NICE - La cathédrale russe de Nice, fermée depuis lundi pour cause de litige entre l'association qui la gère et la Fédération de Russie propriétaire des murs, va rouvrir ses portes samedi pour les journées du Patrimoine, avant d'être à nouveau close, a annoncé son recteur vendredi.

L'ACOR, l'association cultuelle orthodoxe russe qui gère depuis 1923 Saint-Nicolas, refuse depuis lundi d'ouvrir ses portes au public - hormis pour les offices -, protestant contre la décision de la Russie de ne plus faire payer l'entrée.
Selon le recteur Jean Gueit, sans ce droit d'entrée, il n'est "pas possible de payer les cinq salariés" assurant l'accueil et l'entretien de l'édifice, l'un des plus visités de la Côte d'Azur avec quelque 100.000 entrées par an.


"Cette activité commerciale nous permet de rémunérer les salariés et d'entretenir le bâtiment. Puisqu'on nous coupe le robinet, on est obligé d'arrêter. Ils n'ont qu'un seul but: enlever d'ici le clergé actuel et le remplacer par le leur. Ils ont déjà envoyé un prêtre à cet effet", a expliqué à un correspondant de l'AFP Alexis Obolensky, marguillier (responsable laïque) de la cathédrale.

Le père franco-russe Nicolas Ozoline a en effet été missionné à Nice comme nouveau recteur de Saint-Nicolas par le patriarcat de Moscou et attend désormais que l'association cultuelle lui remette les clefs de l'église.
"La solution la plus simple aurait été que les membres de l'Acor appliquent les décisions de justice et libèrent les lieux, mais comme ils ne le font pas, eh bien la justice suivra son cours", a prévenu ce religieux, interrogé par le correspondant de l'AFP.

L'ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, a enfoncé le clou dans les colonnes du quotidien Nice Matin daté de jeudi: "Nous irons jusqu'au bout pour récupérer la cathédrale".
La Fédération de Russie est devenue propriétaire de la cathédrale en mai à la suite d'un arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, au terme d'une longue bataille judiciaire menée par l'Acor, qui s'est depuis pourvue en cassation.

"On a été obligé de céder sur la question des droits de propriété, mais pour les clés et les papiers, on ne cédera pas", a prévenu Jean Gueit. "La Russie est propriétaire du terrain, donc des murs au jour d'aujourd'hui, mais pas propriétaire du contenu" de la cathédrale, a-t-il encore souligné.
Bâtie au début du XXe siècle et classée monument historique, la cathédrale Saint-Nicolas, plus grand édifice orthodoxe russe hors de Russie, renferme de nombreux trésors, dont une superbe iconostase et quelque 300 icônes.

EXPRESS

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Septembre 2011 à 16:10 | 6 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Mikael Lefaux le 17/09/2011 21:33
Le fait le plus troublant...le plus odieux c 'est faire croire que c'est la Russie qui chasse de leurs emplois les travailleurs de l 'ACOR ! Car il n'y a pas d'argent pour leurs salaires dorénavant...cela est impossible!
Car nous ne somme pas au mois de juin que je sache nous somme au contraire a la fin de la saison estivale alors ce sont les mêmes travailleurs qui grâce à leurs labeurs ont contribué largement à la création du budget à venir ...qui sont menacés par le recteur d’être mis a la porte! Pardon mais alors où va l'argent ???

2.Posté par PetiaS le 17/09/2011 22:12
Cher Michel,

L'argent de l'ACOR fait, de part une taxe de 7% annuelle, vivre l'archevêché de la rue Daru...Vous comprendrez aisément les enjeux...et l'inquiétude de cette institution dissidente...

3.Posté par J.P. Gervais le 18/09/2011 19:36
De gentils estivants m’envoient un feuillet par eux récupéré au portail de la cathédrale Saint Nicolas.
Je me permets d’en faire une glose :
3/20 en agitprop, les rédacteurs de ce tract ne méritent guère mieux !

Appartenant au premier état (le clergé) ces propagandistes se devraient d’être plus attentifs à la vérité, n’est-ce pas un volet constitutif de leur artisanat ?

