GUERRE EN UKRAINE: À PARIS, LES REPRÉSENTANTS CATHOLIQUE ET PROTESTANT INTERPELLENT L'ORTHODOXIE RUSSE
Les représentants de la Conférence des Evêques de France et de la Fédération protestante de France devaient initialement rencontrer le père Maxime Politov, recteur de la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte-Trinité à Paris.,

Les représentants de la Conférence des Evêques de France (CEF, catholiques) et de la Fédération protestante de France (FPF) ont interpellé jeudi le patriarche de Moscou Cyrille , dans des courriers apportés en main propre au clergé de la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte-Trinité à Paris.

Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, et François Clavairoly, président de la FPF, ont remis deux courriers dans lesquels ils s'adressent au patriarche de Moscou Cyrille, ont-ils fait savoir à la presse. Ils devaient initialement rencontrer Maxime Politov, recteur de cette cathédrale, mais ce dernier "a refusé de les recevoir" et les lettres ont finalement été remises à un prêtre de l'église, a précisé la FPF.

Une "interpellation du patriarche de Moscou"

Avec ses cinq bulbes dorés, la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte-Trinité à Paris, dont la construction a été financée par la Fédération de Russie, inaugurée avec faste en 2016 en présence du patriarche Cyrille, est le centre de l'Exarchat (circonscription) d'Europe occidentale du patriarcat de Moscou.

La démarche de la CEF et de la FPF se voulait avant tout une "interpellation du patriarche de Moscou" sur "l'importance du sens de sa responsabilité dans ce conflit", avaient souligné les deux organisations dans un communiqué commun.

Dans sa lettre adressée "au patriarche de Moscou" et transmise à nos confrères de l'AFP, François Clavairoly le prie de "prendre la parole", eu égard à sa "responsabilité spirituelle", "auprès de ceux qui peuvent l'entendre, dans l'Eglise et dans [son] pays".

Soulignant que "la guerre ne peut en aucun cas être justifiée par l'évangile de Jésus-Christ", le pasteur attend du patriarche "une voix prophétique pour que la Russie ne soit pas un pays de terreur (...) à l'égard de ses voisins".

Soutien du patriarche Cyrille pour l'intervention russe

De son côté, dans sa missive, qu'il n'a pas souhaité rendre publique, Eric de Moulins-Beaufort entend le sensibiliser, "fraternellement, sur le rôle historique qu'il peut jouer", a-t-il indiqué. "L'Eglise chrétienne ne devrait être que pour travailler pour la paix" et "non pas pour encourager la guerre".

"L'histoire et la foi chrétienne nous apprennent qu'on ne peut pas transformer la guerre entre deux identités politiques en guerre entre 'le bien et le mal'", a-t-il encore affirmé.

Le patriarche Cyrille, chef de la puissante Eglise orthodoxe russe depuis 2009, soutient depuis le début l'intervention russe. Il a qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de "forces du mal" qui veulent briser l'unité historique entre les deux pays.

Les orthodoxes en Ukraine sont divisés.

Une partie (la majeure partie des fidèles) se revendique de l'Eglise orthodoxe indépendante ("autocéphale") d'Ukraine, reconnue comme telle en 2018 par le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, le plus prestigieux dignitaire des Eglises orthodoxes. Une autre est fidèle au Patriarcat de Moscou; pour autant, plusieurs membres du clergé sous tutelle russe ont pris leurs distances avec Moscou ces derniers jours dans le pays.

H.G. avec AFP

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 10 Mars 2022 à 22:00 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Boris le 11/03/2022 09:14
«Maxime Politov, recteur de cette cathédrale, "a refusé de les recevoir" et les lettres ont finalement été remises à un prêtre de l'église… »

étrange refus de se rencontrer. tout récemment, le métropolite Hilarion était à Paris et a rencontré des cardinaux et le nonce

2.Posté par Hai Lin (Buenos Aires) le 11/03/2022 13:05
@Boris No 1.

Je vous remercie de votre brève intervention si perspicace.

