Elena Maler-Matiasova : Débats au sein de l’émigration russe
Elena Maler-Matiasova, professeur de philosophie russe à l’université des sciences humaines
Pravoslavie i Mir

« Il nous faut être indépendants de la Russie post soviétique », « Nous sommes différents de l’Eglise russe post soviétique et nous suivons notre propre vocation », « Je ne vois personne en Russie post soviétique susceptible de témoigner de la culture spirituelle russe » : c’est ce que a récemment écrit, d’une manière fort peu flatteuse, dans l’hebdomadaire « Ogoniok » Nikita Alexéevitch Struve, un représentant éminent de l’émigration russe. Ce n’est pas la première fois qu’il s’exprime dans cet esprit car il fait preuve d’une grande constance dans sa critique de la Russie actuelle. C’est le différent judiciaire à propos du statut de l’église saint Nicolas à Nice ainsi que le projet de la construction d’un Centre culturel russe à Paris qui sont l’objet du courroux de cet auteur.
N.Struve critique essentiellement la participation des autorités laïques russes à ces évènements. Que peut-il y avoir, en effet, de plus terrible pour un orthodoxe de tradition russe que cette conjonction du pays et de sa religion principale ? Ce rejet est cependant, à en croire l’auteur, partagé par la majorité des émigrés russes. Les arguments avancés sont tout à fait contradictoires.


N.A. Struve

Le professeur Struve a, à plusieurs reprises, exposé son attitude à l’égard de la Russie actuelle : sorte de « Russie incomplète », sorte d’Etat post soviétique où prévaut une mentalité purement soviétique. Cette Russie aurait totalement perdu sa culture spirituelle. « Personne, dans ce pays, n’est susceptible de témoigner de la Russie authentique ».

« La Russie authentique, son authentique culture spirituelle ne se seraient maintenues que dans les milieux émigrés. La vocation spirituelle et la raison d’être de l’émigration seraient la sauvegarde et la diffusion de cette culture ». Les nouvelles églises et les centres spirituels relevant du patriarcat de Moscou qui apparaissent en France sont par conséquent perçus en tant qu’institutions soviétiques hostiles. Le principe de l’indépendance à l’égard de la Russie post soviétique est le motto de N.A. Struve.

On peut douter de l’existence de mesurer et, encore plus, de comparer la qualité de la sauvegarde de « la culture spirituelle russe » dans les milieux émigrés par rapport aux autres, non émigrés. Quoi qu’il en soit il m’est plusieurs fois arrivé de rencontrer des Russes de l’étranger dont la culture se résumait à la connaissance de la langue et à la passion de collectionner les samovars et les poupées russes. Il m’était évident que ces personnes, dans leurs mentalités, s’étaient depuis longtemps « dérussifiées ». Elles se percevaient non apparentées au pays et à sa culture, ne prenaient pas à cœur la vie du pays et ne se sentaient nullement impliquées. On peut conclure de ce qu’écrit N.Struve qu’une partie de la communauté émigrée s’est à un tel point identifiée avec sa condition qu’elle se refuse à accepter le simple fait de la disparition de l’URSS et de reconnaître que la Russie d’aujourd’hui a bien plus de similitudes avec la Russie d’avant la révolution que d’atavismes soviétiques. N.Struve critique le pays pour être « post soviétique », c’est à dire en tant que phénomène continuant à relever du soviétisme. Ceci sans avoir conscience du fait que sa propre vision est post soviétique car incapable de s’émanciper des 70 ans d’expérience soviétique. Or, la période soviétique n’est pas à même d’oblitérer l’histoire millénaire du pays, ni son avenir. L’exploit spirituel accompli par l’émigration russe a précisément consisté à contribuer à la renaissance de l’Eglise orthodoxe russe et de la Russie après l’effondrement des soviets.

