L’Église russe dans le monde
V. GOLOVANOW

"Il y a des paroisses du patriarcat de Moscou dans 57 pays. Selon des évaluations qui ne sont pas tout à fait précises la diaspora orthodoxe russophone dans le monde compte près de 30 millions de personnes. La majeure partie de cette diaspora appartient à l’Eglise orthodoxe russe. Le patriarcat de Moscou compte 829 paroisses et 52 monastères disséminés dans 57 pays. Dont 409 paroisses et 39 monastères pour l’Eglise orthodoxe russe hors frontières" a déclaré le patriarche Cyrille en ouvrant le concile épiscopal de février 2013.

Une double couverture géographique

L’Église russe est probablement celle qui bénéficie de la plus importante couverture géographique dans le monde parmi les Églises orthodoxes et, comme le précise le patriarche, sa diaspora est actuellement organisée en deux grands ensembles quasiment égaux en nombre de paroisses et de juridictions épiscopales:

- ROCOR (EORHF) compte donc 409 paroisses et 39 monastères répartis en 9 diocèses: 3 aux Etats Unis, (Amériques orientale, Amérique occidentale, Amériques centrale), 1 pour le Canada, 1 pour l'Amériques du sud, 1 pour Australie et Nouvelle Zélande et 3 en Europe occidentale (Allemagne, Grande Bretagne, Europe Occidentale). Il y a aussi des communautés dispersées en Thaïlande, Pakistan, voire Jérusalem. L'EORHF compte 7 évêques titulaires, dont le primat, et 5 vicaires. (1)

- Les paroisses "du patriarcat de Moscou" sont donc 420, avec 13 monastères. La moitié environ est organisée en 10 juridictions épiscopales: 7 diocèses en Europe occidentale, Autriche, Belgique, Sourozh (Grande Bretagne), Hongrie, Allemagne, Chersonèse (France, Espagne, Suisse, Italie, Portugal), Pays Bas, Argentine, 1 diocèse pour l'Amériques de sud, et 2 Administrations apostoliques ayant chacune un évêque "in partibus" à sa tête pour l'Amériques de nord (Etats Unis et Canada). L'autre moitié des paroisses et monastères et dispersée dans 21 autres pays et comprend aussi des métochions et exarchats auprès d'institutions internationales ou des autres Eglises orthodoxes. Il y a aussi 2 Eglises autonomes (Chine et Japon). (2)

Cette diaspora s’est essentiellement créée à la suite des évènements tragiques du XIXe siècle et cette organisation en reflète les divisions: les juridictions épiscopales des deux organisations du même patriarcat se superposent partout. Elles étaient clairement concurrentes, voire hostiles, encore récemment mais deux évènements majeurs sont porteurs de changements: c'est d'abords, bien évidement, la réunification de ces deux ensemble dans la même Eglise en 2007 et ensuite, plus concrètement, la réunion de tous les évêques de la diaspora de l’Eglise russe à Londres il y a un an (octobre 2012).

Vers une réorganisation?

Il s’est donc passé plus de six ans depuis la réunification et certains trouvent curieux que rien n’ait encore bougé au plan organisationnel ; mais le temps de l’Église n’est pas celui des gens pressés et, comme l’a souligné le patriarche Cyrille en ouverture du "groupe de travail pour étudier les questions du renforcement de l'unité ecclésiale" en mai 2012, l'Eglise russe s'est abstenue de toute action précipitée dans les questions d'approfondissement de l'unité: "Il faut être prudent pour ne pas assombrir l'unité acquise par des mouvements maladroits, des actions irréfléchies, et ne pas compliquer les relations qui se développent favorablement" avait dit le patriarche.

Et la réunion épiscopale de Londres apparait particulièrement intéressante et importante : c’est la première concrétisation de la fin de la période transitoire de 5 ans prévue par l’acte d’union de 2007. Dans son discours d'ouverture Mgr Hilarion de Volokolamsk avait largement évoqué les premières actions communes, les progrès dans le rapprochement concret entre les deux structures qui apprennent à se connaitre et, plus particulièrement, la création de ce "groupe de travail pour étudier les questions du renforcement de l'unité ecclésiale" qui comprend des représentants des deux structures et s'est réuni deux fois, en novembre 2011 et en mai 2012.

Rien n’a été publié officiellement concernant des orientations concrètes pour réorganiser les diocèses de la diaspora mais les informations données par le père Andrew Phillips en décembre 2012, après la réunion épiscopale commune, peuvent donner des indications : il serait question de réunir toute la diaspora de l’Église russe dans une grande Eglise Hors Frontière dont le primat serait à New York ; trois grandes métropoles continentales seraient organisées pour commencer en regroupant les diocèses locaux : une pour les Amériques, avec le "métropolite majeur" ("senior Metropolitan") et le principal séminaire (Jordanville), une pour l'Europe occidentale, avec le séminaire d'Epinay et la cathédrale en projet à Paris, et une pour le vaste ensemble Australie-Asie.

Ce schéma est d'autant plus crédible que le père Andrew fait partie de ce groupe de travail pour le renforcement de l'unité ecclésiale ; de plus, le principe des grandes métropoles continentales avait déjà été évoqué par Mgr Marc de Berlin, qui avait été l'un des négociateurs de la réunification entre le Patriarcat et ROCOR. Toutefois, je le souligne encore, cette information n’a rien d’officiel et aucune date n'est avancée pour la mise en place de ce schéma ; il peut donc s’agir d’un "ballon d’essai"... De plus, si rien n'est dit du degré d'autonomie de ces métropoles, on peut penser que, comme ROCOR jouit d'une autonomie totale, il est peu probable que l'Eglise russe revienne là-dessus, d'autant que le patriarche Alexis avait tracé les grandes lignes de ce schéma dans sa célèbre adresse de 2003 que le père Andrew prend comme référence: "Nous fondons notre espoir que la Nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira u moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays."

Doctrine ecclésiologique

Il parait clairement que l’objectif est de rassembler tous les Orthodoxes de tradition russe dans chaque région pour en faire la base d’Églises locales sur le modèle de l’OCA comme l’écrivit le père Jean Meyendorff :"Une base solide pour l'unité de l'Orthodoxie pouvait être trouvée dans la politique qu'à toujours suivi le Patriarcat de Moscou dont le but canonique et missionnaire a toujours été une Eglise pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Eglise mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle." Mais cet objectif va à l’encontre de la doctrine du patriarcat de Constantinople qui considère que toute la "diaspora orthodoxe" doit lui être soumise sur la base d’une interprétation discutable du 28ème canon du IVe concile œcuménique (Chalcédoine). (4)

Les groupes séparés :

Le père Andrew met sur le même plan met les deux groupes ecclésiaux qui se sont séparés de de l’Église russe au XXe siècle, l’OCA et l’Archevêché "de Daru", et il pronostique leur dislocation, les "traditionalistes" rejoignant les nouvelles métropoles de l’Église russe, les autres les métropoles dépendant de Constantinople…

Je pense pourtant que les situations sont très différentes :

L’OCA est une Église autocéphale (même si toutes les Églises orthodoxes ne le reconnaissent pas) avec plus de 15 évêques, près de 600 paroisses et monastères et plus de 85 000 "adhérents" rien qu’aux États-Unis, ce qui représente plus du double de la métropole qui regrouperait les paroisses du PM et de ROCOR (180 paroisses et communautés, 40 000 "adhérents"…) (5). De plus l’Église russe apparait très attachée à son autocéphalie : elle n’a pas désigné d’évêques sur son territoire canonique mais des administrateurs apostoliques et ses représentants qualifiés ne manquent aucune occasion de souligner l’importance de cette autocéphalie : " Je crois que le fait de donner l’autocéphalie à l’O.C.A. était un acte prophétique de la part de l’Eglise orthodoxe russe" proclamait récemment Mgr Hilarion de Volokolamsk (6). ROCOR, de son côté, a récemment régularisé ses relations canoniques avec l’OCA en reprenant les concélébrations épiscopales interrompues depuis soixante ans… (7).

Le métropolite Léonce (OCA) avait très clairement défini la mission de l’OCA il y a 50 ans: «Nous aimons notre Patrie (la Russie) - mais à travers nos enfants et nos petits-enfants nous aimons également notre nouvelle Patrie. Nous aimons et respectons notre Mère, l'Eglise Russe, mais telle une fille adulte, nous sommes liés aux enfants que Dieu nous a donnés. Et nous aimons et respectons également notre Grand-mère, l'Eglise de l'Orient Grec.Toutefois, selon nos forces, objectivement, avec prudence et à pas mesurés, et en même temps sans dévier, nous devons poursuivre jusqu'au bout notre cheminement, jusqu'à la fondation d'une Eglise Orthodoxe unifiée en Amérique.»

Et Mgr Hilarion de Volokolomask confirme et précise cette mission de l’OCA : "… elle n’est pas une des Eglises ethniques de la «diaspora», mais l’Eglise orthodoxe des Etats-Unis, du Canada et du Mexique... Nous pouvons donc dire à toute personne qui voudrait se joindre à l’Eglise orthodoxe : «Vous n’avez pas besoin d’être ou de devenir Russe ou Grec ou Antiochien pour être orthodoxe. Vous n’avez pas besoin de devenir exotique ou oriental, vous pouvez être orthodoxe en gardant votre identité nationale ou culturelle.» Cependant, tout en étant américaine, l’Eglise orthodoxe sur le continent américain doit être capable d’assister pastoralement tous les groupes ethniques qui en auraient besoin. Cette sorte de disponibilité fait véritablement partie de l’expérience américaine. L’Eglise doit aussi être capable de réagir aux nouvelles vagues d’immigration, en incorporant les nouveaux immigrants, avec leurs langues et leurs cultures. La tâche de l’Eglise orthodoxe en Amérique vis-à-vis des immigrants doit consister non pas à les « américaniser », mais à les christianiser et à les « orthodoxiser ». D’où le besoin d’être ouverte aux nouvelles potentialités offertes par les nouvelles immigrations." (ibid. 4)

Tout cela me fait penser que l’Eglise russe va continuer à soutenir l’OCA et la nouvelle métropole réunissant les paroisses du PM et de ROCOR va probablement renforcer la position de l’OCA dans le plerum orthodoxe pour réunir autour d’elle toute l’Orthodoxie de l’Amérique du nord. Quelle sera alors la position de Constantinople ? "Jusqu'à présent les Grecs refusent de reconnaître l'autocéphalie Américaine, écrit Serge Schmemann, et pourtant les Grecs sont à peine plus nombreux que nous en Amérique. Cependant rien ne les empêche d'intégrer l'Eglise Unie d'Amérique. Pour notre Eglise, pour vous parler franchement, ce n'est pas un problème. Nous vivons notre autocéphalie comme un don de Dieu et comme le premier pas vers l'union de tous les orthodoxes d'Amérique en Eglise Unie du Nouveau Monde." (ibid 7)

L’Archevêché "de Daru" : "fut grand par son esprit, sinon par sa taille" écrit l’historien de l’émigration russe Nicolas Ross (8). Avec sa centaine de paroisses, plusieurs évêques et l’ITO St Serge, "Daru" fut pendant un demi-siècle un phare de la pensée orthodoxe avec "l'Ecole de Paris" (cf. aussi la plus importante délégation orthodoxe à la première conférence de « Foi et Constitution» (Lausanne en 1927). Il fut pratiquement indépendant durant cette période, choisissant la protection provisoire de Constantinople en 1931 et 1946, refusant ses instructions en 1965 et pouvant discuter d'un nouveau tomos fixant ses règles canoniques (1999) et entamant des pourparlers avec le patriarcat de Moscou il y seulement 10-15 ans,... Mais les péripéties de la dernière élection archiépiscopale, où le Phanar a pu imposer de nouvelles règles et l’élection de son candidat, montrent que tout cela est terminé ; "Daru" est devenu en dix ans un petit exarchat de Constantinople parmi d'autres...

