LA DIMANCHE APRES LA PENTECÔTE MÉMOIRE DE TOUS LES SAINTS QUI ONT ILLUMINE LA TERRE DE RUSSIE
Office à tous les Saints qui ont resplendi sur la terre de Russie Traduction du P. Denis Guillaume

Cette célébration vit le jour au XVIème siècle sous le saint métropolite Macaire de Moscou & de toutes les Russies mais fut abandonnée au siècle suivant lors des réformes du Patriarche Nikon.

Cette fête fut restaurée à la suite du concile local de Moscou le 26 août 1918.

L’initiateur de la restauration de cette fête fut un professeur de l’Université de Saint-Pétersbourg, Boris Touraev.

Il fut du reste le co-auteur avec le hiéromoine Athanase Sakharov de la première édition de l’office parue en 1918. Une seconde édition de cet office parut en 1956 et fut publiée par le Patriarcat de Moscou.

Une révision de cet office fut effectuée en 2002 et fut intégrée aux Ménées du mois de mai (elle présente quelque variante avec la version de 1956, en particulier pour le prokimenon de la liturgie).

Curiosité liturgique, les différents stichères des vêpres ou des matines, ainsi que les tropaires des odes du canon du jour à matines énumèrent les noms d’un très grand nombre de saints russes.

Des formules spéciales pour les prières de la litie énumèrent de même de longues listes de saints russes.

L’office de tous les saints qui ont illuminé la terre de Russie se combine avec celui du dimanche, ton 1. Les lectures de la liturgie, qui s’ajoutent à celle du IInd dimanche après la Pentecôte, reprennent celles du dimanche de tous les saints de la semaine précédente.

Par les prières de ta Mère immaculée et de tous les saints, Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous, dans ton unique bonté & ton amour pour les hommes. Amen.
SUITE
LA DIMANCHE APRES LA PENTECÔTE MÉMOIRE DE TOUS LES SAINTS QUI ONT ILLUMINE LA TERRE DE RUSSIE

Il est intéressant de noter que l'office du XVIème siècle ne fut pas repris en 1918, mais un office spécial fut composé sur le modèle de celui consacré à Tous les Saint de l'Athos et c'est l'office généralement utilisé dans l'émigration, sans les révisions de 1956 et 2002.

Chaque ode du canon des matines regroupe les saints d'une région particulière, et s'achève par le théotokion de l'icône de la Mère de Dieu la plus célèbre de cette région :

1) les premiers saints russe, et l'icône de la Protection de la Mère de Dieu
3) ceux du Sud de la Russie, et l'icône de Potchaev
4) ceux de Moscou, et l'icône d'Ivéron
5) ceux de Novgorod, et l'icône du Signe
6) ceux du Nord, et l'icône de Tikhvine
7) ceux de Rostov, Souzdal et Vladimir, et l'icône de Vladimir
8) ceux de Kazan et de l'Est, et l'icône de Kazan
Source


« Nous fêtons aujourd’hui la mémoire de tous les saints qui ont illuminé la terre russe, de tous les saints de notre grande Église russe multinationale.

"Parlant de la terre russe, nous ne parlons pas seulement du territoire actuel de la Fédération de Russie, mais de toute la Rus’ historique qui différait autrefois sensiblement des frontières politiques de la Russie actuelle, mais dont l’unité spirituelle continue à s’étendre à un espace spirituel tout à fait particulier, unissant des gens vivant dans des villes et des pays différents. Lorsque nous parlons des saints de la terre russe, nous parlons des saints de la Rus’ historique, de ceux qui se sont illustrés en Russie, de ce grand cortège de saints que vénère l’Église orthodoxe ukrainienne, partie intégrante du Patriarcat de Moscou, des saints de Biélorussie, de Moldavie, des Pays Baltes, d’Asie centrale, de Chine et du Japon, de tous les saints des pays où l’Église orthodoxe russe a étendu son ministère, a semé sa semence de salut.

