuméniques).

Il est évident "que toute une série de dénominations protestantes ont dévié dans des formes extrêmes de libéralisme, légitimant des phénomènes tels que le sacerdoce et l’épiscopat féminins, les mariages d’homosexuels et les ordinations de ceux-ci à la prêtrise. En raison de ces circonstances, l’Église orthodoxe russe a interrompu le dialogue avec toute une série de groupes protestants" (Mgr Hilarion de Volokolamsk), mais cela ne justifie absolument pas la rupture de tout dialogue avec toutes les autres confessions que continuent la quasi totalité des Eglises orthodoxes (seuls Bulgarie et Géorgie ont suspendu leur participation) dans le droit fils des précurseurs dont faisait partie saint Nicolas.

* http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-1_a2514.html
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-2_a2526.html
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-3_a2536.html

20.Posté par justine le 05/02/2014 19:06
Où donc se trouve l'Eglise aujourd'hui? Où est la Vérité aujourd'hui? Là où elle s'est toujours trouvée. Comment pourrait-elle être ailleurs! Vos questions sont purement rhétoriques et visent qu'à éviter de faire face aux faits énumérés. Ces documents ont été approuvés par les délégués aux Assemblées du COE (la formule des résolutions finales: "Nous déclarons etc......") et servent chaque fois de base pour passer au stade suivant. En lisant le document de Porto Alegre par exemple, pouvez-vous ne pas constater que tout cela relève du début à la fin de la théorie des branches? C'est à dire de la théorie selon laquelle tous les membres du COE, hérétiques et orthodoxes confondus, sont les branches d'un même arbre, l'Eglise Une, Sainte, Apostolique et Catholique, "richement diversifiée"!

Pour illustrer l'esprit qui règne dans cet organisme, il suffit de rappeler ce qui s'est passé lors de la plus récente de ces Assemblées, celle de Pusan en Corée du Sud en novembre dernier. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, faisant preuve d'un rare courage pour dire une parole de vérité devant cette Assemblée de 2000 personnes, s'est élevé contre la tentative d'abolir le sens traditionnel de la famille et de mettre au même niveau le mariage et les unions homosexuelles. Ses propos ont soulevé une vague de protestations, mais lui ont aussi valu des félicitations de la part de ceux qui souhaitent maintenir l'éthique chrétienne. Par la suite, dans une interview avec le journal russe "Foma" il a souligné que le seul motif de la participation de l'Eglise Russe au COE est de témoigner de la position orthodoxe. Il a donc exploité les 15 minutes qu'on lui avait accordées pour donner son témoignage – occasion, disait-il, qu'on donne d'ailleurs rarement aux Orthodoxes qui forment une minorité insignifiante parmi ces quelques 450 sectes protestantes. Le métropolite disait également que le COE est surtout dirigé par les "libéraux" d'Europe occidentale - notamment de Scandinavie - et des Etat-Unis, lesquels soutiennent l'organisation par de substantielles contributions financières.

Il se peut que dans votre contexte, vous ne viviez pas la réalité de ces choses, mais en Grèce en tout cas et dans toutes les dépendances du Phanar, les effets néfastes de cette participation au COE et aux autres manifestations de l'œcuménisme, sont des plus évidentes. On assiste à une véritable protestantisation de la théologie. Ce n'est pas moi qui le dit, mais les théologiens eux-mêmes, ceux qui restent fideles à l'Eglise.