À ce que je sache, le Métropolite Hilarion ne rencontra point l'Archevêque de Paris, le siège archéprimatial étant vacant, vu le départ forcé de Monseigneur Petit au mois de décembre.

Par contre il a été reçu à la Nonciature par le Pro Nuncio, Monsignore Miliore, le grand spécialiste du Saint Siège en matières slaves.

À vrai dire le Père Maxime en refusant de rencontrer la haute délégation oecuménique a fait preuve d'un manque de délicatesse et de bienséance. Ne pensez pas que son refus n'a pas été tout de suite communiqué à Rome et au Quai d'Orsay. En faisant ce qu'il a fait, il s'est rendu sa vie en France plutôt compliquée.

Je vous souhaite une bonne journée.

Hai Lin

3.Posté par N.B. le 11/03/2022 13:18
@Boris
Si ma mémoire est bonne, dans l'IDEE DE CONSTRUCTION de la Cathédrale, les catholiques de France ont joué un rôle très positif et ont accordé leur soutien lors des moments difficiles

4.Posté par Guerre en Ukraine : le chef de l’Eglise orthodoxe russe sous la pression des catholiques et des protestants le 11/03/2022 21:49
Le patriarche Kirill est interpellé par des représentants d’autres Eglises chrétiennes qui lui reprochent son soutien sans nuance à la guerre en Ukraine.

Au dernier moment, le père Maxim Politov, curé de la monumentale cathédrale orthodoxe russe de la Sainte-Trinité, à Paris, ne s’est pas présenté au rendez-vous. Contrairement à ce qui avait été convenu, c’est le père Irénée, un de ses collaborateurs, qui a reçu, jeudi 10 mars, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, et le président de la Fédération protestante de France (FPF), François Clavairoly. La semaine dernière, les deux représentants chrétiens avaient convenu de lui remettre ensemble la lettre que chacun d’eux a écrite au patriarche Kirill, le chef de l’Eglise orthodoxe russe. Leur hôte a promis que ces missives seraient remises à leur destinataire.

L’objectif de cette initiative, indiquait le communiqué de la CEF, était d’interpeller le patriarche « sur l’importance du sens de sa responsabilité dans ce conflit ». « Il faut [l’]aider à remplir le rôle historique qui doit être le sien, l’inviter à remplir son rôle d’évêque du Christ, qui est de préparer la paix », explique au Monde Eric de Moulins-Beaufort. Les dernières homélies de Kirill ont été à l’origine de cette initiative conjointe, précise François Clavairoly.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : les silences du pape François sur la Russie
Depuis le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, le patriarche s’est illustré par des sermons mêlant religion et politique, dans lesquels il soutient sans nuance l’offensive militaire de Moscou, la parant de couleurs mystico-civilisationnelles. Mercredi 9 mars, il a consacré son prêche à la thèse selon laquelle Russes, Ukrainiens et Biélorusses sont les composantes d’« un seul peuple » que des voisins malintentionnés cherchent à diviser. « Ils sont contre notre unité, contre nos racines spirituelles et donc, qu’ils se disent croyants ou non croyants, ils sont contre la volonté de Dieu », a-t-il affirmé.

***
Trois jours plus tôt, il avait consacré son homélie aux habitants du Donbass qui, en dépit de « huit années de répression et d’extermination », rejettent « les supposées valeurs proposées aujourd’hui par ceux qui prétendent au pouvoir mondial » et dont le symbole est, selon lui, « la Gay Pride » : « Organiser une Gay Pride est un test de loyauté envers ce monde très puissant. » « Ce qui se passe aujourd’hui dans la sphère des relations internationales ne relève pas uniquement de la politique, a-t-il affirmé. Il s’agit de quelque chose d’autre et de bien plus important. Il s’agit du salut de l’homme » et d’une « lutte métaphysique ».

