Prêtre Vladimir Zielinsky

LES DROITS DE L’HOMME, DUQUEL ?

Très souvent nos actes, à l’apparence rationnelle, sont poussés par des choix secrets ou par des pulsions que nous cachons à nous-mêmes. Dans le livre de la Genèse Jacob a mené une lutte nocturne contre un Etre mystérieux pour arracher sa bénédiction, alors que nous combattons parfois cet Hôte inconnu qui nous dérange dans le subconscient pour le chasser définitivement, le bannir de l’horizon, effacer ses traces en notre l’âme. A notre époque humaniste ce sont les droits de l’homme, la laïcité ou même la liberté de conscience qui recouvrent la bataille en cours. Aujourd'hui en Occident les symboles religieux sont en train de se vider de sens : on va dans des pays exotiques pour les vacances de Pâques, il ne reste du mystère de la Nativité qu’un bon repas en famille.

Et pourtant, les autorités d’une petite ville écossaise ont été tellement perturbées récemment par le mot « Noël », trop encombrant selon eux pour les non chrétiens, qu'elles l'ont substitué par « fête d’hiver ». En même temps la Cour Constitutionnelle de Strasbourg a imposé à l’Italie d’enlever les crucifix dans les écoles publiques. Demain, peut-être, le Conseil d’Europe voudra obliger au Mont Athos – toujours au nom de droits universels – d’accepter les femmes sur leur territoire, se fichant de son statut millénaire. Ou les églises seront punies pour leur refus de célébrer les mariages homosexuels. En fait, tout ceci n’est-il pas une grave violation de la liberté de conscience ?

Il ne s’agit pas de prêcher la bonne morale, mais de la défense des droits de l’homme vivant.
De l’homme tel qu'il est, issu de son histoire, immergé dans son ambiance culturelle, nourri par les racines de sa terre, identifié par ce qui s’appelle l’âme et qui reste tel, car l‘homme sans âme n’existe que dans « l’idée de l’homme ». C’est une invention récente, comme dit Michel Foucault. Or, il semble que cette invention qui habite dans la lettre des lois, se reproduit dans des fleuves de papier; cette invention qui domine dans les jungles électroniques, aspire à un pouvoir réel se dessinant déjà comme une vraie dictature. Il ne s’agit plus du libéralisme classique qui a construit l’Europe actuelle, mais plutôt de son sosie agressif qui conduit le bal et impose les règles du jeu. C’est lui qui sous le prétexte de ses droits songe à dépouiller l’homme en chair et en os, à le forcer d’essayer un masque d’impersonnalité pour ne pas offenser un voisin qui quelque fois ne cherche qu'à être offensé. Il ne s’agit aucunement de la tolérance, mais d’un totalitarisme « rampant » de la non-religion absolue, de la mystique du vide, de l’égalité dans le désert de l’esprit, de la fraternité des êtres construits et instruits dans le cerveau. Il ne faut pas se laisser tromper par la transparence sèche de son langage juridique : juste au dessous se cache une vieille rivalité, un effort dissimulé de libérer l’homme de Celui qu’il l’a créé, l’accompagne dans la vie, l’attend dans l’éternité. Et qui demeure la frontière insurmontable de l’utopie de l’homme, inventé par lui-même.



Rédigé par Prêtre Vladimir Zielinsky le 3 Mars 2011 à 10:03 | 0 commentaire | Permalien



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