LE FILIOQUE : UNE QUESTION QUI DIVISE L’EGLISE ?
Vladimir GOLOVANOW
Voilà une question qui s'est posée avec acuité dans nombre de nos débats mais, malheureusement, les positions exposées étaient souvent viciées par une approche polémique: au lieu d'écouter l'autre pour rechercher la part de vérité contenue dans ses arguments et progresser ensemble, chacun ne cherche qu'à imposer son point de vue, en dénaturant trop souvent le point de vue adverse pour mieux le combattre. C'est d'ailleurs cette façon d'aborder le sujet qui caractérise pratiquement toute l'abondante littérature consacrée à ce sujet depuis 10 siècles! Il me semble donc particulièrement intéressant de proposer un texte totalement différent et qui devrait, je pense, devenir fondamental: la Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord (25 octobre 2003) dont je reprends le titre pour cet article.
De 1999 à 2003, cette Commission a centré son dialogue sur cette question "reconnue pendant plus de douze siècles comme une des raisons principales de la division de nos Églises". Le résultat est un texte argumenté et dense de 16 pages que j'invite chacun à consulter. Je vais en donner quelques extraits ci-après pour stimuler les appétits :)!

(Les titres sont ceux du document d'origine et toutes les citations entre " " sont de ce document)

"Nos deux traditions professent la « foi de Nicée » comme la formulation normative de notre compréhension de Dieu et de son action dans sa création, et elles considèrent la version révisée, associée avec le premier Concile de Constantinople (381), comme l’expression classique de cette foi. La plupart des catholiques cependant et les autres chrétiens d’Occident ont employé, au moins depuis la fin du sixième siècle, une traduction latine de ce Credo, qui ajoute à la confession que le Saint-Esprit « procède du Père » les mots « Filioque » (« et du Fils »). Pour la plupart des chrétiens occidentaux ces mots restent une des formulations centrales de leur foi, proclamée dans la liturgie, et fondement de la catéchèse et de la réflexion théologique. Pour les Catholiques et la majorité des Protestants, il s’agit simplement d’une donnée de l’enseignement courant de l’Église, et en tant que tel, partie intégrante de leur compréhension du dogme de la Sainte Trinité. Pourtant, au moins depuis la fin du huitième siècle la présence du « Filioque » dans la version occidentale du Credo a été une cause de scandale pour les chrétiens d’Orient, aussi bien en raison de la théologie trinitaire qu’elle exprime, qu’en raison de son adoption par un nombre croissant d’Églises en Occident comme formulation canonique d’un concile œcuménique reçu, sans accord œcuménique préalable. Au fur et à mesure qu’au cours du moyen âge la division entre chrétiens d’Orient et d’Occident s’aggravait, la théologie associée avec le « Filioque » et les questions de la structure de l’Église et de l’autorité en son sein, soulevées par son adoption, sont devenues un symbole des différences, un signe évident de ce que chaque partie de la chrétienté divisée trouvait comme manque ou distorsion chez l’autre.

Notre étude commune de cette question a impliqué notre Commission dans une intense recherche commune, une réflexion priante et des discussions intenses. (…) Nos discussions et notre déclaration commune ne mettront pas fin automatiquement à des siècles de désaccord entre nos Églises. Mais nous espérons qu’elles contribueront à la croissance de l’entente et du respect mutuels, et que, au temps voulu par Dieu, nos Églises ne considéreront plus comme une cause de séparation la manière dont nous réfléchissons à et parlons de cet Esprit, dont le fruit est amour et paix (cf. Gal 5, 22)."
Après cette introduction, le texte propose une étude en quatre parties:
I. Le Saint-Esprit dans les Ecritures
II. Considérations d’ordre historique
III. Considérations théologiques
IV. Recommandations

I. Le Saint-Esprit dans les Ecritures

En montrant les sources de notre connaissance du Saint Esprit à partir de la Bible (Ancien et Nouveau Testament) ce court chapitre met en évidence le socle commun à toutes les confessions chrétiennes.

II. Considérations d’ordre historique
Les traditions latines et grecques rendent témoignage à la même foi apostolique, mais ont décrit de manières différentes la relation entre les Personnes de la Trinité, la différence reflétant en général certains défis pastoraux différents de l’Église en Occident et en Orient. Ce chapitre, détaillé, est très important pour comprendre comment on est arrivé là. Je vais citer particulièrement des passages concernant l'époque contemporaine qui montrent une évolution de l'Église catholique que la majorité des Orthodoxes ne connaît (ou ne reconnait) pas suffisamment:
- 1974 marquait le septième centenaire du Concile de Lyon (1274) qui approuva formellement le Filioque, condamnait ceux qui avaient d’autres vues sur l’origine du Saint-Esprit et proclama la réunion entre les Églises d’Orient et d’Occident; les deux évêques byzantins envoyés comme délégués n’eurent pas la possibilité de présenter le point de vue oriental et les conclusions du concile de Lyon furent rejetées par le Concile oriental des Blachernes (Constantinople, 1285). "Dans ce contexte, il faut noter que le pape Paul VI, dans sa lettre commémorant le septième centenaire du Concile, a reconnu ce fait et a ajouté que « les latins ont choisi des textes et des formules qui exprimaient une ecclésiologie conçue et développée en Occident. Il est compréhensible…qu’une unité atteinte de cette manière ne pouvait pas être vraiment acceptée par la mentalité chrétienne orientale ». Un peu plus loin le pape, lorsqu’il parle du dialogue catholique-orthodoxe, fait remarquer : « …il réexaminera d’autres points controversés que Grégoire X et les Pères de Lyon ont estimé résolus »."
- 1982: "la première déclaration de la « Commission mixte internationale », intitulée « Le mystère de l’Église et de l’Eucharistie à la lumière du mystère de la Trinité », aborde rapidement le problème du Filioque dans le contexte d’une discussion ample des relations entre les Personnes de la S. Trinité. La déclaration écrit : « Sans vouloir encore résoudre les difficultés suscitées entre l’Orient et l’Occident au sujet de la relation entre le Fils et l’Esprit, nous pouvons déjà dire ensemble que cet Esprit qui procède du Père (Jn 15, 26), comme de la seule source dans la Trinité, et qui est devenu l’Esprit de notre filiation (Rm 8, 15) car il est aussi l’Esprit du Fils (Gal 4, 6), nous est communiqué, particulièrement dans l’Eucharistie, par ce Fils sur lequel il repose, dans le temps et dans l’éternité (Jn 1, 32) » (§ 6)."

"Plusieurs autres événements des dernières décennies indiquent une plus grande disponibilité de la part de Rome à reconnaître le Credo original de Constantinople. Lorsque le patriarche Dimitrios Ier a visité Rome le 7 décembre 1987, et encore pendant la visite du patriarche Bartholomée Ier à Rome en juin 1995, ils ont assisté à une Eucharistie célébrée par le pape Jean-Paul II dans la basilique Saint-Pierre. L’une et l’autre fois, le pape et le patriarche ont proclamé le Credo en grec (i. e. sans le Filioque). Le pape Jean-Paul II et le patriarche roumain Théoctiste ont fait de même en roumain lors de la messe papale à Rome le 13 octobre 2002. Le document Dominus Jesus, Sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église,publié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le 6 août 2000, ouvre ses réflexions théologiques sur l’enseignement essentiel de l’Église par le texte du Credo de 381, de nouveau sans l’addition du Filioque. Puisque aucune interprétation n’a été donnée de ces faits, ces développements suggèrent une conscience nouvelle du côté catholique du caractère unique du texte original grec du Credo, qui représente la formulation la plus authentique de la foi qui unit les chrétientés orientale et occidentale. (passage mis en gras par VG)

Peu de temps après la rencontre à Rome entre le pape Jean-Paul II et le patriarche œcuménique Bartholomée Ier le Vatican a publié le document « Les traditions grecque et latine concernant la procession du Saint-Esprit » (13 septembre 1995). Dans son intention, ce texte voulait fournir une nouvelle contribution au dialogue sur ce sujet controversé entre nos Églises. Parmi les multiples observations émises ce texte dit : « l’Église catholique reconnaît la valeur conciliaire, œcuménique, normative et irrévocable du symbole de foi professé en grec au second Concile œcuménique de Constantinople en 381, en tant que l’expression de l’unique foi commune de l’Église et de tous les chrétiens. Aucune confession de foi, propre à une tradition liturgique particulière, ne peut contredire cette expression de foi enseignée et professée par l’Église indivise ». (passage mis en gras par VG).Quoique l’Église catholique de toute évidence ne considère pas que le Filioque soit en contradiction avec le Credo de 381, il ne faudrait pas minimiser la portée de ce passage dans la déclaration vaticane de 1995. C’est en réponse à ce document important qu’a commencé en 1999 notre propre étude du Filioque, et nous espérons que la déclaration présente aidera à prolonger les échanges positifs entre nos deux Commissions, dont nous avons fait l’expérience."(passage mis en gras par VG)

III. Considérations théologiques:

"Dans toutes les discussions sur l’origine du Saint-Esprit dans le mystère de Dieu et les relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, l’attitude première à cultiver est sans aucun doute l’humilité respectueuse. Nous ne pouvons affirmer que peu de choses sur le mystère de Dieu en lui-même et nos spéculations courent toujours le danger d’afficher un degré de clarté et de certitude exagéré. (…) La division entre nos Églises au sujet du Filioque aurait été moins grave si de part et d’autre au long des siècles, on était resté davantage conscient des limites de notre connaissance de Dieu.(passage mis en gras par VG)

La discussion ensuite de ce thème difficile a été souvent gênée par les distorsions de la polémique : chacun a caricaturé le point de vue de l’autre pour faire valoir ses arguments. Il n’est pas vrai, par exemple, que la théologie orthodoxe majoritaire conçoit la procession de l’Esprit comme sans rapport avec la relation du Fils avec le Père ; ou qu’elle pense que l’Esprit n’«appartient» pas au Fils lorsqu’Il est envoyé dans l’histoire. Il n’est pas vrai non plus que la théologie latine majoritaire aurait commencé sa réflexion trinitaire à partir d’une considération abstraite ou non-scripturaire de l’Essence divine, ou qu’elle pose deux causes de l’existence hypostatique de l’Esprit, ou qu’elle a l’intention d’assigner au Saint-Esprit un rôle subordonné au Fils, soit dans le mystère de Dieu soit dans l’histoire du salut.

Notre étude nous a convaincus que les traditions théologiques d’Orient et d’Occident sont substantiellement d’accord, depuis la période patristique, sur un certain nombre d’assertions fondamentales concernant la Sainte Trinité, qui se répercutent dans le débat sur le Filioque (passage mis en gras par VG):

Malgré cela, les traditions orientale et occidentale de réflexion sur le mystère de Dieu ont manifestement développé des catégories et des conceptions qui se différencient profondément. Il n’est pas possible de gommer simplement par des explications ces différences, pas plus que de leur donner un semblant d’équivalence par une argumentation superficielle. Il est possible de résumer les différences de la manière qui suit.