Quelques observations, auxquelles s’ajoutent les inclusions en italique dans le corps du tract.
« gérer ce patrimoine niçois » , bien dit, cela signifie que l’on en est pas le propriétaire.
« Construite sur l’initiative de la colonie russe et avec l’aide de la famille impériale » : c’est le monde à l’envers.
« Après la révolution et les turbulences qui ont suivi… » : prix Goncourt pour l’art de manier l’euphémisme ! Et mépris pour le génocide russe.
« la cathédrale comme beaucoup d’églises russes s’est placée en 1931 sous l’obédience du patriarcat de Constantinople » : beaucoup ? Certes, dans l’Hexagone. Dans le reste du monde, majorité Eglise Hors Frontières.
« Leur mission est de prendre possession des lieux et de chasser en douceur le clergé en place » : leur mission, à l’identique de l’objectif de tous ceux qui, du côté russe, se sont impliqués dans l’affaire de Nice est de trouver une solution paisible et fraternelle. Ce à quoi l’ACOR, et idem sa hiérarchie, se sont refusés de la manière la plus têtue.
« Etat et Eglise confondus » : l’Etat russe n’est pas plus « confondu » avec l’Eglise qu’avec les bouddhistes de Bouriatie ou les chamans du Grand Nord. L’Etat russe depuis qu’il s’est libéré procède à la restitution à leurs authentiques propriétaires des biens ecclésiaux orthodoxes comme appartenant à d’autres religions spoliés par les soviets, que ce soit à Saint-Pétersbourg ou sur la Côte d’Azur.
Il n’est pas fondé de dire que la Fédération s’ingère dans l’ordo ou les ancestraux canons. Elle n’a fait que transmettre la cathédrale au patriarcat de Moscou. Le tract continue, et ce motto commence à dépasser sa date de péremption, à mélanger et à fusionner le président Medvedev avec le patriarche Cyrille. Bien que fréquentant la messe le président russe est respectueux de la liberté des cultes.
Que les rédacteurs de ce brûlot se rassérènent : les autorités religieuses trouveront, comment en douter, un dénouement fraternel à ce qui ne fait que sembler être un nœud gordien.
Et en fin un peu de psychologie de cuisine :
Comme il est tentant pour la nomenklatura de l’ACOR (ses secrétaires n’ont-ils pas soigneusement cotisé à France-URSS ?) d’identifier l’administration russe avec le KGB d’Andropov, pourquoi pas avec Yourovsky, le bourreau de la famille impériale (cela a été dit !) et de s’imaginer réincarnés en vaillants dissidents des années soixante en ex URSS : de ceux qui ont résisté, qui sont allés place Rouge en 1968, qui, vaillamment, acceptent d’aller les camps pour leurs convictions. Que les curieux aillent sur le site à signature, ils y liront des commentaires, je suis modeste, paranoïaques et tomberont, avec un peu de chance, sur d’excellentes offres de rencontres ! Ou de pubs pour les cartouches d’imprimantes.
« No pasaran ! » ! crient-ils à la face du consul russe à Marseille… Conclusion : les lieux de culte orthodoxes sont nombreux à Nice, le happy end de ce honteux Clochemerle n’est pas très loin.
Portez vous bien, faite attention aux dates de péremption figurant sur les bouteilles que vous débouchez…
J.P. Gervais

Voici l’original tract :

JOURNEE DU PATRIMOINE
17/18 Septembre 2011
Madame , Monsieur ,
Vous êtes aujourd’hui' hui accueillis à la Cathédrale Saint - Nicolas par des membres de l' Association Cultuelle Orthodoxe Russe de Nice ( ACOR ) qui en constitue l' administration paroissiale et qui gère ce patrimoine niçois depuis 90 ans .

DEPUIS LE 12 SEPTEMBRE , LA CATHÉDRALE EST FERMÉE AUX VISITES TOURISTIQUES .
QUE SE PASSE - T - IL ?
Construite dans les dernières années de l' Empire Russe à l' initiative de la colonie russe locale et avec l' aide de la famille impériale , cette Cathédrale a été inaugurée en 1912 .
Après la révolution et les turbulences qui ont suivi , la Cathédrale , comme beaucoup d' églises russes à l' étranger , s' est placée en 1931 sous l' obédience du Patriarcat de Constantinople .

En 2006 , prenant pour argument l' échéance de bail emphytéotique de 99 ans que S . M . Nicolas II avait consenti au Synode ecclésiastique de St - Saint-Pétersbourg , la Fédération de Russie , se considérant héritière de l' Empire russe , intenta une action judiciaire revendiquant la propriété de la Cathédrale .

Le TGI de Nice , puis la Cour d' Appel d' Aix en Provence , ont pour l' heure déclaré l' État russe propriétaire du terrain et du bâtiment . Mais l' ACOR s' est pourvue en Cassation .

