L’Église orthodoxe russe prête à une rencontre entre le pape et le patriarche Kirill
« Jamais dans nos deux Églises n’ont eu autant de raisons de travailler ensemble », a déclaré le patriarche Kirill de Moscou

Au lendemain d’une audience avec le pape François, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, directeur du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a confié mercredi 13 novembre que l’Église orthodoxe russe est prête à travailler à une rencontre entre le pape et le patriarche orthodoxe russe Kirill.

« Nous ne sommes pas encore prêts à dire quand et où aura lieu cette rencontre mais nous sommes prêts à préparer et à travailler à cette rencontre », a-t-il déclaré à l’agence italienne Ansa, insistant sur le travail principal portant sur "le contenu".

Selon le quotidien La Repubblica, citant lui aussi le métropolite Hilarion, une visite du pape à Moscou n’est pas encore à l’ordre du jour et devrait être précédée d’une rencontre dans un pays tiers. Trois possibilités seraient à l’étude : Bari (sud de l’Italie) – où sont vénérées les reliques de saint Nicolas, patron de la Russie –, Vienne (Autriche) et l’abbaye hongroise de Pannonhalma.

CATHOLIQUES ET ORTHODOXES RUSSES SE RAPPROCHENT SUR LA LIBERTÉ RELIGIEUSE

Au lendemain d’une audience avec le pape François, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, directeur du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a confié mercredi 13 novembre que l’Église orthodoxe russe est prête à travailler à une rencontre entre le pape et le patriarche orthodoxe russe Kirill.

« Nous ne sommes pas encore prêts à dire quand et où aura lieu cette rencontre mais nous sommes prêts à préparer et à travailler à cette rencontre », a-t-il déclaré à l’agence italienne Ansa, insistant sur le travail principal portant sur "le contenu".

Selon le quotidien La Repubblica, citant lui aussi le métropolite Hilarion, une visite du pape à Moscou n’est pas encore à l’ordre du jour et devrait être précédée d’une rencontre dans un pays tiers. Trois possibilités seraient à l’étude : Bari (sud de l’Italie) – où sont vénérées les reliques de saint Nicolas, patron de la Russie –, Vienne (Autriche) et l’abbaye hongroise de Pannonhalma.

CATHOLIQUES ET ORTHODOXES RUSSES SE RAPPROCHENT SUR LA LIBERTÉ RELIGIEUSE

La rencontre entre François et Hilarion a eu lieu treize jours avant celle, prévue le 25 novembre, du président russe Vladimir Poutine au pape, dans le cadre de sa visite en Italie.

Les relations diplomatiques entre le Patriarcat de Moscou et le Saint-Siège ont semblé se dégeler depuis l’arrivée, en février 2009, du patriarche Kirill même si, sous Benoît XVI, aucun sommet n’avait pu être organisé entre les primats des deux Églises, en dépit des désirs exprimés du côté du Vatican.

Une pierre d’achoppement entre Rome et Moscou reste la question des grecs-catholiques en Ukraine, berceau de l’orthodoxie russe. Les « uniates » ukrainiens, fidèles catholiques en communion avec Rome, ont suscité longtemps une haine séculaire des orthodoxes.

Catholiques et orthodoxes russes se rapprochent toutefois sur la question de la liberté religieuse et de la lutte contre le sécularisme, comme l’a souligné la rencontre, mardi à Moscou, entre le patriarche orthodoxe Kirill de Moscou et le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan.

INQUIÉTUDE POUR LA SYRIE
« Pour nous, la liberté religieuse est le summum de la liberté de conscience, a expliqué le cardinal Scola, qui était accompagné par Mgr Paolo Pezzi, archevêque catholique à Moscou. L’interdiction de l’expression publique de la foi n’a pas de sens. Il faut au contraire encourager ces expressions dans un libre dialogue. »

L’archevêque de Milan a par ailleurs salué les efforts du patriarche Kirill en faveur des chrétiens du Moyen-Orient, notamment en Syrie. « Beaucoup de chrétiens dans cette région subissent le martyre : ils sont expulsés de leurs maisons, leurs églises sont détruites », a-t-il relevé, estimant que, « en Occident, on parle trop peu de tout cela ».