21.Posté par justine le 05/02/2014 20:36
Il peut être utile de reproduire ici d'autres passages encore de cette interview du métropolite Hilarion de Volokolamsk avec "Foma" (traduit du grec publie par "Romfea" le 7 novembre 2013):
"Chaque confession ici (à l'Assemblée du COE) a sa position, qu'elle maintient et défend. Il n'y a aucun rapprochement dogmatique. Lorsque ce mouvement œcuménique commença à prendre forme durant l'entre-guerres et lorsqu' il prit définitivement forme après la guerre, ils étaient nombreux, bien sûr, ceux qui, par leur participation à ce mouvement, rêvaient de la possibilité de surmonter les différences dogmatiques. Mais aujourd'hui il est plus qu'évident que ces rêves ne peuvent devenir réalité, parce qu'ils étaient bases sur une vue erronée.
Les divergences entre les diverses confessions chrétiennes sont plus profondes de ce qu'on attendait. De plus, avec le passage du temps, ces divergences s'agrandissent de plus en plus, par l'apparition de nouvelles différences qui n'existaient pas dans la seconde moitie du 20e siècle, lorsque le COE fut créé et que le mouvement œcuménique fut institutionnalisé.
Comme exemple je citerai l'abîme qui existe entre les conservateurs et les libéraux et qui s'est creusé encore aujourd'hui entre les communautés chrétiennes à un degré que personne n'aurait pu imaginer il y a 50 ans. J'entends ici moins le fossé au niveau dogmatique que celui dans le domaine éthique et social. Durant les 50 années passées, les églises protestantes ont parcouru beaucoup de chemin, mais à mon avis, en dernière analyse, (pendant ce laps de temps) elles se sont éloignées de l'Orthodoxe plus que pendant les 450 années depuis le début de la Reforme. Da distance qui nous sépare est énorme et nous ne pouvons unir notre voix à celle des protestants d'Occident et du Nord.
Dans ce contexte, le COE constitue une importante plateforme pour des échanges de vues. Pour l'Eglise Orthodoxe de Russie, c'est avant tout l'endroit où nous pouvons affirmer les valeurs éthiques chrétiennes traditionnelles. Quant aux problèmes théologiques, il n'y a pour le moment au sein du COE aucune discussion à ce sujet. Cela relève d'ailleurs plus particulièrement de la compétence de la Commission Foi et Constitution, laquelle existait déjà avant le COE. Mais même au sein de cet organisme, il n'y a aucun rapprochement entre les chrétiens des différents dogmes. Depuis un temps déjà, ceci ne figure pas parmi les priorités du COE."

Le métropolite Hilarion expose ensuite comment, grâce aux efforts des représentants russes, un changement a été obtenu dans l'organisation des travaux au sein du COE pour donner davantage de place à la voix des Orthodoxes, toujours limitée, certes, mais plus grande tout de même que par le passé, sans que cela signifie, bien sûr, que cette voix soit acceptée par la majorité. Et il conclut: "Notre participation aux travaux du COE poursuit un but très spécifique, car nous utilisons cet espace comme terrain de hiérapostolie."

http://www.romfea.gr/patriarxeia/patriarxeia/patriarxeio-mosxas/20194-ilarion-themata-ithikis

22.Posté par Vladimir.G le 05/02/2014 22:19
Voici le lien vers la traduction complète de l'interview de Mgr Hilarion.

Merci Justine de citer ce texte qui, je pense, constitue la parfaite illustration de mes propos:
- Mgr Hilarion reste clairement fidèle à la voie tracée par les fondateurs orthodoxes du mouvement œcuménique (dont saint Nicolas)
- Il confirme aussi l'intérêt de continuer à participer: au début de l'interview il cite la parabole du semeur en disant "Dans la salle des sessions plénières du COE étaient présentes environ 2000 personnes et je pense que, parmi elles, il y en a un certain nombre dont le cœur est justement un terrain fertile. Elles rapportent dans leurs Églises ce qui a été dit, racontent ce qu’elles ont entendu. Vous avez vu vous-même que beaucoup sont venus me voir et m’ont remercié pour mon intervention." Il est vrai qu’en tout, seule une quinzaine, au maximum une vingtaine de personnes ont élevé des tablettes bleues signifiant leur désaccord dans toute la salle, commente le journaliste, alors que le discours de Mgr Hilarion est qualifié "d'explosif" par sa dénonciation "de la destruction systématique des concepts traditionnels du mariage et de la famille dans les pays sois-disant développés".

