FREQUENCE DE LA COMMUNION (2 -ème partie)
EXCÉS DES PROMOTEURS DE LA COMMUNION FRÉQUENTE

Si la tradition seule ne peut être invoquée contre la communion fréquente, comme nous l'avons vu dans l'article précédent, les opposants s'en prennent à certaines approches de ses partisans, alors accusés de "modernisme", qui nourrissent peut être à juste titre les critiques:

D'après le p. Daniel Sysoev
, ibidem
La communion comme preuve d'union à la communauté paroissiale: certains partisans trop zélés tentent de faire de la communion fréquente au Christ avant tout un moyen de manifester son union avec la communauté. Mais, si l'Orthodoxie considère bien que l'Eucharistie crée l'unité de l'Église conformément aux Écritures - "Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain." (1 Cor. 10, 17), la communion doit avant tout rester le signe de l'union avec le Christ Sauveur et non pas simplement avec les membres de l'Église terrestre. Le terrestre ne peut guérir le terrestre, comme dit Saint Jean Climaque, et les Saints Dons sont ce médicament d'immortalité qui nous mène à la Vie éternelle de la Parousie.
L'Église se construit à partir du ciel et c'est dans le saint Calice qu'est vaincue la détestable désunion de ce monde. L'accent que les rénovateurs mettent sur la réunion humaine autour de la communion est en fait enraciné dans la croyance de nombre d'entre eux que l'Église est avant tout une communauté humaine et les Saint Dons ne sont pas en vérité le Corps du Christ, mais un symbole. Pour un véritable Orthodoxe une telle approche constitue une dérive absolument inacceptable.



Le peuple de prêtres: les théologiens de "l'école de Paris" professent aussi que le sacerdoce royal des laïcs se traduit par leur "concélébration" à l'Eucharistie. Cela est en contradiction avec les Écritures, et plus particulièrement l'Épitre 1 aux Corinthiens où St Paul écrit " Ainsi, qu'on nous regarde /nous, les Apôtres/ comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu." (4.1) et plus loin (12 27-31) il précise qu'il y a différentes fonctions, en particulier celle de docteur, dont il distingue le service de celui des autres enfants de Dieu. Pourtant certains développements réellement réformistes donnent au prêtre une fonction de représentation des croyants rassemblés en Église (on cite par exemple L'Eucharistie du père Alexandre Schmemann). Le presbyte, président de l'assemblée, apporterait alors le Sacrifice au nom de l'assemblée dans cette concélébration de l'Eucharistie. Tout cela, qui souvent exagère les propositions des auteurs cités, est clairement contraire à la Tradition. Jamais dans aucun document aucun père ou saint n'a dit que les laïcs concélèbrent avec les presbytes ni que la fonction de prêtre viendrait de l'assemblée. Au contraire, le véritable Sacrificateur de l'Eucharistie est bien entendu Le Christ Lui-même. Et c'est Lui qui agit par l'intermédiaire du presbyte car, dans l'Église tout vient de Dieu le Père, par le Fils de Dieu et dans le saint Esprit.

Ainsi, si on veut parler du sacerdoce royal des laïcs dans l'Eucharistie, on peut suivre St jean Chrysostome en indiquant que le prêtre et les fidèles sont égaux dans l'acte même de la communion. Contrairement à l'Ancien Testament, où seuls les prêtres consommaient au grand sacrifice, les prêtres et les laïcs peuvent maintenant communier au Même Corps et au Même Sang. Et c'est là que nous constatons la parfaite fidèle de l'Église orthodoxe est à la parole du Seigneur: "Buvez en tous" (contrairement à l'Église romaine).

La crainte de Dieu: les "modernistes" manquent absolument de crainte de Dieu, dont ils exagèrent la proximité, non seulement devant la sainte Eucharistie, mais devant toutes les choses saintes, y compris devant la parole de Dieu. Pour approcher les saints Dons, il est indispensable d'entretenir le sentiment de sa complète indignité et la crainte de Dieu en même temps qu'une confiance infinie en Sa miséricorde.