Quelques minutes plus tôt, dans son discours, le patriarche Kirill avait souligné que l’Église catholique et l’Église orthodoxe russe partageaient la même préoccupation pour « la situation des chrétiens dans le monde, et pas seulement là où ils souffrent physiquement, comme le Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, mais aussi là où il y a une pression latente sur les chrétiens sous prétexte de tolérance et de multiculturalisme ».

« JAMAIS DANS NOS DEUX ÉGLISES N’ONT EU AUTANT DE RAISONS DE TRAVAILLER ENSEMBLE »
Le patriarche de Moscou a notamment évoqué l’interdiction des symboles chrétiens ou l’utilisation du mot « Noël », le fait que des chrétiens ne pouvaient travailler avec une croix autour du cou « prétendument parce que cela viole les non-croyants et des personnes d’autres religions ».

« Aujourd’hui, la question de la préservation de l’Europe chrétienne, le maintien des sources de la civilisation chrétienne est notre objectif commun, a insisté le primat orthodoxe russe. Jamais nos deux Églises n’ont eu autant de raisons de travailler ensemble. »

Se félicitant de se retrouver « sur nombre de ces questions » avec le pape François, le patriarche Kirill a dit aussi apprécier celle du pape concernant la Syrie. « J’espère que nous continuerons à travailler ensemble pour la paix au Moyen-Orient et en Syrie à faire la paix, et pour les droits des minorités religieuses », a-t-il dit.

De son côté, lors de sa rencontre avec le pape François, le métropolite Hilarion a lui aussi évoqué la question syrienne, notant « la nécessité d’actions consolidées des Églises chrétiennes pour la protection des chrétiens en Syrie », rapporte un communiqué du Patriarcat de Moscou.

N. S. (avec AFP) la Croix

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Novembre 2013 à 19:53 | 17 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 13/11/2013 23:07
La convergence sur certaines questions ne peut faire l'économie, sans risquer sérieusement des séries de malentendus, de divergences essentielles, que les rencontres et relations œcuméniques passent largement sous silence : la question ecclésiologique, le Filioque, la primauté de Pierre, l'infaillibilité papale, l'absence de théologie vivante de l'Image, l'Immaculée

Conception, la célébration le dos tourné à l'autel et de nombreux points de l'Ordo de Paul VI, la Communion des enfants interdite de facto, le purgatoire, et de nombreux points analysés par de érudits et des saints, saint Marc d'Ephèse, et à notre époque par saint Justin Popovitch et des autorités incontestables, telles Léonide Ouspensky, N. Afanassieff, le p. Nicolas Koulomzine, le p. Jean Meyendorff, le p. Alexandre Schmemann, le p. Placide (Deseille), et plus lointainement les travaux du p. Wladimir Guettée.

Le cœur d'un orthodoxe ne peut que s'émouvoir de l'inconsistance tragique des offices conciliaires, et ne peut qu'avoir le désir de témoigner du dépôt sacré de nos pères dans la foi. A l'inverse, le lissage excessif des divergences profondes ne peut qu'empêcher de laisser voir la vraie nature des richesses infinies de la liturgie et des offices orthodoxes, à ceux-là mêmes qui ont si soif de Vérité. Si nous faisons accroire aux catholiques que les divergences sont secondaires, alors à quoi bon découvrir l'Eglise orthodoxe ?

