L’ère des Conciles œcuméniques  est terminée, il nous faut désormais chercher de nouvelles voies vers la conciliarité
Le père Georges Kotchetkov, recteur de l’institut Saint Philarète, vient de commenter la situation autour du Concile panorthodoxe prévu du 16 au 26 juin 2016 dans l’île de Crête :

« Il nous faut faire renaître la notion fondamentale de conciliarité ecclésiale et chercher de nouvelles voies de sa mise en œuvre, en commençant par « la base », par les relations réelles qui se sont tissées entre les fidèles.

Les préparatifs au Сoncile panorthodoxe ont pris plus de 50 ans. Ce Сoncile devait devenir la première depuis plus de mille ans réunion des primats et des représentants des Eglises orthodoxes.

Les Eglises de Serbie, de Bulgarie, de Géorgie ainsi que le patriarcat d’Antioche ont déjà dit ne pas souhaiter participer. Le lundi 13 juin le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe a également « constaté l’impossibilité étant donné la non participation de plusieurs Eglises pour l’Eglise orthodoxe russe de participer au Сoncile de Crête ».

Le monde orthodoxe débat de l’opportunité de la tenue d’un Сoncile panorthodoxe.

Il est fort difficile de faire des pronostics. Je pense que les immenses difficultés que présentent la convocation et les modalités de la tenue d’un Concile ainsi que des procédures de l’adoption de décisions, de même que l’émiettement de la vie ecclésiale nous incitent à revoir la notion même de conciliarité. Rappelons qu’avant le Premier Concile œcuménique la conciliarité et la catholicité de l’Eglise étaient perçus comme une cohérence interne de l’Eglise, comme une vie commune en l’Esprit, comme « l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (Ep, 4,3).

A partir du Premier Сoncile œcuménique ces sens sont modifiés car la notion de conciliarité a été réduite à la tenue même des conciles. Cette notion ne trouvait son expression que dans la convocation des conciles. Or, depuis que l’époque Constantinienne, marquée par « la symphonie » de l’Eglise et de l’Etat, a pris fin la conciliarité ne peut être déterminée exclusivement par la tenue des conciles. Il nous faut revenir à ce concept tel qu’il était entendu avant le Premier concile. Cela rendra possible le retour à une unité authentique, aujourd’hui inexistante.

Même si le Concile panorthodoxe se réunissait dans une semaine on ne saurait dire qu’il s’agit d’un Concile œcuménique. La tradition nous dit que les Conciles œcuméniques sont au nombre de sept et il nous pour cela rendre gloire à Dieu. L’histoire de ces Conciles est plus que complexe, elle n’est pas univoque. Elle reste dans l’ensemble d’une très grande importance pour l’entité de l’Eglise ainsi que pour l’ensemble des fidèles.

Cette époque est de fait révolue, il nous faut aujourd’hui chercher de nouvelles expressions de la conciliarité et de sa mise en œuvre.

Commençons par la conciliarité « sur le terrain », par la base. Elle émanerait des croyants, fidèles au Christ et à l’Eglise et s’aimant entre eux. Lorsque la conciliarité jaillira des sucs vivant de la Grâce elle sera reçue dans une appréhension nouvelle, elle deviendra forte et aidera les hommes à surmonter toutes les tentations de division, d’individualisation, de phylétisme (amour exclusif des siens, de son peuple et de personne d’autre). Il est à regretter que l’ensemble des nations modernes sont sujettes à cette déviation, dans des mesures et dans des formes diverses.

Personne n’est à l’abri du phylétisme, ne nous faisons pas d’illusions à ce sujet. L’un des conciles réunis à Constantinople a d’ailleurs condamné le phénomène du phylétisme.

Nous nous sommes privés de ce que le Christ nous avait apporté, le don d’une vie en commun, le don de la vie du nouveau peuple de Dieu. L’humanité éprouve la tentation de répudier ce don de Dieu, d’en faire « abstraction » tout en montrant du doigt les défauts et les péchés de tel ou tel chrétien ou de telle ou telle entité chrétienne. On s’est mis à estimer que le christianisme n’améliore en rien ce monde et qu’il n’est plus à même d’apporter quoi que ce soit à l’humanité : c’est une contre-vérité absolue, c’est un blasphème à l’égard de Dieu et de Son Eglise.

Afin de démentir ces allégations il nous faut changer nous-mêmes, il nous faut trouver une nouvelle vision du mystère de l’Eglise, faire vivre ce mystère en nous et par nous. Les chrétiens doivent vivre en communauté et dans le service de Dieu, aspirer à créer des fraternités, des cellules et autres formes d’union. Mettons nous à percevoir la volonté de Dieu mieux que toute structure ecclésiale statique et tributaire en même temps des circonstances extérieures.

Perpétuer d’une manière automatique la tenue de Conciles œcuméniques ou panorthodoxes est impossible car la vie a pris de nouvelles orientations. Si nous tentons de faire revenir artificiellement la vie à ce qu’elle était auparavant, à faire revivre le principe de la symphonie entre l’Eglise et l’Etat les résultats en sont incongrus, voire discréditant pour l’Eglise. L’époque Constantinienne dans l’histoire de l’Eglise est révolue, l’union inébranlable de l’Eglise et de l’Etat doit cesser d’être car devenue de nos jours non agréable à Dieu.

PSMB Священник Георгий Кочетков: эпоха Вселенских соборов закончилась, нужно искать новые пути соборности
Traduction Nikita Krivocheine
L’ère des Conciles œcuméniques  est terminée, il nous faut désormais chercher de nouvelles voies vers la conciliarité

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Juin 2016 à 15:49 | 14 commentaires | Permalien



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