L’archiprêtre Dimitri Smirnov, responsable du Département des relations avec les Forces armées et les services de maintien de l’ordre, estime dans une interview accordée au quotidien « Chronomètre » que les bolcheviks sont responsables de l’incapacité de la société russe à juguler l’alcoolisme et la drogue. Cette passivité des habitants de la Fédération vient de Lénine et de la terreur rouge. Ces années furent suivies par la période de la collectivisation forcée dans les campagnes, puis par la répression massive des années Ejov et Beria.

Toute initiative était étouffée dans l’œuf et punie. Or, les Russes sont de par leur nature forts et indépendants. Ils ont réussi à peupler un sixième de la surface émergée de la Terre, cela dans des conditions géographiques extrêmes. Les Russes disposent d’une immense énergie, mais la période soviétique a privé les gens de tout esprit d’initiative. Notre peuple est en voie de déperdition.

Nous sommes gravement atteints, en proie à l’autodestruction. La Russie occupe la première place au monde pour le nombre des IVG, la consommation d’alcool et de drogue, le taux de criminalité, la corruption. Il est vrai que la Russie est le champion des sauts en hauteur… mais seulement parmi les femmes car les hommes ne sont plus en état de courir jusqu’à la barre. Lénine assume une responsabilité directe dans la propagation en Russie de la boisson et des drogues. Ainsi que Staline qui déclarait que l’industrialisation ne se fait pas en gants blancs et qui a abrogé le régime de prohibition promulgué sous le tsar Nicolas II et a lancé la production massive de vodka.

Source:Interfax-religion

Rédigé par l'équipe de rédaction le 10 Décembre 2009 à 17:30 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 10/12/2009 18:24
Signal très important car cette intervention franchit un nouveau pas dans la campagne de débolchevisation menée par l'Église. C'est à nouveau une voix autorisé et représentative qui parle au nom de l'Église: après avoir complétement condamné Staline (le P. Dimitri y avait apporté sa pierre en le condamnant comme traitre avec le général Vlasov(1)), l'Église s'attaque au fondateur, Lénine et condamne toute la période soviétique et non plus le seul Staline qui, depuis Kroutchev, servait de bouc émissaire.

Il est heureux que l'Église soit ainsi en avance et montre le chemin aussi bien aux autorités, qui viennent seulement de condamner clairement les crimes de Staline (2) alors que l'Église les dénonce depuis longtemps, que de la société russe qui reste largement partagée. Et il est dommage que ces prises de position claires et nettes soient ignorées par les médias occidentaux: ils continuent à véhiculer la fausse image d'une Russie entièrement nostalgique du soviétisme.

Note:
(1): cf: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Vlasov-et-Staline-sont-des-traitres-comme-Juda_a522.html
(2) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/ENFIN!-Le-president-Medvedev-condamne-clairement-les-crimes-de-Staline_a482.html