L’église saint Nicolas à Nice

N.Struve critique systématiquement « les liens étroits qui existent entre l’Eglise et l’Etat, les ingérences systématiques des autorités dans la sphère spirituelle. La transmission par l’Etat de l’église de Nice au patriarcat de Moscou ainsi que la construction avec la participation de l’Etat d’un centre religieux et culturel à Paris sont à ses yeux des preuves de cette ingérence. Il réprouve cette coopération considérée comme « un atavisme soviétique » qu’il estime être « une symphonie Eglise-Etat à la soviétique ». N.Struve blâme également le principe même de l’interaction de l’Eglise et de l’Etat telle qu’il existait à Byzance ainsi que dans l’Empire Russe. L’Eglise était selon lui idéalement indépendante à l’époque des premiers chrétiens : « L’ère de Byzance est révolue, le bonheur de notre Eglise a été de revenir aux temps des premiers chrétiens ».
De toute évidence l’appréciation que chacun d’entre nous donne aux relations Eglise-Etat est teintée de subjectivité. Aux yeux de nombreux orthodoxes russes ces liens sont loin d’être évidents, au contraire les autorités laïques sont critiquées pour se montrer trop « séculières ». Liens d’autant moins évidents si l’on voit quelle est la place de l’orthodoxie dans la constitution, l’éducation publique et les médias publics. L’orthodoxie qui a été un élément constitutif de l’Etat russe et de sa culture est traitée à pied d’égalité avec toutes les autres confessions et associations religieuses. La Russie se déclare être un Etat multiconfessionnel alors selon les normes européennes c’est manifestement un pays orthodoxe. Il n’y existe aucun établissement d’enseignement religieux relevant du public. L’introduction dans les programmes scolaires d’un cours, tout à fait édulcoré, intitulé « Les fondements de la culture orthodoxe » a suscité une polémique violente qui a duré plusieurs années et qui se poursuit jusqu’à présent. Ajoutons qu’il n’existe pas en Russie de chaîne de télévision, de programme radio, de publications papier ou numériques appartenant au public.

La symphonie Eglise-Etat est la voie que l’Eglise avait choisie et qui a permis de préserver la chrétienté et de la rendre pratiquement universelle. Les souverains étaient sacrés par l’Eglise pour régner, ils baptisaient à leur tour des peuples entiers. Souvenons nous de Constantin et d’Hélène, du prince Wladimir et de la princesse Olga ! Devrions nous revoir leur rôle dans l’histoire , apogée « de l’ingérence » de l’Etat dans le spirituel. L’Eglise, elle, considère que leur action a été « égale à celle des apôtres ».
Souvent N.Struve passe sous silence l’histoire de la construction des églises russes en France et leur transition dans la juridiction de Constantinople. C’est ce qui lui permet de crier à l’appropriation illégale, au vol, etc.

La cathédrale Saint Alexandre de la Neva à Paris
Or, il ne s’agit nullement de vol ou d’appropriation mais de restitution légitime. La cathédrale de la rue Daru, celles de Nice et de Biarritz ont été édifiées sur des terrains acquis par l’Etat russe grâce aux deniers publics ou à la cassette du Tsar. En règle générale, ces églises étaient consacrées à des saints qui étaient les protecteurs célestes des Empereurs russes (Saint Nicolas, Saint Alexandre…). La cathédrale Saint Nicolas avait été construite en la mémoire du tzarevitch Nicolas, fils de l’empereur Alexandre II.
En 1931 les relations entre l’Eglise et l’Etat soviétiques étant ce qu’elles étaient le métropolite Euloge décida de se placer sous l’omophore du patriarcat de Constantinople. Cette transition avait été d’emblée considérée comme provisoire. A plusieurs reprises le métropolite Euloge a dit qu’il ne s’agissait nullement d’une rupture avec l’Eglise russe mais une suspension imposée dans les relations administratives officielles. Il n’y a par conséquent rien d’étonnant à ce qu’en 2003, plus de dix ans après la chute du régime, le patriarche Alexis II a envoyé un message aux paroisses de la diaspora ecclésiale russe. Il y appelait ces paroisses à réintégrer l’Eglise orthodoxe russe, leur Eglise mère.
Le projet de la construction d’un centre spirituel et culturel russe à Paris, objet des critiques de la part de N.Struve, se situe dans la tradition d’avant la révolution qui consistait à édifier des églises orthodoxes russes en France. Les autorités laïques étaient impliquées dans ces projets dans un cas comme dans l’autre. Le terrain acquis par la Russie se situe à proximité du Pont Alexandre III construit en 1900 sur l’initiative du tsar Nicolas II. M. Struve et ceux qui pensent comme lui auraient du être heureux de savoir que l’appel d’offres sur ce terrain a été remporté par la Russie et non par son concurrent, l’Arabie Saoudite qui souhaitait y construire une ambassade ainsi qu’un grande mosquée. Pouvons-nous supposer que l’apparition d’une grande mosquée au centre de la capitale française aurait suscité cher N.Struve moins de colère que la construction du centre spirituel orthodoxe ?

