L'Eglise orthodoxe en Chine
L’archiprêtre Dionysos Pozdniaiev, recteur de la paroisse Saints Pierre et Paul à Hong Kong estime que le patriarcat de Moscou devrait prendre en charge les difficultés auxquelles se heurte en Chine la foi orthodoxe.
Dans une interview accordée à Interfax-Religion le père Dionysos a dit : « C’est l’Eglise dans sa plénitude qui devrait contribuer à la solution des problèmes qui se posent devant l’orthodoxie en Chine. Notre foi peut avoir un grand avenir dans ce pays. Je pense à ce que peuvent entreprendre les diocèses russes limitrophes avec la Chine, les établissements d’enseignement théologique ainsi que la Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou.

Il est indispensable de former un clergé de souche chinoise, de faire traduire des ouvrages religieux en chinois. L’intérêt pour le christianisme est très grand dans la Chine moderne mais ce sont essentiellement le catholicisme et le protestantisme qui attirent les Chinois car ces confessions sont une présence très forte dans le pays. Les « gens simples », les intellectuels sont fortement attirés par l’orthodoxie qui est à même de leur offrir des réponses à des questions qu’elle a elle même eu à résoudre ».
Texte complet de cette interview : ICI

La même thème:
CHINE: "Je veux que mon pays soit chrétien"
"De plus en plus de chrétiens en Chine"

Traduction "P.O."

Rédigé par l'équipe de rédaction le 20 Août 2010 à 21:30 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 22/08/2010 16:53
Oui mais... L'Eglise orthodoxe de Chine étant sur le papier, (il ne doit pas en rester grand chose avec la révolution culturelle) une église autonome de l'Eglise de Russie, les autorités chinoises voit peut-être d'un mauvais oeil la présence d'une église qui dépendrait d'une église étrangère liée de près ou de loin de à un gouvernement étranger voisin et potentiellement concurrent. C'est pour cela que les autorités chinoises ont créé une église catholique nationale indépendante du Vatican (qui, il faut bien l'admettre fait beaucoup de politique). La solution serait peut-être que l'Eglise de Chine ne dépende plus de l'Eglise de Russie pour que les autorités chinoises soient plus souples. Cela lui éviterait aussi de subir tous les refroidissements de relations sinorusses. Il me semble qu'historiquement, toute cette région d'Asie aurait dû relever du Patriarcat d'Antioche

2.Posté par vladimir le 23/08/2010 12:01

Il me semble bien que suivant la Tradition, les populations christianisées dépendent des églises qui les christianisent; c'est particulièrement claire avec le partage de l'Europe entre Rome et Byzance... Or aucune Église orthodoxe autre que l'Église russe n'a jamais eu aucune activité en Chine: sans parler de Port Artur, Harbin et le chemin de fer étaient une concession russe, puis Harbin fut le centre d'une grande colonie de Russes Blancs. Il est donc normal que l'Église locale recherche l'appui de son Église-mère, et ce d'autant plus qu'il y a beaucoup d'échanges entre "les diocèses limitrophes" (Extrême-orient russe et Sibérie orientale) et les provinces du nord de la Chine.

3.Posté par Irénée le 24/08/2010 09:33
Cher Vladimir,
Ce n'est pas aussi simple que ça !
Les territoires ont été partagés à de nombreuses reprises depuis les origines du christianisme.
Il est vrai que le titre du patriarche d'Antioche comporte "et de tout l'orient" mais sans préciser les limites de ces territoires...
Ce qui est certain en tout cas, c'est qu'il faudrait privilégier la christianisation de populations non-chrétiennes, plutôt que de se demander s'il faut en faire des russes ou des grecs !

4.Posté par vladimir le 24/08/2010 11:14
Vous soulevez deux points:
- les territoires canoniques: il me semble que, sauf quelques actions très politiques (exarchat byzantin de Ravenne) cette Tradition ne souffrit guerre d'exception...
- la "localisation" du christianisme: je vous suis totalement et, comme je le mentionne sur d'autres fil, c'est bien la politique générale de l'Église russe (cf. mon commentaire 7 sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Nouveau-statut-canonique-de-l-Eglise-orthodoxe-au-Kazakhstan_a1112.html?com#com_1532270).


5.Posté par Irénée le 24/08/2010 15:41
Pour ne prendre que l'exemple le plus courant : si les missionnaires byzantins n'avaient pas traduit l'Ecriture, puis les textes liturgiques en slavon, et ensuite si Constantinople n'avait pas accordé son indépendance à l'Eglise de Russie, cette Eglise "dépendrait" de ceux qui l'ont évangélisée !
Plus sérieusement, si on prend le cas des pays d'Afrique, l'ensemble du monde orthodoxe peut aider à apporter le message de l'évangile et l'enseignement orthodoxe, sans pour autant remettre en cause la juridiction du Patriarche d'Alexandrie...
Le commandement de l'Evangile est bien "Allez, enseignez toutes le nations, baptisez les au nom du Père..."
Rien ne s'oppose à ce qu'en Afrique des grecs, des russes, des japonais ou des français apportent l'Evangile, mais de grâce ne créons pas des juridictions concurrentes dans un même lieu !

6.Posté par vladimir le 24/08/2010 22:56
Je crois bien que vous amenez de l'eau à mon moulin: les slaves évangélisés par Constantinople sont restés dans ce patriarcat jusqu'à leur autocéphalie, alors que ceux qui ont été évangélisés par Rome (des Lituaniens aux Croates) sont restés dans le patriarcat de Rome et l'Afrique qui l'a été au départ par Alexandrie, reste sous l'omophore d'Alexandrie; il y a même une paroisse russe à Johanesbourg qui se réfère aux deux patriarcats, Alexandrie et Moscou: magnifique exemple de coopération que nous devrions méditer en France, Rien ne s'oppose donc à ce qu'en Chine des grecs, des russes, des japonais ou des français apportent l'Evangile, sans créer de juridictions concurrentes aux diocèses existants.

Il y a malheureusement déjà eu quelques mauvais exemples dans le passé, le plus criant étant rappelé dans la lettre du patriarche Alexis 2, de bienheureuse mémoire, au patriarche Bartholomé 1.

Citation: "Pour ce qui est de l'Amérique, dès 1794, l'orthodoxie sur ce continent a été représenté exclusivement par la juridiction de l'Eglise russe qui en 1918 regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) ; y appartenaient également les grecs orthodoxes recevant l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Eglises locales qui pour les paroisses américaines envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique. Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le! Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l'Eglise orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe.

Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsque a été créé l'"Archevêché grec d'Amérique du Nord et du Sud" sans l'accord de l'Eglise orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée. C'est justement à ce moment-là qu'apparaît ce que vous décrivez : "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retourne! nt contre elle". Comme nous le voyons, la faute de cette triste situation n'incombe pas à l'Eglise russe. Au contraire, s'efforçant de faire entrer l'orthodoxie américaine dans le sillage canonique, en tant qu'Eglise Mère, en 1970, elle a accordé l'autocéphalie à son Eglise Fille. Par cet acte, l'Eglise russe a agi dans les limites de sa juridiction canonique, ayant en vue une future décision pan-orthodoxe concernant le rétablissement d'une Eglise orthodoxe locale unique en Amérique. Nous pouvons remarquer que, déjà en 1905, un projet de création de cette Eglise avait été présenté au Saint Synode par le saint Patriarche Tikhon qui était alors l’Archevêque d'Aléoutie et d'Amérique du Nord." Fin de citation. (18 mars 2002. Cf, http://oltr.france-orthodoxe.net/html/patriarches2002fr.html)

Espérons que de tels errements ne se reproduiront plus!

7.Posté par Parlons d'orthodoxie le 27/09/2011 18:17
Le 21 septembre 2011, en la fête de la Nativité de la Mère de Dieu, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, Président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a célébré la Divine liturgie en l’église Saint-Nicolas (de la Nativité de la Mère de Dieu) de Goloutvine, à la représentation patriarcale chinoise de Moscou. L’autel central de cette église qui en compte trois est en effet dédié à la fête de la Nativité de la Mère de Dieu. L’archiprêtre Nicolas Kretchetov, chef du doyenné, l’archiprêtre Igor Zouev, recteur de la paroisse, le père Dimitri Agueev, adjoint au Président du DREE, l’archidiacre Alexis Trounine, clerc de l’église Notre-Dame-joie-de-tous-les-affligés, le hiérodiacre Ioann Kopeïkine, attaché du Président du DREE et les clercs de l’église Saint-Nicolas concélébraient.

Les bienfaiteurs et les paroissiens de l’église assistaient à la liturgie dont une partie des prières étaient récitées en langue chinoise. L’office a été suivi d’une procession.

L’archiprêtre Igor Zouev s’est ensuite adressé au Président du DREE au nom du clergé et des paroissiens. Il a souligné les importants progrès survenus ces dernières années dans le processus de normalisation de la situation de l’Église orthodoxe autonome de Chine.

« En tant que collaborateurs du métochion de Chine, nous avons encore beaucoup à faire, et c’est avec beaucoup d’amertume que nous ressentons toute notre faiblesse. Nous savons cependant que la puissance de Dieu opère dans la faiblesse, c’est pourquoi nous demandons au Seigneur sa grâce toute-puissante, nous implorons l’intercession de la Reine des cieux et nous demandons vos paternelles prières », a dit le père Igor.

A l’occasion de la fête patronale, le recteur de l’église Saint-Nicolas a offert à Monseigneur une crosse épiscopale en souvenir. Le métropolite Hilarion a remercié le recteur de son accueil et de son présent et s’est ensuite adressé à l’assistance. Le métropolite a évoqué dans son homélie le thème de la Nativité de la Mère de Dieu et plus largement celui de la naissance, de la maternité et de l’éducation. S’adressant ensuite au père Igor, il a souhaité que sa paroisse prospère, que le nombre de paroissiens non seulement russes, mais également chinois augmente, l’église Saint-Nicolas étant la seule paroisse de Moscou où l’office soit célébré partiellement en langue chinoise. « Vous avez raison de dire, a-t-il souligné, que ces dernières années se faisait sentir un certain progrès dans nos relations avec les autorités de la République de Chine, allant dans le sens d’une normalisation de la situation des fidèles orthodoxes de ce pays. Nous n’avons pas de bottes de sept lieues et les progrès se font à petits pas. Mais on nous a promis que deux étudiants chinois viendraient prochainement suivre des études dans nos écoles de théologie afin de devenir prêtres et de poursuivre leur ministère en terre chinoise. » « Que cette église serve de pont entre l’Église orthodoxe russe et sa fille, l’Église orthodoxe autonome de Chine ».

***
Créée par le Saint-Synode, la Mission spirituelle russe s’est installée en Chine en 1713. Le début du XXe siècle a été marquée par une importante expansion de la Mission, grâce aux mérites du chef de la XVIIIe Mission, l’évêque Innocent (Figourovsky) de Pereyaslav, plus tard métropolite de Pekin. De cette époque datent différentes représentations, y compris celles de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Cette dernière fut fondée en 1908 et confiée à la juridiction du métropolite Macaire de Moscou et de Kolomna. La représentation moscovite doit beaucoup aux efforts de l’archimandrite Abraham (Tchasovnikov, 1864-1918), l’un des membres les plus actifs de la XVIIIe Mission spirituelle russe en Chine. Il fut l’instigateur de la construction de la petite église de la Nativité-de-saint-Jean-Baptiste, sur le territoire de la représentation, consacrée le 18 octobre 1914.
Au début du mois de mai 1922, l’église de la Représentation fut fermée. En 1978, une partie de l’église fut détruite, en 1990, un terrain vague marquait l’emplacement de l’ancienne Représentation.

Le 27 décembre 2007, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe, à l’occasion du cinquentenaire de la fondation de l’Église orthodoxe autonome de Chine décida de poursuivre les efforts entrepris par le DREE dans le dialogue avec la partie chinoise en vue de la normalisation de la situation de l’Église orthodoxe autonome de Chine. Il a également reconnu la nécessité d’une Représentation à Moscou de cette Église.
Un décret du 7 février 2011, signé du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie transformait la paroisse Saint-Nicolas de Goloutvine à Moscou en Métochion patriarcal chinois. L’archiprêtre Igor Zouev en a été nommé recteur.

8.Posté par Le métropolite Hilarion de Volokolamsk s’exprime sur la situation de l’Église orthodoxe autonome de Chine le 05/03/2012 14:21


Le 21 février 2012, le président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite de Volokolamsk Hilarion, s’est exprimé devant les étudiants et les professeurs des écoles théologiques de Moscou, dans un exposé intitulé « Une époque de nouveau martyre. La discrimination des chrétiens dans diverses régions du monde ».

Répondant aux questions de l’assistance après la lecture de l’exposé, le président du département des relations extérieures a abordé, en partie, la question du souci pastoral des Russes orthodoxes vivant en Chine et de la situation de l’Église orthodoxe autonome chinoise. Selon le témoignage du métropolite Hilarion, un dialogue est mené actuellement entre l’Église orthodoxe russe et les autorités de la République populaire de Chine relativement au rétablissement de l’Église orthodoxe autonome chinoise. « Dans ce dialogue, nous avons pour objectif de donner la possibilité aux croyants orthodoxes demeurant en Chine – que ce soient nos compatriotes ou bien des autochtones – de confesser librement leur foi », a dit Mgr Hilarion.

Le métropolite a mentionné avec regret qu’à « ce jour, tout est loin d’être satisfaisant » : « Beaucoup d’églises orthodoxes en Chine sont ou bien fermées, ou bien, tout en étant ouvertes officiellement, n’ont pas de prêtres. Il m’est arrivé de visiter de telles églises, de parler avec les fidèles, qui viennent le dimanche pour mettre des cierges, prier devant les icônes, mais l’office n’a pas lieu dans ces églises, parce qu’elles n’ont pas de clercs ». Jusqu’à maintenant, les tentatives de la hiérarchie de l’Église orthodoxe russe de négocier avec les autorités de la RPC afin d’y envoyer des prêtres ont rencontré une certaine résistance. « Aujourd’hui, il y a des avancées dans ce dialogue. En partie, très prochainement, deux étudiants chinois seront envoyés en Russie pour y recevoir une formation aux académies théologiques de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Nous espérons qu’ils pourront, au terme de leurs études, devenir prêtres et servir sur le territoire de la Chine » a ajouté Mgr Hilarion, qui a caractérisé ce fait comme « le premier pas circonspect » sur la voie de la normalisation de la situation de l’Église orthodoxe autonome chinoise.

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