L’Eglise russe contre la réhabilitation de Staline
Voici une version abrégée de la lettre adressée par le père Philippe Riabykh à un représentant du parti communiste de la Fédération de Russie. Le lien renvoie à la version complète dans l’original. Il s’agit d’un texte d’une grande importance dans le contexte de la violente polémique qui a repris à la suite de la parution du livre de l’archiprêtre Georges Mitrofanov « La tragédie de la Russie au XX siècle ».

L’Eglise russe contre la réhabilitation de Staline

Le hiéromoine Philippe (Riabykh), vice-responsable du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, vient d’adresser une lettre à Eugène Kolychev, président de la commission du P.C. de la Fédération de Russie pour « le travail militaro-patriotique ».
Le père Philippe s’élève contre les tentatives de présenter Staline comme un bienfaiteur de la nation et un croyant orthodoxe.
Staline a causé le malheur de millions de nos compatriotes, pourquoi en faire un héros ? Il est dangereux d’altérer la réalité et d’essayer de faire passer ce cruel persécuteur de l’Eglise pour son bienfaiteur et pour un zélé chrétien. Ces mensonges sont spirituellement dommageables !
Le P.C. avait exprimé le souhait que l’archevêque Hilarion clarifie son attitude à l’égard de Staline et apporte des précisions aux interviews qu’il avait données à ce sujet. C’est à cette demande que réagit le père Philippe.
Eugène Kolychev (P.C.) s’est dit être forcé de prendre, en réponse aux déclarations de Mgr Hilarion, la défense « des ouvriers et des paysans, des athées et des croyants qui sous l’étendard de Lénine ont crée l’Union Soviétique, qui, sous la guidance du parti communiste avec Joseph Staline à sa tête, ont triomphé de la coalition des pays fascistes, ont relevé le pays des ruines, en ont fait une grande puissance, tout ceci en respectant la liberté de conscience de chacun. Staline a accordé son soutien à l’Eglise ».

« Il ne convient pas d’oublier, - dit dans sa lettre le père Philippe - les terribles persécutions souffertes par l’Eglise. Par leur cruauté et leur envergure elles dépassent de loin ce qui s’est passé sous l’Empire romain. Les archives de la police politique nous montrent clairement qu’il s’agissait de faire sévir une politique de terreur délibérée et planifiée. Staline en est-il responsable à titre personnel ?
Oui, bien sûr, et non seulement en tant chef d’un Etat totalitaire mais aussi en tant qu’instigateur immédiat des persécutions contre l’Eglise et la religion. Les défenseurs de Staline se réfèrent souvent à l’audience que Staline a accordée la nuit du 4 septembre 1943 aux métropolites Serge (Starogorodsky), Alexis (Simansky) et Nicolas (Jarouchevitch). Cet événement serait la manifestation de la bienveillance de Staline à l’égard de l’Eglise.
Or, la rencontre en question n’a eu pour résultat qu’une certaine atténuation de la politique répressive à l’égard des croyants. Il s’agissait d’une décision purement pragmatique. En réalité la stratégie de lutte contre la religion continuait d’être rigoureusement appliquée et l’athéisme était resté l’idéologie proclamée de l’Etat. Il se dit de Staline qu’il était croyant. Rien ne vient confirmer ces affirmations »
Source Interfax-religion

Victory in World War II doesn't justify Stalin’s crimes, the Russian Church official believes
Moscow, December 21, Interfax – Head of the Moscow Patriarchate Department for External Church Relations Archbishop Hilarion of Volokolamsk urges to “look in the eye of historical truth” when assessing Stalin’s historical role.
“There are positive proofs of mass repressions under Stalin. We will probably never know the exact number of the repressed, but millions were killed, deprived of property, exiled from Motherland,” Archbishop Hilarion said in his interview to the Spiegel magazine published by the Profil magazine in Russian on Monday.
According to the Archbishop, “neither these achievements nor victory in World War II can justify” these crimes.
“People, not Stalin won the victory,” the Russian Church official said.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 23 Décembre 2009 à 14:37 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Marie Genko le 25/08/2010 19:29

Voici un message qui a du sembler si clair aux lecteurs de Parlons d'Orthodoxie, que personne n'a réagit, pour dire à quel point, nous sommes heureux de savoir que l'Église russe combat pour rétablir la Vérité historique dans son pays.
Lorsque nous voyageons en Russie, au hasard des rencontres, nous nous rendons mal compte à quel point le formatage des esprits par trois générations de régime communiste a altéré les mentalités!
Le mensonge a, durant 75 années, été un des outils nécessaires à la survie de chacun.
Pour rendre aux personnes le culte de la droiture et de la vérité, l'Église russe a un immense travail à accomplir.
Comme il est rassurant de voir qu'elle ne craint pas de s'atteler à cette gigantesque tâche!
Les obstacles à abattre vont être nombreux!
Mais il est un fait évident qu'il faut avant tout chasser l'imposture et rétablir la Vérité historique, sans laquelle aucun futur ne peut se construire durablement.

2.Posté par vladimir le 16/07/2011 10:24
La bataille continue et l'Ennemi maintient le pression:

Un buste de Staline a été érigé dans une ville russe

(AFP 16 juillet 2011)

MOSCOU — Un buste de Staline a été érigé dans la ville de Penza, dans le sud-ouest de la Russie, près de l'immeuble du parti communiste local, ont rapporté vendredi les agences russes.

Lors de la cérémonie d'inauguration de cette sculpture, des passages issus des discours du dictateur soviétique ont été lus à haute voix.

Selon un membre de l'antenne locale du parti communiste, Vladimir Semaguine, cité par l'agence Interfax, l'idée d'ériger ce buste revient à un groupe de vétérans, qui ont fait cette demande il y a un an environ.

"Personnellement, je n'aime pas Staline. Ma famille a souffert durant les années de répression. Néanmoins, il s'agit d'un remarquable homme d'Etat. Et en tant que gens civilisés, nous devons accueillir calmement l'inauguration d'un monument à Staline", a déclaré à Ria Novosti Kirill Zastrojni, un représentant d'une association locale pour la préservation des monuments.

La nostalgie d'un pays mené d'une main de fer reste présente en Russie, où le processus de réévaluation de l'histoire entamé à la chute du régime soviétique en 1991 n'a pas été mené à terme, selon les militants russes pour les droits de l'homme.

En mai 2010, le président Dmitri Medvedev avait dénoncé le régime "totalitaire" de l'URSS et les crimes "impardonnables" commis par Staline.

Dans le même temps, plusieurs manuels d'histoire destinés aux universités continuent de donner une appréciation positive de Staline.

3.Posté par Tchetnik le 16/07/2011 17:28
Une excellente mise au point par rapport à certains milieux Russes en émigration (qui n'ont pas connu autre chose qu,une société occidentale, donc) et qui, sur certains blogs, émettent des théories plus que fantaisistes sur une alliance improbable entre Église Orthodoxe et "communisme contemporain".


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