Ce texte nous a été adressé par Irénée en tant que commentaire. Nous avons préféré en faire un post.

Je voudrais simplement rappeler en joignant ci dessous quelques extraits de ce qui figure dans le document officiel émanant de l'Eglise de Russie et concernant les relations avec les autres Eglises. Juste pour que les choses soient plus claires...
Extraits :
"Néanmoins, tout en reconnaissant la nécessité de rétablir l'unité chrétienne détruite, l'Église orthodoxe affirme que l'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Tous les autres "modèles" d'unité sont irrecevables.
L'Église orthodoxe ne peut admettre la thèse selon laquelle, en dépit des divisions historiques, l'unité de principe, l'unité de fond des chrétiens n'aurait pas été détruite. Selon cette théorie, l'Église coïnciderait avec l'ensemble du "monde chrétien", et l'unité chrétienne existerait par dessus les barrières dénominationnelles, la division des Églises n'affectant que le niveau imparfait des relations humaines. L'Église, affirme-t-on, demeure une, mais cette unité se manifeste insuffisamment dans des formes visibles. Dans ce modèle d'unité la tâche des chrétiens est comprise non comme le rétablissement d'une unité perdue, mais comme la manifestation d'une unité subsistant d'une manière inamissible. Ce modèle répète la doctrine protestante de "l'Église invisible".


Absolument inacceptable et liée avec celle qui vient d'être exposée, est la théorie dite "des branches", qui considère comme normale et providentielle l'existence du christianisme sous forme de "branches" distinctes.
Pour l'Orthodoxie l'affirmation selon laquelle les divisions des chrétiens sont une imperfection inévitable de l'histoire chrétienne, qu'elles n'existent qu'à la surface de l'histoire et qu'elles peuvent être guéries ou maîtrisées moyennant des compromis entre dénominations est inacceptable.

L'Église orthodoxe ne peut reconnaître l'"égalité des dénominations". Ceux qui ont déchu de l'Église ne peuvent lui être à nouveau unis dans l'état où ils se trouvent actuellement; les divergences dogmatiques existantes ne doivent pas seulement être surmontées, mais contournées. Cela signifie que le chemin de l'unité est un chemin de repentance, de conversion et de renouveau.

Inacceptable, également la pensée que toutes les divisions sont des malentendus tragiques, que les désaccords ne paraissent inconciliables que par manque d'amour mutuel et de compréhension, qu'en dépit de toute la différence et de toute la dissemblance il y a une unité et un accord suffisants "sur l'essentiel ". Les séparations ne peuvent pas être ramenées à des passions humaines, à l'égoïsme, ni à plus forte raison aux circonstances culturelles, sociales ou politiques. L'affirmation selon laquelle ce qui distingue l'Église orthodoxe des communautés chrétiennes avec lesquelles elle n'est pas en communion sont des questions d'un caractère secondaire, est tout aussi inacceptable. On n'a pas le droit de réduire toutes les divisions et les désaccords aux seuls facteurs non théologiques.

La division du monde chrétien n'est pas seulement une division dans les formules doctrinales, mais aussi dans l'expérience de la foi. Il faut atteindre à un accord plein et sincère non seulement dans expression formelle de la foi, mais surtout dans son l'expérience même. L'unité formellement confessée dans le credo n'épuise pas l'unité de l'Église, encore qu'elle en constitue l'une des conditions nécessaires.

L'unité de l'Église est avant tout unité et communion dans les sacrements. Mais l'authentique communion dans les sacrements n'a rien de commun avec la pratique appelée "intercommunion". L'unité ne peut se réaliser que dans l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 14 Mai 2010 à 11:11 | 14 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Higoumène JEAN le 12/05/2010 13:21
Auriez-vous l'aimable obligeance de me faire connaître où je pourrais trouver le texte officiel émanant de l'Eglise de Russie concernant les relations avec les autres Eglises chrétiennes. Je souhaiterais mieux cerner le texte d'Irénée: "L'unité de l'Eglise est avant tout..." Merci.

2.Posté par Daniel le 12/05/2010 13:44
@ Père Jean

Vous trouverez ce texte à ce lien : http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx

Un petit truc si vous cherchez un texte exact sur internet. Vous faites une recherche google avec le texte entre guillemets ".......". Les guillemets veulent dire que google va chercher le texte exact. C'est ainsi que je l'ai retrouvé...

3.Posté par Irénée le 12/05/2010 14:27
Merci Daniel, j'avais oublié les références...
Il serait aussi très intéressant de relire la déclaration des orthodoxes sur l'oecuménisme de 1957 à Oberlin, signée entre autre par le Père Georges Florovsky. J'ai ce texte, s'il semble souhaitable de le mettre en ligne...Ce texte me semble très bien reflèter ce qu'est la position majoritaire du côté orthodoxe encore aujourd'hui.

4.Posté par Higoumène JEAN le 12/05/2010 15:02
Cher Daniel, Un grand merci pour le document demandé. Merci également pour la célérité de votre réponse. Je vais lire attentivement ce document. Que Dieu vous bénisse !

5.Posté par Cathortho le 12/05/2010 18:36
Le texte adressé par Irénée est extrait de la "Déclaration de l'Eglise orhodoxe russe et son attitude envers l"hétérodoxie " Cette Déclaration a été promulguée (avec deux autres documents importants : les " Fondements de la doctrine sociale " et le " Règlement de l'Eglise orthodoxe russe ") par le Concile épiscopal de l'Eglise orthodoxe russe, tenu à Moscou en août 2000.

Sur le site " orthodoxeurope.org " cette Déclaration est précédée d'une " Introduction à la Déclaration de l'Eglise orthodoxe russe sur son attitude envers l'hétérodoxie " signée par Dimitri Siniakov . Il m'a paru interessant d'en reproduire le début : " La publication de la Déclaration par le concile épiscopal est précédée par un long discours du métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie, president de la Commission théologique du Saint-Synode, chargée de la rédaction du document. [...] Le métropolite Philarète fait remarquer l'absence d'unanimité chez les théologiens russes sur la question de l'unité ecclésiale. Plusieurs courants proposent des solutions différentes du problème ecclésiologique. Si les sacrements ne peuvent être célébrés que dans l'Eglise, communion de tous ceux que le Christ sauve, comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion? En plus, si nous reconnaissons le baptême des hétérodoxes, cela n'implique-t-il pas que tous les autres mystères qu'ils célèbrent soient également valides? Pour quelle raison le Christ et son Esprit ne seraient-ils présents que dans le baptême? "

Pour ce qui est de l'extrait adressé par Irénée je ne puis malheureusement que constater qu'il ne répond pas de manière satisfaisante à la remarque du métropolite Philarète de Minsk rapportée par Dimitri Siniakov ci-dessus. Je ne puis également qu'être malheureusement en désaccord sur de nombreux points, heureusement en accord sur d'autres notamment en ce qui concerne la juste condamanation de la " théorie des branches ", invention protestante condamnée également par l'Eglise catholique exactement pour les mêmes raisons que l'Eglise orthodoxe. Ce qui est remarquable (au sens premier de digne d'être remarqué) c'est que ce texte pourrait être signé par l'Eglise catholique, il suffirait de changer le mot orthodoxe par catholique !




6.Posté par Daniel le 12/05/2010 20:02
A la question : "Si les sacrements ne peuvent être célébrés que dans l'Eglise, communion de tous ceux que le Christ sauve, comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion?", il y a une réponse largement satisfaisante.

C'est la distinction entre acribie et économie. L'église orthodoxe ne reconnaît pas les sacrements hors de l'église mais elle peut les régulariser par un seul de ses actes, c'est l'économie. Ainsi, on chrismera plutôt qu'on ne baptisera dans certains cas. Ceci donne l'impression à tort que l'église orthodoxe reconnait ses sacrements mais cela n'est pas le cas. Ce qui donne aussi cette impression, et je pense au cas de la Russie, est le fait que l'Eglise russe fut à un moment assez influencée par la pensée augustinienne (influence venue d'Occident); or le Bienheureux Augustin semble admettre l'efficacité du baptême donné hors de l'Eglise (ce qui est la posture catholique).

Le père Placide Deseille expliquait cela dans un de ses textes (que j'ai du mal à retrouver) mais c'était le propos aussi du Métropolite Antoine de Kiev que j'avais cité dans un message précédent :

"Vous écrivez : "Si les mystères tels qu'ils sont célébrés par les non-orthodoxes sont valides, je ne peux m'expliquer la position de l'Eglise russe concernant les Latins", que les russes ne rebaptisent pas et dont ils admettent même les prêtres et les évêques sans réordination. J'avais pourtant devancé cette question en expliquant le premier canon de Saint Basile. Les hérétiques ne possèdent ni la succession de la prêtrise -ce sont des laïcs- ni les saints mystères; si certains
d'entre eux sont effectivement reçu comme prêtres, sans même que leur baptême soit renouvelé, ce n'est pas qu'ils soient considérés comme baptisés ou comme prêtres, mais c'est parce que dans le mystère de la chrismation ou même par la simple pénitence la grâce du baptême ou du
sacerdoce descend sur eux. C'est de cette manière qu'on peut expliquer pourquoi les membres d'une même hérésie étaient parfois reçus par le baptême, parfois par la chrismation et parfois simplement par la pénitence (Voir canon apostolique 46; I concile 8,11 et 7; VI Concile 95; Carthage 68; St Basile le Grand 1 etc). De même, selon les églises locales, les mêmes hérétiques pouvaient être reçus par le premier ordre (le baptême), par le second (la chrismation), ou par le troisième (le
mystère de la pénitence)."

Nous avions eu cette discussion sur la présence de la grâce chez les non orthodoxes ici :
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-communaute-dependant-du-soi-disant-patriarcat-de-Kiev-a-ete-recue-au-sein-de-l-Eglise-canonique_a775.html

J'y citais notamment les sources canoniques et patristiques à ma connaissance qui rejettent la reconnaissance des mystères hors de l'église. Il est vrai récemment que des voix orthodoxes se sont mis à reconnaître les sacrements hors de l'église mais ceci vient à mon sens soit d'une confusion entre "économie" et reconnaissance du baptême hors de l'église soit d'une certaine diplomatie qui prend dans ce cas précis une forme excessive. C'est d'ailleurs la forme d'oecuménisme que je critique quand je dis que je suis anti-oecuméniste. Je n'ai pour l'heure pu trouver aucune source conciliaire qui affirme explicitement que les baptêmes hors de l'église sont "valides" (c'est plutôt le contraire) et la seule source patristique qui semble l'affirmer me semble être Augustin d'Hippone alors que les autres ne partagent pas cette opinion. Il est clair que cette question va ressurgir et que nous en parlerons à nouveau... C'est notre serpent de mer à nous...

7.Posté par Cathortho le 12/05/2010 23:13
@ Daniel

Je suis sûr que ça va vous plaire :

" ÉCONOMIE, ACRIBIE ET TRANSGRESSION. L'Église emploie l'économie et l'acribie, mais rejette la transgression. Que signifient ces termes, quand et comment leur réalité s'actualise ? L'économie, c'est le ménagement des moyens en vue d'un but précis, c'est-à-dire on fait certaines concessions pour arriver au terme visé, à cause de circonstances particulières. Prenons une image: le navigateur jette pendant la tempéte de la cargaison dans la mer afin de sauver sa vie et s'il peut le navire. Il préfere sacrifier ce qui ne lui est pas indispensable et secondaire pour sauver ce qui lui est important. De même l'Église use de l'économie afin de sauver les âmes, quand bien sûr une situation exceptionnelle le demande. L'économie cependant ne peut être faite qu'avec les moyens et non avec le but. En matière de foi, il n'y a pas d'économie, selon saint Marc d'Ephèse, car là il s'agit de la vie de Dieu en nous, de la vérité. Il ne peut y avoir d'économie que dans les relations humaines, dans l'application des canons, dans les usages etc. Mais encore une fois, l'économie suppose un contexte en dehors du normal comme par exemple une maladie, l'agonie, un voyage, la guerre ou autre. C'est là que l'Église intervient avec économie. L'acribie, un terme grec,signifie l'exactitude, la rigueur. (Je prends ce mot car il est entré dans le vocabulaire orthodoxe francophone.) L'acribie est toujours bien placée dans un cas normal où tous les moyens sont disponibles. Enfin, la transgression, étrangère à l'Église, mais familière aux gens du dehors qui s'en servent pour soutenir leurs fausses croyances et camoufler leurs actions répréhensibles, est toujours négative et n'a rien à faire avec l'économie, même si elle porte l'étiquette. Quand il est possible de faire les choses de l'Église correctement et on ne le fait pas, alors il s'agit de transgression. Quand par exemple le divin Chrysostome lors de son exil au Caucase, sacra tout seul un autre évêque (ce qui est interdit par les canons) il employa l'économie afin de sauver ces âmes nouvellement converties. Mais quand un évêque sacre tout seul un autre évêque, ayant pourtant la possibilité de se faire assister par un second évêque orthodoxe alors il transgresse les canons et le sacre est invalide d'après les mêmes canons. Que Dieu nous sauve aussi par économie, car s'Il applique la rigueur nul ne sera sauvé. "Si Tu tiens compte des iniquités Seigneur, Seigneur qui pourra subsister, mais près de Toi se trouve le pardon", dit le psalmiste. "
posted by THEOLOGIE ET QUESTIONS DISPUTEES at 10/26/2005 01:37:00 AM



8.Posté par gérard le 14/05/2010 00:14
Chers frères et soeurs
Pour ceux d'entre vous qui sont intéressés par le regard de l'Eglise catholique sur l'Eglise orthodoxe, je vous indique un site "blog catholique-religion catholique" qui propose une série d'articles sur ce thème aujourd'hui.
Bonne journée.
Gérard

9.Posté par vladimir le 14/05/2010 12:04
Voici vraiment une excellente mise au point. Merci Irénée et aussi pour la référence à la déclaration d'Oberlin, que je crois en effet fondamentale; je pense que le texte est celui qui est en ligne sur http://stmaterne.blogspot.com/2007/09/oecumnisme-lunit-vue-par-la-commission.html. Et merci à Daniel pour l'adresse que je n'arrivais pas à retrouver non plus...

Merci aussi à Gérard pour ce blog intéressant. Mais je n'y est pas vraiment trouvé "le regard de l'Eglise catholique sur l'Eglise orthodoxe". Vous auriez un lien plus précis?



10.Posté par gérard le 14/05/2010 16:31
Vladimir
En effet, les articles sur le dialogue avec l'église orthodoxe se trouvaient dans le jour précédent.
J'ai réussi à trouver dans 1) Blog catholique-Religion catholique 2) "archives" 3) "mai 2010"
Ce sont des extraits courts, simples et significatifs de la lettre de Jean-Paul 2 sur la recherche de l'unité: "Qu'il soient Un."
Pour l'actualité de l'église catholique, il y a "zenit", mais celui-là, je crois que vous le connaissez.
Et pour l'actualité de l'église catholique de France, il y a www.eglise.catholique.fr
Voilà, Vladimir, et merci pour tous vos contributions dans ce blog.
Gerard

11.Posté par Irénée le 15/05/2010 00:14
Vladimir,
Oui, c'est bien l'adresse du doc d'Oberlin, mais il y a quelques petites erreurs dans cette traduction.
J'en ai une autre, et il faudrait aussi situer un peu ce texte. Un prochain post peut-être... sans oublier le rapport de la commission spéciale sur la participation des orthodoxes au movement oecuménique de 2002.

12.Posté par vladimir le 15/05/2010 10:37
Merci Irénée,
Nous attendons tous ce nouveau post avec impatience! Il est absolument essentiel de réaffirmer très fort la véritable position de l'Orthodoxie dans le mouvement œcuménique face aux "interprétations" (j'avais écrit "falsifications", mais je pense qu'il s'agit de personnes qui se trompent en toute bonne foi) qui viennent de l'intérieur même de l'Orthodoxie (cf. "confession contre l'œcuménisme" dont nous avons parlé)

13.Posté par Irénée le 18/05/2010 10:56
Je mettrai volontier ce texte en ligne si c'est le souhait de la rédaction.
Mais il me semble important de rappeler l'écart, souvent important, entre les positions officielles des Eglises orthodoxes et ce qui est vécu au quotidien dans ces Eglises concernant les relations avec les autres chrétiens.
Ce n'est pas parceque l'Eglise de Grèce ou de Russie participe à un certain nombre de dialogues miltilatéraux ou bilatéraux que leurs évêques enseignent un certain relativisme dans l'écclésiologie. La participation au mouvement oecuménique n'exclut pas la fermeté doctrinale.
Par ailleurs, les Eglises qui ne sont plus membres du COE (par exemple) peuvent aussi l'avoir quitté pour des raisons politiques ou conjoncturelles, pas forcément pour des questions théologiques.
De même, certaines Eglises orthodoxes continuent à participer au dialogue oecuménique, tout en conservant une ligne assez conservatrice (Jérusalem, Serbie...) On ne peut pas exclure que l'Eglise de Serbie par exemple aie maintenu sa participation au dialogue afin d'intégrer plus facilement l'Europe, ou de bénéficier du soutien de grandes Eglises comme celle d'Allemagne dans les conflits des Balkans...
Attention donc à ne pas simplifier à l'excès, et à ne pas considérer qu'une approche, qu'elle soit doctrinale ou politique.

14.Posté par Jean-Michel le 04/01/2012 09:08
bonjour,

serait-il possible à "Irénée" de me faire parvenir le texte corrigé de la Déclaration concernée? Je remplacerais bien volontiers ma version qui contient des erreurs de traduction. Merci d'avance

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