Hièromoine Joseph Pavlinciuc: La prière liturgique, une nécessité fondamentale.
Le monastère de Tézè
2 décembre 2017

Hièromoine Joseph Pavlinciuc


La prière liturgique, une nécessité fondamentale. L’épiclèse dans les liturgies orthodoxes des Saints Jean Chrysostome et Basile le Grand

Introduction

La prière liturgique est une nécessité fondamentale pour la vie ecclésiastique et plus largement pour toute la plénitude de la vie spirituelle. Les chrétiens, fidèles et clergé, se réunissent à chaque Liturgie pour rendre grâce au Seigneur, pour partager l’amour divin et pour communier au Précieux Corps et au Précieux Sang de notre Seigneur.

Le terme « liturgie » est composé de deux mots grecs signifiant « action du peuple » ou « action commune ». Λειτουργία / leitourgía, provient de l'adjectif λειτος / leïtos, « publique », dérivé de λεώς = λαός / laos, « peuple » et du nom commun ἐργον / ergon, « action, œuvre, service ».

Il s'agit aussi de l'action de Dieu "pour" le Peuple et, enfin, une action de Dieu et du Peuple réuni au service du Salut du monde. Donc, la liturgie existe pour la gloire de Dieu et le Salut du monde.

Je vais insister sur la présentation spirituelle et pratique de la Divine Liturgie sans entrer dans les détails de l’explication historique, dogmatique et hymnographique.


La problématique

Une des questions cruciales qui s’impose dans cette présentation est consacré à l’essence centrale de la liturgie. Comment se développa-t-il le rituel ? Quel est le but de la Liturgie ? Pourquoi est-il nécessaire d’avoir une vaste préparation pour l’épiclèse ? Comment devrait-on comprendre le message central de la liturgie ?

Dans la liturgie nous collaborons avec le Seigneur dans l’acte mystique de la création. Par la participation à l’eucharistie la communauté devient l’église, le Corps mystique du Christ. La liturgie n’est pas seulement un souvenir du commandement du Christ, mais c’est aussi un contact avec l’éternité, une entrée dans la nouvelle réalité, celle « Règne du Père et du Fils et du Saint Esprit ».

L’origine du rituel

Toutes les formes et les modes de prière sont encadrées pendant la Divine Liturgie dans les rituels saisissants, frappants, captivants ainsi que dans leur aspect psychologique, émotionnel et culturel (littéraire et musical). Une grande partie des rituels ont été adoptés et transformés du culte judaïque, mais il y a des traces du monde païen et surtout grec. Le père Kakhaber Kurtanidze dans son article « Tragédie grecque, Théurgie, Eucharistie "la Naissance de l'Histoire" » insiste et explique comment la Liturgie orthodoxe fut influencée par la tragédie grecque dans tous ses aspects et toutes ses formes. « Les pères fondateurs du rite orthodoxe se sont servi des attributs du théâtre pour transmettre le message salvateur, pour impressionner et captiver la raison et l’imagination des personnes, rassemblées aux offices. La recherche dans ce domaine nous donne la possibilité de bien connaître la constitution, le développement et les particularités du culte orthodoxe » .

Ailleurs, il remarque : « Le rituel devient une activité d'investigation de la vérité : il manipule les objets et les gestes comme la science développe des théories dans le but de "vérifier" et comprendre activement la connaissance "externe". Dans le cas de la liturgie, par exemple, le rituel investit et clarifie les dogmes de l'Eglise, la théorie politique de l'Eglise (i.e. monarque-épiscope-centrisme), et ainsi de suite. Le rituel devient une "source de connaissance". Le "comportement" ritualiste organise le comportement social et les coutumes, ainsi que la foi. Ces deux aspects sont inséparables. En d'autres termes, le "comportement" ritualiste est également organisé par le "comportement social" et la foi » .

Père Georges Leroy, Québec, Canada, entre en polémique avec le père Kakhaber : « En ce qui concerne la Divine Liturgie, c'est la demande d'intervention de l'Esprit-Saint qui transforme radicalement ce qui, au départ, pourrait n'être qu'un mouvement de fraternité. Ce mouvement part de ce qui n’est qu’humain, pour parvenir en la communion avec la plénitude de la divinité : cela va de zéro à l'infini. C'est le meilleur exemple que nous puissions trouver d'une action faite avec le but d'acquérir les dons de l'Esprit-Saint. À ce moment-là, la démarche est totalement AUTRE que tout geste qui se limiterait à une amitié purement humaine. C'est pourquoi la Divine Liturgie n'est pas un spectacle : ce n'est pas une mise en scène accomplie pour plaire à des spectateurs, c'est-à-dire un acte humain fait pour d'autres humains. C'est un acte pleinement divino-humain, qui propulse l'humanité au sein même de la divinité. C'est donc un acte qui est dans son essence, pleinement liturgique, à l'opposé de ce qu'est un spectacle » . >>>> SUITE PJ

Le hiéromoine Joseph Pavlinciuc, diocèse de Chersonèse, a soutenu le 4 décembre 2014 sa thèse de doctorat « La vie monastique pendant la période soviétique : l’exemple de Noul-Neamț » a obtenu la mention « excellent » La soutenance a eu lieu dans les locaux de l’INALCO.

Lire aussi MOLDAVIE : LES RELATIONS ENTRE L’EGLISE ET L’ETAT A L’EPOQUE DE STALINE


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 12 Décembre 2017 à 16:40 | 0 commentaire | Permalien


Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile