L'un de nos auteurs, Vladimir G., nous envoie cet article de J.F. Colosimo (La Croix, 14 mars 2009): "Le vrai héros du Carême, c'est le corps".

Pendant cinq semaines, « La Croix » publie des entretiens consacrés au Carême. Cette semaine, Jean-François Colosimo explique le sens du Carême dans la tradition orthodoxe, où le jeûne tient une place toute particulière.

La Croix : Pourquoi, dans le Carême, les orthodoxes font-ils une si grande place au jeûne ?

Jean-François Colosimo : Le Carême, c’est une règle. Une règle de jeûne, universellement acceptée, très stricte : sept semaines d’abstinence de viande, de laitage, d’œufs et de poisson. Pendant deux mois, tout le monde renonce au sang, à l’animalité. Ce jeûne est accompagné de périodes d’abstinence sévère, où l’on ne mange pas du tout : ainsi, les trois premiers jours du Carême.

Beaucoup de gens le font. Eh bien, au premier repas après la communion eucharistique qui suit ces trois jours, le goût des choses est tout à fait extraordinaire ! On éprouve dans son corps l’idée même que nous sommes dans la main de Dieu. C’est une des premières leçons du Carême.

Le jeûne ne peut-il pas, au XXIe siècle, se comprendre autrement que comme une privation de nourriture ?

Bien sûr qu’il n’y a pas que le jeûne de nourriture ! Il ne s’agit pas de jeûner et d’aller au bal tous les soirs… Mais commençons d’abord par le ventre, par l’instinct. Le Carême est un temps de deuil, mais un deuil joyeux, pacifié, apaisé, radieux. Il est bon que le corps paye son tribut.

Le jeûne de nourriture permet de rythmer différemment le temps. Il provoque des ruptures intéressantes : on ne peut plus sortir et recevoir. C’est un rappel extrêmement fort dans la quotidienneté. Surtout, il engage à penser à d’autres jeûnes : le jeûne de la chère invite à penser au jeune de la chair, y compris dans le mariage.

Il y a aussi le silence, ou encore le jeûne du temps : savoir ralentir les choses, au lieu d’être dans l’agitation. Mais on ne choisit pas son jeûne : il faut passer par la suspension de la Création dans la liturgie et par le jeûne vécu en communion.

Comment les orthodoxes vivent-ils le Carême au plan liturgique ?

C’est un temps d’offices spécifiques, avec des textes propres centrés sur le sens du retour à Dieu. La liturgie du Carême décrit la chute de l’homme, son histoire spirituelle et son salut. Le mélange du jeûne et de l’abondance des offices en fait un temps vraiment particulier pour l’orthodoxe. L’horizon de Pâques devient vraiment un horizon d’espérance, au sens le plus concret du terme : le temps après Pâques permettra de renouer avec une nourriture vivifiante et l’allégement de la liturgie.
Quelle est la place de la dimension de partage ?

Le Carême n’est pas seulement un temps fort de partage liturgique, mais aussi de partage communautaire où les orthodoxes se retrouvent. Et là, le personnage central, c’est le pauvre. En grec, il y a deux mots pour « pauvre » : pênes et ptokos. Le pênes, c’est celui qui manque de ce qu’on peut combler par la philanthropie.

Le ptokos, c’est le pauvre absolu, dont on ne peut combler l’attente. On ne peut pas se débarrasser de lui en lui donnant, sinon ce qui nous coûte. Or, qu’est-ce qui nous coûte, si ce n’est nous-mêmes ? Ce pauvre, c’est l’image de Dieu sur terre. Toutes les privations du Carême n’ont d’autre sens que la charité.

Le Carême est donc aussi un temps de conversion ?

Le grand mot, c’est métanoïa : le renversement, en grec, c’est-à-dire le repentir, le retour à Dieu (le contraire de métanoïa, c’est paranoïa !). C’est donc une invitation à découvrir que je ne suis pas le centre du monde : plutôt que de juger les autres, je dois me juger moi-même.

Le Carême est le temps du jugement. Il nous faut faire cette expérience du jugement de nous-mêmes pour en arriver au pardon. Non qu’il soit bon en soi de se juger, mais il nous faut comprendre à quel point nous sommes infirmes pour éprouver combien nous sommes pardonnés et combien nous devons pardonner.