Toutes les terres de la Rus’ historique ont eu leurs saints. Ce qui signifie que le Divin Semeur, qui a choisi notre terre pour y semer sa Parole divine, n’a pas élu une terre caillouteuse, ni une terre où la semence de la Sainte Orthodoxie tomberait dans les épines, ni une terre où les oiseaux mangeraient ce qu’Il a semé. Il a choisi une terre fertile, où la parole du salut donne des fruits nombreux et étonnants (cf Mt 13, 1-8 ; Mc 4, 1-19 ; Lc 8, 4-8). Le cortège des saints de la terre russe est aujourd’hui celui de nos intercesseurs et de nos protecteurs. Durant des siècles, de saints pontifes, des martyrs, des confesseurs, des vénérables, de pieux princes, des fols-en-Christ se sont levés par grâce de Dieu en tous lieux de la Rus’ historique. Il n’y a pas de pays sur le territoire canonique de l’Église orthodoxe russe, où, en dehors des saints connus du monde entier et de toute l’Église russe, ne soient vénérés des saints locaux, ayant illuminé un lieu concret, une ville concrète, dans des circonstances historiques concrètes à une époque concrète.

LA DIMANCHE APRES LA PENTECÔTE MÉMOIRE DE TOUS LES SAINTS QUI ONT ILLUMINE LA TERRE DE RUSSIE
Chacun de nous a des saints préférés parmi les saints russes, ceux dont nous portons le nom, ceux dont nous vénérons les reliques, ceux qui ont joué un rôle particulier dans notre propre cheminement. On ne peut pas énumérer tous ces saints ni leurs exploits, mais l’on peut dire en ce jour solennel et radieux pour l’Église orthodoxe russe que la parole salvatrice de Dieu a donné de bons fruits et des fruits abondants sur notre terre. Ce n’est pas une raison pour nous enorgueillir, ni pour nous élever au-dessus d’autres pays et d’autres peuples, mais c’est l’occasion de réfléchir à la responsabilité historique que le Seigneur a confié à chacun de nous. Lorsque nous faisons mémoire de tous les saints russes, nous commémorons non seulement des gens ayant vécu dans un passé lointain, mais aussi ceux qui ont vécu très récemment, les nouveaux-martyrs et confesseurs, dont l’exploit a particulièrement affirmé notre sainte Église orthodoxe russe.

Nous savons que des saints vivent aujourd’hui même sur notre terre, que l’Église n’a pas encore glorifiés. L’exploit de la sainteté qui nous a été légué par nos prédécesseurs et que nous contemplons avec une telle netteté dans les visages des saints de la terre russe, se poursuit encore de nos jours.

Comme dans toutes les paroisses de l’Église orthodoxe russe, nous avons lu une prière pour l’apaisement du conflit en Ukraine. Nous parlons aujourd’hui d’Ukraine, mais cette terre s’appelait aujourd’hui Rus’ de Kiev. Il n’y a pas si longtemps, cette terre était encore une partie d’un seul et même état. Bien que ce soit aujourd’hui un état indépendant, elle reste partie d’un même espace spirituel que nous appelons l’Église orthodoxe russe. La plupart des fidèles ukrainiens, malgré les efforts pour les arracher à l’unité de l’Église entrepris depuis plus de 20 ans, gardent cette unité en dépit des circonstances difficiles.

LA DIMANCHE APRES LA PENTECÔTE MÉMOIRE DE TOUS LES SAINTS QUI ONT ILLUMINE LA TERRE DE RUSSIE
(…)

Nous adressons au Seigneur cette ardente prière pour l’Ukraine, Lui qui a semé Sa parole sur cette terre et fait mûrir d’abondants fruits de sainteté. Nous prions la Mère de Dieu qui a toujours été considéré comme la patronne de la Rus’ : ce n’est pas un hasard si la Russie était appelée et est encore appelée « l’apanage de la Mère de Dieu ». Et nous prions aussi aujourd’hui tous les saints russes, leur demandant de rétablir l’unité de la Sainte Russie. Non pas l’unité politique, mais l’unité spirituelle. Afin que la haine s’apaise, que les gens soient à nouveau inspirés par les idéaux de sainteté, de pureté, de moralité, de spiritualité, ce que la Russie a donné à notre peuple et au monde entier.