2.Posté par Anne Khoudokormoff-Kotschoubey le 14/11/2013 17:02
Quelle merveilleuse nouvelle! Au-delà de toutes nos différences et divergences, je fais entièrement confiance à notre Patriarche et à ses collaborateurs/conseillers, et je fais confiance d'abord au désir d'amour plus fort que tout, plus fort parfois que les questions pertinentes et percutantes, plus fort que ... tant de choses, justes, des deux côtés, nous l'avons tout de même vécu en 2007 entre deux branches d'une même foi, (la réconciliation entre le PM et Hors frontières), alors je crois en l'utopie qui peut balayer tout, les certitudes et les incertitudes de chaque côté, et je crois en l'Esprit Saint, Unique, qui conduira dans la sagesse, dans l'intelligence, dans l'Amour. Je crois cela et nous en avons besoin, grandement, dans notre trouble époque. Pour le reste, les questions pertinentes et percutantes, je les laisse à ceux qui savent mieux que moi... Et j'attendrai la Bonne Nouvelle de l'Union retrouvée, de l'un et de l'autre, j'attendrai la Bonne Nouvelle et elle nous transfigurera. Prions donc pour ce moment en toute sncérité et liberté. S'Bogom!

3.Posté par Vladimir.G le 14/11/2013 17:06
Il est remarquable de constater qu'il n'y a aucune mention de cette "confidence" de Mgr Hilarion dans la blogosphère russe: le Vatican prend-il ses désirs pour des réalités? Si sur tous les autres points évoqués dans l'article les convergences sont confirmées, la question du prosélytisme grec-catholique en Ukraine, et même en Russie, ne semble pas avoir progressé...

4.Posté par Vladimir.G le 14/11/2013 18:40
Orthodoxes et catholiques ensemble pour défendre l'Europe chrétienne et protéger les minorités au Moyen-Orient et en Syrie

Un rapprochement, ou mieux une communion retrouvée, entre catholiques et orthodoxes serait assurément une chance pour la chrétienté. On y a beaucoup travaillé sous le pontificat précédent et ce qu'on lira ci-dessous montre que cette recherche d'unité est actuellement à l'ordre du jour :

13/11/2013 Lu sur Radio Vatican
Le cardinal Scola a rencontré le patriarche Kirill: travailler ensemble pour la paix

« Aujourd’hui plus que jamais, l’Église orthodoxe et l’Église catholique ont des occasions importantes pour travailler ensemble ». Voilà ce qu'a déclaré le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Kirill, durant sa rencontre mardi matin avec l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola. Selon le Chef de l’Église orthodoxe russe, un de ces devoirs communs « est la défense de l’Europe chrétienne et la protection des droits des minorités au Moyen-Orient et en Syrie ». Kirill a fait l’éloge des différentes prises de position du Pape François y compris à propos de la crise syrienne, ajoutant qu’il partage la ligne du Pontife».

«J’espère – a ajouté le patriarche russe- que nous pourrons continuer à travailler ensemble pour la paix sur ces terres ». À son tour, le cardinal Scola a également exprimé « sa préoccupation à propos de la situation des chrétiens au Moyen-Orient ». « En Occident, nous ne discutons pas assez de ce thème » a dit l’archevêque de Milan, en concluant sa visite de trois jours à Moscou.

Durant la rencontre, le patriarche russe a en outre condamné « la persécution cachée des chrétiens sous la bannière de la tolérance et du multiculturalisme. ». Selon Kirill, cette persécution arrive « par la substitution des symboles chrétiens, lorsqu’on interdit de prononcer le mot ‘Noël ‘, lorsque porter une croix au cou sur son lieu de travail devient une offense pour les non-chrétiens ». Le Chef de l’Église orthodoxe russe a souligné que « les médias, dans 90% de leurs reportages, montrent une image de la civilisation qui vit sans la présence de Dieu et où se réalise la vision du monde des non-croyants ». Et il a conclu : « Nous sommes en train de vivre dans une époque où les controverses historiques , dans les rapports entre les Églises, n’ont plus ce rôle critique qu’elles avaient par le passé. Aujourd’hui, nous sommes engagés à nous pencher ensemble sur beaucoup de questions et nous avons de nombreux objectifs en commun ».

