V.G.
D'après Dimitri Siniakov (maintenant hiéromoine Alexandre, recteur du séminaire russe d'Epinay s/Sénart)

Si les sacrements ne peuvent être célébrés que dans l'Eglise, communion de tous ceux que le Christ sauve, comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion? En plus, si nous reconnaissons le baptême des hétérodoxes, cela n'implique-t-il pas que tous les autres mystères qu'ils célèbrent soient également valides? Pour quelle raison le Christ et son Esprit ne seraient-ils présents que dans le baptême?

Voici un éclairage de la doctrine de l'Eglise russe telle qu'elle est définie dans la "Déclaration sur les Principes régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe envers l'hétérodoxie"

A. LES DIFFERENTES APPROCHES THEOLOGIQUES

Dans son discoure précédant la publication de la "Déclaration" le métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie, président de la Commission théologique du Saint-Synode, chargée de la rédaction du document explique la démarche qui a présidé à l'élaboration de ce document. Il part du principe que l'Eglise est un organisme universel, supérieur aux Eglises locales, et que c'est ainsi qu'elle doit être comprise par les théologiens qu'il cite Ce sont les frontières de cette Eglise, désignée dans le document par les expressions Eglise universelle, Eglise du Christ et Eglise orthodoxe, qui sont considérées différemment par différents courants théologiques. Et, remarquant qu'il n'y a pas d'unanimité chez les théologiens orthodoxes sur la question de l'unité ecclésiale, Mgr Philarète analyse les différentes solutions proposées.

1) Une approche "scolastique"

Exprimée surtout par l'archevêque Nicodème Milach (1), une première école use volontiers du concept occidental de ex opero operato et fonctionne avec les catégories de la forme et du contenu. Le baptême ne peut être célébré validement que dans l'Église, puisqu'il est institué par son Chef, le Seigneur Jésus Christ, mais il est également possible et valide - mais illicite - lorsqu'il est administré dans une communauté schismatique en vertu de la foi et de l'intention ferme de baptiser la personne au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et de l'intégrer dans
l'Église Catholique et Apostolique. En revanche, le baptême de ceux dont la foi en la Trinité est déformée n'est ni valide ni même chrétien.
Selon cette théorie les frontières de l'Église correspondent avec l'institution ecclésiale canonique, mais les communautés chrétiennes séparées ne sont pas considérées comme étrangères au Corps du Christ à cause de leur foi et de leur certitude d'être Église qui remplissent la forme vide des sacrements de ces communautés par la grâce divine.

Cette approche, répandue au XIXe siècle, présente un certain intérêt du point de vue canonique, mais elle est fortement influencée par la scolastique latine et Mgr Philarète la rejette pour son caractère formel et rationnel.

2) L'ecclésiologie «eucharistique» ou de communion

La deuxième approche est bien connue chez nous car c'est celle de Nicolas Afanassieff, Serge Boulgakov, Alexandre Schmemann(2), A. Kartachev (3) et P. Svetlov (4). Elle est présentée comme un refus de reconnaître au schisme une profondeur et un caractère absolu.

Il s'agit ici premièrement de l'ecclésiologie «eucharistique» ou de communion. Formulée par les pères Afanassieff et Schmemann, elle considère toute église locale, assemblée autour de la célébration eucharistique et de la figure de son président, évêque, comme la manifestation du Corps du Christ dans un lieu donné, la seule manifestation possible de l'Église catholique. Du fait que ces églises catholiques dispersées dans le monde entier sont chacune réalisation intégrale de l'Église de Dieu dont l'unité est conditionnée uniquement par la participation au même pain et à la même coupe, elles sont parfaitement identiques entre elles; ainsi leur pluralité ne porte aucune atteinte à l'unité de l'Église, pas plus que la célébration de l'Eucharistie simultanément dans des endroits différents ne détruit l'unité du Corps du Christ. Les églises séparées, dans une telle approche, pourraient chacune constituer l'Église catholique de succession apostolique malgré l'absence de communion visible entre elles.

Le professeur Kartachev fonde sa théorie de l'existence après le schisme de deux églises égales sur l'étude de l'histoire du christianisme, et notamment sur l'expérience des ruptures de communion dans l'Église ancienne. Il mentionne les schismes entre les Églises orientales et occidentales au sujet de l'arianisme (IVe siècle), entre l'Église d'Alexandrie et celle d'Antioche de 431 à 433, entre Rome et l'Orient à propos de l'édit de l'empereur Zénon et du patriarche Acace de Constantinople (484-519), ainsi que le célèbre schisme de Photius. Il en conclut que «L'Église universelle, une et inséparable, invisible pour nous, mais visible aux yeux de Dieu, continue à exister sur Terre, dans le monde entier, surpassant infiniment les frontières relatives de nos séparations confessionnelles». Pour Kartachev, ce n'est pas l'annexion d'une Eglise à une autre qui peut mettre fin au schisme, mais la réconciliation, la pax ecclesiastica, de deux «parties» de l'Eglise universelle, dont l'unité profonde et ontologique n'est, au fond, jamais détruite.

Avec Kartachev nous sommes dans un contexte ecclésiologique très différent de celui de N. Afanassieff. Le premier est fortement marqué par l'universalisme ecclésial et assimile la catholicité à l'universalité; il crée une distinction entre l'Église universelle invisible et les églises locales, ses parties, qui ne sont pas capables d'en révéler l'unité profonde. Le second, en revanche, ne peut admettre aucune autre manifestation de l'unité de l'Église que celle d'une communauté précise unie par le Christ lui-même en la Divine Eucharistie.

La notion de schisme, pour le père Serge Boulgakov, n'existe qu'à l'intérieur de l'Eglise. «Les parties séparées de l'Eglise, avec l'existence du moins de la succession apostolique, se trouvent dans une communion mystique invisible par les sacrements visibles, bien que rendus inaccessibles pour les autres, que chacune des églises séparées célèbre». Les divisions historiques sont superficielles et n'anéantissent pas l'unité mystique du Corps du Christ. «Le chemin de l'unité de l'Orient et de l'Occident, conclut le père Boulgakov, passe non pas par l'union de Florence, ni par les tournois des théologiens, mais par l'union devant l'autel».

Mgr Philarète regroupe ces approches ecclésiologiques et les conteste car elles ne parviennent pas à exprimer correctement «l'unité de la vie de grâce dans l'Église». Il semble impossible au métropolite Philarète, à la suite de l'archevêque Hilarion Troitsky (5), d'admettre que «deux corps juxtaposés ou deux arbres puissent avoir entre eux un lien organique (...) Le membre coupé doit mourir et se décomposer». Toutefois cette objection ne peut se rapporter totalement qu'aux théories de Kartachev et de Svetlov, exprimées avec exactement les mêmes critères ecclésiologiques universalistes, à savoir l'assimilation du Corps du Christ à l'Église universelle, à l'intérieur de laquelle les Eglises locales ne sont que des «membres». Or, l'ecclésiologie eucharistique de N. Afanassieff et A. Schmemann part de principes différents, presque opposés.

3) Suivre saint Cyprien de Carthage (6)

La troisième approche exposée par Mgr Philarète est celle qui suit à la lettre la doctrine des schismes de saint Cyprien de Carthage est représentée en particulier par A. S. Khomiakov(7), le métropolite Antoine Khrapovitsky(8) et l'archevêque Hilarion Troitsky. Ils ne reconnaissent aucune valeur sacramentelle aux rites de baptême des chrétiens séparés mais, pour expliquer le décalage qui existe entre ce point de vue et la pratique la plus fréquente de l'Église (on ne rebaptise pas pour ne pas scandaliser les schismatiques et en empêcher le retour dans l'Eglise), ils admettent que ce vide sacramentel puisse être empli en rendant aux rites sans signification ecclésiologique leur sens mystique et leur validité lors du retour du schismatique dans le sein de la vrai Église par une «économie» mystique de l'Esprit. Les sacrements pourraient donc être administrés aussi bien de façon ordinaire qu'extraordinaire, c'est-à-dire visiblement et invisiblement. Par exemple, le baptême serait compris dans la chrismation, voire la confession seule, pour un schismatique qui est reçu dans l'Église par un de ces deux moyens.

