À l’époque du rationalisme forcené, tout ce qui relève de la spiritualité est cantonné, au grand minimum, à la croyance personnelle.

Un groupe de députées du Parlement européen a récemment demandé à la Grèce d’abolir l’interdiction faite aux femmes de visiter le mont Athos. En effet, la Sainte Montagne est habitée uniquement par des moines orthodoxes, visitée uniquement par des hommes, et ses côtes et sa frontière terrestre sont gardées avec vigilance pour empêcher toute femme (et même toute femelle) d’y pénétrer. Une réglementation qui, aux heures du gender et plus généralement du « tout pareil », ne peut que susciter l’ire généralisée.

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’une telle offensive a lieu : la précédente remonte à 2003. Cependant, celle des derniers jours coïncide avec l’apparition, en Serbie, de publicités pour un programme touristique proposant d’emmener des femmes visiter le monastère serbe du mont Athos, Hilandar. Or, si les hommes peuvent depuis toujours visiter la péninsule monastique, jamais une organisation touristique n’a pu profiter de ce trafic : ce qui se cache derrière ces velléités, c’est bien, encore et toujours, l’intrusion du marché dans tout ce que l’homme peut faire et réaliser.

Pour permettre à toujours plus de monde de consommer de l’espace dans le grand élan de la « fin de la géographie » dont parlait Philippe Muray, il faudrait donc réviser toute la conception de la vie monastique que se fait l’Église orthodoxe depuis deux mille ans. Cette initiative révèle une fois de plus, si besoin était, à quel point l’Union européenne désire rejeter le christianisme comme fondement anthropologique de la civilisation européenne : pour parvenir à imposer « l’égalité des genres » tant célébrée, les députées susmentionnées n’ont pas hésité à évoquer la possibilité de restreindre drastiquement les subventions accordées à la rénovation des monastères de la Sainte Montagne. Avec, donc, en prime, une belle ingérence qui consiste à forcer la Grèce à intervenir dans le gouvernement du mont Athos, pourtant reconnu comme une République théocratique autonome. Cela non plus n’est pas nouveau, et l’Union européenne a depuis longtemps engagé un bras de fer avec l’État hellène pour mettre fin à cette odieuse résistance à la toute-puissance du verbe bruxellois.

À l’époque du rationalisme forcené, tout ce qui relève de la spiritualité est cantonné, au grand minimum, à la croyance personnelle. C’est bien pour cela que l’Union européenne refuse de reconnaître l’actuelle interdiction athonite, inspirée par la croyance que le Seigneur a donné à la Vierge le mont Athos et que, par conséquent, aucune femme moins pure ne peut y mettre les pieds. Pourtant c’est, selon certaines légendes, la Vierge elle-même qui aurait rappelé cette règle en apparaissant à certaines femmes qui désiraient entrer sur la péninsule. Une femme favorable à l’oppression des femmes, voilà qui serait bien absurde. À moins que, comme le rappellent les féministes d’aujourd’hui, la Vierge ayant refusé d’avorter, elle ne soit suspecte de coalition avec l’ordre patriarcal…SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 19 Novembre 2013 à 20:45 | 0 commentaire | Permalien



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