Luca Collodi, de la rédaction italienne de Radio Vatican, a recueilli les impressions du Cardinal Scola.
«Le climat a été très cordial. Et le patriarche Kirill a exprimé toute sa considération pour l’action du Pape». Dans le dialogue qui a duré plus d’une heure, a surgi avec force « l’urgence de la réconciliation entre les chrétiens ». « Je crois que pour comprendre les délais et les modalités d’une rencontre entre le Saint-Père et le Patriarche Kirill, a ajouté le Cardinal, il faut être moins préoccupé par les stratégies politico-pragmatiques et aller, au contraire, plus à fond sur cette urgence missionnaire que doit assumer l’Église d’aujourd’hui, et qui est certainement un facteur puissant d’unification entre nous et nos frères orthodoxes. »

- Le tournant peut être facilité par les commissions-en parlant de doctrine et de théologie-ou bien par la rencontre des fidèles ?
« Nous pensons vraiment que les commissions doctrinales et la réflexion théologique sont indispensables. Mais il existe une donnée de fait qui m’a beaucoup touché et dont j’ai parlé avec le patriarche : sur la base du mélange des peuples et des ethnies, de nombreux fidèles orthodoxes russes- mais pas seulement-sont parmi nous en Europe occidentale et beaucoup de catholiques provenant de pays asiatiques sont pour le moment en Russie. Donc , est en train de naître de fait « un œcuménisme du peuple » qui- surtout dans les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique latine que j’ai constaté à Moscou- m’a beaucoup impressionné. Il y avait un échange continu entre les fidèles à différents niveaux , sur diverses questions qui pour le moment occupent les deux Églises, ce qui me semble quelque chose de vraiment nouveau et chargé d’espoir. Du reste, cela survient également chez nous : pensons à Milan où nos frères russes ont quatre paroisses et une cinquième est en voie de formation. Il y a de nombreux échanges et de nombreux rapports de base. Nous pouvons donc dire que naît « un œcuménisme du peuple ».

- Lors de votre voyage à Moscou, vous avez également rencontré les communautés catholiques. Comment vivent les catholiques en Russie ?
« Ils sont une petite réalité. La diocèse de Moscou est immense, au moins presque une dizaine de fois plus grande que l’Italie ; il y a de petites communautés qui arrivent jusqu’au Pôle Nord. Mais j’ai été touché par les milliers de personnes qui ont participé dimanche dernier à la Sainte Messe dans la Cathédrale de la Mère de dieu avec une telle intensité dans les chants, dans la façon d’être impliqué…Ensuite, j’ai vu que toute une vie se déroule : j’ai eu une rencontre très intéressante, à l’intérieur de leur formation permanente, avec les prêtres et les religieuses à propos de la figure du laïc. J’ai vu l’urgence qu’ils ressentent, c’est-à-dire leur nécessité que le laïc ne soit pas considéré comme un client mais comme un sujet de l’Église. J’ai reçu une impression vraiment très significative de la réalité de l’Église catholique. »

- Regardons le Moyen-Orient qui est une région importante pour les chrétiens : selon vous, quel est le rôle des orthodoxes pour la paix au Moyen-Orient ? Je pense aussi à la Syrie….
«Je dirais que c’est un rôle très décisif et nous en avons parlé avec le Patriarche Kirill : ils se sont révélés très sensibles, également je crois à cause de leur dramatique expérience sous le communisme. Ils sont beaucoup plus attentifs que nous, ils ont une forte sensibilité envers les chrétiens qui souffrent. Je dirais qu’elle est véritablement supérieure à la nôtre. »

5.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 14/11/2013 19:17
Si nous considérons, nous orthodoxes, que l'amour doit être plus fort que nos divergences avec la foi catholique, nous évaluons les nombreux points sur lesquels les catholiques se sont écartés de la foi de nos pères, de la foi de l'Eglise, au cours des siècles, comme secondaires, ou au mieux intéressants techniquement.

Or, il n'existe pas dans l'Eglise orthodoxe de dissociation entre technique théologique et pratique quotidienne de la foi. Une telle dissociation a amené l'Occident à réserver les questions théologiques aux théologiens de telle façon que ces questions ont fini par perdre leur réalité dans la foi au quotidien, dans la foi exprimée au premier chef dans les offices divins, dans le vécu de chacun.