- 1) Le vocabulaire:
La controverse sur le Filioque est en premier lieu une controverse sur des mots. Plusieurs auteurs récents ont montré qu’une part du désaccord théologique entre nos Communions semble prendre racine dans des différences subtiles mais significatives concernant l’utilisation des termes-clefs employés pour parler de l’origine divine de l’Esprit. (…)
Bien que la différence entre les traditions grecque et latine dans sa compréhension de l’origine éternelle de l’Esprit est plus que verbale, la préoccupation initiale de l’Église grecque au sujet de l’insertion des mots Filioque dans la traduction grecque du Credo de 381, pourrait être due, comme Maxime le Confesseur l’a expliqué (Lettre à Marinus : PG 91, 133-136), à une mauvaise compréhension de part et d’autre des différents champs de signification impliqués dans les vocables grecs et latins qui désignent la « procession ».
- 2) Les problèmes de fond:

Deux problèmes principaux séparent manifestement les Églises d’Orient et d’Occident dans leur débat historique sur le Filioque. L’un est théologique au sens strict, et l’autre ecclésiologique.

a) Le problème théologique :
Si on comprend la « théologie » dans le sens patristique comme une réflexion sur Dieu comme Trinité, le problème théologique à l’arrière-plan de cette dispute consiste à savoir si l’on considère que le Fils joue un rôle quelconque dans l’origine de l’Esprit, en tant qu’hypostase ou « Personne » divine, du Père, qui est la source dernière du Mystère divin. (…)

Les traditions latine et grecque manifestent un certain désaccord sur la question fondamentale de l’origine éternelle de l’Esprit comme Personne divine distincte. La théologie occidentale au moyen âge, sous l’influence d’Anselme et de Thomas d’Aquin, conçoit presque unanimement l’identité de chaque Personne divine comme définie par ses « relations d’opposition » aux deux autres Personnes (en d’autres mots, par les relations d’origine qui les définissent mutuellement), et conclue que l’Esprit Saint ne pourrait pas être distingué hypostatiquement du Fils si l’Esprit « procédait » du Père seul. La compréhension latine de la processio comme terme générique de l’ « origine », on peut dire aussi qu’après tout que le Fils « procède du Père » en tant qu’engendré de lui. La théologie orientale, recourant à la tournure de Jean 15, 26 et du Credo de 381, continue de comprendre le langage de la « procession » (ekporeusis) comme indiquant une relation causale unique, exclusive et distincte entre l’Esprit et le Père. En général, elle limite le rôle du Fils à la « manifestation » et à la « mission » de l’Esprit dans l’agir divin de la création et de la rédemption. Ces différences, bien que subtiles, sont substantielles. Le poids même des traditions théologiques qui les soutiennent les rend d’autant plus difficile à réconcilier.

b) Le problème ecclésiologique :

L’autre question présente, depuis la fin du 8e siècle, dans le débat sur le Filioque, est celle de l’autorité pastorale et magistérielle dans l’Église ; plus spécifiquement, celle de l’autorité de l’évêque de Rome à résoudre définitivement les questions dogmatiques, simplement en vertu de sa charge. Depuis le Concile d’Éphèse (431), la tradition dogmatique des Églises orientale et occidentale a affirmé à plusieurs reprises que le critère dernier de l’orthodoxie dans l’interprétation de l’Évangile chrétien doit être « la foi de Nicée ». La tradition orthodoxe considère que les Credo et les canons formulés par les Conciles, reçus par les Églises apostoliques comme « œcuméniques », sont l’expression normative de cette foi, parce qu’ils expriment la foi apostolique universelle de toujours. La tradition catholique reçoit aussi les formules conciliaires comme dogmatiquement normatives, et attribue une importance unique aux sept Conciles acceptés comme œcuméniques par les Églises catholique et orthodoxe. La tradition catholique cependant, en reconnaissant la primauté universelle de l’évêque de Rome en matière de foi et de service à l’unité, accepte que le pape a autorité pour confirmer le processus de réception conciliaire et pour définir ce qui est ou n’est pas en conflit avec la « foi de Nicée » et la tradition apostolique. (…)
Tout comme dans le problème théologique de l’origine du Saint-Esprit, cette divergence dans la compréhension de la structure et de l’exercice de l’autorité en Église est certainement très grave. Il ne fait pas de doute que la primauté du pape, avec toutes ses implications, demeure le problème fondamental à l’arrière-plan de toutes les questions de théologie et de pratique qui continuent de diviser nos Communions. Nous avons néanmoins trouvé opportun de séparer méthodologiquement ces deux problèmes dans la discussion en cours sur le Filioque, et de reconnaître qu’il faut approcher le mystère des relations entre les Personnes en Dieu par un autre biais que par la question de savoir si oui ou non il est correct que les Églises d’Occident proclament la foi de Nicée en des termes qui ne coïncident pas avec le texte original du Credo de Nicée de 381.

c) Réflexions ultérieures

On a souvent remarqué que la théologie du Saint-Esprit est une aire sous-développée de la réflexion théologique chrétienne. Cela semble être vrai même pour la question de l’origine du Saint-Esprit. Quoiqu’on ait beaucoup écrit sur les arguments en faveur ou contraire à la théologie du Filioque depuis l’époque carolingienne, presque toute cette littérature a été de nature polémique, rédigée pour justifier des positions considérées de part et d’autre comme non négociables. Peu d’effort a été fait jusqu’aux temps modernes de chercher de nouvelles voies pour exprimer et expliquer la compréhension biblique et patristique de la personne et de l’œuvre de l’Esprit Saint. Cette recherche pourrait servir à reconsidérer à nouveaux frais la discussion et conduire toutes les Églises à un consensus sur des sujets essentiels en continuité avec les deux traditions. Récemment, un certain nombre de théologiens de différentes Églises a suggéré que le temps est venu de revenir ensemble à cette question, dans un esprit authentiquement œcuménique, et de chercher de nouvelles expressions dans notre articulation de la foi apostolique, qui pourraient jouir finalement d’une réception chrétienne œcuménique.

IV. Recommandations
Pleinement consciente de ses limites notre Commission formule néanmoins les recommandations théologiques et pratiques à l’adresse des fidèles et des évêques de nos Églises :

1. Que nos Églises s’engagent à un dialogue nouveau et sérieux sur l’origine et la personne du Saint-Esprit, en recourant aux Saintes Écritures et à toutes les richesses des traditions théologiques de nos deux Églises et qu’elles cherchent des voies constructives dans l’expression de ce qui est au cœur de notre foi dans cette question difficile ;

2. Que tous ceux qui sont engagés dans ce dialogue, reconnaissent expressément les limites de nos possibilités d’avancer des affirmations définitives sur Dieu lorsqu’il s’agit de sa vie intime.

3. Que dans l’avenir, en raison des progrès faits dans la compréhension réciproque durant les dernières décennies, les orthodoxes et les catholiques s’abstiennent d’étiqueter comme hérétiques les traditions les unes des autres sur la procession du Saint-Esprit ;

4. Que les théologiens orthodoxes et catholiques distinguent plus nettement la divinité et l’identité hypostatique du Saint-Esprit, dogme reçu dans nos Églises, et le mode d’origine de l’Esprit, dogme qui attend encore une solution œcuménique pleine et finale ;

5. Que les personnes engagées dans le dialogue sur ce problème distinguent, autant que possible, les questions théologiques du mode d’origine du Saint-Esprit des questions ecclésiologiques de la primauté et de l’autorité doctrinale dans l’Église, même si nous examinons sérieusement ensemble les deux questions ;

6. Que le dialogue théologique entre nos Églises prennent attentivement en considération le statut des conciles ultérieurs, tenus dans l’une et l’autre Églises, aux sept généralement reçus dans nos Églises ;

7. Que l’Église catholique, en raison de la valeur normative et dogmatiquement irréformable du Credo de 381, n’utilise que le texte grec original dans ses traductions pour usage catéchétique et liturgique ;

8. Que l’Église catholique, suite à un consensus théologique grandissant, et en particulier suite aux paroles de Paul VI, déclare que la condamnation du 2e Concile de Lyon (1274) de « ceux qui ont l’audace de nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils » ne s’applique plus.
(…) Fin de citation.

Et je fais mienne la conclusion de ce document: "Nous prions pour que la compréhension qu’ont nos Églises de l’Esprit cesse d’être pour nous un scandale ou un obstacle à l’unité dans le Christ. Puisse l’unique vérité vers laquelle l’Esprit Saint nous conduit, être vraiment un « lien de la paix » (Eph 4, 3), pour nous et pour tous les chrétiens."


Rédigé par Vladimir Golovanow le 19 Juin 2010 à 10:20 | 120 commentaires | Permalien


Commentaires
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1.Posté par Cathortho le 20/06/2010 14:58
@ Vladimir

Je suis particulièrement heureux que vous consacriez un post à la question du filioque qui a servi de prétexte pendant des siècles, avec la question de la nature de la primauté romaine, pour justifier l'injustifiable déchirure que l'orgueil humain (présent hélas des deux côtés) a provoqué dans la tunique ecclésiale du Christ. Et je suis encore plus heureux que vous proposiez pour ce débat un texte que j'estime comme vous fondamental, la Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d'Amérique du Nord intutlée : " Le Filioque : une question qui divise l'Eglise ? ". De cette initiative, cher Vladimir, je vous sais infiniment gré au nom de cette Unité voulue par le Sauveur pour ses brebis en perdition : "Qu'ils soient Un ".

Dans votre texte de présentation vous incitez chacun à consulter ce texte important. En ce qui me concerne c'est fait depuis déjà quelques années puisque j'en ai pris connaissance à la lecture du tome LXXVII n°1 / 1er trimestre 2004 de la revue Irénikon, revue des moines du monastère bénédictin de Chevetogne fondé par Dom Lambert Beauduin, qui reproduit intégralement ce texte de haute portée oecuménique. Dans mon message 49 du 12 / 04 / 2010 (post " Christ est ressuscité ")j'ai fait référence et cité un court passage de ce texte qui souligne que dans le " Synodikon de l'Orthodoxie " (collection comprenant plus de soixante anathèmes reflétant les décisions doctrinales des conciles orientaux jusq'ua XIVème siècle) on ne trouve aucune référence au Filioque ; et dans mon message 52 qui suivait j'ai cité intégralement les " huit recommandations théologiques " orthodoxes-catholiques " (que vous citez aussi) à l'adresse des fidèles et des évêques de nos Eglises ". Dans le n° d'Irénikon en question, l'éditorial précise que la Commission théologique orthodoxe-catholique qui a pondu ce texte travaille " sous les auspices des Conférences épiscopales catholiques des Etats-unis et du Canada et de la Conférence permanente des évêques orthodoxes canoniques en Amérique. " On peut lire encore dans cet éditorial : " La présente déclaration est le fruit de quatre années de travaux, commencés en 1999. Elle veut répondre à l'impulsion donnée en 1995 par le document vatican (sous la responsabilité du Conseil pour l'unité des chrétiens), " Les traditions grecque et latine concernant la procession du Saint-Esprit " (cf; Irénikon, 68 [1995], pp. 356-368). " Et enfin : "Aucun travail de cette envergure n'avait été entrepris depuis le mémorandum de Klngenthal (1979) élaboré sous le patronage de Foi et Constitution ".

Votre post se termine par le souhait exprimé par la Commission théologique orthodoxe-catholique d'Amérique du Nord que vous dites faire vôtre et que je fais mien également. Mais alors comment pouvez-vous écire dans votre commentaire 74 du post " L'Eglise de Chypre divisée sur la visite du Pape " : " l'Orthodoxie est l'ÉGLISE QUE LES CATHOLIQUES ONT QUITTEE. " ? En effet, en toute logique et en restant fidèle à la signification des mots, si les catholiques ont comme vous le dites " quitté " l'Eglise, il en résulte que le corps organisé qui se nomme Eglise catholique usurpe le nom d'Eglise. Il me semble donc contradictoire comme vous le faites de prétrendre d'un côté que l'Eglise catholique n'est pas l'Eglise uniquement représentée par l'Eglise orthodoxe ; de l'autre que vous fassiez vôtre un texte qui dit : " Nous prions pour que la compréhension qu’ont NOS EGLISES de l’Esprit cesse d’être pour nous un scandale ou un obstacle à l’unité dans le Christ. "
Cette contradiction me paraît tout aussi flagrante quant je lis, toujours à propos du post " L'Eglise de Chypre divisée sur la visite du Pape " vos commentaire suivants (mess. 75) :
" Oui, je considère que les nouveaux dogmes romains sont de l'ordre du théologoumène, car ils ne contredisent pas de dogmes. "
A propos de l'Immaculée Conception : " Cette différence d'interprétation n'est pas fondamentale en soi et ce sont les conséquences qui en découlent qui font question. " Et : " l'Immaculée Conception, comme l'Assomption, sont des théologoumènes discutables, pas des hérésies. "
A propos de l'Infaillibilité pontificale : " Il ne fait pas de doute que la primauté du pape, avec toutes ses implications, demeure le problème fondamental à l’arrière-plan de toutes les questions de théologie et de pratique qui continuent de diviser nos Communions. "
A propos du "document de Ravenne" : " Je sais, bien entendu, que ce document a été rejeté par l'Église russe (pour un point très particulier introduit par Constantinople en profitant de l'absence de la délégation de l'Église russe) et ne sera donc pas accepté par l'Orthodoxie. Il n'en contient pas moins des avancées prometteuses. "
Enfin : " Pour ce qui est des conciles, Oui, certains points de doctrine catholique ont été condamnés, mais aucun n'a fait l'objet d'une condamnation définitivement reçue par l'Église . "

2.Posté par vladimir le 22/06/2010 15:55
Cher Cathortho,

Je vous remercie de votre approbation.
Vous avez raison de souligner les contradictions apparentes entre mes positions. Mais toutes les personnes "hors de l'église" ne sont pas hérétiques: ceux qui sont dans le pêché ou l'erreur peuvent être privés temporairement de l'Eucharistie et mis de fait hors de l'Église jusqu'à résipiscence. C'est le cas général des schismatiques (et l'orthodoxie en connait beaucoup, des Vieux Croyants aux paléo-calendaristes) et c'est comme cela que je considère la situation des Catholiques. Devrai alors écrire "église catholique" avec è minuscule? Je ne le fais pas pour témoigner de notre amour chrétien pour ces frères séparés et ne rien faire qui puisse les humilier... Peut-être est-ce à tort, car cela laisserait penser à une équivalence avec l'Orthodoxie, que je crois bien être la seule vraie Église.