Demandons au Seigneur d’incliner sa miséricorde vers la Sainte Russie, afin que les hostilités s’apaisent et que la paix triomphe, afin que la paix règne pour de longues années sur notre terre par les prières de tous les saints ayant illuminé la terre russe. Amen. "

Homélie du métropolite Hilarion de Volokolamsk le 22 juin 2014


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 30 Juin 2021 à 05:25 | 18 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir G: "l'Église grecque-catholique russe" le 19/06/2017 14:30
L'intéressante première partie de l'article provient de la "Paroisse catholique de rite byzantin russe de Paris", rue François Gérard 75016 - Paris. http://www.eglise-catholique-russe-paris.org/. Elle dépend de "l'Église grecque-catholique russe", une obédience confidentielle dont l'origine remonte à la fin du XIXe siècle (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_grecque-catholique_russe). Une autre paroisse existe en France, à Lyon, mais elle ne se revendique plus comme russe (http://paroisse-byzantine.fr/?page_id=380)...

2.Posté par Affeninsel le 10/06/2018 20:13
La fête devient donc un moyen de glorifier la terre russe, et par-là le peuple russe. L'abondance de répétitions de l'adjectif "notre" dans cet office me semble particulièrement repoussant. On peut se défendre de s'enorgueillir à l'occasion de cette fête, mais tout cet office (qui n'a rien gardé ou presque de l'office original du XVIe siècle) est en vérité une occasion de plus d'exposer les fidèles à la soupe nationaliste en vigueur dans "notre grande Église russe multinationale".
Et il est regrettable que le même schéma commence à se répandre dans les autres pays, comme si c'était là une expression canonique de la pratique orthodoxe.
Pour rappel, la fête de tous les saints, qui suit la Pentecôte, célèbre déjà "tous les saints qui ont brillé dans la terre de Russie", et les saints mentionnés spécialement dans cet office ont déjà une fête liturgique, au cours de laquelle on les célèbre pour ce qu'ils ont donné au Christ, et non pour leur appartenance ethnique.

3.Posté par Irénée le 11/06/2018 08:38
Merci à Affeninsel pour sa contribution, je partage totalement ce que vous exprimez.
Mais il me semble cependant que l'usage de célébrer les saints "locaux" le dimanche qui suit celui de tous les saints est une bonne chose. Mais bien entendu à condition que ce soir d'abord pour rendre grâce à Dieu plutôt de de glorifier la terre ou la nation (au plus mauvais sens du terme).

4.Posté par Tchetnik le 11/06/2018 09:53
Disons qu'il est logique et légitime de glorifier les saints locaux comme les éléments les plus vertueux de sa famille. La Nation n'est pas un concept illégitime en soi et il peut porter les idéaux de Vérité et de Vertu de Dieu. L'universel ne s'oppose pas au particulier mais est contenu dedans. Et il est logique qu'un peuple glorifie ceux des siens qui lui montrent voie et exemples à suivre. Seulement, encore faut-il comprendre que la nation anglaise n'est pas la nation grecque, que la nation française n'est pas la nation russe, que la nation italienne n'est pas la nation roumaine et que l'Eglise fasse ce qu'elle a toujours fait, à savoir commémorer les saints de la terre sur laquelle elle est présente.
Juridiction "nationale" ne signifie - toujours - pas juridiction "ethnique". Et c'est là le gros problème.

5.Posté par Daniel le 12/06/2018 19:47
Fête entièrement inutile car ils sont individuellement célébrés un jour de l'année, communément célébrés le jour de tous les saints. On note aussi que cela amène à des subdivivisions régionales. Il y a ainsi la fête des saint de Novgorod, mais on peut aussi imaginer des subdivisions infinies.

S'y ajoutent les anachronismes. Ainsi, une des version des offices mentionne saint Tamar, reine de Géorgie et saint Grégoire illuminateur de l'Arménie... Géorgie et Arménie ne font pas partie de la terre de Russie.

6.Posté par Affeninsel le 14/06/2018 22:20
J'appuie ce que dit Daniel : si le dimanche de tous les saints a du sens en tant qu'il célèbre la sainteté en général comme la voie du salut donnée par le Christ à travers le Paraclet, que célèbre "le dimanche de tous les saints russes" : la sainteté russe ?