Ce technicisme a mené dans la conception occidentale et catholique à dissocier les dogmes et l'enseignement des pères et de la transmission de la foi dans l'Eglise. L'amour, qui peut s'y opposer ? Mais nous, chrétiens orthodoxes, nous savons par nos pères dans la foi qu'il s'agit exclusivement de l'amour dans l'Eglise. "Salus extra ecclesiam non es" ("Il n'y a pas de salut en-dehors de l'Eglise") avait dit Saint Cyprien de Carthage.

6.Posté par Vladimir.G le 14/11/2013 20:19
Bien cher Кирилл,

Je pense que vous avez raison de souligner cette différence d'approche et je veux souligner que ces textes proviennent tous du côté catholique, les communiqués de l'Eglise russe étant clairement plus mesurés (cf. mon commentaire 3)

PS: que pensez vous de l'architecture de la futur église des Néomartyrs et Confesseurs "sur le sang" (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-eglise-monument-sur-le-sang-contre-la-Loubianka_a3404.html)- RV sur ce fil?

7.Posté par La rencontre « historique » est de nouveau reportée le 17/11/2013 17:01
Le journal italien Repubblica a déclaré cette semaine que prochainement, la rencontre dite « historique » des chefs de l’église catholique et orthodoxe russe pouvait avoir lieu. L'édition a cité le président du Service des liens religieux extérieurs de l’Eglise Orthodoxe Russe, le métropolite de Volokolamsk Hilarion, qui aurait nommé même les lieux probables de cette rencontre. Pourtant, le Patriarcat de Moscou a démenti ces déclarations.

Le chef du « MAE religieux russe » a visité en effet Rome et s'est rencontré avec le pontife. La conversation du métropolite Hilarion avec le Pape François, probablement, a servi de prétexte pour les spéculations sur « la rencontre historique » toute proche. Mais la joie des catholiques étonne l'église russe. Premièrement, ce n'est pas la première visite du président du Service des liens religieux extérieurs de l’église orthodoxe russe chez le pontife. Deuxièmement, personne ne niait la possibilité de la rencontre du chef du patriarcat de Moscou avec le pape. Mais il est prématuré de penser à cela à présent, il faut résoudre une série d’autres problèmes plus importants. Dans le cas contraire, la rencontre aurait seulement un caractère officiel et ne servirait à rien, a souligné dans l'interview à La Voix de la Russie le secrétaire du Service des liens religieux extérieurs du patriarcat de Moscou, le prêtre Dmitry Sizonenko:

Il est nécessaire de réfléchir, pourquoi cette rencontre est nécessaire en général. Pour le moment, seulement un petit nombre de journalistes et de fidèles manifestent un intérêt, et pas du tout la majorité écrasante. Il n'y a pas encore de conditions pour que cette rencontre ait lieu. La situation doit mûrir dans nos églises et dans notre société pour que cette rencontre devienne le résultat de quelque pas essentiel en avant.

Cependant, les deux églises ont des problèmes à examiner en commun. C'est, par exemple, la question de la préservation des traditions chrétiennes et des racines spirituelles, la protection des croyants dans le monde moderne, la lutte contre l’avortement et les valeurs libérales, tels que le mariage religieux des couples homosexuels, les femmes-prêtres etc. Mais le sujet principal, le plus actuel – c’est l'aide aux chrétiens de la Syrie et du Proche-Orient. C’est de cela qu’il était question à la rencontre du métropolite Hilarion avec le Pape François au Vatican, et de cela ont parlé le patriarche de Moscou et de Toute la Russie Cyrille et l'archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola à Moscou :
Jamais auparavant, les deux églises n'avaient autant d'importantes raisons pour travailler ensemble, comme aujourd'hui. Nos avis coïncident au sujet de la position des chrétiens au Proche-Orient et, en particulier, à propos de la crise syrienne. Je suis allé en Syrie tout au début de la guerre et j’avais alors la possibilité de voir la vie des gens. Déjà à cette époque, j'entendais les déclarations que le conflit civil dans le pays pouvait amener à la destruction de l’équilibre interconfessionnel. Et en effet, c’est ce qui a lieu aujourd'hui.