Et Mgr Hilarion conclut en parlant, comme vous, de Porto Alegre, qu'il interprète différemment: "L’assemblée à Porto Alegre, en 2006, alors que j’étais également chef de délégation, tandis que le métropolite Cyrille participait en tant qu’hôte d’honneur, a témoigné que le COE était prêt à écouter l’opinion des Églises orthodoxes et à tenir compte de leurs positions. Et la présente assemblée démontre aussi qu’elle y est prête. Naturellement, nous n’attendons pas le consentement de tous les participants. Cela est une autre affaire. Nous voyons dans le COE une domination manifeste de l’aile libérale du christianisme mondial. Je le répète, celle-ci occupe ici plus de place proportionnellement, qu’elle n’en a dans la répartition réelle des forces au sein de la communauté chrétienne. Mais notre participation aux travaux du COE a un sens bien défini, nous utilisons cette plateforme en tant que terrain de mission."

http://www.orthodoxie.com/actualites/interview-du-metropolite-hilarion-de-volokolamsk-au-sujet-de-la-xeme-assemblee-du-conseil-oecumenique-des-eglises-a-pusan/

23.Posté par Irénée le 05/02/2014 22:29
Je ne peux que souscrire à ce qu'a dit le métropolite Hilarion... Mais je voudrais dire aussi que c'est exactement cette position qui est maintenue fermement par une majorité de délégués orthodoxes... en particulier ceux de Serbie, de Jérusalem et quelques autres...

Je vous accorde que certains hiérarques ont des positions plus floues... souvent faute de formation, ou parce qu'ils sont plus diplomates que théologiens. Mais c'est votre approche presque caricaturale qui me gêne...

Le métropolite Hilarion exagère un peu en indiquant que c'est grâce aux représentants russes qu'une certaine ligne se maintient ! Les archives du COE contiennent de nombreuses photos de hiérarques du patriarcat de Moscou présidant des célébrations oecuméniques, et pas des moindres !

Je ne sais pas bien de quelles "protestantisations" vous voulez parler. Mais effectivement, je ne les vois guère dans les milieux que je fréquente...

24.Posté par Daniel le 05/02/2014 23:10
En matière d'oecuménisme, il n'y a aucune différence fondamentale entre Moscou et Constantinople.

25.Posté par justine le 06/02/2014 07:37
Je ne suis pas d'accord avec cette interprétation de Daniel, à savoir qu'en matière d'œcuménisme, la position de Moscou et de Constantinople seraient fondamentalement les mêmes. D'après tout ce qu'on peut lire, entendre et observer, il y a tout au contraire une différence fondamentale. L'Eglise russe approche ce mouvement à partir d'une position orthodoxe et dans un but orthodoxe, tandis que Constantinople l'approche à partir d'une position politique et dans un but politique.

A Irénée:
Je ne sais pas quels milieux vous fréquentez. Il est possible que ce soit un milieu sain. Vous devez toutefois vous ouvrir à l'idée de la possibilité qu'il existe dans l'Eglise d'autres milieux, profondément malades. Concernant la protestantisation de la théologie orthodoxe dans les milieux œcuménistes: ce sujet est tellement vaste et subtil qu'il n'est pas possible d'en traiter dans le cadre d'une discussion comme la présente.

Il faut se référer pour cela aux études spécialisées faites par des théologiens orthodoxes de renom, comme par exemple le métropolite Hiérotheos (Vlachos) de Naupacte, le Père Theodoros Zisis, prof. émérite de l'Université de Thessalonique ou le professeur Dimitrios Tselengidis de la même université, par exemple.

Voir notamment l'étude du métropolite Hiérotheos "Une hérésie en gestation dans l'Eglise Orthodoxe" (en grec) http://anavaseis.blogspot.com/2011/07/blog-post_3883.html

ainsi que les contributions des professeurs sus-mentionnés à la conférénce "Théologie patristique et hérésie postpatristique" au Pirée en 2012.
Les actes complets de cette conférence sont disponibles en traduction anglaise sur l'Internet: http://katanixis.blogspot.gr/2013/05/blog-post_7571.html
et en traduction allemande: http://katanixis.blogspot.gr/2013/05/blog-post_14.html

26.Posté par Irénée le 06/02/2014 09:36
Merci Justine pour ces réponses, mais encore une fois il faudrait nuancer un peu vos réponses...
Je n'ai pas parlé du Phanar, mais de Jérusalem et de la Serbie...
La problématique développée dans les articles dont vous donnez les liens m'est bien connue... J'ai eu déjà à travailler avec l'académie de Volos, souvent citée dans ces articles, et je partage assez ce qui en est écrit. Reste toujours les m^mes questions : Comment vivre en Eglise en évitant ces déviations sans devenir des fanatiques intégristes...
Et je vous trouve bien optimiste concernant Moscou. L'habileté des déclarations est incontestable, mais je ne suis pas certain que sur le fond il y ai la même clarté....

