Des milliers de fidèles ont fui la ville frontalière du Liban, selon l’agence de presse du Vatican.

La ville rebelle de Qousseir, dans le centre de la Syrie, aurait été vidée de près de 90% de sa population chrétienne, rapporte l’agence de presse du Vatican. “Les chrétiens ont quitté la ville suite à un ultimatum lancé par le chef militaire de l’opposition armée, Abdel Salam Harba”, précise Agenzia Fides, qui cite des “sources locales” ayant souhaité garder l’anonymat
L’ultimatum, qui a expiré vendredi 8 juin, avait été diffusé via les haut-parleurs de certaines mosquées de la ville, toujours selon l’agence de presse du Vatican. “Les chrétiens doivent quitter Qousseir”, lançait-on notamment du haut des minarets, selon l’agence

Qousseir est une ville où vivait l’une des plus importantes communautés grec-catholiques de Syrie, forte de quelques 10.000 personnes à côté de 15.000 musulmans sunnites, rappelle Fides.

“Des dizaines de milliers de chrétiens qui habitaient la ville (frontalière du Liban, ndlr), il ne restait plus que 1.000 fidèles qui ont été, maintenant, contraints de fuir à la hâte”, indique Fides. Il ne resterait dans la ville qu’une poignée de familles chrétiennes.

Les motivations derrière cet ultimatum ne sont pas claires, poursuit l’agence de presse. Selon certains, l’ultimatum vise à épargner davantage de souffrances aux fidèles, pour d’autres, il ne relève que d’une stratégie de discrimination et de répression. D’autres encore rappellent le soutien exprimé par certains chrétiens au régime pour expliquer les menaces à leur encontre.

Selon l’agence, certaines familles chrétiennes ont trouvé refuge à Damas, d’autres ont fui en direction des vallées et des campagnes environnantes.

Les chrétiens de la ville avaient espéré que la visite à Qousseir, fin mai, du père jésuite Paolo Dall’Oglio, calmerait la situation. En vain, selon Fides.

“J’ai choisi Qousseir parce que, par ma présence, je désire chercher à porter remède à la polarisation confessionnelle qui s’est vérifiée en ville. J’ai écouté les requêtes d’un certain nombre de familles chrétiennes qui ont vu des êtres chers enlevés et je voudrais faire de mon mieux, par la prière et le dialogue, afin de recomposer les fractures”, avait expliqué à Fides le Père Dall’Oglio le 30 mai dernier.A cette date, l’agence rapportait que Qousseir était déjà le théâtre d’une “conflictualité croissante entre musulmans et chrétiens, accompagnée par une vague d’enlèvements, de vengeances et d’homicides” Lire la suite
Site: "Mouvement pour le Liban"

Rédigé par V.G. le 7 Août 2012 à 10:56 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir le 07/08/2012 17:46
LES CHRETIENS DE SYRIE PRIS EN TENAILLE
Jeudi 2 Août 2012 - 11:57

Pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie, des combats entre armée régulière et rebelles ont éclaté mercredi matin aux abords de deux quartiers chrétiens de Damas, Bab Touma et Bab Charqi. Jusqu'à présent, l'essentiel de la communauté chrétienne s'est efforcé de se tenir à l'écart du conflit. En Syrie, les chrétiens sont chez eux, comme en témoignent les hautes croix illuminées qui brillent dans la nuit sur les collines de Sidnaya, l'un de leurs hauts lieux, près de Damas. Le régime les a toujours choyés. Minoritaire, rassemblé autour d'un noyau alaouite, une secte ésotérique de l'islam, le pouvoir de Bachar el-Assad cherche à s'appuyer sur d'autres minorités. Les chrétiens représenteraient entre 8 et 12 % de la population, chiffres difficiles à vérifier en l'absence de recensement basé sur la religion.

Après plusieurs mois de violences, beaucoup de chrétiens syriens craignent de payer dans l'avenir leur proximité supposée avec le gouvernement de Bachar el-Assad, et avant lui avec son père, Hafez. La perspective du remplacement de la dictature par un gouvernement transitoire pluraliste inquiète les membres des quelque douze Églises syriennes, orthodoxes ou fidèles à Rome. La présence vraisemblable, entre autres, des Frères musulmans dans les futurs gouvernements ne rassure pas, même si la confrérie promet depuis longtemps, dans ses manifestes, l'égalité de toutes les confessions.