C’est ce que les Pères du désert appellent le penthos, « tristesse radieuse » ou « joie douloureuse ». Douloureuse, parce qu’on l’éprouve dans la patience, comme le Christ dans sa Passion. Mais cette souffrance d’être loin de Dieu devient aussi une joie, car elle nous rapproche de Dieu qui nous affranchit. Le Carême est l’expérience de cette libération. Au désert, nous faisons l’expérience de nos limites, et voici que la grâce lève nos limites.

N’y a-t-il pas alors le risque d’un certain dolorisme ?

Absolument pas ! Se cogner anthropologiquement sur la limite, découvrir sa finitude et voir comment y habite l’infini de Dieu, ce n’est pas souffrir. Le dolorisme, c’est encore trop le moi. Or, justement, le Carême nous invite à suspendre notre psychologie, ce dialogue perpétuel du moi avec le moi. La radieuse tristesse, c’est comprendre que nous sommes libérés.

Nous découvrons combien, dans le sommeil et la satiété, nous avons oublié Dieu. Nous pourrions nous en affliger, mais la redécouverte de sa présence est tellement bonne que nous sommes dans un dépassement. Ce n’est donc pas une glorification de la souffrance mais, au contraire, la redécouverte de l’amour fou de Dieu.

Le jeûne et la veille permettent d’être attentifs, dans le corps et dans le temps, à la présence de Dieu. Pourquoi jeûne-t-on ? Pour apprendre à avoir faim et soif autrement, sortir du biologique. Pourquoi veillons-nous ? Pour apprendre à attendre, vaincre la nuit et l’obscurité, vaincre l’oubli et ce qui ressemble le plus à la mort : le sommeil. Pour vaincre l’irréalité du songe.

Ainsi, nous faisons le deuil de l’illusion que représente notre vie biologique. Voilà que nous nous croyions immortels, que nous nous jetions sur les aliments, que nous nous jetions dans notre lit. Or, le Carême est cette suspension : je ne me jette plus, mais je me retiens et je me demande : « Où est-Il ? », « Que fait-Il ? », « Que dit-Il ? ». C’est un temps d’attente. Nous rompons avec la mort que représentent nos habitudes.

Comment cela se traduit-il dans la liturgie orientale ?

Le Carême est l’occasion de deux grands textes de la tradition orthodoxe. D’abord le grand canon de saint André de Crète, qu’Olivier Clément appelle le « chant des larmes ». Il évoque les larmes joyeuses qui marquent le recommencement du monde. C’est l’eau de la Genèse, les eaux de la mer Rouge, l’eau maternelle.

C’est l’eau vive qui sort du côté du Christ sur la croix. Ces larmes de l’homme sont le signe du retour vers Dieu. L’homme se redécouvre capable de rendre grâces pour avoir compris qu’il était inutile de s’apitoyer sur soi-même. Il a compris que la Résurrection n’attend pas, que la grâce n’attend pas.

L’autre texte que l’on récite pendant le Carême, c’est la prière de saint Éphrem (lire ci-contre). Elle s’accompagne de grandes génuflexions (les métanies), qui soulignent ce corps qui prie, supplie et demande à devenir le corps glorieux. On découvre l’opacité du corps, pour se rendre compte combien il a soif et faim de devenir glorieux. Le grand héros du Carême, c’est le corps, parce que le grand héros de Pâques c’est le corps.

Car pour l’orthodoxe, le Carême est indissociable de la joie pascale…

Qui n’a pas vécu la nuit pascale dans l’Orient chrétien ne sait pas ce qu’est Pâques ! Il n’a pas connu cette liesse communautaire, il n’a pas éprouvé ce corps qui, après des semaines de privation, renoue avec l’huile et le vin, avec l’agneau gras et tout ce que la terre porte de bon.

C’est le banquet du Royaume au cri de « Christ est ressuscité ! », jusqu’au matin qui est le nouveau matin du monde. On ne peut pas comprendre le Carême sans cette joie pascale, sans cette explosion pascale, sans cette irradiation pascale. Dans cette nuit, au cœur de la ténèbre c’est la lumière qui s’impose, au cœur de la tristesse c’est la joie qui s’impose : la vie triomphe définitivement de la mort.

Dans l’iconographie orientale, le Christ sort du tombeau comme un fiancé, vêtu d’une pourpre de la vengeance : cette nuit-là, Dieu venge l’homme en s’offrant à l’enfer. Et l’enfer découvre qu’il ne peut pas retenir Dieu. Le Carême est un voyage qui nous a préparés à comprendre cela.

Qu’entendez-vous par « voyage » ?