Je rappelle à nouveau que les saints locaux sont, dans la tradition orthodoxe, célébrés chacun à leur tour à une date précise. On ne peut comprendre l'initiative du XVIe siècle en Russie que comme temporaire, à une époque où la conscience orthodoxe n'avait pas encore permis de mettre les saints les plus connus et célébrés de Russie dans le calendrier. Le développement logique et traditionnel qui a suivi fut de les intégrer au calendrier, plutôt que de garder ce groupement dont je rappelle qu'il n'avait jamais existé dans la Tradition auparavant (la fête de tous les saints du Mont Athos ayant été inventée encore après celle de Russie).

Il y a une manière de célébrer les saints locaux en France : c'est de mettre à la première place du calendrier les saints les plus grands de notre histoire, et de leur composer un office. Saint Martin, saint Eloi, sainte Geneviève, saint Victor, sainte Blandine, saint Vincent de Lérins, saint Irénée et saint Hilaire devraient chacun avoir un office "avec vigiles" ou "avec polyéléos" dans les paroisses de l'église qui est en France.

7.Posté par Tchetnik le 15/06/2018 11:49
Le pire est que l'office de "tous les Saints de France" existe.

http://orthodoxengland.org.uk/pdf/servs/ASFrance.pdf

Comme il existe des offices pour l'essentiel des Saints Occidentaux, Français, Anglais, Germaniques...Les commémorer dans les églises de leurs pays respectifs serait effectivement pertinent. Célébrer les "Saints de la terre de Russie" en France ou en Angleterre n'est pas d'une logique ni d'un sens transcendant.

8.Posté par Vladimir G: une tradition russe "reçue" dans l'Orthodoxie le 16/06/2018 19:39
Nos commentateurs ont décidément du mal avec les traditions de l'Église russe, qui font pourtant partie intégrante de sa spécificité et ne regardent qu'elle. La célébration des saints des terres russes fait partie de ces traditions depuis 400 ans et le Saint Concile de 1917-18 le reconnut après la malheureuse parenthèse ouverte par la volonté effrénée d'imiter les Grecs qui obnubilait le patriarche Nikon. Il n'est pas illogique que sainte Tamara et saint Grégoire y soient mentionnés, puisque ces saints illuminateurs précédèrent St Vladimir dans la christianisation de ce qui devait devenir le "Monde russe," notion culturelle multiethnique, comme le fut l'empire russe, et non "nationale" au sens actuel (liée à des frontières politiques).

L'extension de cette tradition aux autres Églises locales démontre sa "réception" dans l'Orthodoxie, et l'absence de cette fête pour les saints de Francemontre simplement qu'il n'existe pas d'Orthodoxie française...

9.Posté par Tchetnik;racisme endémique... le 16/06/2018 21:43
Par ailleurs, la Géorgie et l'Arménie n'ont jamais fait partie de la "russitude", pas plus sous Alexandre III que sous saint Vladimir.

En plus d'apprendre le Christianisme, certains devraient apprendre l'Histoire...

Outre que la terre de France n'est pas la terre de Russie, il existe autant de Saints Chrétiens orthodoxes Français que de Saints Chrétiens orthodoxes Russes et l'office des Saints de France existe…

Certains ne sortent pas d'un certain talmudisme racialiste, ce qui prouve que leur orthodoxie n'existe pas.

10.Posté par Daniel le 17/06/2018 05:51
Il existe un office pour les saint de France proposé et rédigé par un Suisse à ma connaissance et qu'on peut trouver en ligne... S'il n'est pas adopté c'est peut-être parce que les évêques, en majorité étrangers, se complaisent à présenter l'orthodoxie comme une chose étrangère, exotique, orientale, ce qui va de pair avec l'oecuménisme. C'est aussi peut-être parce que dans la tradition de ces évêques, une fête des saint locaux n'existe pas.

Ainsi, cette fête des saint locaux n'existent pas en Géorgie, à Jérusaleme, à Alexandrie, en Serbie etc. Parler d'extension est bien exagéré...