«S'ils prenaient le pouvoir, ce serait une menace pour la présence à long terme des chrétiens dans cette région», redoute Mgr Abraham Nehmé, évêque grec-catholique, métropolite de Homs de 1986 à 2005. Les chrétiens craignent d'autant plus la répression que nombre de leurs hauts dignitaires ont ouvertement repris les arguments du pouvoir, en niant le caractère populaire du soulèvement. Le primat de l'Église syriaque orthodoxe, Ignace Zakka Ier Iwas, a ainsi déclaré en février dernier, à l'agence russe RIA Novosti, que la révolte était fomentée «par des forces extérieures et non par les membres de la société syrienne.» Certains religieux ont aussi dénoncé une «chasse aux chrétiens» ourdie par des groupes salafistes, en particulier à Homs. Ces affirmations semblent surtout viser une brigade locale de l'Armée syrienne libre, dont le chef, Abderrazak Tlass, cousin du général dissident Manaf Tlass, a adopté récemment une posture islamiste. Les jésuites syriens de la maison de Homs ont démenti que les fidèles chrétiens aient été visés.

Par le passé, la rhétorique des religieux syriens les plus militants vis-à-vis des islamistes a varié au gré des alliances du régime. En 2006, lors de la guerre d'Israël au Sud Liban, le curé de Notre-Dame de Damas, le père Elias Zahlaoui, avait demandé en chaire de «prier pour le Hezbollah.»

«Si le Christ revenait…»
Le Vatican s'inquiète de telles dérives. Le nonce apostolique de Damas, Mgr Mario Zenari, aurait désigné plusieurs prélats comme proches du régime, selon le compte-rendu d'un entretien posté sur le Web par un professeur de l'Université de théologie de Lille, Christian Cannuyer. Ce dernier a dû rapidement démentir que le nonce ait cité des noms. Mais il a maintenu le cœur de la démonstration: «Il n'y a pas, pour le moment, en Syrie, de chasse systématique aux chrétiens de la part de factions de l'opposition, et une réelle convivialité entre la majorité des musulmans et les chrétiens continue à prévaloir. Telle fut bien la ­teneur principale du propos de ­Mgr Zenari».

La réalité est complexe, comme toujours en Orient. «Certes, beaucoup de chrétiens syriens préfèrent le régime actuel à un gouvernement comportant des islamistes, estime Ignace Leverrier, ancien diplomate français en poste à Damas et auteur du blog Un œil sur la Syrie. Mais on trouve aussi des chrétiens dans l'opposition, comme l'opposant historique Michel Kilo.» Ce journaliste engagé a récemment jugé que «si le Christ décidait de revenir aujourd'hui, la première chose qu'il ferait serait de descendre dans la rue et de participer aux manifestations.»

Un autre opposant chrétien, Ayman Abdel Nour, ancien conseiller de Bachar el-Assad exilé en 2008, a créé un mouvement appelé «Syriens chrétiens pour la démocratie». Sur son site All4Syria, il dénonce les manipulations du confessionnalisme. Selon l'ancien conseiller présidentiel, la Sécurité politique a voulu distribuer des armes à de jeunes chrétiens des secteurs de Qassaa et de Bab Touma à Damas, pour les «aider à protéger leurs quartiers de probables attaques de gangs djihadistes armés». Les jeunes gens étaient invités à se regrouper en milice. Mais d'après le blogueur, ces derniers ont refusé. À ce jour, aucun assaut de «djihadistes» contre les chrétiens n'a en effet été constaté. Inversement, dans les campagnes, il arrive que les agents du gouvernement retirent leurs armes aux chrétiens alors que la quasi-totalité de la population y est armée.

«Pour le moment», selon les propos du nonce apostolique, la guerre civile ne s'est pas transformée en guerre confessionnelle. Mais les guerres sont toujours propices aux passions identitaires.

Par Pierre Prier

2.Posté par Vladimir le 12/08/2012 11:31
voxnr.com en novembre 2011: SYRIE : UN JOURNALISTE DE LA "GRANDE PRESSE" TEMOIGNE

Extraits d'un article de Christophe Lamfalussy publié par La Libre Belgique et Le Courrier international.

Avec sa ligne de chemin de fer désaffectée et ses larges rues, Qousseir [dans la province de Homs] pourrait faire penser à une ville désertée du Far West américain. En principe, 50 000 personnes – dont 7 000 de confession chrétienne – y habitent, mais il y a très peu de passants dans la rue. De nombreux habitants ont quitté la ville. Le petit marché local est surveillé par des policiers en civil. La plupart des rideaux de fer des magasins sont baissés. Et, aux carrefours, l'armée syrienne filtre le trafic.

A l'entrée du quartier général de la police, des sacs de sable empilés et un homme qui monte la garde. Des policiers en civil, kalachnikov en bandoulière, mènent l'inattendu journaliste directement au siège de l'armée, installé à quelques rues de là. Un représentant du ministère de l'Information syrien ouvre les portes.

A Qousseir, plus encore qu'à Homs, les forces de l'ordre syriennes sont en état de siège. Elles ont repris la ville aux insurgés il y a un mois, mais elles sont désormais la cible d'actions sporadiques. Le gilet pare-balles et le casque sont à portée de main. Les blindés bleus de la police patrouillent. D'imperceptibles lignes de démarcation divisent les zones de l'armée de celles des insurgés.

