L’archimandrite John d’Ecosse – un deuxième père pour des gens de tous les coins du monde
Tatiana Manakova - Traduction Elena Lavanant pour " Parlons d'orthodoxie"

Le 17 avril l’archimandrite John Maitland Moir est décédé à l’Hôpital Royal d’Edimbourg. Il avait 88 ans.

Dans les années 2002-2003, lors d’un stage à l’Université Napier d’Edimbourg, j’ai eu le privilège de le côtoyeret de me rendre à des offices qu’il célébrait à l’église grecque orthodoxe du Saint Apôtre André Protoklite de la capitale écossaise.

Le père John avait une habitude admirable : ayant fait la connaissance d’une personne il notait tout de suite son adresse. Bon nombre de ses paroissiens venaient à Edimbourg pour une période relativement courte, de quelques mois à quelques années et puis, ayant terminé les études ou le travail, ils repartaient chez eux. Deux fois par an ils trouvaient dans leurs boîte aux lettres de petites cartes, souvent avec des images saintes ou des vues de l’Ecosse, avec des vœux pour Pâques ou Noël écrits de la main du père John.

Je peux affirmer que le père John est déjà entré dans l’histoire de l’Orthodoxie en Ecosse. Depuis un bon bout de temps il est considéré comme étant une personnalité hors pair dansles milieux orthodoxes de ce pays. Le père John fut un pasteur exceptionnel, il possédait des dons très rares dans le monde actuel. Ceux qui ont une expérience des communautés orthodoxes européennes ou américaines le confirmeront : si les gens qui y vivent voient les fruits d’une authentique sainteté chrétienne, ils en témoignent sans gêne ni embarras.

L’archimandrite John d’Ecosse – un deuxième père pour des gens de tous les coins du monde
Ainsi, non seulement après le décès du père John (ce dont témoignent les commentaires sur la page Facebook de la paroisse), mais déjà de son vivant de nombreuses personnes parlaient de lui comme d’un homme d’une authentique sainteté, d’une sagesse clairvoyante, d’un véritable ascète ayant acquis les donsde la miséricorde, du sacrifice, du refus des biens de ce monde et, bien sûr, de l’amour chrétien.

Le père John est né en 1924 dans le village Currie en Ecosse où son père était médecin.

Sa mère avait des origines nobles. John fut enfant unique, de santé fragile, et dès son plus jeune âge il cherchait la voie vers Dieu.Ayant obtenu le diplôme de l’Académie d’Edimbourg, John Maitland Moir poursuivit ses études à la faculté des langues anciennes à l’Université d’Edimbourg. Ce fut l’époque de la guerre, mais sa santé ne lui permit pas de faire son service militaire. Il poursuivit les études des langues anciennes à Oxford, où il commença à étudier la théologie. John s’intéressa au christianisme oriental, et il eut la chance de fréquenter le célèbre Institut de théologie de l’île de Halki en Turquie dans les années 1950-1951.
A cette époque il effectue un pèlerinage en Terre Sainte et au Proche Orient. De retour en Ecosse il devient prêtre de l’Eglise épiscopale écossaise, où il accomplit dignement son ministère pendant trente ans. Le père John s’acquittait avec zèle de ses obligations pastorales et liturgiques. Patriote écossais, il portait même un kilt sous sa soutane, ce qui lui valut un blâme de l’évêque anglican.

En 1981 père John effectue un pèlerinage au mont Athos, où il se convertit à l’orthodoxie au monastère de SimonosPetras. Il rentre en Grande Bretagne et devient prêtre orthodoxe de l’archidiocèse de Thyateira, diocèse du Patriarcat de Constantinople dont le siège est à Londres, l’une des plus grandes dénominations orthodoxes en Grande Bretagne. Pendant trois ans il officie en Angleterre, dans la ville de Coventry. Puis il rentre en Ecosse et réunit deux petites communes orthodoxes, russe et grecque, à Edimbourg. Ainsi est créée la paroisse du Saint Apôtre André Protoklite.

A la même époque il parcourt l’Ecosse et célèbre des liturgies dans de petites communes à Aberdeen, Inverness, Perth, Dundee, St Andrews, Stirling et d’autres petites villes de l’Ecosse (on se souvient de lui en soutanefonçant à toute allure sur un vélo électrique dans les rues d’Edimbourg).

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Le père John impose, non sans difficultés, l’anglais comme langue liturgique principale, et réussit à créer une communauté orthodoxe véritablement multiethnique.

Elle comptait de nombreux étudiants de différents pays qui venaient faire leurs études dans des universités écossaises, ainsi que des fidèles des familles orthodoxes vivant et travaillant en Ecosse. La paroisse s’élargissait, le nombre d’orthodoxes écossais grandissait, ils considéraient la communauté comme leur deuxième maison.
A l’origine la paroisse du Saint Apôtre André se trouvait dans l’appartement du père John dans le complexe de l’Université d’Edimbourg. Des offices quotidiens y furent célébrés, suivis de thé pris ensemble et de conversations amicales.
En 2003 la paroisse fut obligée de louer un local plus spacieux qui vers 2012 s’avéra trop petit vu le nombre toujours croissant de fidèles.

Pendant les dernières années de sa vie le père John fut très malade, il ne pouvait plus se lever, il était pratiquement aveugle et sourd. Mais tous les croyants étaient sensibles à sa prière pour la prospérité des communautés orthodoxes de l’Ecosse. Le jour de son décès on annonça le transfert de la grande cathédrale du XVIII siècle à Edimbourg à la communauté grecque orthodoxe du Saint Apôtre André Protoklite.

Il confia ses ouailles à deux autres prêtres dignes de cette mission, le père Abraham et le père Raphaël. « Il faisait tout pour respecter la loi du Seigneur et des Evangiles », dit le père Abraham après le décès de père John.Vu le nombre très important de fidèles souhaitant faire leurs adieux au père John, le service mortuaire fut célébré à l’église épiscopale écossaise Saint Pierre. Le père fut inhumé au cimetière Dean d’Edimbourg.

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Adieux à père John dans la paroisse de Saint Apôtre André

Après le décès du père John plusieurs paroissiens ont laissé sur Facebook de nombreux messages d’amour adressés à leur père spirituel (certains d’entre eux vivent hors d’Ecosse), ils ont échangé des photos et des souvenirs. Je voudrais citer ici les paroles de l’Américain Thomas qui vit actuellement en Norvège, et de la Grecque Marie d’Athènes.

Thomas :
« Je me souviens du père John comme de quelqu’un ayant une grande patience et sagesse. On ressentait immédiatement du respect en sa présence ! Je me rappelle de ses cours après les vêpres, il parlait sans consulter ses notes, en caressant sa longue barbe blanche... Sa maison était toujours ouverte à tout le monde, et certains paroissiens parlaient de lui comme d’un saint vivant. Grâce à son ouverture spirituelle sa paroisse était un lieu extrêmement chaleureux, surtout pour les nouveaux convertis, chez lui ils pouvaient non seulement étudier l’Orthodoxie mais aussi la ressentir.

J’ai eu la chance d’appréhender l’Orthodoxie sous l’influence du père John pendant une année, lorsque j’étais étudiant à Edimbourg. Je ne peux pas dire que je suis devenu orthodoxe grâce au père John, mais grâce à lui et à mon expérience spirituelle à Edimbourg j’ai commencé à aspirer à être orthodoxe, et je le suis devenu plus tard.
Après Edimbourg j’ai vécu en Virginie, à Moscou et à Houston, actuellement je vis en Norvège, tous les pasteurs et toutes les paroisses de ces lieux n’ont pas été accueillants. Mais l’exemple du père John m’a toujours inspiré ! Sans son expérience à Edimbourg je pourrais bien évidemment devenir orthodoxe, mais j’aurais également pu ne pas le devenir... »

Marie :
« Un Grand Homme nous a quittés. J’ai eu l’honneur (quoique ce mot ne puisse pas exprimer mes sentiments) de le côtoyer lors de mon séjour à Edimbourg. Et j’étais heureuse de le rencontrer chaque année lorsqu’il s’arrêtait à Athènes lors de son pèlerinage traditionnel au saint mont d’Athos.
Je suis persuadée que chacun de ceux qui l’avaient rencontré comprend que Dieu nous a béni en nous offrant l’occasion de connaître un tel pasteur. Il vivait selon les Evangiles. Il est devenu un deuxième père pour moi. Ses bras ont toujours été ouverts pour nous, ses enfants. Je n’oublierai jamais ses paroles, son regard, son sourire plein de bonté, son âmeremplie d’amour.
Je le remercie de tout cœur pour tout ce que j’ai appris, et pour ces moments de la vie que j’ai passé auprès de lui, ses prières pour nous. Je regrette de ne pas avoir l’occasion de le voir ces dernières années, mais je crois qu’aujourd’hui il est dans le Royaume des Cieux, et ses prières pour nous sont encore plus fortes. Seigneur, je Te remercie de m’avoir donné la chance de rencontrer un tel prêtre ! »

Mémoire éternelle à l’archimandrite John ! Souviens-toi de lui, Seigneur, dans Ton Royaume, et aie pitié de nous grâce à ses prières !

L’archimandrite John d’Ecosse – un deuxième père pour des gens de tous les coins du monde
Après l’annonce du décès du père John des enfants ont apporté leurs dessins et ont décoré son fauteuil

Photos : Internet, St Andrews Orthodox Church Edinburgh (Facebookpage), archives personnelles de l’auteur.

"Православие и Мир" Архимандрит Джон из Шотландии — второй отец для людей со всего мира

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Septembre 2013 à 20:11 | 0 commentaire | Permalien


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