L’athéisme dans le monde occidental
Victor Loupan

(Portrait de Jean-Marie Vianney, le curé d'Ars)

L’athéisme était l’un des piliers de l’idéologie soviétique.
Jeune dissident, j’avais, comme nombre de mes amis, une représentation erronée de ce qu’était la liberté de conscience dans le monde occidental. Nous étions persuadés que si un athéisme haïssable régnait en URSS le monde occidental était le siège d’une foi ardente.
A la différence de la Russie l’athéisme militant occidental a derrière lui une histoire multiséculaire. La grande révolution française avec ses centaines de milliers de victimes en a été l’une des premières manifestations. Saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars, se souvenait des prêtres qui venaient dans son village dans des habits paysans et disaient la messe tard la nuit dans des granges cadenassées. La France ainsi que l’Italie ont connu au début du XX siècle la confiscation de tous les biens de l’Eglise : les monastères étaient fermés, les congrégations expulsées avec l’aide de la police. Les fondements de l’athéisme occidental moderne sont certes différents. Le combat qu’il mène contre la doctrine de l’Eglise se situe à un niveau bien plus rudimentaire. L’écrasante majorité des médias prônent un monde sans Dieu.

L’école publique offre à ses pupilles des programmes imprégnés d’athéisme.

L’histoire est pour ainsi reprogrammée sous prétexte de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et ceci dans une sens qui n’est pas sans rappeler ce qui se passait en URSS. Des penseurs tels que René Girard ou Alain Finkielkraut estiment que la déculturation omniprésente de la société occidentale a dans une grande partie pour cause les phénomènes dont je parle. De nos jour les jeunes français, allemands ou néerlandais sont tout aussi ignares que l’étaient les jeunes soviétiques dans les années cinquante du siècle dernier. Lutter contre la religion, c’est combattre les valeurs chrétiennes sur lesquelles se fonde la civilisation européenne.
J’ai observé à la Pinacothèque de Munich un group de sympathiques belges en train de s’extasier devant un Rubens. Il s’y agissait de la révolte des anges. Ces personnes visiblement aisées et « instruites » n’étaient pas à même de comprendre de quelle révolte, de quels anges il était question… Quinze siècles d’art européen étaient devenus pour eux aussi hermétiques que des idéogrammes chinois. Bach, Vivaldi, Pascal, Stendhal, Dostoïevski et Tolstoï leur sont désormais inintelligibles.
C’est précisément ce dont rêvait Mao avec sa révolution culturelle !

Il n’existe pas en Europe d’institution plus critiquée et vilipendée que l’Eglise catholique. Il suffit à l’évêque de Romme de se prononcer à propos de l’avortement, des préservatifs, des mariages homosexuels, de l’adoption par des homosexuels que c’est l’hallali général : hommes politiques, médias, blogs. Les églises sont désertées en France, surtout dans les provinces où il arrive à des prêtres de desservir une vingtaine de paroisses.

L’orthodoxie survit en Occident grâce à son « exotisme oriental », la beauté de ses rituels, surtout quand il s’agit de l’orthodoxie russe. Cependant les journalistes disent que l’Eglise russe est réactionnaire et rétrograde.
J’ai récemment eu une conversation avec un prêtre roumain fraîchement arrivé de Roumanie. Il m’a dit : « Chez nous, sous Ceausescu la Securitate nous terrorisait, mettait les popes en prison et détruisait les églises. Je vois qu’en France l’Etat s’est très bien passé des services de cette administration. Il n’y a plus de croyants et les églises sont vides ! »

« La Pensée Russe N° 40, 23 octobre 2009 »
Traduit pour « Parlons d’orthodoxie ».

Rédigé par l'équipe de rédaction le 25 Octobre 2009 à 16:04 | 3 commentaires | Permalien



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