N.Struve affirme qu’il ne fait qu’exprimer l’attitude de l’ensemble de l’émigration russe en France qui aspire dans sa majorité à rester indépendante de la Russie. Le groupuscule d’émigrés qui souhaite l’union avec l’Eglise russe ne représenterait qu’une dizaine de personnes ignorant tout de la vie de l’Eglise.

Le cimetière russe de Sainte Geneviève des Bois où reposent tant d’exilés russes s’est vu récemment attribué par l’Etat russe une somme considérable pour son entretien. Cela n’a pas suscité de protestations de la part de N.Struve.
Quoi qu’en dise N.Struve ce n’est pas la totalité des émigrés, loin de là, qui souhaitent rester indépendants par rapport à la Russie. Un nombre considérable de russes résidant en Europe Occidentale se sont prononcés en 2004, un an après le message cité du patriarche Alexis II, pour l’union canonique avec l’Eglise russe et se sont regroupés au sein de l’association OLTR (Mouvement pour une Orthodoxie Locale de Tradition Russe) Nous allons sous peu publier un entretien avec des représentants de cette association.

Traduction Larissa "PO"
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Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 4 Août 2011 à 11:55 | 22 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 04/08/2011 14:24
Voilà qui rétablit certaines réalités par rapport à une Russie et à une Église Russe calomniées non seulement par les gros médias, mais aussi par ceux qui, d'origine Russe, devraient éviter de hurler avec les loups.


2.Posté par p. Basile Pasquiet le 04/08/2011 15:04
Oui, je comprends et cela me froisse, je connais un peu N.A. Struve, pour l'avoir invité en Tchouvachie en 1998 et l'avoir rencontré quelques fois a la Librairie a Paris.
Je ne partage pas sa vision, ni l'obstination des prêtres de Nice, c'est mesquin et cela manque de grandeur et de vision globale. Parfois je me demande si on a laissé un place pour Dieu et sa Providence dans ces histoires d'hommes.

3.Posté par p. Basile Pasquiet le 04/08/2011 17:28
« Français de souche, de plus Vendéen et fier de l’être, je ne suis ni soviétique, ni post-soviétique, ni do, ni posl révolution, mais je suis Russe dans l’âme (et presque dans le corps après avoir vécu plus de 17 ans ici en Russie profonde), je ne suis pas né orthodoxe, mais rené dans l'Orthodoxie. Je vis en Russie par vocation car Dieu m'a appelé sur cette terre qui m’était si étrangère et je pressens que la Russie va jouer un grand rôle dans le sauvetage de l'Europe qui a renié ses racines chrétiennes. Mettre des bâtons dans les roues en ce moment ne serait-ce pas aller a l'encontre de l'histoire... »

4.Posté par Elena Maler le 04/08/2011 17:30
«Russie va jouer un grand rôle dans le sauvetage de l'Europe qui a renié ses racines chrétiennes».