Il est évident pour Mgr Philarète qu'une pareille interprétation de la pratique ecclésiale est difficilement acceptable: les mystères de l'Église sont trop fondamentaux dans la vie de grâce des membres de l'Église pour être objet d'une pareille économie qui viserait à faciliter le retour des chrétiens séparés dans l'unité ecclésiale. En apprenant de semblables raisons de leur réception dans l'Église par les sacrements autres que le baptême, ils seraient probablement indignés plutôt que soulagés.

4) La voie suivie par l'Eglise russe

Pour le Métropolite Philarète, la doctrine prônée par le document conciliaire dépasse les défauts et comble les manques des trois théories qu'il a exposées dans son Discours: ceci est expliqué en détail dans la deuxième partie du discours. B. «Les principes fondamentaux régissant les relations de l'Église Orthodoxe russe avec l'hétérodoxie» ([voir aussi]url: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/RELATIONS-DE-L-EGLISE-ORTHODOXE-AVEC-L-ENSEMBLE-DU-MONDE-CHRETIEN-ou-la-vision-orthodoxe-du-dialogue-OEcumenique_a2009.html )

La notion qu'a l'Église de sa propre nature définit sa relation envers les chrétiens des communautés séparées. La question du schisme ne peut être traitée séparément de celle de l'unité de l'Église, tout comme, dans le sens inverse, toute affirmation de l'unité du Corps du Christ nécessite une explication précise de l'existence, tout au long de l'histoire du christianisme, des ruptures entre ceux qui croient au même Seigneur Jésus-Christ. C'est cet objectif qui est posé dans le premier chapitre des "Principes", intitulé "Unité de l'Église et péché des séparations humaines". La Déclaration du Concile de 2000 suit un plan classique pour ce genre de documents qui part de l'étude de la doctrine sur l'unité de l'Église du Christ et se poursuit avec la profession du caractère anormal et douloureux des divisions entre les chrétiens et de la nécessité absolue pour la chrétienté d'aspirer à l'unité perdue. Le rôle de l'Orthodoxie dans le dialogue œcuménique est présenté comme la martyria, le témoignage catholique au sujet de la Tradition et de la foi apostoliques que les Églises orthodoxes ont conservée.

a) L'unité de l'Eglise.

L'unité de l'Église, de nature mystique différente de celle des corporations terrestres, est en deçà de toutes les frontières raciales, linguistiques et sociales. L'Église est le nouvel Homme, la descendance spirituelle du second Adam, la vigne qui a pour racine le Christ, le peuple de grâce et d'alliance. Son unité ne peut être qu'un don du ciel, divin et parfait; elle a été promise par le Christ à l'apôtre Pierre, elle est demandée par le Christ au Père dans la prière qui précède de quelques heures la Passion. L'Église est l'image de la Trinité Consubstantielle, car la multitude d'hommes de même nature y trouve son unité.

L'unité de l'Église a, pour le Concile, trois principes. Le premier et le plus important sont le Christ lui-même et l'Esprit: le Corps du Christ est un, car il n'a qu'un seul Chef et il est animé par un seul et même Esprit de Dieu. Le deuxième fondement de l'unité de l'Église est l'Eucharistie: c'est par la participation au même Pain et au même Calice que tous les fidèles, selon saint Paul, trouvent l'unité dans le Corps du Christ. Le troisième garant de l'unité est la succession apostolique de la hiérarchie ecclésiale et la Tradition d'origine apostolique. L'apostolicité de l'Église, pour le Concile, n'est autre chose que la succession apostolique du sacerdoce, par lequel «les dons de l'Esprit Saint sont communiqués aux fidèles». Cette hiérarchie d'origine apostolique est le garant de « la communion et de l'unité dans la vie de grâce».

«L'Eglise est de caractère universel; elle existe dans le monde en forme de diverses Eglises locales, mais l'unité de l'Eglise n'en est aucunement détruite». Dans la terminologie orthodoxe, l'expression «Eglise locale» désigne le plus souvent les Eglises autocéphales, patriarcats, archevêchés ou métropoles. Les Eglises autocéphales, comprenant plusieurs diocèses, sont présidées par un Primat et administrées par les Conciles locaux et le Synode, institution conciliaire permanente auprès du Primat. Le Concile de Moscou de 1917, rétablissant le Patriarcat de Moscou et de toute la Russie, a défini le diocèse comme «une partie de l'Eglise orthodoxe russe» et l'Eglise locale de Russie comme une partie de l'Eglise orthodoxe universelle. De même le Règlement de l'Eglise orthodoxe russe promulgué par le Concile de 2000 considère que «l'Eglise orthodoxe russe se divise en diocèses, églises locales présidées par un évêque».

Alors que les Eglises autocéphales orthodoxes, indépendantes entre elles, sont unies par les liens de charité et de concorde, sans aucune structure canonique universelle, la situation à l'intérieur de ces Eglises autocéphales est différente: les diocèses qui en font partie sont régis par des institutions canoniques de type synodal et leur communion est garantie par la primauté d'un évêque. Le Concile de 2000 considère donc chacune des Eglises locales comme manifestation parfaite de l'Eglise du Christ sur la terre; dans l'annexe à la Déclaration il ira encore plus loin et affirmera que toute assemblée ecclésiale possède la plénitude de la catholicité de l'Eglise et constitue, en réalité, l'Eglise catholique: «Chaque partie de l'Eglise, même la plus petite, même réduite à un seul fidèle, peut être nommée catholique».

b) La transgression du précepte de l'unité

«L'Église orthodoxe est la véritable Église qui garde intactes la Tradition sacrée et la plénitude de la grâce salvifique de Dieu. Elle a préservé en intégrité et pureté l'héritage sacré des Apôtres et des saints Pères. Elle reconnaît sa doctrine, sa structure liturgique et sa pratique spirituelle comme identiques à l'évangile des Apôtres et à la Tradition de l'Église ancienne».

Après avoir fait une telle déclaration, le Concile s'empresse d'expliquer que l'orthodoxie n'est pas une prérogative ou une épithète des Eglises orientales, mais une qualité intérieure de la doctrine et de la vie ecclésiales. L'orthodoxie signifie la fidélité absolue au kérygme apostolique et à la tradition patristique. Et comme le dit le métropolite Vladimir de Kiev, membre du Saint Synode et, bien entendu, du Concile de 2000, le fait que ce sont les Eglises orientales qui perpétuent l'Église catholique orthodoxe aujourd'hui n'a rien d'immuable ni de dogmatique: «Aujourd'hui l'Église orientale reste encore dans le sein de l'Église catholique, mais demain elle peut s'en écarter, tandis que l'Église catholique continuera à exister sur terre, peut-être, quelque part en Amérique ou au Japon».

Le document précise que ce n'est pas parce qu'une église est orthodoxe qu'elle ne peut être objet d'une critique et sujet de quelques erreurs historiques. «Il ne faut pas céder à la tentation d'ignorer les défauts et les non-réussites qui ont marqué l'histoire de l'Église». Notamment, l'on ne peut nier qu'à certaines époques de grandes parties du peuple de Dieu ont sombré dans l'hérésie. Combien de fois Constantinople fut-elle la scène de schismes et le berceau d'hérésies ! Alexandrie et Antioche ne pourraient se vanter d'avoir été moins souvent impliquées dans de fausses doctrines. Les Pères de l'Église donnent l'exemple d'autocritique et de réalisme historiques. Pour le Concile de 2000, cette expérience douloureuse d'hérésies et de schismes a justement forgé l'orthodoxie du peuple de Dieu; c'est au contact avec les doctrines erronées que furent formulés les dogmes catholiques et que l'Église a appris à être vigilante et à distinguer l'enseignement apostolique des égarements humains. «L'Église orthodoxe, témoignant humblement de la vérité dont elle est gardienne, garde également mémoire de toutes ses épreuves historiques».

c) Le «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu

Pour le Concile de 2000, le schisme est la séparation d'une communauté du plérôme de l'Église Orthodoxe. Le document sur l'hétérodoxie établit un parallèle entre un chrétien excommunié et un groupe schismatique de chrétiens. Lorsqu'un chrétien rompt les liens canoniques avec son Eglise locale et ne participe plus à son Eucharistie, il cesse d'être membre du Corps du Christ. Cependant, il garde un «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu et, à sa conversion, est reçu de nouveau à la communion sans être rebaptisé. De la même façon, les communautés séparées de l'Unité ecclésiale gardent avec le Corps du Christ un lien invisible. Ce lien est un gage de leur retour au sein de l'Église et de l'existence en elles d'une vie de grâce, quoique détériorée.

