Plateforme libre de discussion
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Le site « Pravmir » a annoncé le 22 juin dernier, la publication, à Tallinn, du livre « Problèmes de l'orthodoxie en Estonie ». Le livre a paru en russe et en estonien, le texte est accompagné de références à des documents d'archives, il y a de nombreuses illustrations. Les auteurs en sont l'archiprêtre Nicolas Balashov, vice-président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, qui s’est consacré pendant de longues années à résoudre la situation conflictuelle au sein de l'orthodoxie en Estonie, autrefois unifiée et l’archiprêtre Igor Prekoup, un clerc de l'Eglise orthodoxe d’Estonie, Patriarcat de Moscou.
- Père Igor, votre livre, avec le père Nicolas est un événement dans l'édition orthodoxe estonienne. Surtout lorsqu’on sait que, dans le milieu de juin, s’est déroulé la première visite, en Estonie, du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Cyrille, et qu’on s’attend, en septembre, à la visite du Patriarche de Constantinople Bartholomée.
- Père Igor, votre livre, avec le père Nicolas est un événement dans l'édition orthodoxe estonienne. Surtout lorsqu’on sait que, dans le milieu de juin, s’est déroulé la première visite, en Estonie, du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Cyrille, et qu’on s’attend, en septembre, à la visite du Patriarche de Constantinople Bartholomée.
Archiprêtre Igor Prekoup: - Je ne sais pas, je peux vous décevoir, mais non, ce n'est pas une tentative d’affecter l’humeur du patriarche Bartholomée ou de qui que ce soit du Comité d'organisation de sa visite. Ce travail a été publié dans le « Vestnik Tserkovnoj Istorii » et en PDF (NDT : "Messager de l’Histoire de l’Eglise ») déjà en 2011, et s’il n’y avait pas eu à faire face à toutes sortes de problèmes, ce livre aurait vu le jour bien plus tôt. Cela dit, je dois l'avouer, j'ai été heureux, avec le Père Nicolas Balachov, d’apporter à sa Sainteté, au monastère de Pühtitsa, un des premiers exemplaires de ce livre, et, aussi, de ressentir le sincère soutien du Patriarche, lequel a dit, à propos de son contenu polémique, qu’il est nécessaire de réfuter le mensonge et de toujours dire la vérité, et, pour cette raison, il convient que ce livre soit le plus largement diffusé.
Encore une fois, je dois avouer que même si ce n'était pas dans nos plans, je suis heureux que le livre a été publié quelques mois avant l'arrivée du Patriarche de Constantinople, parce que chez ceux qui veulent connaître la vérité sur la nature de ce conflit délétère dans l'orthodoxie en Estonie, il devait y avoir cette possibilité. Notre livre est une réponse non seulement aux efforts de l'Archimandrite Grigorios (Papathomas), «Du malheur d'être une petite église dans un petit pays" (le titre en dit long : «le malheur d'être une église» (en lettres minuscules)), mais aussi, véhiculés par ce titre, les « arguments » éculés de nos opposants.
A propos de « co-auteur » avec le père Nicolas, il serait plus conforme à la situation réelle de parler non de « co-auteurs » mais du père Nicolas comme auteur, avec mon active participation. Je crois que cette précision n’est pas superflue autrement je me percevrais comme « celui qui moissonne là où il n’a pas semé ».
- Vous avez mentionné l’arsenal des arguments de l’autre partie du conflit...
Père Igor - ... Je dirais même les errements de l’argumentation parce qu’une argumentation correcte exclut la fraude et l'abus de l'ignorance d’un auditoire et des préjugés largement répandus en son sein.
- Bien, votre volonté est de recenser les affirmations erronées concernant l'existence historique et canonique de l'orthodoxie en Estonie.
Père Igor - Faisons comme vous le dites, appelons cela ainsi. Oui, au cours de ces deux décennies, on a élaboré comme une bien définie «Histoire du PCUS (b) » (NDT : Il s’agit de la traduction d’une expression héritée de l’époque soviétique pour faire allusion à une ré-écriture de l’Histoire) dont on gave non seulement les clercs mais aussi les laïcs de la structure ecclésiale du patriarcat de Constantinople en Estonie, mais aussi la communauté laïque. Notre travail est consacré à réfuter, de manière probante, ces mensonges populistes, à détruire les stéréotypes aveuglant la conscience et empêchant de bien s’orienter dans les réalités de l'orthodoxie en Estonie.
Cependant, le but n’est pas de démasquer ou de dénigrer. Le but (ne le prenez pas comme un pathos) est dans l’enseignement. Car, à cette fin, cela vaut la peine de discuter, parce que lorsquenous ne répondons pas au mensonge, à la calomnie et à la duperie, nous fermons les yeux sur ces maux.
En l’occurrence ce sera par notre laissez-faire, nous, « pleins de bonté aux dépens d’autrui » que le Mal se met à parader, à se percevoir comme détenteur d’une vérité unique. Ce mal mutile tous ceux pour qui le Christ est mort. Permettre à l'anarchie, même dans son discours – est se rendre complice de l'injustice. Comment s’étonner alors, le jour venu, quand à une question semble-t-il abstraite « Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? » (Mt,7,22) le Seigneur nous dira qu’il ne nous connaît pas, nous les acolytes du mensonge.
