Gueorguy: Nice, un début de synthèse
"P.O". croit bon de poster en tant que texte ce commentaire envoyé par Gueorguy que nous remercions.

@Chestov

Vous nous interpellez une deuxième fois avec, nous n’en doutons pas, l’expression d’un agacement ou d’un reproche que l’on peut formuler ainsi : « N’avez-vous pas honte, vous qui vous réclamez du message de l’Evangile, de vous livrer à de telles disputes pour de telles futilités ». Vous amenderez, si vous le jugez juge utile, cette introduction.

Je pense que l’on ne peut pas laisser CHESTOV sans réponse et, surtout, il faut le rassurer sur quelques points essentiels. Je pense que les discussions qui ont lieu, ici, par exemple, sont, en général, d'un bon esprit et, surtout, je crois, conservent cette règle essentielle qui se résumerait par cette devise:"Le débat d'idée: Oui! Le combat de personnes: NON!".

I - L'affaire de Nice, comme d'autres (mais admettons que celle-ci soit plus tendue) révèle des problèmes qui n'ont pas encore été résolus.

Je pense, principalement aux questions de la diaspora. Sur cette affaire, j’admets volontiers que, les passions aidant, les écarts ne sont pas absents et qu’il y a encore à craindre des débordements. En cela vos observations, cher Chestov, sont tout à fait à-propos.
Mais, sur le fond, on ne peut pas éluder, camoufler des débats si les uns ou les autres pensent avoir à dire quelque chose à leur sujet. Je ne veux citer qu’un exemple : je me place volontiers dans le camp des détracteurs (je ne crois pas être le seul !) des positions énoncées par Hiéromoine Nicolas et par Vladimir sur leur interprétation du Canon 17 de IV-Chalcédoine ; plus exactement sur l’application de ce canon au cas de Nice. Mais je puis vous assurer que ma reconnaissance leur est acquise de nous proposer ce débat avec sa teneur tant en substance qu’en qualité.

En un mot, cher Chestov, il ne faut pas craindre ce débat, il est même indispensable. Si en plus, il peut concourir à faire émerger des solutions, c’est son absence qui nous serait imputable.Mais, sans prétendre jamais atteindre la sagesse de ceux qui sont cités ci-dessous

II - Je veux prendre trois exemples pour illustrer mon assertion :

1/ A de nombreuses occasions, j'ai cité le site (1) diffusant les livrets produits à la suite des émissions radiophoniques enregistrées par le père Cyrille Argenti. On peut faire une mention particulière de ceux consacrés à la préparation, la tenue et le contexte des conciles œcuméniques qui produisirent les canons de l'Eglise.

Je peux vous assurer que vous pouvez y découvrir que tout ne s'est pas passé "avec la fleur sur le fusil". Des débats très houleux se tinrent (si ce n'est pire ! Et heureusement, je pense que nous ne connaîtrons pas cela, même à Nice), des procédés pas toujours honorables furent employés mais comme l’écrit le père Cyrille lui-même :
« L'Esprit Saint parvient à frayer son chemin à travers toutes les querelles […] »,

2/ On fait souvent référence au concile de Moscou. Je peux vous proposer cet extrait des mémoires de Mgr Euloge que j’ai déjà du citer et qui illustre que de biens orageuses discussions – on n’hésitait pas à employer le terme « odieux », on évoquait des « désordres » - peuvent émerger de biens sages dispositions :

« La "gauche", c'est-à-dire les professeurs laïcs des académies théologiques et les prêtres "libéraux", était contre le patriarcat. On parla de nouveau, comme à la commission préconciliaire, de l'odieux principe monarchique, du pouvoir totalitaire dont la Révolution nous avait libérés - ce n'était pas pour y revenir ! On retrouvait toujours le même libéralisme invétéré des intellectuels : une fidélité à des idées abstraites qui ne tenait pas compte des faits et de la réalité historique. Il y eut des discussions sans fin. Cependant, il faut le noter, les adversaires du patriarcat n'étaient pas accueillis favorablement dans les réunions. Bientôt, les désordres forcèrent bon nombre d'entre eux à changer leur façon de penser et à prendre la défense du principe autocratique dans la direction de l'Église. »
Mgr EULOGE – Le chemin de ma vie – page238