Sainte Geneviève de Paris, saint Germain d'Auxerre, saint Cloud (Clodoald), saint Martin de Tours sont bien des saints orthodoxes ayant illuminé la terre de France et inséré d'ailleurs dans la société de leur temps.

D'ailleurs, le Patriarcat de Moscou a bien institué une fête des saints des Iles Britanniques.

Bientôt, faudra-t-il considérer la Pologne comme terre russo-germano-autrichienne car ces pays se la sont partagés?

11.Posté par Tchetnik;racisme endémique... le 17/06/2018 08:47
Les Saints de Finlande sont-ils "saints de Russie" ou "saints de Suède"?




12.Posté par Vladimir G: ni Orthodoxie française ni évêque qui s'en réclame... le 18/06/2018 23:25
Et oui, bien cher Daniel, il n'y a ni Orthodoxie française ni évêque orthodoxe qui s'en réclame... et bien peu de fidèles!

Et si le Patriarcat de Moscou a bien institué une fête des saints des Iles Britanniques, c'est qu'il y eut là un pasteur extraordinaire, Mgr Antoine Bloom, qui voulait une Orthodoxie britannique malgré les autres juridictions...

13.Posté par Daniel le 19/06/2018 09:01
Les fidèles orthodoxes sont, je pense d'un nombre similaire en France et en Angleterre. En France, il y a eu aussi un évêque extraordinaire qui a célébré des offices pour les saints locaux, a parfaitement compris que l'orthodoxie était une église autochtone... Saint Jean de Shangaï, vous connaissez?

Les saints en France, en Angleterre, existent indépendamment des évêques...

14.Posté par Tchetnik le 19/06/2018 10:23
L'"orthodoxie" étant non pas un marqueur identitaire local et superficiel mais le Christianisme dans toute son universalité, on peut donc dire qu'il n'existe pas d'"orthodoxie" russe" et qu'une telle "orthodoxie" n'est pas alors le Christianisme. Ce que ses tenants montrent d'ailleurs tous les jours.

15.Posté par Affeninsel le 19/06/2018 11:12
"Il n'est pas illogique que sainte Tamara et saint Grégoire y soient mentionnés" ? Mais dites-moi, alors, Vladimir, qu'est-ce qui est célébré ce jour-là ? La seule entité russe qui ait jamais contenu les territoires géorgiens et arméniens, c'est l'Empire russe. Doit-on comprendre que cette "fête liturgique" est l'occasion de célébrer non pas l'Eglise russe, mais l'Empire ? Non pas la réalité spirituelle russe (ce qui serait déjà, nous l'avons montré, problématique) mais la réalité purement temporelle ? N'a-t-on pas honte de mélanger aussi visiblement les genres, avec ces pratiques ? En outre, il est clair, dans les canons qui régissent l'apparition des "patriarcats" (ou plutôt catholicossats) que nous connaissons, que l'unité d'une église locale se fait sur la base d'un même peuple. Les Géorgiens et les Russes ne sont pas le même peuple, n'en déplaise à certains nostalgiques. Mais il est vrai qu'appliquer ce principe pourtant simple pourrait amener à se poser la question de la pertinence qu'il y a à appeler "Eglise russe" ce qui s'étend chez les Tatares, les Maris, les Yakoutes, et autres... encore une fois sur la base d'une confusion entre politique et ecclésial.

Je suis tout aussi dubitatif sur "la spécificité de l'Eglise russe qui ne regarde qu'elle". Cela me rappelle fortement l'oeil qui dit à la main "je n'ai pas besoin de toi" (1Cor 12 :21) que saint Paul condamne. En Eglise, tout regarde tout le monde. C'est ce qui donne lieu à la correction fraternelle, que certains politiciens ecclésiastiques veulent désormais renommer "ingérence". Si l'Eglise en Russie fonde son action sur l'idée que rien ne peut lui être reproché parce qu'elle est autocéphale, nous allons au devant de graves crises.

Quant à la "réception" de cette invention russe par d'autres peuples, je vois mal en quoi elle prouve quoi que ce soit. L'hérésie arienne aussi, en son temps, a été fort bien "reçue" dans bien d'autres églises que celle d'Alexandrie.