2.Posté par Marie Genko le 10/12/2009 18:49

Je m'élève contre ce qui est écrit dans l'interview du Père Dimitri Smirnov!
Non parce que je ne ne crois pas Lénine et Staline responsables de mille maux qui ont durement frappé, et frappent encore, les peuples qui ont été victimes de leur pourvoir satanique, mais parce qu'il est inexact que le peuple russe soit en état d'autodestruction.
Pour celui qui a voyagé en Russie dans les années 1990 et qui y retourne à présent, la différence est immense!
En 1991, je me souviens d'un pays à la population tétanisée, pétrifiée presque, semblable à l'équipage d'un voilier privé de vent!
La Russie toute entière était arrêtée dans l'attente de ce qui allait advenir.
Peu de voitures circulaient dans des rues presque désertes, aux magasins désespérément vides!
Aujourd'hui, Moscou et Saint-Pétersbourg sont devenue de véritables fourmilières aux encombrements gigantesques....
Il n'est pas une bonne chose de chercher des responsabilités antérieures, là où seule la responsabilité de chacun est en cause!
C'est une solution de facilité qui empêche les individus de se mettre face à leurs propres vices!
Si les Russes font partie des Européens du nord qui ont une très nette tendance à l'alcoolisme (n'oublions pas nos amis Polonais, Finnois et autres..) c'est en partie la rudesse du climat qui favorise cet état de choses!
En disant cela, je n'excuse rien de cette tare, quasi nationale, qui doit être combattue par l'autorité de l'Église autant que par celle de l'État!
L'alcoolisme est le ferment destructeur des familles et par voie de fait de la société toute entière!
Dès l'école, les enfants doivent être avertis des conséquences tragiques qui découlent du manque de volonté à vivre dans la tempérance.
J'ai vu avec plaisir une excellente publicité sur la chaine russe" Vesti", recommandant la sobriété aux téléspectateurs.
Je pense aussi qu'il est inexact que le peuple russe soit à présent privé d'initiative!
La chape du communisme a souvent entretenu au contraire son inventivité pour survivre dans l'aberration du système.
Le peuple russe est un peuple jeune, possédant des terres immenses, fertiles et riches.
L'avenir lui appartient, à condition toutefois qu'il retrousse ses manches et se mette en condition de travailler.


3.Posté par Larissa le 10/12/2009 20:49
irresponsabilité pénale et soûlée par l'alcool

L'inévitable drame de Perm, par Marie Jégo
Le MONDE
Marie Jégo
La Russie est en deuil. Lundi 7 décembre, les officiels ont observé une minute de silence, les drapeaux ont été mis en berne, les Russes ont pleuré leurs morts. Dans les églises à bulbes, des prières ont été chantées, à la lueur des cierges, en hommage aux 131 personnes mortes dans l'incendie d'un restaurant de Perm, ville de l'Oural à 1 200 kilomètres de Moscou.


Le pays est sous le choc, les médecins sont désespérés, impuissants à sauver la vie des grands brûlés. Sur 111 personnes hospitalisées, 44 sont dans un état jugé très grave. Chaque jour, la liste des morts s'allonge.

Restaurant-discothèque préféré de l'élite locale, le "Cheval boiteux", au centre-ville de Perm, a pris feu dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 décembre. Ce soir-là, l'établissement branché soufflait sa huitième bougie en présence de trois cents invités : hommes d'affaires, artistes, fils et filles de bonne famille.

Les agapes battaient leur plein, la fête s'annonçait grandiose : après le banquet, la musique et les danses, un feu d'artifice, tiré de l'intérieur de la salle, devait clore la soirée en beauté. Et qu'importe si les emballages des fusées pyrotechniques mentionnaient en grosses lettres cyrilliques : "Ne pas utiliser à l'intérieur"...

Les images d'une vidéo amateur, tournée sur les lieux et diffusée ensuite par les télévisions, montrent le tir de la première fusée sur la piste de danse, vers 1 heure du matin. Aussitôt, le plafond - un revêtement de plastique décoré avec des branches de sapin - s'embrase, touché par une étincelle. Recouverts d'osier, de trophées de chasse et de peaux de bêtes, les murs sont dévorés par les flammes en un clin d'oeil.

Le présentateur, micro en main, demande aux convives de quitter la salle. C'est la panique, car seule une sortie est indiquée : une porte étroite qui donne sur la rue. La vidéo s'arrête là. La suite a été racontée par des rescapés du drame : trois cents personnes se sont ruées vers l'unique issue. Les plus chanceux sont parvenus à s'extirper. Les autres ont été piétinés ou intoxiqués par la fumée.

Une issue de secours existait bel et bien, mais son accès était entravé et non signalé. Le restaurant, avec ses fenêtres murées depuis belle lurette, était dépourvu de sortie de secours, d'alarme incendie, d'extincteurs dignes de ce nom. En fait, tout clochait : les revêtements des murs et du plafond n'étaient pas aux normes, la salle était surexploitée.

Prévue pour recevoir cent personnes, le restaurant-discothèque se targuait, sur ses brochures publicitaires, d'une capacité d'accueil de "500 personnes". Pour finir, le plafond était très bas, en raison d'une protection acoustique installée récemment pour amortir le bruit.