Encore une fois, je dois avouer que même si ce n'était pas dans nos plans, je suis heureux que le livre a été publié quelques mois avant l'arrivée du Patriarche de Constantinople, parce que chez ceux qui veulent connaître la vérité sur la nature de ce conflit délétère dans l'orthodoxie en Estonie, il devait y avoir cette possibilité. Notre livre est une réponse non seulement aux efforts de l'Archimandrite Grigorios (Papathomas), «Du malheur d'être une petite église dans un petit pays" (le titre en dit long : «le malheur d'être une église» (en lettres minuscules)), mais aussi, véhiculés par ce titre, les « arguments » éculés de nos opposants.
A propos de « co-auteur » avec le père Nicolas, il serait plus conforme à la situation réelle de parler non de « co-auteurs » mais du père Nicolas comme auteur, avec mon active participation. Je crois que cette précision n’est pas superflue autrement je me percevrais comme « celui qui moissonne là où il n’a pas semé ».
- Vous avez mentionné l’arsenal des arguments de l’autre partie du conflit...
Père Igor - ... Je dirais même les errements de l’argumentation parce qu’une argumentation correcte exclut la fraude et l'abus de l'ignorance d’un auditoire et des préjugés largement répandus en son sein.
- Bien, votre volonté est de recenser les affirmations erronées concernant l'existence historique et canonique de l'orthodoxie en Estonie.
Père Igor - Faisons comme vous le dites, appelons cela ainsi. Oui, au cours de ces deux décennies, on a élaboré comme une bien définie «Histoire du PCUS (b) » (NDT : Il s’agit de la traduction d’une expression héritée de l’époque soviétique pour faire allusion à une ré-écriture de l’Histoire) dont on gave non seulement les clercs mais aussi les laïcs de la structure ecclésiale du patriarcat de Constantinople en Estonie, mais aussi la communauté laïque. Notre travail est consacré à réfuter, de manière probante, ces mensonges populistes, à détruire les stéréotypes aveuglant la conscience et empêchant de bien s’orienter dans les réalités de l'orthodoxie en Estonie.
Cependant, le but n’est pas de démasquer ou de dénigrer. Le but (ne le prenez pas comme un pathos) est dans l’enseignement. Car, à cette fin, cela vaut la peine de discuter, parce que lorsquenous ne répondons pas au mensonge, à la calomnie et à la duperie, nous fermons les yeux sur ces maux.
En l’occurrence ce sera par notre laissez-faire, nous, « pleins de bonté aux dépens d’autrui » que le Mal se met à parader, à se percevoir comme détenteur d’une vérité unique. Ce mal mutile tous ceux pour qui le Christ est mort. Permettre à l'anarchie, même dans son discours – est se rendre complice de l'injustice. Comment s’étonner alors, le jour venu, quand à une question semble-t-il abstraite « Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? » (Mt,7,22) le Seigneur nous dira qu’il ne nous connaît pas, nous les acolytes du mensonge.
- Quelle sont, par exemple, certains de ces arguments fallacieux
Père Igor - Je ne pense pas qu’il y ait un sens à paraphraser le contenu du livre du père Grigorios. Il est bien plus facile de citer comme un artistique échantillon de ce plat de nouilles que l’on veut nous servir, l’entretien du Métropolite Stephanos, responsable de la structure ecclésiale du Patriarcat de Constantinople en Estonie, publié en parallèle, sur Pravmir, sous le titre « Orthodoxie en Estonie ; point de vue de deux métropolites », avec l’interview du Métropolite de Talinn et de toute l’Estonie, Cornélius.
- Qu’y avait-il donc, dans cet entretien, de susceptible d’induire en erreur les gens honnêtes ?
Père Igor - Tout. Mais commençons par le début. Son Eminence déclare: «Je crois que l'Église estonienne et l’Eglise russe ont commis beaucoup d'erreurs. En 1991, les estoniens voulaient recevoir l'autonomie des russes, mais à Moscou, on ne le comprenait pas. Pour cette raison, Constantinople a donné l'autonomie à l'Eglise en Estonie. Et je ne peux pas accepter que nous soyons les diviseurs. Au contraire, les diviseurs, c'est l’Eglise russe ".
Tout d'abord, indépendamment du fait qu’il n’a pu encore être apporté de remède aux conséquences de la scission, et que ses instigateurs ne se sont pas repentis, depuis longtemps, nous n’appelons plus « schismatiques » les clercs composant la structure conduite par le Métropolite Stéphanos, car depuis le moment du rétablissement de la communion de prière entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople, en 1996, de nombreux prêtres ont été ordonné dans cet entité qui n'ont pas participé aux événements tragiques du 90.
Même parmi ceux qui se sont retrouvés dans la juridiction de Constantinople, immédiatement après leur choix volontaire d’appartenance canonique en 1996 (l'une des conditions des accords de Zurich entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople était le libre choix juridictionnel des clercs et des paroisses) pas tous, convenablement, ne peuvent être qualifiés de schismatiques.
En premier, cela concerne, déjà, rappelé dans l’interview du Métropolite Cornélius, le regretté Père Felix Kadarik – un digne pasteur, dans le doyenné duquel, à l'époque soviétique, pas une seule paroisse n’a été fermée et qui se tenait fermement dans l'unité avec le Patriarcat de Moscou en subissant tout le monde le sait le poids de l'incompréhension (si on l’on veut s’exprimer de manière très politiquement correcte) d’une partie significative de son troupeau et de ses confrères concélébrants d’inclinaison pro-Constantinople.