En juillet 2011 , la Russie a annoncé qu' elle remettait la Cathédrale au Patriarcat de Moscou . Le 17 août , un prêtre et un diacre mandatés par Moscou arrivent à Nice et sont présentés par le Consul Général de Russie aux responsables de l' ACOR . Leur mission est de prendre possession des lieux et de chasser " en douceur " le clergé en place .

Ce faisant , les représentants de la Russie ( État et Église confondus ) bafouent les règles canoniques en vigueur dans l' intégralité du monde orthodoxe ainsi que le droit des associations cultuelles . Ils semblent ignorer aussi qu' en France , État et Église sont séparés . Aucun État ne peut s' immiscer dans la vie de l' Église ni prétendre nommer le clergé de son choix .

Enfin , pour étouffer définitivement l' Association Cultuelle , la Fédération de Russie lui impose de suspendre la perception des droits de visites qui permettaient de rémunérer le personnel d' entretien et d' accompagnement . Privée de ses ressources , elle ne peut assumer l' accueil quotidien de centaines de touristes .

L' objectif de l' État russe est clair : se débarrasser de l' Association Cultuelle en place , liée au Patriarcat de Constantinople , pour imposer un clergé nommé par Moscou .

L' ADMINISTRATION PAROISSIALE ( ACOR ) DE LA CATHÉDRALE REFUSE LE CHANGEMENT D' OBÉDIENCE ECCLÉSIASTIQUE QUE VEUT IMPOSER L ' ÉTAT RUSSE .

L' ACOR DEMANDE QUE L' ÉTAT RUSSE CESSE SES PRESSIONS INACCEPTABLES ET LAISSE AUX AUTORITÉS RELIGIEUSES LE SOIN DE RÉGLER LES PROBLÈMES QU' IL A CRÉES EN LANÇANT CETTE ACTION INSENSÉE.

Vous pouvez manifester votre soutien ici ou sur le site : cathedralerussenice.org

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
JE SOUTIENS L' ACTION DE L' ACOR

NOM ..................... ADRESSE ...........................................




4.Posté par Pierre le 18/09/2011 19:43
A quand l'intervention de la police dont la mission est de faire respecter le droit ?

En général quand on occupe un bâtiment qui ne nous appartient pas on s'appelle un squatter et ceci est contre le droit et l'état de droit .

Q'est-ce que le droit canon dans cette affaire ? Rien !

5.Posté par Constantin M. le 18/09/2011 23:14
Je me demande si le texte de ce tracte n'est pas passible de poursuites ?

Pour ce qui est des canons, cher Pierre, je pense qu'un vrai prêtre pourrait se sentir froissé par vos propos, or nous avons affaire au clergé qui a bafoué les canons depuis le début - le début a été à l'instauration de l'entrée payante à la cathédrale, car je n'ose imaginer nos saints russes voyant ces faits.
La police ne devrait plus tarder- trop c'est trop .

6.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 19/09/2011 03:24
Nous pouvons regarder avec quelque profit le reportage diffusée par France 3 le 15 septembre 2011 intitulé : "Nice. L'église russe fermée au public", dont voici le lien :
http://info.francetelevisions.fr/video-info/index-fr.php?id-video=000311239_CAPP_NiceLgliserussefermeaupublic_150920111026_F3

Cette impasse révèle un sophisme fort subtil : "Les murs appartiennent à la Fédération, mais l'église à l'ACOR", pourrait-on leur faire dire en guise de résumé, comme le disait Monsieur Kordukoff.
Le propriétaire est reconnu conformément aux décisions de la justice républicaine, mais le propriétaire ne peut posséder les clés de son patrimoine, il ne peut décider de l'entrée payante, gratuite, ou autre, de son bien, et enfin, il ne peut décider qui célèbrera dans l'édifice cultuel qui lui appartient. Tout cela en adéquation parfaite avec le sens de l'économie, ou encore du sacrement du frère, ou autres définitions chères à la "Fraternité". Pas de fraternité pour les ennemis de la 'Fraternité', pourrait-on dire en paraphrasant le célèbre slogan de Mai 68.
Quant à Biarritz, c'est curieux, l'Archevêque Gabriel sait faire respecter des décisions de justice.
Selon que vous serez de l'Education Nationale et favorable au mouvement moderniste ou que vous ne le serez pas, alors le traitement sera différent.
Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский

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