Son avenir n’est donc plus réellement entre ses mains et va dépendre des décisions du Phanar, lui-même soumis à de nombreuses pressions. S’il n’est pas exclu que quelques paroisses s’en séparent (l’OLTR milite toujours pour l’union avec le PM, d’autres ont proposé de rejoindre l’OCA !), je ne pense pas que cela sera un mouvement général, ni même important : la plupart des clercs et laïcs actifs tiennent beaucoup à l’unité de l’exarchat et le nouvel archevêque, Mgr Job de Telmessos, semble être un homme de consensus. Seul l’avenir dira si son élection sera "le premier pas vers l'union de tous les orthodoxes" en France et/ou en Europe occidentale, comme le dit Serge Schmemann de l’OCA.

Conclusion

Avec ou, plus vraisemblablement, sans "Daru", la réorganisation des diocèses de l’Eglise russe, PM et ROCOR, sera une première étape vers une organisation canonique de la diaspora telle que la voit le PM. Mais, comme Constantinople voit le processus tout à fait différemment, le chemin sera certainement long et semé de différentes embuches. Dans tous les cas je crois ferment que c’est la solution voulue par l’Esprit qui triomphera. Quelle sera-t-elle ? Dieu seul le sait…
L’Église russe dans le monde

Notes

(1) ICI

(2) ICI; et ICI

(3) P. Jean Meyendorff; nécrologie du p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. Traduit du russe par V. Golovanow)

(4) ICI

(5) Alexei Krindatch "the 2010 US Orthodox Christian Census"

(6) ICI

(7) Serge Schmemann dans

(8) ICI

Rédigé par Vladimir Golovanow le 28 Décembre 2013 à 22:04 | 50 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Sebastian le 06/12/2013 14:45
Merci beaucoup Valdimir pour cette excéllante analyse de la situation de l'église russe dans le monde hors la Russie. C'est la première analyse sur ce sujet sans préjugé que j'ai vue (je compte Père Andrew Phillips parmi les préjugés....)

Il n'y a qu'une chose qui me dérange là-dessus: L'Archeveché de la 'rue Daru', que voulez-vous dire par 'en dix ans est devenu un petit exarchat parmi d'autres'? Je crois que l'archeveché pourrait encore jouer un role important, si Mgr Job veut (et peut) parcourir le chemin de rapprochement avec Moscou, peut-etre commencant avec une co-operation entre St. Serge et Épinay. Ou bien, la résistance à l'interieur de l'Archeveché est-elle trop forte? Ce que je ne comprends pas, davantage que j'entre dans la matière, c'est comment il est possible de se borner tellement dans la grande politique des patriarcats si on peut parfaitement coopérer sur le plan pratique et local.



J'attends toujours un apercu du déroulement de l'AGE du 1. Novembre (surtout celui qu'avait promis p. Christophe D'Aloisio sur son blog lien ci-dessous)), mais je ne comprends

2.Posté par Vladimir G. le 06/12/2013 22:35
Bien cher Sebastian,

Merci pour ce commentaire élogieux. Venant d’un spécialiste de votre niveau elle a beaucoup de valeur pour moi.

Je suis d’accord avec votre analyse concernant Daru. Je suis de ceux qui pensent que son héritage ne peut valablement fructifier que dans l’Eglise russe. Toutefois, il me semble évident que l'Archevêché a complètement perdu toute indépendance maintenant et que Mgr Job va agir non pas comme le voudraient les fidèles (qui sont très divisés) mais comme le décidera la Phanar. Et là, tout est possible: le maintien de cet exarchat, qui est malgré tout majoritaire en France, me semble le plus probable, au moins à moyen terme ; son absorption par les différentes métropoles grecques est envisageable, mais je n’en vois pas l’intérêt, et sa réunification avec le PM serait logique canoniquement mais cela provoquera encore bien des troubles ! Par contre des coopérations entre St Serge et Epinay et avec l’université théologique de Moscou me semblent déjà ébauchées. Ce serait peut-être un moyen de sauver l’ITO de la ruine totale qui menace…

Pour comprendre "comment il est possible de se borner tellement dans la grande politique des patriarcats" il faut bien voir que ceux qui ont monopolisé le pouvoir dans l’Archevêché depuis dix ans croyaient sincèrement au "REVE D’AUTOCEPHALIE" (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Deux-projets-pour-l-Orthodoxie-en-Occident-PROJET-1-REVE-D-AUTOCEPHALIE_a728.html?com) et pensaient naïvement que Constantinople les aiderait à le réaliser, alors même que l’histoire de l’Orthodoxie depuis près de cent ans démontre à l’évidence que Constantinople s’oppose farouchement aux autocéphalies de la diaspora car elles menacent son existence même (s’il n’avait pas sa nombreuse diaspora grecque Constantinople serait réduit aux quelques milliers de fidèles que lui réservent les traité et aurait du mal à tenir son "rang".)

C’est en s’obstinant dans cette voie sans issue, en se trompant d’ennemi, en refusant la main tendue par le PM (qui lui milite traditionnellement pour les autocéphalies, de la Bulgarie il y a cent ans à l’OCA, en passant par les Tchécoslovaques…) que ce groupe d’idéologues s’est enfermé lui-même dans le cul de sac où il se trouve maintenant…


3.Posté par Marie Genko le 09/12/2013 23:08
Cher Vladimir,

Merci pour votre analyse et les chiffres que vous citez.
Pardonnez-moi de ne pas être d'accord avec votre perception des choses.
J'ai trop de confiance en la Foi de nos patriarches orthodoxes, pour croire que leur action n'est pas totalement subordonnée à suivre le chemin qui leur semble le plus sûr pour le triomphe de l'Orthodoxie.

Oui, ils sont soumis à beaucoup de pressions extérieures. Oui ils sont suceptibles de commettre des erreurs. Mais en définitive, le peuple de Dieu ne les suit pas lorsqu'ils s'engagent dans des chemins sans issue....

Aujourd'hui le monde est ainsi fait que l'apostolat orthodoxe ne peut pas être l'apanage d'un seul patriarcat. Aujourd'hui chaque patriarcat orthodoxe a un devoir de mission et de témoignage.
Et ce témoignage passe par l'entente fraternelle entre tous les Orthodoxes!

Voilà pourquoi l'organisation ecclésiale, en dehors des territoires patriarcaux traditionnels, s'organise en assemblées d'évêques ayant à leur tête l'évêque représentant le Patriarche de Constantinople. Cette organisation pyramidale semble avoir été reçue par le peuple de Dieu et paraît fonctionner à la satisfaction de tous.

Il me semble que nos critères humains ne doivent pas s'appliquer en Eglise, parce que celle-ci est divine!
Voilà pourquoi nos hypothèses ne peuvent être que vaines.
La situation de l'Archevêché sera réglée entre les patriarcats concernés, selon les Canons de l'Eglise, et probablement fort différamment de tout ce que nous pouvons imaginer.

Nous venons de constater que Sa Sainteté Bartholomé a souhaité contraindre son exarchat à rester russe et à s'occuper de la pastorale des nouveaux venus des pays de l'Est.
C'est ce que le métropolite Emmanuel a rappelé dans son discours lors de l'intrônisation de Mgr Job de Telmessos.
Vous pouvez écouter son discours et celui de Mgr Job sur " Orhtodoxie.com"

Cher Vladimir, les patriarches de Moscou et de Constantinople vont certainement s'entendre au sujet de l'exarchat et ils vont trouver une solution canonique pour éviter la présence de deux évêques du Patriarcat de Constantinople dans une seule et même ville!
Ayons confiance ! Laissons le temps au temps...Le Seigneur n'a jamais abandonné Son Eglise!

4.Posté par Gueorguy le 10/12/2013 08:59
@ Vladimir G

Vous écrivez :
"Mais les péripéties de la dernière élection archiépiscopale, où le Phanar a pu imposer de nouvelles règles et l’élection de son candidat, ..."

Je pense que vous ne formulez pas correctement cette phrase. Le Phanar n'a jamais imposé de nouvelles règles ! Il a simplement appliqué les dispositions du Tomos de 1999 (lien ci-dessous) dont, particulièrement, ce point n°6:

"6.L’élection de l’Archevêque-Exarque Patriarcal, ainsi que celle des évêques auxiliaires, se fait en conformité avec les Statuts que le Patriarche Œcuménique a approuvés et bénis, et selon l’ordre canonique d’après lequel ces élections se font par le Saint et Sacré Synode du Patriarcat Œcuménique quiprend en considération les propositions de l’Assemblée clérico-laïque de l’Exarchat. "

Le seul point qui a été introduit est la modification des statuts - suscité par le conseil de l'Archevêché - qui permettait d'établir une liste de candidats extérieurs à l'exarchat. En revanche, la disposition selon laquelle la liste des candidats devait être agrée par le saint Synode est en oeuvre et est connu depuis la promulgation du Tomos de 1999 et l'instauration des statuts de l'Archevêché.

Le Phanar n'a donc imposé aucune nouvelle règle ! Tout juste a-t-il approuvé une modification des statuts que lui a soumis l'assemblée clérico-laïque.

5.Posté par Marie Genko le 10/12/2013 10:44
Cher Vladimir,

Je veux aussi ajouter à mon message précédent qu'il m'a semblé tout d'abord que la présidence des assemblées d'évêques aurait du être tournante pour bien marquer l'égalité des évêques entre eux, chère aux Orthodoxes.

Mais c'est l'ordre des dyptiques qui a prévalu et qui a été reçu par les fidèles.

Peut-être est-ce là un prémice de la future organisation de la chrétienté toute entière, le jour béni où tous les chrétiens, Orthodoxes, Catholiques et Protestants communieront au même calice?
Ce jour là, le patriarche de Rome sera à nouveau le premier dans l'ordre des dyptiques.
Ce jour là, en Europe occidentale nous serons sur le territoire patriarcal de l'évêque de Rome.
Les évêques des autres patriarcats orthodoxes chargés de leurs diasporas respectives en Occident, le commémoreront au cours des liturgies.

Mais en attendant ce jour béni, en ce qui concerne l'union des juridictions russes dans une seule et même métropole autonome, il me semble, comme à vous, que plus que jamais elle aurait sa raison d'être, car elle serait représentative des aspirations des Occidentaux au sein d'une Orthodoxie de traditon russe.

Lorsque vous écrivez dans votre conclusion:

"Avec ou, plus vraisemblablement, sans "Daru", la réorganisation des diocèses de l’Eglise russe, PM et ROCOR, sera une première étape vers une organisation canonique de la diaspora telle que la voit le PM. "

De mon point de vue, si Daru ne se joint pas à la métropole autonome russe elle est vouée à perdre son identité russe et à devenir un diocèse français avec, dans le futur, un évêque vicaire français dépendant du métropolite des Gaules.
Il y aura logiquement un autre évêque vicaire en Allemagne, un autre en Belgique etc.

Et cela simplement par le fait que la nouvelle vague de diaspora en provenance des pays de l'Est va certainement tarir dans les prochaines années à cause des difficultés économiques que traverse l'Europe actuellement.