Le Père Felix est passé dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople seulement après que son troupeau, avec l'autorisation du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe russe, avec une faible majorité, a choisi l’omophore du Patriarche Bartholomée. «Homme d’une moralité irréprochable», comme l’a décrit le défunt Patriarche Alexis, le père Felix, est passé, sans la moindre ruse, dans une autre juridiction uniquement pour ne pas abandonner son troupeau.
Un autre prêtre, occupant initialement des positions pro-constantinopolitaines, mais sans jamais franchir la ligne morale et canonique, parce que, contrairement à d'autres clercs peu scrupuleux, le père ArdalionKeskküla n’a pas été frappé d’interdit (et qui lui aussi, été noirci par la presse tabloïd nationalistepour avoir été fidèle à ses principes).
Deuxièmement, «Moscou» (je préfère, tout de même, des expressions plus précises comme, par exemple, «Patriarcat de Moscou", "hiérarchie de l'Eglise orthodoxe russe", etc.) a bien compris l’aspiration à la restauration de l'autonomie des diocèses estoniens et lettons, leur accordant une indépendance limitée (ce qui est l'autonomie, l'autonomie complète étant l’autocéphalie) en 1992.
Père Igor - Je ne pense pas qu’il y ait un sens à paraphraser le contenu du livre du père Grigorios. Il est bien plus facile de citer comme un artistique échantillon de ce plat de nouilles que l’on veut nous servir, l’entretien du Métropolite Stephanos, responsable de la structure ecclésiale du Patriarcat de Constantinople en Estonie, publié en parallèle, sur Pravmir, sous le titre « Orthodoxie en Estonie ; point de vue de deux métropolites », avec l’interview du Métropolite de Talinn et de toute l’Estonie, Cornélius.
- Qu’y avait-il donc, dans cet entretien, de susceptible d’induire en erreur les gens honnêtes ?
Père Igor - Tout. Mais commençons par le début. Son Eminence déclare: «Je crois que l'Église estonienne et l’Eglise russe ont commis beaucoup d'erreurs. En 1991, les estoniens voulaient recevoir l'autonomie des russes, mais à Moscou, on ne le comprenait pas. Pour cette raison, Constantinople a donné l'autonomie à l'Eglise en Estonie. Et je ne peux pas accepter que nous soyons les diviseurs. Au contraire, les diviseurs, c'est l’Eglise russe ".
Tout d'abord, indépendamment du fait qu’il n’a pu encore être apporté de remède aux conséquences de la scission, et que ses instigateurs ne se sont pas repentis, depuis longtemps, nous n’appelons plus « schismatiques » les clercs composant la structure conduite par le Métropolite Stéphanos, car depuis le moment du rétablissement de la communion de prière entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople, en 1996, de nombreux prêtres ont été ordonné dans cet entité qui n'ont pas participé aux événements tragiques du 90.
Même parmi ceux qui se sont retrouvés dans la juridiction de Constantinople, immédiatement après leur choix volontaire d’appartenance canonique en 1996 (l'une des conditions des accords de Zurich entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople était le libre choix juridictionnel des clercs et des paroisses) pas tous, convenablement, ne peuvent être qualifiés de schismatiques.
En premier, cela concerne, déjà, rappelé dans l’interview du Métropolite Cornélius, le regretté Père Felix Kadarik – un digne pasteur, dans le doyenné duquel, à l'époque soviétique, pas une seule paroisse n’a été fermée et qui se tenait fermement dans l'unité avec le Patriarcat de Moscou en subissant tout le monde le sait le poids de l'incompréhension (si on l’on veut s’exprimer de manière très politiquement correcte) d’une partie significative de son troupeau et de ses confrères concélébrants d’inclinaison pro-Constantinople.
Le Père Felix est passé dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople seulement après que son troupeau, avec l'autorisation du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe russe, avec une faible majorité, a choisi l’omophore du Patriarche Bartholomée. «Homme d’une moralité irréprochable», comme l’a décrit le défunt Patriarche Alexis, le père Felix, est passé, sans la moindre ruse, dans une autre juridiction uniquement pour ne pas abandonner son troupeau.
Un autre prêtre, occupant initialement des positions pro-constantinopolitaines, mais sans jamais franchir la ligne morale et canonique, parce que, contrairement à d'autres clercs peu scrupuleux, le père ArdalionKeskküla n’a pas été frappé d’interdit (et qui lui aussi, été noirci par la presse tabloïd nationalistepour avoir été fidèle à ses principes).
Deuxièmement, «Moscou» (je préfère, tout de même, des expressions plus précises comme, par exemple, «Patriarcat de Moscou", "hiérarchie de l'Eglise orthodoxe russe", etc.) a bien compris l’aspiration à la restauration de l'autonomie des diocèses estoniens et lettons, leur accordant une indépendance limitée (ce qui est l'autonomie, l'autonomie complète étant l’autocéphalie) en 1992.
Pourquoi le Métropolite Stéphanos a oublié que, dans le Tomos, que le patriarche Alexis a remis à l’évêque Cornelius, en Avril 1993, lors du Concile de Pühtitsa, il est dit qu’est rétablie l'autonomie accordée à notre Église, en 1920, par le patriarche Tikhon ? Pour autant que je connaisse monseigneur Stephanos, sa mémoire n’est pas altérée. Nous avons donc affaire à quelque chose d’autre.