- Je le pense aussi. Je pense que c'est une opinion objective.
Dans mon article que j'ai décrit un bon exemple:
«M. N. A. Struve et ceux qui pensent comme lui auraient du être heureux de savoir que l’appel d’offres sur ce terrain a été remporté par la Russie et non par son concurrent, l’Arabie Saoudite qui souhaitait y construire une ambassade ainsi qu’un grande mosquée. Pouvons-nous supposer que l’apparition d’une grande mosquée au centre de la capitale française aurait suscité cher N.Struve moins de colère que la construction du centre spirituel orthodoxe?»

5.Posté par Jean Kourdukoff le 04/08/2011 18:50
Пока я жил в Париже, Мне казалось, что каждая церковь сталицы живёт абсолютно сомостоятельно, свой священник, свой постоянный приход... Но в то время я не занимался церковными делами. Я мог съездить на Подворие (где меня крестили), на Лекурб (где пел мой дедушка) на Эксельманс (где собирались Сокола) итд; в русскую гимназю Закон Божий преподовал батюшка из Булонь Пойнт дю Жур, а в четвеговой школе на рю де ла Тур приподовал епископ Сильвестр. А теперь в голове так все крутится - совсем Смутное Время

6.Posté par Daniel le 04/08/2011 22:35
@ p. Basile Pasquiet

N'étant ni devin, ni prophète, j'ignore ce que va devenir l'Europe, peut-être une vaste zone musulmane... Mais je vois mal pour l'heure la Russie jouer un rôle spirituel avec ces baptisés sans Dieu ou ses sans-Dieu baptisés (au choix), son haut clergé "éclairé" oecuméniste, ses avortements massifs etc... Or le temps presse...

7.Posté par vladimir le 05/08/2011 11:57
@ Daniel: j'imagine que c'est votre connaissance approfondie de la Russie qui vous autorise ces affirmations qui contredisent le témoignage de ceux qui sont sur place...

Il est certain, pour qui connait la Russie, que sa renaissance spirituelle, même si elle me concerne évidement qu'une minorité, est tellement miraculeuse, elle va tellement à l'encontre de la vague d'abaissement moral et spirituel que connait l'Occident, qu'elle constitue un modèle et un espoir pour l'Europe et l'Orthodoxie...

@Jean Kourdukoff: l'époque que vous décrivez est celle de l’apogée de l'Archevêché; certaines institutions et églises que vous citez ont fermé, d'autres périclitent... Mais déjà alors il y avait des divisions: l'Eglise Hors frontières et les paroisses du patriarcat existaient de leur côté et ne se mélangeaient avec Daru. Nous assistons maintenant à un de pôle de gravité: l'Eglise russe ressuscitée et réunifiée prend de plus en plus d'importance et Daru, qui a refusé de participer à cette reconstruction, reste sur le bas côté. Mais nous voyons que ces prises de positions ont des motivations purement politiques ("indépendance... liberté par rapport à l’Etat") et, comme le p. Basile Pasquiet "je me demande si on a laissé un place pour Dieu et sa Providence dans ces histoires d'hommes."

8.Posté par Marie Genko le 05/08/2011 18:25
Chère Hélèna Maler,

Un immense MERCI pour votre article!
Et MERCI aussi de bien vouloir répndre aux commentaires publiés ici.
Nous sommes bien plus d'une dizaine de personnes à souhaiter voir l'union des juridictions russes!
Cela vous pouvez en être certaine!
Et il m'est arrivé souvent de rencontrer des Catholiques, qui sont simplement émerveillés par le maintien respectueux des Orthodoxes dans les églises!
Et à plusieurs reprises, je les ai entendu souhaiter voir la Foi du peuple russe contaminer l'Occident!

Chère Hélèna Maler, Je suis convaincue que le Seigneur nous viendra en aide et qu'il entendra nos prières!

Car comme l'écrit si bien le Père Pasquiet:

"Il est temps de laisser une place paour Dieu et Sa Providence dans nos histoires d'hommes"

9.Posté par Daniel le 05/08/2011 21:16
@ Vladimir

Vous m'avez convaincu, le salut vient de Russie!

10.Posté par Elena Maler le 05/08/2011 23:44
Merci beaucoup, chère Marie!

Je pense aussi que ces mots le Père Pasquiet sont très importants: "Il est temps de laisser une place paour Dieu et Sa Providence dans nos histoires d'hommes".
Comme d'autres de ses: «c'est mesquin et cela manque de grandeur et de vision globale»

Je voudrais voir plus de gens à réfléchir sur le sens de ces mots.

Et je crois que unir toutes les parties de l'Eglise orthodoxe russe - c'est quelque chose qui devrait être dans cette période de l'histoire. Parce qu'il est important pour l'avenir du christianisme en Europe. Et peut-être dans le monde.

11.Posté par Marie Genko le 06/08/2011 10:46
Chère Elena,

Merci aussi pour le lien que vous avez mis en ligne.
Je copie ici un court extrait concernant le post modernisme, qui m'a particulièrement frappée.
Je le traduirai dès que j'aurai une minute.

Необходимо признать христианские корни европейской правовой культуры, признать христианскую идентичность Европы, признать ту культуру, без которой идея Свободы никогда не могла бы победить в Европе и которая требует от каждого европейца уважать права другого человека не потому, что это “написано в конституции”, а потому что так нужно делать каждому человеку по самому своему назначению. Оскорбляя христианство, люди наносят удар по основам той цивилизации, которая обеспечила им ценность свободы и личного творчества, которая заставляет каждого их оппонента после этого оскорбления ограничиваться правовыми мерами, терпеть и милосердствовать. Поэтому прецедент этой выставки, будучи ничтожным по своему эстетическому масштабу, крайне важен в масштабе всей нашей, европейской христианской цивилизации, которая ради сохранения ценностей свободы слова и самовыражения должна научиться оперативно реагировать на такие прецеденты. В данном случае это была реакция здорового организма на затянувшуюся болезнь. Однако самое замечательное в этой реакции было то, что Постмодерн в нашей стране, действительно, заканчивается.


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12.Posté par Marie Genko le 06/08/2011 11:04
Cher Daniel,

Le Salut vient de Dieu et de Lui seul.

Ceux qui sont Saints, comme le fut Saint Séraphim de Sarov, sont à tout jamais les témoins lumineux de la présence de l'Esprit Saint dans notre pauvre monde de ténèbres!

Le Salut ne vient pas plus de Russie, qu'il ne vient du mont Athos.

Le Salut vient de la prière !

C'est votre prière, Daniel! La prière de chacun d'entre nous, si indignes que nous le soyons, qui nous donne la certitude que le Seigneur voudra bien à nouveau éclairer les Nations.

Toutes les Nations sont promises à devenir orthodoxes, car le Salut du monde repose dans le triomphe de l'Orthodoxie!
Et le triomphe de l'Orthodoxie, il n'est pas dans la gloire, ou plutôt l'hérésie d'une nouvelle Rome, il est dans le consensus de tous les orthodoxes!

Grands et petits patriarcats, égaux dans l'Amour et la Vérité du Christ, tournés vers autrui et non renfermés sur eux-mêmes.

13.Posté par Elena Maler le 06/08/2011 16:13
Chère Marie, merci beaucoup))!

Oh, cet article est sur les limites morales de la liberté dans la société. Il a été écrit contre l'exposition "Art interdit" - ce fut un athée. Il ya eu des expositions très offensif envers le Сhristianisme. L'auteur écrit: «Nous devons reconnaître les racines chrétiennes de la culture juridique européenne, à reconnaître l'identité chrétienne de l'Europe», «Ceux qui s'opposent à la chrétienté - portent un coup aux fondements de la civilisation, ce qui leur a donné la valeur de la liberté et la créativité personnelle."
Et l'article conclut avec l'idée que nous devons revenir à Postmoderne - au Christianisme. Surtout, dans la sphère morale.

14.Posté par Tchetnik le 06/08/2011 16:21
La situation en Russie, sans être rose ni parfaite, est certainement meilleure qu'une vision biaisée médiatique ne le laisse supposer.

Sans en oublier les défauts, il convient de reconnaitre la qualité d,un chemin parcouru non seulement spirituellement, mais aussi culturellement et socialement, les deux derniers aspects ayant un lien avec le premier. EN ce sens, le décallage entre la résurrection de la foi, de l'Espérance de Salut, mais aussi du respect et de la reconnaissance du patrimoine de culture et d'Histoire engendré par la fondation Chrétienne de leur nation, est des plus encourageants au regard de l,infantilisation consummériste progressive des contrées d'Europe Occidentale, dans une abdication progressive de tout ce qui peut caractériser la dignité humaine et valoriser son esprit créatif.

15.Posté par Tchetnik le 06/08/2011 16:26
Je ne crois pas que le clergé Russe soit si majoritairement "éclairé" que cela ou oeucuméniste d'ailleurs. J'y ai constaté une certaine fidélité, que n'entache pas un respect et une reconnaissance des autres.

Ce qui devrait compter pour l'Église Orthodoxe en France, toutes juridictions confondues, est la proclamation du Christ et de l'Évangile, de l'Espérance et du Salut. Si l'influence grandissante du Patriarcat de MK le permet, avec les moyens qui sont les siens, alors tous devraient être contents. Si cela avait été Constantinople, tous auraient dû être contents aussi. L'essentiel est que l'Église puisse donner aux hommes la Grâce et la Vérité pour qu'ils fassent du Christ le sens de leurs vies.

Cette querelle d'autant plus ridicule que le résultat de Cple à Nice reste une église qui tombe en morceaux avec une oeuvre missionaire des plus limitées, constitue un contre-témoignage caractérisé pour le Christianisme en général et personne n'y gagne surtout pas le Salut des hommes.

16.Posté par vladimir le 06/08/2011 18:04
Père Nicolas bénissez-moi,
Miasha remercie Guerguy pour la traduction de son commentaire et s'étonne que le vôtre soit traduit et publié sur le site kredo.ru, site clairement hostile à l'Eglise russe. Il répète sa conclusion et se dit très triste.

Il vous remercie aussi de votre récit

Je m'associe d'abord à ses remerciements: votre récit est un vrai témoignage de la vérité de la foi: par delà les langues (vous démontrez la possibilité de participer à la prière en slavon sans connaitre le russe) et les culture, notre foi commune nous permet une "communion" qui dépasse la simpliste compréhension des mots... N'hésitez pas à nous faire part de vos autres expériences spirituelles, et pas uniquement en Russie - elles seront bénéfiques à tous et ce type d'échanges me semble être l'une des raisons d'être d'un forum comme PO.

Contrairement à Misha et Daniel, je vous suis totalement pour revenir aux bases canoniques dans ce débat. Je suis persuadé que ce sont bien ces "infidélités aux dispositions canoniques qui régissent les relations entre églises" qui sont à l'origine de la plupart de nos maux. Si elles ont pu être justifiées dans le passé. lorsque la majeure partie des Eglises orthodoxes étaient soumise au pouvoir athée, il est temps de comprendre que cette période est révolue et que ces déviances n'ont plus aucune justification.

Cela dit, nous ne sommes pas au bout de nos peines car, comme vous le soulignez, l'interprétation des canons diffère entre les patriarcats: le débat sur le rôle de Constantinople dans la diaspora n'est pas tranché (1) et la position de l'Eglise russe a été clairement énoncée par le patriarche Alexis II en 2002 (2). La question doit d'ailleurs être à l'ordre du jour du prochain Saint et Grand Concile panorthodoxes (3).

Mais en tout cas c'est en partant des bases canoniques qu'une solution peut être approchée et votre contribution, en montrant que les "deux entités ecclésiastiques (sont) porteuses, chacune, d'une responsabilité partielle qu'aucune des deux ne peut exercer sans l'accord de l'autre." et concluant que "les parties ecclésiastiques en cause (devraient) le plus rapidement possible inventer un modus vivendi réaliste pour restaurer entre elles la confiance, l’unité d’âme, et faire de cette paroisse un lieu de réconciliation où s’inventent de nouvelles pratiques pastorales et de nouveaux modes d’exercice de la charité". Je pense personnellement qu'il doit être possible de partager l'utilisation de l'édifice (4) comme ce fut le cas à Oxford il y a quelques années.
(1) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Primaute-dans-l-orthodoxie-la-bataille-d-Amerique-aura-t-elle-lieu_a152.html
(2) http://oltr.france-orthodoxe.net/html/patriarches2002fr.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quel-est-l-ordre-du-jour-propose-pour-le-prochain-Saint-et-Grand-Concile_a989.html
(4) "Cathédral" traduit généralement le russe "sobor": cf. "les cathédrales" du Kremlin.. Je ne sais pas si le concept canonique de "cathédrale", tel que vous le rappelez, existe vraiment en russe mais il n'y pas de mot précis pour le rendre.

Bien cher Daniel,

Je vous remercie de votre réponse, dont je perçois toute l'ironie, mais vous me comprenez mal. Je suis comme Marie persuadé que le Salut vient de Dieu et qu'Il est dans chacun de nous….

Je connais assez bien la Russie pour ne pas la sacraliser. J'en connais les contradictions (les défauts que vous soulignez sont effectivement importants) et je souscris à ce que dit le p. Basile, avec son expérience de Vendéen en Tchouvachie: "je pressens que la Russie va jouer un grand rôle dans le sauvetage de l'Europe qui a renié ses racines chrétiennes" ce qui ne va pas dire que le salut viendra d'elle. En simplifiant à outrance, la Russie a deux faces:
- D'un côté la résurrection miraculeuse de la religion permet à des pans entiers de la société de refuser la permissivité obligatoire en Occident (interdiction des Gay-prides, promotion du rôle de l'Eglise…), qui peut être un vrai modèle
- Et de l'autre brutalité, mépris de la vie humaine, avortements (prés de 50% des grossesses, comme dans les pays nordiques, deux fois plus qu'en France), alcoolisme… qui ne peuvent que faire peur à juste titre

Alors que l'Occident me semble avoir définitivement tourné le dos aux fondements du christianisme, la Russie est à la croisée des chemins et, si elle continue dans la bonne voie, cela pourra certainement avoir un grand effet d'entrainement… Mais il a le "SI".

Soulignons aussi que l'Eglise russe joue déjà un rôle de premier plan au sein de l'Orthodoxie, qu'elle a grandement redynamisé.

17.Posté par Laurence Guillon le 06/08/2011 21:55
Je souscris à ce que dit le père Basile, car j'ai moi aussi séjourné en Russie presque 16 ans. Les choses n'y sont point parfaites, certains aspects regrettables peuvent être qualifiés de post-soviétiques, mais globalement, sans l'Eglise, ce serait bien pire, et ce que nous pouvons dire de l'Europe, par rapport à la Russie, c'est qu'elle est justement "sans l'Eglise" et que cela ne lui réussit pas. Je trouve choquante l'attitude de certains émigrés qui ont une véritable aversion pour la patrie de leurs ancêtres et condamnent en bloc tout ce qui en provient. Où se placent-ils donc, dans quelle sphère? Ils se retrouvent comme des fruits secs sur un rameau coupé. quand au folklore de cabaret, les matriochkas et les plateaux fleuris, j'ai bien connu cela, avec un certain mépris pour les Français qui choisissaient l'orthodoxie (considérée comme un club russe). La Russie nous sauvera-t-elle? Je l'ai pensé, je l'espère encore. Mais la question est de savoir si le monde, dans son ensemble, est encore sauvable.