3.Posté par Irénée le 23/06/2010 12:11
La question des termes utilisés pour désigner les Eglises est très importante, car à la fois héritage de l'histoire et affirmation identitaire...
Il me semble, en réponse à Vladimir, qu'il faudrait parler d'Eglise catholique romaine, quitte à abréger en ECR come le font les anglo-saxons. Les termes Catholiques et église catholique n'étant jamais très clair dans un échange avec les Orthodoxes...
Tous les points de vue seront bienvenus !

4.Posté par Cathortho le 23/06/2010 15:34
Cher Vladimir

Avant toute chose je tiens à vous dire que si je reprends, comme je vais encore le faire dans un instant, certaines parties de vos commentaires (comme vous le faites vous même et d'autres à juste raison en reprenant certaines parties de mes commentaires) que je trouve toujours très interessants, constructifs, et empreints d'un véritable esprit de concilaiation, ce n'est pas par esprit de chicane, mais pour essayer, je dis bien essayer, de faire éclore la vérité (dont je ne prétends évidemment pas détenir la clé), notamment sur un sujet fort important, qui me tient particulièrement à coeur et qui fait mal à ma conscience de chrétien baptisé dans l'Eglise catholique et chrismé dans l'Eglise orthodoxe, celui de l' "estrangement " comme disait le père Congar, intervenu entre l'Orient et l'Occident de l' Eglise. Je tenais à faire cette précision pour couper court à toute éventuelle équivoque quant à mes intentions.

Dans votre comm. 2 vous écrivez : " ...toutes les personnes "hors de l'église" ne sont pas hérétiques: ceux qui sont dans le pêché ou l'erreur peuvent être privés temporairement de l'Eucharistie et mis de fait hors de l'Église jusqu'à résipiscence. C'est le cas général des schismatiques (et l'orthodoxie en connait beaucoup, des Vieux Croyants aux paléo-calendaristes) et c'est comme cela que je considère la situation des Catholiques. " Donc vous considérez les catholiques non pas comme hérétiques mais comme schismatiques, situation moins grave que celle de schismatiques puisque, si l'on approuve la définition difficilement contestable de Steven Runciman (1903-2000) spécialiste de l'histoire des croisades et de la civilisation byzantine : " Un schisme se définit ordinairement comme une faction AU SEIN DE L'EGLISE, alors qu'une hérésie consiste en une erreur doctrinale. " * (Passage soulignés en capitale par moi.) Dès Lors comment pouvez-vous tout à la fois considérer que les catholiques (et donc l'Eglise catholique) ne sont plus dans l'Eglise comme vous l'avez écrit dans votre commentaire 74 du post " L'Eglise de Chypre divisée sur la visite du Pape " que j'ai reproduit ici plus haut en soulignant en capitales le passage essentiel de votre commentaire, comment donc pouvez-vous considérer les choses ainsi alors que vous considérez d'autre part que les catholiques ne sont que schismatiques et non pas hérétiques. Il faut en effet être cohérent, si vous considérez que l'Eglise catholique est schismatique, et si le schisme n'est qu'une " faction AU SEIN DE L'EGLISE " , alors, en toute logique, l'Eglise catholique ne peut pas être hors de l'Eglise mais elle est dans l'Eglise, constituant la partie occidentale, de tradition latine, de l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique dont les Eglises orthodoxes constituent la partie orientale, de tradition grecque.

Maintenant, en ce qui concerne le schisme, peut-on l'imputer uniquement aux latins ? Je ne le pense pas comme beaucoup et comme N. Brian-Chaninov ** qui, à propos de la question du Filioque mise artificiellement en avant pour essayer de justifier l'injustifiable, écrit : "...s'il exstait une certaine divergence de vues entre Orientaux et Occidentaux sur l'interprétation et l'application du dogme de la procession du Saint-Esprit, cette divergence ne constituait pas un conflit dogmatique et ne sortait nullement du domaine de l'orthodoxie, d'autant plus que les conciles n'avaient rien défini à ce sujet. Par conséquent ce n'est pas l'addition du filioque au Symbole qui a été la cause du schisme grec. Il est hors de doute en effet que bien avant Photius la doctrine du Filioque était connue et professée par les Eglises d'Espagne et des Gaules. Les Grecs cependant, toujours à l'affût de nouvelles hérésies, ne protestèrent pas contre cette "nouveauté anti-évangélique". " (Je tiens à préciser que si je suis d'accord avec N. Brian-Chaninov sur ce qu'il dit dans cette citation je ne le suis pas lorsqu'il parle de "schisme grec", il me semble en effet qu'il vaut mieux parler de schisme gréco-latin puisque les tristes responsabilités du schisme sont partagées des deux côtés.)

*Steven Runciman, "Le schisme d'Orient", éd. Les Belles Lettres, 2005, p. 13

** N. Brian-Chaninov, "L'Eglise russe", éd. Bernard Grasset, 1928, p. 46




5.Posté par Daniel le 23/06/2010 21:23
@ Cathortho

"Mais toutes les personnes "hors de l'église" ne sont pas hérétiques: ceux qui sont dans le pêché ou l'erreur peuvent être privés temporairement de l'Eucharistie et mis de fait hors de l'Église jusqu'à résipiscence. "

Je me permets de préciser une chose pour éviter tout malentendu à un lecteur peu averti . Une privation de la communion (ce qui s'appelle excommunication) n'équivaut pas à une mise hors de l'Eglise. Une excommunication (privation de communion au sens strict en générl pour un péché) n'est pas un anathème (expulsion de l'église pour une raison doctrinale). Une personne pécheresse privée de communion demeure dans l'église.Pour utiliser une image, je dirais qu'elle est mise à la périphérie et éloignée du centre du cercle mais demeure dans le cercle.

C'est exprimé par le métropolite Hiérothée (Vlachos) de Naupacte et Saint Blaise dans une série de questions réponses à Moscou en ligne en anglais ici

Il utilise l'exemple qu'en donne Saint Basile le Grand qui place bien parmi les chrétiens les pénitents qui, selon l'usage ancien, ne pouvaient entrer dans l'église (alors que les catéchumènes entraient). Voici une rapide et imparfaite traduction : je n'ai su traduire les termes anglais désignant les 4 catégories de Chrétiens (Chrétiens car même ceux qui n'ont pas le droit d'entrer dans l'Eglise demeurent chrétiens en dépit de leur péché.

« Chez Basile le Grand et les autres Pères, on note qu’il y a 4 rangs parmi les chrétiens . Primo, les « quémandeurs de pardon » qui s’assiéent en dehors du Saint Temple et demande pardon aux Chrétiens qui entrent dans le Temple. Ensuite, il y a les "beseechers" qui demeurent dans l‘église jusqu’au début de la divine liturgie et se retirent avec les catéchumènes. En troisime lieu, viennent les « aligned » qui assistent à toute la liturgie sans communier. Enfin, viennent ceux qui communient »

Cette affectation de l'espace en fonction du statut des personnes existent encore dans le monde orthodoxe. Ainsi, dans l'Athos et en d'autres endroits, les non orthodoxes demeurent dans la partie arrière de l'église avec les catéchumènes. Le renvoi de ces derniers au cours de la liturgie (et même des non orthodoxes y assistant est également encore pratiqué). Pour ce qui est des pécheurs, dans son manuel de la confession, Saint Nicodème l'Hagiorithe leur demande de se tenir à l'arrière de l'église pendant la liturgie des fidèles.

6.Posté par Cathortho le 23/06/2010 22:59
@ Daniel

Je suppose qu'en vous adressant à moi dans votre mess. 5 vous avez fait un "lapsus calame" et que vous vouliez en réalité vous adresser à Vladimir.

7.Posté par l'équipe de rédaction le 24/06/2010 09:08
Rome, 24 juin 2010 (Apic) Une délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople, conduite par le métropolite orthodoxe de Sassina (Italie), Gennadios, membre de la Commission pour le dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes, sera reçue par Benoît XVI autour de la fête des saints Pierre et Paul, célébrée le 29 juin par les catholiques et les orthodoxes.

Ainsi pour la 41e année consécutive, une délégation orthodoxe effectuera sa traditionnelle visite au Vatican et participera à l’office des Vêpres célébré dans la soirée du 28 juin dans la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-murs et à la messe du lendemain dans la basilique Saint-Pierre

8.Posté par Irénée le 24/06/2010 10:18
Merci pour cette information concernant la visite du métropolite Gennadios à Rome.
Mais encore une fois il me semble important de ne pas confondre les excellentes relations fraternelles entre communautés chrétiennes, les échanges de délégations et les déclarations encourageantes qui sont un signe tangible d'amour fraternel et de respect, avec la résolution des problèmes existant entre Eglises.
Au sein du COE par exemple (dont Mgr Gennadios est par ailleurs le vice-président) il y a depuis plus de 60 ans, et avec au moins trois générations de délégués de bonnes relations entre les personnes représentant leurs Eglises. De grands progrès ont été accomplis dans le sens d'une meilleure connaissance mutuelle. De nombreuses déclarations ont été rédigées en commun. Mais, sans être particulièrement pessimiste, il me semble que nous sommes plus éloignés aujourd'hui qu'il y a 20 ans de la possibilité d'une véritable union entre Eglises chrétiennes.
Cela n'empêche pas de continuer d'aller de l'avant, seul le Seigneur décidera du jour et de l'heure...

9.Posté par vladimir le 25/06/2010 16:33
@ Cathortho,

Je trouve que Daniel a bien répondu à vos excellent commentaires. Comme il le dit, il y a plusieurs cercles...
Mais je ne trouve pas de définition canonique précise à tout cela: il est clair que les Catholiques, comme les schismatiques récents (en Russie et ailleurs), ne sont. pas vraiment dans l'Église, sans être pour autant dans l'hérésie (péché inexpiable même par le sang es martyres). Je ne suis pas suffisamment calé en droit canon pour préciser plus!

NB: pour moi les "schismatiques récents" (Odessa etc.) me semblent au moins autant hors de l'Église que les catholiques, si non plus: ils inventent des "dogmes" (anti-oecuménisme, hérésie des catholiques, anti-Immaculée Conception... ) comme les Catholiques mais, de plus, leurs évêques ont été réduits à l'état laïque, ce qui n'est pas les cas des catholiques ... la validité des sacrements et la succession apostolique posent là des problèmes évidents!

10.Posté par Daniel le 26/06/2010 01:21
@ Vladimir

Être contre l'oecuménisme, dire que le catholicisme est une hérésie ou que l'Immaculée conception est fausse n'est pas inventer de nouveaux dogmes. Un dogme est une affirmation de foi, quelque chose en quoi on est obligé de croire et non quelque chose on ne croit pas . Les schismatiques récents n'ont jamais érigé cela en dogme. Dire qu'il existe une seule église unie et non séparée en morceaux est de la simple ecclésiologie orthodoxe traditionnelle, ce qui revient à ne pas reconnaître en tant qu'église les communautés religieuses séparées. Sinon je veux bien voir qui a enseigné que l'Eglise était séparée en branches...

Ne pas croire à l'Immaculée conception est aussi assez traditionnel chez les orthodoxes et était possible chez le catholiques jusqu'à la promulgation du dogme qui n'a été imposé au sein de l'Eglise romaine qu'après de longs débats qui remontent au Moyen-Âge : Bernard de Clairveaux était contre Dun Scott pour et finalement la croyance a été rendu obligatoire, chose qui pose un problème car même si on le considère comme un théologoumène, le propre du théologoumène est justement pour particularité d'être une opinion qui ne saurait être obligatoire : donc une chose serait obligatoire pour les uns facultatives pour les autres.