Enfin, Vladimir, vous semblez considérer que l'existence d'une "orthodoxie française" serait conditionnée à la proclamation juridique d'une telle chose par des évêques. Il n'en est rien. Déjà parce que, comme l'a dit Tchetnik, il n'y a que l'orthodoxie, pure, sans mélange et sans ajout. Mais aussi parce que, si l'on dit plutôt "l'orthodoxie francophone" et "l'orthodoxie en France", c'est une réalité qui, dans la volonté de Dieu, précède même la naissance de l'Eglise. Dieu a fait des nations (à Babel) puis a envoyé Ses apôtres évangéliser ces nations : chaque territoire a une vocation orthodoxe, qu'il convient d'honorer en y menant la mission, et en faisant vivre l'Eglise une fois qu'elle y est installée. Dans l'esprit des canons, c'est-à-dire de l'Eglise elle-même, un chrétien qui se trouve en France est un chrétien "français". Il est appelé, comme l'exprime Act. 8, 4, à annoncer la bonne nouvelle où qu'il se trouve, quelles que soient ses circonstances particulières. Même seulement "en puissance", "potentiellement", l'orthodoxie en France existe depuis que ce qu'on appelle la France existe. Il nous incombe, au lieu de nous faire les ambassadeurs culturels d'un pays lointain, d'actualiser, de donner corps à cette réalité spirituelle.

16.Posté par Vladimir G: une icône de la Trinité le 21/06/2018 19:34
Bien chers Affeninsel et Daniel,

Il me semble que vous professez une espèce de déviation purement occidentale de l'ecclésiologie orthodoxe: contrairement à un Protestant ou un Catholique, l'Orthodoxe n'appartient pas directement "à l'Orthodoxie", mais à L'UNE DES ÉGLISES ORTHODOXES, et c'est par l'intermédiaire des primats, qui sont en communion directe par la commémoration réciproque et la communion au même calice, que se réalise l'Unité de l'Orthodoxie. Cette doctrine est symbolisée par la chrismation, puisque le chrême est consacré par le primat, et la commémoration liturgique des primats qui caractérise bien l'appartenance à une Église autocéphale comme le rappelait récemment le patriarche Cyrille. En effet, les Églises orthodoxes ne sont pas de simples divisions administratives, comme dans l’Église catholique, mais représentent une part essentiel du mystère de l’Église: "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité, (...) reproduisant sur terre le mystère de l'unité dans la diversité (...) De même que chaque personne de la Trinité est autonome, de même l'Église est faite de beaucoup d'Églises autocéphales indépendantes; et de même que dans la Trinité les trois personnes sont égales, dans l'Église aucun évêque ne prétend à un pouvoir absolu sur les autres." (*). Ainsi, icônes de chacune des Personnes de la Trinité, les Églises autocéphales ont un charisme propre qui participe au charisme trinitaire de l'Église et présentent ensemble le Corps du Christ dans sa plénitude. Il est donc normal que cette "DIVERSITÉ DANS L'UNITÉ" (ibidem), ce charisme de chacune des Églises orthodoxes, soient aussi présents dans la diaspora où chaque Orthodoxe est entré dans une Église spécifique par son baptême et sa chrismation.

L'Église russe a toujours été en pointe pour l'acculturation de ces paroisses et diocèses: c'est elle qui avait lancé les traductions des textes liturgiques en anglais aux USA (au début du XXe siècle), aboutissant à l'autocéphalie de l'OCA, et Mgr Antoine a continué cette action dans les îles Britanniques; c'est aussi dans l'Église russe qu'ont été lancées les traductions en français, à la fin des années 1920, qui ont donné naissance à l'ECOF, avant ses déviations, et à la paroisse consacrée à Ste Geneviève. Et nous commémorons bien entendu les saints français à chacun de nos offices...

Mais tout cela ne permet pas d'identifier UNE ÉGLISE ORTHODOXE DE FRANCE: avec sa multiplicité de juridictions, la France est cas typique de DIASPORA où "il n’est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église."(**) La plupart des Orthodoxes de France, des simples fidèles aux clercs et évêques, ne veulent pas appartenir à une soi disant "Église orthodoxe française", mais tiennent à garder leurs racines et leur appartenance à leur Église d'origine (la seule exception serait l'Archevêché "de Daru", qui garde malgré tout la référence à son origine dans son nom et les offices pontificaux en slavon, et qui est la seule juridiction qui stagne, voire diminue, en nombre de paroisses). Il n'est pas impossible que cela change dans quelques générations et cette "Église orthodoxe française" pourra alors décider d'une journée de commémoration des saints français...