Avec toute mon amitié.

Marie

6.Posté par Vladimir.G le 19/12/2013 18:32
Bien chers Marie et Gueorguy,

Je vous remercie de vos pertinents commentaires. Je vais rebondir pour compléter mon exposé autour de 2 points.

1. L'IMPACT ESSENTIEL DE LA DIASPORA RUSSE: avec plus de 1500 paroisses et communautés dans plus de 50 pays, la diaspora issue de l'Eglise russe, constitue probablement le groupe le plus important de toute la diaspore orthodoxe (c'est une estimation très personnelle car je n'ai aucun chiffre sur les autres Eglises et suis preneur de toute information sur ce sujet…); son organisation a donc un impact essentiel sur toute l'Orthodoxie. J'ai essayé de présenter "UN AVENIR PREVISIBLE" en montrant que "la politique qu'à toujours suivi le Patriarcat de Moscou", comme l’écrivait le père Jean Meyendorff, tend vers "l’organisation de future(s) Eglise(s) orthodoxe(s) Locale(s) multiethnique(s)", comme le confirme l'appel d'Alexis II, ce qui va à l’encontre de la politique du patriarcat de Constantinople… Je pense que ce sont là des faits difficilement contestables et, si "les patriarches de Moscou et de Constantinople vont certainement s'entendre", comme le pense Marie, cela signifierait que l'un des deux devra abandonner sa doctrine actuelle. Eu égard à leurs poids respectifs, je doute que ce soit Moscou qui cèdera…

2. "DARU": l'Archevêché n'a pas du tout l'importance que nous lui accordons dans nos débats et son devenir ne changera pas grand-chose… sauf pour ses propres membres, évidement! Par contre, si "les patriarches de Moscou et de Constantinople s'entendent" pour ce qui le concerne, ce sera un signal fort pour la suite…

Je suis bien d'accord que le Phanar a respecté la lettre des statuts, le tomos et le droit canon… et il a imposé son candidat en passant outre à la volonté exprimée du CA et de l'Assemblée clerico-laïque par deux fois: en faisant modifier la seule clause des statuts qui était sensée garantir une certaine indépendance de Daru en rendant impossible un "parachutage extérieur" et substituant ses candidats, tous extérieurs, à 2 sur 3 des candidats choisis par le CA… Les lettres ouvertes sur le site de l'ACER et la lettre de démission de M. Sologoub montrent que cette analyse est clairement partagée par la majorité des dirigeants actuels…

Les premières réactions enregistrées (y compris les lettres ouvertes) semblent bien confirmer que "la plupart des clercs et laïcs actifs tiennent beaucoup à l’unité de l’exarchat", et que, si départs il y a, ils seront peu nombreux. Toutefois, la démission fracassante de M. Sologoub ("La relation de confiance … a été brisée ") et l'absence remarquée de certains clercs parmi les plus influents lors de l'intronisation de Mgr Job laissent penser que le bateau n'a pas encore atteint des eaux calmes…

Je suis d'accord avec Marie et je vais plus loin en pensant que Mgr Job est, de facto si non de jure, le vicaire de Mgr Emmanuel chargé d'administrer les paroisses de traditions russe qui "dépendent canoniquement et de manière immédiate du Trône Œcuménique" (tomos de 1999, pt.1). Combien de temps va-t-il avoir autorité sur cet ensemble et y aura-t-il d'autres vicaires dans les autres pays? Rien n'est, à mon sens, moins sur car, en dehors du doyenné de Grande-Bretagne et d’Irlande (trentaine de paroisses), les autres pays ont bien peu de communautés… Mais le patriarcat de Jérusalem a bien élu un archevêque pour une paroisse au Quatar…

7.Posté par Daniel le 20/12/2013 10:12
@ Vladimir

Pouvez-vous me donner l'article des statuts de Daru disant que le Patriarcat peut proposer des candidats? La lettre dit :

"Article 41. Conditions d’éligibilité.

L’élection de l’Archevêque se déroule de la manière suivante : Le C.A. établit au préalable la liste des candidats et la rend publique après l’avoir soumise au Patriarcat pour agrément.

Les conditions requises sont :

a) être âgé au minimum de 35 ans.

b) répondre aux critères canoniques et moraux de l’Église orthodoxe.

c) être rattaché à l’Archevêché depuis au moins cinq ans.

d) avoir des connaissances théologiques approfondies, sanctionnées normalement par un diplôme."

Il me semble que le Patriarcat ne peut composer la liste comme il le fit selon la lettre. Mais un recours devant les tribunaux aurait fait empirer la situation, avec un risque d'explosion; sachant bien cela, le Patriarcat a joué son va-tout et gagné.

8.Posté par Vladimir.G le 20/12/2013 18:34
"Et cela simplement par le fait que la nouvelle vague de diaspora en provenance des pays de l'Est va certainement tarir dans les prochaines années à cause des difficultés économiques que traverse l'Europe actuellement."

Bien chère Marie,

Je ne partage absolument pas votre avis sur ce point. Je pense au contraire que la mondialisation, et les courants migratoires qu'elle implique, constitue une nouvelle phase du développement de nos sociétés; ces migrations ne sont pas simplement le reflet de difficultés économiques locales mais un processus pérenne qui va au contraire s'amplifier dans toutes les directions: il y a beaucoup plus de Français à Moscou, Londres, Bruxelles etc. qu'il y a 50 ans, tout comme il y a plus de Russes, Roumains, Bulgares ou Grecs en France...

Et à cour terme, l'ouverture de l'espace Schengen à la Bulgarie et à la Roumanie, le projet de suppression des visas entre la Russie et l'UE, l'accord d'association signé avec la Moldavie et la Géorgie, les négociations d'adhésion en cours avec la Serbie, le Monténégro, la Macédoine... ne feront que faciliter la venue chez nous d'Orthodoxes de ces pays et leur présence va très probablement croitre .C'est là une nouvelle donne historique qu'il faut clairement prendre en considération.

9.Posté par Marie Genko le 20/12/2013 22:31
Cher Vladimir,

Il y a 30 ans au moment de l'effondrement de l'URSS, la situation dans les pays de l'Est était complètement catastrophique et les ressortissants de ces pays, qui pouvaient venir travailler en Europe occidentale, se précipitaient chez nous.

Vous avez raison lorsque vous dites que cette vague d'émigration n'est pas tarie mais, si nous avons des médecins roumains dans nos hôpitaux et des aides familiales moldaves, ou ukrainiennes, dans certaines de nos familles, ces mouvements ne sont plus aussi importants que dans les années 1990.

Il est probable que dans des domaines scientifiques pointus, les pays européens s'efforceront de continuer à attirer chez eux les meilleurs spécialistes des pays de l'Est!

Mais il faut tout de même être réaliste, nos économies européennes vont mal!
Le chômage augmentant dans nos pays, il serait logique que chaque gouvernement protège le travail de ses propres ressortissants cadres au dépends des cadres migrants venus d'ailleurs.
Les gens ne migrent plus pour des raison politiques, mais bien pour des raisons économiques!
Si nous n'avons plus les moyens de les employer, il cesseront de venir, c'est aussi simple que cela..

Lorsque vous écrivez qu'il y a il y a beaucoup plus de Français à Moscou, Londres, Bruxelles etc. qu'il y a 50 ans, la raison en est hélas qu'il est plus facile de trouver un emploi à Moscou, Londres ou Bruxelles qu'à Paris...

Ce que j'essaye d'expliquer est que les moteurs ne sont plus les mêmes qu'il y a 30 ans.

De jeunes générations ambitieuses montent dans les pays de l'Est! Ce sont des gens qui savent ce qu'est la pauvreté, et ils sont prêts à se battre et à travailler de toutes leurs forces et leur énergie!

En Europe occidentale, nous sommes dans une situation diamétralement opposée.
Nous avons pris l'habitude d'une certaine opulence, et chez nous, les grèves pour des réclamations de hausses de salaires et de dimunition de travail sont devenues un phénomène banal!

Il me semble difficile de consommer ce que nous n'avons pas produit et, pour cette raison, toutes les probabilités de notre appauvrissement sont en place.

Bien sûr ce phénomène ne va pas se produire du jour au lendemain, nos gouvernements vont continuer à imprimer de l'argent et à l'insuffler dans notre économie!
Notre appauvrissement glissera sournoisement sur une pente au début assez douce...?

Mais quant aux grandx flux migratoires des Orthodoxes de l'Est vers l'Ouest, je n'y crois pas un instant!
Et ce n'est pas demain la veille du jour où la France facilitera les formalités de visa pour les ressortissants russes....

Pour revenir à votre message N°6, je pense qu'il est très important de rester positif et de ne pas attribuer à Sa Sainteté Bartholomé la responsabilité de tous les écrits des théologiens qui font partie du patriarcat de Constantinople.
Ce n'est pas parce que le Père Grigorios Papathomas s'est efforcé de démontrer que Sa sainteté Bartholomé peut faire et défaire les territoires canoniques des différents patriarcats en vertu du Canon 28 du concile de Chalcédoine, que Sa Sainteté Bartholomé va nécessairement agir en conséquence.
Notre Tradition orthodoxe veut qu'un concile soit le décideur en ce qui concerne les changements majeurs.
Je suis intimement persuadée que le Patriarche Bartholomé a du être soumis à de formidables pressions extérieures pour avoir accepté la création d'un diocèse sous son omophore sur le territoire estonnien.

Cher Vladimir, je reste persuadée que tous nos patriarches orthodoxes travaillent au triomphe de l'Orthodoxie! Voilà pourquoi ils ne peuvent pas ne pas s'entendre et travailler de concert dans un monde de plus en plus petit.

Avec toute mon amitié Marie

10.Posté par Vladimir.G le 21/12/2013 09:19
1. Bien cher Daniel,

Pouvez-vous me donner l'article des statuts de Daru disant que le Patriarcat NE PEUT PAS proposer des candidats? La seule chose que je trouve c'est que les candidats DOIVENT ETRE APPROUVES par le Saint synode... ce qui fut le cas. Rien ne dit qu'il ne puisse approuver QUE des candidats proposés par le CA...

Mais ceci est, bien évidement une analyse de la lettre des statuts que devrait faire une juridiction civile (si elle était saisie). Pour nous il faut aussi en voir l'esprit à la lumière des canons. Et là il y a clairement deux interprétations opposées:

- La majorité des membres de l'AGE, signataires des lettres ouvertes, prend pour référence le concile de 1917 et son "expérience conciliaire clérico-laïque"
- Le patriarcat a répondu "l’Église n’a pas été instituée en 1917" (Mgr Emmannuel) et "les statuts de l’Archevêché doivent être interprétés à la lumière de la tradition canonique de l’Église orthodoxe" (Mgr Job)

"Il y a eu un grand malentendu quant à la liberté que vous (le patriarcat) nous garantissiez". J'avais souligné à plusieurs reprises que ce "malentendu" tenait de l'auto-persuasion et n'était fondé ni en droit civil (rien dans les statuts en dehors du point c que vous citez... et qui a été supprimé!), ni en droit canonique (le concile de 1917 et ses innovations n'ont pas été reçus par l'Orthodoxie...), ni, et cela me semble essentiel, par la politique du Phanar depuis centa ans... Le patriarcat a sifflé la fin de la récréation: plus de malentendus - le Phanar décide... Et ce n'est une surprise que pour ceux qui se cachaient la tête dans le sable, car la lettre du patriarche instruisant le locum tenens de "demander et recevoir les instructions de notre Centre sacré sur les questions qui y surgissent" (22/5/2013) ne laissait déjà, à mon sens, aucune ambiguïté comme je l'avais immédiatement relevé...