Troisièmement, que veut dire «Constantinople a donné?" L’Autonomie – est-ce quelque chose que peut donner n’importe qui, à n'importe qui? Comme un clochard qui emprunte une cigarette à un passant ? Donner (il conviendrait plutôt de dire «accorder ») l’autonomie ne peut être que de la responsabilité de l’Eglise autocéphale, dans le cadre de laquelle se distingue (et non se sépare) une structure canonique déjà formée ; c’est-à-dire que l’on confère à une structure ecclésiale déjà existante (un diocèse, un archevêché, une métropole, un exarchat, peu importe) un nouveau statut, spécifié dans les documents associés.
Mais si une quelconque église locale "donne" l'autonomie à une entité (NdT : mot à mot, une « sous-structure ») d’une autre Eglise autocéphale, ce n'est pas autre chose qu’une invasion de prédateurs sur un territoire canonique étranger. C’est ce qui s’est passé en 1923, lorsque le Patriarcat de Constantinople a étendu sa juridiction sur le territoire canonique du Patriarcat de Moscou, sous le prétexte de difficultés temporaires liées à la discorde religieuse et politique en Russie, et c’est acte illégitime qui a été renouvelé en hiver 1996
Soit dit en passant, ni en 1923, le patriarche de Constantinople n'a «donné» l'autonomie, mais a seulement reçu l'Église d’Estonie dans son état actuel, ni en 1996, ne l’a pas «donnée» ni même restaurée, car il est impossible de donner ou de restaurer ce qui était donné ou restauré (rappel : l'autonomie de l'Église d’Estonie a été définitivement rétablie par le Patriarcat de Moscou, en Avril 1993).
* * *
L’ampleur de l'autonomie
- Mais le métropolite Stephanos, disposé, apparemment, de manière constructive, propose une coopération ainsi que la concélébration? Et toutes ces questions foncières - peut-être relèvent-elles, en réalité, de la compétence de l'Etat ...
Père Igor - Ne soyez pas naïf! Quand le métropolite Stephanos a abordé la possibilité de l’établissement d’une "Église orthodoxe unie d'Estonie", Sergueï Moudrov qui l’interviewait s’est fait préciser : «sous la juridiction de Constantinople» Et Mgr Stephanos répondit: «Non, nous sommes une église autonome, comme en Finlande, même si nous recevons l'aide de Constantinople. Nous devons garder cette autonomie, et si le Patriarcat de Moscou sera d'accord, vous pouvez organiser une Église autonome."
Comment comprendre ceci ? Est-ce que Son Eminence n’est pas au courant que le degré d'autonomie peut être différent, et même très large, mais que l'autonomie est toujours une indépendance limitée dans la juridiction d’une Eglise autocéphale? Il est invraisemblable qu’il s’agisse d’un cas d'ignorance des canons et de l’ecclésiologie: Mgr Stephanos a reçu une bonne formation théologique, il dispose d’une vive intelligence Alors qu'est-ce que c'est?
Voilà, dès que Sergei Moudrov faisant preuve de persistance et a commencé à essayer de clarifier de quel patriarche cette Eglise autonome unifiée devait relever, l'évêque Stephanos a habilement manœuvré et a immédiatement fait dériver la conversation sur le manque notoire de coopération de la part de l'Eglise russe. Lui propose juste de coopérer et de concélébrer et nous exigeons de lui des propriétés qui, selon lui, n'a pas leur problème, mais relève des relations entre l'Église et l'État.
Troisièmement, que veut dire «Constantinople a donné?" L’Autonomie – est-ce quelque chose que peut donner n’importe qui, à n'importe qui? Comme un clochard qui emprunte une cigarette à un passant ? Donner (il conviendrait plutôt de dire «accorder ») l’autonomie ne peut être que de la responsabilité de l’Eglise autocéphale, dans le cadre de laquelle se distingue (et non se sépare) une structure canonique déjà formée ; c’est-à-dire que l’on confère à une structure ecclésiale déjà existante (un diocèse, un archevêché, une métropole, un exarchat, peu importe) un nouveau statut, spécifié dans les documents associés.
Mais si une quelconque église locale "donne" l'autonomie à une entité (NdT : mot à mot, une « sous-structure ») d’une autre Eglise autocéphale, ce n'est pas autre chose qu’une invasion de prédateurs sur un territoire canonique étranger. C’est ce qui s’est passé en 1923, lorsque le Patriarcat de Constantinople a étendu sa juridiction sur le territoire canonique du Patriarcat de Moscou, sous le prétexte de difficultés temporaires liées à la discorde religieuse et politique en Russie, et c’est acte illégitime qui a été renouvelé en hiver 1996
Soit dit en passant, ni en 1923, le patriarche de Constantinople n'a «donné» l'autonomie, mais a seulement reçu l'Église d’Estonie dans son état actuel, ni en 1996, ne l’a pas «donnée» ni même restaurée, car il est impossible de donner ou de restaurer ce qui était donné ou restauré (rappel : l'autonomie de l'Église d’Estonie a été définitivement rétablie par le Patriarcat de Moscou, en Avril 1993).