Et pourtant, l'établissement, l'un des plus chics de Perm, avait reçu en 2003 le feu vert de l'inspection anti-incendie. Mais voilà, le certificat avait été délivré par un inspecteur parti à la retraite... en 2002.

Depuis, d'autres inspections ont eu lieu. Il y a un an, les propriétaires du Cheval boiteux ont même été sommés de procéder à des mises aux normes, en vain. Les inspecteurs ne sont jamais revenus, tout a été oublié. Cette situation est banale pour la Russie, où les normes anti-incendie, très sévères en théorie, ne sont pour ainsi dire jamais appliquées. Chaque année, le feu tue entre 15 000 et 18 000 personnes.

Arrivé sur les lieux du drame mardi 8 janvier, le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a fustigé la négligence des responsables locaux. Il a dit soupçonner des faits de corruption : "C'est un cercle vicieux. Quand on donne plus de droits aux organismes de contrôle, on a de la corruption. Dès que la pression se relâche, c'est la négligence."

Une telle gabegie est typique de la Russie actuelle, où les petits arrangements avec des fonctionnaires véreux sont le lot quotidien. Les inspections - sanitaires, incendie, fiscales, etc. - sont avant tout l'occasion de réclamer des pots-de-vin aux commerçants plutôt que de faire respecter les règles. Le pays tout entier marche sur la tête. A cause de la corruption, de l'avidité de la caste des fonctionnaires, du culte de la facilité, le bon sens a disparu. L'argent achète tout.

"Cet incendie a fait presque quatre fois plus de morts que l'attentat contre le train russe Nevski-Express", reliant Saint-Pétersbourg à Moscou, où 26 personnes avaient péri le 27 novembre, s'insurge le quotidien Vremia Novosteï. "C'est pire que les terroristes", écrit en écho le quotidien économique Vedomosti. "Ils font exploser leurs engins infernaux de temps en temps, alors que l'irresponsabilité et la corruption nous menacent chaque jour", déplore le journal.

"Les gens ont une attitude de je-m'en-foutisme total, à la fois vis-à-vis de leur fonction et de leur propre responsabilité. La menace face à laquelle nous nous trouvons vient de nous-mêmes, c'est pourquoi la corruption tue", a expliqué, mercredi 9 décembre, Elena Panfilova, directrice du bureau russe de Transparency International.

Cette ONG établit chaque année un index de "perception de corruption" pour 180 pays. Dans son rapport 2009, publié en septembre, la Russie occupe la 146e place du classement, établi pour 180 pays, à parité avec le Kenya et la Sierra Leone.

4.Posté par Larissa le 11/12/2009 10:39
@ Marie, et voici
Il faut lire très attentivement: le site plus haut est très intéressant! Cela complète tout à fait les dires du père Smirnov.

(Les traces historiques d'un système basé sur l'athéisme: le communisme)

Les préjudices sur les personnes des systèmes politiques antireligieux

1. Les régimes totalitaires oppriment les individus en les privant de leur liberté et de leurs droits fondamentaux La société est alors régie non pas par les valeurs morales mais par les intérêts des groupes dominants. Toute activité ne servant pas les intérêts de ces groupes est réprouvée par le système.

2. L'endoctrinement fait croire aux individus que le dictateur est infaillible et que ses décisions sont pertinentes. Dans tous les régimes anti-religieux (fascisme et communisme), le culte de la personnalité du leader est commun.

3. La libre pensée et la religion étaient entièrement étouffées. L'accès aux mosquées, églises et synagogues était interdit. Un budget particulier était consacré à la lutte contre la religion.20

4. L'État contrôlait complètement l'économie par voie de nationalisation massive des usines, des moyens de production, des outils de fabrication et des banques. L'investissement privé n'existait pas.

5. Les soldats communistes confisquaient les biens immobiliers privés, les champs et les récoltes des paysans dans "l'intérêt du pays".

