L’ÉGLISE ORTHODOXE ET LE MARXISME
Par Dimitris Michalopoulos

VG - Je propose ce court texte pour ouvrir un débat. Il contient en effet bon nombre d’informations érudites intéressantes, mais les diductions del’auteur sont souvent sujette à caution.

DIMITRIS MICHALOPOULOS est en effet un historien spécialiste de l'histoire des Balkans plus que de la religion. Il est Grec francophone, né à Athènes en 1952, diplômé de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris) et ancien boursier de la Commission franco-américaine Fulbright; actuellement attaché à l’Institut d’Histoire maritime hellène, il enseigne «l’Histoire de la Grèce moderne et contemporaine » à l’Université du Peuple (Athènes).

C’est un habitué des théories historiques paradoxales : dans "Les Argonautes" (Dualpha éditions, 10/09/2013), il cherche à démontrer que le Anciens possédaient des connaissance scientifiques incroyables, qui ont été perdues à cause de l’athéisme, et dans son dernier ouvrage il veut prouver que l’Odyssée d'Homère eut lieu dans l'Océan atlantique …

Dans l’article proposé, il fait une analyse historico-sociologique pour le moins originale du développement de l’Orthodoxie...

J’ai laissé la syntaxe, la présentation et l’orthographe de l’original (cf. lien in fine*), en ne modifiant que l’emplacement des renvois pour faciliter la lecture, et j’ai ajouté les illustrations...

Vladimir Golovanow


LE COMMUNISME A ÉTÉ FOMENTÉ DANS LES MONASTÈRES ORTHODOXES, les Polonais affirment-ils mélancoliquement – et dirigent leurs yeux vers l’est. C’est vrai; or, bien que la relation entre l’Église orthodoxe et le Marxisme soient depuis longtemps abordées, ne furent jamais tirées au clair. On ne peut guère, en effet, comprendre comment il est possible qu’une Église traditionaliste qui se veut la sauvegarde du l’enseignement de Jésus Christ et des Apôtres puisse devenir un ‘compagnon de route’ exemplaire non seulement des Marxistes mais aussi de leurs précurseurs. Autrement dit, il faut chercher l’origine de cette attitude de l’Église orthodoxe aux débuts des temps modernes et pas seulement au XIXe et XXe siècles. Alors, comment peut-on expliquer ce paradoxe? Et quel a été son impact à l’économie des pays orthodoxes?

I. L’AFFINITÉ IDÉOLOGIQUE

C’est un terrible mouvement crypto-païen qui l’avait emporté en Byzance. Malgré la condamnation d’Arius au Ier Concile de Nicée (325), l’arianisme fut très en vogue parmi les couches dirigeants de l’empire. Même Constantin le Grand, qui pratiquement reconnut le Christianisme comme religion d’État, qui fit de Constantinople la nouvelle capitale de l’empire romain (330) et qui est, même de nos jours, vénéré comme le champion de la foi orthodoxe, était un arien convaincu. Pourquoi? Une explication plausible serait l’influence de sainte Hélène, sa mère, ainsi que d’Eusèbe, évêque de Césarée de Palestine - et son ami.

Le second avait travaillé dans la bibliothèque laissée par Origène (185-254) – précisément en Césarée. Il est bien connu, toutefois, qu’Origène, représentant de la gnose orthodoxe, avait réussi à intégrer les théories néo-platoniciennes dans le christianisme. Disciple d’Ammonios Saccas (175?-242?), qui avait abandonné le christianisme pour devenir le fondateur du néo-platonisme en Alexandrie d’Égypte, Origène chercha, tout au long de sa vie, un compromis du paganisme avec le christianisme. Ce compromis a été formulé par Arius (280?-336?), un prêtre précisément en Alexandrie, qui refusa la divinité de Jésus Christ. On a déjà dit qu’Arius se vit condamné au concile de Nicée; cependant, l’adoption des idées d’Origène par sainte Hélène (1) et Eusèbe (2) aboutirent à ce que ces deux se convertirent à l’arianisme; et l’empereur Constantin les imita, car il ne fut baptisé qu’à la fin de sa vie par Eusèbe, son ami (3).