(*) Mgr Kallistos Ware, "L'orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles", p.311
(**) https://www.holycouncil.org/fr/-/diaspora, article 1b

17.Posté par Daniel le 21/06/2018 22:18
C'est cette ecclésiologie qui est au contraire entièrement nouvelle qui ne correspond pas à l'ecclésiolohie orthodoxe. L'ecclésiologie orthodoxe dit, un évêque par ville et une seul évêque par diocèse. Les évêques de diocèses voisins sont réunis en métropole etc. En somme, c'est le principe territorial qui est le principe orthodoxe ecclésiologique traditionnel, y compris pour des zones de missions.

18.Posté par Tchetnik:influence protestantisante le 21/06/2018 22:51
Les églises "autocéphales" sont des juridictions nationales. En aucun cas des juridictions ethniques. L'organisation des églises s'est en partie faite sur la base d'une certaine unité culturelle des peuples, mais sur leurs terres, dans les nations qu'ils ont fondées et construites, pas en dehors;

Un Orthodoxe qui ne pense son "Orthodoxie" que par un rattachement à une église locale particulière a certainement un gros problème de compréhension de ce qu'est en réalité l'"Orthodoxie", à savoir le Christianisme, outre que cette compréhension des choses est on ne peut plus moderne et païenne.

Rappelons enfin que l'Eglise n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais une "démocratie", surtout dirigée par des "russes" ou "roumains sous-développés spirituellement, qui ne parviennent déjà pas à catéchiser leurs propres enfants.

19.Posté par Vladimir G: enfoncer une porte ouverte... le 21/06/2018 23:00
Mais oui Daniel, au risque de me répéter: "Il a été aussi constaté que durant la présente phase il n’est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église sur cette question, c’est-à-dire qu’il y ait un seul évêque dans un même lieu." (https://www.holycouncil.org/fr/-/diaspora)

Cela n'enlève rien au fait que les Églises orthodoxes représentent une part essentiel du mystère de l’Église, "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité", que le charisme de chacune des Églises orthodoxes est présent dans la diaspora où chaque Orthodoxe est entré dans une Église spécifique par son baptême et sa chrismation, et que l'Église russe a ses traditions propres (dont celle de commémorer spécifiquement ses saints locaux) alors qu'il n'y a pas (encore?) d'Église orthodoxe de France...

20.Posté par Affeninsel le 22/06/2018 00:23
Donc il y a un baptême de Russie, un baptême de Grèce, etc. ? Vous rendez-vous compte du fleuve d'hérésie qui sort de votre bouche quand vous vous lancez dans ce genre de justifications ? Saint Paul ne dit-il pas (1 Cor 3,4) qu'on ne peut se réclamer, dans le baptême, que du Christ ?
Rappelez-vous : quelle est la véritable image de l'Eglise dans sa plénitude ? C'est le diocèse, uni autour de son évêque, et non autre chose. L'Eglise est en réalité une confédération de diocèses, et pas de patriarches (ce que montre le fait que les conciles des temps anciens réunissaient tous les évêques, et non pas des délégations venus appuyer des patriarches, comme on l'a vu au cours du conciliabule de Crète). C'est d'ailleurs ce que dit Mgr Kallistos, que vous citez ici abusivement. Et précisément, c'est parce que la vraie église dans sa plénitude se trouve au niveau du diocèse, les patriarcats nationaux tels qu'ils existent aujourd'hui ne sont précisément qu'une "division administrative", comme l'étaient les métropoles dont l'usage a quasiment disparu (mais devrait renaitre pour permettre à une ecclésiologie réellement orthodoxe de se développer à nouveau).
Et lorsque ces églises particulières se rassemblent, c'est précisément pour discuter de questions de pratiques ecclésiales, et corriger les unes avec les autres ce qui ne va pas. La pratique ecclésiale est fondée sur la Vérité et la conformité à la prédication des apôtres, pas sur l'indépendance de chacun, qui serait livré à lui-même dans son pré carré.
Le propos de Mgr Kallistos est bien plus centré sur la question d'autorité sur le peuple de Dieu que sur la possibilité de s'inventer une "couleur locale", laquelle, si elle existe bel et bien, ne peut pas, répétons-le, justifier n'importe quelle élucubration.