6. En réalité, la population n'avait jamais été plus pauvre et plus affamée que sous le régime communiste. Les heures d'attente pour acheter du pain faisaient partie de son quotidien.

7. Les personnes étaient internées dans les camps de travail et exécutées en masse. Les survivants étaient employés de force à des tâches difficiles. Ceux qui ne pouvaient s'adapter à ces conditions de travail étaient exilés en Sibérie.

8. Les rébellions étaient écrasées dans des bains de sang par les militants communistes. Les rebelles étaient exécutés aux yeux de tous.

9. Les dirigeants politiques jouissaient d'une vie luxueuse en totale opposition avec la misère populaire. Les salaires des membres du parti communiste s'élevaient de 25 à 100 mille roubles quand la majorité de la population ne gagnait que 150 roubles. Par ailleurs, les membres du parti communiste jouissaient de privilèges auxquels la population, nerf de l'économie, n'avait pas accès: les belles maisons, les voitures, les soins.

10. Les forces de police terrorisaient la population qui vivait constamment sous la menace. Le Parti Communiste fit sombrer le pays dans des cycles interminables de conflits, d'émeutes et de désordre.

11. Le système totalitaire avait également la mainmise sur les écoles. Selon Lénine, l'éducation ne devait pas être isolée de la politique. Dans son élocution au Premier Congrès sur l'Éducation Soviétique le 25 août 1918, il affirma que l'objectif principal de l'éducation était d'éliminer la bourgeoisie. Il déclara explicitement qu'éducation et politique ne pouvaient être dissociées. Prétendre le contraire n'était que mensonge et hypocrisie.22 L'objectif de l'éducation est d'élever des générations d'individus infidèles et faibles moralement afin qu'ils servent les intérêts du communisme. L'endoctrinement permit au système de générer des militants au lieu de faire naître des générations sensibles.

12. La famille n'avait pas sa place dans le communisme. Considérée comme contraire aux "intérêts de l'État", les familles étaient systématiquement décomposées. Les bébés étaient séparés de leur famille et élevés dans des orphelinats. Dans les réunions du Parti Communiste, des opinions telles que "la révolution est condamnée à rester faible aussi longtemps que les liens et la notion de famille existent" se faisaient entendre.23

13. L'art et la science ne pouvaient se développer convenablement sous le régime communiste puisque la majeure partie des ressources était consacrée à l'armement, qui était d'ailleurs utilisé contre la population.

14. Sans espoir, ni objectif, les jeunes étaient acculés à l'alcoolisme, la drogue ou au suicide.

15. La publication et la diffusion d'informations n'étaient autorisées que dans la mesure où elles louaient le système et son leader. Dans le cas contraire, elles étaient passées sous silence.

5.Posté par vladimir le 11/12/2009 11:20
Chère Marie,
Je dois vous décevoir. Je pense bien connaitre la Russie(1), même si des participants du site en ont une connaissance plus profonde que moi (j'écris sous leur contrôle et j'espère leurs commentaires et corrections si je me trompe...)

La Russie que vous décrivez existe bien... mais c'est l'apanage d'une minorité concentrée dans les capitales (d'ailleurs c'est bien cela que vous décrivez). Cela représente donc moins de 10% de la population. Les autres 90% sont dans l'état décrit par le p. Dimitri:
- natalité la plus basse du monde(2), espérance de vie en chute libre(3),
- 30% d'alcooliques (4),
- diminution de la population de 5/700 000 par an (!),
- 24,5 millions, soit 17,4% de la population, sous le seuil de pauvreté (fixé à 112 €!) et un revenu moyen des ménages de 310 €/mois(5),
- et, pour relativiser les encombrements dont vous parlez, il y a 156 voitures/1000 habitants (565 en France): cela illustre bien cette concentration dans les capitales.