Influence auprès de Poutine

Dès le début de l’invasion russe, Eric de Moulins-Beaufort avait écrit à Hilarion, le métropolite chargé des relations internationales du patriarcat de Moscou, rencontré à Paris quelques jours auparavant, pour « regretter l’agression » et « maintenir la relation avec les Russes ». « Il ne faut pas théologiser la guerre, affirme l’archevêque de Reims. La guerre entre deux entités politiques n’est jamais la guerre entre le bien et le mal. »

En Europe, d’autres autorités chrétiennes se sont également adressées à Kirill. Jeudi, le cardinal Jean-Claude Hollerich, le président de la commission des épiscopats de l’Union européenne, a rendu publique une lettre dans laquelle il « implore » le patriarche « d’appeler les autorités russes à arrêter immédiatement les hostilités contre le peuple ukrainien et de faire preuve de bonne volonté pour trouver une solution diplomatique », et de mettre en place des couloirs humanitaires. Dès le 2 mars, le président de la Conférence épiscopale polonaise, Stanislaw Gadecki, avait demandé à Kirill d’user de son influence auprès du président Vladimir Poutine pour exiger la fin de la guerre et le retrait des soldats russes. L’épiscopat suisse a fait de même lundi.

Ioan Sauca, le secrétaire général par intérim du Conseil œcuménique des Eglises, une institution qui réunit de très nombreuses Eglises chrétiennes (mais pas l’Eglise catholique), a également écrit au patriarche pour lui demander d’intervenir auprès des autorités russes afin de faire cesser les combats. « Ce qui serait très attendu, précise François Clavairoly, c’est une déclaration conjointe du Vatican et du Conseil œcuménique des Eglises. » Une telle initiative situerait le Saint-Siège au diapason des épiscopats européens les plus mobilisés.

Le MONDE
Publié aujourd’hui le 11 mars à 11h44,
Cécile Chambraud

5.Posté par Tchetnik le 12/03/2022 07:34 (depuis mobile)
Le même "évêque de Reims" qui avait approuvé l'attaque otanienne sur la Serbie.

6.Posté par Guillaume le 12/03/2022 15:59
Je constate la désinformation totale sur les discours du Patriarche Kirill, présenté comme un fauteur de guerre.

7.Posté par Arnould le 12/03/2022 17:55
@ Tchetnik
Vérifiez un peu votre chronologie: sans vouloir défendre l'actuel archevêque, pour des raisons ne relevant pas de vos accusations, il n'est à Reims que depuis 2018!!

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! Matthieu 5:9

8.Posté par Arnould le 12/03/2022 18:00
@ Guillaume
Il n'est pas un "fauteur de guerre", puisqu'il n'est pas au pouvoir, mais il est complice ou "soumis" au fauteur. Pas un mot de sa part pour demander à M. Poutine de stopper ses crimes, mais, par contre, des "justifications”.
" Et surtout, le vrai chrétien ne confondra pas les esprits, ni les personnages du récit historique européen (dont il fait lui-même partie), en ne distinguant pas les victimes de leurs agresseurs. Car le vrai chrétien possède la clarté et l’imagination morale, la sagacité spirituelle, en étant capable de discerner entre ce qui est permis et ce qui est utile, entre ce qui est possible et ce qui est interdit, entre ce qui est obligatoire et ce qui est facultatif ou entre un primat authentique et digne de l’Église du Christ et un primat qui est moralement et chrétiennement déshonoré par une complicité cynique avec les choses les plus hideuses que l’homme sans Dieu est capable de commettre : la guerre de conquête, la terreur, la torture et le meurtre de masse de personnes que le Christ nous a gentiment ordonné d’aimer comme nous-mêmes, de ne pas écraser sous la botte lourde et envahissante de la mort."
https://orthodoxie.com/le-vrai-chretien-contre-le-chretien-imagine-face-a-lhorreur-de-la-guerre/

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! Matthieu 5:9

9.Posté par Tchetnik le 13/03/2022 08:11 (depuis mobile)
@Arnould
Il est héritier de l'évêché de Reims. Et de ses prises de positions. Inutile de pilpouler. Rien à dire sur les 8 ans de persécutions "ukrainiennes" du Donbass? Un peu tard pour découvrir que la guerre tue...

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