Bien chère Marie,

Je persiste à penser que mondialisation, ouverture des frontières (1917 pour la Turquie... Ukraine et Russie passeront probablement avant) et migrations temporaires et définitives sont la nouvelle donne historique. L'affaiblissement économique de la France, qui résulte essentiellement de la gestion catastrophique de notre gouvernement actuel, devrait être passager et, de toute façon, notre façon de vivre reste très attractive (je connais plusieurs petits entrepreneurs russes dont les affaires se développent et qui rêvent de s'installer dans notre pays... et je ne parle pas des Roms et autres SDF!).

Quand au Phanar, je ne fais pas d'angélisme et je regarde les faits: sa doctrine est obstinément réalisée depuis prés de 100 ans, de la création de la métropole grecque aux USA jusqu'à la dernière crise Tchèque et à l'échec des Conférences Préconciliaires sur ce point. Le père Grigorios n'a fait que l'expliciter...

11.Posté par Daniel le 21/12/2013 12:44
@ Vladimir

"L'affaiblissement économique de la France, qui résulte essentiellement de la gestion catastrophique de notre gouvernement actuel,"

Euh... l'affaiblissement date de 1974... Depuis, plus aucun budget à l'équilibre... On vit sur les acquis industriels passés qui s'amincissent. Les années Mitterrand, Chirac, Sarkozy n'ont pas été des années d'opulence, non plus... Sous Mitterand, il y a eu le RMI, indice d'une paupérisation évidente. En Espagne, a débuté avec la crise un phénomène d'émigration, le solde migratoire est négatif...

Il y a des accords de libre circulation quand on n'estime que le risque d'afflux massif est des plus limités, limité car les pays en questions sont assez riches pour qu'il n'y ait pas exode. D'ailleurs, ces nouveaux immigrés seront-ils orthodoxes? Si oui, seront-ils pratiquants, j'en doute... Pour l'instant, la dernière émigration géorgienne en date semble surtout pratiquer le cambriolage, on la voit peu à l'église... Pour la Russie, on craint plus une arrivée de populations musulmanes du nord Caucase...

12.Posté par Tchetnik le 21/12/2013 16:12

Le phénomène de mondialisation est de plus inséparable du reniement de ses racines culturelles, spirituelles et nationales. Outre que ce phénomène n'a strictement rien à voir avec les règles, canons, enseignements de l'Église, il implique de la part des population immigrées, de se fondre dans une humanité indifférenciée, marquée par le relativisme religieux comme culturel.

En gros, cela signifie que, si des russes, Bulgares, Roumains ou autres viennent en Occident, non seulement, ils n'en deviendront pas Français, Anglais ou autres pour autant, mais ils ne constitueront pas la portion la plus croyante, la plus pratiquant, ni même la plus patriote de leur population d'origine. Sana oublier que, dans ce mouvement de "mondialisation", ce sont les migrations du Sud vers le Nord qui sont privilégiées, le reste étant marginal.

Donc compter sur la "mondialisation" pour renouveler des paroisses russes moribondes en France demeure utopique.

13.Posté par Marie Genko le 21/12/2013 21:42
Cher Vladimir,

Je suis bien d'accord avec Daniel lorsqu'il écrit que l'affaiblissement de notre économie date des années 70 du siècle dernier.
Et il a aussi raison lorsqu'il écrit :

" il y a des accords de libre circulation quand on n'estime que le risque d'afflux massif est des plus limités, car les pays en questions sont assez riches pour qu'il n'y ait pas exode."

Nous n'aurons probablement pas un afflux de ressortissants d'Europe centrale ou d'Europe de l'Est. Sauf, comme l'écrit encore Daniel, l'arrivée des couches les plus pauvres, et potentiellement les moins honnêtes de ces populations.

Nous pouvons toujours espérer nous tromper ?

Nous souhaitons tous que l'économie européenne connaîsse un nouvel âge d'or!
Mais comme je l'ai écrit dans mon message N°9, étant donné la mentalité actuelle des Occidentaux, davantage portés sur la consommation que sur le travail, cela paraît hélas très peu probable.

Pour revenir à ce que vous écrivez à propos du Phanar:

"Quand au Phanar, je ne fais pas d'angélisme et je regarde les faits: sa doctrine est obstinément réalisée depuis prés de 100 ans, de la création de la métropole grecque aux USA jusqu'à la dernière crise Tchèque et à l'échec des Conférences Préconciliaires sur ce point. Le père Grigorios n'a fait que l'expliciter..."

Pourquoi le Phanar n'aurait-il pas la possibilité d'avoir des diocèses aux USA?
A mon sens tous les Patriarcats orthodoxes doivent prendre soin de leurs fidèles en diaspora sur des terres non traditionnellement orthodoxes, et tous, ils doivent annoncer l'Orthodoxie partout où ils en ont la possibilité.

La création d'Eglises Locales, et de nouveaux patriarcats, se fera lorsque le Seigneur décidera que temps en sera venu.

Si nos patriarches orthodoxes avaient de la jalousie les uns envers les autres, ils seraient de bien mesquines personnes...Cela est tout à fait impossible pour des hommes de prière et de Foi !

Souvenez-vous combien d'années notre malheureuse Eglise de Russie a été captive d'un pouvoir démoniaque! Souvenez-vous combien elle a été critiquée pour avoir courbé la tête devant les bolchéviques! Mais elle a survécu et à présent elle renaît de ses cendres!
De même Sa sainteté Bartholomé est pris en étaux entre le pouvoir turc et celui des USA!
Mais lui aussi veille sur son Patriarcat, et comme pour l'Eglise de Russie, le Seigneur le libérera de ses chaînes.

Avec toute mon amitié Marie









des des déplacements de masses de populations

14.Posté par Vladimir.G le 22/12/2013 16:12
Bien chers amis,

1. Pour utiliser des arguments économiques il me semble toujours préférable d'utiliser des données précises puisées à une source reconnue.

Ainsi la France fait clairement partie des pays les plus riches; avec un revenu per capita de plus de 35 000 $/an, elle se trouve en 38ème position mondiale. Les pays dont nous parlons, par contre, sont au moins deux fois moins riches: (Russie 17 500, Bélarus 15 500, Bulgarie 14 100, Roumanie 12 500), sans parler de Géorgie (5 800) et Moldavie (3 800), 7 à 10 fois plus pauvres... (source: https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2004rank.html?countryname=Cuba&countrycode=cu&regionCode=cam&rank=116#cu). Personne n'imagine que ces écarts vont se combler dans un avenir prévisible. Et je ne parle pas de l’attrait spécifique du modèle français car il n'est pas quantifiable... il est néanmoins indiscutable!

2. Je ne pense pas avoir jamais parlé d’afflux mais de flux: la nouvelle donne historique de l'ouverture des économies au plan mondial (mondialisation) implique des flux réguliers de migrants. Nous aurons donc à les accueillir en permanence et les pays orthodoxes que je viens de citer représentent un potentiel important (plus de 230 millions d'habitants) qui n'est pas prés de se tarir. Comme je le rappelais, les frontières vont être totalement ouvertes pour les Bulgares et Roumains, Géorgie et Moldavie viennent de signer un accord prévoyant le libre circulation et la suppression des visas pour Russie et Ukraine sont à l'ordre du jour (cf. http://french.ruvr.ru/2013_07_23/Simon-Sutour-les-visas-entre-la-Russie-et-l-UE-c-est-absurde-0581/)...

3. Je trouve totalement déplacée dans un débat sérieux une remarque comme "la dernière émigration géorgienne en date semble surtout pratiquer le cambriolage": c'est un amalgame grossier, faux et injurieux qui mériterait des poursuites pénales. Je connais personnellement plusieurs groupes de Géorgiens pratiquants: ceux des deux paroisse parisiennes, et aussi ceux qui participent prient dans les paroisses d'autres Eglises à Lyon, Biarritz, Lectoure...

4. Pour la politique du Phanar en Amériques, je cite le patriarche Alexis 2: "Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsque a été créé l'"Archevêché grec d'Amérique du Nord et du Sud" sans l'accord de l'Eglise orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée. C'est justement à ce moment-là qu'apparaît ce que vous décrivez : "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle". Comme nous le voyons, la faute de cette triste situation n'incombe pas à l'Eglise russe." (http://www.oltr.fr/documents/145-lettre-du-patriarche-alexis-ii-de-moscou-au-patriarche-bartholomee-de-constantinople)

15.Posté par Tchetnik le 22/12/2013 16:58

Le problème de l'utilisation du PIB par tête (comme de n'importe quel chiffre Hors-contexte) est qu'il ne prend pas en ligne de compte l'ensemble de l'économie parallèle, l'ensemble des secteurs subventionnés (qui ne tiennent que par perfusion donc), ni les capacités réelles de l'appareil de production d'un pays, ni sa possession réelle (n l'occurrence, l'endettement réel de la France dépasse de deux fois son PIB...).

Le PIB ne tient pas non plus compte des niveaux de formation et d'éducation (et Dieu sait que la situation en France est catastrophique de ce point de vue-là), ni des perspectives d'évolution des économies nationales. Et force est de constater que ces perspectives sont effectivement bien plus sombres dans la zone Euro qu'ailleurs dans le monde développé.
Le modèle français a beau effectivement être attrayant pour l'ensemble de ses allocations, il n'en est pas moins à bout de souffle.

16.Posté par Marie Genko le 22/12/2013 18:18
Cher Vladimir,

Les chiffres sont difficilement discutables, c'est un fait que la France fait encore partie de pays les plus riches, mais sa trentehuitième place me semble refléter une sérieuse dégringolade!....je n'ai pas les statistiques en tête, mais je crois bien que la France était bien mieux classée il n'y a pas si longtemps?

Nous devons tenir compte du phénomène des vases communiquants, si un pays s'enrichi parce qu'il travaille et qu'il produit, il est donc logique qu'un pays qui travaille moins et produit moins s'appauvrisse....
La mondialisation nous apporte un phénomène de concurrence à l'échelle planétaire.
Or nous vivons en France depuis plusieurs décennies dans une Société d'inspiration socialiste, c'est à dire une Société qui pense que l'Etat doit assister tout le monde!
Nous avons vu quel effondrement économique un socialisme pur et dur a provoqué en URSS!
Pour endiguer notre glissade vers l'appauvrissement de notre pays, ce n'est pas d'un système socialiste mais bien du contraire, dont nous aurions besoin !

Vous avez certainement raison de penser que bien des personnes des pays de l'Est vont continuer à venir chez nous mais, pour moi, ils seront en quantité limitée!

Par ailleurs, nous ne devons pas oublier pas que plusieurs patriarcats sont représentés en France et que les Roumains iront dans leur juridiction de même que les Serbes et les Géorgiens iront dans la leur.

Cher Vladimir, j'ai une profonde admiration pour Sa Sainteté Alexis II, je suis, comme vous, un enfant de l'Eglise de Russie et, comme vous, je suis très attachée à mon Eglise mère.
Mais en ce qui concerne la pastorale de la diaspora en territoire non orthodoxe, il me semble tout à fait normal que chaque patriarcat veille sur ses propres fidèles. Et il me semble normal que chaque patriarcat au moment où il en a la possibilité, évangélise les Nations non orthodoxes.