Le premier a avoir évoqué le "suicide de la nation" a été Michel Gorbatchev à la fin des années 1990, et je pense non sans raison. Si on pense au dynamisme dont a fait preuve le peuple russe depuis le XVIe siècle, on peut craindre qu'un ressort a été cassé par le bolchévisme, avec la guerre civile et la 2ème Guerre Mondiale (dont les pertes ont été accentuées par l'incurie des dirigeants bolchéviques civils et militaires) … Les projections de l'ONU voient la population russe tomber en dessous de 100 millions avant le milieu du siècle!

Pour autant, des raisons d'espérer subsistent, puisque déjà cette petite minorité s'est ressaisie (votre tableau des années 1990 est très juste) et que les autorités veulent, depuis peu, y faire face: des mesures énergiques pour la natalité ont été prises (seulement en 2007!) et un frémissement était apparu dans les statistiques en 2008 et début 2009 (accroissement de la natalité et ralentissement de la baisse de population). Malheureusement, la crise semble avoir cassé ce sursaut…

Le p. Dimitri, travaillant avec l'armée qui vois passer par ses rangs tous les jeunes russes, me semble donc poser un diagnostic malheureusement très justifié. Et il vient à point pour inciter les autorités à mettre encore plus l'accent sur les maux qu'il faut combattre et pousser la société à se débarrasser de cet héritage du bolchevisme qui lui colle à la peau et l'empêche de se ressaisir pour de bon. Condamner clairement le bolchevisme est un pas important vers une rédemption véritable, tant morale que sociale et... économique!

Notes
(1) j'y suis allé régulièrement de 1964 à la semaine dernière et mon visa est en cours de renouvellement... J'y ai travaillé dans les capitales et en province, j'y ai des collaborateurs, des amis, des parents...
(2)http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=558
(3) http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=RUS&codeStat=SP.DYN.LE00.IN&codeTheme=3
(4) http://www.tdg.ch/actu/monde/abus-alcool-decime-population-russe-2009-10-20
(5) http://fr.rian.ru/russia/20090828/122887979.html

6.Posté par wormwood le 11/12/2009 12:58
Mon incompétence en ces matières me fait m'abstenir de commentaires sur les interventions précédentes. Une question cependant : L'alcoolisme généralisé, les avortements (clandestins), la drogue, le spiritisme, le paganisme, le servage etc ... n'existaient donc pas dans l'ancien régime russe ? Pour quelle raison le Tsar Nicolas II (vous me l'apprenez) a-t-il instauré un régime de prohibition ?
Il me semble que si l'on veut incriminer Lénine et Staline, il faut le faire à bon escient. Sans doute, sous leur régime, la dépravation latente de l'autocratie précédente a pris des proportions inouïes, mais ce n'est pas elle qu'il faut leur reprocher. Il convient de les incriminer pour avoir pensé, réalisé et systématisé ce qui a favorisé la production des fruits malsains que l'on dénonce plus haut : l'idéologie athée qui a substitué à l'espérance chrétienne, une eschatologie de pacotille, au respect de la personne la vénération de "la classe", qui a ruiné en chacun l'estime de lui-même, qui n'a plus laissé d'autre issue aux malheureux que de s'absenter du réel de façon artificielle ... j'en passe.
Si l'Eglise a un rôle à jouer dans la société russe pour lui permettre de soigner les maux rémanents de la population ex-soviétique, c'est de témoigner de façon cohérente de la Bonne Nouvelle. Si les hommes perçoivent dans le regard des autres - dans le regard de Dieu - l'attestation leur propre dignité et des devoirs qu'elle leur impose pour leur bien, ils échapperont à leurs vices.
Je me souviens d'un dialogue que j'ai eu dans ma jeunesse avec une jeune droguée. Je l'exhortais naïvement à renoncer à son vice, mais elle me répondit : "Quel plaisir plus intense que celui de ma drogue me proposez-vous ?" Voilà l'enjeu pour l'Eglise : Donner l'occasion de la Béatitude en substitution à l'éphémère et destructeur bonheur artificiel. Pour accomplir cette mission, il faut des saints, c'est-à-dire des chrétiens qui ne se contentent pas de parler, qui ne se contentent même pas de pratiquer ce qu'ils enseignent, mais qui soient des hommes dont la parole est accompagnée de la Puissance agissante, comme dit l'Ecriture. C'est là la seule contribution efficace que l'Eglise puisse apporter à la société.