Le Concile proclame que le salut ne peut être trouvé que dans l'Église du Christ, qui est l'Église orthodoxe. Les hérésies sont «la conséquence de l'auto-affirmation et de l'enfermement égoïstes», contraires à l'Amour chrétien. Tous les schismes, même ceux qui ont pour cause autre chose que les différences doctrinales, aboutissent en fin de compte à des hérésies, car, séparées de l'unité de l'Église, les communautés schismatiques ne peuvent suivre le même sain développement théologique que l'Église et s'écartent progressivement de la tradition apostolique qui n'est réellement vivante que dans le Corps du Christ.

A l'instar d'un chrétien excommunié, les groupes séparés de l'Église conservent une communion imparfaite avec le Christ et la grâce de l'Esprit n'en est pas complètement absente. Ces chrétiens séparés ont en commun avec l'Église la confession du Christ comme Seigneur et Sauveur, la foi en Dieu Unique en trois personnes et «la piété sincère». Pour cette raison, à leur retour dans l'Église orthodoxe, les schismatiques ne sont pas nécessairement rebaptisés.

Le Concile confirme l'existence de trois formes de réception dans l'Église des chrétiens schismatiques: par le baptême, par la confirmation ou par la confession. Le degré de fidélité à la tradition patristique et conciliaire des communautés schismatiques est le critère qui définit la façon dont les chrétiens de ces groupes sont reçus dans l'Église. Le document souligne que l'évaluation de la mesure dans laquelle la grâce de l'Esprit peut être active en dehors de l'Église orthodoxe ne relève pas de la compétence d'un Concile, mais est le mystère de l'économie divine.

d) Les communautés séparées

La Déclaration énumère dans le paragraphe 1.13 les principales Eglises et communautés hétérodoxes - Coptes, Arméniens, Syro-Jacobites, Ethiopiens, Malabars, Catholiques Romains, et communautés issues de la Réforme -, mais ne donne aucune directive précise sur la façon dont il faut recevoir ces chrétiens dans l'Eglise orthodoxe, en se limitant à des affirmations générales.

En annexe à la Déclaration nous trouvons les analyses des relations entre l'Église orthodoxe russe et les «hétérodoxes», notamment, avec l'Église catholique romaine, les Églises préchalcédoniennes, avec les anglicans et les diverses branches de la Réforme. Ces textes décrivent la situation actuelle du dialogue des orthodoxes russes avec ces chrétiens et en esquissent brièvement l'histoire et quelques principes. L'annexe contient également un paragraphe, intitulé Participation aux organisations chrétiennes internationales et dialogue avec 'le mouvement œcuménique'. C'est une réponse à la douloureuse question de la participation de l'Église russe au Conseil œcuménique des Églises et aux autres organismes de ce genre. Le document présente l'histoire de cet engagement de l'Orthodoxie russe dans le mouvement œcuménique et souligne le sérieux avec lequel l'Église russe prend part au travail du COE. Le Concile y parle également de «la crise du mouvement œcuménique» et exige une révision complète des principes et des manières d'agir du mouvement œcuménique actuel que l'Église russe suppose être dominé par l'ecclésiologie protestante.

L'évaluation ecclésiologique précise de chacune des Églises hétérodoxes est absente des "Principes". Le texte mérite son titre, car le Concile se contente de tracer les grandes lignes de la réflexion sur l'approche des autres communautés chrétiennes, prises ensemble dans toute leur diversité.

Par ailleurs est intéressent de souligner la similitude dans le fond et la forme de l'article 1.13 avec le décret Unitatis Redintegratio du Concile Vatican II: les deux documents s'accordent pour affirmer, avec pratiquement les mêmes expressions, que des communautés et Eglises locales entières ont fait scission avec l'Eglise des apôtres et se sont coupées de la communion catholique.
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Notes du rédacteur

(1) Mgr Nicodème Milach (1845-1915), évêque de Zara (Serbie) en 1890.1911. Canoniste et historien, auteur de nombreux ouvrages dont un manuel de droit canon orthodoxe (1890 traduit en allemand, bulgare, grec, et russe). Il s'est rendu célèbre par un manifeste en faveur des secondes noces du clergé (1907).

(2) Pères Nicolas Afanassieff, Serge Boulgakov, Alexandre Schmemann: théologiens russes du XXe siècle appartenant à l'école théologique de l'Institut Saint Serge (Paris) appelée "école de Paris"

(3) Anton Vladimirovitch Kartachev (1875-1960) Dernier haut-procureur du Saint-Synode et ministre des affaires religieuses du gouvernement provisoire, théologien, historien de l'Église russe et activiste sociale. Il est membre fondateur et professeur de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris (1925-1960) où il eut e particulier Jean Meyendorff et Alexandre Schmemann comme étudiants.

(4) Père Paul (Pavel) Svetlov (1861-1945). Professeur à l'Académie théologique de Kiev avant la révolution.

(5) Saint néomartyre archevêque) Hilarion Troïtsky (1886-1929, canonisé en 1999). Intervint au Concile de 1917-18 en faveur du rétablissement du patriarcat. Adversaire résolu de "l'Eglise Renouvelée" et compagnon du saint patriarche Tikhon, emprisonné aux Solovki en 1923 puis transféré de camp en camps, il mourut à Leningrad en 1929.

(6) Saint martyre Cyprien de Carthage (200-258), évêque de Carthage, Père de l'Église, l'un des rares théologiens occidentaux des premiers siècles avec saint Augustin.

(7) Alexeï Stepanovitch Khomiakov (en 1804-1860) théologien, poète et philosophe russe. Connu comme théoricien du mouvement slavophile il oppose le développement spirituel du monde orthodoxe à la décadence des Catholiques et Protestants qu'il renvoi dos à dos

(8) Mgr Antoine Khrapovitsky (1863-1936) fut un grand représentant du monachisme savant de la période fin XIXe - début XXe siècle. Membre du Saint Synode (1912) il recueil le plus de voix à l'élection du patriarche par le concile de 1917-1918 (mais le sort désigna alors le saint patriarche Tikhon parmi les 3 candidats élus). Contraint à l'exil il fonde le synode hors frontière (1920) qui deviendra l'Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières.

Europaica Bulletin

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 11 Novembre 2011 à 12:54 | 23 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 11/11/2011 13:37
Veuillez m'excuser mais qui est l'auteur de ce texte? Vladimir, le Père Alexandre (Siniakov), ce texte résume-t-il un autre texte? Qui est le NOUS initial dans la phrase : "comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion? En plus, si nous reconnaissons le baptême des hétérodoxes"?

Car une telle reconnaissance (en plus d'être complètement anticanonique comme je l'ai montré (cf ma discussion avec Alexey sur le non baptême par économie d'hérétiques), ce n'est le cas ni en Grèce, ni en Géorgie, ni à Jérusalem, ni en Serbie, je ne pense pas en Bulgarie à l'heure et même dans l'Eglise russe hors frontière ce n'est pas le cas car l'anathème contre l'oecuménisme vise ceux qui prétende qu'il existe des mystères chez les hérétiques, comme quoi dans l'Eglise de Russie, on peut croire tout et son contraire (pas très rassurant). Donc qui est ce "nous"?

