Excommunication orthodoxe
V.G.

Censure ecclésiastique par laquelle on est retranché de la communion de l'église, Excommunication majeure, Celle qui retranche entièrement de la communion de l'église et de toute communion avec les fidèles. Excommunication mineure, Celle qui interdit seulement l'usage des sacrements(Dictionnaire de l'Académie française 8ème et dernière édition 1932)

Le débat sur un autre fil montrent une confusion de sens entre les deux types de "peines canoniques" que différencie bien la définition de l'Académie française. Il s'agit pourtant de deux notions bien distinctes qui font confusion à cause de l'usage, à mon sens malheureux, du même mot "excommunication" en français. Je ne connais pas le grec, mais en slavon, les deux notions sont bien distinctes. Je voudrais donc proposer une mise au point et, comme je n’ai pas sous la main les textes de droit canonique, je compte sur les canonistes plus savants qui nous lisent pour corriger mes erreurs éventuelles.

Excommunication orthodoxe
L'Excommunication (du lat. excommunicare, de ex, hors, et communicare, communiquer. "mettre hors de la communauté") est la plus grave des peines canoniques puisqu'il s’agit d’une exclusion de la communauté chrétienne et de la communion ecclésiale. On est donc entièrement retranché de l'Église et privé de tous les sacrements. Lorsqu'un prince subissait cette sanction, tous ses sujets se retrouvaient dans ce cas et il n'est pas étonnant que l'empereur Henri IV ait du se résoudre à aller à Canossa (1077)…

Une excommunication ne peut être fulminée que par un évêque, un concile ou un patriarche dans les cas grave. Les cas d'excommunication sont prévus par les canons (1). Cette définition est celle qui fait le plus couramment fait référence s'il n'y a pas d'autre précision mais, comme le précise le dictionnaire cité, il s'agit là de "l'excommunication majeure".

L'anathème (du grec ανάθημα / anathêma, "voué aux enfers") est une excommunication majeure fulminée dans des conditions particulièrement solennelles contre un hérétique, en application du Nouveau Testament: « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème ! » In Ga 1:8).

La privation des Saints Mystères est le terme généralement utilisé chez les Orthodoxes pour "l'excommunication mineure" catholique (de fait, je n'ai jamais vu aucune autorité orthodoxe utiliser l'expression "excommunication mineure" et c'est tant mieux puisque cette expression induit une confusion de sens). La privation des Saints Mystères est en effet l'épitimie (pénitence (2)) la plus grave qui puisse être imposée pour aider à la guérison du pécheur repentant. Elle est généralement limitée dans le temps: ainsi pour les remariages après veuvage la règle 4 de St Basile le Grand prévoit la privation des Saints Mystères de un à quatre ans (3), mais un confesseur peut aussi appliquer des durées plus courtes. Cette épitimie est en effet décidée par le confesseur ou le recteur, voire l'évêque dans les cas les plus graves.

* * * * *
Dans un commentaire intéressant (4) Daniel écrit (je remplace dans son texte "excommunication" par "privation des Saints Mystères" pour éviter la confusion, car c'est bien de cela qu'il s'agit): " Après un bref survol des 35 canons de Saint Jean le Jeûneur (5), commenté par Saint Nicodème dans son Manuel de la Confession, je trouve les circonstances suivantes qui entraînent des privation des Saints Mystères temporaires (j'insiste pour des péchés et non des raisons de foi), ce qui ne veut pas dire que ce soient les uniques cas possibles.

On trouve donc les péchés de nature sexuelle : masturbation, adultère, fornication, relations homosexuelles, relations incestueuses, les meurtres, volontaires et involontaires, avortement compris, l'abandon des enfants, la négligence des parents dont l'enfant meurt avant d'être baptisé, les vols, les sacrilèges, le fait de ne pas respecter sa parole (parjure), la magie (et autres choses assimilées)... Mais j'insiste, je ne pense pas que Saint Jean ait prétendu à l'exhaustivité (même si ses canons sont toujours appliqués de nos jours)... " Ainsi le canon 21 de Jean le Jeûneur condamne le pécheur meurtrier à l'exclusion des Mystères pour cinq, voire trois ans (6). C'est la sanction qui vient d'être appliquée à Daru pour un tout autre type de péché...

Il faut noter que, sauf erreur de ma part, le fidèle privé de la Communion continue à assister aux offices, mais avec les catéchumènes (il ne doit pas participer à la Liturgie des fidèles). Il peut aussi bénéficier des autres sacrements et en particulier sacrement des malades et obsèques, dont est privé l'excommunié.

(1) cf. Canons des Apôtres 55, 2e Concile œcuménique canon 6, 4e Concile œcuménique canons 8 et 9, concile d’Antioche 12, décret du Concile de Moscou daté du 6/19 avril 1918 sur les « Mesures pour mettre fin aux désordres dans la vie ecclésiale » cité IN
(2) En russe:
(3) En russe:
(4) Commentaire sur @ Seraphin Rehbinder (message 22)
(5) Il s'agit du Pénitentiel attribué à saint Jean IV le Jeûneur, patriarche de Constantinople (582-595, CF).
(6) ICI



Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 2 Février 2013 à 11:06 | 14 commentaires | Permalien



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