La lettre que vous citez du Patriarche Alexis II date, ce me semble, de la création du diocèse dépendant de Constantinople en Estonie? Corrigez-moi si je me trompe.

Cette création d'une Eglise autonome d'Estonnie est tout à fait anormale et contraire aux Canons orthodoxes, qui veulent qu'un concile et lui seul ait autorité en cette matière!

Comme je l'ai déjà écrit je suis certaine que Sa Sainteté Bartholomé n'a pas eu d'autre choix que de donner son aval à la volonté de l'Etat Estonnien de rompre autant que possible l'influence de l'Eglise de Russie sur son sol.
Heureusement la donne politique internationale se met à changer et bien des personnes comprennent que l'intérêt général est dans une politique de PAIX entre les Nations et non une politique d'affrontement comme celle qui a été suivie jusqu'ici....
Aussi pouvons nous espérer que Sa Sainteté Bartholomé pourra retrouver un peu de liberté d'action et qu'il travaillera de concert avec tous les autres patriarcats au triomphe de l'Orthodoxie et à la paix dans le monde.

Peut-être verrons-nous ce grand concile tant attendu?
Peut-être verrons-nous l'évêque de Rome retrouver son orthodoxie perdue?

A la Grâce de Dieu, cher Vladimir, si le Seigneur le permet tous les miracles sont possibles

17.Posté par justine le 22/12/2013 20:12
"Cette organisation pyramidale semble avoir été reçue par le peuple de Dieu et paraît fonctionner à la satisfaction de tous." (post 3 de Marie), et de nouveau son post 5: "c'est l'ordre des dyptiques qui a prévalu et qui a été reçu par les fidèles".

Je ne sais pas d'où Marie tire cette conviction que le peuple de Dieu aurait sanctionné une règle, selon laquelle les assemblées épiscopales orthodoxes du monde entier doivent toujours être présidées par le représentant du Patriarcat de Constantinople. La réalité est plutôt que le peuple de Dieu ne s'est jamais prononcé sur la question, personne ne lui ayant demandé son avis. Autre chose est la primauté d'honneur parmi les patriarcats telle qu'elle est exprimée dans les diptyques et autre chose l'administration ecclésiale orthodoxe de par le monde.

La création de ces assemblées d'évêques de différentes juridictions orthodoxes en Occident est sans précédent dans l'Histoire de l'Eglise. Le cours normal par le passé était qu'une Eglise locale était fondée avec ses évêques lesquels se réunissaient en synode, préside par l'évêque de la capitale du lieu. Les assemblées épiscopales interjuridictionnelles modernes ne sont pas des synodes au sens canonique (c'est à dire ayant pouvoir législatif et juridique). Elles sont des organes de consultation et de coopération. On nous dit qu'elles forment un premier stade vers la création d'Eglises locales en Occident. Qu'elles soient obligatoirement présidée par un représentant du patriarcat de Constantinople – avec ce que cela comporte de possibilités de manœuvrer dans le sens des vues et des visées du Phanar - relève de la fausse interprétation du canon 28 du Concile de Chalcedoine et revient à affirmer une primauté universelle de Constantinople, notion qui dépasse de loin la traditionnelle primauté d'honneur entre égaux et qui en dernière conséquence nous ferait tomber dans la trappe d'un papisme "orthodoxe". C'est pour cela il semble capital que nos pasteurs fassent le nécessaire pour prévenir un tel développement, en introduisant le principe de rotation comme le mentionne aussi Marie dans son post 5.

Quant à cette fameuse réunion de tous les chrétiens, il ne faut pas se faire d'illusions– tant que les Roméo-catholiques et les protestants ne reviennent pas de leurs fausses doctrines, elle demeure impossible, à moins que nous soyons disposés à renier la saine et sainte doctrine orthodoxe et à boire l'"eau folle" à notre tour. Ce que Dieu veuille bien empêcher à jamais!

18.Posté par justine le 22/12/2013 21:07
"tous les Patriarcats orthodoxes doivent prendre soin de leurs fidèles en diaspora sur des terres non traditionnellement orthodoxes" (Marie, post 13).
Voilà cette perspective ethnique qui nous est devenue seconde nature, si bien que nous ne la remarquons même plus! Il y avait alors en Amérique des évêques russes qui s'occupaient de tous les fidèles, et le Phanar a créé un évêché grec parallèle – première infraction à la règle "un seul évêque par lieu" sur le sol américain. D'où vient cette nécessité que chaque patriarcat doit s'occuper de "ses fideles" uniquement, à l'exclusion de tous les autres? Est-ce là une pratique évangélique, orthodoxe, chrétienne, ecclésiastique? Cette attitude absolument contraire aux commandements du Christ, on l'a poussée si loin qu'en beaucoup d'endroits de la diaspora, il y a aujourd'hui ces communautés ghetto où l'on n'admet que les fideles d'une nationalité donnée (soit grecs, soit russes, soit ukrainiens, soit roumains, soit serbes etc.) et on se ferme aux autres. Heureusement il y a des exceptions, il y des prêtres pleins de la grâce de Dieu qui considèrent que leur devoir sacré est d'accueillir paternellement tous les fideles, de quelque nationalité ou statut social qu'ils soient, et leurs paroisses deviennent ainsi un havre de salut et d'unité en Christ pour beaucoup.
Notre saint père Justin de Celije a qualifié le nationalisme de "péché contre le Saint Esprit".

19.Posté par Daniel le 22/12/2013 21:14
@ Vladimir

Vous êtes aussi pointilleux que le MRAP. Je faisais remarquer qu'en France, on découvre aussi maintenant des réseaux mafieux géorgiens, spécialisés dans les cambriolages, phénomène très récent, alors que l'émigration géorgienne date des années 90 et n'avait pas posé de problèmes particuliers . C'est à ces réseaux récents que je faisais allusion en parlant de vagues récentes. On ignore a priori tout des personnes susceptibles d'immigrer... cela peut-être n'importe qui, orthodoxe ou non, pratiquant ou non...

Cela dit, le modèle français étant à bout de souffle, je dirais même en respiration assistée, on ne sait pas combien de temps la France va rester longtemps attractive... L'entrepreneur russe rêvant de s'installer en France ne doit certainement pas connaître le montant élevé des charges sociales en France...

20.Posté par Marie Genko le 22/12/2013 22:05
Chère Justine,

Merci pour votre message.
Lorsque vous écrivez:

"Je ne sais pas d'où Marie tire cette conviction que le peuple de Dieu aurait sanctionné une règle, selon laquelle les assemblées épiscopales orthodoxes du monde entier doivent toujours être présidées par le représentant du Patriarcat de Constantinople"

Je ne prétends pas que le peuple de Dieu ait "sanctionné", je prétends que le peuple de Dieu en diaspora sur des terres non orthodoxes a "ACCEPTE" l'établisssement d'assemblées d'évêques, présidées par l'évêque dépendant de Constantinople.
Et pour cela je me fie aux assemblées d'évêques qui se sont mises en place en Europe et dans le monde et qui ont accepté de travailler sous la présidence d'un évêque dépendant du Phanar .

J'essaye toujours de comprendre le "pourquoi" d'une position, qui peut nous choquer, nous Orthodoxes de bonne foi, qui ne sommes pas du tout prêts à accepter un papisme orthodoxe.

Ma seule hypothèse est que Sa Saintetée Bartholomée essaye de mettre en place des usages qui permettraient, à plus ou moins brève échéance, un rapprochement avec Rome?

En effet, lorsqu'on lit l'Histoire de l'Eglise durant le premier millénaire, on s'aperçoit que le rang de premier dans les dyptiques, qui était celui du patriarche de Rome, lui octroyait une autorité réelle au sein de la chrétienté.

Si Rome revenait sur ses fausses doctrines et redevenait orthodoxe, ici en Occident, l'évêque de Rome devrait admettre qu'il n'est pas infaillible.
L'Europe occidentale serait à nouveau le territoire patriarcal du Pape et il serait commémoré par tous les Orthodoxes issus des autres juridictions, présents sur son territoire.

Il me semble évident que plusieurs siècle de Tradition de pleins pouvoirs sur Eglise catholique ne pourront pas s'effacer du jour au lendemain au profit de l'esprit de conciliarité qui nous est cher.
Voilà peut-être la raison qui pousse Sa Sainteté Bartholomée à promouvoir une présidence d'honneur pour l'évêque premier dans l'ordre des dyptiques...?

21.Posté par Marie Genko le 22/12/2013 22:10
Chère Jusitne,

Je souhaite ajouter à mon message précédent que la seule explication pour l'organisation des assemblées d'évêques, telle que nous les connnaissons en Occident, est justement la conséquence de la fracture avec Rome et l'espoir de voir cette situation se normaliser selon les paroles du Christ Lui-même, qui voulait que nous soyons Un...

22.Posté par Vladimir.G le 22/12/2013 22:58
Précisions en vrac:

La lettre de Sa Sainteté le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Alexis II à Sa Sainteté le Patriarche Oecuménique Bartholomée est datée du 18 mars 2003...

Qui préside les assemblées épiscopales n'a strictement aucune importance car ni les assemblées ni leur président n'ont strictement aucun pouvoir. C'est donc un rôle purement honorifique qui revient évidement à Constantinople du fait de sa primauté d'honneur que personne ne conteste.

La France était dans le 5 premiers... avant 1914! Il y a eu en effet quelques changements depuis. Mais pour revenir aux choses sérieuses, les écarts que j'ai souligné ne sont pas prés d'être comblés et l'attraction sur ces pays va donc continuer. Mais la situation est bien la même pour toutes les Églises orthodoxes: mon article ne traite que du cas de l'Eglise russe car je ne dispose pas de données précises sur les autres.

Les nouvelles communautés de Géorgiens que je cite sont composés d'émigrés récents.

Et je ne comprends pas ce que Rome vient faire dans cette galère: il y a un fil spécifique qui montre l’émergence d'un véritable courant Rome-Moscou venant se superposer aux contacts plus anciens Rome-Constantinople. Je propose d'y reporter vos commentaires sur ce sujet.

23.Posté par Tchetnik le 23/12/2013 08:46


@Justine

Hélas, les prêtres de bonne volonté (et ils ne l sont pas tous de ce point de vue) sont confrontés au clientélisme et au népotisme, voire aux menaces des caids de paroisses qui souhaitent conserver le contrôle des communautés t qui, pour ce faire, ont tout intérêt à les maintenir dans leur ghetto ethnique.

Les évêques n'ont qu'une préoccupation qui s'appelle "je maintiens ma place dans l'Establishement de ma communauté ethnique" et une préoccupation bis qui se nomme "pas de vague".

Autant dire que la bataille de l'Église Chrétienne et pas ethnique n'est pas gagnée d'avance.

24.Posté par justine le 23/12/2013 13:46
A Marie
Il est certes louable d'être de bonne foi, et c'est, je pense, au départ la position de chaque membre de l'Eglise. Mais quand les événements nous mettent devant le fait d'un permanent décalage entre paroles et paroles, entre paroles et actes de certains hiérarques, il est nécessaire d'être sur ses gardes, à moins que, pour préserver sa tranquillité personnelle, on refuse tout simplement de pendre note de certains problèmes en Eglise. Dans l'Eglise Orthodoxe, nul n'est infaillible, et il est non seulement permis de penser et d'exprimer des critiques, mais nous avons aussi le droit d'examiner la conduite de celui qui se complait à être appelé "le guide spirituel de 300 millions d'orthodoxes". Le Christ a permis à Thomas douteur d'examiner et de toucher Son côté et Ses serviteurs seraient intouchables?