"

2.Posté par vladimir le 11/11/2011 15:50
11/11
Daniel pose, comme toujours, une bonne question.

Le texte est un compte rendu du discours de Mgr Philarète par le père Alexandre que j'ai légèrement adapté (changeant quelques paragraphe de place et rajoutant certains titre). L'original est disponible par le lien sous "Europaica Bulletin"). Je n'ai pas trouvé le texte du discours de Mgr Philarète, ni en russe no en traduction et le père Alexandre ne met pas toujours de "" aux citations...

Mais le "nous" est clairement de Mgr Philarète et vise la position de la Commission théologique du Saint-Synode, chargée de la rédaction du document , qui a donc été approuvée par le concile épiscopal de 2000 et le concile local de 2008 dans les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" (texte complet par le lien ci-dessous):
" 1.15. L'Église orthodoxe affirme par la bouche des saints Pères, que le salut ne peut être atteint que dans l'Église du Christ. Mais en même temps, les communautés déchues de l'unité avec l'Orthodoxie, n'ont jamais été considérées comme totalement privées de la grâce divine. La rupture de la communion ecclésiale conduit inéluctablement à la dégradation de la vie de la grâce, mais pas toujours à sa complète disparition dans les communautés séparées. Ainsi s'explique que la réception dans l'Église orthodoxe de personnes venant de communautés hétérodoxes ne s'opère pas uniquement par le sacrement du baptême. Malgré la rupture de l'unité, il demeure une communion, certes incomplète, agissant comme gage de la possibilité du retour à l'unité dans l'Église, à la plénitude catholique et à l'unité."

Votre approche, cher Daniel, me semble bien être celle que Mgr Philarète décrit dans le point 3 du discours et dont il dit: "Il est évident qu'une pareille interprétation de la pratique ecclésiale est difficilement acceptable: les mystères de l'Église sont trop fondamentaux dans la vie de grâce des membres de l'Église pour être objet d'une pareille économie qui viserait à faciliter le retour des chrétiens séparés dans l'unité ecclésiale…"

Ce qui me parait essentiel dans le texte proposé, c'est qu'il montre clairement que l'Eglise russe rejette les deux positions extrêmes les plus rependues chez nous, présentées en 2 et 3 (la position 1 me semblerait avoir peu d'adeptes actuellement):
- "un refus de reconnaître au schisme une profondeur et un caractère absolu", position 2 défendue par "l'école de Paris" (donc Daru) et un grand nombre de théologiens occidentaux en Europe et en Amériques.
- une condamnation du baptême des chrétiens séparés, qui n'a donc aucune valeur sacramentelle, généralement reliée à une condamnation générale de ces Eglises comme "hérétiques". Cette position 3 est soutenue par l'Eglise Hors Frontières (qui n'a pas participé au concile épiscopal de 2000 mais était présente au concile local de 2008 qui a confirmé la décision), la Sainte Montagne, les courants traditionnalistes dans certaines Eglises (souvent très nombreux) et les groupes VCO.

L'Eglise russe proclame donc une autre position: "A l'instar d'un chrétien excommunié, les groupes séparés de l'Église conservent une communion imparfaite avec le Christ et la grâce de l'Esprit n'en est pas complètement absente" dit Mgr Philarète ce que "les Principes" traduisent:
" 1.16. La situation ecclésiale des séparés ne se prête pas à une définition univoque. Un certain nombre de signes unissent le monde chrétien divisé: ce sont la Parole de Dieu, la foi au Christ, Dieu et Sauveur venu dans la chair (1 Jn 1, 1-2; 4, 2, 9) et une piété sincère.
1.17. L'existence de divers modes de réception (par le Baptême, par la Chrismation, par la Pénitence) montre que l'Église orthodoxe a une approche différenciée des autres confessions. Le critère est la mesure dans laquelle ont été conservées la foi et les institutions ecclésiastiques, ainsi que les normes de la vie spirituelle chrétienne. Mais en établissant divers modes de réception, l'Église orthodoxe ne porte pas de jugement sur le degré de conservation ou d'altération de la vie de grâce dans l'hétérodoxie, estimant que c'est le secret de la Providence et du jugement divin."

http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx

3.Posté par Hiéromoine Alexandre le 11/11/2011 17:24
A Daniel:

Cher Monsieur, d'après ce que je constate, Vladimir reprend ici un petit texte que j'ai publié il y a une dizaine d'années dans le bulletin électronique "Europaica" (de la Représentation du patriarcat de Moscou près les institutions européennes): vous trouverez la publication originale en suivant le lien ci-dessous.

La phrase qui vous interpelle est une reprise de l'interrogation du métropolite Philarète de Minsk, à l'époque président de la Commission théologique synodale de l'Eglise orthodoxe russe, dans son discours au concile de Moscou de 2000.

Le texte (en russe) du discours du métropolite Philarète, qui est étudié ici, est publié dans les actes du concile de 2000. Je ne sais, en revanche, s'il existe sur internet.

4.Posté par Daniel le 11/11/2011 18:16
Merci pour ces précisions sur l'auteur du texte...

5.Posté par justine le 12/11/2011 00:15
Comme toujours, dans le cas des « Principes... » aussi, on a intérêt à lire le texte original pour savoir exactement ce qu’il dit, au lieu de se baser sur la présentation de la présentation d’un commentaire sur ledit texte, car sinon on finit par avoir la tête qui tourne!

En lisant ou plutôt en relisant donc les « Principes » directement, j’y trouve un esprit bien plus équilibré que celui qui souffle dans la présentation de la présentation du commentaire. A signaler que le Canon apostolique 47, mentionné à l’article 1.10 des « Principes », ordonne non seulement la destitution du clerc qui rebaptiserait un chrétien canoniquement baptisé par l’Eglise, mais tout autant celle d’un clerc qui ne baptiserait p a s une personne « souillée par l’eau des impies », c’est à dire par le pseudo-baptême hérétique. Et cet „à l’instar de“ (au paragraphe 3 du chapitre c sur le « sceau“) tient peut-être a une mauvaise traduction du commentaire du métropolite Philarète, car il y a une différence fondamentale entre une personne baptisée orthodoxe, même excommuniée, et une personne dépourvue du baptême orthodoxe, puisque, comme les « Principes » le disent expressément, la première garde le « sceau » de son appartenance au peuple de Dieu, reçu lors du baptême orthodoxe - ce qui est la raison pour laquelle elle ne doit pas être rebaptisée -, alors que la seconde n’a pas reçue ce sceau.

Pour ce qui est de la question de la reconnaissance de « mystères hétérodoxes », voici deux voix théologiennes orthodoxes :

« Quand l’Eglise par économie reçoit un hétérodoxe sans le baptiser, cela ne signifie nullement qu’elle reconnait par là le baptême hétérodoxe comme valable ou la communauté qui auparavant l’avait baptisé comme une Eglise. Mais cela signifie qu’au moment même ou elle le reçoit, elle effectue le Mystère du Salut, car l’Eglise est supérieure aux canons, ce ne sont pas les canons qui sont supérieurs a l’Eglise, et parce qu’Elle est la source des Mystères, donc aussi du Baptême. » (Métropolite Hierotheos Vlachos de Naupaktos dans un article critique sur la fausse « Théologie baptismale » des œcuménistes, texte grec dans “Ekklisiastiki Parembasi”, no 71, Décembre 2001). Dans ce même texte, le métropolite souligne : « Il n’y a pas de Mystères en-dehors de l’Eglise, le Corps vivant du Christ, tout comme il n’y a pas de sens en-dehors du corps humain. »

Et Saint Justin de Celije dit: « Selon l’enseignement orthodoxe sur l’Eglise et les Mystères, l’unique Mystère englobant tous les Mystères est l’Eglise elle-même, le Corps du Dieu-Homme, et en tant que tel, Elle est l’unique source et contenu de tous les Mystères divins. Par conséquent et conformément à l’Ecclésiologie orthodoxe et à toute la Sainte Tradition, l’Eglise Orthodoxe ne reconnaît pas l’existence de mystères ou sacrements en-dehors d’Elle-même » (St Justin de Celije, Pravoslavna Crkva i ekumenisam, trad. anglaise « The Orthodox Church and ecumenism », Lazarica Press, Birmingham 2000, p. 158).