Il est tout à fait probable que grâce au travail commun des orthodoxes et des catholiques sur la préservation du christianisme, arrivera le temps, quand « les différends historiques des églises cesseront de jouer un rôle sensible ». Le pontife de l’église catholique se prépare à la visite du président de Russie. Il est prévu que Vladimir Poutine arrivera dans « la ville éternelle» à la fin de novembre et, probablement, se rencontrera avec le Pape François. Ce sera leur première conversation. Le leader russe s’est déjà rencontré trois fois avec les chefs du Vatican : en mars de 2007 - avec le Pape Benoit XVI, en juin de 2000 et en novembre de 2003 - avec son prédécesseur Jean-Paul II.
Milena Faoustova


8.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 17/11/2013 18:17
Coquille corrigée ! СПАСИБО!

L'expression "les différends historiques" est ambigüe. Dans un inventaire chronologique des faits marquant les éloignements progressifs de l'Eglise de Rome de la Tradition catholique et orthodoxe commune, l'expression désigne une réalité objective. Mais l'adjectif risque de faire accroire que les différends ont finalement perdu de leur actualité, où que les passions humaines contingentes au temps et à l'espace ont créé des différends qui peuvent se résoudre avec le recul de l'analyse historique.
Or, comme l'a montré le grand théologien et érudit serbe Saint Justin Popovitch à notre époque, les différends sont de nature dogmatique, et ont donc chacun et immanquablement des résonances ou des actions profondes dans notre foi, dans notre regard spirituel.
Il faut se reporter à l'ouvrage de référence du p. Justin, "L'Eglise orthodoxe et l'œcuménisme" ("Pravoslavna Crkva i ekumenizam") publié en serbe en 1974 puis traduit en russe, et largement édité actuellement en Russie. Fort malheureusement, il n'existe pas encore de traduction française de cette synthèse capitale qui fait autorité sur ces questions brûlantes.
Кирилл СТШ

9.Posté par Justine le 17/11/2013 21:03
Voici une information plus récente: "Le patriarcat de Moscou a démenti aujourd'hui les informations concernant une rencontre imminente du Patriarche Cyrille de Moscou et toutes les Russies avec le pape François. Le vice-président du Département des Relations Extérieures du Patriarcat de Moscou, l'Archimandrite Philarète (Boulekof) a réfuté dans une déclaration les publications qui mentionnaient même des dates et un lieu de rencontre des deux hommes.

"L'Eglise Russe a toujours souligné que pour qu'une telle rencontre soit possible, il faut d'abord soigneusement préparer non pas tant le protocole, mais le contenu des entretiens", a déclare le représentant du Patriarcat de Moscou. Commentant les informations au sujet de préparations pour une rencontre du Patriarche avec le pape, l'archimandrite Philarète a souligné: 'Il n'existe aucune date, ni de lieu prévus. Il se peut qu'une rencontre ait lieu au futur sur terrain neutre à l'étranger." http://www.romfea.gr/epikairotita/20415-2013-11-17-13-03-55

10.Posté par Daniel le 18/11/2013 12:07
J’ai remarqué qu’avec régularité, la question de cette rencontre est évoqué et elle est décrite comme imminente, puis, un démenti intervient ou encore des reserves de taille. C’est un peu comme le grand concile panorthodoxe. Combien de fois n’a-t-il pas été decrit comme étant imminent? Ce sont deux vrais serpents de mer…