Il n'y a jamais eu de déposition formelle du clergé catholique sauf peut-être les excommunications de 1054. Mais à partir du moment où vous ne communiez plus avec une église, que vous ne concélébrez pas avec, cela indique clairement que vous ne la considérez plus comme l'Eglise et donc que vous ne considérez plus ces évêques comme des évêques. Par ailleurs, à partir du moment où certaines doctrines font l'objet d'anathèmes et que ces doctrines sont professées par une église, il est logique que cette église tombe sous le coup de l'anathème. Ainsi, il n'y a jamais eu un anathème contre les Témoins de Jéhovah. Toutefois, ils professent des doctrines qui sont anathèmes comme l'infériorité du Fils par rapport au Père (c'est une sorte d'arianisme). J'en conclus donc que les Témoins de Jéhovah sont anathèmes même si aucun anathème spécifique n'a été établi pour eux.

A mes yeux, les divers VCO et vieux coyants sont des schismatiques, les catholiques des hérétiques mais tous sont dépourvus de succession apostolique car cette dernière n'est pas mécaniste mais est conditionnée par l'appartenance à l'église comme le rappelle Saint Basile dans son canon 1 "mais ceux qui se sont révoltés contre l'Église n'ont plus eu en eux la grâce du saint Esprit, la rupture de la succession en a interrompu la transmission"

Soit dit en passant le site orthodoxie.com a mis sur Dailymotion les vidéos de la conférence consacrée à Saint Justin de Tchélié avec Bernard le Caro, Jean-Claude Larchet etc. Le premier revient assez brièvement sur la position de Saint Justin en matière ecclésiologique.

11.Posté par Irénée le 26/06/2010 09:36
Merci Daniel pour cette excellente mise au point qui clarifie les choses...
IL est clair que la théorie des branches dans l'Eglise a elle été très fermement rejetée, tant par les Eglises orthodoxes que par l'Eglise catholique romaine. Ne revenons donc pas, de quelque manière que ce soit sur cette "écclésiologie" rejetée par tous, à part quelques groupuscules protestants.
Comme le rappelle Daniel, et comme j' l'ai moi-m^me écrit plusieurs fois ici, l'absence de communion eucharistique est le signe fort, clair et indiscutable de la rupture, il n'y a besoin d'aucun acte de déposition...
Je ne suis pas pour ma part opposé à l'oecuménisme, loin de là, mais je pense que pour aller de l'avant il faut travailler sur des bases saines, et éviter les suppositions et les élucubrations personelles, non appuyées sur la Tradition de l'Eglise.
La prière est sans doute plus utile que la recherche de déclarations de circonstance...

12.Posté par vladimir le 05/07/2010 22:47
Cher Daniel,
Nous divergeons donc sur le sens des mots dogme et hérésie: j'accorde une extrême importance à ces mots et je trouve regrettable de les galvauder en les appliquant en dehors de cas très précis.

Vous écrivez "Les schismatiques récents n'ont jamais érigé cela en dogme". Mais s'ils accusent d'hérésie ceux qui le pratiquent (œcuménisme d'une part, Immaculée Conception, filioque et autres théologoumènes discutables d'autre part), c'est qu'ils considèrent bien cela comme des dogmes: un hérétique est par définition celui qui ne partage pas les fondements de la foi, donc les dogmes.
Mais ne sont pas des hérétiques pour moi (même si je le suis pour eux en tant que partisan du dialogue œcuménique) car ils continuent de partager les fondements de la foi Ils sont schismatiques car ils refusent l'autorité de l'Église et ont rompu la communion - cela n'en fait non plus des hérétiques car ils pourront revenir en abandonnant leurs erreurs ... et c'est bien ce qui s'est passé pour l'Église Hors Frontière et se prépare probablement à Kiev.

Et le catholiques sont dans un cas similaire, même si leurs errances vont plus loin: ces erreurs ne contredisent pas les fondements de la foi définis par les 7 conciles et je ne vois aucune autorité qui pourrait aller plus loin et promulguer de nouveaux dogmes (l'évolution des dogmes n'est pas acceptées par l'Orthodoxie).

Toutes ces communautés sont donc séparées de l'Église car il n'y a qu'une Église et pas de branches - il me semble que nous somme bien d'accord sur ce point! Et j'ai l'impression que c'est la position qui ressort des la déclaration du concile de l'Église russe de 2000 et qui me semble être l'expression la plus explicite à ce jour de la position des Églises orthodoxes sur ce sujet: «L'Église orthodoxe est la véritable Église qui garde intactes la Tradition sacrée et la plénitude de la grâce salvifique de Dieu. Elle a préservé en intégrité et pureté l'héritage sacré des Apôtres et des saints Pères. Elle reconnaît sa doctrine, sa structure liturgique et sa pratique spirituelle comme identiques à l'évangile des Apôtres et à la Tradition de l'Église ancienne». (introduction de Mgr Philarète de Minsk).

Bien entendu, il y a des degrés différents dans le schisme: il n'y a jamais eu de déposition formelle du clergé catholique, ni de celui de l'Église Hors Frontière (dont la réintégration s'est donc passée sans autre formalités...) alors que les évêques des nouveaux schismes, type le pseudo patriarche Philarète de Kiev ou l'ex-évêque Diomide du Kamchatka, ont été régulièrement déposés. Et c'est bien cela qui ôte canoniquement toute valeur aux sacrements qu'ils dispensent ou que des prêtres dispensent en leur nom. Il me semble qu'une "révolte" non sanctionnée par la révocation est, en quelque sorte, incomplète et n'interrompt pas la succession apostolique. C'est en tout cas comme cela que je comprend la position canoniue de l'Église russe sur ce sujet: "Le document sur l'hétérodoxie établit un parallèle entre un chrétien excommunié et un groupe schismatique de chrétiens. Lorsqu'un chrétien rompt les liens canoniques avec son Eglise locale et ne participe plus à son Eucharistie, il cesse d'être membre du Corps du Christ. Cependant, il garde un «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu et, à sa conversion, est reçu de nouveau à la communion sans être rebaptisé. De la même façon, les communautés séparées de l'Unité ecclésiale gardent avec le Corps du Christ un lien invisible. Ce lien est un gage de leur retour au sein de l'Église et de l'existence en elles d'une vie de grâce, quoique détériorée." (ibid)

13.Posté par Marie Genko le 06/07/2010 08:39

Cher Vladimir,

Un immense merci pour cette lumineuse mise au point qui était vraiment nécessaire à nombre d'entre nous.
En effet la compréhension des règles complexes, qui sont les nôtres, et leurs diiférentes applications ont toujours été une source de confusion, de questions et par voie de conséquence de malentendus et de disputes.

14.Posté par Daniel le 06/07/2010 17:47
@ Vladimir

Je crains que vous ne vous mépreniez sur les positions des zélotes. La première cause de méprise est qu'on parle d'oecuménisme mais qu'on a du mal à le définir... L'oecuménisme, est-ce boire le thé avec le catholique du coin, prier avec lui etc.

Sans avoir lu toute la littérature des "zélotes" (ce terme n'est pas péjoratif à mes yeux), je dirais qu'ils adhèrent à l'anathème de l'EORHF contre l'oecuménisme ou plus exactement contre la théorie des branches. Ceci juge hérétique ceux qui soutiennent que l'église est divisée en branche et qu'il existe des mystères salvateurs hors de l'église. Donc en somme, ils ne vous jugeraient pas hérétiques car vous voulez discuter avec les catholiques et autres mais parce que vous pensez que le baptême catholique est porteur de grâce. La question est en fait ecclésiologique : qu'est-ce que l'église, quelles sont ses propriétés (j'en parle comme d'un composé chimique).

Pour ma part, j'adhère à la vue que je trouve traditionnelle que l'église a le monopole de la grâce des mystères et qu'en dehors d'elle agit que la grâce divine aussi mais en aucun cas par les mystères ou sacrements de ceux qui sont en dehors de l'église. En matière de reconnaissance des mystères extra-ecclésiaux, certaines églises sont allés assez loin par des documents communs : ainsi Antioche et Alexandrie reconnaissent les mystères de certains monophysites qui sont pourtant officiellement reconnus comme hérétique (même si c'est faux il auraitpeut-être fallu lever les anathèmes contre eux, ce qui ne fut jamais fait) et il y a eu des déclarations communes en Australie et Allemagne où des évêques orthodoxes déclaraient reconnaître les baptêmes de toute une floppée de communautés, protestantes, catholiques, arméniennes, ethiopienne etc.

Face à cela, les zélotes ont une écclésologie stricte : ils croient en une seule église qui, comme ele est unique a le monopole absolude des mystères. Cette thèse me semble bien logique et appuyée par des témoignages patristiques ou canoniques. Elle contribue à former un ensemble harmonieux entre ecclésiologie et théologie sur les mystères... En revanche, dire qu'il y a une seule église et qu'en dehors il y a des sacrements réels brise déjà cette harmonie, et défie toute logique à mes yeux. De la même façon, le fait de condamner les prières avec ceux qui sont hors de l'église, de ne pas prendre la bénédiction du clergé non orthodoxe n'est qu'un fruit de l'ecclésiologie orthodoxe : il y a une seule église qui a un monopole de certaines choses... Dire que "les communautés séparées de l'Unité ecclésiale gardent avec le Corps du Christ un lien invisible." me semble tiré par les cheveux au vu de toutes les limitations que les canons placent au contact religieux avec les schismatques ou hérétiques : interidction de se marier avec eux, de prier avec eux, de prier dans leurs églises, de recevoir leur bénédiction... Ce lien doit être bien invisible si on a pris le soin de limiter tout contact religieux avec eux

Concernant les dépositions, je suis au regret de vous annoncer que l'évêque Diomède n'a pas été déposé régulièrement. Il y a vice de procédure, Monsieur le Président. En effet, il a été invité à se présenter au synode et n'est pas paru. Dans la foulée, il a été déposé... J'ai été surpris par cela car il faut, pour déposer un évêque, le convoquer 3 fois et qu'il ne paraisse pas 3 fois pour ensuite le déposer... Pourquoi une telle précipitation? Cela ne fait pas du tout sérieux!

A supposer qu'une communauté qui n'a pas été formellement déposé (mais comme je le dis dans mon message 10 à mes yeux ils ont été déposé du fait de la condamnation au niveau local ou pas de certaines de leurs doctrines) conserve une succession apostolique et que ces baptêmes soit encore reconnus, les catholiques -je suppose un instant qu'ils n'auraient pas été déposé formellement- ne seraient pas baptisés systématiquement quand ils deviennent orthodoxes en Géorgie, à Jérusalem, en Grèce, en Serbie (la chrismation est parfois utilisée dans les paroisses de l'émigration serbe aux Etats-Unis), au Mont Athos. Au passage, la non réitération du baptême ne signifie pas reconnaissance du baptême antérieur comme nous avons eu l'occasion de le dire précédemment (je citais pour l'occasion Antoine de Kiev).

En revanche, comme l'annonçait orthodoxie.com, des vieux-calendéristes bulgares ont récemment rejoint l'église bulgare qui a reconnu leur baptême mais les as reçus par chrismation tout en ne reonnaissant pas l'ordination sacerdotale.

http://www.orthodoxie.com/2010/06/des-v%C3%A9t%C3%A9rocalendaristes-bulgares-r%C3%A9int%C3%A8grent-leglise-orthodoxe-bulgare.html




15.Posté par Marie Genko le 07/07/2010 10:05

Cher Daniel,

Si j'admire votre respect des traditions et des Saints Canons de notre Église, il me semble que nous devons nous efforcer dans nos démarches et nos pensées de nous laisser guider par l'exemple que nous a laissé Notre Seigneur Jésus Christ.
Le Christ a voulu s'immoler pour le Salut de tous!
Le Christ est venu non pour changer la Loi remise par Dieu Lui-même à Moïse, mais pour la compléter par le commandement de l'Amour!
Les sacrements que nos prêtres nous accordent, c'est Dieu Lui-même qui nous les dispense.
Alors, gardons-nous de trop raisonner sur le mystère des sacrements.
Dans Sa toute puissance le Seigneur est seul juge de ceux qui méritent de s'approcher de la Sainte Communion et de recevoir les Sacrements.
Car tous, orthodoxes ou catholiques, nous en sommes indignes de toutes façons!

16.Posté par Irénée le 07/07/2010 15:30
Marie a raison dans sa dernière phrase.
Pour le reste, je ne vois pas comment nous pourrions fonctionner dans l'Eglise sans les règles fixées par les Pères, les Canons, et nos évêques...
Sinon il n'y aurait plus aucune limite : distribution de l'eucharistie aux non baptisés, voire aux non chrétiens, etc.
Seul le Seigneur est juge, mais il a laissé à ses apôtres le soin d'aller enseigner les Nations et de les baptiser.

