« Je ne crois pas au repentir de Staline », dit le métropolite Hilarion
Monseigneur Hilarion, métropolite de Volokolamsk, président du DREE du patriarcat de Moscou, estime que l’audience accordée par Staline à quatre hiérarques russes en septembre 1943 à la suite de laquelle un patriarche a pu être élu et des séminaires ont pu ouvrir ne saurait en aucun cas être considérée «comme un acte de repentance du pouvoir ». De quelle repentance pourrait-il être question ? C’était là un calcul politique cynique permettant au régime soviétique de montrer à l’Occident « une Union soviétique à visage humain ».

Monseigneur Hilarion précise : « Je ne crois pas à la contrition de Staline, cela ni pendant, ni après la guerre. Je n’accorde aucun crédit aux mythes qu’a engendrés cette personnalité. La politique conduite par Staline à l’égard de son peuple a été une politique criminelle, tout autant criminelle que celle à l’égard de l’Église. Notre victoire n’est pas le mérite de Staline, c’est celui de notre peuple tout entier.

Grands capitaines, soldats, officiers, travailleurs des arrières, tous ceux qui ont sacrifié leurs vies à leur pays, voilà les véritables auteurs de la victoire.

Le tournant de 1943 dans l’attitude de Staline envers l’Eglise s’explique essentiellement par l’espoir de voir s’ouvrir un deuxième front en Europe. Le leader soviétique tenait à montrer aux Britanniques et aux Américains « une Union soviétique civilisée ». Les Anglais avaient à cette époque missionné en URSS une délégation ecclésiale conduite par l’archevêque de York. Il fallait montrer à cette délégation les apparences d’une liberté de conscience dans le pays et favorablement impressionner les Anglicans. C’est là que le Kremlin s’est souvenu de l’existence d’un locum tenens du patriarche, de par ailleurs interdit de séjour à Moscou.

Le métropolite Serge y fut convoqué d’urgence. La rencontre de Staline avec les quatre métropolites conduisit à la convocation du Concile et à l’élection du patriarche Serge. Tout ceci à une allure extraordinairement rapide ! On put donc montrer aux étrangers que l’Eglise en URSS était parfaitement libre et bénéficiait de privilèges considérables.

Ce calcul cynique a eu pour l’Eglise une immense importance. C’est à partir de ce moment que les persécutions sanguinaires furent interrompues, ou plutôt ralenties. L’Eglise connut de 1943 jusqu’à la mort de Staline, en 1953, une période relativement favorable, ceci dans des conditions quand mêmes très limitées ».

Emission Tzekovj i Mir ("L’Eglise et le Monde "), le 10 mai, chaîne Rossiya 24
Rousskaia linia
Traduction "PO"


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 15 Mai 2014 à 17:25 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Augustin le 18/05/2014 11:27
Une précision à ce rappel, si opportun, d'une vérité que beaucoup, "staliniens orthodoxes, clergé, hélas, compris, tendent aujourd'hui à camoufler. En propageant des mythes auxquels seuls les niais "patriotes" peuvent accorder crédit: Staline allant prier en cachette dans les chapelles du Kremlin, faisant faire le tour du ciel de Moscou assiégée à l'icône de la Vierge de Kazan, allant consulter la fameuse Matriona...

En 1948 Staline échoue dans son projet de réunir un Concile orthodoxe panslave sous l'égide d'Alexis I.
Les persécutions reprennent dès 1949. Leurs début est marqué par un article dans la Pravda "Baignade à la théophanie" .

La propagande antireligieuse reprend de plus belle, les arrestations parmi le clergé et les croyants recommencent. L’Église est réduite à ses fonctions de "combattant pour la paix".
Un court répit dans les persécutions après le retour de Staline dans la géhenne d'où il était sorti, puis, très rapidement, début des représailles khrouchtcheviennes.

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