Exaltation de la Croix vivifiante
Dans les Eglises orthodoxes, nous célébrons chaque année l’Exaltation de la Croix.

Pour les disciples du Christ et les chrétiens des premiers siècles, la mort de Jésus sur la Croix restait un souvenir douloureux, la crucifixion étant considérée comme une mort déshonorante réservée aux esclaves.

D’après la tradition, sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, découvrit au IVe siècle trois croix enfouies au Golgotha où fut crucifié N.-S. Jésus-Christ. On identifia la Croix parce qu’elle se trouvait au milieu des deux autres (celles des deux larrons), qu’elle portait l’inscription : Jésus de Nazareth, roi des Juifs et qu’elle fut à l’origine de nombreux miracles.

Historiquement, dans la basilique du Saint-Sépulcre, construite à Jérusalem par ordre de Constantin, une cérémonie avait lieu le 14 septembre dès 347, au cours de laquelle on vénérait une relique considérée comme le bois de la Croix. Ce jour-là, l’évêque " exaltait ", c’est à dire élevait la Croix avec solennité devant le peuple. Aujourd’hui encore, l’évêque reproduit ce même geste liturgique au cours de la Fête.


  Exaltation de la Croix vivifiante
L'Élévation de la Croix - p. Alexander Schmemann

Le 14/27 septembre, dès siècles durant, lorsque la Fête de l'Élévation de la Croix était célébrée dans les cathédrales, l'évêque prenait sa place au centre de l'église et, entouré d'un grand nombre de ses clercs, élevait majestueusement la croix bien haut, au-dessus de la foule, et bénissait les fidèles aux 4 coins de l'église, pendant que le choeur laissait éclater sa réponse, comme un tonnerre : "Seigneur, prend pitié"! [Kyrie eleison!]

C'était la célébration de l'empire Chrétien, un empire né sous le signe de la Croix en ce jour où l'empereur Constantin-le-Grand eu la vision de la Croix haut dans le ciel et entendit les paroles "Par ce signe tu vaincras!" ["In hoc signo vinces!"]. C'est la fête du triomphe du Christianisme sur les royaumes, cultures et civilisations, la fête de ce monde Chrétien qui est en ruine à présent, continuant à s'effondrer sous nos propres yeux.

Oui, cet ancien et solennel rite sera à nouveau célébré cette année. Le chœur chantera encore avec joie que "la Croix est la puissance des rois, la Croix est la beauté de l'univers." Mais aujourd'hui, la tumultueuse grande ville entourant l'église ne participe pas à ce triomphe caché, et en est complètement déconnectée. Ses millions d'habitants mèneront leur vie habituelle, avec ses hauts et ses bas, ses intérêts, ses joies et ses peines, sans la moindre référence à quoique ce soit de ce qui sera en train de se dérouler dans le bâtiment de l'église.

Pourquoi donc alors continuons-nous à répéter les paroles parlant de triomphe universel, et chantons et rechantons sans cesse que la Croix est invincible? Hélas, nous devons admettre que beaucoup, beaucoup trop de Chrétiens sont incapables de répondre à cette question. Ils sont habitués à voir l'église en exil et en marge de la vie, exilée de la culture, de la vie, des écoles et de tout et de partout.

Nombre de Chrétiens sont satisfaits et ne s'en font pas lorsque les autorités civiles leur permettent, avec condescendance, "d'observer leurs rites" pour autant qu'ils se tiennent calmes et obéissants, et qu'ils n'interfèrent en rien dans la construction d'un monde où il n'y aurait ni le Christ, ni la foi, ni la prière.

Ces Chrétiens fatigués ont presqu'oublié que le Christ a dit, la nuit où Il s'en alla vers la Croix : "Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais courage! J'ai vaincu le monde" (Jean 16,33).

"PO" INVENTION ORTHODOXE DES RELIQUES DE Sainte HELENE

A moi, il me semble que nous continuons de célébrer l'Élévation de la Croix et répéter les anciennes paroles de victoire non pas simplement pour commémorer une vieille bataille qui a été gagnée, ou pour nous rappeler un passé qui n'existe plus, mais afin de réfléchir plus profondément sur la signification du mot "victoire" pour la Foi Chrétienne.

Il se pourrait bien que ce ne soit que maintenant, alors que nous sommes privés de tout pouvoir et gloire externe, de tout soutien de gouvernement, de richesse indicible, et de tous les symboles apparents de victoire, que nous sommes capables de comprendre que tout cela n'était, peut-être, pas l'authentique victoire. Certes oui, la croix élevée au-dessus des foules, en ces temps-là, était couverte d'or et d'argent et ornée de pierres précieuses.