17.Posté par Marie Genko le 07/07/2010 17:52
Cher Irénée,

je ne voulais pas dire que les règles sont inutiles ou obsolètes!
Je voulais dire que la grâce dans nos sacrements est un grand mystère, et il me semble présomptueux de décider que la succession apostolique est rompue chez les Catholiques!
C'est la raison pour laquelle j'adhère complètement à ce que Vladimir écrit dans son message N°12 ci-dessus.
Et c'est aussi la raison pour laquelle je suis heurtée par la sévérité de celui de Daniel N°14, qui rend toute approche œcuménique quasi impossible

18.Posté par Cathortho le 07/07/2010 19:11
Chère Marie Genko

J'adhère à 100 pour 100 à la totalité de votre commentaire 15. Tout en restant les yeux fixés sur les saintes balises érigées par l'Eglise pour éviter de nous égarer, vous parlez avant tout avec le coeur, à l'exemple du Christ, et non pas comme les nouveaux pharisiens qui eux parlent uniquement avec leur raison. Merci.

19.Posté par Gabriel Kevorkian le 08/07/2010 15:29
Daniel,

Les raisonnements humains en matière de choses divines ont leurs limites.
Gardez vous de trop raisonner.
Plus vous raisonnez, plus vous vous éloignez de l'essentiel.
Combien de fois faudra-t-il rappeler que la vérité du Christ n'est pas une vérité intellectuelle ou dogmatique? le Christ n'est pas venu établir des dogmes, réclamer une adhésion intellectuelle à de hauts principes. Quiconque dans l'église accorde davantage de poids à ces derniers plutôt qu'à l'orientation du coeur se méprend fondamentalement.

Par ailleurs si l'église (la visible, j'entends) se pose en nouvel Israël (considérant implicitement par là que l'ancien s'est fourvoyé), ne se pourrait-il pas que ce nouvel Israël se fourvoie à son tour? la succession apostolique garantirait-elle davantage que la filiation chez les descendants d'Abraham?

Comprendrez vous qu'il n'y a pas de garantie!

Mt 21:42- Jésus leur dit : " N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs c'est elle qui est devenue pierre de faîte ; c'est là l'œuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux ?
Mt 21:43- " Aussi, je vous le dis : le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits "

Il n'appartient à aucun homme de définir les frontières de l'Eglise du Christ.
Seul Dieu juge le coeur de l'homme.
Et c'est par le coeur uniquement que l'on fonde son appartenance à l'Eglise.

Si l'oecuménisme est un mouvement humain (trop humain) visant à une dérisoire unité de façade (qui ne signifie rien*), l'anti-oecuménisme ayant pour présupposé la détention exclusive d'une "vérité" par une communauté identifiable ne l'est pas moins. En la matière, les discours et arguments sur l'église valent tout autant que ceux s'appuyant sur l'élection du peuple juif, c'est à dire rien.

* pas besoin de déclarations de hauts prélats pour communier avec son prochain selon l'amour (la seule communion qui vaille) à défaut d'avaler conjointement des hosties magiques.

20.Posté par Irénée le 08/07/2010 16:17
Chère Marie,
Je ne crois pas avoir parlé de rupture de succession apostolique...
Mais on doit dire (et redire) que cette question n'est qu'un critère parmi d'autres...
Tout comme les catholiques romains, les anciennes Eglises orientales ont une complète et incontestable succession apostolique, de même que certains groupes dissidents de l'Eglise orthodoxe.
Ce qui amène à rappeler que l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique est celle qui a gardée intacte la foi des Apôtres et des Pères, qui a également conservé la succession ininterrompue depuis les apôtres, mais aussi qui est et demeure en COMMUNION avec l'ensemble de l'Eglise.
L'absence de communion, tout comme l'absence de succession apostolique ou la déviation de l'enseignement des Pères constitue une rupture d'avec l'Eglise.
Ceci ne signifie pas pour autant l'absence totale de la grâce dans d'autres communautés chrétiennes.
Si on ne partage pas cette approche, il me semble alors qu'on adhère à la "théorie des branches" clairement rejetée par l'Eglise orthodoxe.

21.Posté par Marie Genko le 08/07/2010 18:56

Il est clair que nous devons tous être des fidèles soumis aux Canons de notre Église!
L'expression de Cathortho :

"Tout en restant les yeux fixés sur le saintes balises érigées par l'Eglise"

me semble une excellente image!
Gardons donc une attitude aimante envers nos frères séparés!
Et gardons nous de trop juger, afin de ne pas prêter le flanc à de potentielles disputes entre nous !
Car il serait vraiment dramatique, que l'amour des hétérodoxes nous entraîne à nous quereller entre nous!

22.Posté par Olivier C le 12/07/2010 12:42
Bonjour,

Je suis catholique et j'aime bien échanger avec des chrétiens orthodoxes sur des thèmes comme le Filioque ou l'ecclésiologie. Et ce dans un but de rapprochement, car je crois qu'exprimer ce qui nous sépare est déjà un dialogue. Et puis cela m'aide à connaître le monde orthodoxe...

J'avais moi-même mis en ligne le document que vous publiez ici, j'ai surtout mis en ligne un document très commenté par le monde orthodoxe par l'intermédiaire de Jean-Claude Larchet il s'agit de la "Clarification du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des Chrétiens" au sujet du Filioque, vous la trouverez en cliquant sur mon pseudo (qui n'en est pas un).

Alors, si vous le permettez, j'ai une question : Que pensez-vous du fait que la "clarification" relie la tradition du Filioque à la tradition alexandrine, elle s'appuie notamment sur Maxime le Confesseur (ainsi que le document ici présent l'explique aussi, mais Jean-Claude Larchet n'est pas d'accord avec cette approche) ?

Bien à vous

23.Posté par vladimir le 12/07/2010 15:09
D'abord bienvenu Olivier! Votre participation à nos débats ne peut que nous enrichir tous, N'hésitez ps à intervenir...

La recension de JC. Larchet (http://www.myriobiblos.gr/texts/french/larchet.html) me semble claire:
- Chapitre 2: «On n'a pas affaire ici à un véritable dialogue, mais plutôt a un essai d'annexion déguisée, dans la ligne des conciles unionistes du Moyen-Age. Aussi n'est-il pas surprenant que cette entreprise apologétique ait déjà provoqué, du côté orthodoxe, une violente réaction et elle ne sera probablement pas Ιa dernière - contre ce que son auteur qualifie, non sans raison, d' "intégration de la doctrine orthodoxe dans Ιa doctrine catholique romaine"».
...
"ce texte de cinq pages, visiblement rédigé à la hâte et constitué pour l'essentiel d'une simple synthèse d'articles préexistants et dont le contenu avait déjà fait l'objet d'un rejet de la part de bon nombre de théologiens orthodoxes, d'une part ne saurait prétendre régler un contentieux théologique qui dure depuis plus de dix siècles et a connu des développements extrêmement complexes, et d'autre part émane d'une commission vaticane et n'est pas parée d'une autorité qui lui donnerait un poids suffisant face à la multitude de documents pontificaux et aux conciles qui, dans l'Église catholique, ont érigé en dogme et confirmé la doctrine latine du Fίlioque et qui, au sein de cette même Église, continueront a faire autorité tant qu'ils n'auront pas été remis en cause par des instances d'une nature équivalente." Remarquons d'ailleurs que ce texte n'est pas cité par la "Déclaration Commune ci-dessus"...

- Chapitre 6: "Le passage de saint Maxime cite par la «Clarification» (...), parmi d'autres textes ambigus de Maxim, est celui qu'il ne fallait pas citer, car il est le moins apte au rôle qu'on veut lui faire jouer: si tel qu'il est présenté ici, hors de son contexte, il peut certes faire illusion et paraître confirmer tout à fait la thèse du Ρ. Garrigues reprise par la «Clarification», replacé dans son contexte il permet au contraire de la réfuter. (...) Ιl est parfaitement clair a la simple lecture de ce texte que le propos de Maxime se situe dans une perspective économique, et ne concerne pas l'origine du Saint-Esprit au sein de la Trinité, mais sa manifestation, sa communication, son don aux chrétiens dans l'Église comme grâce ou -Maxime utilise le mot à plusieurs reprises- comme «énergie»."

Cette "Clarification" ne me parait donc pas faire vraiment avancer le débat, contrairement à la Déclaration commune et à un brillant article du père Boris BOBRINSKOY, peut-être un peu ancien (1982), "Le "Filioque" hier et aujourd'hui" dans Contacts, revue française de l’orthodoxie , Je cite le résumé: "L'A. montre comment pourraient s'articuler les deux systèmes de conceptualité qui se sont cristallisés au cours des âges en Orient et en Occident au sujet de la procession du Saint-Esprit. Il ne s'agit pas pour l'A. d'un compromis, mais d'un approfondissement de la vision Trinitaire orthodoxe qui ferait sa place au Filioque en lui enlevant son caractère unilatéral et en le restituant dans un contexte théologique et spirituel plénier." (http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=12510407)

En résumé, je suis les théologiens contemporains des deux bords qui considèrent qu'il s'agit certes là de formulations et de conceptions théologiques différentes et demandant approfondissement; mais elles ne doivent pas être élevées au rang de vérités dogmatiques incompatibles. Et de plus, dans la mesure où les deux parties (orthodoxes et catholiques) admettraient, comme la Commission mixte, qu'aucune des formulations n'est « hérétique », il semblerait possible de parvenir à un accord dans l'avenir. Mais on n'y est pas encore et, comme l'a dit récemment le père Alexandre SINIAKOV (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Monde-orthodoxe-Monde-russe_a1053.html?com#comments), "le Filioque est toujours un problème".

24.Posté par Gabriel Kevorkian le 12/07/2010 17:42
Variation sur le même thème... Historiquement, le dogme s'est constitué comme tentative d'articuler sur le plan conceptuel la foi de l'église en réaction à des spéculations jugées douteuses voires dangereuses. Il n'a d'autre valeur. Ceci étant, il est en soi spéculation intellectuelle. En vérité, le problème n'est pas tant lié au contenu de la spéculation qu'au fait même de spéculer. Ce n'est pas une spéculation particulière dont il faut s'abstenir, c'est de toute forme de spéculations qui, en définitive, n'apporte rien à la vie spirituelle, bien au contraire, emprisonne l'esprit et l'être dans un mode de fonctionnement où les choses sont perçues de l'extérieur comme objet d'étude alors que l'évangile est un appel à la conscience individuelle qui exige adhésion, mouvement intérieur, de l'être, du coeur, de la conscience. Le danger est d'autant plus grand à l'époque moderne où la vision cosmique se trouve rétrécie, atrophiée. La phrase de Descartes est emblématique de la tragédie du monde occidental, de sa culture qui a vu l'intellect supplanter le coeur et établir sur l'âme son règne despotique. Il est triste de voir des chrétiens orthodoxes (de tradition russe de surcroît) tentés par ce travers à leur tour.

25.Posté par Cathortho le 12/07/2010 21:33
@ Gabriel Kevorkian

Votre variation sur le thème du Filioque, thème si prisé par l'Orient de l'Eglise Une depuis sa dramatisation plus ou moins calculée par Photius et Michel Céruralire et perpétuée à l'envi (jusquà la fin des temps ?) est d'une grande beauté et a le mérite de restituer au "problème" sa seule réelle dimension : celle comme vous le dites si bien d'une spéculation ; et j'ajouterai spéculation sur un mystère qui ne peut être résolu par le mental (dont relève toute spéculation), mais résolu, autant qu'il nous est possible, par son intériosation dans la prière et dans l'humilité. C'est d'ailleurs ce que souhaite avec grande sagesse la deuxième recommandation de la Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d'Amérique du Nord : " Que tous ceux qui sont engagés dans ce dialogue, reconnaissent expressément les limites de nos possibilités d’avancer des affirmations définitives sur Dieu lorsqu’il s’agit de sa vie intime. "

Deux bémols cependant à votre utile, autant que belle, variation.

Le premier c'est que je ne crois pas que, stricto sensu, le Filioque ait fait l'objet d'un dogme par l'Occident de l'Eglise Une, il n'a été qu'un point de vue théologique, un "théologoumène" devenu "habitude" théologique.