CONCLUSION
Pour conclure le p. Daniel Sysoev cite St Jean Chrysostome:

" Mais, puisque j'ai rappelé ce grand sacrifice, il faut que je vous en parle un peu, à vous qui êtes initiés aux mystères; je dis un peu, parce que je serai court; je devrais dire grandement, à cause de l'importance et de l'utilité de ce sujet, car ce n'est pas moi qui parle, mais le Saint-Esprit. Que dirai-je donc? Plusieurs, en toute une année, ne participent qu'une fois à ce sacrifice; d'autres, deux fois; d'autres, souvent. Je m'adresse donc à tous les chrétiens, non-seulement à ceux qui sont ici, mais encore à ceux qui demeurent dans le désert; car les solitaires n'y prennent part qu'une fois l'an, souvent même à peine une fois en deux ans. Mais, après tout, qui sont ceux que nous approuverons le plus de ceux qui communient une fois, de ceux qui communient souvent, ou de ceux qui communient rarement? Pas plus les uns que les autres; mais ceux-là seuls qui s'y présentent avec une conscience pure, avec la pureté du cœur, avec une vie à l'abri de tout reproche. Présentez-vous ces garanties? Venez toujours! Ne les offrez-vous point? Ne venez pas même une fois. Pourquoi? Parce que vous y recevriez votre jugement, votre condamnation, votre supplice. N'en soyez pas étonnés : car ainsi qu'un aliment nourrissant de sa nature, ruais qui tombe dans un corps rempli déjà d'autres aliments mauvais ou d'humeurs malignes, achève de tout perdre et de tout gâter, et occasionne une maladie ; ainsi agissent nos augustes mystères.

Quoi ! Vous jouissez d'une table spirituelle, d'une table royale, et de nouveau votre bouche se souille de fange? Vous parfumez vos lèvres pour les remplir bientôt d'ordure? Dites-moi, lorsqu'au terme d'une longue année vous participez à la communion, pensez-vous que quarante jours vous suffisent pour purifier les péchés de toute cette période? Et même encore, à peine une semaine se sera-t-elle écoulée après votre communion, que vous vous livrerez à vos anciens excès! Or, si après quarante jours à peine de convalescence d'une longue maladie, vous vous permettiez sans mesure tous les aliments qui engendrent les maladies, ne perdriez-vous pas votre peine et vos efforts passés? Car si les forces naturelles subissent elles-mêmes des altérations, combien plus celles de nos résolutions et de notre libre arbitre! Par exemple, la vue est une faculté naturelle; nous avons naturellement les yeux sains, mais souvent une indisposition blesse chez nous ce précieux organe. Si donc ces facultés physiques peuvent (528) s'altérer, combien plus facilement celles qui dépendent de notre liberté! Vous accordez quarante jours, peut-être même moins, à la santé de votre âme, et vous croyez avoir apaisé votre Dieu ! O homme! Vous moquez-vous enfin?

Je parle ainsi, non pour vous éloigner de cet unique et annuel accomplissement d'un devoir, mais parce que je voudrais que tous nous pussions le remplir assidûment. Au reste, je ne suis que l'écho de ce cri du diacre qui tout à l'heure appellera les saints, et qui par cette parole semblera sonder les dispositions de chacun, afin que personne n'approche sans préparation. De même que dans un troupeau où la plupart même des brebis sont saines, s'il s'en trouve qui soient malades, il faut qu'on les sépare des brebis saines, ainsi en est-il dans l'Eglise; parmi nos ouailles, les unes sont saines, les autres malades, et la voix du ministre de l'autel partout retentissante, les sépare; et cette voix terrible est l'écho de celle du prêtre qui appelle et attire exclusivement les saints. En effet, il est impossible à l'homme de connaître la conscience de son prochain : « Car », dit l'apôtre, « qui parmi les hommes connaît les secrets de l'homme, sinon la conscience humaine, parce qu'elle est dans l'homme? » (1 Cor. II, 11.) C'est pourquoi la voix terrible retentit au moment où s'est achevé le sacrifice, afin que personne ne s'approche avec irréflexion et témérité de la grande source des grâces.

