LE CAIRE

Des étudiants égyptiens de confession musulmane ont lancé samedi des pierres contre des églises et des maisons coptes (chrétiennes d'Egypte), après le maintien en détention de quatre musulmans accusés d'avoir tué un chrétien, a indiqué la police.

Les violences ont commencé lorsque les autorités judiciaires de Dairout, en Haute-Egypte, ont prolongé la détention de quatre personnes soupçonnées d'avoir tué un Copte d'une soixantaine d'années la semaine dernière, a affirmé un responsable de la police.


Des musulmans ont alors lancé des pierres contre des maisons et des églises coptes de la ville et se sont heurtés à des Coptes avant que la police ne se déploie dans le secteur.

Les hommes maintenus en détention, originaires du village de Tahwila, sont accusés d'avoir cherché à attaquer un jeune Copte qui fréquentait une musulmane et aurait distribué un CD comportant des images osées de la jeune fille.

Mais une fois arrivés chez lui, ils n'auraient trouvé que son père et l'auraient tué.

Le sud de l'Egypte est connu pour être très conservateur.

Les Coptes sont la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient et représentent de 6 à 10% des 80 millions d'Egyptiens, selon les estimations. Ils se plaignent de discriminations et de harcèlement systématiques dans leur pays.
24 oct 2009 (AFP)

Rédigé par l'équipe rédaction le 25 Octobre 2009 à 08:36 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par l'équipe de rédaction le 08/05/2011 18:07
Des violences interconfessionnelles au Caire font dix morts
Le premier ministre égyptien, Essam Charaf, a convoqué dimanche 8 mai une réunion de crise du cabinet au lendemain des violents affrontements entre musulmans et chrétiens au Caire
Dix personnes ont été tuées et 186 autres blessées lors de ces violences qui ont opposé samedi 7 mai au soir musulmans et chrétiens à Imbaba, un quartier populaire de la capitale, ravivant les fortes tensions interconfessionnelles qui traversent le pays....Suite La Croix

2.Posté par vladimir le 09/05/2011 12:59
Un bon résumé de la situation...

Rappelons que l'Égypte a christianisée par saint Marc au 1er siècle et "Coptes" est une déformation arabe du mot grec Aiguptios, Égyptien, par opposition aux envahisseur arabes du VIIe siècle...

3.Posté par vladimir le 09/05/2011 19:10

4.Posté par vladimir le 10/05/2011 11:38
Analyse intéressante:
...
Le "printemps égyptien" a-t-il eu des répercussions dans la communauté copte?

En effet, la jeunesse copte a été très présente dans les manifestations sur la place Tahrir. Ces jeunes sont souvent eux-aussi dans une démarche libérale, à la fois sur le plan politique et sur le plan social, parfois en conflit d'ailleurs avec leur hiérarchie religieuse, extrêmement conservatrice. Ainsi par exemple, le divorce est interdit chez les coptes.

On assiste parallèlement à un changement d'attitude de la communauté chrétienne face aux exactions et à la discrimination qu'elle subit, et ce, avant même les manifestations du mois de février. Par le passé, les coptes "encaissaient" plus ou moins les attaques dont ils étaient victimes avec un certain fatalisme. Mais depuis quelques années, ils deviennent plus réactifs, voire plus vindicatifs. Et face à la radicalisation d'une partie des musulmans, on assiste à une radicalisation d'une frange de la communauté copte qui manifeste en brandissant la croix de manière agressive comme d'autres peuvent le faire côté musulman avec le Coran.

Quelle est la position des Frères musulmans sur la place des coptes en Egypte?

Les Frères musulmans jouent à fond la carte de la respectabilité et affichent leur attachement à l'unité nationale. Ils proclament d'ailleurs que leur futur parti, le "Liberté et Justice" (pas de référence religieuse d'ailleurs dans ce nom), sera ouvert aux coptes. Les Frères s'appuient en cela sur les préceptes de l'Islam qui, en théorie en tout cas, protège les "Religions du Livre" (le christianisme et le judaïsme, en plus de l'Islam, ces trois religions ayant les mêmes racines et chacune son Livre Saint).

La mouvance des Frères musulmans, qui a renoncé à la violence dans les années 70, est largement issue de la petite bourgeoisie égyptienne ; elle craint par dessus tout le désordre. Et contrairement aux salafistes, elle n'use pas d'une rhétorique anti-occidentale. Ces derniers, eux, sont violemment anti-occidentaux et anti-chrétiens.

Mais même cette lecture doit être nuancée, pour deux raisons. D'une part, le mouvement des Frères musulmans n'est pas monolithique. Et certains de ses membres ont participé à des manifestations avec des salafistes, avec lesquels ils peuvent entrer en concurrence pour gagner l'opinion. D'un autre côté, les salafistes ne sont pas non plus tous sur la même ligne, tous ne sont pas violents. On a ainsi vu ce weekend des femmes voilées, proches du courant salafiste, manifester leur soutien aux coptes après les agressions dont ils ont été victimes. Tous ces phénomènes sont complexes en eux-mêmes et la période d'incertitude actuelle contribue encore à brouiller les repères.

Sophie Pommier,
Auteur d'Egypte: l'envers du décor. Elle dirige aujourd'hui Méroé, un cabinet d'analyse et de conseil en géopolitique.
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