Le second c'est que lorsque vous écrivez à juste raison : " La phrase de Descartes est emblématique de la tragédie du monde occidental, de sa culture qui a vu l'intellect supplanter le coeur et établir sur l'âme son règne despotique. ", il vaudrait mieux rempacer le mot "intellect" par "mental" ce qui n'est pas la même chose. En effet par un facheux glissement sémantique le mot "intellect" est quasiment devenu synonyme de "mental", or, au sens strict, l'intellect est une faculté de l'intelligence, et le mot intelligence vient du latin "intus legere" qui signifie "lire l'intérieur", c'est-à-dire percer l'écorce du réel pour en atteindre la divine sève. Le fameux et funeste "Je pense donc je suis" de Descartes, véritable coup d'état épistémologique et "emblématique de la tragédie du monde occidental" comme vous le dites très justement, relève donc du mental et non de l'intellect au sens premier du terme. C'est d'ailleurs ce sens premier qu'utilisaient le plus souvent les Pères de l'Eglise, tant latins que grecs, sens premier qu'il faudrait réhabiliter, et grâce auquel on peut approcher, autant qu'il nous est possible et avec la permission du Tout-Puissant, le mystère de la Sainte Trinité, objet de foi "droite" tant par les catholiques que par les orthodoxes, avec ou sans Filioque. Et tant que l' intellect, faculté propre à l'homme, n'est pas "pneumatisé" par le Paraclet (...viens et demeure en nous, purifie-nous de toutes souillures...) comme disait Evagre le Pontique, cet intellect est inévitablement happé par le mental, maintient l'homme dans l'esprit de division, et ainsi l'homme chrétien croit faussement, ou pire veut croire, que le Filioque est une question qui divise l'Eglise.

26.Posté par Olivier C le 12/07/2010 21:33
Bonsoir à tous deux,

@ Vladimir a dit : "Remarquons d'ailleurs que ce texte [la « clarification »] n'est pas cité par la Déclaration Commune ci-dessus ..."

En fait si : la « déclaration commune » cite expressément la « clarification » (dont le vrai titre est « Les traditions grecque et latine concernant la procession du Saint-Esprit »). C'est dans le paragraphe juste avant la sous partie « considération théologique », d'ailleurs vous aviez mis en valeur la citation tirée de la « clarification » en caractère gras pour en souligner l'importance :

« l’Église catholique reconnaît la valeur conciliaire, œcuménique, normative et irrévocable du symbole de foi professé en grec au second Concile œcuménique de Constantinople en 381, en tant que l’expression de l’unique foi commune de l’Église et de tous les chrétiens. Aucune confession de foi, propre à une tradition liturgique particulière, ne peut contredire cette expression de foi enseignée et professée par l’Église indivise » (Clarification)

Pour avoir déjà lu les objections de Jean-Claude Larchet sur Myrobolos (document dont j'avais fait un lien à partir de mon site pour donner une voix représentative orthodoxe d'une position "réservée" quand à la « clarification ») je connaissais ses griefs à l'encontre de la « clarification ». Mais sur quoi se base-t-il pour penser à une tentative de récupération ? Olivier Clément et le Père Boris Borbrinskoy n'étaient pas aussi dur, c'est bien d'ailleurs pour cela qu'ils se sont fait allumer par Larchet, en particulier dans son dernier livre (de 2010, en cogitatio fidei, mais j'ai oublié le titre). Quelque fois, quand je lis Larchet, je me demande quel sont ses motivations derrière son argumentation. Lisez son dernier livre : catholiques ou orthodoxes "sympatisant" soupçonné de vendre à l'ennemi, tout le monde y passe. Je le trouve très vindicatif, cela me donne une impression de règlement de compte personnel, les autres auteurs orthodoxes ne me font pas cet effet (bon, en même temps je lis plutôt des articles que des livres entiers).

Ok pour Maxime, mais je demande à voir. À ce que je sache le texte de Maxime n'a pas été traduit en français (mais si vous connaissez une traduction, même ancienne, j'accourt : mon niveau de grec me permet tout juste de déchiffrer péniblement la koinè, alors Saint Maxime !), je ne peu donc pour l'instant me fier qu'aux commentateurs. Mais je connais bien de Père Garrigues (sur lequel s'appuie en grande partie la « clarification ») et je sais qu'il a fait sa thèse de doctorat sur Maxime le Confesseur, c'est d'ailleurs lors de cette thèse qu'il découvrit ce texte de saint Maxime et qui lui donna l'idée de creuser la question du Filioque du côté de la tradition alexandrine. Il avait donc écrit en 1982 un livre qui avait eu un certain retentissement dans nos deux mondes.

Par contre je pense que Larchet à raison quand à un problème que le P. Garrigues souligne aussi : il ne faut pas sous estimer le phénomène de l' « estrangement », cet éloignement progressif des mentalités de nos deux mondes qui a fini par rendre l'autre incompréhensible dans sa manière de concevoir la théologie. La doctrine des énergies pour un catholique, une approche thomiste pour un orthodoxe. Je crois qu'il y aura un travail important à faire pour un éclaircissement de nos théologies respectives. Larchet est très pessimiste sur cette question (toujours son dernier livre) en y voyant des positions irréconciliables, d'autres auteurs, y compris orthodoxes sont beaucoup plus positifs, j'aurais plutôt tendance à les suivres...

Bien à vous

27.Posté par Cathortho le 13/07/2010 10:39
Cher Olivier C

Je me réjouis de votre arrivée sur ce blog, vos premiers commentaires laissent à penser que vos contributions, que je souhaite nombreuses, seront d'un grand intérêt dans le cadre du dialogue catholique-orthodoxe. Je viens de faire une très brève (car le temps me presse ce matin) visite sur votre site dont j'ai déjà pu apprécier la beauté et dont j'ai hâte à présent d'apprécier le contenu.

J'ai lu avec grand intérêt la refonte et l'approfondissement de la thèse de doctorat en théologie du père Jean-Miguel Garrigues à laquelle vous faites allusion, travail remarquable paru sous le titre : "Maxime le confesseur. La charité avenir divin de l'homme" aux éditions Beauchesne, en 1976, avec une préface non moins remarquable du père le Guillou, o.p., en son temps directeur du centre Istina, préface de 16 pages intitulée "De Maxime le Confesseur à Vladimir Soloviev" et consacrée à l'hérésie monoénergiste. Le père Guarrigues a produit un texte très important sur la question du Filioque dans la revue Irénikon tome LXIX n°2 / 2ème trimestre 1996 : " Le Filioque affranchi du "filioquisme" " que vous connaissez sans doute, j'y reviendrai bientôt.

En ce qui concerne J.C. Larchet, il fait malheureusement partie de ces orthodoxes, ultra suspicieux (pour dire le moins et rester correct), qui voient dans toute tentative de rapprochement de l'Eglise catholique avec les Eglises orthodoxes comme relevant uniquement de la récupération "uniatiste", argument usé jusqu'à la corde, d'une autre époque mais qui fait toujours florès parmi les orthodoxes qui ne veulent pas de la fin de la division l'Orient-Occident de l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique. C'est un travers malheureusement trop fréquent chez les français "convertis" à l'orthodoxie et qui ont un compte à régler pour x ou z raison avec l'Eglise de leurs aînés.


28.Posté par Daniel le 13/07/2010 11:53
J'aime bien Jean-Claude Larchet car dans le microcosme orthodoxe français où quiconque se dit théologien simplement parce qu'il a écrit un article de 500 mots, Jean-Claude Larchet se démarque véritablement.

Il fait preuve d'une liberté de parole qui se manifeste notamment dans ses recensions des livres. Il a ainsi remis à sa place la fameuse commisssion liturgique qui traduit les offices en français, et revendique implicitement un monopole de ces traductions, car personne au sein de la commission en question ne connaît le grec et parce qu'elle est un rien influencée par le modernisme (ainsi, elle indique qu'en recevant la communion, le fidèle dit "Amen", chose qui n'existe nulle part).

Il me semble bien plus crédible qu'Olivier Clément, Elizabeth Behr-Sigel et le Père Boris, qui sont restés en grande partie des phénomènes bien franco-français, le premier étant du reste surtout lu par des catholiques, la seconde fort sympathique du reste ayant sans doute gardé un côté protestant qui la faisait revendiquer la prêtrise des femmes. Les livres de Jean-Claude Larchet ont eux été traduits en grec et en roumain, pays de longue tradition orthodoxe. Jean-Claude Larchet n'est pas inconnu dans les pays orthodoxes : il connaît le Métropolite grec Hiérothée de Naupacte (ils ont tous deux écrits sur la Thérapeutique orthodoxe), un évêque géorgien car il avait été invité à une conférence locale sur Saint Maxime le Confesseur (qui repose en Géorgie), dont il est un spécialiste reconnu par tous catholiques et orthodoxes. Le fait qu'il publie au Cerf, maison catholique proche des Dominicains, en dépit de ses positions très orthodoxes d'un point de vue dogmatique (ce n'est pas un béni-oui-oui oecuméniste comme l'orthodoxie en France en produit tant) montre à mon avis, que chacun, orthodoxes et même catholiques, s'accordent pour dire qu'il fait un travail de qualité...

Son dernier livre au Cerf est : "La théologie des énergies divines : Des origines à saint Jean Damascène". Je n'ai pas eu le temps de le lire...


29.Posté par Irénée le 13/07/2010 13:02
J'apprécie aussi beaucoup la rigueur et le sérieux des positions défendues par Jean-Claude Larchet. Il affirme avec force et clarté ce qui a toujours été l'enseignement traditionnel de l'Eglise.
Par contre, permettez-moi de dire que les autres auteurs français cités par Caniel dans son message 28 ont aussi été traduits en grec et en roumain, parfois en russe également...Et que la lecture d'Olivier Clément en grec n'a pas laissé indifférents de très nombreux lecteurs.
Je ne pense pas qu'on puisse ainsi d'une manière simpliste classer les auteurs (français ou autres) en deux colonnes : les bons et les mauvais ou bien les modernites et les traditionnels.
Il y a chez chacun une sensibilité et un style propre, et certainement des choses très positives à y découvrir...La lecture de certains auteurs peut aussi constituer une étape dans la rencontre avec l'Eglise.
Pour certains, il a fallu trente ans avant de pouvoir accepter l'idée d'influences catholiques romaines chez certains théologiens orthodoxes (anciens ou modernes), mais en même temps ces auteurs étaient plus accessibles...

30.Posté par Cathortho le 13/07/2010 15:35
@ Gabriel Kevorkian

Relisant votre comm. 24 je me demande si j'ai bien compris sa première phrase : " Historiquement, le dogme s'est constitué comme tentative d'articuler sur le plan conceptuel la foi de l'église en réaction à des spéculations jugées douteuses voires dangereuses. "

A la première lecture j'avais compris en lisant dans votre phrase " le dogme " que vous faisiez allusion à un supposé dogme catholique du Filioque, ce qui m'avait amené a contester que l'Eglise catholique aurait fait du Filioque un dogme, et vous approuver dans votre dénonciation d'un excès de spéculation sur le Filioque.

Mais je me demande à présent si en écrivant " le dogme " vous voulez parler de " tout dogme ", dans ce cas je ne puis être d'accord avec vous. En effet les saints dogmes de l'Eglise Une ne peuvent être réduits à des spéculations fruit de la tendance humaines à la ratiocination . Les dogmes, avant dêtre conceptualisés (quelques fois trop) par les théologiens, sont pour ainsi dire des "étincelles" de Vérité présentes de l'Alpha à l'Omega au sein de la Révélation. On pourrait dire que, d'une certaine manière, les dogmes sont le vêtement extérieurs des symboles sacrés (par symbole il faut entendre ici non pas son sens galvaudé par les modernes mais son sens premier qui est celui de relier deux parties séparées d'un même objet). Le dogme fait appel à la raison in-formée (formée de l'intérieur) par la foi ; le symbole fait appel à l'intellect pur (ne rejetant pas la raison mais n'y étant plus soumis) in-formé grâce à la prière par le Paraclet (Parakletos : l'invoqué).

Vous avez mille fois raison d'écrire : " ...l'évangile est un appel à la conscience individuelle qui exige adhésion, mouvement intérieur, de l'être, du coeur, de la conscience... " mais la spéculation n'est pas à rejeter par principe pour autant, elle reste légitime tant qu'elle ne devient pas hypertorphiée, qu'elle ne devient pas comme dans la fable " grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf ".