Vous semblez ensuite distinguer les églises de mission (USA) et les églises de diaspora (France, Europe occidentale...). Mais, comme je le répète depuis des lustres, cette distinction n'existe PAS. L'Eglise orthodoxe française n'est pas une réalité à construire prudemment à travers des accords politicards entre boutiquiers jaloux de leurs vitrines ecclésiastiques, elle est, je l'ai dit dans mon précédent commentaire (que vous ne relevez pas, comme d'habitude), une réalité du moment qu'un chrétien y a mis les pieds et est donc un chrétien qui se trouve être en France.
Il n'y a donc pas de désir légitime de "garder ses racines" en Eglise, et encore moins de "garder son appartenance" à une Eglise dont le territoire canonique se limite aux diocèses qui la composent, et qui n'a aucun pouvoir d'envoyer à gauche et à droite des évêques qui la "représentent".
Je veux bien que "l'ordre canonique strict" soit difficile à réaliser aujourd'hui, mais il y a une différence entre une difficulté que l'on cherche à dépasser en faisant, au jour le jour, le nécessaire pour cela dans la mesure de ses moyens, et une excuse fort commode pour ne rien faire, et qui permet de reporter aux calendes grecques la fin de ce système qui déchire non seulement la paix de l'Eglise, mais surtout la tunique du Christ.

21.Posté par Tchetnik:influence protestantisante le 22/06/2018 12:22
Les charismes qui peuvent être des charismes différents sont des charismes populaires, en aucun cas spirituels. Ou alors l'église russe serait-elle différente de l'église grecque?

Quand on commence à mettre lesdits charismes à égalité, voire au dessus de l'Evangile, naissent alors certaines hérésies. Hérésies renforcées bien souvent par une ignorance volontaire.

22.Posté par Vladimir G: « Pour les Églises orthodoxes, avancer vers l’unité suppose de sortir des crispations identitaires » le 24/06/2018 09:41
« Pour les Églises orthodoxes, avancer vers l’unité suppose de sortir des crispations identitaires »
Père Philippe Dautais
Recueilli par Claire Lesegretain , le 21/06/2018 à 19h02

En se rendant jeudi 21 juin à Genève avec l’objectif de visiter le Conseil œcuménique des Églises à l’occasion de ses 70 ans, le pape François a exposé une vision de l’œcuménisme faite tout autant d’ouverture que d’exigence. Réaction du Père Philippe Dautais, prêtre orthodoxe roumain, Centre Sainte-Croix (Dordogne)

« Cette visite du pape François au COE se situe dans la continuité de son engagement œcuménique. Il insiste sur l’importance de l’unité des chrétiens, car le monde le réclame pour la crédibilité de l’évangélisation. Il appelle à surmonter les divisions engendrées par l’histoire et à sortir de nos prérogatives culturelles pour se mettre tous au service du Christ. En ce sens, il souligne l’importance du pardon et de la conversion continue pour dépasser les soupçons et la peur.
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Après le XXe siècle qui a permis de retrouver une considération les uns pour les autres, il faut maintenant dépasser franchement nos divisions. Du côté des Églises orthodoxes aussi, il s’agit d’avancer vers l’unité, ce qui suppose de sortir des crispations identitaires, pour entrer dans une dimension universelle de l’Église. Pour nous aussi, il s’agit de franchir une étape significative vers l’unité. »

23.Posté par Tchetnik:Dr Jeckyll et mr Hyde le 24/06/2018 16:27
Etrange mauvaise foi qui consiste à déformer le sens d'un article pour décrire comme "crispations identitaires" ce qui est considéré par la même personne comme un "attachement aux racines" donc légitime selon de quelle ethnie on est...

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