Cependant, ni l'or ni l'argent ni les pierres précieuses ne peuvent effacer la signification originelle de la Croix en tant qu'instrument d'humiliation, de torture et d'exécution, instrument sur lequel un homme fut cloué, un homme rejeté de tous, épuisé de douleur et de soif. Avons-nous le courage de nous demander à nous-mêmes : si tous ces royaumes Chrétiens et cultures Chrétiennes sont morts, si la victoire a été remplacée par la défaite, n'est-ce pas parce que nous, Chrétiens, étions devenus aveugles sur la signification ultime et véritable du plus important symbole du Christianisme? Nous avions décidé que l'or et l'argent seraient autorisés à éclipser cette signification. Et nous avons de même décidé que Dieu désire nos cultes du passé.

Honorer la Croix, l'élever, chanter la victoire du Christ : est-ce que cela ne signifie pas, par dessus tout, croire dans le Crucifié et croire que la Croix est un signe d'une renversante défaite?

Car seulement parce qu'il s'agit d'une défaite, et dans la mesure où elle est acceptée comme défaite, la Croix devient victoire et triomphe. Non, le Christ n'est pas venu dans le monde pour remporter des victoires visibles, externes. Il S'est vu offrir un royaume, mais l'a refusé. Et au moment même où on Le trahissait et livrait à la mort, Il dit : "Crois-tu que Je ne puisse invoquer Mon Père, Qui M'enverrait à l'instant plus de 12 légions d'Anges?" (Matthieu 26,53)

Et pourtant, jamais le Christ n'a été plus roi que lorsqu'Il marcha vers le Golgotha, portant Sa propre croix sur Ses épaules pendant que la foule remplie de haine et de moqueries L'entourait. Sa royauté et puissance n'ont jamais été aussi évidentes que lorsque Pilate L'amena devant la foule, vêtu de pourpre, Le condamna à la mort d'un criminel, une couronne d'épines sur Sa tête, et que Pilate dit à la foule enragée : "Voici votre roi". Il n'y a que là que l'on puisse voir l'entièreté du mystère du Christianisme, car la victoire du Christianisme réside dans la joyeuse foi que c'est ici, à travers cet homme rejeté, crucifié et condamné, que l'amour de Dieu a commencé à illuminer le monde et qu'un Royaume s'est ouvert, que nul n'aura jamais le pouvoir de refermer.

Chacun d'entre nous, cependant, doit accepter le Christ et Le recevoir de tout son coeur, de toute son âme et de toute son espérance. Sinon, les victoires extérieures sont toutes sans intérêt. Peut-être avions-nous besoin de cette défaite extérieure du monde Chrétien. Peut-être avions-nous besoin de la pauvreté et du rejet, pour purger notre foi de son orgueil terrestre et de sa confiance dans la puissance et victoire externe, afin de purifier notre vision de la Croix du Christ, élevée, exaltée et triomphante. "La Croix est la beauté de l'univers." Car quelles que soient les ténèbres dans lesquelles les peuples se trouvent, et aussi grand puisse être le triomphe externe du mal en ce monde, le coeur sait toujours et entend les paroles : "Courage, J'ai vaincu le monde."

V. GOLOVANOW Extrait de, "Celebration of Faith" Sermons, Vol. 2, "The Church Year" par le [Protopresbytre Alexander Schmemann, 1994]
Voir les textes liturgiques ICI
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"La croix du Christ" Extrait de : Archevêque Basile ( Krivochéine)

27 сентября православные христиане празднуют Воздвижение Креста Господня — один из 12 главных, или двунадесятых праздников Православной Церкви.
  Exaltation de la Croix vivifiante

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 26 Septembre 2021 à 09:00 | Permalien


Commentaires

1.Posté par Michel le 07/12/2009 04:22
Félicitation a toute votre équipe et a tout vos collaborateurs pour ce tres beau site sur l`église de Russie.

J`ai toujours été intéressé par l`histoire de la Russie et j`espere avoir un jour la chance de visiter votre pays!

Ce site nous donne la chance de connaitre la foi orthodoxe et d`avoir des nouvelles de votre pays en francais (je ne parle pas votre langue). Merci pour vos articles tres intéressant et pour la qualité de vos traductions.

M. Tremblay
Québec - Canada

2.Posté par Tchetnik le 27/09/2010 17:14
@Michel

A Québec même, une communauté Chrétienne orthodoxe dépendant de Mgr Irénée (église Orthodoxe d'Amérique) célèbre tous les 15 jours en Slavon quand Mgr est présent, en français en général (mais avec un choeur Slavon) quand P.Nectaire (418 575 1102) s'en occupe.