3/ Le troisième exemple est, en quelque sorte, une meilleure réponse que celle que je ferais à Chestov et me vient de la citation de l’introduction d’un article du père Alexandre Schmeman, proposé sur le site de l’Exarchat (2) :

« On ne peut être plus clair. Et c’est pourquoi le seul respect que nous avons pour la personnalité de l’auteur exige de nous que nous nous montrions attentifs aux arguments qu’il apporte et que nous tentions de poser et de traiter la question sur le fond. Il ne s’agit pas de polémique. Ou bien le père M. Polskiï a raison et alors, persuadés par lui, ceux-là mêmes qui ont pensé différemment jusqu’à présent, doivent accepter ses conclusions et régler sur elles leur vie ecclésiale ; ou bien il a tort, mais alors il ne suffit pas de le dire : il faut essayer de monter en quoi consiste son erreur. Le relativisme n’a pas sa place dans l’Église. Et le fait que tant de gens de nos jours n’accordent guère d’importance à la question de l’organisation ecclésiale, la considèrent comme une affaire secondaire ne concernant que l’épiscopat, est révélateur d’une profonde maladie, d’une désecclésialisation (rastserkovlenie) de la conscience ecclésiale. Il ne saurait y avoir plusieurs manières différentes également recevables de comprendre l’Église, sa nature, ses tâches et son organisation. »

III -Cette dernière citation est une recommandation admirable du père Alexandre qui a déjà été proposée plusieurs fois.
Puisse-t-elle servir aussi de réponse à Chestov. Qu’il accepte que toutes questions peuvent, doivent même, être largement débattues. Je lui concède volontiers avec le même respect qu’avait le père Alexandre pour son détracteur. Ce quin'empêchait nullement de mettre en cause un certain "relativisme".
L’occasion se présente à moi, puisque notre discussion a lieu dans la file de discussion relative au communiqué n°17 de l’OLTR , de rappeler combien, réellement, je désapprouve l’ostracisme absolu auquel doivent faire face autant les positions et les communications de l’OLTR que celle de son président, dans des médias qui se veulent pourtant une référence dans l’orthodoxie en France.

Je suis absolument convaincu que ce boycott est à l’exact opposé des préconisations, par exemple, citées plus haut, du père Alexandre.

Que craint-on, enfin, à faire partager ces opinions ? De devoir reconnaître que si les réflexions de Séraphin Rehbinder (à titre personnel ou en tant que président de l’OLTR) ou les recommandations de cette association d’étudier et de mieux prendre en compte les propositions formulées par sa Sainteté le Patriarche Alexis dans son immense message d’Amour, d’Espoir et de Réconciliation avaient été mieux entendu, il n’y aurait pas, aujourd’hui d’Affaire de Nice ?

Et Chestov serait ravi. Pourquoi ne pas lui offrir cette joie ?

Et pour finir, l’occasion, pour moi, est offerte de citer deux activités (3) qui, malheureusement, se téléscopent (imputons cela seulement à des calendriers surchargés et, aucun cas, à une quelconque « concurrence ») ce dimanche:
- Le dimanche de la Voix de l’Orthodoxie,
- Le Concert de l’ensemble Chersonèse.
Je vous souhaite un bon dimanche.

Gueorguy
...........................................................
(1)
ICI
ICI
ICI

(2)

(3) Je n’ai pas, sous la main les liens utiles, mais on les trouvera, entre autres, sur les bons sites.


Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 18 Novembre 2011 à 22:01 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 20/11/2011 19:05
Bien cher Gueorguy

Je suis désolé d'avoir incité nos modérateurs à consacrer un fil à votre texte. Mais je trouve que vos réflexions dépassent largement le cadre de la réflexion du communiqué de l'OLTR et de la malheureuse affaire de Nice. Votre plaidoyer en faveur du débat civilisé, dont le but est de faire progresser la réflexion de chacun et non de polémiquer pour convaincre la galerie ou se faire plaisir, me semble très important et approprié dans notre situation.

En effet, nous avons besoin d'approfondir notre réflexion sur un grand nombre de problèmes en suspens, de la relations avec les catholiques au calendrier et de la préparation du concile à la fréquences des communions par exemple. Les références que vous citez sont particulièrement intéressantes et pertinentes et j'espère qu'elles inspireront nos commentateurs.

Encore un grand merci pour cette contribution au débat…

PS: je voudrais bien savoir pourquoi vous pensez que le canon 17 de IV-Chalcédoine ne s'applique pas à Nice...

2.Posté par chestov le 22/11/2011 07:44
Cher Gueorgi,
Merci pour votre long post. Je ne suis pas contre le débat d’idée, bien au contraire mais il y a une différence notoire entre un débat d’idée et d’entretenir une discorde dans un débat de vaines paroles.

Vous me parlez du problème non résolu de la diaspora. Je trouve que plutôt qu’un problème, c’est une chance pour l’Eglise en France par exemple, c'est la première fois dans l'histoire qu'il y a une rencontre de l'orient chrétien et de l'occident chrétien dans un contexte pacifique par ce que avant c'était les croisades, c'était les guerres de religion même si cela n'a pas touché l'orthodoxie. Les croisés qui sont venus en Orient ont intronisé leur juridiction latine etc. alors que là il y a eu une rencontre d'une orthodoxie d'immigré, puisqu'au début des années 20 il y a eu deux émigrations concomitantes : les grecs d'Asie mineure avec les déplacements de population, par l'état Turc, ils ont été chasser et il y en a beaucoup qui sont venus s'installer en France et puis l'émigration russe, c'était donc des conditions idéales pour fonder une église pourquoi ?

Par ce que c'est la première fois depuis le 4e siècle que l'église n'est pas église d'état, une église totalement pauvre, avec de personnes dont personne n'avait besoin, la première vague d'émigration, les russes ne savaient pas très parler français, ils étaient chauffeur de taxi, ou travaillaient dans les usines Renault, bref c'étaient les émigrés d'aujourd'hui, sauf qu'il avait parmi eux pas mal d'intelligentsia et donc la rencontre d'une église qui pour la première fois, qu'est-ce qu'ils leur restaient, et bien ils leur restaient que leur foi, ils avaient perdu leur patrie, et ils étaient libre totalement libre, personne n'avait besoin d'eux et il ni avait pas de poids ni sociologique ni politique, ils étaient là, liberté totale et disponibilité totale et c'était des conditions idéal pour un renouveau de l'église, car pour la première fois depuis le 4e siècle, l'église n'est que église, elle n'est pas russe ou grecque, elle n'est pas politique, l'état ne s'occupe pas d'elle et puis le deuxième point c'était la rencontre avec l'occident, l'occident des lumières, intelligente tel que nous le connaissons, le christianisme occidental, avec les protestants, les catholiques et puis le monde sécularisé tel qui l'est maintenant et les orthodoxes actuels sont très heureux de vivre dans cette société sécularisé et nous avons actuellement une énorme responsabilité vis à vis de nos églises mères par ce que après 80 ans de régime que vous connaissez en Russie et après 45 ans dans les autres pays,
il y a là actuellement un réveil, bien sur toutes ces églises ont été coupé d'une théologie libre et d'une tradition vivante et donc actuellement des contacts s'établissent pas toujours d'une manière facile par ce que ces églises sont très souvent lié au pouvoir, depuis le 4e siècle l'église orthodoxe n'a pas de modèle de relation église/état sauf l'ancien modèle de la symphonie byzantine qui a été imité en Russie, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce jusqu'à présent la constitution est écrite au nom de la sainte trinité ! mais de + en + les théologiens grec et l' intelligentsia qui n'a pas encore quitté l'église car un bon nombre de cette intelligentsia est simplement sociologiquement orthodoxe, ils ont quitté l'église comme partout, il y a donc là un décapage, et un renouveau qui se produit.