A notre époque de relativisme et de confusion, il est de bon ton, chez les "spiritualistes" de tous bords, voire chez des chrétiens sincères, de récuser les dogmes au nom d'une "liberté spirituelle" confondant le but : la libération spirituelle de tout état conditionné ; avec les moyens : la voie conduisant à cette libération. Or les dogmes sont nos batons de pélerins qui nous aident à ne pas trébucher dans la voie étroite et difficile tracée pour nous par le Christ afin d'atteindre cette libération spirituelle qu'il nous a promise : " La Vérité vous rendra libres ". Notre époque, loin d'être une époque dans laquelle les dogmes sont devenus inutiles et contraignants est une époque de grandes confusions où nous avons plus que jamais besoin des saints dogmes de l'Eglise, siant dogmes qu'il nous faut essayer de toujours mieux comprendre par l'union du mental et de l'intellect pneumatisé.

31.Posté par vladimir le 13/07/2010 15:37
Je suis d'accord avec Irénée: JCL est un théologiens orthodoxe rigoureux, qui se réfère toujours aux dogmes vrais - ceux qui ont été reçus et sont vécus comme tels dans l'Église. Il n'est pas juste de l'appeler "très vindicatif" ou "ultra suspicieux " vis à vis du dialogue – il est bien dans la suite des théologiens du XXe siècle comme Vladimir Lossky et il recherche et trouve ces vrais dogmes y compris chez certains théologiens catholiques, quand ils ne sont pas entachés de dérives erronées. Mais il ne s'engage pas non plus dans les dérives "intégristes"... Bref une véritable référence. Le p. Boris est aussi une autorité et, avec les autres auteurs cités, il témoigne de l'apport de l'École de Paris. Son étude, ancienne, sur le "filioque" fait autorité.

@Daniel: oui pour ce passage de la "Clarification" , qui serait pratiquement la seule chose à en garder s'il était inscrit dans une bulle papale ou une décision conciliaire ... (Je n'avais effectivement pas reconnu le texte). Maxime le Confesseur a été largement traduit en russe et ce sont ces traductions là qui sont connues de tous les théologiens russes...

Mais que pensez-vous de la présentation de Mgr Kalistos Ware (in, "L'Église de 7 Conciles", p.274-282)?

@Cathortho: j'avais toujours pensé que le Filioque a fait l'objet d'une dogmatisation par l'Église romaine. Ainsi JCL souligne que les conciles de Bari, 1098 (Mansi, t. 20, col. 947-952); du Latτan, 1215 (Denzinger 800, 805); de Lyon, 1274 (Denzinger 850); de Florence, 1439 (Denzinger 1300-1301) " ont érigé en dogme et confirmé la doctrine latine du Filioque " (opus cité). JF. Colosimo citait récemment cet évêque de Chartres qui exhortait les soldats de Napoléon III partant pour la Crimée "à extirper le schisme photien". Je constate évidement les petits reculs des positions rigidement dogmatiques après Vatican II que cite la Commission mixte, mais il n'y a rien d'équivalent à ces promulgations conciliaires… Je pense que cela explique pourquoi la majorité des Orthodoxes ne connaît (ou ne reconnait) pas suffisamment ces évolutions de l'Église catholique, comme le dit la Commission mixte, alors que c'est bien cela qui permettrait un vrai déblocage!



32.Posté par Cathortho le 13/07/2010 21:17
@ Vladimir

Merci pour la liste des conciles qui auraient érigés le Filoque en dogme, établie par Jean Claude Larchet. Il faudrait faire une enqête assez serrée pour affirmer sans contestation possible que ces conciles ont effectivement statués sur le Filioque, s'il ont expressément été convoqués pour cela, et si oui, s'il engageaient l'ensemble de l'Eglise catholique romaine, la question semble, pour dire le moins, toujours ouverte. Ce qui semble cependant assez évident c'est que si, à propos d'une question aussi importante et brûlante que le Filioque qui a occasionné la rupture de 1054, l'Eglise catholique s'était réellement et définitivement prononcée avec force et autorité, sans contestation possible, comme elle l'a fait pour ce qui concerne l'Immaculée conception, l'Infaillibilité du Pape ou l'Assomption qui eux sont incontestablement reconnus partout comme étant des dogmes catholiques, cela se saurait d'une manière tout aussi incontestable, or ce n'est pas le cas.

A propos de la citation par Jean-François Colosimo de l'évêque de Chartres qui exhortait les soldats de Napoléon III partant pour la Crimée "à extirper le schisme photien", elle ne relève que de l'anecdote, anecdote au choix amusante ou triste, mais il me semble qu'une anecfote de cette nature ne peut sérieusement être versée dans le dossier de la question du Filioque !

Enfin, ce que vous qualifiez joliment de " petits reculs des positions rigidement dogmatiques après Vatican II " ne sont rien d'autre que des réajustements que l'Eglise romaine a eu l'intelligence de faire à propos d'une question qui n'aurait jamais dû prendre l'ampleur, désastreuse pour la crédibilité du message évangélique face au monde, qu'elle a prise au cours des siècles.

33.Posté par Cathortho le 13/07/2010 22:52
Dans mon commentaire 26, j'ai fait allusion à un important article du père Jean-Miguel Garrigues : "Le Filioque affranchi du "filioquisme" ", paru dans un n° de la revue Irenikon (n° 2 / 2ème trimestre 1996). Il m'a semblé interessant de verser dans le présent dossier ouvert par Vladimir Golovanow quelques extraits de cet article, en commençant, ce soir, par celui-ci :

" Le " Catéchisme de l'Eglise catholique " avait amorcé dès 1992 un dégagement du Filioque par rapport au filioquisme, par lequel le magistère romain laissait ouvert un approfondissement dogmatique mené en commun avec les Eglises othodoxes. Le " Catéchisme " reprenanait le texte du symbole de 381 sans le Filioque comme " expression de la foi apostolique " et rappelait que " l'Eglise reconnaît par là le Père comme la source et l'origine de toute la divinité " (N° 245). Il préparait ainsi les fortes paroles du pape Jean-Paul II demandant à Rome le 29 juin 1995, devant le patriarche oecuménique Bartholomée 1er, que la doctrine catholique du Filioque soit clarifiée " en complète harmonie avec ce que le concile oecuménique de Constantinople, en 381, confesse dans son symbole : le Père comme source de toute la Trinité, seule origine et du FIls et du Saint-Esprit ".
Plus encore, le " Catéchisme " donnait pour la première fois une interprétation magistérielle de la procession du Saint-Esprit à partir du Père et du Fils, définie à Lyon II comme " tanquam ex uno principio " (DS 850), qui sauvegardait pleinement la monarchie du Père : c'est " lui " qui, " en tant que Père du Fils unique, est avec celui-ci l'unique principe d'où procède l'Esprit Saint" (N° 248). Autrement dit, l' " unum principium " du Saint-Esprit défini à Lyon II, c'est le Père lui-même, le Père qui n'est Père qu'en étant le Père du Fils Unique qu'il porte " dans son sein " (Jn 1, 18). En effet, comme le dit S. Jean Damascène : " Il ne pouvait être appelé Père sans le Fils. S'il était "sans le Fils, il ne serait pas appelé Père" " ("La foi orthodoxe, P.G. 94, 812 A). La " clarification " viendrait développer l'interprétation du " Catéchisme " en montrant que l' " unum principum " d'où procède l'Esprit Saint ne peut pas être l'unité du Père et du Fils dans leur commune essence divine, puisque le IVème concile du Latran (1215) avait dit auparavant que celle-ci " n'engendre pas, n'est pas engendrée, ne procède pas, mais c'est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède " (DS 804). Or c'est sur ce point précisément que bute la justification filoquiste de l' " unum principium. "

La suite au prochain numéro.
















34.Posté par Gabriel Kevorkian le 13/07/2010 22:54
@Cathortho
Oui j'entendais par là tout dogme. Mais n'allez pas conclure que j'invite à le récuser. Je déplore une certaine attitude de l'esprit que l'on trouve en premier lieu, je crois, chez les "spiritualistes". Cette attitude est indépendante de la question de l'adhésion ou non au dogme. Le dogme ne restreint en aucune façon la liberté spirituelle, liberté qui est d'ailleurs au coeur de la pensée orthodoxe. Il pose des limites à la spéculation (sur un plan qui n'a rien de spirituel). C'est une concession faite au monde "mental" en quelque sorte.

35.Posté par Olivier C le 14/07/2010 09:08
Bonjour,

Je ne post pas toujours mais je suis votre conversation...

À propos de Jean-Miguel Garrigues je faisais allusion à son livre de 1982 : « L’Esprit qui dit "Père !" et le problème du filioque ». La « Clarificarion » de 1995 s'appuie en grande partie sur ses travaux. Voici la philosophie d'élaboration de ces textes (je cite le P. Garrigues) :

« Notre souci était de faire droit aux difficultés légitimes que ressentaient les théologiens orthodoxes à partir de la Tradition de l'Orient chrétien, tout en nous efforçant d'y répondre en les resituant dans l'intégralité de la Tradition patristique de l'Église indivise du premier millénaire » (Par des sentiers ressérrés, p. 179)

PS : sur le statu de la clarification : celle-ci est signée de trois étoiles, code signifiant l'engagement de l'autorité du Pape.

Bien à vous

36.Posté par Daniel le 14/07/2010 09:41
@ Vladimir

Sur ce que dit Kallistos (Ware ) de Dioklea (est-ce son titre?), je trouve un peu léger de voir la chose sous l'aspect simplificateur de colombes et de faucons. On n'est pas dans la politique mais dans de la théologie.

Il faudrait reprendre toutes les déclarations catholiques sur le sujet, à commencer celles des conciles. Le concile de Florence est considéré comme oecuménique par les catholiques, tout comme celui de Lyon. J'ai pu trouvé quelques extraits suivants à ce lien : http://v.i.v.free.fr/spip/spip.php?article3119

De Florence :

"Concile de Florence - Décret pour les Grecs (6 juillet 1439) du Pape Eugène IV

Au nom de la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, nous définissons, avec l’approbation de ce saint concile universel de Florence, pour que tous les chrétiens croient et reçoivent et professent cette vérité de foi, que le Saint-Esprit est éternellement du Père et du Fils, qu’il tient son essence et son être subsistant à la fois du Père et du Fils, et qu’il procède éternellement de l’un et de l’autre comme d’un seul principe et par une seule spiration. Nous déclarons que ce qu’ont dit les saints Docteurs et Pères : que “le Saint-Esprit procède du Père par le Fils” vise à faire comprendre qu’on signifie par là que le Fils, tout comme le Père, est cause selon les Grecs, mais principe selon les Latins, de la subsistance du Saint-Esprit. Et, parce que tout ce qui est au Père, le Père lui-même l’a donné à son Fils unique en l’engendrant, à l’exception de son être de Père, cette procession même du Saint-Esprit à partir du Fils, le Fils la tient éternellement de son Père qui l’a engendré éternellement.

En outre, nous définissons que le Filioque, qui explique ces paroles, a été ajouté légitimement et avec raison au Symbole pour éclaircir la vérité, et parce que la nécessité en était alors urgente (DzS 1300-1302)."

D'un point de vue catholique, ce texte étant d'un concile oecuménique est toujours applicable n'en déplaise à tous les catéchismes qu'on voudra bien publier pour amadouer les orthodoxes...

37.Posté par Gérard le 14/07/2010 10:35
Chers frères , chère Marie
Je vous remercie tous pour vos contributions sur ce thème du filioque.
Il m'est venu une réflexion en lisant vos textes.
Je dois beaucoup me concentrer et souvent relire plusieurs fois pour comprendre. Dans la déclaration, l'usage de mots grecs non traduits, peut-être car intraduisibles, me l'a rendu plus difficile.
Je pense que ces sujets sur la nature de Dieu sont quand même des sujets théologiques dififciles et c'est passionnant de vous lire.
Là où, je veux en venir, c'est que l'usage et le choix des mots dans toute leur subtilité est primordiale. Je comprends la difficulté des théologiens de langue russe, grec, français, etc, à se mettre d'accord. Je me rends compte que ce dialogue nécessite des personnes qui ont un niveau d'expert dans une même langue.
Et nous avons la chance que dans notre pays bien-aimé , la France , ces conditions soient réunies grâce à l'émigration russe et à la présence de tous les patriarcats (Moscou, Constantinople, Roumanie, Serbie,..). Oui, je pense que notre pays a un rôle important à jouer dans l'union des orthodoxes et des catholiques car les églises ont des experts qui parlent la même langue sur notre sol. La France peut être un pont. Prions pour Elle en ce 14 juillet.
Gérard

38.Posté par vladimir le 14/07/2010 11:58
@ Cathortho. Merci pour votre passionnante réponse. Je trouve que vos extraits de l'article du père Jean-Miguel Garrigues devrait être postés en un grand article à coté de mon résumé des conclusions de la Commission mixte. Vous pourriez, comme je fais, l'envoyer à la rédaction, , sous la forme d'un post à publier...