Dans certaines rues, notre taxi doit accélérer, rideaux fermés. Dans d'autres, on est en sécurité. "En vingt jours", explique un colonel, "cinq militaires ont été tués ainsi que trois civils qui combattaient à nos côtés. Les insurgés ont des jumelles au laser, nous observent, sortent des quartiers sunnites et partent en voiture. Une fois arrivés à hauteur de nos positions, ils tirent en rafale." Les insurgés visent tous ceux qui travaillent pour les forces de l'ordre. "Ils répandent un climat de terreur, poursuit le haut gradé. Un homme a été tué parce qu'il louait sa voiture à l'Etat. Un autre, un chauffeur de taxi, ramenait des employés de la municipalité chez eux. Il a été tué. Il n'a pas été tué parce qu'il était chrétien, mais parce qu'il travaillait pour l'Etat. Même les éboueurs sont liquidés."

C'est une guerre sans pitié qui se livre à Qousseir. Loin des images du début de la contestation montrant des manifestants pacifiques réprimés violemment par la police, les insurgés se livrent désormais à une tactique de harcèlement des forces de l'ordre. Certains disposeraient d'armes sophistiquées, venues de l'étranger. Et ils ont un grand nombre de munitions. "D'où viennent toutes ces balles à un euro ?" demande le colonel.

Les risques d'attentats sont bien réels. Un démineur de l'armée vient de désamorcer un explosif d'une puissance équivalant à cinq kilos de TNT muni d'un détonateur relié à un téléphone portable. Il était placé dans un sac-poubelle, contre la roue de la voiture d'un retraité de l'armée qui tient un magasin où les soldats viennent s'approvisionner. Mélange de sucre et d'engrais, l'explosif était dissimulé dans une bouteille d'orangeade. Le procédé est classique, mais destructeur. L'homme accepte de témoigner, dos à la caméra et le keffieh sur la tête. Il a peur d'être reconnu. Il a échappé à l'attentat car il a eu son attention attirée par un jeune homme à moto qui tournait autour de sa voiture. Lorsqu'il a inspecté le sac-poubelle, il a immédiatement averti l'armée.

(...)

Les divisions s'approfondissent de jour en jour, et la ville se relèvera difficilement du souvenir des victimes de ce "printemps" qui a tourné au cauchemar. Pour s'en rendre compte, il suffit d'aller chez les Qassouha, l'une des grandes familles, chrétiennes de la ville. Depuis la mort de Bater, il y a trois mois, la famille a élevé un double mur en parpaings devant l'entrée de la bâtisse. Dans le salon, toute la famille est assise : le père, la mère, l'épouse enceinte, les enfants, le frère qui est militaire. Bater avait 30 ans. Il était carreleur. Il a été tué alors qu'il revenait à motocyclette de son travail, ses outils avec lui. Il a été enterré à la hâte dans la nuit. Son portrait trône désormais sur le mur du salon, parmi les croix et un discret portrait du président syrien Bachar El-Assad. "Les pressions ont commencé quand ils nous ont demandé de participer aux manifestations, raconte le frère. Ils nous ont proposé de l'argent. Puis il y a eu des menaces, dont ce SMS accusant la famille de fournir des armes aux soldats pour tirer sur les manifestants. C'est faux. Nous avons été menacés d'être égorgés. "A ces mots, la famille ne maîtrise plus ses sanglots. Et le père éclate. "J'ai peur, dit-il, que mon autre fils soit tué."

Les Qassouha ne sont pas habités par la vengeance. Ils affirment ne pas disposer d'armes mais demandent que des renforts de l'armée viennent à Qousseir, contrairement aux exigences de la Ligue arabe qui réclame que l'armée syrienne se retire des centres urbains. A cet instant, un échange de tirs nourris éclate dans la rue. Il y a au moins une vingtaine de personnes dans le salon. Les visages sont tendus. Les mots se font plus rares. Nous partirons une demi-heure plus tard, après que la famille a récité un Notre Père aux côtés de la supérieure d'un monastère venue leur rendre visite.

Les voix chrétiennes se sont mêlées au chant du muezzin, qui appelait au même moment à la prière. Dans le quartier, vivent ensemble des familles chrétiennes et musulmanes. Il n'y a jamais eu d'incidents. (...) Mais la communauté chrétienne a peur de l'avenir. Elle craint la montée du wahhabisme saoudien. "Je suis venu pour la première fois à Qousseir en 1988, raconte un prêtre catholique. Il y avait une entente formidable entre les musulmans et les chrétiens. Maintenant, c'est clair : le wahhabisme domine la pensée musulmane. Nous pouvons vivre avec les salafistes s'ils sont faibles. Mais pas quand ils seront forts. Les chrétiens ont peur du présent, mais aussi de l'avenir."

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