6.Posté par vladimir le 12/11/2011 15:18
12/11/11
Merci chère Justine pour votre commentaire et ces citations. Elles illustrent bien, me semble-t-il, la position que Mgr Philarète décrit dans son pt. 3. Son analyse sur le sujet et la position de l'Eglise russe sont rappelées dans mon commentaire 2.

7.Posté par Daniel le 12/11/2011 18:48
La position de l'Eglise de Russie me semble peu satisfaisante d'un point de vue purement logique car elle introduit une contradiction.

L'Eglise de Russie déclare : "A l'instar d'un chrétien excommunié, les groupes séparés de l'Église conservent une communion imparfaite avec le Christ et la grâce de l'Esprit n'en est pas complètement absente".

Il faudrait comprendre ce que le texte entend par grâce. Etant donné que le texte parle de baptême, cela laisse à penser qu'il s'agit de la grâce liée aux mystères (baptême, communion etc). Si cela est exact, cette déclaration contredit un document de l'Eglise de Russie elle-même encore à l'état de projet, à savoir "L’acceptation dans l’Eglise de ceux qui renient le schisme - Projet de la Commission interconciliaire" (1). Ce document déclare :

"L’expérience séculaire de combat contre les schismes montre que l’Eglise du Christ, seule à recevoir la grâce divine dans sa plénitude, ne reconnaît pas comme ayant la grâce et opérants « les sacrements » accomplis par les communautés schismatiques. Cela concerne entre autre le sacrement du baptême.

Cette attitude découle de l’indication claire contenue dans le Symbole de foi sur l’unité de l’Eglise et l’unicité du baptême. Il est question dans la Première épître canonique de saint Basile le Grand à Saint Amphiloque d'Iconium « de l’authentique baptême de l'Eglise ». Cela souligne le lien indissoluble entre l’Eglise authentique et le baptême authentique. « La hiérarchie schismatique » perd la possibilité de procéder à des sacrements marqués par la grâce en se séparant de l’Eglise et ne disposant donc plus de la bénédiction de la continuité apostolique. Il est dit dans « Les principes fondamentaux de l’attitude de l’Eglise orthodoxe russe à l’égard des autres confessions chrétiennes » (1.9) : « La répudiation de la hiérarchie ecclésiale légitime équivaut à la répudiation du Saint Esprit et du Christ Lui-même »."

Plus grave encore, cela contredirait les canons suivants :

Canon 46 des Saints Apôtres

L'évêque, le prêtre ou le diacre qui a reconnu le baptême ou le sacrifice des hérétiques, nous ordonnons qu'il soit déposé : "quel accord peut-il en effet exister entre le Christ et Bélial, et quelle part peut avoir l'infidèle avec le fidèle ?"

Canon 47 des Saints Apôtres

Si un évêque, un prêtre ou un diacre baptise à nouveau celui qui a reçu le vrai baptème, ou bien ne rebaptise pas celui qui a reçu le baptême souillé des hérétiques, qu'il soit déposé, parce qu'il se rit de la croix et de la mort du seigneur et ne distingue pas les prêtres des faux-prêtres.

Commentaire personnel : on voit tout de même que le baptême des hérétiques est associé à une souillure, voire à Belial (le Diable en l'occurence) et donc j'ai du mal à imaginer la grâce de l'Esprit Saint coexister dans ce contexte.

Canon 1 de Saint Basile dont voici un court extrait :

"mais une fois la communion rompue, réduits à l'état laïc, ils n'avaient le pouvoir ni de baptiser ni d'ordonner, étant incapables de donner aux autres la grâce de l'Esprit saint, qu'ils avaient eux-mêmes perdue; c'est pourquoi il avait été statué de purifier à nouveau par le vrai baptême, celui de l'Église, ceux d'entre eux qui reviennent à l'Église vu que leur baptême leur avait été conféré par des laïcs"

Canon 32 de Laodicée

On ne doit pas recevoir les eulogies des hérétiques, car ce sont plutôt des malédictions que des eulogies. [Note du rédacteur : par eulogie, on peut entendre les bénédictions (traduction anglaise), d'autres semblent indiquer qu'il s'agit de l'antidoron]


A l'inverse, la position décrite dans le point 3 et résumée par le Métropolite Hiérothée de Naupacte et Saint Justin de Celije ne comporte pas de contradictions avec les canons. La seule contradiction n'est apparente car la réception d'un non orthodoxe autrement que par le baptême ne concerne que le mode de réception en lui-même et ne traduit pas une reconnaissance du baptême antérieur, mais simplement la possibilité d'utiliser le mode de son choix en fonction de circonstances particulières.

Dans l'attente d'un éclaircissement de la part de l'Eglise russe et étant donné que le concile in Trullo a reçu les 85 canons des Apôtres, confirmé ceux de Laodicée et ceux de Saint Basile, qui reflètent la position du point 3, j'en reste là. J'espère qu'un éclairage viendra un jour sur ce que je perçois comme une contradiction et une absence de cohérence avec l'enseignement des conciles oecuméniques, ce qui n'est pas sans m'emplir d'inquiétude...


1 : http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-acceptation-dans-l-Eglise-de-ceux-qui-renient-le-schisme-Projet-de-la-Commission-interconciliaire_a1329.html

8.Posté par vladimir le 13/11/2011 13:21
Cher Daniel,

Vous avez toujours des arguments sérieux mais, dans ce cas, pour moi il y a confusion.

1. Schismatiques: il me semble clair que le document que vous citez traite de ceux qui ont quitté l'Eglise et ont été condamnés par elle. Concrètement il s'agit des groupes VCO, du soi-disant patriarcat de Kiev ou des partisans de l'ex-évêque Diomide du Kamchatka, dont tous les clercs ont été réduits à l'état laïque. Il est évident qu'il n'est plus question dans ce cas d'aucune grâce ni maintien de la succession apostolique des ordinations ni, par conséquence, validité des sacrements. Mais les "Principes" ne traitent pas de ces groupes schismatiques là mais bien des autres confessions chrétiennes expressément dénommées.

2. Hérésie: je persiste à penser qu'il ne faut pas galvauder ce mot qui caractérise le plus grave des péchés, que même le sang des martyres ne peut laver. Je crois que, pour qu'il y ait hérésie, il faut qu'il y ait refus ou substitution de dogme, ce qui n'est pas le cas des Chrétiens séparés qui partagent nos dogmes et dont les clercs n'ont pas été condamnés par une autorité canonique. Les canons que vous citez ne s'appliquent donc pas à ces Chrétiens séparés dont traite explicitement la position de l'Eglise russe.

En tout cas, ces "Principes" ayant été approuvés par l'ensemble des évêques de l'Eglise russe, à laquelle j'appartiens, je me dois de les appliquer conformément à la règle de Saint Cyprien: "si quelqu'un est contre son évêque il est hors de l'Eglise"

9.Posté par justine le 13/11/2011 18:19
A Daniel (post 7) et Vladimir (poste 8): Comme je le remarquais dans le post 5, alinea 2, cet "à l'instar...." (qui ne figure pas dans le texte des "Principes", mais dans la presentation par le P. Alexandre du commentaire du metropoilite Philarete sur les "Principes), semble etre une interpretation incorrecte du commentaire, car il met le chrétien baptisé excommunié au meme niveau qu'un non-baptisé, ce que le texte des "Principes" ne fait pas du tout, puisqu'il affirme que l'excommunié garde le sceau de son appartenance au peuple de Dieu.

10.Posté par Daniel le 13/11/2011 19:06
@ Vladimir

Etrange argumentation... Les schismatiques ayant une foi orthodoxe seraient traités plus durement que les hérétiques ayant une foi hétérodoxe. D'un point de vue logique, cela laisse perplexe.

Quand vous dites "pour qu'il y ait hérésie, il faut qu'il y ait refus ou substitution de dogme, ce qui n'est pas le cas des Chrétiens séparés qui partagent nos dogmes et dont les clercs n'ont pas été condamnés par une autorité canonique.", je vous rejoins pour la première partie de la phrase, quoiqu'à mon sens, la condamnation par une autorité canonique n'est pas forcément indispensable (c'est une autre histoire), mais pas le second. Les chrétiens séparés partageant nos dogmes sont justement les schismatiques ou les membres de conventicules :

Petit retour au canon 1 de Saint Basile

"d'où les noms d'hérésies, de schismes et de conventicules qu'ils ont donnés; d'hérésies, pour ceux qui ont rompu totalement avec l'Église et ont adopté une foi étrangère à la sienne; de schismes, pour ceux qui se sont mis en désaccord avec les autres pour des raisons d'administration ecclésiastique ou sur des questions faciles à régler; de conventicules, aux assemblées réunies en des prêtres ou faveur des évêques insoumis par des gens ignares".

Qui sont alors ces chrétiens séparés, non condamnnés ayant les mêmes dogmes que nous et auxquels vous faites allusion? J'ai beau chercher, je ne vois rien qui y ressemble. Il s'agirait de schismatiques non condamnés encore... Qui sont-ils? Résultat, je suis encore plus embrouillé!!

Pour ma part, je suis l'évêque ou un synode tant qu'il suit l'enseignement de l'église et qu'il n'en dévie pas... Cet enseignement de l'église, nous pouvons le vérifier en lisant, les pères, les décisions des anciens synodes avec les commentaires, si un nouvel enseignement s'en détache, je quitte l'évêque ou le synode en question... plutôt que de rester avec de faux évêques (faux car ne confessant pas ou plus la foi orthodoxe). Oui bien il aurait fallu suivre Nestorius, archevêque de Constantinople, les évêques ariens (le Concile de Nicée intervient assez tardivement dans l'histoire de la crise arienne), Josaphat Kontzevitch, simplement parce qu'ils étaient évêques... Une question personnelle, "seriez-vous un ancien militaire?"

Sur le point qui nous occupe, j'avoue ne plus comprendre. Le concile

11.Posté par vladimir le 13/11/2011 20:17
Bien cher Daniel, un seul exemple: lequel de nos dogmes n'est pas partagé par les Catholiques ou les Anglicans?

Et puis, oui, logique ou pas, les ex-Orthodoxes condamnés et réduits à l'état laïque sont clairement considérés comme totalement privés de grâce et de succession apostolique, contrairement à ceux qui se sont séparés pour des raisons historiques...

Pour ce qui concerne le choix de son évêque, je pense que chacun doit en juger en son âme et conscience: ma sœur suit un groupuscule VSO, je ne vais pas la condamner pour cela, mais je n'ai pas l'intention de la suivre.

12.Posté par Daniel le 14/11/2011 00:18
@ Vladimir

Lequel de nos dogmes n'est pas partagé par les catholiques et les anglicans? Je ne peux répondre sur les Anglicans car j'ignore si les Anglicans savent eux-mêmes en quoi ils croient depuis qu'Henri VIII fonda cette église, cela n'a jamais arrêté de changer.Pour les catholiques, ils ne croient pas : à la procession de l'Esprit du Père seul, substitué par la double procession du Père et du Fils, que les énergies divines sont incréées.

Mais la doctrine catholique est surtout caractérisées par des ajouts. La question est plus, quels sont les dogmes catholiques auxquels nous ne croyons pas et que nous condamnons? Quelques exemples : purgatoire, filioque, grâce créée. De façon individuelle, ces doctrines ont été condamnées par des conciles :

- condamnation de toute modification du Symbole de Nicée par le Concile oecuménique d'Ephèse
- concile de 879 (qui réunit tout le monde orthodoxe du moment) qui condamne le filioque qui n'est pas nommé
- conciles palamites condamnant la doctrine de la grâce créée
- Concile de Constantinoples de 1484 : condamnation renouvelée du filioque et du concile de Florence
- Concile de Jérusalemen de 1583 : condamnation de la croyance dans le purgatoire
- Concile de Iasi en Roumanie : condamnation de la croyance (partagée par l'Eglise catholique) selon laquelle le changement des Saintes Espèces se produit lors des paroles de l'institution
- 1722 : Constantinople, nouvelle condamnation du purgatoire
- 1727 : condamnation de l'usage des azymes et de la communion sous une seule espèce (pratiques catholiques)
- encycliques des patriarches orientaux et de leurs synodes respectifs (à savoir toutes les églises autocéphales du moment sauf la Russie) en 1848 et 1895 qui renouvellent les condamnations du filioque, mais condamne aussi le Baptême par aspersion, le pain azyme, la consécration des saints dons par les seules paroles du Christ, la communion sous une seule espèce, le purgatoire, les indulgences et l'Immaculée Conception.

Je me suis référé à la liste de tous les conciles données sur ce site (1). Les doctrines catholiques font l'objet de condamnation très nette par des autorités canoniques orthodoxes! On ne peut parler de simple opinion théologique qui ne contredit pas l'enseignement orthodoxe. Une condamnation par un synode local qui n'est pas un concile oecuménique n'en est pas moins une condamnation, sinon nous devrions aussi attendre une condamnation des VCO russes par un concile oecuménique... et considérer le marcionisme comme acceptable car il n'a été condamné que localement par l'Eglise de Rome.

1: http://www.oodegr.com/english/dogma/synodoi/all_synods_chart.htm

13.Posté par vladimir le 14/11/2011 10:08
Et bien, cher Daniel, merci!

Je fais confiance à votre érudition pour pouvoir affirmer en toute confiance que LES CATHOLIQUES PARTAGENT TOUS NOS DOGMES.

De façon plus détaillées, aucun de sept conciles œcuméniques n'a proclamé le dogme de la "la procession de l'Esprit du Père SEUL"; vous faites là un ajout au Crédo de Nicée... :-). De même, à ma connaissance, aucune hérésie n'a été proclamée pour "ajout de dogmes".

Oui, touts ces théologoumènes ont été condamnés - cela n'en pas fait des hérésies pour autant out comme un excommunié ne devient pas hérétique. Aucune des assemblées que vous citez n'a été reconnue comme "concile œcuménique" et il y en eut d'autres, après, pour annuler les décisions précédentes. Je trouve donc la formulation des "Principes" parfaitement justifiée: "Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne." Il est claire que l'Eglise russe applique à ces "schismatiques" là le même principe qu'aux excommuniés: "1.11. En cela l'Église témoignait que l'excommunié conserve le "sceau" de l'appartenance au peuple de Dieu. Accueillant à nouveau l'excommunié, l'Église rend à la vie celui qui a déjà été baptisé par l'Esprit dans le Corps unique. Excluant de sa communion un de ses membres, marqué par elle du sceau au jour de son baptême, l'Église espère en son retour. Elle considère l'excommunication elle-même comme un moyen de renaissance spirituelle de l'excommunié."

Pour les Anglicans aussi ces "Principes" sont très importants puisque non seulement il n'y a pas de différence dogmatique (donc pas d'hérésie), mais le dialogue permet là un rapprochement véritable et concret (cf. annexe dédiée dans les "Principes"): on est parvenu à un grand nombre de points d'accord, à commencer par l'abandon du "Filioque". Toutefois cette confession travers actuellement une telle crise qu'on peut s'attendre à son éclatement et que déjà nombre de ses communautés rejoignent l'Orthodoxie ou le Catholicisme…

Ces avancées démontrent la justesse de la position de l'Eglise russe sur le dialogue:
"4.4. D'un point de vue orthodoxe, le chemin du retour à l'unité est pour l'hétérodoxie un chemin de guérison et de transfiguration de la conscience dogmatique. Sur ce chemin doivent être de nouveau pris en compte les thèmes examinés à l'époque des Conciles œcuméniques. L'étude de l'héritage spirituel et théologique des saints Pères, interprètes de la foi de l'Église apparaît particulièrement importante dans le dialogue avec l'hétérodoxie.