* * *
L’ampleur de l'autonomie
- Mais le métropolite Stephanos, disposé, apparemment, de manière constructive, propose une coopération ainsi que la concélébration? Et toutes ces questions foncières - peut-être relèvent-elles, en réalité, de la compétence de l'Etat ...
Père Igor - Ne soyez pas naïf! Quand le métropolite Stephanos a abordé la possibilité de l’établissement d’une "Église orthodoxe unie d'Estonie", Sergueï Moudrov qui l’interviewait s’est fait préciser : «sous la juridiction de Constantinople» Et Mgr Stephanos répondit: «Non, nous sommes une église autonome, comme en Finlande, même si nous recevons l'aide de Constantinople. Nous devons garder cette autonomie, et si le Patriarcat de Moscou sera d'accord, vous pouvez organiser une Église autonome."
Comment comprendre ceci ? Est-ce que Son Eminence n’est pas au courant que le degré d'autonomie peut être différent, et même très large, mais que l'autonomie est toujours une indépendance limitée dans la juridiction d’une Eglise autocéphale? Il est invraisemblable qu’il s’agisse d’un cas d'ignorance des canons et de l’ecclésiologie: Mgr Stephanos a reçu une bonne formation théologique, il dispose d’une vive intelligence Alors qu'est-ce que c'est?
Voilà, dès que Sergei Moudrov faisant preuve de persistance et a commencé à essayer de clarifier de quel patriarche cette Eglise autonome unifiée devait relever, l'évêque Stephanos a habilement manœuvré et a immédiatement fait dériver la conversation sur le manque notoire de coopération de la part de l'Eglise russe. Lui propose juste de coopérer et de concélébrer et nous exigeons de lui des propriétés qui, selon lui, n'a pas leur problème, mais relève des relations entre l'Église et l'État.
Amenons, dans la mesure du possible, un peu de clarifications. Le problème, je suis d'accord, n’est pas le leur. Le problème est le nôtre. Mais c’est eux qui nous l’ont créé. En outre, la solution à ce problème, désormais dépend d'eux, parce que, quand, après huit années de privation de droits, l'Etat a officialisé notre église (malgré les protestations du métropoliteStephanosil faut le préciser), alors en conclusion de difficiles négociations entre la structure Constantinopolitaine et le gouvernement de l’Estonie, le 4 Octobre 2002 a été signée une lettre d'intention selon laquelle l’EAOE (NDT : L’Eglise apostolique orthodoxe d’Estonie dirigée par Mgr Stéphanos) renonce, en faveur de l'Etat, aux biens qui lui ont été légalement transféré, et dont, de facto, se servent les paroisses de l’Eglise orthodoxe d’Estonie (relevant du Patriarche de Moscou), ainsi qu’à la vente des biens dont le droit de transfert lui avait été précédemment reconnu mais qui, pour le moment, n'avait pas encore été reçu.
L'Etat, selon ce protocole, transfère ces biens aux paroisses de l’Eglise Orthodoxe d’Estonie (patriarcat de Moscou) pour une jouissance en location, mais pas comme propriété, ce qui a été spécialement stipulé comme condition préalable par l'organisation de Constantinople – j’attire votre attention sur cela. Toutefois, comme il ressort de la lettre de JaanÕunapuu au métropolite Cyrille en 2003, l'Etat est prêt à transférer la propriété des biens, si la structure de Constantinople accepte de revoir ses exigences. Ce n'est donc pas un problème de politique gouvernementale, ni de méchantes intentions des fonctionnaires ( nous avons actuellement, Dieu merci, de bonnes relations avec les représentants du gouvernement) mais de l'absence de bonne volonté de la part de la direction de l’EAOE, en la personne du métropolite Stephanos.
L'Etat, selon ce protocole, transfère ces biens aux paroisses de l’Eglise Orthodoxe d’Estonie (patriarcat de Moscou) pour une jouissance en location, mais pas comme propriété, ce qui a été spécialement stipulé comme condition préalable par l'organisation de Constantinople – j’attire votre attention sur cela. Toutefois, comme il ressort de la lettre de JaanÕunapuu au métropolite Cyrille en 2003, l'Etat est prêt à transférer la propriété des biens, si la structure de Constantinople accepte de revoir ses exigences. Ce n'est donc pas un problème de politique gouvernementale, ni de méchantes intentions des fonctionnaires ( nous avons actuellement, Dieu merci, de bonnes relations avec les représentants du gouvernement) mais de l'absence de bonne volonté de la part de la direction de l’EAOE, en la personne du métropolite Stephanos.
A propos des droits de propriété
- Que pouvez-vous dire au sujet de cette pierre dans le jardin de feu le Patriarche Alexis II qui, dit-il, a poursuivi une politique visant à l'appauvrissement et la destruction des paroisses estoniennes? Le métropolite Stephanos le déclare avec tant d’assurance: «Il y avait un accord entre les communistes et l'évêque Alexis. Les paroisses estoniennes se fermaient."
Père Igor - C’est une calomnie! Au contraire, je peux dire de façon responsable que lorsqu'il était notre évêque, le respecté défunt patriarche, portait une attention particulière aux paroisses et au clergé estoniens, et entretenait avec eux les meilleures relations. Était-ce sa faute si les prêtres estoniens ne voulaient appartenir à des paroisses russes plus ou moins solides et préféraient des paroisses estoniennes plutôt « pauvres » et lui, leur exprimant de la compassion, ne s’opposait pas à leur choix, même s'il savait qu’il n'y avait personne pour les remplacer.