Le Carême est un exode, un pèlerinage. Le judaïsme et l’islam sont des religions à pèlerinage. Moins le christianisme, où ce n’est pas une obligation. Car notre pèlerinage est spirituel : comme nous ne pratiquons plus le pèlerinage comme une obligation, c’est Pâques qui est ce voyage.

Nous allons vers Pâques, qui est le lieu même du passage, l’achèvement de toute chose, la réconciliation de Dieu et de l’homme dans le Christ ressuscité parce que nous acceptons de passer à travers la mort avec lui. La quarantaine de l’Exode et celle du Christ au désert s’articulent parfaitement : dans l’Exode, on va vers la Terre promise et Dieu est au-devant de nous, alors que le Christ part au désert pour descendre au-dedans de lui.

Ce sont là les deux grandes dimensions du Carême : Dieu comme notre horizon et Dieu comme notre tréfonds. Le Carême, c’est donc quarante jours de désert, quarante jours de mort, où nous partons retrouver la vie nouvelle. On se lève et on part, mais on ne sait pas où. Il y a ici une dimension abrahamique : c’est tout le problème de ce voyage qui, comme celui du Fils prodigue, est un retour d’Exil.

On part dans le voyage, mais sans bagage. C’est parce que nous avons accepté de nous lever que nous participons de cette relevaille du monde, de cette re-Création qu’est la Résurrection. Il n’est pas innocent que, dans l’Église primitive, le Carême préparait au baptême. Le sens du baptême est celui de la résurrection : mourir et renaître avec le Christ.

Recueilli par Nicolas SENÈZE

Rédigé par Nikita Krivochéine le 30 Mars 2009 à 10:45 | 20 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par antoine le 30/03/2009 18:17
Merci JF Colossimo pour ce beau témoignage!

2.Posté par vladimir le 30/03/2009 20:33
Juste une rectification: cet article est paru dans La Croix du 14 mars 2008 (et non cette année)

3.Posté par Thierry Jolif le 30/03/2009 22:25
Très juste, et très beau, j'en aurais les larmes aux yeux ... (sans rire !)
Merci ! Spasiba !

4.Posté par Marie Genko le 31/03/2009 09:21
Quel talent immense pour exprimer avec les mots les plus justes ce que représente la grande prière et la grande attente de notre Saint Carême!
Comme j'aimerais que J.F. Colosimo comprenne la souffrance des paroissiens d'origine russe, qu'il contribue par son verbe flamboyant à maintenir dans la rupture avec leur Église mère!
Comme j'aimerais à Pâques pouvoir m'approcher de lui, l'embrasser en lui disant :
'Christ est ressuscité! Aimez nous aussi, nous les paroissiens des églises russes de l'archevêché, qui souhaitons retrouver l'unité entre les descendants de la diaspora russe!
Aimez-nous, nous qui souhaitons revenir vers nos racines, vers notre Sainte Mère, l'Église de Russie! Comprenez que nous souffrons des procès qui salissent notre Sainte Orthodoxie et que la réconciliation avec l'Église russe découle de la Parole même de Notre Seigneur Jésus Christ'

5.Posté par Thierry Jolif le 31/03/2009 12:30
"Comme j'aimerais que J.F. Colosimo comprenne la souffrance des paroissiens d'origine russe, qu'il contribue par son verbe flamboyant à maintenir dans la rupture avec leur Église mère! "
Je ne crois pas que cela soit flagrant dans le texte publié ici ... Comment donc Colosimo maintiendrait-il la rupture ?

6.Posté par Marie Genko le 31/03/2009 13:30
Il n'est pas question du magnifique texte ci-dessus, mais plutôt des jugements que porte J.F. Colosimo sur les faiblesses de l'orthodoxie en Russie. Ces jugements pèsent de tout leur poids sur le choix de certains pour continuer à manifester leur répugnance à fraterniser avec l'Église russe.
Si cette fraternisation allait de soi, si nous pouvions reconstruire l'unité des descendants de l'émigration russe, alors les divisions et les procès n'auraient plus lieu d'être!
Alors les orthodoxes, au lieu d'être porteurs de scandales, pourraient redevenir un exemple pour les autres confessions!