4.5. Le témoignage ne peut être un monologue, il présuppose écoute et échange. Le dialogue sous-entend deux parties, ouvertes à l'échange mutuel, disposées à se comprendre, pas seulement des "oreilles ouvertes", mais aussi "un cœur dilaté" (2 Co 6, 11). C'est précisément la raison pour laquelle l'un des problèmes les plus importants dans le dialogue de la théologie orthodoxe avec l'hétérodoxie doit être celui de la langue théologique, de la compréhension et de l'interprétation.

4.6. Il est particulièrement réjouissant et réconfortant que la pensée théologique hétérodoxe, en ses meilleurs représentants manifeste un intérêt sincère et profond pour l'étude de l'héritage patristique, la doctrine et les institutions de l'Église ancienne. On doit en même temps reconnaître que dans les relations mutuelles entre théologie orthodoxe et théologie hétérodoxe demeurent beaucoup de problèmes et de divergences d'opinions non résolus. En outre même la coïncidence formelle dans de nombreux aspects de la foi ne signifie pas l'unité authentique, dans la mesure où des éléments de doctrine sont interprétés différemment dans la tradition orthodoxe et dans la théologie hétérodoxe."

14.Posté par justine le 14/11/2011 10:32
A la liste des dogmes orthodoxes non partagés par les roméo-catholiques resp. des ajouts de nouveaux dogmes non-orthodoxes par les roméo-catholiques il faut ajouter toute la gamme des enseignements relatifs au papisme, lesquels changent toute la doctrine du salut, puisque selon ces ajouts le salut dépendrait néssairement de la reconnaissance du pape, ainsi que toute la doctrine sur l'Eglise, puisque selon ces ajouts la legitimité ecclésiale dépendrait elle aussi de la soumission au pape.

15.Posté par justine le 14/11/2011 10:34
Le message 10 de Daniel est coupe. On aimerait bien lire le reste.

16.Posté par Alexey le 14/11/2011 14:09
Je suis déjà intervenu une fois, sur un autre article, de ce site pour témoigner du fait que la position de Daniel ne tient pas compte de l'expérience de l'Eglise au Ier millénaire. Il cite à tout bout de champs des canons sur les hérétiques, sans connaître manifestement le sens de ce terme (que Vladimir comprend d'une façon beaucoup plus fidèle à l'histoire de l'Eglise). Ainsi, s'il lisait attentivement les lettres de saint Basile de Césarée ou les traités "Contre les hérésies" de saint Irénée, il se rendrait compte que les opinions catholiques qu'ils citent (dont une bonne partie existait déjà au premier millénaire, au temps de l'unité), sont insuffisantes pour constituer une hérésie. Ainsi, saint Basile, fidèle à la tradition venant de saint Irénée, considère comme hérétiques surtout les gnostiques et les manichéens qui, dit-il, baptisent "au nom du Père, du Fils, et de Mani et de Priscille", se référant à l'idée manichéenne que Mani est le Paraclet annoncé par le Seigneur.

Par ailleurs, saint Grégoire Palamas est vénéré comme saint par l'Eglise catholique latine. C'est du reste aujourd'hui même qu'elle célèbre sa mémoire. Regardez sur le site de la Conférence des évêques (catholiques) de France: http://www.eglise.catholique.fr/actualites-et-evenements/agenda/saint-du-jour.html.

L'Eglise orthodoxe russe reconnaît la validité du baptême et des ordinations des Eglises non chalcédoniennes et de l'Eglise catholique. En cela, elle suit parfaitement l'esprit des conciles oecuméniques qui admettaient même les apollinaristes sans les rebaptiser et les réordonner.

17.Posté par Marie Genko le 14/11/2011 17:26
Chers Daniel et Vladimir, chère Justine aussi,

Je pense que tous le lecteurs de P.O. peuvent vous être infiniment reconnaissants pour vos recherches et vos efforts pour la sauvegarde de notre Foi dans sa pureté première!

Je vais essayer de réfléchir pour vous répondre moi aussi à ma façon, qui ne sera certainement pas aussi docte que la vôtre, mais qui voudrait que nous parvenions à une position acceptable pour nous tous.
Avec toute mon amitié Marie

18.Posté par Daniel le 14/11/2011 20:45
@ Alexey

Veuillez m'excuser mais j'ai répondu à votre objection en son temps sur un autre fil de discussion...

@ Justine

Mon message 10 n'est pas coupé, c'est une erreur de frappe de ma part. En revanche, un de vos messages que j'ai lu sur mon téléphone mobile a purement et simplement disparu. Il répondait au message 13 de Vladimir.

19.Posté par vladimir le 14/11/2011 22:53
En effet, un message de Justine qui commençait par "Vladimir a écrit: "Je fais confiance à votre
érudition pour pouvoir affirmer en toute confiance qu..." se plaçait avant son message 14. Il donnait toute une liste d’erreurs catholiques. Il y a aussi eu une réponse incompréhensible sur St Gràgoire de Palamas et ma réponse, que je peux répéter en corrigeant les fautes:
A chère Justine!
En résumé, vous voulez changer le Credo de Nicée pour:
... et au Saint Esprit qui procède du père SEUL.

J'appellerais cela un nouveau dogme...

Sur le Filioque nous avons eu un long débat (cf lien http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LE-FILIOQUE-UNE-QUESTION-QUI-DIVISE-L-EGLISE_a1022.html; 125 commentaires... Vous y retrouverez pratiquement votre commentaire !)

Pour le reste vous confirmez en tout le point 3) du compte rendu du discours de Mgr Philarète... Mais je ne vois pas vraiment ce que vous y ajoutez!

NB: et c'est bien Saint Grégoire Palamas (+ 1360) qui est le "Saint du jour" sur le site officiel de la Conférence des Évêques de France! Là je ne comprends pas votre remarque...



20.Posté par Daniel le 15/11/2011 08:08
@ Vladimir

Mais justement, les orthodoxes ont toujours compris le procession de l'Esprit du Père comme étant du Père SEUL, même si cela n'est pas écrit à proplement parler dans le Symbole que nous ne changeons mais que nous interprétons correctement. Vous pouvez lire tous les textes des saints orthodoxes à partir du moment où commence la question filioquiste, ils disent tous qu'il s'agit d'une procession unique. C'est le cas de Saint Photios, de Saint Grégoire Palamas, de Saint Marc d'Ephèse, de Nil Cabasilas etc. Pensez-vous qu'ils aient ajouté un nouveau dogme? Non, ils ont simplement au plus explicité une chose qui était déjà crue face à une innovation inconnue. C'est comme si vous disiez que consubstantiel était un nouveau dogme car le mot n'existait pas.

J'ai aussi cité le tropaire 1 du 7e canon des matines pour Saint Jean le Théologien qui dit :

""Eclairé par la divine illumination, clairement du célébras comme Dieu le saint Esprit qui procède du Père sans commencement et, repose, sans en procéder, dans le Fils, lui étant consusbstantiel".

En somme, les Pères, les décisions conciliaires (le fait qu'un concile n'ait pas été reconnu comme oecuménique ne le rend pas sans valeur, d'ailleurs si tel est le cas, cette déclaration de l'Eglise russe et ces condamnations de l'Eglise russe des schismatiques le sont aussi, votre argument se retourne contre lui-même) et les textes liturgiques confirment la procession unique. Que vous faut-il de plus? Pourquoi refusez-vous ce témoignage unanime?

Par ailleurs, la foi ayant été reçue intégralement par les Apôtres et étant déjà connue en plénitude, l'ajout de nouveaux dogmes est forcément une hérésie, un changement de la foi. C'est une idée latine que le développement dogmatique mais il est incompatible avec cette phrase de Saint Vincent de Lérins que je cite de mémoire : "La foi est ce qui a toujours été cru par tous et partout". Un théologoumène est acceptable s'il ne contredit pas la foi.