18.Posté par Marie Genko le 06/08/2011 23:23

Cher Tchetnik, je reprends ci-dessous la phrase de votre commentaire N°15

"Cette querelle d'autant plus ridicule que le résultat de Cple à Nice reste une église qui tombe en morceaux avec une oeuvre missionaire des plus limitées, constitue un contre-témoignage caractérisé pour le Christianisme en général et personne n'y gagne surtout pas le Salut des hommes."

En effet cette triste affaire du procès de Nice, comme vous l'écrivez si bien, travaille contre le Salut des hommes et contre le témoignage de notre Eglise orthodoxe!

IL EST TEMPS QUE CELA CESSE!



19.Posté par Marie Genko le 06/08/2011 23:41

Chère Laurence,

Merci pour votre commentaire 17

Les descendants des émigrés qui ont une véritable aversion pour la patrie de leurs ancêtres se divisent en deux catégories principales:

"
1/Les gauchistes nostalgiques qui auraient voulu pouvoir influer sur la politique de l'Etat et de l'Eglise en Russie et qui sont furieux de voir l'Etat et l'Eglise russe suivre leur propre chemin.

2/ les imbéciles..."

Chère Laurence, nous ne devons pas croire que le monde est sauvable!
Nous devons en être certains!!!

Avec toute mon amitié et ma reconnaissance

20.Posté par Laurence Guillon le 07/08/2011 17:51
Je suis d'accord avec votre analyse, Marie.

21.Posté par vladimir le 07/08/2011 19:55
Bien cher Marie,

Je vous trouve un peu dure. Il y a aussi tous ceux qui ont rêvé de la Russie dont leur parlaient leurs grands parents et qui ont été très déçus par la réalité; tellement déçus qu'ils ne peuvent accepter cette réalité et continuent de rêver d'une autre Russie. C'est le cas de N.Struve quand il dit "Je l’aime telle qu’elle est, mais il est vrai que je ne nourrissais aucune illusion après 70 ans de régime soviétique."

22.Posté par Marie Genko le 07/08/2011 21:52
Cher Vladimir,

Chaque peuple a ses qualités et ses défauts.
Nul n'est parfait, cela nous le savons tous.

La Russie de nos Grand-parents, c'était la Russie d'une toute petite frange instruite et éduquée, celle des poètes des intellectuels, des officiers et aussi des soldats qui les ont suivi dans l'exil.

C'étaient des gens profondément croyants pour la grande majorité d'entre eux et c'étaient aussi des gens que l'advesité à trempé de son acier !

Ces gens là n'ont effectivement pas évolué comme la grande majorité des Russes restés en Russie.
Je dirai même que ces gens là ont eu une chance immense d'échapper à la chappe du communisme qui a broyé tant de millions de vies humaines en Russie.

Il est évident qu'ayant vécu dans des mondes différents, nous les descendants des émigés russes, nous sommes différents des Russes de Russie.
Mais cette différence elle n'est qu'un superficiel verni culturel.
Car je suis persuadée que le poids de notre héritage génétique commun fait encore, et pour longtemps, de nous des Russes d'Occident!
La Russie dont nous parlaient nos parents et nos grands-parents, elle a changé en cent ans, comme ont changé la France et les autres pays européens.
Tout cela est naturel.

Mais j'insiste pour dire qu'il est idiot de ne pas en tenir compte!

Il n'y a pas à être déçu de la Russie d'aujourd'hui, elle est aussi différente que l'est notre patrie d'adoption la France, qui elle aussi, il y a cent ans, avait un autre visage et une autre culture!

Non franchement je ne me sens aucune indulgence pour tous ceux qui génèrent des conflits d'ordre religieux entre les Orthodoxes.

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