7.Posté par Tchetnik le 11/12/2009 16:57
@Vladimir

Diagnostic effectivement justifié, même si les choses sont en meilleur état aujourd'hui qu,il y a dix ans (chose constatée dans la bele-famille). Cela reste de gros et douloureux enjeux. Et il est vrai que cet alcoolisme n,est devenu réellement compulsif que sous les Soviets.

Père Dimitri travaille aujourd'hui avec l'Armée mais a animé durant la période soviétique de nombreuses paroisses et y a mené un intense travail d'évangélisation qui lui a valu beaucoup de prises de risque d'ailleurs. Il connait bien cette société dans toutes ses couches de population des plus aisées aux plus modestes.

8.Posté par Marie Genko le 12/12/2009 00:20
@Wormwood,
Merci pour votre commentaire. En effet, je trouve comme vous qu'il est important d'incriminer Lénine et Staline à bon escient. Leurs crimes et leur responsabilité devant le peuple russe et tous les peuples qu'ils ont écrasés de leur démence sont certainement immenses.
Et il est une excellente chose que les prêtres russes commencent enfin à oser le mentionnner!
Ce que j'ai voulu dire plus haut est simplement que chaque individu doit être mis devant ses propres actes et qu'il est inutile de prétendre que nos vices sont la faute d'autrui!
S'il y a 30% d'alcooliques en Russie aujourd'hui, ce n'est pas la faute de Lénine!
Pour moi , cet état de fait est le résultat d'une lacune dans l'éducation des individus et dans une société dure. Mais cela n'en diminue pas pour autant la responsabilité de chacun!
Nous pouvons tous souhaiter que l'État russe se penche davantage sur ce problème et s'ingénie à mettre en place des structures d'aide à ces malheureux!
Mais le principal est bien ce que vous dites,:
" l'Église a un rôle à jouer. L'Église doit donner l'occasion de la béatitude en substitution à l'éphémère et destructeur bonheur artificiel"
Il faut rendre aux Russes d'aujourd'hui ce trait si caractéristique des Russes blancs, la conscience de porter en soi la dignité que le Seigneur à bien voulu nous accorder, cette dignité qui rend chaque créature respectable et qui nous oblige à nous respecter nous-mêmes par reconnaissance pour notre Créateur.

9.Posté par vladimir le 15/12/2009 15:08
Cher wormwood,

Votre question est parfaitement judicieuse et pertinente et je reprend ma plume de prof pour répondre (je donne des cours sur la Russie en écoles de commerces…).

Avant la révolution la Russie était très majoritairement paysanne et, même si la Révolution Industrielle était engagée, la société se trouvait dans un état qui était proche de celui de l'Europe occidentale au milieu du XIX. Bien entendu, il y avait des ivrognes et des faiseuses d'anges, probablement dans les mêmes proportions qu'en occident (Maupassant ou Zola en parlent autant que Dostoïevski ou Gorki…). L'alcoolisme était considéré comme un fléau, mais la Russie n'arrivait qu'en 7ème position parmi les pays consommateurs, loin derrière la France et le Danemark, No 1 où cette consommation était 6 fois supérieure à celle de la Russie(1). La mobilisation de l'opinion publique contre l'alcoolisme amena la Douma à voter le régime sec dés juillet 1914, dans le cadre de la mobilisation.

Cette grande masse paysanne souffrait aussi d'une grande déresponsabilisation: les paysans étaient entièrement soumis aux hobereaux (помещики) même après la fin du servage (1861) et ne purent devenir propriétaires de leur terre qu'à partir des réformes de Stolypine (1906, (2)). Le début de l'industrialisation vit l'apparition d'un prolétariat dont les conditions valaient Zola(3).