Le clergé estonien manifestait une grande estime à l’égard du défunt patriarche et avait de lui une très haute appréciation. Cette attitude explique peut-être que le primat de l’Eglise russe avait sous-estimé le danger du schisme. Rappelons qu’il était physiquement absent de son diocèse. D’ailleurs brimer le patriarche Alexis II est quelque chose de coutumier pour le métropolite Stéphanos. Voici ce qu’il écrivait dans le quotidien grec Vima : « Alexis II est devenu, de pasteur d’un peuple uni, un diviseur semblable à de nombreux autres diviseurs agissant au nom du système séculier existant dans le pays où il était né ».
J’estime que dire d’un pasteur, d’autant plus d’un prélat qu’il « agit au nom d’un système séculier » c’est-à-dire hostile à l’égard de l’Eglise du Christ, d’un système qui opprime la foi et les croyants équivaut à dire de lui que c’est un apostat, un traître et un serviteur de Satan. Autant que je sache Mgr Stephanos n’a jamais demandé pardon au défunt patriarche ni à son troupeau qu’il avait également humilié pour ces paroles (comme pour d’autres, similaires). Or, des excuses s’imposaient.
-Le métropolite Stephanos rend Moscou coupable de ce que la partie russe n’a pas obtenu ces biens immobiliers. Il dit : « L’Etat avait proposé à l’Eglise russe de reconnaître notre autonomie mais cette proposition a été rejetée ».
Père Igor -N’êtes-vous pas étonné qu’il ait le front d’établir des liens de causalité entre notre statut de locataire dans des églises qui nous appartiennent de droit et notre non reconnaissance du statut qu’ils revendiquent ? Un beau cynisme ! Provoquer un schisme de concert avec l’administration publique, s’attribuer la propriété des biens de l’Eglise, piller ses frères, puis accabler ses victimes !
-Mais reconnaissez que le conflit immobilier est le plus apparent dans la situation présente ?
Père Igor - -En effet. Mais cela ne signifie pas qu’il est la raison première de cette situation. Nous avons toujours dit et nous disons que les biens immobiliers doivent appartenir aux paroisses. Il ne s’agit nullement d’un objet de marchandage comme nos contradicteurs l’affirment. Nous avons dit toujours que la question foncière n’est pas la plus importante. Nous sommes, en premier, intéressés par les objets du culte qui avaient appartenu à nos paroisses avant l’instauration du pouvoir des soviets en 1940. Nous nous sommes toujours dits disposés à renoncer aux biens fonciers qui n’ont pas de fonctions liturgiques. Ce qui compte pour nous est de rester fidèles aux principes canoniques ainsi qu’à l’Eglise Mère.
Ce n’est pas aux biens immobiliers que nous tenons par-dessus tout. Nous défendons les vérités que promulgue le droit canon. C’est dans cet esprit que nous demandons la mise en œuvre des accords de Zurich conformément auxquels les deux patriarches « doivent exposer de concert leurs positions au gouvernement estonien afin que tous les orthodoxes du pays obtiennent des droits égaux, droits de propriété y compris ».
Nous sommes disposés à concélébrer mais sur des principes d’égalité et non en parents pauvres. Or, c’est bien ce rôle que l’on nous offre : reconnaître et accepter le statut qui nous est dévolu, celui d’enfants illégitimes de l’occupation soviétique pour être admis à communier « avec les magnanimes successeurs en droit ». Il ne s’agit pas d’une humiliation dans les faits que l’on veut nous faire subir mais de nous faire accepter une sorte de félonie envers nous-mêmes. Céder à l’illégalité équivaudrait à s’en faire les complices. L’histoire a voulu que le territoire canonique du patriarcat de Moscou déborde du territoire de la Fédération de Russie. Nous ne pouvons pas connaître la nature des bouleversements géopolitiques qui peuvent se produire. Il est impensable de redessiner le territoire de l’Eglise en fonction d’intérêts séculiers. Les rapports intra-ecclésiaux existants risquent chaque fois d’être remis en cause.
- Que pouvez-vous dire au sujet de cette pierre dans le jardin de feu le Patriarche Alexis II qui, dit-il, a poursuivi une politique visant à l'appauvrissement et la destruction des paroisses estoniennes? Le métropolite Stephanos le déclare avec tant d’assurance: «Il y avait un accord entre les communistes et l'évêque Alexis. Les paroisses estoniennes se fermaient."
Père Igor - C’est une calomnie! Au contraire, je peux dire de façon responsable que lorsqu'il était notre évêque, le respecté défunt patriarche, portait une attention particulière aux paroisses et au clergé estoniens, et entretenait avec eux les meilleures relations. Était-ce sa faute si les prêtres estoniens ne voulaient appartenir à des paroisses russes plus ou moins solides et préféraient des paroisses estoniennes plutôt « pauvres » et lui, leur exprimant de la compassion, ne s’opposait pas à leur choix, même s'il savait qu’il n'y avait personne pour les remplacer.
Le clergé estonien manifestait une grande estime à l’égard du défunt patriarche et avait de lui une très haute appréciation. Cette attitude explique peut-être que le primat de l’Eglise russe avait sous-estimé le danger du schisme. Rappelons qu’il était physiquement absent de son diocèse. D’ailleurs brimer le patriarche Alexis II est quelque chose de coutumier pour le métropolite Stéphanos. Voici ce qu’il écrivait dans le quotidien grec Vima : « Alexis II est devenu, de pasteur d’un peuple uni, un diviseur semblable à de nombreux autres diviseurs agissant au nom du système séculier existant dans le pays où il était né ».