7.Posté par Thierry Jolif le 31/03/2009 15:26
Je comprends bien, mais, excusez moi, je doute que les seuls jugements de JF Colosimo bloquent qui que ce soit ! Ses jugements sont plutôts conséquences que causes de ces blocages ! Ce qui ce passe en réalité sur le terrain me semble bien plus important et la fraternité vient de là. Je ne peux parler que de la Bretagne et pour nous ici l'important c'est de fraterniser dans les paroisses, hors, russes, français, géorgiens, roumains ... (pardon pour ceux que j'oublie) communient au même calice, dans la même foi... Ce qui est douloureux c'est la distance qui nous voulons toujours mettre entre notre réalité charnelle et spirituelle et un idéal à venir, à réaliser... commençons par le "plus bas", par l'étage inférieur qui nous est directement accessible. C'est aussi le sens du Carême, selon mon pauvre avis personnel et mon, plus pauvre encore, expérience.

8.Posté par vladimir le 31/03/2009 15:47
Chère Marie, ne m'en voulez pas de vous contredire encore, alors que j'apprécie énormément vos prises de positions et votre sincérité au service du Christ.
Je ne suis pas certain de bien voir à quoi vous faites allusion dans les jugements de JF Colosimo. Je suis d'accord avec vous sur certaines de ses positions que je qualifierait de 'politiques' (par exemple, son malheureux billet sur le projet de séminaire), mais j'en connais peu; par contre tant pour ce qui concerne la doctrine, que sur le plan de la spiritualité ou sur les questions de pratique et de comportement, il me parait être l'un des rares occidentaux à connaitre et faire connaitre la réalité russe. Souvenez-vous par exemple de son article sur Sa Sainteté Alexis II de bienheureuse mémoire...

9.Posté par Marie Genko le 31/03/2009 16:08
Oui, c'était un bel article reconnaissant les mérites du patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire.
Je vous avoue que je n'ai pas en mémoire, ni le détail des articles que j'ai pu lire, ni chacune des paroles que je lui ai entendu dire. J'ai toutefois compris, en l'entendant lors d'un colloque (dernière table ronde de l'OLTR) que J. F. Colosimo soutient la prise de position actuelle de l'équipe aux commandes dans l'archevêché de la rue Daru.
C'est une position conflictuelle, donc scandaleuse à mes yeux.
J'agis selon ma conscience. Je suppose que JF Colosimo agit de même.
Il serait bénéfique que la compréhension des uns et des autres du respect envers notre sainte religion finisse par converger.
Et ce n'est pas en étant négatif ou critique envers tel ou tel patriarcat que nous pourrons être constructifs.

10.Posté par Thierry Jolif le 01/04/2009 13:05
Les positions personnelles, des uns et des autres, doivent-elles vraiment donner lieu à de tel jugement ? Je m'en étonne d'autant plus que le sujet portait sur un texte fort et très inspirant à propos du Carême... Un prêtre m'a dit un jour "durant le Carême mieux vaut manger un steack que juger son frère" !

11.Posté par Anna Rotnov le 01/04/2009 16:31
Donner son avis, constater un fait ou dire une blague serait donc obligatoirement ' juger ' ?
En ce qui concerne ' nos frères '..., la fratrie n' est pas toujours facile à vivre.
Bon Carême à tous.

12.Posté par Thierry Jolif le 01/04/2009 17:40
Pas toujours facile à vivre, c'est on ne peut plus vrai. C'est précisément ce qui doit nous porter à ne pas juger... Certes, il ne m'appartient évidemment pas de dire si tel ou tel 'juge'.

13.Posté par vladimir le 01/04/2009 17:58
Il me semble que ce blog devrait exprimer le message chrétien d'amour, de pardon et de paix en Christ. Essayons donc de laisser au vestiaire nos armes dialectiques, conformément à la tradition orthodoxe de ne pas entrer armé dans la maison de Dieu...

14.Posté par Thierry Jolif le 01/04/2009 18:04
Tout à fait d'accord, Vladimir. Spasibo !

15.Posté par Anna Rotnov le 01/04/2009 18:06
Vous avez raison, cher Monsieur, seul Dieu nous jugera, et Il est seul et unique à savoir qui juge qui et si c'est justifié.
Il y a aussi notre conscience...