25.Posté par Marie Genko le 23/12/2013 17:13
Chère Justine,

Je voudrais reprendre ce que vous avez écrit dans votre message N°18 et que je reproduis ci-dessous:

"Voilà cette perspective ethnique qui nous est devenue seconde nature, si bien que nous ne la remarquons même plus! Il y avait alors en Amérique des évêques russes qui s'occupaient de tous les fidèles, et le Phanar a créé un évêché grec parallèle – première infraction à la règle "un seul évêque par lieu"

Il me semble avoir écrit que je trouve inacceptable une forme de papisme que voudraient mettre en place certains théologiens du Phanar.

Mais, quelque soit mon amour filial pour l'Eglise de Russie, cela ne me permet pas davantage de promouvoir un papisme russe.

Pourquoi l'Eglise de Russie, qui a été si missionaire et active durant tout le XIXème siècle, ne devrait-elle pas se réjouir que Constantinople et d'autres patriarcats orthodoxes aient pris sa relève et aient évangélisé durant le XXème siècle, pendant que le malheureux Patriarcat de Russie était prisonnier d'un pouvoir athée?

La règle d'un seul évêque par lieu est pratiquement inapplicable en Europe occidentale, ou aux USA, à moins de créer des nouveaux patriarcats orthodoxes, pour ces territoires.

Voilà ce que nous attendions, et attendons toujours du futur grand concile orthodoxe!
.
Si le rite de nos offices en Slavon, qui est à présent traduit dans les langues européennes, convient à une majorité d'orthodoxes en Europe occidentale, cela est parfait, mais cela ne veut pas dire qu'il doit être imposé à ceux qui ne le souhaitent pas.

Chère Justine, je peux évidamment me tromper dans mes suppositions et mes affirmations.
Mais croyez bien que mon souhait le plus cher est la bonne entente entre nos Patriarches orthodoxes, et les efforts de chacun d'entre nous pour construire jour après jour le triomphe de l'Orthodoxie.

Avec toute mon amitié Marie

26.Posté par Marie Genko le 23/12/2013 19:03
Cher Vladimir,

Merci de nous rappeler dans votre message 22 que les évêques des assemblées épiscopales dépendent de leurs Eglises mères respectives. Et de ce fait, comme vousl'écrivez, le rôle du président de cette assemblée est purement honorifique.

Nous verrons bien comment se comportera la future diaspora en provenance des pays de l'Est.
Pour le moment, en attendant que l'église russe du bord de Seine soit construite, beaucoup de migrants viennent remplir la cathédrale de la rue Daru chaque dimanche.
Mais il faudrait que le nombre de ces migrants augmente, si nous ne voulons pas voir une église se dépeupler au profit d'une autre?

27.Posté par justine le 24/12/2013 16:02
A Marie, post 25
D'accord avec vous sur ce point: pas de papisme, de quelque côté que ce soit. Pour ce qui est des activités de mission durant le 20e siècle, je ne vois pas en quoi le Patriarcat de Constantinople aurait pris la relève de la Russie. Cette relève a surtout été le fait de l'EORHF. On doit même parler d'absence de mission dans le cas de Constantinople. Il y a certes eu la création de nouvelles métropoles en divers endroits du monde, mais toujours dans un but politique, économique, géostratégique, et non pas missionnaire. L'activité missionnaire en Occident est même découragée par le Phanar, conformément à son orientation œcuméniste. Pour cela, la presque totalité des convertis occidentaux sont entrés soit dans une des juridictions russes, la serbe ou l'antiochienne, soit à l'OCA, et très peu dans la juridiction de Constantinople, exception faite bien sûr de ceux qui ont été catéchisés et baptisés au Mont Athos et ses dépendances.
Pour la traduction des textes liturgiques, je pense que la meilleure solution est d'avoir, en alternance, des offices dans les deux langues, la langue locale et la langue traditionnelle, ou des offices dont une partie est dans l'une des deux langues, une autre partie dans l'autre. On pourrait citer à cet égard l'exemple de l'Eglise de Jérusalem où on concélèbre en grec et en arabe, notamment à la cathédrale de la Nativité à Bethlehem. (Le chant byzantin en arabe est d'ailleurs merveilleux). Quand il y a le respect mutuel et l'esprit évangélique, ce genre de choses de devraient poser aucun problème.
Joyeux Noel à vous, Marie, et tous les autres qui aujourd'hui célèbrent la Nativité de notre Sauveur.

28.Posté par Marie Genko le 24/12/2013 18:58
Chère Justine,

Un très Joyeux Noël à vous aussi, si vous le fêtez ce soir et demain?
Pour notre famille ce sera le 6 et le 7 janvier.
Vous avez raison de rappeler que l'EORHF a été très active durant tout le XXème siècle.
Je connais vraiment très mal la situation des Orthodoxes aux USA, aussi je préfère ne pas en parler.
Je ne peux que dire qu'il me semble légitime que chaque patriarcat orthodoxe ait le soucis de ses fidèles lorsqu'une Eglise Locale n'existe pas sur un territoire donné.
Avec toute mon amitié

Marie.

29.Posté par Daniel le 24/12/2013 21:16
J'ai du mal à voir les missions de l'EORHF au 20e siècles; il y en eut certes, mais ce fut disparate car l'EORHF avait dans certains secteurs la mentalité d'être une église russe pour les Russes. Ce qui a causé sa quasi-disparition dans les îles britanniques par le phénomène d'assimilation des générations suivantes et de décès des anciens. Aux Etats-Unis, la mission fut réduite, il y eut des tentatives en France, et un certain succès en Indonésie...

Je ne considère pas vraiment Jérusalem comme un exemple en matière de langues liturgiques. Les tensions sont réelles entre un haut clergé grec (on se demande pourquoi tous les évêques sont grecs) et un bas clergé et des fidèles arabes dont on peut se demander quel est l'intérêt pour eux d'avoir des offices en grec.

30.Posté par Tchetnik le 24/12/2013 22:24
La situation en Terre Sainte met hélas en évidence un clergé Grec assez coupé de ses ouailles Arabes. Pour le coup, ce sont surtout les Russes qui s'en sont spirituellement occupé. Mais avec là aussi un travail de catéchèse et d'expression culturelle locale qui reste encore en partie à faire.

Aux Amériques, l'EORHF ne s'est guère préoccupé de répandre l'Évangile et, à part quelques sites qui, du bout des lèvres utilisent l'anglais ou le français, l'essentiel de son activité se fait en ghetto. La fréquentation d ses communautés s'en ressent d'ailleurs, les anciens n'étant pas toujours très accueillants ni pour les Chrétiens d'autres origines, ni même pour les Russes de Russie.

Pour la France, le monastère de Lesna et sa volonté officielle et affichée de se desintéresser des Français pour ne constituer qu'un îlot "russe" en dit assez long sur le peu de cas que l'EORHF a toujours accordé à ses devoirs missionnaires.

Inutile de préciser que le résultat de cette politique est catastrophique, avec un détachement croissant des enfants et petits-enfants qui s'assimilent et qui se désintéressent de l'Église alors que leur assimilation ne rendait pas cette désaffection inéluctable si ils avaient été bien pris en main, par une véritable catéchèse et non une commémoration folklorique.

31.Posté par Daniel le 25/12/2013 08:28
En France, il y eut une série de paroisses francophones de l'EORHF du temps de l'évêque Antoine de Genève. Elles avaient pour origine, je crois, l'ECOF, mais célébraient selon le rite byzantin. Il y avait les pères Patrick Ranson, Ambroise Fontrier ou Frontrier. Elles fonctionnaient comme une mission en langue française et publiaient la revue papier Lumière du Thabor. Vers 1985-86, elles rejoignirent des vieux calendéristes grecs; elles existent toujours de nos jours (environ 6 en France). C'est un cas de mission de l'EORHF en France que j'ai en tête. Les publications étaient de qualité.

En consultant le site du diocèse de Genève, j'ai vu que l'EORHF a accueilli des paroisses espagnoles, et entièrement espagnoles qui relevaient jadis, du très bizarre Synode de Milan.

Quand le poids ethinique est trop pesant au point de devenir un carcan, il est peut-être préférable de créer une structure ad hoc dédiée à la mission.

32.Posté par justine le 25/12/2013 13:39
Concernant l'activité der l'EORHF en Amérique, celle-ci vient de publier un très beau documentaire qui vient contredire les propos négatifs de Tchetnik. Le titre: "L'Amérique russe - sanctuaire caché du monde orthodoxe". Dans ce documentaire, bien sûr, on ne rencontre pas le monde des chiffres de Vladimir, ni la dureté de Tchetnik, mais l'âme, la sensibilité orthodoxe. Ce n'est que dans un tel climat que peut se réaliser la véritable mission orthodoxe dans notre monde contemporain si dur et impitoyable.
Lien pour la narration en anglais qui se superpose à la narration originale russe: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=_2LVL0lLBvY
Et pour la narration russe sans superposition de l'anglais:

33.Posté par Vladimir.G le 25/12/2013 15:46
Merci Justine pour ce passionnant document. J'ai été particulièrement frappé par le massage d'union qui en émane. D'abord union de l'Eglise russe, avec la coopération sur le terrain entre paroisses du PM et de ROCOR dont je parle dans mon article, puis la réelle fusion entre natifs d'Ameriques et arrivant du "Monde russe", enfin union entre les différentes Eglises orthodoxes autour de la saint icône de ND de Koursk.

Ce témoignage constitue une totale réfutation des thèses soutenues par nos chers frères Daniel et Tchetnik concernant le soi-disant "ghetto ethnique" qui caractériserait la diaspora de l'Eglise russe (voir en particulier la commémoration des saints pères d'Optini par les jeunes Américains... en slavon, ainsi que la conclusion!)

34.Posté par Tchetnik le 25/12/2013 16:12
@Justine

En général, il est relativement rare que les intéressés publient des informations à charge contre eux...

Pour ma part, je préfère me fier à ce que j'ai vu et constaté sur place. J'aurais préféré en dire plus de bien mais je n'en ai pas trouvé assez.

La cathédrale Saint Nicolas de Montréal, pour ne citer qu'elle, ne réunit péniblement qu'une cinquantaine d fidèles chaque dimanche, fidèles assez agés pour la plupart. Cee schéma se reproduit hélas dans la plupart des paroisses les plus anciennes de l'EORHF aux USA et au Canada.

A la décharge de L'EORHF, il faut reconnaitre que Constantinople s'est révélée avoir une mentalité aussi ethnique. Il ne fait pas bon d'être d'origine Russe dans une église Grecque aux USA et je ne parle même pas des Anglais ou des Français au Canada...