J’estime que dire d’un pasteur, d’autant plus d’un prélat qu’il « agit au nom d’un système séculier » c’est-à-dire hostile à l’égard de l’Eglise du Christ, d’un système qui opprime la foi et les croyants équivaut à dire de lui que c’est un apostat, un traître et un serviteur de Satan. Autant que je sache Mgr Stephanos n’a jamais demandé pardon au défunt patriarche ni à son troupeau qu’il avait également humilié pour ces paroles (comme pour d’autres, similaires). Or, des excuses s’imposaient.
-Le métropolite Stephanos rend Moscou coupable de ce que la partie russe n’a pas obtenu ces biens immobiliers. Il dit : « L’Etat avait proposé à l’Eglise russe de reconnaître notre autonomie mais cette proposition a été rejetée ».
Père Igor -N’êtes-vous pas étonné qu’il ait le front d’établir des liens de causalité entre notre statut de locataire dans des églises qui nous appartiennent de droit et notre non reconnaissance du statut qu’ils revendiquent ? Un beau cynisme ! Provoquer un schisme de concert avec l’administration publique, s’attribuer la propriété des biens de l’Eglise, piller ses frères, puis accabler ses victimes !
-Mais reconnaissez que le conflit immobilier est le plus apparent dans la situation présente ?
Père Igor - -En effet. Mais cela ne signifie pas qu’il est la raison première de cette situation. Nous avons toujours dit et nous disons que les biens immobiliers doivent appartenir aux paroisses. Il ne s’agit nullement d’un objet de marchandage comme nos contradicteurs l’affirment. Nous avons dit toujours que la question foncière n’est pas la plus importante. Nous sommes, en premier, intéressés par les objets du culte qui avaient appartenu à nos paroisses avant l’instauration du pouvoir des soviets en 1940. Nous nous sommes toujours dits disposés à renoncer aux biens fonciers qui n’ont pas de fonctions liturgiques. Ce qui compte pour nous est de rester fidèles aux principes canoniques ainsi qu’à l’Eglise Mère.
Ce n’est pas aux biens immobiliers que nous tenons par-dessus tout. Nous défendons les vérités que promulgue le droit canon. C’est dans cet esprit que nous demandons la mise en œuvre des accords de Zurich conformément auxquels les deux patriarches « doivent exposer de concert leurs positions au gouvernement estonien afin que tous les orthodoxes du pays obtiennent des droits égaux, droits de propriété y compris ».
Nous sommes disposés à concélébrer mais sur des principes d’égalité et non en parents pauvres. Or, c’est bien ce rôle que l’on nous offre : reconnaître et accepter le statut qui nous est dévolu, celui d’enfants illégitimes de l’occupation soviétique pour être admis à communier « avec les magnanimes successeurs en droit ». Il ne s’agit pas d’une humiliation dans les faits que l’on veut nous faire subir mais de nous faire accepter une sorte de félonie envers nous-mêmes. Céder à l’illégalité équivaudrait à s’en faire les complices. L’histoire a voulu que le territoire canonique du patriarcat de Moscou déborde du territoire de la Fédération de Russie. Nous ne pouvons pas connaître la nature des bouleversements géopolitiques qui peuvent se produire. Il est impensable de redessiner le territoire de l’Eglise en fonction d’intérêts séculiers. Les rapports intra-ecclésiaux existants risquent chaque fois d’être remis en cause.
-Que dites-vous de l’affirmation du métropolite Stephanos qui dit ne jamais avoir reçu d’aide de l’Etat ?
Père Igor -Il convient de dire la vérité. Nous savons que chaque organisation confessionnelle faisant partie du Conseil des Eglises d’Estonie bénéficie de subventions publiques dont les sommes sont définies par cet organisme. En 2002 la République d’Estonie a versé à l’entité dirigée par le métropolite Stephanos un dédommagement de 35.500.000 couronnes estoniennes lorsqu’il a été décidé d’officialiser l’Eglise orthodoxe estonienne, patriarcat de Moscou.
Il a récemment été décidé de verser à l’entité métropolite Stephanos un dédommagement de l’ordre de cinq millions d’euros pour la perte du monastère des Grottes de Pskov. (Une précision : avant 1945 le territoire où se trouve le monastère se situait en Estonie). Il existe d’autres biens situés dans la région de Pskov pour lesquels l’Etat estonien a attribué des dédommagements à la structure ecclésiale de Constantinople.
L’Estonie a officialisé en 1993 l’entité ecclésiale relevant du patriarcat de Constantinople en violation de deux dispositions de la loi sur les églises et les paroisses. Les pouvoirs publics ont contribué aux décisions de justice que cette entité ecclésiale, encore non reconnue par le patriarcat de Constantinople, souhaitait voir adoptées. Par la suite le président et le premier-ministre d’Estonie sont intervenus auprès du patriarche Bartholomé afin qu’il accepte cette entité schismatique sous son omophore.
-Si l’on revenait à ce qu’a dit le métropolite Stephanos sur la nécessité de concélébrer et de coopérer, pouvons-nous espérer que ce rêve se réalisera un jour ? Que faut-il entreprendre pour cela et qui doit faire quoi ?
