Homélie du 5-ème dimanche du Grand Carême  à la mémoire de Sainte Marie l’Egyptienne
Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui nous avons deux lectures de l’Evangile. La première est la lecture du jour : Marc 10, 32-45 et la deuxième est dédiée à la mémoire de Sainte Marie l’Egyptienne Luc 7, 36-50. Lisons ensembles ces deux extraits de l’Evangile.

L’Evangile de saint Marc nous parle du sacrifice de Jésus Christ. C’est la troisième et dernière fois que Jésus annonce à ses disciples Sa passion : « Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront, ils le tueront et, trois jours après, il ressuscitera ». (Mc.10,33-34) Maintenant nous pouvons pressentir et déjà voir la solitude, l’abandon et la trahison que Jésus va vivre durant ses derniers jours, mais aussi Sa résurrection.

L’Evangile de saint Luc nous parle d’une pécheresse qui « apportant un flacon de parfum en albâtre et se plaçant par derrière, tout en pleurs, aux pieds de Jésus, se mit à baigner ses pieds de larmes ; elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux du parfum. » (Lc.7,38)

Ces deux extraits de l’Evangile, si différents, se complètent étonnamment l’un l’autre : l’un parle de la croix et de la résurrection, l’autre – du repentir et du salut.

Pendant ces jours de grande pandémie mondiale, je me pose des questions, comme vous tous peut-être : pourquoi cette maladie nous frappe-t-elle si fort pendant cette période du Grand Carême ? Pourquoi autant de souffrance et de malheur ? Quelle est le message de Dieu dans tout cela ?

Je lis l’Evangile à travers ces événements que nous vivons. Je prie, je lis, j’essaye de comprendre et de trouver les réponses à mes questions. Je voudrais partager avec vous mes réflexions sur ce sujet.

« Voici que nous montons à Jérusalem… ».

Notre vie est une marche vers la Jérusalem céleste, un chemin long et pénible. Si nous suivons le Christ, notre chemin ne ressemble pas à une promenade agréable, sans effort. Pendant Sa mission Jésus marche toujours, Il marche sans relâche d’une ville à l’autre : « Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids ; le Fils de l’homme, lui, n’a pas où poser la tête. » (Mt.8.20)

Je pense que pendant ces jours d’épreuves que nous traversons tous ensemble, pour certains dans la solitude sans famille, pour certains angoissés et désespérés, malades, pour certains en souffrant la perte d’un proche, ou sans travail, et même sans ressource… nous devons nous souvenir de l’enseignement de l’apôtre Paul : « Portez les fardeaux les uns des autres ; accomplissez ainsi la loi du Christ » (Gal.6,2)

Je crois aussi que notre Seigneur nous invite tous à entrer dès maintenant, comme Lui, dans l’obscurité de la vie humaine, à y entrer et y vivre, non pour souffrir mais pour nous rapprocher le plus près possible du mystère de la croix du Christ, pour que nous puissions tous vivre et agir comme Lui dans ce monde : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime ». (Jn.15.12-13)

Sur ce chemin, il nous faut être tous ensemble dans notre Eglise, avec le Christ Jésus pour pouvoir vivre non pour nous-mêmes, mais pour Dieu et nos prochains, vivre avec ceux qui souffrent, qui sont accablés, vivre pour ceux qui ont besoin de nous.

Le deuxième Evangile nous parle d’une pécheresse, nous lisons cet Evangile à la mémoire de sainte Marie l’Egyptienne, qui est symboliquement proche de cette femme de l’Evangile par son élan de pénitence. Sainte Marie a vécu quarante-sept ans dans un désert de Palestine en imitant la vie du prophète Jean Baptiste. Elle s’est manifestée à la fin de sa vie pour rappeler à ses contemporains et à nous aussi la prophétie : « Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc.1,15)

Sa vie est devenue tout un éloge du repentir.

Je voudrais attirer votre attention sur le chiffre des quarante-sept ans qu’elle a passés dans le désert. Ce chiffre est hautement symbolique car le Grand Carême dure quarante jours, et si l’on ajoute les sept jours de la Semaine Sainte, cela fait en tout quarante-sept jours. Sainte Marie a fait son chemin de repentir, sa propre « quarantaine » pour retrouver le salut en Christ. Pendant ces jours de confinement, nous aussi nous sommes appelés à faire notre quarantaine spirituelle qui dépasse nos quarante-sept jours habituels, faire des efforts de prière ardente et de sincère repentir.

Comme la pécheresse dans la maison d’un pharisien, répandons l’huile odorante et le parfum de nos prières sur les pieds de notre Seigneur. Pour qu’il puisse nous dire aussi comme à elle : « Tes péchés ont été pardonnés <…> Ta foi t’a sauvée ». (Lc.7,48-50)

Amen
Le prêtre Nikolaï Tikhonchuk, paroisse Notre-Dame Joie des Affligés et Sainte Geneviève. Né en Russie, est diplômé de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Tikhon à Moscou et de l'Université de Paris VIII Saint Denis
Homélie du 5-ème dimanche du Grand Carême  à la mémoire de Sainte Marie l’Egyptienne

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 18 Avril 2021 à 01:05 | 0 commentaire | Permalien



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