Sur Montréal, nombreuses églies en différentes langues dont Saint Benoit en français 92014 rue Saint Urbain H2x 3X8 Mtrl) et Saints Pierre-et-Paul en Slavon.

www.oca.org

www.orthopress.org


3.Posté par Bartimée le 27/09/2011 08:31
Bonne fête de la Croix et bon courage pour le jeûne qui l'accompagne !

4.Posté par vladimir le 28/09/2011 17:15
La veille de la fête, à l’issue des vigiles, Mgr Hilarion s’est adressé aux fidèles :

« Chers frères et sœurs,

La fête de l’Élévation de la vénérable et vivifiante croix du Seigneur a été instituée au IVe siècle par l’Église de Jérusalem, avant de s’imposer à toute l’Église orthodoxe dans le monde entier. Comme nous l’apprend l’histoire, lorsque le Seigneur Jésus Christ, quelques jours avant sa mort sur la croix vint au temple de Jérusalem, ses disciples lui en firent admirer la beauté et la majesté. Le Sauveur dit alors : « En vérité je vous le dis, il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit » (Mt 24, 2).

Cette prophétie du Sauveur s’est réalisée en l’an 70, lorsque les armées du général romain Tite, devenu plus tard empereur, entrèrent à Jérusalem et la détruisirent totalement. L’antique ville juive fut anéantie, à sa place, on bâtit une ville païenne. Au IVe siècle, le saint empereur égal-aux-apôtres Constantin entreprit de fonder un empire chrétien, aidé en cela par sa pieuse mère, la sainte impératrice Hélène. Sur les rives du Bosphore, il fonda une nouvelle capitale, Constantinople. A la même époque, ce qui restait de l’antique Jérusalem fut soumis à des fouilles afin de reconstruire la ville sainte, en tant que relique chrétienne. C’est alors, au IVe siècle, que les fouilles mirent à jour les lieux saints que nous vénérons aujourd’hui encore : le Golgotha, le lieu de la Résurrection du Christ, le jardin de Gethsémani, le chemin de croix… C’est alors aussi que l’on découvrit la sainte Croix du Seigneur.

Et c’est la découverte de la vénérable et vivifiante Croix du Seigneur qui est à l’origine de la fête d’aujourd’hui, à la fois triste et joyeuse. Joyeuse, parce que c’est l’une des douze grandes fêtes de l’Église : nous glorifions la Croix du Christ et prions notre Seigneur et Sauveur de nous pardonner nos péchés. Triste parce que nous nous souvenons de la Croix à laquelle pendit le Sauveur. C’est pourquoi nous jeûnons sévèrement en cette fête. Aujourd’hui est à la fois un jour de fête et un jour de jeûne. Nous fêtons la grandeur et la gloire de la Croix, nous nous affligeons de nos péchés, des péchés de nos ancêtres, des péchés de toute l’humanité qui ont mené notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ à la croix.

Aujourd’hui, nous avons entendu le récit évangélique des dernières heures et des dernières minutes de la vie du Seigneur Jésus Christ. Nous avons entendu comment le Sauveur du monde, le fils de Dieu incarné fut crucifié sur la croix sur un complot des grands-prêtres et des scribes, sous l’influence des cris de la foule. Et personne n’avait alors conscience de ce qui se produisait dans la ville sacrée de Jérusalem. Ils croyaient crucifier un homme qui avait enfreint les usages et les traditions en se déclarant Fils de Dieu, en violant le sabbat et en n’accomplissant pas toutes les prescriptions de la loi. Et ils crucifièrent avec lui deux bandits, afin que cette exécution frappe et enseigne le peuple…

Lorsque sainte Hélène découvrit la Croix du Seigneur, ce sont trois croix qui furent mises à jour. Et l’on ne sut pas de suite laquelle était celle du Seigneur, lesquelles étaient celles des brigands. Ce n’est qu’après que la sainte croix ait été appliquée sur un malade et qu’il eût été guéri (selon une autre version, sur un mort qui ressuscita) que l’on put déterminer laquelle avait porté le Seigneur. Alors, le patriarche de Jérusalem éleva avec joie la croix devant la foule qui, voyant l’instrument de torture en même temps que la plus grande relique du monde chrétien, s’exclama : « Seigneur, aie pitié ! » parce qu’il n’y avait rien d’autre à crier devant la Croix du Christ.

Le jour de la fête de l’Élévation de la Croix du Seigneur, en mémoire de cet évènement joyeux et triste, nous élevons la croix en signe de victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal, de la justice sur l’injustice, de la vérité divine sur le mensonge humain. Nous adorons la Croix du Christ, instrument de notre salut. Nous la baisons, car nous savons que la puissance vivifiante de Dieu se répand sur nous par la Croix. Nous savons que la gloire de Dieu habite la Croix, et nous prions non seulement le Crucifié, mais la Croix elle-même, nous exclamant : « O très vénérable et vivifiante Croix du Seigneur, aide-nous avec notre Sainte souveraine la Vierge et Mère de Dieu ! » Et nous croyons en nous exclamant, que la Croix du Seigneur entend notre prière, peut nous conférer son aide et sa force, nous garder de tout mal et nous conduire sur le chemin du salut.

Que la Croix de notre Seigneur Jésus Christ soit l’étoile qui guide notre route. Adorons la Croix du Christ et demandons à Dieu des forces ; prions pour que le Seigneur aide chacun de nous à porter sa propre croix, qui est pour certains plus lourde, pour d’autres plus légère, chacun ayant la sienne qui lui pèse, et c’est pourquoi nous avons besoin de l’aide de Dieu pour la porter.

Que la Croix du Christ nous entoure, qu’elle nous garde de tout mal. Adressons nos prières à la Croix du Seigneur afin qu’elle nous garde de tout mal. Et demandons à notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ crucifié sur la croix et ressuscité, de bénir notre vie, nos travaux, nos familles, nos proches, nos collègues, afin que gardés par la croix nous avancions ensemble sur le chemin du salut, vers la vie éternelle et le Royaume des cieux. Amen »

Source et photos:

5.Posté par Gilles le 28/09/2019 22:13 (depuis mobile)
Protège l''étranger car un jour toi aussi tu seras étranger . Préface des Eaux Mêlées de Roger Ikor . Hors sujet ? L''Espérance hors les murs n' a pas de saison

6.Posté par Gilles le 28/09/2019 22:34 (depuis mobile)
Gloire au Père en Appel sur La Croix et Roi s''étant fait Tout Petit et sur un âne et puis jusqu''à La Croix et la Résurrection et la Vie , Gloire au Père et Patience Espérance et Miséricorde . Gloire au Père Espérance et hors les murs aussi

7.Posté par Nicodème le 28/09/2020 10:25
@Gilles : même les pakistanais qui agressent les nôtres au hachoir ? Même les jeunes muz qui tabassent nos filles parce qu'elles auraient des jupes trop courtes ?

8.Posté par Nicodème le 28/09/2020 11:29
@Michel : il y a aussi celui-ci , dont le lien est présent sur PO , d'ailleurs :
https://orthodoxologie.blogspot.com/
il y a de nombreux sites orthos de grande qualité , et on peut se tromper facilement . Néammoins , un site excellent pour rentrer dans l'"orthodoxie" . Les gardiens de la canonicité confirmeront (ou infirmerons) mes dires ...https://www.pagesorthodoxes.net/index.htm#index

9.Posté par Tchetnik le 28/09/2020 12:55
@Nicodème

Les étrangers sont aussi ceux qui ont fait tomber Salomon dans le paganisme et ont assiégé le Camp des Saints, en effet.
L'"étranger" n'est pas un gage de Vérité.

10.Posté par Gilles le 26/09/2021 19:51 (depuis mobile)
Espérer . Catholique , ennemi ? Il est vrai que les jours d''Assise passent , que les blocs .. ... . qu'' "Assise" "en journées" , en réalités , de blocs ou d''intérêts est un échec . Ou un rejet en incompréhensions . Espérer

11.Posté par Gilles le 26/09/2021 21:06 (depuis mobile)
Quant aux commémorations de l''histoire des hommes , en France , étranges mélanges des en-même-temps des bienfaits du dit progrès , aveuglements et d''esprit d''empire brandissant de codes ou lumières , Bonaparte un petit buveur de sang , non France

12.Posté par Pandèlis le 01/10/2021 21:54
ΑΜΗΝ + + + AMEN

13.Posté par Grégoire le 02/10/2021 21:36 (depuis mobile)
Nous fêtons aussi la reprise de la Sainte Croix à l'empereur Koshro 2 par l'empereur Heraclius vers 628
Une période où le paganisme perse allait vaincre l'orthodoxie. Et pourtant. Un miracle s'est passé !
L'empereur Héraclius et l'Empire byzantin au viie siècle Paris, E. Thorin , 1869, 415 p. (consultable sur google livres)

L'ouvrage de Ludovic Drapeyon est probablement le meilleur pour les francophones (bien au dessus des historiens anglo saxons).



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