Père Igor -Tous les espoirs sont permis. Mais il est indispensable que l’entité ecclésiale du patriarcat de Constantinople reconnaisse les accords conclus à Zurich en 1996 et fasse le nécessaire pour que l’égalité de tous orthodoxes devant la loi passe dans les faits. Ceci indépendamment de leur appartenance juridictionnelle. A commencer par la transmission par l’Etat des objets du culte à la juridiction du patriarcat de Moscou, propriétaire légitime de ces objets. Pour notre part nous avons tenus, et cela il y a déjà dix-sept ans les engagements que nous avions pris. Il est indispensable pour faire sortir les négociations de l’impasse où elles se trouvent que le juridiction de Constantinople respecte ses engagements.
- Croyez-vous que la publication de votre ouvrage sur la situation de l’orthodoxie en Estonie contribuera à ce que des solutions soient trouvées ? Ou elle ne fera que rendre plus intraitables vos contradicteurs ?
Père Igor - En publiant ce livre nous n’avions pas seulement pour objectif de répondre aux mensonges. Les mensonges doivent être démentis afin de faire triompher la vérité. Cela n’est que la moindre des choses. L’essentiel est de déboucher sur un débat franc et honnête qui permettrait de panser les vieilles plaies cela afin d’aboutir à une guérison.
Père Igor -Il convient de dire la vérité. Nous savons que chaque organisation confessionnelle faisant partie du Conseil des Eglises d’Estonie bénéficie de subventions publiques dont les sommes sont définies par cet organisme. En 2002 la République d’Estonie a versé à l’entité dirigée par le métropolite Stephanos un dédommagement de 35.500.000 couronnes estoniennes lorsqu’il a été décidé d’officialiser l’Eglise orthodoxe estonienne, patriarcat de Moscou.
Il a récemment été décidé de verser à l’entité métropolite Stephanos un dédommagement de l’ordre de cinq millions d’euros pour la perte du monastère des Grottes de Pskov. (Une précision : avant 1945 le territoire où se trouve le monastère se situait en Estonie). Il existe d’autres biens situés dans la région de Pskov pour lesquels l’Etat estonien a attribué des dédommagements à la structure ecclésiale de Constantinople.
L’Estonie a officialisé en 1993 l’entité ecclésiale relevant du patriarcat de Constantinople en violation de deux dispositions de la loi sur les églises et les paroisses. Les pouvoirs publics ont contribué aux décisions de justice que cette entité ecclésiale, encore non reconnue par le patriarcat de Constantinople, souhaitait voir adoptées. Par la suite le président et le premier-ministre d’Estonie sont intervenus auprès du patriarche Bartholomé afin qu’il accepte cette entité schismatique sous son omophore.
-Si l’on revenait à ce qu’a dit le métropolite Stephanos sur la nécessité de concélébrer et de coopérer, pouvons-nous espérer que ce rêve se réalisera un jour ? Que faut-il entreprendre pour cela et qui doit faire quoi ?
Père Igor -Tous les espoirs sont permis. Mais il est indispensable que l’entité ecclésiale du patriarcat de Constantinople reconnaisse les accords conclus à Zurich en 1996 et fasse le nécessaire pour que l’égalité de tous orthodoxes devant la loi passe dans les faits. Ceci indépendamment de leur appartenance juridictionnelle. A commencer par la transmission par l’Etat des objets du culte à la juridiction du patriarcat de Moscou, propriétaire légitime de ces objets. Pour notre part nous avons tenus, et cela il y a déjà dix-sept ans les engagements que nous avions pris. Il est indispensable pour faire sortir les négociations de l’impasse où elles se trouvent que le juridiction de Constantinople respecte ses engagements.
- Croyez-vous que la publication de votre ouvrage sur la situation de l’orthodoxie en Estonie contribuera à ce que des solutions soient trouvées ? Ou elle ne fera que rendre plus intraitables vos contradicteurs ?
Père Igor - En publiant ce livre nous n’avions pas seulement pour objectif de répondre aux mensonges. Les mensonges doivent être démentis afin de faire triompher la vérité. Cela n’est que la moindre des choses. L’essentiel est de déboucher sur un débat franc et honnête qui permettrait de panser les vieilles plaies cela afin d’aboutir à une guérison.
Nous avons en faisant paraitre ce livre voulu faire un premier pas à la rencontre de nos contradicteurs. En esquivant les coups malhonnêtes et en mettant à nu les perfides duperies pseudo scientifiques de l’archimandrite Papathomas nous proposons à nos interlocuteurs de renoncer à la défense d’intérêts ecclésiaux particuliers mal compris. Nous proposons un dialogue dans la dignité : objectivité, respect de la vérité, arguments convaincants. Acceptation de la vérité, même si cette vérité, risque de ne pas être celle à laquelle on aspire. Ce débat doit nous permettre de nous exclamer ensemble, sans artifices, sans ruse mais en toute sincérité et en ayant pleine conscience du sens de ce que nous disons : « Le Christ est parmi nous ! » et de répondre : « Il l’est Il le restera ».
Pravoslavie i Mir
Traduction "Parlons d'orthodoxie"
Pravoslavie i Mir
Traduction "Parlons d'orthodoxie"
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Septembre 2013 à 18:00
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