L’assassinat des Romanov: La villa Ipatiev rasée par le Politburo
Minuit. Iekaterinbourg dort paisiblement en cette nuit du 16 au 17 août 1918.
La villa Ipatiev située en plein centre-ville est calme également, tout au moins en apparence. La famille impériale y est retenue depuis le 30 avril et depuis cette date les jours s’écoulent dans l’ennui (la propriété est isolée par de hautes palissades en bois). Ils s’écoulent aussi dans la crainte. Le comité de l’Oural a désigné un certain Avdéïev en tant que responsable de la maison. C’est un alcoolique à l’intelligence tristement limitée qui se révèle violent à l’occasion. Les gardes sont à l’avenant.

“ Le 16 juillet au soir, Yourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs suivants de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs suivants se trouvaient debout à côté du couple impérial."

L’assassinat des Romanov: La villa Ipatiev rasée par le Politburo
" Yourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver de leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains. Puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Sur le seuil, les douze hommes s’alignèrent sur trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations.

Au premier rang des tueurs, Yourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : “Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller.” La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des exécuteurs visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov. Le massacre prit rapidement un tour dantesque."

L’assassinat des Romanov: La villa Ipatiev rasée par le Politburo
"Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Yourovski, d’une “étrange vitalité” : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Yourovski dut l’achever de deux balles dans la tête. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens.

Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient “blindées”. Anna Demidova fut aussi très longue à mourir. Les tueurs ont vidé leurs armes mais cela ne suffit pas, trois des grandes-duchesses étaient encore en vie. Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent. Les corps ensanglantés furent emmenés en camion dans une clairière, près du village de Koptiaki. Ils furent arrosés d’acide sulfurique, brûlés et démembrés avant d’être ensevelis sous un chemin forestier. “ SUITE Koltchak


Le 27 juillet 1977 la décision de raser la Villa Ipatiev était prise et l’ordre donné. L’instigateur était Michel Souslov, membre du Politburo et personnage méconnu de l’époque soviétique qui fut pourtant l’un des plus sombres et des plus terribles de son histoire. Ainsi finissait la villa Ipatiev où avaient été assassinés 59 ans plus tôt Nicolas II et la famille impériale.

Parmi d’autres lieux dramatiques qui furent également détruits, comme par exemple à Paris la fameuse prison du Temple, la Villa Ipatiev reste un symbole de l’horreur et de la tyrannie bolchevique, la famille impériale y étant séquestrée puis exécutée sur l’ordre de Lénine. Elle devait son nom d’Ipatiev à son ancien propriétaire, l’ingénieur militaire Nicolas Nicolaïevitch Ipatiev. Elle fut choisie par les Bolcheviques dans le printemps 1918, pour accueillir provisoirement les Romanov et le Tsar déchu. Elle avait été construite seulement en 1897 dans le centre historique de la ville par un autre ingénieur avant de passer dans les mains d’un autre propriétaire puis de Nicolas Ipatiev en 1908.

La maison fut transformée en véritable forteresse par les bolcheviques, qui construisirent une palissade de bois tout autour et disposèrent plusieurs mitrailleuses sur et dans la maison. La famille impériale y fut conduite séparément le 30 avril puis le 23 mai 1918, dans l’attente de la suite. Une garde permanente commandée par le commissaire politique Iakovlev et le commandant Avdeïev fut installée dans les murs mêmes de la maison et donnèrent lieu immédiatement à de nombreuses vexations. La famille impériale qui allait subir le martyr était la cible d’insultes, de mesquineries et de vexations permanentes de la part des gardes jusqu’au drame final qui eut lieu dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. La famille, un médecin et plusieurs domestiques étaient impitoyables massacrés dans la cave de la Villa. SUITE la Voix de la Russie

Croix tombale érigée en 1991 à l'endroit où se trouvait la maison Ipatiev
L’assassinat des Romanov: La villa Ipatiev rasée par le Politburo

Rédigé par Larissa le 17 Juillet 2015 à 22:35 | -38 commentaire | Permalien



1.Posté par Vladimir.G: La Russie célèbre avec faste les 400 ans de la dynastie des Romanov le 17/07/2013 10:45
La Russie célèbre avec faste les 400 ans de la dynastie des Romanov

Les célébrations orthodoxes du 400e anniversaire de la maison des Romanov ont débuté le 19 mai à Ekaterinbourg, jour de naissance de Nicolas II, dernier empereur de Russie.

Un rassemblement doit réunir ce mercredi des dizaines de milliers de fidèles à Ekaterinbourg.