C’est ainsi qu’un « Christianisme dépouillé » devint l’idéologie officielle de l’empire byzantin (autant que cela puisse paraître bizarre). Or, terrible fut, par conséquent, la réaction des populations autochtones du Proche-Orient, qui manifestaient désormais ouvertement une quasi-indifférence à la personne humaine de Jésus. Cette réaction prit la forme du Monophysisme : selon ses adeptes la nature humaine du Christ était –tout simplement- absorbée dans la divine. La brèche entre l’aristocratie grécisée de l’empire de l’Orient, qui, pratiquement, ne voyait en Jésus de Nazareth qu’un « être humain merveilleux » et le menu peuple, qui considérait le Christ comme le Sauveur divin, était donc infranchissable; et ce n’est que grâce à l’épée de l’Islam que cette brèche disparut.
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Cependant, le conflit continua au fil des siècles - bien qu’il acquît une autre forme cette fois-ci. En 867, Photius, patriarche de Constantinople, excommunia le pape de Rome Nicolas Ier le Grand par un concile réuni à Constantinople (4); maintenant c’est une absurdité, le fameux filioque, qui servit de prétexte. L’église orthodoxe affirmait que l’Esprit Saint ne procède que du Père, tandis que Rome soutenait que tant le Père et le Fils, à savoir le Christ, sont tous les deux sources de divinité à titre égal.

À vrai dire, l’insanité de toute cette histoire saute aux yeux très facilement, si l’on tient compte que la question du « principe de la divinité » avait été résolue déjà par Tertullien (150?-222?) et saint Augustin (354-430). Ce dernier, en effet, avec une dextérité incroyable, que "l’on ne put assez louer", avait traité le problème d’une manière suivie et il avait assuré ce qui suit : "Ce n’est pas en vain qu’on appelle Dieu le Père celui dont le Verbe est engendré et dont procède à titre principal (principaliter) le Saint Esprit. J’ai ajouté ‘à titre principal (principaliter) parce que le Saint Esprit procède aussi du Fils". Mais c’est le Père qui le lui a donné… " (5). En d’autres termes, l’église d’Orient reprenait sous Photius le vieux argument des Ariens, qui faisaient une distinction nette entre le Père, qui est le Principe sans autre principe ou commencement que lui-même, et le Fils engendré, qui avait eu un commencement (bien qu’Il eût été créé "avant les siècles"(6). Et l’Occident de prendre le bouclier du Saint Esprit pour ‘protéger’ la divinité de Jésus Christ!

Or, il est archiconnu que tout cela aboutit au grand Schisme des Églises, qui eut lieu en 1054, à savoir quand Michel Cérulaire était le patriarche de Constantinople. Désormais les Latins occidentaux et les Grecs orientaux étaient les uns les ennemis acharnés des autres; et le compromis avec les protestants, voire le calvinisme, entrepris au cours du XVIIe siècle par le patriarche de Constantinople Cyrille Ier Loucaris (1620-1638)(7), n’était que la conséquence directe de ce rejet latent mais très prononcé à la fois de la divinité de Jésus. C’est ainsi donc que le patriarcat grec de Constantinople devint, mutatis mutandis, l’avant-garde de la gauche de l’Europe(8); et il a de l’importance le fait que l’on peut trouver l’écho de cette situation bizarre dans le livre d’Elizabeth Kostova The Historian, récemment publié (9) - et magistralement conçu.
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II. LES CONSÉQUENCES: UN CAS TYPIQUE… ET SIGNIFICATIF

Les effets de cette situation paradoxale se firent sentir à partir du début du XVIIIe siècle – à savoir quand la Sublime Porte confia l’administration des principautés danubienne à des Phanariotes. Ces derniers étaient des chrétiens orthodoxes regroupés autour du patriarcat de Constantinople. Ayant établi leur demeure à Phanar, le quartier de Constantinople où le patriarcat avait son siège (Phanar<Φανάρι= fanal (qui guide la marche des navires pendant la nuit). En effet, à l’époque des empereurs chrétiens, il y a avait là un petit phare, d’où le nom de ce quartier. Il est à noter que, même aujourd’hui, c’est là le siège du patriarcat,) ils se firent appelé Phanariotes, parce qu’ils étaient les adeptes les plus fervents du patriarcat.

Très cultivés, richissimes et complètement hellénisés (Indépendamment de leur pays d’origine), ils étaient très souvent élevés par le sultan ottoman à la dignité de drogman de la Porte – une sorte de sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Or, le sultan étant le suzerain des principautés danubiennes, Valachie et Moldavie (Ces principautés font partie de la Roumanie actuelle), c’est la Porte qui y contrôlait la nomination des princes régnants; et à partir de la deuxième décennie du XVIIIe siècle on mettait sur les «trônes» des deux principautés que des Phanariotes. Cela dura jusqu’à 1821, à savoir quand éclata dans la Morée la révolution grecque; et, bien entendu, eut des conséquences profondes dans la société et l’économie de la Roumanie actuelle.

Les princes régnants Phanariotes fondèrent dans leurs capitales, Bucarest (Capitale de la Valachie) et Jassy (Capitale de la Moldavie), les ainsi dites « académies princières », une sorte d’universités. C’est là donc, par le biais de l’enseignement assuré dans ces «académies» que le matérialisme aristotélicien, que le patriarcat de Constantinople véhiculait dans l’Orient, s’éleva au niveau d’idéologie d’État (11). À vrai dire, si l’on veut chercher les origines intellectuelles, voire spirituelles, des quarante-huitards roumains qui, à juste raison, sont considérés les révolutionnaires les plus radicaux d’alors, c’est dans les idées propagées par ces « académies » que l’on peut les trouver (12).

C’est ainsi qu’une situation paradoxale se créa
: une aristocratie étrangère, progressiste opprimait une masse agricole profondément conservatrice (13). On avait beau émanciper les serfs déjà en 1746 en Valachie et en 1749 en Moldavie (14); on avait beau donner aux femmes une liberté inconcevable dans les autres pays de l’Europe (15); on avait beau voir le métropolitain de Valachie Neofit prendre la tête du… mouvement quarante-huitard à Bucarest (16). La Valachie et la Moldavie restèrent des pays où, malgré les productions du sol et les richesses du sous-sol, la commercialisation et la monétarisation–voire la modernisation- de l’économie se firent à des pas très ralentis (16); et c’est là que l’on peut chercher l’origine des maux de la Roumanie actuelle.

Bref, l’église orthodoxe, dont le noyau était –autant que cela puisse paraître bizarre- très proche du marxisme, empêchait la nette distinction de camps adverses à l’instar des pays de l’ouest européen; mais en même temps, elle entravait la revitalisation de la commune agricole – à savoir de la structure sociale traditionnelle des pays slaves et balkaniques. Et il est, à ce titre, très significatif le fait que le seul pays du sud-est européen qui, pratiquement, ne connut pas de « crises de propriété » fut justement la Bulgarie, où depuis le Moyen Âge, un mouvement religieux contraire à l’orthodoxie byzantine et au patriarcat de Constantinople se développa… et l’emporta au sein de la société. Le corollaire en a été que l’artisanat et même l’industrie bulgares prirent, assez tôt, un essor tout à fait remarquable.

III. UNE GÉNÉRALISATION… EN GUISE D’ÉPILOGUE

Ce n’est qu’en Russie, où grâce aux réformes de l’empereur Alexandre II, on procéda à la création d’une couche de petits propriétaires agricoles, que l’émancipation des agriculteurs (ou, au moins, son début) eut lieu.

***
L’ÉGLISE ORTHODOXE ET LE MARXISME

Sources données par l’auteur

(1) Voir notamment A. A. M. Jones, Constantine and the Conversion of Europe. Traduit en grec par Alexandre Kotzias (Athènes : Galaxias, 1962), p. 191.

(2) Ibidem, p. 204 sqq.

(3) Ibidem, p. 253.

(4) Voir T. C. Lounghis, Les ambassades byzantines en Occident depuis la fondation des États barbares jusqu’aux Croisades (407-1096), Athènes 1980, p. 189 sqq.

(5) Voir Yves Congar, « Le Père, source absolue de la divinité », Istina (Paris), 1980, No 3 (juillet-septembre), p. 239.