35.Posté par justine le 25/12/2013 17:33
A Daniel, post 29 et Tchetnik post 30.
Je constate à quel point on est victime en Europe occidentale de la désinformation malveillante (ou ignorante), toujours avidement reproduite par les medias occidentaux, que ce soit au sujet de l'Orthodoxie fidele à la Tradition en général, de la Russie en particulier ou encore au sujet de l'Eglise de Jérusalem. On isole certains éléments négatifs et choisit d'ignorer tout le reste qui est positif. En général, les seuls orthodoxes qui ont bonne presse, ce sont les œcuménistes, les libertaires et les dissidents de toute sorte, autrement dit, ceux qui sont conformes à la mentalité occidentale. En ce qui concerne l'EORHF, il faut opposer aux dires de Daniel les faits en Allemagne (une 40aine de paroisses dont plusieurs entièrement germanophones, 2 importants monastères avec de nombreux moines et moniales d'origine non-russe) et en Suisse (6 paroisses et ceci parmi les plus actives des paroisses orthodoxes en CH, comptant une grqnde part de convertis). Quant aux Etats Unis, voir le lien donné dans mon post précédent ainsi que deux autres qui documentent tout le contraire de ce que dit Daniel:

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=yn2E3X9ck5Q&list=UUW7r84gPnEMR7BZKz9iEkkw, documentaire de 18 min sous le titre "L'Eglise ancienne au 21 siecle", et:
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=EAo3nSw6N_c&list=UUW7r84gPnEMR7BZKz9iEkkw#t=117, sur le prêtre EORHF Onuphry Keith, 6 min.

En ce qui concerne l'Eglise de Jérusalem, il est vraiment injuste de dire qu'elle ne s'occupe guère de ses ouailles arabophones. Ce genre d'informations constitue une désinformation. S'il n'y avait pas de tensions dans l'Eglise Jérusalem, elle constituerait un cas unique en Orthodoxie et meme dans le monde tout entier! Il faut en connaitre les causes effectives avant de juger. Dans ses paroisses arabophones, le Patriarcat entretient des écoles gratuites dont l'enseignement est en arabe, et les offices ecclésiastiques, célébrés par un clergé séculier arabophone, y sont bien sûr en langue arabe eux aussi. Son site internet est édité en 4 langues, dont l'arabe et désormais même le russe. Tous les hiérarques du Patriarcat doivent obligatoirement parler l'arabe. Et il y a aussi des hiérarques arabes, quoique en minorité. Il ne faut pas oublier que le Patriarcat de Jérusalem constitue depuis toujours un monastère, dont l'abbé est le Patriarche. Ne peut être élu évêque qu'un membre de la communauté monastique du Saint Sépulcre.

36.Posté par justine le 25/12/2013 17:49
A Tchetnik, post 34:
Un exemple de l'esprit ghetto dans certaines (pas toutes, sans doute) églises grecques en Amérique: des amis suisses orthodoxes récemment émigrés au Canada n'ont pas réussi jusqu'à ce jour à briser le secret des heures des offices liturgiques dans l'eglise grecque de leur endroit! Malheureusement, il n'y a pas d'eglise russe dans la région. Puissent Dieu inspirer aux pasteurs russes d'envoyer de ces géniales églises ambulantes dont ils ont le secret pour desservir les pauvres orthodoxes perdus dans les immensités canadiennes!

37.Posté par Daniel le 25/12/2013 18:21
Je ne connais pas la situation allemande mais pour les Îles britanniques, l'EORHF eut une politique ethnique qui conduisit au fiasco. C'est le Père Andrew Phillips qui l'indique. Il y avait même à une époque un évêque pour l'Angleterre puis aucun à cause des déperditions de paroissiens... Quand lui-même s'adressa à l'EORHF en Angleterre, on lui dit, "impossible, vous n'êtes pas russe".

Pour la France, l'EORHF n'a jamais représenté des effectifs très nombreux; ils ont eu tendance à décroître dans certaines villes, en témoigne la paroisse d'Annecy qui ferma, puis a rouvert récemment du fait de l'immigration récente, signe qui ne trompe pas...

Je connais mal la Suisse et la sociologie des paroisses hors-frontières locales.

Je pense que les situations ont pu varier en fonction des époques ET des évêques... Longtemps, il y a eu la tendance au ghetto ethnique en certains lieux; aujourd'hui qu'en est-il? Qu'en sera-t-il à terme? Un documentaire de 30 minutes peut indiquer une tendance positive, l'avenir en dira plus...

38.Posté par Tchetnik le 25/12/2013 21:18

@Justine

Il se trouve que je suis bien placé pour parler des paroisses EORHF de Suisse.

La plus importante numériquement reste celle de Vevey qui comprend une part importante de convertis et réalise une partie des offices en français.

C'est l'exception qui confirme la règle. Et elle est en grande délicatesse avec l'évéché.

Ni les paroisses de Bâle, ni celle de Berne, ni même la cathédrale de Genève n'utilisent le français ou l'allemand de manière courante et toutes se refusent à la catéchèse en langues françaises ou allemande.

Les paroisses Allemandes étaient vieillissantes jusqu'à une date récente et à l'instar de la France, ont connu un renouveau inespéré par l'afflux massif de nouveaux arrivants, lesquels s'assimilent bien plus vite que les anciens, se marient ont des enfants qui parlent plus allemand que russe ou retournent au bled. Mgr Marc a pu effectivement tendre une perche aux Allemands et favoriser en partie leur catéchèse, mais à titre personnel, il demeure un Russe de synthèse et reste réticent à la germanisation d'une église qu'il préfère Russe.

39.Posté par Marie Genko le 26/12/2013 08:52
Il y a un détail important, qui n'a pas été mentionné jusqu'à present dans cette discussion, c'est le fait que jusqu'en 2007, c'est à dire jusqu'au moment de son retour sous l'omophore de son Eglise mère, l'EORHF était complètment hostile à l'oecuménisme!
Lorsque Justine écrit:

"En général, les seuls orthodoxes qui ont bonne presse, ce sont les œcuménistes, les libertaires et les dissidents de toute sorte, autrement dit, ceux qui sont conformes à la mentalité occidentale."

Justine a parfaitement raison!

Si l'EORHF a très longtemps voulu rester fidèle au Slavon, c'est parce qu'elle avait une très grande conscience de sa position de faiblesse au sein d'un monde hostile...quel est le poids d'un petit synode d'évêques, privé de l'appuis d'un patriarche?
Même ses frères de sang, les Orthodoxes Eulogiens de l'Archevêché russe s'opposaient à elle avec une hostilité non déguisée (voir le jounal du Père Alexandre Schmemman)!

Pauvre EORHF, je trouve son mérite extraordinaire, non seulement elle ne s'est pas desséchée sur elle-même, mais comme nous avons pu le lire ci-dessus (message 35 de Justine) elle a su créer des paroisses et des monatères.

Sous l'impulsion de son Eglise mère, l'EORHF a accepté une vision d'évangélisation de l'Occident qui lui était totalement étrangère il y a moins de 7 ans....

Voilà pourquoi cette structure ecclésiale a toute mon admiration!

40.Posté par Daniel le 26/12/2013 13:10
@ Marie (39)

Je ne comprends pas le message 39... Etant en position de faiblesse, l'EORHF aurait dû au contraire se renforcer en adoptant un positionnement à la fois anti-oecuméniste et ouvert aux convertis locaux via l'usage des langues locales qui auraient cohabité avec le slavon. Cela aurait permis de rallier les convertis sérieux qui voyaient les limites de l'oecuménisme et d'orienter les générations assimilées vers ses paroisses qui n'auraient comme unique différence que la langue. Il me semble que ceci a été tenté avec les paroisses fonctionnant en langue française. Une telle stratégie aurait pu avoir un beau succès en Italie où, aussi bien Constantinople que Moscou refusait systématiquement les adhésions à l'orthodoxie. Fruit de cette attitude, ce sont des églises orthodoxes un rien exotiques qui récoltèrent la majorité des conversions d'Italiens...

La positionnement 100% slavon a au contraire entraîné un déclin certain avec une absence de renouvellement générationnel, une absence de renfort substantiel par des convertis : ceux étant hostile à l'oecuménisme devait au préalable franchir la barrière de la langue, pas forcément évidente. Les seuls renfots pouvaient être les nouveaux immigrés venant du Patriarcat de Moscou alors rival... et ne faisant pas forcément la différence entre les deux.

Dans ces conditions d'affaiblissement extrême, la réunion avec le Patriarcat de Moscou devait fatalement advenir dans des termes qui n'ont pas été excessivement favorables à l'EORHF. Les élections de tous ces évêques et non de son seul primat doivent être validées à Moscou : elle est donc mois qu'une église autonome. Sur l'oecuménisme, elle n'a rien gagné : dans la forme, elle possède toujours des anathèmes contre l'oecuménisme et les tenants de la théorie des branches, mais dans les faits, le texte de ces anathèmes semblent avoir été changé tandis que le Patriarcat de Moscou continue sur sa lancée, le Métropolite Hilarion ayant même déclaré récemment que catholiques et orthodoxes ne se considéraient plus à présent comme hérétiques. Déclaration qui va à l'encontre du dit anathème, mais le monde orthodoxe est habitué aux contradictions.

Les excellents côté de l'EORHF furent de grande figures de sainteté, Saint Jean de Shangai, Saint Philarète de New-York, le saint martyr Joseph (frère Joseph), Bienheureux Séraphin (Rose), la canonisation des nouveaux martyrs et de la famille impériale (pendant qu'à Daru on regardait ailleurs), un sérieux dogmatique et des écrits qui ont permis de prendre conscience de la panhérésie oecuméniste. C'est pour cela que je lui rends hommage.

41.Posté par Tchetnik le 26/12/2013 16:15

@Justine (36)

Hélas, la plupart des églises Grecques relevant de Toronto (Mgr Sotirios) sont dans cet état d'esprit, à la fois très relativiste et oecuméniste sur l'enseignement et hyperethnique sur la forme. Une église Orthodoxe Grecque au canada peut très bien organiser des barbecues pendant le Grand carême, mettre de la musique Jazzy pendant un mariage, accueillir des Protestants à la communion, si ce n'est des TDJ, mais se ferait martyriser plutôt que d'accueillir un Roumain, un Russe ou-horresco referens- un Canadien.

Cela allait dans certains endroits jusqu'à jeter à la poubelle les surplus de nourriture de fête plutôt que de les donner à des organisations charitables mais qui se seraient occupé de "canadiens". "Ca appartient à la "communauté Hellenique"!", martelent ils pour le justifier.

A Québec, l'église locale s'est d'abord nommée "Paroisse Grecque-Orthodoxe de l'Annonciation", pour devenir "Église Grecque de l'Annonciation" et enfin "Communauté Hellénique de Québec". Exit donc le "Église" et le "Orthodoxe", comme le "Annonciation...

Ceci dit, je ne sais pas où se trouvent vos amis, mais, s'ils ne sont pas perdus au fin fond du Grand Nord, le choix d'églises est possible, avec aussi des églises OCA qui, avec leurs qualités et leurs défauts, sont en général moins regardantes sur la provenance des fidèles, ce à l'exception de certaines communautés comme Saint Pierre et Paul à Montréal plus ukrainiennes que Petlioura...

L'EORHF y a été UN PEU PLUS missionnaire qu'en Europe, mais à peine plus. Dans l'ensemble, elle est demeurée dans son pré carré, et, comme en Europe, n'a enfin décidé que très tardivement à s'ouvrir à la mission, essentiellement quand elle a constaté que de très gros vides avaient fini par se creuser dans ses rangs.

42.Posté par justine le 27/12/2013 17:47
Je relativerais un peu l'affirmation de Marie qu'"une vision d'évangélisation était totalement étrangère il y a moins de 7 ans" à L'EORHF Rappelons, pour ne citer que deux exemples, Saint Jean de San Francisco et Shanghai qui encourageait le travail missionnaire dans les années 1960 (c'est avec son encouragement et sa bénédiction que Séraphin Rose fonda la Fraternité missionnaire de St Germain d'Alaska, comme le mentionne aussi Daniel. Et l'Ermitage de la Sainte Croix à Wayne fut fondé en 1986 avec la bénédiction et le soutien de l'Archevêque (plus tard Métropolite, donc Premier Hiérarque de l'EORHF) Laurus, alors abbé du Monastère de Jordanville.