À l'intérieur du monastère de Ganina Iama, les grappes de pèlerins se déplacent en murmurant, mêlées aux ouvriers qui rénovent le lieu sacré. C'est ici que, mercredi, des dizaines de milliers de fidèles convergeront, vers ce coin de forêt paisible, situé à vingt-trois kilomètres d'Ekaterinbourg, en mémoire du martyre enduré par la famille Romanov.

Dans cette nuit du 16 au 17 juillet 1918, le clan impérial était assassiné par les bolcheviques avant que les dépouilles ne soient transférées puis incinérées dans les bois, à l'abri des regards. Quatre-vingt-quinze ans plus tard, et selon une tradition inaugurée en 1989, l'année de la chute du Mur, les fidèles effectuent le même parcours, de la maison Ipatiev, lieu du massacre situé au centre d'Ekaterinbourg, jusqu'à Ganina Iama.

En 2013, ce sont des églises et des chapelles qui se dressent sur ces anciennes places mortuaires, et le triste anniversaire est comme sublimé par une autre commémoration, celle des 400 ans de la naissance de la dynastie Romanov, observée avec faste dans tout le pays. «C'est ici que reposent notre histoire et notre douleur, une page tragique dont nous sommes tous responsables», raconte le père Tikhon, le supérieur de Galina Iama. À la tête d'un monastère prospère, composé de dix-huit moines et vingt-cinq troudnikis, des aspirants à la recherche de leur vocation religieuse, le jeune prêtre se consacre «à la glorification de l'empereur et de la famille impériale».

Entre chaque église, érigée en mémoire d'un membre de la famille Romanov, le visiteur arpente une passerelle qui surplombe un ancien lieu d'excavation: ici où, en février 1919, l'enquêteur «blanc» Nikolaï Sokolov découvrit deux phalanges d'un index supposé appartenir à la tsarine Alexandra, découpées pour en extraire un rubis rouge, selon l'historiographie officielle de l'Église. Là, des boucles d'oreilles ou des icônes…

Bien que depuis 1998, à l'initiative de Boris Elstine, les dépouilles de la famille Romanov aient été transférées à la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg, rejoignant ainsi ses ancêtres, c'est uniquement à Ekaterinbourg qu'on retrouve la «véritable ferveur» entourant le clan impérial. La maison Ipatiev n'existe plus. Elle a été détruite en 1977 par le pouvoir soviétique, qui redoutait l'éclosion de foyers de contestation religieuse. «Mais malgré le harcèlement de la milice, les croyants se sont toujours réunis là-bas. Ils y apportaient des fleurs et priaient», rappelle Svetlana Ledina, responsable de la communication de l'Église du Sang-Versé, qui fut érigée en 2003 sur le lieu du massacre.

À l'occasion du 400e anniversaire, le musée attenant à la basilique a été rénové. On y découvre des photos de la «romantique» Tatiana, seconde fille de Nicolas II, au chevet des malades de la Première Guerre mondiale. Où y apprend aussi, avec surprise, que l'empereur serait «l'auteur» des plans d'électrification de l'actuelle Russie.

Dans la capitale de l'Oural, la dévotion manifestée à la cause de la famille Romanov frappe tout autant les citoyens ordinaires, jusqu'à faire tourner les têtes. Ainsi, Vladimir Momot, qui se présente comme ancien ingénieur à la retraire, doué de talents d'historien, prétend être le petit-fils d'Anastasia, quatrième fille du couple impérial, qui aurait par ailleurs échappé au massacre de la maison Ipatiev. «C'est à 60 ans que j'ai découvert que j'étais un petit-fils Romanov», explique cet homme aux cheveux blancs et au visage émacié, après qu'il se fut penché sur les traces de son grand-père, réprimé au temps de la terreur stalinienne, selon lui, un ancien secrétaire de l'état-major de l'armée blanche de l'Oural et gardien à l'époque de la maison Ipatiev.

Vladimir Momot situe le lieu d'incinération des dépouilles impériales non pas à Ganina Iama, mais à Porosenkov Log, distant de deux kilomètres. À l'exception, notamment, de celle d'Anastasia, qui, après avoir perdu la mémoire, aurait resurgi miraculeusement à Berlin, trois ans plus tard. Cette dernière thèse, jointe à celle de la survie de ses autres sœurs, fut abondamment reprise, y compris par des historiens occidentaux renommés. Ces polémiques, le père Tikhon affirme les ignorer, en constatant sur un ton philosophe: «Il s'agit d'une période très trouble de l'histoire de la Russie. Les gens qui croient à cela, il est difficile de les persuader du contraire.»

Pierre Avril
Correspondant à Moscou

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