Il y avait toutefois deux aspes spécifiques extrêmement positifs:
- L'extraordinaire essor spirituel (4) qui fait d'ailleurs pièce à une contestation de la religion qui monte dans l'intelligentzia occidentalisée.
- Les énormes possibilités de développement personnel données aux plus entreprenants: ce sont ces paysans qui, dés le XVIe, vont devenir des "cosaques" (paysans-soldats) aux marches de l'empire et défricher le Grand Nord et la Sibérie (qui ne connurent pas le servage), et ce sont aussi des paysans qui vont créer ces grandes dynasties d'entrepreneurs dont les empires industriels, à la veille de la guerre, pouvaient faire pâlir les Rockefeller et autres Van der Bilt (mon arrière-grand-père en faisait partie).

Le bolchevisme va détruire tout cela: les entrepreneurs ("bourgeois") et les paysans propriétaires ("koulaks" et "cosaques") vont êtres éliminés, la religion sera réprimée, l'avortement et l'amour libre seront promus au titre de la libération de la femme, la violence sera cultivée pour maintenir une mobilisation permanente contre l'ennemi extérieur" et l'alcool servira d'exutoire. Il y aura bien un retour aux valeurs traditionnelles pour mobiliser lors de la 2ème guerre mondiale et luter contre la dénatalité, mais les mauvaises habitudes resteront et, pour ce qui concerne en particulier l'alcool, la Russie tient solidement la 1ère place mondiale depuis les années 1960.

La dénonciation de ce système génocidaire de son propre peuple est donc absolument essentielle pour que puisse s'enclencher un véritable renouveau de la Russie. Comme je l'ai écrit précédemment, seule une petite minorité échappe à sa pensée destructrice. La majorité reste persuadée "que le fond était bon" (le bilan globalement positif" comme on dit chez nous) et cela justifie le maintien des vieilles habitudes, y compris adultères et divorces (héritiers de l'amour libre), avortement et alcoolisme. C'est donc bien directement la faute de Lénine si la Russie se saoule aujourd'hui! L'Église a luté 70 ans pour survivre et se trouve depuis 20 ans à la tête de ce combat salutaire. Après avoir dénoncé les crimes staliniens, et obtenu leur condamnation au plus haut niveau, elle s'attaque aux bases même du bolchevisme et à son fondateur. Prions pour que ce juste combat soit mené à son terme et permette la résurrection de la nation russe comme le Saint Esprit a permis la résurrection des Eglises d'Europe de l'Est.

(1) Cf http://shkolazhizni.ru/archive/0/n-30903/ (en russe)
(2) Cf. http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Stolypine/145284
(3) Cf. Gorki "Les Bas Fonds"
(4) CF Kallistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles" chapitre 6.


10.Posté par vladimir le 27/04/2011 17:57
Le père Dimitri persiste et signe en termes particulièrement virulents: sur son blog il appelle à "nettoyer le pays des monuments à Lénine" en précisant sa pensée: "il n'y avait encore jamais eu de monstre pareil sur la terre russe; c'est pourquoi il faut débarrasser la Russie de toute mention de son nom maudit et des nom des misérables seconds" (22 avril, anniversaire de la naissance de Lénine).

Le 13 février dernier, dans son homélie sur les néo-martyres, il avait déclaré "quand, plongé dans l'histoire contemporaine russe, on entend tous ces pleurs et lamentations concernant les crimes hitlérien, on comprends que comparé avec ceux qui ont dirigé notre pays, Hitler n'est qu'un petit enfant de moyenne maternelle, un petit bonhomme inoffensif en comparaison de ces monstruosités". Et le 28 janvier il appelait à "prier pour l'élimination de la momie de Lénine-Oulianov et la destruction des idoles bolcheviques".

Tout cela lui a valu, entre autre, une plainte pour "extrémisme et houliganisme" de la part de différents activiste communistes, dont en particulier le député de la Douma Boris Kachin. Mais il va de soi que, eu égard aux fonctions qu'il occupe, les déclarations du père Dimitry reflètent clairement la position du patriarcat...

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile