La veille de son départ pour Kiev le patriarche Cyrille de Moscou a reçu plusieurs journalistes ukrainiens. Il leur a, entre autre, déclaré : "La mission de l'Église est de témoigner de la Vérité, les accusation que l'on porte à son égard de s'être mise au service du pouvoir sont sans fondements. Nous devons nous adresser à la conscience des gens, nous devons éveiller leurs consciences. L'Église n'a pas à être tributaire de doctrines ou de pratiques politiques de tel ou autre État. Si l'Église s'engageait dans cette voie, elle cesserait de personnifier la conscience de la nation. Ce positionnement nous a permis de rester indépendants du pouvoir, de formuler notre attitude à l'égard de nombreux problèmes du monde moderne, d'avoir élaboré en 2000 "Les fondements de la doctrine sociale de l'Église".

"Il se dit de part et d'autre que nous entretenons des relations de proximité avec les autorités, que nous accordons notre soutien idéologique à la politique du gouvernement. Ces affirmations sont totalement erronées. Elles sont destinées à des personnes qui sont dans l'ignorance des relations qui existent actuellement entre l'Église et l'État . L'Église n'a vocation ni à se situer dans l'opposition. au pouvoir, ni à lui accorder son soutien politique. Nous portons la Divine Vérité en nous fondant sur les Saintes Écritures. L'Église se doit en premier de préserver son autonomie à l'égard du pouvoir séculier. Elle reste libre, indépendante de quelque parti politique que ce soit, au service du peuple."

Rédigé par l'équipe de rédaction le 24 Juillet 2009 à 17:08 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Nikita Krivochéine le 25/07/2009 17:39
L'agence France-Presse publie le 24 août le commentaire qui suit. Ce texte concerne fort peu à l'orthodoxie. Nous le citons cependant car l'analyse politique, bien que fort partiale, nous paraît intéressante.

La première visite en Ukraine du nouveau partiarche de Moscou, Kirill, qui va sillonner le pays pendant dix jours, suscite une controverse à Kiev où certains dénoncent une démonstration de force de la Russie orthodoxe chez son voisin. Intronisé en février, Kirill, dont l'Eglise considère l'Ukraine comme son territoire canonique, arrivera lundi à Kiev, berceau de l'orthodoxie russe, un an après un voyage de son précédesseur Alexis II. Kirill, qui visitera également Donetsk et Sébastopol, fiefs pro-russes situés dans l'est de le sud du pays, ainsi que la région de Volynie (ouest nationaliste), célébrera plusieurs offices jusqu'à la fin de sa visite le 5 août. Il rencontrera lundi le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, partisan de la création d'une Eglise ukrainienne indépendante de Moscou, ce que la Russie voit d'un très mauvais oeil. "Cette visite est pastorale. Il ne faut pas y voir de composante politique", a assuré jeudi Kirill, selon son service de presse. Il est cependant loin de convaincre tout le monde. Ce voyage a-t-il des "objectifs amicaux ou vise-t-il à rappeler que la Russie reste le frère aîné, l'arbitre des modes idéologiques et politiques?", s'interroge le journaliste et écrivain russe Dmitri Bykov dans l'hebdomadaire ukrainien Fokus paru vendredi. Le patriarche Filaret, chef de l'Eglise orthodoxe dissidente relevant du patriarcat de Kiev, est encore plus catégorique. "Il vient pour promouvoir le projet politique d'intégration de l'Ukraine à la Russie", veut-il croire. L'orthodoxie est très majoritaire en Ukraine, mais ses fidèles sont divisés. L'Eglise relevant du Patriarcat de Moscou est à couteaux tirés avec deux Eglises dissidentes nées après la chute de l'URSS en 1991, celle du Patriarcat de Kiev et la petite Eglise autocéphale. Officiellement, les paroisses du patriarcat de Moscou (11.300) sont bien plus nombreuses que celles du patriarcat de Kiev (4.000) et de l'Eglise autocéphale (1.200), mais, selon des sondages, le nombre des fidèles du patriarcat de Kiev dépasse celui des orthodoxes soumis à Moscou. Filaret, cible d'un anathème lancé par l'Eglise russe en 1997 en raison de sa dissidence, a de son côté invité Kirill à rencontrer des dissidents et à remettre ensuite des "propositions visant à surmonter des contradictions existantes". "Il est temps de le comprendre : l'Ukraine n'est pas la Russie, a-t-il souligné. Il est temps de reconnaître notre droit de construire notre avenir indépendamment". Un haut dignitaire de l'Eglise soumise au Patriarcat de Moscou a créé la surprise vendredi en jugeant qu'une rencontre de Kirill avec des dissidents ukrainiens n'était pas impossible. "Nous n'excluons pas qu'un contact, une rencontre des représentants de ces Eglises avec le patriarche Kirill puisse avoir lieu" pendant la visite, a déclaré l'archimandrite Kyrylo Govorun, chef du département des relations extérieures. Il considère toutefois peu probable un entretien de Kirill et Filaret, "la division dans l'orthodoxie ukrainienne étant très liée à ce dernier". Le parti nationaliste ukrainien UNA-UNSO a promis pour sa part d'organiser des manifestations lors de la visite de Kirill pour "réclamer la création d'une Eglise indépendante d'Ukraine". Devant les craintes de provocations et d'affrontrements, les Eglises du patriarcat de Kiev et de Moscou ont appelé leurs fidèles à la paix.

2.Posté par Marie Genko le 27/07/2009 09:27
@Nikita
Merci pour cet article de l'agence France Presse.
Il a ravivé dans ma mémoire l'image apparue sur nos écrans de télévisions il y a quelques années. Nous pouvions voir à Kiev deux foules grondantes marcher l'une à la rencontre de l'autre.
Chacune, conduite par des prêtres portant des croix.
Je me souviens nettement du sentiment d'horreur, qui s'est emparé de moi, lorsque se barrant le chemin, les uns aux autres, les prêtres se sont mis à se battre à coup de croix!
Voilà jusqu'où peut aller la vindicte de la foule aiguillonnée par des sentiments nationalistes, bien éloignés de l'enseignement du Christ!
Prions pour que rien de tel ne se reproduise au passage du patriarche Cyrille, qui a le devoir pastoral de visiter son troupeau.

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