(6) Ibidem, p. 238.

(7) Voir à titre d’exemple Cléobule Tsourkas, Les débuts de l’enseignement philosophique et de la libre pensée dans les Balkans. La vie et l’oeuvre de Théophile Corydalée (1570-1646), Salonique: Institute for Balkan Studies, 1967, p. 179 sqq.

(8) Ibidem, p. 195.

(9) Elisabeth Kostova, The Historian, London : Little Brown, 2005.

(10) Voir notamment A History of Romania. Edited by Kurt W. Treptow (Jassy: The Center for Romanian Studies. The Romanian Cultural Foundation, 1996), p. 195 sqq.

(11) Voir Ariadna Camariano-Cioran, Les académies princières de Bucarest et de Jassy et leurs professeurs (Salonique: Institute for Balkan Studies, 1974), pp. 667, 671.

18 Ibidem, p. 677.

(12) Ibidem, p. 677

(13) Voir notamment le livre de N. Bălcescu, Question économique des principautés danubiennes, Paris : Librairie de Charpentier, 1850.

(14) A History of Romania. Edited by Kurt W. Treptow, op. cit., p. 209.

(15) Voir surtout Dimitris Michalopoulos, Arsachi. Sa pensée et son activité politique (en grec), Athènes : Kaktos, 2005, pp. 121-122.

(16) A History of Romania. Edited by Kurt W. Treptow, op. cit., p. 264.

(17) Voir Mircea N. Popa, La circulation monétaire et l’évolution des prix en Valachie (1704-1831), Bucarest : Association internationale des études du sud-est européen, 1978, notamment pp. 50-51; et aussi les livre de Marcel Emmerit, Victor Place et la politique française en Roumanie à l’époque de l’union, Bucarest: E. Marvan, 1931, passim et Frédéric Damé, Histoire de la Roumanie contemporaine depuis l’avènement des princes indigènes jusqu’à nos jours (1822-1900), Paris : Félix Alcan, 1900, passim.

* Le texte peut être téléchargé sur Academia

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Octobre 2018 à 10:47 | 9 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Isaac le 05/10/2018 20:27 (depuis mobile)
Ce pseudo-historien invente son propre "Da Vinci Code" à la sauce orthodoxe.....Quant au "pretexte" du FILIOQUE", j'invite cet "historien" pour les nuls, à lire "La Mystique de l'Église d'Orient" de V. Lossky et surtout St Grégoire Palamas...!

2.Posté par Vladimir.G: cela vaudrait la peine d''''''''''''''''en approfondir la réflexion. le 07/10/2018 12:55
Parler de "pseudo-historien" et de "Da Vinci Code" est évidement excessif. Dimitris Michalopoulos ne prétend pas être théologien et livre une étude historique sérieusement documentée. Si, comme je l'écris en introduction de ce poste, il prend sur bien des points le contrepied des doctrines établies, qui ne sont pas pour autant des dogmes infaillibles, il suit le précepte de JJ Rousseau "J'aime mieux être homme à paradoxes qu'homme à préjugés" ("Emile ou de l'éducation", 1762), et cela peut nous amener à regarder ces doctrine avec un œil neuf.

Certains points soulevés méritent clairement réflexion:
- Dire que nos saints Constantin et Hélène furent ariens est sensé, puisque l'arianisme ne fut condamné qu'au Ier Concile de Nicée (325), justement convoqué par Saint Constantin. En revanche, il n'est pas très sérieux de laisser entendre que ces saints sont restés ariens après Nicée, sans aucun élément à l'appui de cette thèse. L'explication des sources et de l'importance de l'arianisme à cette époque est intéressante et il aurait fallu étendre cette explication à l'Occident, puisque c'est l’expansion de l'arianisme qui a justifié l'introduction du "filioque" par les Capétiens: "Et l’Occident de prendre le bouclier du Saint Esprit pour ‘protéger’ la divinité de Jésus Christ," écrit très justement Michalopoulos, mais c'est un peu léger!

- La citation de St Augustin, rarement mise en avant, devrait pratiquement mettre d'accord Orthodoxes et Catholiques sur le filioque, mais dire que "l’église d’Orient reprenait sous Photius le vieux argument des Ariens," en ne se référant qu'au cardinal contestataire Yves Congar(1904-1995), parait injustifié, même si le cardinal Congar fut l'un de ceux qui œuvra le plus à l'ouverture de Rome aux Orthodoxes qui fut entériné par Vatican II et rendit possible le développement du dialogue qui s'en suivit.
- La suite est intéressante mais très superficielle. Le liens entre Orthodoxie et frein au développement économique par aversion de la richesse apparait pertinent mais insuffisamment fondé; l'affirmation " le noyau /de l'Église orthodoxe/ était –autant que cela puisse paraître bizarre- très proche du marxisme" tombe comme un cheveu sur la soupe et le contre-exemple des Vieux-croyants russes, entrepreneurs particulièrement dynamiques aux XVIII-XIXe siècles, devrait être pris en compte (cf. https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LE-SCHISME-SECULAIRE-DES-VIEUX-CROYANTS-VA-T-IL-SE-RESOUDRE_a5086.html).

En conclusion, cet article a le grand intérêt de venir titiller notre vision du développement et du rôle historique de l'Orthodoxie. Plutôt que de la rejeter d'un revers de main sans référence, cela vaudrait la peine d'en approfondir la réflexion.

3.Posté par Dimitri Michalopoulos le 13/10/2018 18:33
Afin que les malentendus soient évités, je vous déclare -solennellement, pour ainsi dire- que dans l'affaire du dispute entre le Phanar et le Patriarcat de Moscou, c'est ce dernier qui a raison. Et ce qui plus est, l'affaire douteuse de ce patriarcat - fantasme de Constantinople, qui ne survit que grâce aux américains devraient être réglée beaucoup plus tôt.

4.Posté par Nicodème le 14/10/2018 10:23
"puisque c'est l’expansion de l'arianisme qui a justifié l'introduction du "filioque" par les Capétiens".

Non , par les carolingiens , Charlemagne , en l'occurrence . Les capétiens sont apparus avec la dissidence d'avec l'empire germanique menée Hugues "Capet" à la fin du Xième siècle . J'ai entendu de la bouche d'un prêtre ortho que le fameux "filioque" (un théléogoumène selon le père Bobrinskoy , ds son ouvrage "la Trinité" ) serait apparu ds l'Eglise d'Espagne dès le VII ième siècle , en réaction , effecvtivement , à l'arianisme . Perso , bien que ma longue fréquentation de l'orthodoxie m'ait instillé un réflexe anti-augustinien , je me considère aujourd'hui comme filioquiste , tendance st Augustin (pardon "augustin d'Hippone" ) . Mais bon , tout ça , ce sont des histoires de sodomisation des diptères ...

5.Posté par Dimitri Michalopoulos le 14/10/2018 17:43
Cher Nicodème,
Mercie de ta réponse si prompte...
Dimitri M.

6.Posté par Daniel le 15/10/2018 06:39
Selon les thèse les plus admises, le filioque a été introduit non par les carolingiens mais mais dans l'Espagne des Wisigoths. De là, il aurait pénétré dans le monde carolingien.

La citation d'Augustin ne règle rien car parle-t-il de la procession de l'Esprit hors du temps ou de son envoi par le Fils dans le temps. En outre, à moins d'être un augustinien fanatique, on ne bâtit pas sa théologie sur le seul Augustin.

7.Posté par Vladimir.G: la véritable question est celle de l'autorité sur l''''Église, le 15/10/2018 12:13
Bien cher Dimitri,

Bienvenu dans nos débats. J'espère que votre érudition nous apportera beaucoup d'informations pour approfondir notre connaissance de l'Orthodoxie. Je pense qu'il y aurait matière à au moins deux articles explicatifs après ce que vous venez d'écrire:
- concernant votre article à l'origine de ce fil, vous pourriez approfondir les points qui me semblent insuffisamment développés (commentaire 2)
- il faudrait aussi développer les arguments de votre commentaire 3

Pour le "filioque", la citation de St Augustin (vénéré aussi par l'Église orthodoxe, mémoire le 7/20 décembre, cf. http://www.patriarchia.ru/db/text/910868.html), je penses, sous contrôle de Dimitri, que la lecture du p. Congar ou, encore mieux, de St Augustin lui-même, permettrait de s'assurer qu'il "avait traité le problème d’une manière suivie" pour répondre à Daniel. Cette citation montre bien que le sujet était débattu en Occident dès le IVe siècle; il fut effectivement traité au IIIe concile de Tolède (pour les convertis de l'arianisme), controversé après le du deuxième concile de Nicée (787) affirmant que "le Saint Esprit procède du Père par le Fils", inclus dans le Credo de Nicée-Constantinople au Concile de Fréjus-Friuli (796-797) et finalement adopté en Occident par le concile d'Aix-la-Chapelle (809) convoqué par Charlemagne (merci Nicodème d'avoir corrigé mon erreur d’inattention.) Il semble évident que tout cela résulte d'erreurs d'interprétations (cf. http://www.usccb.org/beliefs-and-teachings/ecumenical-and-interreligious/ecumenical/orthodox/filioque-question-qui-divise-eglise-francaise.cfm) et d'une volonté d'en découdre, la véritable question étant celle de l'autorité sur l'Église, autorité "universelle" pour le patriarche romain, soutenu par les empereurs carolingiens, "œcuménique" pour celui de Constantinople, soutenu par les empereurs de Byzance (les deux prétendant d'ailleurs au titre "d'empereur romain".)

Les tentations de Constantinople à une autorité sur l'Église entière remontent très loin. Le principe est posé dès la règle 3 canon 28 du IIe Concile œcuménique: "Nous prenons la décision au sujet de la préséance de la Très Sainte Église de Constantinople, la Nouvelle Rome... parce que cette ville est la ville impériale... doit aussi avoir le même rang supérieur que l'Église de Rome dans les affaires d'église, tout en étant la deuxième après elle". Fort de l'appui de l'empereur d'Orient puis de Byzance, le patriarche de Constantinople jouira d'une véritable autorité sur les Église orientales, surtout après la scission du puissant patriarcat d'Alexandrie qui suivit le concile de Calcédoine (451). Après la chute de Byzance (1454), le patriarche de Constantinople, nommé par le Sultan, bénéficia d'un regain d'autorité sur les Églises à l'intérieur de l'empire Ottoman en tant qu’exarque jusqu'au XIXe siècle, quand les indépendances des états des Balkans lui imposèrent l'autocéphalie de leurs Églises.

L'émancipation de Moscou date de la fin de l'empire de Byzance: doctrine de "la troisième Rome", puis soutien à l'émancipation des Églises des Balkans (particulièrement illustré par la reconnaissance de l'Église de Bulgarie alors même qu'elle était excommuniée par Constantinople). Réduit au silence par le régime bolchévique, le patriarcat de Moscou revient en force dès la fin du XXe siècle en s'opposant à Constantinople sur l’Estonie (rupture de communion en 1996), la France (lettre au Patriarche Bartholomée, 18 mars 2003, http://www.oltr.fr/documents/145-lettre-du-patriarche-alexis-ii-de-moscou-au-patriarche-bartholomee-de-constantinople), le concile de Crête (2016) et maintenant l'Ukraine, crise de loin la plus grave et dont les conséquences peuvent être réellement dramatiques. (https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LE-PIRE-S-ANNONCE-POUR-L-ORTHODOXIE_a5531.html)

8.Posté par Dimitri Michalopoulos le 15/10/2018 16:46
Vladimir,
Je ne vois pas de points de dispute.
Et de profundis: Tandis que les Grecs se virent convertis par force (= par des mesures législatives) au Christianisme), à mon avis les Slaves en général et les Russes en particulier sont les peuples vraiment
chrétiens, voire théophores (selon Dostoievsky, si je me trompe pas).

9.Posté par Dimitri Michalopoulos le 15/10/2018 18:43
Et je me permets de vous suggérer l'argument suivant en faveur de Moscou/Troisième Rome: L'icône de
Notre Dame la Protectrice se trouve depuis longtemps en Moscou et non pas à Constantinople. Ne le saviez-vous pas

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