Dans un troupeau (car rien ne nous empêche d'exploiter encore cet exemple), dans un troupeau, nous démêlons, pour les enfermer à part, les animaux malades; nous les retenons dans les ténèbres, nous leur donnons une nourriture spéciale; nous ne leur permettons ni de respirer l'air trais, ni de se nourrir de l'herbe pure, ni de sortir pour aller boire aux fontaines. Eh bien ! Cette voix du sanctuaire est aussi comme une chaîne. Vous ne pouvez dire: J'ignorais, je ne savais pas que la chose eût des conséquences dangereuses. C'est contre cette ignorance surtout que Paul a tonné. Vous direz peut-être : Je ne l'ai pas lu. Cela vous accuse, loin de vous excuser. Vous venez tous les jours à l'Eglise et vous ignorez un point de cette importance !

(Commentaires sur l'épitre aux Hébreux 17, 4)


© Pour " Parlons d'orthodoxie" par V.GOLOVANOW




Rédigé par Vladimir Golovanow le 19 Février 2010 à 10:20 | 17 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Marie Genko le 21/02/2010 19:30

Cher Vladimir,

J'espère que beaucoup de lecteurs de ce blog s'exprimeront sur le texte du Père Daniel Sysoev.
Merci de nous permettre de le lire grâce à votre immense et fructueux travail.
Il nous faut réfléchir à cette crainte de Dieu, à cet immense respect qui doit nous habiter avant chaque communion.
Le Père Daniel Sysoev a certainement raison de nous enjoindre de rester vigilants, car que peut-il y avoir de plus effrayant que le fait de perdre ce sens du sacré, qui a toujours habité nos églises?
Veillons, car autour de nous chez nos frères séparés, ce sens du sacré semble avoir disparu!
Mais gardons en mémoire que la joie de la Résurrection du Christ est celle qui doit nous habiter chaque jour, et ne tombons pas, par crainte de Dieu, dans un excès de rigueur, propre à éloigner certains d'entre nous de l'allégresse de notre Orthodoxie.

2.Posté par Marie Genko le 23/02/2010 09:31

Cher Vladimir,

Peut-être est-ce la force de la parole d'un prêtre assassiné qui fait taire vos lecteurs?
Car la profondeur du Père Daniel Sysoev, nous contraint tous à entrer en nous-mêmes et à interroger nos consciences.
Je ne peux qu'enjoindre chacun des lecteurs de ce blog à relire ces paroles admirables qui, en ce temps de Carême, sont une source salutaire à nos âmes.

3.Posté par Daniel le 23/02/2010 13:50
La critique du "schmémanisme" est correcte mais a déjà été opérée par le Père Michel Pomazansky, prêtre de l'Eglise russe hors frontière et ancien recteur du séminaire de Jordanville. Jean-Claude Larchet y faisait allusion ici : http://www.orthodoxie.com/2006/09/recension_litur_1.html

L'ennui est que dans l'Exarchat russe de Constantinople, les Père Alexandre Schmemann et Jean Meyendorff sont présentés comme les sommets de la théologie orthodoxe du 20e siècle et font, à mon avis, l'objet d'un culte aveugle alors que tous leurs écrits ne sont pas parfaits et certains méritet une remise en question.

4.Posté par Larissa le 23/02/2010 14:04
@ Daniel
Je suis d'accord avec Vous à 100% à propos du "schmémanisme", devenu presque " chamanisme"

5.Posté par T. Schakhovskoy le 25/02/2010 00:13
Voilà deux textes très riches et particulièrement adaptés à cette période de Carême pascal : merci Vladimir, pour ce beau travail. Les commentaires théoriques ne sont pas ma tasse de thé et je mesure trop mon incompétence pour m’y risquer. En revanche, comme orthodoxe « de base », je voudrais quand même livrer quelques réflexions.
D’abord, faire part de mon étonnement quand j’ai lu, dans l’introduction à la première partie : « En Occident il y a une quasi-unanimité en faveur de la communion fréquente et nous concevons mal que la question puisse faire débat ». Je ne veux blesser personne, mais ce n’est pas du tout l’impression que j’ai. Ce « nous » me paraît exclure une bonne partie des orthodoxes d’origine russe, qui reçoivent la communion « plusieurs fois par an, en écoutant la voix de sa conscience, et en tout cas avant Pâques », comme le leur ont appris leurs parents – qui prenaient la confession très au sérieux et n’étaient pas, je pense, de plus mauvais chrétiens que ceux d’aujourd’hui.

Il me semble que la pratique de la communion hebdomadaire est, quand même, avant tout un usage catholique, que l’on doit s'efforcer de comprendre et de respecter chez les convertis venus de cet horizon, en fonction des besoins spirituels de chacun (je sais que, dans certaines paroisses, on les laisse se présenter plusieurs mois sans confession préalable). Mais il me paraît tout aussi juste de considérer que ce n’est pas notre tradition et l’énoncé des diverses dérives telles que les présente le P. Syssoev est suffisamment éloquent pour ne pas vouloir en faire une règle générale. A trop vouloir trop régenter les consciences, on risque de ne laisser aucune place aux élans de repentir et à la spontanéité des fidèles, et cette tendance me paraît bien éloignée de l'orthodoxie que l’on m’a enseignée, celle qui se veut proche du pécheur et de la souffrance, pleine de douceur et d'humanité, prête à accueillir celui qui s'approche "avec foi et crainte de Dieu ». .. et peu importe qu'il n'ait pas jeûné le mercredi précédent du moment qu'il est à jeun devant le calice.
Je ne crois pas avoir eu affaire à des prêtres particulièrement laxistes tout au long de ma vie, et cela dans toutes les "juridictions" que j’ai pu connaître. Pourtant, jamais aucun d’eux ne s’est permis de telles pressions. Leur délicatesse et leur respect se sont avérés bien plus efficaces que tout rappel à l’ordre…
A certaines périodes de sa vie, on communie plus souvent, à d’autres un peu moins et cela me paraît sain et normal : dans le cours d'une année, chacun de nous vit mille vies, si je puis dire, confronté à toutes sortes d'épreuves, de rencontres, d'émotions, de tribulations physiques et psychiques, mais aussi à des périodes plus sereines. La confession/communion exige un élan de tout l'être, accompagné d'un vrai travail sur soi - autant dire que nous sommes bien indignes, pour la plupart d’entre nous, pécheurs que nous sommes, de la recevoir, plus encore à date fixe et répétée... Seule la bonté de nos prêtres et l’indulgence infinie du Seigneur nous permet de goûter un réconfort que nous ne méritons guère la plupart du temps.


6.Posté par Marie Genko le 25/02/2010 10:35

Merci, Tamara, pour ce magnifique commentaire, qui remue nos cœurs et nos souvenirs, car c'est bien tels que tu les décris, que nous ont été enseignées les règles du respect de la communion par nos parents.

Et, comme tu l'écris:

"Seule la bonté de nos prêtres et l'indulgence infinie du Seigneur nous permet de goûter un réconfort que nous ne méritons guère la plus part du temps."

7.Posté par Francodeport le 25/02/2010 14:24
Lors de la cène, Jésus n'a pas hésité à communier avec Judas (en toute connaissance de cause).

Jésus n'aurait sans doute pas été un bon prêtre orthodoxe selon Daniel Sysoev, ou bien peut-être n'ont-ils pas la même profondeur ?

8.Posté par Marie Genko le 25/02/2010 18:10

@Francodeport

Chez nous, les Orthodoxes, nous avons un profond respect des défunts!
Il n'est donc, ni admis, ni convenable, de parler des défunts autrement qu'EN BIEN!!!!

Il ne me semble pas respectueux de parler d'un prêtre assassiné, comme vous le faites.
Pardonnez-moi de vous en faire la remarque, mais je vous le dis comme je le pense.

9.Posté par Daniel le 25/02/2010 20:44
Francodeport étant sans doute peu coutumier des offices orthodoxes, je lui citerai l'hymnographie des matines du Jeudi saint après le triple alleluïa qui dit : "A l'heure où les glorieux disciple, aux baptistères de la Cène furent tous illuminés, Judas le prévaricateur, pressé par la fièvre de l'argent , au même instant dans les ténèbres s'enfonça". Ce chant indique que Judas a donc communié non pour son profit mais pour sa condamnation; Saint Paul parle aussi du fait de communier pour sa propre condamnation dans son épître aux Corinthiens :"quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du Corps et du Sang du Seigneur."

Cela indique bien que la communion n'est pas systématique et que certains péchés barrent l'accès à la communion et cela est très net dans la pratique de l'église dès ses premiers jours où seuls assistaient la la liturgie des fidèles, ceux qui communiaient et qui n'en étaient pas empêchés par certains péchés... Une lecture des canons qui réflètent la tradition de l'église montre bien que pour nombre de péchés, les Pères attribuaient des périodes sans communion afin que la personne se repente! Il est donc faux de dire comme vous le sous-entendez que, la communion de Judas justifie de donner la communion à tous et toutes en toute circonstance car l'histoire même de l'Eglise dément cette pratique.

A noter que je réprouve aussi la pratique qui, en se fondant sur Saint Jean Chrysosotome interprété drôlement à mes yeux, affirme qu'à Pâques, tout le monde pourrait communier. Saint Jean Chrysosotome ne le dit pas explicitement dans son homélie et je n'e trouve aucune confirmation dans d'autres sources notamment les canons, qui, je pense auraient précisé, qu'il y avait cette exception pour Pâques.

10.Posté par vladimir le 25/02/2010 22:46
Ah cher Daniel! Votre explication sur le danger d'une communion indigne, avec la comparaison à Juda, est parfaite.
Par contre à qui s'adresse votre dernier paragraphe? Est-ce la décision patriarcale dont je parle au début de la 1ère partie que vous désapprouvez?

Et je ne suis pas tout à fait d'accord avec Marie: Francodeport n'attaque pas le p. Daniel mais critique une de ses thèses. Et cela est parfaitement normal: tous les défunts n'ont pas toujours raison! Ceci dit, je n'ai pas bien saisi le sens de la critique: Jésus aurait-il du écarter Juda de la communion avant même qu'il ne commette un pêché? Cette communion n'était-elle pas, au contraire, une incitation à faire ce qu'il avait à faire car cela seul pouvait permettre la glorification du Sauveur?

11.Posté par Daniel le 26/02/2010 09:54
Je présente mes excuses à Francodeport pour la sécheresse de mon ton avec je cite : "Francodeport étant sans doute peu coutumier des offices orthodoxes". Je le prie de bien vouloir m'en excuser.

Effectivement, je critique la décision du Patriarche Kirill de donner la communion sans confession pour Pâques. Mais il n'est pas le seul à le faire car dans la paroisse géorgienne Sainte Nino, j'ai entendu dire que cela avait déjà eu lieu.

12.Posté par Francodeport le 26/02/2010 11:32
Bonjour Daniel, Vladimir, et Marie,

Je vous remercie Daniel d'avoir rétabli le dialogue.
Je ne cherche à blesser personne et surtout pas à manquer de respect à quiconque.

Savez-vous qu’elle est le plus méchant mot de la langue française ?

C’est la 3e personne (le « il/elle/eux »). Que l’on parle d’ailleurs en bien ou en mal de cette personne. En mal on comprend facilement : la personne est mise sur le même plan qu’un objet, la relation/discussion/communion lui est interdit. En bien, le piège est plus subtil. Lorsque Ulysse aborde l’île de Thassos, les sirènes chantent sa gloire, comme s’il était déjà mort. C’est si agréable si fascinant que ceux qui écoutent ne peuvent plus continuer leur chemin et échouent sur cette île.

C’est sans doute pour cela que Jésus ne refuse pas la communion à Judas : s’il l’avait « excommunié », Judas aurait eu une bonne raison de le livrer. Il lui aurait en quelque sorte rendu la pareille. Au contraire Jésus accepte la communion, il le place à sa table en face à face, il ne coupe pas la relation. Il n’oppose pas un « moi/nous » à un « lui/eux ».

Le respect c’est de toujours porter chaque personne en soi comme un interlocuteur valable auquel on s’adresse par un « tu/vous »

Judas fait partie de l’humanité comme nous tous.
Je ne pense pas qu’on puisse départir cette humanité. On communie au même monde. Moïse bien qu’il n’eût pas désobéi à Dieu comme le reste du peuple ne put lui non plus entrer en Terre promise.

Certains d’entre nous paraissent infâmes, d’autres saints. Nous tombons dans nos vies. Qui sait ce que nous serions dans d’autres circonstances ?

13.Posté par vladimir le 26/02/2010 14:25
La décision de Sa Sainteté Cyrille a bien entendu donné lieu à un débat en Russie sur le thème "on ne peut pas faire communier n'importe qui" avec des phrases comme "et si une personne veut communier en état d'ivresse?". Les réponses ont tourné autour de trois arguments:

1/ St Jean Chrysostome est très clair: "La table est préparée, goûtez-en tous; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté. Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. (Homélie pascale)" Il appelle bien tous à communier et il faut, à tous le moins, que ceux qui le souhaitent le puissent…

2/ Économie: la règle en Russie voulant une confession systématique avant chaque communion, il y a une impossibilité matérielle: s'il y a entre 250 et 300 000 fidèles qui se rendent à l'église à Pâques (chiffres fournis par la police), cela fait prés de 200 personnes par prêtres (il y a 1226 prêtres dans le diocèse de Moscou d'après http://www.mepar.ru/eparhy/)è. La communion systématique est donc physiquement impossible et c'est cette règle là que le patriarche assouplit exceptionnellement.

3/ Sans confession ne veut pas dire sans discernement: le prêtre peut et doit s'assurer que le communiant s'est convenablement préparé, ce qui inclut la nécessité d'une confession proche. Cela rejoint l'appel de certains prêtres' que je citais au début de mon texte, demandant à leurs paroissiens habituels de laisser la place en confession aux communiants occasionnels. Cela ne leur interdit pas de communier à Pâques pour autant!

14.Posté par Daniel le 26/02/2010 22:32
Saint Jean Chrysostome dit : "La table est préparée, goûtez-en tous; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté. Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. (Homélie pascale)"

De façon explicite, il ne cite pas la communion. Je note qu'il parle de "veau gras". S'il pensait à la communion, ne parlerait-il pas plutôt d'agneau? Le veau gras m'évoque la parabole du fils prodigue pour lequel le père fait tuer un veau gras. On peut goûter au banquet spirituel, au banquet de la foi, sans communier, en se réjouissant sprituellement de la résurrection du Christ. C'est du moins comme cela que je le comprends...

D'ailleurs, même s'il faisait allusion à la communion, cela veut-il dire que tout un chacun puisse communier, même une personne impénitente ayant commis de graves péchés? En temps normal, elle communierait pour sa condamnation et là, exceptionnellement, à Pâques, tout aussi pécheresse et impénitente, elle ne communierait pas pour sa condamnation alors que Pâques ou pas le corps du Christ est le même? Je suis franchement sceptique.

Concernant la pratique de se confesser avant de communier, dans son manuel de la confession, Saint Nicodème conseille d'aller se confesser quelques jours avant la communion et non pas le jour même ou la veille, afin d'avoir le temps d'accomplir une épitimie au besoin. Il insiste aussi sur la nécessité de prendre son temps pour se confesser. J'avoue qu'en la matière la pratique de la confession au plus tôt la veille de la communion n'aide pas vraiment. Le dimanche matin avec la file assez longue de gens qui viennent se confesser, et le prêtre qui va et vient entre la proscomédie, les confessions... ça force à faire les choses un peu à la va vite... Mais j'ai cru comprendre qu'en Moldavie, vu l'affluence, certains prenaient rendez-vous avec le prêtre pour des confessions en semaine. Cela me semble correct et possible.

15.Posté par Francodeport le 27/02/2010 08:50
On peut lire cette homélie sur le site de la paroisse orthodoxe francophone de Genève.

"Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité! Que tout serviteur fidèle entre joyeux dans la joie de son Seigneur!

Que celui qui s’est donné la peine de jeûner reçoive maintenant le denier qui lui revient! Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire! Si quelqu’un est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces! Si quelqu’un a tardé jusqu’à la sixième heure, qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien! S’il en est un qui a différé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter! S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier. I1 admet au repos celui de la onzième heure comme l’ouvrier de la première heure. Du dernier il a pitié et il prend soin du premier. À celui-ci il donne; à l’autre il fait grâce. Il agrée les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté. Il honore l’action et loue le bon propos. Ainsi donc, entrez tous dans la joie de votre Seigneur et, les premiers comme les seconds, vous recevrez la récompense. Riches et pauvres, mêlez-vous, abstinents et paresseux, pour célébrer ce jour. Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourd’hui. La table est préparée, goûtez-en tous; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté.

(...)

16.Posté par T. Schakhovskoy le 27/02/2010 13:12
@Daniel
"Mais j'ai cru comprendre qu'en Moldavie, vu l'affluence, certains prenaient rendez-vous avec le prêtre pour des confessions en semaine. Cela me semble correct et possible".
Pas besoin de chercher ses références en Moldavie ou dans les manuels, cher Daniel ! Un peu de bon sens et un minimum de politesse envers notre clergé si dévoué devraient suffire à nous faire agir de la sorte. Je voudrais aussi rappeler que prendre rendez-vous avec son confesseur se pratiquait couramment dans l'émigration (cf notamment à Paris le Père Alexandre Tourintzeff (1896-1984) ... et certainement bien d'autres).
Quant à l'usage de la confession le samedi, avant ou après l'office vespéral, il était quasi général (souvenirs d'enfance à Genève, paroisse Hors frontières, années 1950-1960... et certainement dans bien d'autres paroisses).
Il était évident pour les paroissiens réguliers que le peu de temps disponible le dimanche pendant l'office devait être réservé aux personnes de passage et aux confessions "en urgence" et je me souviens très bien qu'on considérait cela comme plutôt "mal élevé"... Cela paraît presque comique aujourd'hui, où les longues files dominicales que vous décrivez sont devenues la norme, ou presque.
Pourtant, nous n'avons pas à juger cette pratique qui permet notamment de ramener peu à peu au bercail un plus grand nombre de personnes peu habituées à la discipline de l'Eglise, ou simplement désorganisées, ou encore, en proie à une crise spirituelle profonde. D'ailleurs, même les "piliers d'église" portent le poids de leurs péchés et connaissent des moments d'angoisse, dans un monde toujours plus brutal et vide de sens. Seule la foi, quand on la chance de posséder ce trésor, permet de tenir bon dans ce maelstrom de négativité, de discorde et de mensonge. Que Dieu nous aide !


17.Posté par vladimir le 26/12/2011 19:43
Interfax (relayé par Orthodoxie.com) donne les résultats d'une curieuse enquête sur la fréquence de la communion parmi les Orthodoxes. Avec des données plus sérieuses cette étude serait intéressante mais, comme souvent avec l'institut "Sreda", considéré comme proche du patriarcat, il n'y a aucun information sur l'échantillon, sauf qu'il s'agirait d'une couverture nationale, et il n'est en particulier pas dit comment sont définis ces "Orthodoxes". Les résultats de cette étude apportent toutefois des éléments à notre débat:

- 43% des sondés n'ont jamais communié, 53% ont communié au moins une fois dans leur vie, 4% n'ont pas su répondre… Il semble que ce soit un sondage suivi et Interfax précise que sur les 3 dernières années le nombre des Orthodoxes qui ne communient jamais diminue… mais ne précise pas de combien.

- 30% des Russes orthodoxes communient au moins une fois par an (donc ceux qui communient plus rarement représentent 23%) et ce nombre croit depuis 3 ans…

- Parmi eux 6% communient plusieurs fois par an mais pas chaque mois et 2% au moins une fois par mois, soit 8% au total. J'en conclu arithmétiquement que 22% ne communient qu'une foi par an (pratique connue de l'unique communion à Pâques ou durant le carème…)

Comme on voit, le débat sur la "communion fréquente", pourtant virulent sur Internet, ne concerne pas grand monde…

Source: http://www.interfax-religion.ru/print.php?act=news&id=43479 / http://www.orthodoxie.com/2011/12/russie-les-orthodoxes-et-la-communion.html

Voir aussi: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/FREQUENCE-DE-LA-COMMUNION-1ere-partie_a756.html?com

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