Les catholiques reconnaissent Saint Grégroire Palamas comme saint, certes... Ils n'en deviennent pas orthodoxes pour autant faute entre autre de reconnaître la théologie sur les énergies que Saint Grégoire a explicité, je dis bien explicitée et pas inventée.

21.Posté par justine le 15/11/2011 08:56
En ce qui concerne les messages disparus et ceux qui n'ont pas été publiés, je pense que les règles des blogs permettent à leurs responsables de faire un choix. On ne peut donc pas se plaindre. En revanche, on peut se faire une idée de la sincérité de la discussion, sur ce blog, au sujet de questions qui affectent profondément toute l'Eglise et dans lesquelles il y a, de la part de certains, beaucoup de manipulations d'opinion. Ce que j'apprécie justement dans le discours de Pétersbourg du métropolite Hilarion, c'est qu'il y expose d'une manière très sincère les problèmes existants.

Pour ce qui est de la "reconnaissance" de St Grégoire Palamas par les catholiques, si vous n'avez pas compris mon message, je le répète ici en d'autres mots: St Grégoire Palamas n'est pas reconnu comme Saint par les catholiques. Il ne figure pas dans leur calendrier officiel. Ces œuvres ne sont pas publiées par les éditions catholiques. Il est absent dans la collection patristique des Sources Chrétiennes. Dans un grand nombre de publications de théologiens catholiques il est présente comme hérétique.

22.Posté par vladimir le 15/11/2011 10:12
"Il ne figure pas dans leur calendrier officiel": si justement, comme l'indique le site officiel de la Conférence des Évêques de France!

Si vous appelez "calendrier officiel" celui qui ne donne qu'un saint par jour, il n'y a rien d^étonnant que vous ne l'y trouviez pas... Prenez donc le calendrier des Postes comme référence tant que vous y êtes! Ce qu'en dit Daniel est plus fondé.

Pour la disparition de certains commentaires, ce que dites tient du procès d'intention: 3 commentaires ont disparu, dont le mien. J'ai recopié le mien et il est là. Comme ce n'est pas la 1ère fois que cela arrive, je garde toujours une copie et je répète jusqu'à parution ... Quand les modérateurs ne veulent pas d'un commentaire, ils m'en informe et je peux corriger ou argumenter... Bref, fonctionnement normal d'un blog, avec beugs et modération.

Je reprendrai le reste, comme les arguments de Daniel, en proposant une conclusion générale $ cet intéressant débat.

23.Posté par vladimir le 16/11/2011 19:47
Il semble que nous puissions conclure ce débat et je remercie tous les participants.

Le discours du Métropolite a ceci de très intéressent qu'il explique pourquoi l'Eglise russe a pris sa position et la situe par rapport aux autres positions qui existent dans l'Orthodoxie en montrant leurs faiblesses théologiques.

Les positions décrites en 2 et 3 sont, comme je l'ai écrit, largement représentées chez nous. Je pense même que c'est la position 2 qui est dominante dans l'Orthodoxie occidentale et il me semble que ce sont les tenants de cette position là, fortement marqués par l'universalisme ecclésial et assimilant la catholicité à l'universalité, qui représentent majoritairement l'Orthodoxie dans les instances du dialogue œcuménique. Pour moi, malgré la déclaration d'Oberlin (1957 (1)), ces représentants engagés ont permis une dérive des dialogues qui n'a été arrêtée que par l'opposition des représentants de l'Eglise russe à partir des années 2000 (exemples caractéristiques du " Rapport final de la Commission Spéciale sur la participation des Orthodoxes au COE" en 2002 (2) ou du "document de Ravenne" en 2009 (3)).

La position 3, s'est radicalisée face à cette dérive dans les années 1990 et a fini par poser des exigences qui amèneraient un arrêt complet de tout dialogue en accusant tous les Chrétiens séparés d'hérésie. Certaines de ces déclarations me semblent clairement visées par les "Principes": "L'Église condamne ceux qui, utilisant des informations non fiables, défigurent de parti pris la tâche qu'assume l'Église orthodoxe de porter témoignage face au monde hétérodoxe et calomnient sciemment la Hiérarchie de l'Église, l'accusant de "trahison de l'Orthodoxie". Envers de telles personnes qui sèment les graines du scandale parmi les simples fidèles, il convient de prendre des sanctions canoniques." Je donnerais comme exemples la réaction du Mont Athos aux accords de Balamand (1993 (4)) ou la «Confession de foi contre l’œcuménisme» (2009, ibidem (3)), mais il y en a bien d'autres... J'ai le sentiment que cette position est minoritaire en Occident (contrairement à ce que peuvent laisser penser les commentaires de ce blog!), mais elle est très largement partagée, voire majoritaire au niveau des paroisses, dans les Eglise de l'Est, Grèce et Chypre comprises…

L'Eglise russe pose clairement une voie médiane:
- Elle reste totalement intransigeante sur les fondements de l'Orthodoxie: "1.1. L'Église orthodoxe est la véritable Église du Christ, fondée par notre Seigneur et Sauveur Lui-même, l'Église que l'Esprit Saint a établie et qu'Il remplit… 2.3. Néanmoins, tout en reconnaissant la nécessité de rétablir l'unité chrétienne détruite, l'Église orthodoxe affirme que l'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Tous les autres "modèles" d'unité sont irrecevables."
- Elle rejette toute tentative d'effacer ou amoindrir les différences vomme le font les tenants de la position 2 (par. 2.4 à 2.10)
- Mais affirme aussi la nécessité de rechercher l'Unité des Chrétiens: "2.1. L'objectif le plus important des relations que l'Église orthodoxe entretient avec l'hétérodoxie est le rétablissement de l'unité des chrétiens (Jn 17, 21), qui entre dans le dessein divin et appartient à l'essence même du christianisme. C'est une tâche d'importance primordiale pour l'Église orthodoxe à tous les niveaux de son existence."
- Et donne une orientation claire au dialogue: " 4.5. Le témoignage ne peut être un monologue, il présuppose écoute et échange. Le dialogue sous-entend deux parties, ouvertes à l'échange mutuel, disposées à se comprendre, pas seulement des "oreilles ouvertes", mais aussi "un cœur dilaté" (2 Co 6, 11). C'est précisément la raison pour laquelle l'un des problèmes les plus importants dans le dialogue de la théologie orthodoxe avec l'hétérodoxie doit être celui de la langue théologique, de la compréhension et de l'interprétation. " Et Mgr Philarète précise: " c'est au contact avec les doctrines erronées que furent formulés les dogmes catholiques et que l'Église a appris à être vigilante et à distinguer l'enseignement apostolique des égarements humains. «L'Église orthodoxe, témoignant humblement de la vérité dont elle est gardienne, garde également mémoire de toutes ses épreuves historiques»."

Je suis donc entièrement d'accord avec Mgr Hilarion de Volokolamsk quand il dit à propos des "Principes": " Les principaux postulats de ce document, pensons-nous, doivent être pris en compte dans le projet révisé de résolution panorthodoxe relatif à ce thème."(5) Et je pense que si tout le monde se référait à ce document il y aurait moins de querelles infondées entre orthodoxes à propos des relations interchrétiennes et de l'œcuménisme.

PS: pour Daniel et Justine, je ne pense pas utile de rouvrir ici le débat sur le Filioque. Tout a été dit sur le fil dédié indiqué en 19

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Declaration-des-representants-orthodoxes-a-la-conference-d-Oberlin-1957_a953.html
(2) http://www2.wcc-coe.org/ccdocuments.nsf/index/gen-5-fr.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html
(4) Commentaire 48 sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Catholicos-de-Georgie-Elie-II-Nuages-sur-le-Concile-panorthodoxe_a1983.html?com#comments
(5) http://orthodoxie.typepad.com/Fichiers_2/Mgr_Hilarion.pdf

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