Les orthodoxes occidentaux sont extrêmement peu nombreux et en même temps tout à fait responsable puisque le dialogue œcuménique avec les catholiques et les protestants c'est essentiellement de l'occident que c'est parti, précisément de cette rencontre, et puis elles sont responsable vis à vis de leurs églises mères, qui ne sont forcément immédiatement preneuses et on voit se qui se passe dans certain pays où les orthodoxes sont nombreux, en Roumanie par exemple où il y a 18 millions d'orthodoxes (c'est pas 1 religion d'État mais culturellement c'est cela) et donc c'est assez difficile pour des églises comme la Roumanie, la Grèce ou la Russie qui sont chez eux dans leur territoire de se poser la question d'une rencontre de l'orthodoxie et du monde non orthodoxe ou bien de la société sécularisé, en Grèce par exemple la société est complètement séculariser d'une autre façon qu'en France car il y a quand même une orthodoxie sociologique, à Pâques tout le monde est à l'église, ou regarde la messe à la tv, comme le disait un universitaire grec à qui on posait la question s'il y avait des athées parmi les étudiants il a répondu non tous les grec sont orthodoxes mêmes s'ils ne sont pas croyants ! cela veut dire ce que cela veut dire !

C'est très difficile pour eux de ou alors comme en Russie où l'on commence à revivre et puis comme on a aucun modèle on voit que la société n'est plus chrétienne donc on va s'opposer à la société sécularisé or nous en France nous sommes complètement minoritaire donc ce qui donne des facilité de dialogue avec les autres chrétiens, et puis nous n'avons pas ce problème de sécularisme car nous nous opposons pas à une société dite séculariser, d'abord l'orthodoxie n'a pas de poids en France, par ce que s'il y a des tensions c'est par rapport à l'église catholique, l'église historique en France. Voilà grosso modo… mon point de vu.
En Christ, bonne journée
Chestov

3.Posté par Marie Genko le 24/11/2011 10:38
Cher Chestov;

Pour moi les Lumières du XVIIIème siècle ont fait naître la révolution française et tout l'athéisme dont nous souffrons en Occident aujourd'hui....
Le sécularisme dont vous parlez avec admiration, est une approche à peine déguisée pour mettre en place des gouvernements hostiles au christianisme!

Si nous remontons dans l'Histoire de l'Eglise, nous voyons que la Tradition orthodoxe repose sur la création de Patriarcats (Eglises établies localement autour de leur évêque) et ces patriarcats sont initialement au nombre de cinq:

Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.

Le territoire canonique du Patriarche de Rome est actuellement séparé de l'Orthodoxie.
Mais ce n'est pas une raison suffisante pour abandonnner l'espoir de le voir revenir à son orthodoxie première.
Voilà pourquoi les Orthodoxes qui se trouvent sur le territoire du patriarcat de Rome doivent rester fidèles à leurs Eglises mères respectives et donner le témoignage de l'amour et de la fraternité entre les Orthodoxes!

L'ecclésiologie, soutenue depuis fort peu de temps, par certains théologiens du patriarcat de Constantinople et qui consiste à dire que toute la diaspora orthodoxe doit dépendre du Phanar, cette ecclésiologie est loin de faire l'unanimité dans le monde orthodoxe, et nous pouvons voir que les différents patriarcats présents en Occident ne s'y sont pas conformés.

Au contraire, toute la diaspora roumaine, serbe et bulgare est revenue vers l'Eglise mère respective.



4.Posté par Daniel le 24/11/2011 11:20
@ Chestov

De grâce, mettez des interlignes et des paragraphes dans vos textes s'ils sont longs ; un peu de pitié pour nos yeux...

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