16.Posté par T. Schakhovskoy le 02/04/2009 13:29
"Mieux vaut manger un steack que juger son frère" : tout à fait d'accord ! C'est justement cet aspect qui me gêne dans le texte un peu exalté de J.F. Colosimo. Il vante le plus rigoureux des carêmes monastiques comme si c'était l'ordinaire du simple fidèle orthodoxe, ridiculisant ainsi implicitement les plus humbles efforts de tout un chacun, souvent empêtré dans ses limites et son quotidien familial. Bien sûr que le Carême est une occasion et une incitation très forte à dépasser tout cela, à plonger dans son âme pour tenter de la nettoyer, mais il me semble avoir compris que le jeûne n'est qu'un des aspects de ce "nettoyage de printemps". J'admire ceux qui réalisent cet exploit, plus encore ceux qui le renouvellent chaque année, quelles que soient les circonstances, je tente de m'améliorer avec sincérité, mais ce zèle de privations ostensibles qui tient un peu du concours me paraît bien éloigné de la sublime lettre de saint Jean Chrysostome nous appelant tous, "et même ceux qui n'ont pas jeûné", au banquet de la foi.

17.Posté par vladimir le 02/04/2009 21:24
Voici une réflexion du Père Alexandre Schmemann, qui reste sur la même ligne, en moins 'exalté'?

'Qu'est-ce que le jeûne pour nous, chrétiens ? C'est notre incorporation à cette expérience du Christ lui-même, par laquelle il nous libère de notre entière dépendance envers la nourriture, la matière et le monde.
Jeûner ne signifie qu’une chose : avoir faim, jusqu’à la limite de la condition humaine qui dépend entièrement de la nourriture, et là, ayant faim, découvrir que cette dépendance n’est pas toute la vérité au sujet de l’homme, que la faim elle-même est avant tout un état spirituel et que, finalement, elle est en réalité la FAIM DE DIEU....

Nous avons besoin avant tout d'une préparation spirituelle à cet effort du jeûne. Elle consiste à demander aide à Dieu et à centrer notre jeûne sur Dieu. C'est par amour de Dieu que nous devrons jeûner. I1 nous faut redécouvrir notre corps comme temple de la divine présence, retrouver un respect religieux du corps, de la nourriture, du rythme même de la vie.'

18.Posté par Thierry Jolif le 02/04/2009 21:31
C'est le sens des ouvriers de la onzième heure !
Mais, précisément, en étant plus "terre à terre" il faut aussi se souvenir que "qui peu le plus peu le moins" ! Un certain maximalisme est nécessaire pour être à même d'acueillir aussi ceux qui n'ont pas pu aller jusqu'au bout ...
Dans le même ordre d'idée mon confesseur me re-dit souvent, à moi qui suis tenté par le maximalisme et son corollaire malheureux le désespoir, cette phrase d'Olivier Clément : "dans l'orthodoxie le chemin est balisé entre 2000 et 4000 mètres d'altitude, avant : rien !" Maximalisme un peu abrupt dans l'autre sens mais qui exprime bien les choses ...
La foi dans la miséricorde de Christ est primordiale ... c'est ce que je ressens en tout cas à la lecture du Grand Canon en ce jour ...

19.Posté par "LA CROIX" le 26/02/2012 09:15
"Le grand Carême pascal est de plus en plus suivi, et les restaurants et cantines ont dû s’adapter."

Loin de disparaître, le Carême est devenu presque une mode en Russie. Les orthodoxes s’apprêtent à jeûner quarante jours avant Pâques, mais ont déjà commencé avec le pré-Carême (1). « Ils le font de manière beaucoup plus sérieuse que les catholiques » , explique Jean-François Thiry, directeur de la « bibliothèque de l’esprit », haut lieu de rencontres œcuméniques à Moscou entre catholiques et orthodoxes. « Chez nous, les œuvres de charité et les prières ont en grande partie remplacé le jeûne. Ici, c’est devenu une populaire habitude. »

D’autant plus que le jeûne est mené à quatre reprises au cours de l’année, à chaque fois avant une grande fête religieuse : Pâques, Saints Pierre et Paul, Assomption et Noël. « Paradoxalement, le Carême est plus largement suivi que Pâques n’est fêtée en tant que tel » , insiste Jean-François Thiry.

"Menus adaptés dans les restaurants"

Pour les plus religieux des Russes, il s’agit d’une mortification de la chaire pour mieux atteindre la vérité spirituelle. Mais, pour la majorité, c’est devenu une mode alimentaire. L’inspiration orthodoxe est certes présente. Mais l’objectif est avant tout de faire du bien au corps, un moyen de perdre des kilos. Ainsi, lors de chaque jeûne, les restaurants adoptent leurs menus au régime alimentaire : pas de viande dans un premier temps puis pas de produit laitier. Les autres nourritures, si elles ne sont pas d’origines animales, sont autorisées.