A Tchetnik. Malheureusement votre description de l'Eglise grecque au Canada semble etre assez correcte, d'après ce qu'on lit et entend. Dans une ville du British Columbia, l'eglise grecque était peinte, à l'exterieur, dans les couleurs du drapeau grec... L'eglise OCA la plus proche de mes amis est à 200 km. Mais il y a des endroits où l'eglise orthodoxe la plus proche est à 300, voire 400 km, alors que les sectes protestantes pullulent - 25 à 30 par ville. Il y a donc du pain sur la planche pour la mission orthodoxe au Canada. Et surtout pour la création de monastères et d'hermitages, car si quelqu'un cherche le silence et la solitude, il les trouvera en abondance. Et c'est un climat qui convient bien aux Russes! Espérons donc.

43.Posté par justine le 28/12/2013 16:02
Ce n'est probablement pas le fil approprié pour signaler la chose, mais les responsables du blog le mettront là où ils voudront: Le Saint Synode du Patriarcat de Moscou vient de publier un important texte définissant sa position concernant la question de la primauté universelle en Orthodoxie:
https://mospat.ru/ru/2013/12/26/news96344/ en russe
https://mospat.ru/en/2013/12/26/news96344/ en anglais

44.Posté par Vladimir.G le 28/12/2013 18:27
Je voudrais féliciter notre bien cher Daniel pour son extraordinaire inventivité : "Mgr Marc (de Berlin) ... demeure un Russe de synthèse" (commentaire 38). On ne peut mieux dire du pur Allemand, Michael Arndt, né à Chemnitz, ayant appris le russe après avoir fui la RDA à 18 ans, découvrant l'Orthodoxie après ses études supérieures et qui représente, effectivement, la meilleure preuve du témoignage orthodoxe en occident... dont l'insuffisance est si souvent soulignée par certains de ceux qui, justement, sont aussi les preuves vivantes de son succès! Mgr Marc, comme Mgr Gabriel, Mgr Georges de bienheureuse mémoire, ou Mgr Jonas ou les pères Jean et Quentin (de Castelbajac) sont autant de preuve vivantes que le respect du slavon n'a jamais constitué un obstacle au témoignage orthodoxe. Sont-ils tous des "Russe de synthèse" ?

45.Posté par Tchetnik le 29/12/2013 17:37

""Mgr Marc, comme Mgr Gabriel, Mgr Georges de bienheureuse mémoire, ou Mgr Jonas ou les pères Jean et Quentin (de Castelbajac) sont autant de preuve vivantes que le respect du slavon n'a jamais constitué un obstacle au témoignage orthodoxe.""

-Ou l'art de prendre une poignée d'exemples ultraminoritaires pour en faire une généralité, ce contre les milliers de cas qui se sont vus refuser l'entrée dans l'Église pour cause de "non-ethnicité". En l'occurrence, les contre-exemples de perte du Christianisme Orthodoxe pour cause de folklorisme sont effectivement nombreux, ce y compris au sein des peuples immigrés (car les descendants s'assimilent...) tout comme le sont les exemples d'évangélisation par adaptation logique à la culture des peuples. Sans oublier les paroles Scripturales qui, en aucun cas, ne justifient le concept de "langue sacrée".

""Sont-ils tous des "Russe de synthèse" ?""

-A partir du moment où ils conditionnent l'entrée dans le Christianisme à l'acquisition d'une autre culture, qu'ils demandent aux impétrants de changer leur culture (ce que fait Mgr Marc entre autres)qu'ils placent l'idolatrie de la culture superficielle sur le même plan que la propagation de l'Évangile, ils sont effectivement des Russes de synthèse. Dont le résultat a été plus que négatif en l'occurrence.

""dont l'insuffisance est si souvent soulignée par certains de ceux qui, justement, sont aussi les preuves vivantes de son succès! ""

-Quand on ne connait pas les personnes et leurs histoires il vaut mieux s'abstenir de ce genre de commentaire qui peut tomber à côté de la plaque. D'abord parce que les "preuves du succès" se comptent sur les doigts de la main, ensuite parce que la conversion de certains ne doit strictement rien à ces gens qui, en Occident, ont pris l'Église Orthodoxe en otage de leur ethnicité.

46.Posté par Vladimir.G le 29/12/2013 18:24
Bien cher Tchetnik,
Eu égard à votre pseudo, je ne vous compte pas parmi "les preuves vivantes". Et quel dommage que vous ne puissiez pas citer "les milliers" de... fantômes anonymes dont vous faites souvent état sans le moindre début de commencent de référence sérieuse...

Donc, d'après vous, combien de "Russes /Roumains, Grecs, Serbes.../ de synthèse" parmi les 300 000 orthodoxes français estimés par le rapport du professeur Jean-Pierre Machelon?

47.Posté par Tchetnik le 29/12/2013 21:59

@Vladimir

""Donc, d'après vous, combien de "Russes /Roumains, Grecs, Serbes.../ de synthèse" parmi les 300 000 orthodoxes français estimés par le rapport du professeur Jean-Pierre Machelon?""

-Excellent exemple de chiffres pris Hors-contexte dans une étude plus que superficielle, réalisée selon une méthode plus que douteuse.

Décidément, cela valait bien la peine de combattre le bolchevisme pour en reprendre les mêmes méthodes de langue de bois et de truquage de données...

Il n'y a pas et n'y a jamais eu "300 000" Orthodoxes français" pour l'excellente raison qu'il n'y a pas 300 000 Orthodoxes en France pour commencer.

Je répète ce que disait Andrew Lang, à savoir que certains utilisent les chiffres de la même manière qu'un ivrogne un réverbère. Bien plus comme béquille que comme source de lumière.

En l'occurrence, les "fantômes" ont été cités par de très nombreux exemples de paroisses, nommément citées, et de sources chiffrés qui montrent de manière logique, par 2+2=4, que la politique ethnocentriste et "völkisch" que vous appelez de vos voeux est un ÉCHEC, y compris par rapport à votre propre peuple.
Le fait que vous ne compreniez pas vous même le slavon, de votre propre aveux, en est une autre illustration.

Par ailleurs je repose la question:

Avez-vous UNE SEULE RÉFÉRENCE SCRIPTURALE OU PATRISTIQUE ou CANONIQUE qui justifie votre vision ETHNIQUE ET RACISTE de la mission de l'Église?

En l'absence de telles références (qu'aucun défenseur du folklore n'a jamais été capable de fournir jusqu'à présent), il ne reste plus qu'à constater que cette politique est non seulement un échec mais est aussi antiévangélique.

48.Posté par Daniel le 30/12/2013 07:13
Méthodologie de l'étude Machelon : " En croisant les diverses estimations et projections que donnent habituellement les enquêteurs et experts, qui s’appuient sur les chiffres avancés par les groupes religieux eux-mêmes, on peut néanmoins esquisser le tableau suivant :"

Il n'est pas fiable de s'appuyer sur les chiffres avancés par les organisations religieuses elles-mêmes. La meilleure solution en France serait le sondage sur un échantillon représentatif de la population.

49.Posté par Marie Genko le 30/12/2013 10:06
Chère Justine,

Merci pour votre message 43 et le lien de la publication par le Saint Synode du Patriarcat de Moscou du texte définissant sa position concernant la question de la primauté universelle en Orthodoxie.
Je viens enfin de trouver le temps pour le lire.

Ce texte rejoint parfaitement un autre ouvrage, "L'Eglise Orthodoxe" publié en 1995 par le hiérodiacre Gabriel du monastère Saint Nicolas de la Dalmerie (monastère orthodoxe français, docèse grec, patriarcat de Constantinople) ouvrage publié avec une lettre de bénédiction de Son Eminence le métropolite Jérémie

Il est toujours rassurant de voir que nos patriarches orthodoxes ont bien la même vision inaltérée de l'Orthodoxie!

Pour revenir à la discussion de ce fil, qui me semble très critique du manque de réception en Orthodoxie par les Occidentaux, qui souhaitent se tourner vers notre Foi orthodoxe, il conviendrait de citer un extrait de l'ouvrage de Jean Louis Palierne qui aborde cette question...
Malheureusement j'ai prêté mon livre et je ne peux pas citer cet extrait!
Je ne peux que dire de mémoire qu'il s'agirait d'un accord, dans le cadre de l'oecuménisme, de non prosélytisme, accord entre les instances dirigeantes des différentes identités chrétiennes présentes en Occident!

Je crois qu'il est aussi utile de revenir un siècle en arrière pour dire que la notion de territoire canonique était encore très vive chez beaucoup d'évêques en Russie.
Lorsque le Père Joseph Vassiliev, au milieu du XIXème siècle, a soumis à son évêque la nécessité de construire une église orthodoxe russe à Paris, il a commencé par se heurter à un refus catégorique, à cause justement du fait que l'Eglise de Russie n'admettait pas le prosélytisme catholique sur son territoire canonique en Ukraine et entendait bien respecter le territoire canonique de l'évêque de Rome en échange...!

Les choses en Eglise mettent infiniment plus de temps à se mettre en place !

Il est évident que l'Occident doit être évangélisé à nouveau. Mais il n'y a guère plus de 50 ans que cette situation est devenue un fait criant!

Il me semble que le meilleurs service à rendre aux chréteins d'Occident serait de les aider à se remettre en question afin qu'ils retrouvent leur propre identité culturelle et qu'ils exigent le retour de leur Eglise avec ses propres Tradition et ses propres rites vers la Foi du premier millénaire qui nous est commune!

Avec toute mon amitié Marie

50.Posté par Vladimir. G: Le patriarche de Moscou Cyrille: " le monde russe ne se limite pas à la seule Fédération de Russie" le 21/07/2015 10:08
Le patriarche de Moscou Cyrille: " le monde russe ne se limite pas à la seule Fédération de Russie"
«Nos adversaires utilisent malheureusement l’expression ‘monde russe’ comme une espèce d'épouvantail, un croquemitaine qui ne sert que dans les intérêts de la politique extérieure de la Russie,» a dit le patriarche de Moscou Cyrille en parlant de la signification de la mémoire de saint Serge de Radonège pour tout le plérôme de l’Église orthodoxe russe à l’occasion de la fête du saint le 18 juillet dernier. « Il n’y a rien de plus éloigné de la vérité que d’identifier le monde russe à la seule Fédération de Russie » a-t-il continué en soulignant que c'est aussi "le monde ukrainien et le monde biélorusse; c'est le monde de toute la Rus, crée par le baptême dans le Dniepr; c'est le monde du prince Vladimir, c'est le système de valeurs qui a imprégné toute la culture et la vie de notre peuple." Et il s'est référé au début de la Chronique de Nestor* "qui commence par 'd'où provient la terre russe." Il n'y est pas question d'Ukraine, Russie, Biélorussie – ils sont aussi 'la terre russe' et nous ne pouvons pas renier notre histoire, nos idéaux, nos saints, nos monastères, nos offices divins et notre langue commune" a conclu le primat.

* La "Chronique des temps passés" ou " Chronique de Nestor" rédigée à la Laure des Grottes de Kiev vers la fin du XIe siècle ou le début du XIIe
Extrait de http://www.pravoslavie.ru/news/80767.htm

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