27.Posté par Daniel le 06/02/2014 10:32
@ Justine

A partir du moment où le métropolite Hilarion a déclaré qu’il reconnaissait les mystères latins, la question était claire à mes yeux. J’ai vu sur le terrain en France les cérémonies oecuménistes impliquant le clergé du Patriarcat de Moscou, ce n’était pas triste !

28.Posté par Nicodème le 06/02/2014 11:01
Commentaire après lecture du post 20 :

Il ne faut pas mettre tous les "protestants" ds le même panier . Autant les églises protestantes "classiques" , réformées calvinistes surtout ,et luthériennes à un moindre degré , sont gangrenées par l'esprit mondain , càd l'esprit qui s'obstine à vouloir plaire au monde ds l'espoir de le séduire , notamment ds les domaines de la morale sexuelle et matrimoniale , autant les églises dites évangéliques , restent , ds leur immense majorité , très fermes . Elles passent leur temps à rappeler les interdits fondamentaux sur l'homosexualité , l'adultère , l'avortement (je me rappelle le cas de ce pasteur scandinave , j'ai oublié le pays , qui s'est fait arrêter et a fait de la tôle , pour avoir dénoncé l'homosexualité ds son église , il y a déjà quelques années). C'est dommage qu'elles se veulent "protestantes" en ayant adopté les erreurs théologiques de la Réforme , mais il reste que , sur le plan éthique , elles restent "droit ds leurs bottes" , ce qui n'est malheureusement pas le cas de l'ECR , au moins sur le terrain .J'ajoute que , à mes yeux , c'est le plus important . Je préfère un milieu ecclésial où on sache encore distinguer le Bien du mal , fût-il déclaré "hérétique" par les émules de Torquemada , à un milieu sans doute orthodoxe 100% pur , mais où on tolère l'exposition publique des péchés sociétaux graves , ou pis , qu'on les justifie (chose vécue Strasbourg ds les années 90 ...en milieu ECR , lors de la "semaine de 'l"unité", ds l'homélie du pasteur de service , qui avait osé tordre les paroles de St Paul , et ce , sans se faire interrompre par les clercs ktos du lieu)

29.Posté par Vladimir.G le 06/02/2014 11:52
Bien chère Justine,

"Constantinople l'approche à partir d'une position politique et dans un but politique" ne sont que des mots qui ne sont étayés ni par des faits ni par des écrits dont j'ai connaissance...
Je serais d'accord que les positons de Moscou et Constantinople dans le dialogue œcuménique sont fondamentalement les mêmes, tous les délégués orthodoxes signant d'ailleurs les mêmes documents. On doit néanmoins constater que Moscou avec le métropolite Cyrille d'abord et le métropolite Hilarion maintenant, a une position plus stricte sur le respect des engagements orthodoxes. Dès 1998 et le "Communiqué de Thessalonique" l'Eglise russe proposa de ne pas envoyer de "délégués" au COE mais de simples "observateurs" et seuls les délégués de l'Eglise de Russie ont été obligés par un mandat impératif du Synode d'appliquer les décisions de Thessalonique à la lettre. Les autres Orthodoxes ont "interprété" le texte. Ainsi, certains ont fait valoir que ne pas "participer" aux offices pouvait être compris au sens d'être présents sans accepter de prendre un rôle "actif" (présider ou lire un texte biblique ou une prière.) Et je pense que seule l'Eglise russe a adopté un texte précis comme «Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie» qui se concluent par "Les tendances négatives apparues dans le COE ont pour résultat que l'Église orthodoxe russe se trouve dans la nécessité de se tenir prête à changer sa position à l'égard du COE. Au reste, une telle décision, ne doit pas être prise tant que n'auront pas été épuisés tous les moyens pour modifier le caractère du COE."

