Homélie de Mgr Nestor, archevêque de Madrid et Lisbonne: "Le moment où de nombreux cœurs s’ouvrent à la réflexion"
Homélie de Mgr Nestor, archevêque de Madrid et Lisbonne pour le samedi l’Acathiste à la Mère de Dieu

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

Aujourd’hui, vendredi de la cinquième semaine du grand Carême, nous lisons l’Acathiste à la Mère de Dieu. Cet office nous rappelle que la très sainte Mère de Dieu n’accueille pas que nos afflictions et nos faiblesses, Elle nous défend aussi.

Cet office a été établi au cours de la période byzantine de l’histoire de l’Église après que Constantinople a été maintes fois menacée par les invasions des Perses et des Avars. C’est en mémoire de l’un de ces événements qu’a été écrit l’acathiste que nous lisons jusqu’à nos jours. Dans les églises de Grèce, il est lu tous les vendredis du grand Carême et ces offices rassemblent toujours beaucoup de croyants. Aujourd’hui, il nous rappelle comme les peuples chrétiens par le passé honoraient la Mère de Dieu. Elle était pour eux délivrance des malheurs et des dangers — c’est ce que nous rappellent de nombreux noms de villes, dédicaces d’églises, histoires de lieux saints, icônes et autres, et, bien sûr, cet acathiste qui est familier à beaucoup d’entre nous…

Certes nous avons changé notre manière de prier : nous ne passons plus toute la nuit sous les voûtes de l’église restant éveillés sans jamais nous asseoir ne serait-ce qu’un court instant, debout devant l’icône de la très Pure, Lui adressant nos prières comme si en dépendaient notre vie et celle de nos proches. Mais, peut-être, maintenant que nous sommes affrontés à une épreuve à laquelle nous n’étions pas préparés et qui a bouleversé notre mode vie, est-ce justement le moment de repenser notre vie de chrétiens. Est venu le temps de prier, non par habitude, mais à la demande de notre cœur. Même si cette épreuve n’est pas comparable à celles vécues en son temps par Constantinople. Personne ne nous envahit, ne veut nous exterminer les uns après les autres. Mais beaucoup tombent malades et meurent, et tous, sans exceptions, nous en subissons les conséquences et les gênes dans notre vie quotidienne.

Ce qui nous arrive est un événement profond du point de vue spirituel. Comme si le Seigneur voulait nous rappeler ce que nous sommes, ce pour quoi nous vivons. C’est le moment où de nombreux cœurs s’ouvrent à la réflexion. La foi de certains chancellera, la foi des autres se renforcera.

Que la Mère de Dieu sauve Madrid, notre ville, ce pays où nous vivons, qui au sens propre n’est peut-être pas notre mère patrie, mais nous vivons ici, au milieu du peuple espagnol, en un sens, grâce à lui. C’est pourquoi nous prierons ardemment pour l’Espagne, pour son peuple et pour tous nos pays, tous nos peuples qui se trouvent dans cette pénible situation. Cette épreuve peut durer encore un temps mais, lorsqu’elle sera passée, les gens rencontreront de nouvelles difficultés, beaucoup auront perdu leur travail et leurs moyens de vie. Alors ce sera vraiment pour nous tous l’heure de vérité : de quoi sommes-nous capables ? Sommes-nous capables de nous entraider ? Serons-nous capables de faire face ? Mais aussi : sommes-nous capables de prier ?

J’ai, il y a quelque temps, eu l’occasion de voir un reportage sur une maison de retraite dont les résidents sont isolés les uns des autres et de leurs proches. Et on leur a demandé : « À quoi occupez-vous votre temps ? » Les uns répondent « Je lis », les autres « Je regarde la télévision ». Personne n’a répondu « Je prie ». Pourtant, quand on est isolé, quand on risque une maladie mortelle, quand on est au seuil de l’éternité, c’est le moment où la prière seule peut donner à l’homme le courage et le sens de sa vie.

Aujourd’hui beaucoup parmi nous ont plus de temps libre, mais est-ce que nous le consacrons à la prière ? Celui qui ne le faisait pas jusqu’alors peut commencer par dire les prières matinales et vespérales, commencer à lire chaque jour les Évangiles.

Ce n’est, peut-être, pas un hasard si le Seigneur nous a envoyé cette épreuve en temps de grand Carême ? Extérieurement, une chambre à coucher ressemble beaucoup à une cellule monacale, c’est l’homme qui décide à quoi sera consacrée sa vie. Tel se ronge d’impatience et de peur, tel autre trouve la force de rayonner de joie et de remercier Dieu pour ce qu’Il lui accorde.

Amen.

Le février, 2020, Madrid

Traduction "PO"

Время, когда открываются помышления многих сердец. Слово архиепископа Нестора в Субботу Акафиста Божией Матери

Homélie de Mgr Nestor, archevêque de Madrid et Lisbonne: "Le moment où de nombreux cœurs s’ouvrent à la réflexion"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 10 Avril 2020 à 17:24 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Marie Genko le 10/04/2020 22:00
Ce sont vraiment de très belles paroles !
Merci Vladyko, vos paroles s'adressent à chacun de nous et elles nous encouragent à persévérer dans la Prière.
Que le Seigneur vous bénisse, vous aide dans votre lourde tâche et vous ramène aussi souvent que possible parmi vos amis parisiens.
Avec tout mon respect et ma reconnaissance?

Marie

2.Posté par Nicolas des trois saints docteurs le 17/04/2020 18:33 (depuis mobile)
Avec mon fils Maxime nous disons les matines dès le matin, puis l''heure de sexte a 18h, les vêpres, et nous terminons la journée avec le Seigneur par la lecture des petites complies. Vos paroles Monseigneur sont esprit et vie. Elles nous accompagnent.

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