11.Posté par Vladimir.G le 07/02/2014 17:31
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk fait le point sur 5 ans de pontificat du patriarche Cyrille (lien). Extrait concernant les relations avec l'Eglise catholique.
Citation:
Question: A quoi peut-on s’attendre ? Encore cinq ans avant une première rencontre avec le Pape ?
Le métropolite: Nous ne parlons pas encore de dates. Nous disons qu’une telle rencontre est possible, que les Églises en ont besoin dans le contexte de ce qui se passe au Moyen Orient. Mais nous ne sommes pas prêts à parler de dates ni de lieux, parce que cela doit être soigneusement préparé. Un certain nombre de facteurs gênent cette rencontre. Par exemple, quand des prêtres gréco-catholiques ukrainiens appellent à tuer les orthodoxes, comment l’interpréter ? Au Vatican, on nous dit qu’ils n’y peuvent rien parce que les gréco-catholiques sont autonomes. Mais ils sont pourtant bien catholiques, l’uniatisme est un projet catholique. Et n’est pas seulement un projet datant d’une autre époque. Dès 1993, au niveau théologique, catholiques et orthodoxes ont condamné l’uniatisme*, reconnaissant que cette voie ne menait pas à l’unité. Mais les conséquences restent. Nous voyons ces gens agir, prendre position contre l’Église canonique et soutenir les schismatiques.

Tout ceci complexifie effectivement nos relations, nous rejette en arrière. Nous voulons parler de l’essence du problème, résoudre des problèmes, travailler ensemble à la défense des chrétiens du Moyen Orient qui font aujourd’hui l’objet d’un véritable génocide. Mais en même temps nous devons tenir compte de la situation telle qu’elle est et des sentiments de nos fidèles.
Fin de citation

* Note de VG: il s'agit du document de Balamand. Cf. http://www.catho-theo.net/spip.php?article176

12.Posté par justine le 07/02/2014 20:17
A Vladimir, post 11: Le document de Balamand est peut-etre une condamnation dans la forme de l'uniatisme, mais en realité une légitimation de celui-ci, puisque il confirme les communautés uniates existantes et puisque des représentants uniates participaient à l'Assemblée de Balamand! En cela Balamand était une régression par rapport à l'Assemblee de Munich en 1990 qui condamnait l'uniatisme sans equivoque.

13.Posté par Vladimir.G le 07/02/2014 22:49
Merci bine chère Justine,

Le métropolite Hilarion ne semble pas de votre avis et l'étude du pr. Stavrou, dont je donne le lien, semble bien dire que, de fait, ce document allait assez loin...

Quand à moi je ne sais rien du rapport à l'Assemblée de Munich sauf que "De 1990 à 2000, le principal sujet examiné par la Commission a été celui de l’«uniatisme » (Document de Balamand, 1993 ; Baltimore, 2000), sujet que nous approfondirons dans un prochain avenir" (introduction du "document de Ravenne") . Pourriez-vous me donner des détails?

14.Posté par Daniel le 08/02/2014 08:37
Le fait est que Balamand a été critiqué de partout, accepté par on ne sait qui, peut-être personne, et comme tous ces documents, l'affaire a été enterrée. Le patriarche Alexis avait ainsi dit que Balamand n'engageait pas l'Eglise de Russie... et que c'était juste un document de travail.Etait d'ailleurs absente de la réunion les églises de Jérusalem, Serbie, Bulgarie, Géorgie, Grèce et Tchécoslovaquie. Elles avaient boycotté la chose.

Что касается так называемого «Баламандского соглашения», то это – рабочий документ смешанной богословской комиссии, направленный, прежде всего, на предотвращение прозелитической деятельности униатов. Этому тексту никогда не придавалось догматического значения. К сожалению, документ так и не стал для католиков препятствием для насаждения унии и продолжения экспансии на восток.

Traduction de Claude le Liseur du forum orthodoxe.

En ce qui concerne le prétendu "accord de Balamand", il s'agissait d'un document de travail d'une commission mixte de théologiens, dans le but, avant tout, d'éloigner les activités prosélytes des uniates. On n'a jamais donné à ce texte une signification dogmatique. Malheureusement, ce document n'a pas été un obstacle pour les catholiques dans leur implantation de l'uniatisme et dans la continuation de leur expansion vers l'Est.

http://www.russianorthodoxchurch.ws/synod/2006/5interviewpa.html

15.Posté par justine le 08/02/2014 12:46
Le problème avec tous ces documents œcuménistes, c'est qu'ils ne sont officiellement acceptés par aucun Synode et forment néanmoins la base des politiques et des actes. Ainsi selon le document de Balamand (juin 1993), Orthodoxes et Roméocatholiques se reconnaissent comme "églises-soeurs", et bien qu'une telle reconnaissance, qui implique un changement radical de l'ecclésiologie orthodoxe, ne soit pas sanctionnée par les Saints Synodes des Eglises orthodoxes représentées à Balamand, cette appellation est devenue depuis 1993 une règle que presque tout le monde suit!

Quant à l'uniatisme donc, le document de Balamand dit, en 1993, dans son Introduction:

"1. À la demande de l’Église orthodoxe, la progression normale du dialogue théologique avec l’Église catholique a été interrompue pour que soit immédiatement abordée la question qui est appelée «uniatisme».
2. Au sujet de la méthode qui a été appelée «uniatisme», il a été déclaré à Freising (juin 1990) que «nous la rejetons comme méthode de recherche d’unité parce qu’opposée à la tradition commune de nos Églises».
3. En ce qui concerne les Églises orientales catholiques, il est clair qu’elles ont, comme partie de la Communion catholique, le droit d’exister et d’agir pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles."

On a donc rejeté l'uniatisme comme méthode, mais non pas comme fait (communautés uniates) et actes continus (agissement des uniates contre les Orthodoxes, comme p. ex. en Ukraine).

Le texte intégral du document de Balamand se trouve ici: http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/ch_orthodox_docs/rc_pc_chrstuni_doc_19930624_lebanon_fr.html

Une lettre que la Sainte Communauté du Mont Athos adressa à ce sujet au Patriarche Bartholomée en décembre 1993 donne un aperçu de ce qui a précédé à Balamand et souligne les principaux fléaux de ce document. http://orthodoxinfo.com/ecumenism/athos_bal.aspx

Dans cette lettre il est notamment constaté que "l'unia reçoit amnistie et est invitée à la table du dialogue théologique, malgré la décision contraire de la 3e Conférence Pan-orthodoxe de Rhodes [1964], laquelle demande 'le retrait complet, des terres orthodoxes, des agents et propagandistes uniates du Vatican; l'incorporation des soi-disantes Eglises uniates dans l'Eglise de Rome et leur subordination à celle-ci avant l'ouverture du dialogue, parce que unia et dialogue en même temps sont choses irréconciliables' ".

A noter: la demande de la 3 Conférence Panorthodoxe que les Uniates soient pleinement incorporés dans l'Eglise de Rome vise évidemment à éliminer cette confusion que les Uniates continuent à provoquer jusqu'à ce jour parmi les fidèles Orthodoxes à cause de leur "rite byzantin", leurs vêtements liturgiques identiques à ceux des prêtres orthodoxes etc., ce qui les rends indistinguables du clergé orthodoxe où que ce soit sur terre.

Quant au document de Freising de 1990, son texte se trouve dans le volume "Dokumente wachsender Übereinstimmung", publié conjointement par l'Institut de Recherche Œcuménique Strasbourg, Centre Œcuménique Chambésy, Johann Adam Moehler Institut Paderborn et Arbeitsstelle Oekumene Schweiz, aux editions Bonifatius Paderborn 2003, pp. 555-560 ("Dokument der 6. Vollversammlung der Dialogkommission der Katholischen Kirche und der Orthodoxen Kirche, Freising 6.-15. Juni 1990").

(Table des Matières dudit livre)

16.Posté par justine le 08/02/2014 12:49
A Vladimir: Pour le document de Freising en francais: Istina 35 (1990) 328-330.
Vladimir, votre lien donné en post 13 ne fonctionne pas.

17.Posté par Vladimir.G le 08/02/2014 22:06
Merci Justine,

En effet... mystères Internet.

Voici la traduction de cette interview:
https://mospat.ru/fr/2014/02/04/news98016/

Et donc l'original en russe:
https://mospat.ru/ru/2014/02/04/news98016/

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