Près d’un quart des Russes adapterait leurs habitudes pendant le grand Carême pascal. Une proportion en légère croissance, selon le sondage publié l’an passé par le centre d’études indépendant Levada : en quatre ans, le nombre de Russes se disant prêts à changer leurs alimentations pendant le Carême est passé de 19 % à 25 %.
3% s’imposent un jeûne intégral

Mais seule une toute petite minorité (3 %) s’impose un jeûne intégral. Du coup, cantines et réseaux de distribution de repas dans les administrations et sociétés de transport, doivent s’adapter. Le Kremlin et les autres plus hautes autorités de l’État ne dérogeraient pas à la règle. Plus ou moins sérieusement, ces menus carémiques sont préparés sur les conseils et sous le contrôle de prêtres orthodoxes.

Autre tradition populaire : Maslenitsa. C’est le Mardi Gras orthodoxe, mais plus largement fêté en Russie qu’en France. Pendant une semaine, les Russes se régalent de crêpes en tout genre. Restaurants et cantines incluent blinis salés et sucrés dans leurs menus. Dans les écoles en semaine, dans les parcs le week-end, de joyeuses fêtes sont organisées pour l’occasion. Cette fête folklorique date de l’ère païenne, célébrant l’imminente fin de l’hiver. Juste avant le Carême, elle est aussi l’occasion de bien manger avant de s’imposer un jeûne sévère.

(1) Pâques tombe cette année dans le calendrier orthodoxe le 15 avril, mais les fidèles commencent le Carême par quatre semaines de pré-Carême. L’entrée en Carême elle-même aura lieu le 27 février prochain, le « Lundi pur ».

BENJAMIN QUÉNELLE

20.Posté par vladimir le 26/02/2012 11:39
Pour comparer, je vous propose un rappel des pratiques de l'ascèse pendant le carême dans les confessions chrétiennes qui nous entourent:

DANS L'ÉGLISE CATHOLIQUE
L'Église catholique demande aux fidèles de jeûner au minimum les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Mais la pratique réelle du jeûne est difficile à mesurer et passe inaperçue car elle reste dans la sphère strictement privée. La tradition de manger maigre (s'abstenir de viande et de graisse animale, mais non de laitages, œufs et poisson comme chez les Orthodoxes) le vendredi qui existait jusque vers les années 1960, semble bien être perdue.

Les catholiques comptent un peu différemment des orthodoxes les quarante jours, du mercredi des Cendres au samedi saint inclus, car les dimanches ne sont pas comptés dans le temps de carême. Aux XVIIe et XVIIIe siècles pour l'Église catholique, le "Grand Carême" désigne les sermons extraordinaires du dimanche et des jours de la semaine, le "Petit Carême" ne comprenant que les instructions du dimanche. Le début du Carême est le Mercredi des Cendres à midi, précédé par le Mardi gras et le carnaval (du latin carnelevamen qui signifie « ôter la viande »). Les catholiques sont invités également à marquer le Carême en se privant d'une chose qu'ils aiment, pas nécessairement de la nourriture.

CAREME PROTESTANT
Les églises réformées n'imposent pas de pratiques de pénitence ou de jeûne, l'insistance porte durant cette période sur la prédication et la méditation. Si dans le luthéranisme on trouve parfois la recommandation de l'abstention de viande le Vendredi Saint, le protestantisme n'est pas directif, aucune consigne particulière n'ayant été laissée par les Apôtres.

Cette absence d'ascèse particulière, de mortification ou de repentance, provient de la sotériologie différente entre le catholicisme et les spiritualités issues de la Réforme. Pour les protestants, le salut s'obtient par la foi seule "sola fide" en sorte qu'il n'est pas besoin d'accomplir des œuvres de pénitence en vue d'obtenir le salut. « Le Carême ne se vit pas en général chez les protestants pour la bonne raison que, la grâce de Dieu étant gratuite, une préparation à Pâques qui passe par des privations ou autres pratiques méritoires ne se justifie pas. C’est même inconcevable pour nous. » (Isabelle Fievet, aumônière à la prison pour femmes de Rennes depuis 2005 et épouse de Didier Fievet, pasteur de l’Église réformée, lors d'une conférences de carême sur France Culture)

Source Wikipedia.
Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Car%C3%AAme_orthodoxe pour le carême orthodoxe; article assez complet. Bon résumé concernant le jeune alimentaire, mais qui passe sous silence les jours de jeûne total (ni nourriture ni boisson, sauf eau et tisane si nécessaire pour s’hydrater) : les trois premiers jours du Grand Carême, le Vendredi Saint et le Samedi Saint.


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