Et pour ce qui concerne les relations avec l'Eglise catholique, le texte précise: "Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne.

Le dialogue théologique avec l'Église catholique romaine doit se poursuivre parallèlement à l'examen des problèmes les plus considérables affectant les relations bilatérales. Les sujet le plus brûlants à l'heure actuelle demeurent la question du prosélytisme et le problème uniate. Actuellement et dans un futur proche, une des formes de collaboration les plus prometteuses avec l'Église catholique romaine est l'affermissement des liens régionaux existants avec les diocèses et les paroisses catholiques. Une autre forme de collaboration pourrait être la création ou le développement des liens existant déjà avec les Conférences épiscopales catholiques."

Tout ceci est extrêmement clair et précis et la métropolite Hilarion ne manque jamais d'y faire référence...

30.Posté par justine le 06/02/2014 17:06
Je m'étonne de votre affirmation que "approche à partir d'une position politique" etc. ne serait que des mots non étayés par des faits et des écrits, quand juste un peu auparavant, dans votre post 33 sur le fil "Visite du Patriarche..." vous dites vous-même que "pour comprendre le jeu du Phanar il faut bien voir que, sans cela, il risque réellement de disparaitre". Son engagement dans le mouvement œcuméniste est déterminé par son désir de s'affirmer sur la scène mondiale et s'assurer le soutien des puissants dans ce mouvement et non pas par le désir de faire mission parmi les hétérodoxes comme pour le Patriarcat de Moscou. Il va de soi que cette motivation n'est pas claironnée dans des écrits! On fait semblant, et d'ailleurs dans des conversations privées les Phanariotes ne cachent pas les raisons effectives derrière cet engagement. Faut-il rappeler les propos de l'Archevêque d'Australie Stylianos qui, après de longues années comme chef de la délégation phanariote aux dialogues s'en est retiré en déclarant qu'il était las de ce "jeu pourri".

31.Posté par Daniel le 06/02/2014 17:49
@ Justine

Vous allez vers de grandes désillusions à taper sur le Phanar et à encenser l’Eglise de Russie. Je cite « et non pas par le désir de faire mission parmi les hétérodoxes comme pour le Patriarcat de Moscou. » Le Patriarcat de Moscou a clairement dit qu’il ne faisait pas de mission en Europe occidentale, comme le Phanar… Moscou est un peu plus traditionnel, mais sans différence majeure.

32.Posté par Bartimée le 07/02/2014 10:33
@ Irénée (18)

Pourriez-vous avoir l'obligeance de vous abstenir de vous en prendre aux participants de ce forum, notamment avec des propos hautains et dédaigneux tels que :
- "vous mélangez un peu tout, et sans finalement ni éclairer, ni faire avancer le débat…"
- "votre connaissance (est) très superficielle ! "
- "mais ce n'est pas une raison pour dire n'importe quoi !"

Pour qui vous prenez-vous ? Depuis quand le mépris est-il constructif, le forum n'est pas un site de règlement de comptes à OK Corral, merci d'avance.

33.Posté par Vladimir.G le 07/02/2014 10:52
Bien cher Irénée,
Je trouve que vous faites partie de ceux qui clarifient et font avancer les débats. Continuez et allez plus loin s'il vous plait! Même quand je ne suis pas d'accord j'ai toujours plaisir à vous lire car vous amenez de vrais arguments basés sur une grande érudition...


34.Posté par Parlons d'orthodoxie le 07/02/2014 11:17
P.O. se joint à @Bartimée pour rappeler que le style "potache" et irrévérencieux ne devrait pas avoir sa place sur notre site.
Nous essayerons de nous appliquer à être plus exigeant dans la modération des débats.

Certains contributeurs savent que leurs commentaires ne sont pas mis en ligne.

35.Posté par justine le 07/02/2014 18:17

A Daniel, post 31: Attendons la suite des évènements!







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