Je suis d'accord sur les "réajustements que l'Eglise romaine a eu l'intelligence de faire à propos d'une question qui n'aurait jamais dû prendre l'ampleur, désastreuse... ". L'ennui c'est qu'il faut pratiquement revenir 1000 ans en arrière (Bari, 1098...) et face à la liste des conciles, dûment référencés par Jean Claude Larchet (il suffit, je pense, de reprendre ses références), aucune de ces "réajustements" ne fait le poids. La forte parole du Pape en 1964 a permit de lancer le débat mais, ce qui ressort de tout cela à mon sens, c'est que l'Église romaine "de toute évidence ne considère pas que le Filioque soit en contradiction avec le Credo de 381" (Commission mixte), alors que l'Église orthodoxe, gardienne de la foi de Apôtres, considère qu'il y a contradiction. La Commission mixte écrit "ces développements SUGGÉRENT une conscience nouvelle du côté catholique ...". On peut en prendre acte, cela va dans le bons sens, mais les principaux théologiens orthodoxes attendent plus que des "suggestions" pour considérer qu'il y a un véritable changement des positions catholiques... Et c'est bien cela qu'exprime en particulier JCL.

Au delà de l'anecdote du XIXe siècle (mais c'était hier, comparé à Bari ou Florence!), le Filioque apparait bien ''incontestablement reconnu partout comme étant un dogme catholique": pour moi c'est évident chaque fois que j'entends le Credo dans une église catholique et je ne vois pas bien comment vous arrivez à affirmer le contraire! La référence à Lyon II du catéchisme de 1992, que vous citez, est une contribution mais ne résout certainement pas le problème, puisque c'est justement à ce propos que Paul VI a parlé de "points controversés que Grégoire X et les Pères de Lyon ont estimé résolus" (ibid). Et il y eut 1439 après (cf. St Marc)...

En conclusion, il me semble bien que c'est le texte de la Commission mixte qui marque actuellement la plus grande avancée dans ce domaine. Mais il souligne bien que c'est "faute d'aucune interprétation" (coté catholique) que la Commission a pu avancer. Nous attendons donc bien tous une INTERPRÉTATION officielle pour aller plus loin!

39.Posté par Sonia le 14/07/2010 13:47
Bonjour à tous

Je prends la discussion un peu en retard.

Finalement, on trouve, au-delà des arguments de chacun, deux positions : l'une qui souhaite n'importe comment l'unité avec le Vatican quitte à reculer sur la foi et les dogmes, sous prétexte d'esprit de conciliation, d'écoute et autres attitudes soi-disant positives (Olivier Clément est-il encore orthodoxe, ou l'a-t-il jamais vraiment été ? Le Père Boris, lui, a avancé le plus qu'il pouvait vers les catholiques) et l'autre, qui veut garder la foi orthodoxe dans sa pureté. Ceux-là sont accusés d'être "sectaires", "dogmatiques" "vieux-jeu" que sais-je encore !

Donc, depuis plus de vingt ans, c'est le même débat qui se poursuit. Je remarque seulement que c'est à présent la Russie qui est l'objet des soins du Vatican !

Je fais partie de ceux qui se méfient à mort du Vatican. Justement, je suis en train de lire, grâce à Google Books et au site Gallica, des vieux livres sur les controverses entre ce qu'on appelait à l'époque "l'Eglise gallicane" (c'est-à-dire l'Église de France, qui ayant été fondée en même temps que Rome par des missionnaires indépendants de ce siège, conservait des traditions ecclésiales saines et vraiment orthodoxes) et les Papistes qui ont élaboré, après Charlemagne, une idéologie littéralement totalitaire, des gens comme Bossuet, des livres sur l'histoire de l'église à l'époque carolingienne où on voit comment l'Eglise de France s'est battue bec set ongles contre les visées du Vatican pour ne serait-ce que limiter le pouvoir, auquel les Papes prétendaient, au domaine spirituel et tout cela en s'appuyant sur les premiers conciles œcuméniques. Combien de conciles les Français n'ont-ils pas refusé de recevoir sans réserves ? Ils ajoutaient toujours : sous réserves des libertés de l'Église gallicane. Dès Saint Louis, les rois ont fait des "pragmatiques" pour récuser au pape le droit de lever des fonds en France, le droit de se mêler de politique, etc. Combien de rois de France n'ont-ils pas été excommuniés par le Vatican ! Jusqu'à Luis XIV lui-même.

Finalement, le Vatican a gagné, surtout après la révolution, grâce aux Concordats signés avec le souverain, notamment Napoléon qui ont remplacé les "Pragmatiques " des rois précédents , et aussi grâce aux sociétés comme les Jésuites et les ordres mendiants rattachés directement au Pape, ce qui lui permettait de saper l'influence bénéfique des évêques locaux et des monastères "gallicans" car, en effet, tous les catholiques romains, aujourd'hui, adhèrent au dogme papiste, à son infaillibilité et à sa prétention d'être presque plus que le Christ. Ils seraient étonnés d'apprendre que leurs pères se sont battus contre ce dogme ! Lire, par exemple, la justification de ces prétentions par les Jésuites fait littéralement froid dans le dos. Or, le Vatican a gagné avec pour résultat d'un côté l'adoption du protestantisme par l'Angleterre et l'Allemagne, et de l'autre la Révolution et ses conséquences en France avec le système laïque qui finalement ne fait qu'affirmer ce que les orthodoxes savent depuis toujours : la séparation des sphères politiques et spirituels et la légitimité des deux et ce qui était demandé, en fin ce compte, par l'Église gallicane elle-même.

Or, pour moi, le vrai problème c'est le dogme papiste et l'ecclésiologie cléricale de l'Église latine avant tout autre chose. Tant que le Vatican ne se pose pas à égalité avec les autres patriarcats et ne renonce pas à la primauté de Rome, (au moins ne réduit pas cette primauté à une primauté d'honneur) je n'aurai pas confiance et j'aurai toujours la conviction que le Vatican vise toujours le pouvoir universel et ne fait que se servir d'autres méthodes pour nous séduire tout en tissant sa toile d'araignée autour de nous. N'oublions pas le rôle que le Vatican a joué pour faire passer "l'idée européenne", comment il a imposé Robert Shumann, comment depuis la fin la guerre, il a œuvré par des pressions et des manœuvres de toutes sortes pour séduire le patriarcat de Constantinople et le patriarcat Grec sous prétexte d'adhésion à une UE qui restaurerait le fait religieux dans les sociétés européennes, etc. etc., comment c'est la première force européenne qui impose l'Islam dans nos pays pour casser le système laïque et réintroduire un système communautaire comme dans l'ex Empire Ottoman, ce qui commence à déjà être appliqué en Angleterre.

J'aimerai bien que cette église latine cesse de s'immiscer dans les affaires politiques pour passer par dessus les peuples et annuler la démocratie et se cantonne à la sphère spirituelle. Or, on n'en voit pas la couleur jusqu'ici et on voit au contraire encore et toujours des curés défendre des sans-papiers, et se mêler de tout !

Alors pour moi, toutes ces manifestations d'amitié envers les églises orthodoxes et non-chalcédoniennes et surtout russe, visent à nous embringuer par des artifices très subtils dans le projet mondialiste et RIEN d'AUTRE dans lequel le VAtican espère jouer un rôle important.

Je pense que le Vatican ne croit plus sinon comment il pourrait à ce point s'éloigner des commandements de Dieu et de l'Évangile ? Comment il pourrait dire que l'Islam est de Dieu alors que naguère les théologiens latins estimaient que l'Islam cumulait toutes les hérésies ! Alors que tous les jours des chrétiens sont torturés et égorgés par des Musulmans et cela depuis longtemps maintenant ! Que cela commence même chez nous en France sous l'inspiration d'imams formés à l'Institut catholique ! Par exemple cet imam qui est aumônier à l'armée dont les discours font froid dans le dos !

Bref, tant que le Vatican n'aura pas revu son ecclésiologie et ne sera pas revenu à la tradition apostolique et à celle des conciles, je n'aurai pas confiance dans l'Église latine. Tout le reste, c'est de la poudre aux yeux. On peut même se demander si, quelque part, nos propres hiérarchies ne sont pas tentées par le pouvoir politique pour être si sensibles à ces discours ?

C'est sûr que ma position ne laisse aucune place à un quelconque "dialogue". Pourquoi faudrait-il dialoguer ? Je pense personnellement que l'unité nous sera donnée par le Seigneur le jour où nous en serons dignes. Avant, c'est même dangereux par ce que nous risquerions de tomber dans une tentation de pouvoir universel selon le diable et non selon le Christ.

40.Posté par Olivier C le 14/07/2010 14:40
@ Sonia : en tant que catholique je n'adhère pas à votre relecture de l'histoire, en effet je ne comprend pas ce lien que vous faites entre un gallicanisme "indépendant" et une Eglise romaine liée au pouvoir.

En effet, les ultramontains sont devenus de plus en plus nombreux contre le gallicanisme janséniste car celui-ci étant particulièrement lié avec le pouvoir en place, ils soutinrent dès lors Rome. Le lien de l'Eglise locale avec une entité extérieure (en l'occurrence Rome) garantit plus sûrement son indépendance envers le pouvoir d'un pays. C'est bien ce que nous reprochaient les communistes lors de la guerre froide et le gouvernement chinois actuel.

Mais c'est ce point qui m'intéresse : pouvez-vous précisez votre ecclésiologie ?

41.Posté par Olivier C le 14/07/2010 14:43
PS : au fond : qu'entend-on pas "primauté d'honneur" ? Comment articulez-vous ce concept avec une ecclésiologie telle que la pose saint Irénée de Lyon ? (notamment AH III, Pr, 1-5)

42.Posté par Cathortho le 14/07/2010 17:38
@ Vladimir

Je suis heureux de l'accueil favorable que vous avez manifesté concernant l'extrait de l'article du père Guarrigues cité dans mon comm. 33. Pour ce qui concerne votre proposition de l'envoyer à la rédaction sous la forme d'un post à publier j' avoue que je ne sais pas comment il faut procéder (je suis nul en informatique) et le mieux est de laisser décider l'équipe de rédaction. De toute façon, j'ai l'intention de diffuser sur ce blog l'intéfralité de l'article du père Guarrigues, en plusieurs fois bien entendu, car je pense que c'est une contribution très importante dans la tentative de sortir de l'impasse filioquiste. Le diffuser intégralement sous forme de post serait trop long.

En ce qui concerne le concile de Florence sur lequel il y aurait beaucoup à dire et pourrait évidemment faire à lui seul l'objet d'un post, je vous rappelle que bien évidemment il n'est pas un concile oecuménique comme le sont seulement, comme le reconnaissent conjointement l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes, les sept premiers, les seuls qui font autorité incontestable en matière de dogme.

Dans " L'union des Eglises au concile de Ferrare--Florence ", Chevetogne, 1966, pp. 37-38, Jean Descarreaux écrit ce qui suit :

" ...les Latins répondent [à propos évidemment du Filioque] que l'explication, lorsqu'elle ressort du développement interne du dogme, n'est pas une addition. Il y aurait addition si un article était apporté de l'extérieur. Or ce n'est pas le cas du filioque, qui explicite de l'intérieur, sans rien y ajouter, le symbole des apôtres. Il n'y a pas "autre foi" en la Trinité, mais exposé, explication, développement, rendus nécessaires au cours de circonstances historiques particulières [...] Le Rhodien en conclut : " Ce que vous appelez addition, nous l'appelons explication ". Selon lui, ces deux termes, en apparence différents, désignant une seule et même chose et non une "foi différente". Et il ajoute : " Toute addition se fait de l'extérieur, l'exposition ou explication se fait non pas de l'extérieur, mais du contenu même des termes. Il s'ensuit qu'il n'y a pas addition chaque fois que sur un point de science, il y a exposition et développement prélablement contenus et en dépôt à l'intérieur ". L'explication n'ajoute rien de nouveau : elle ne fait que mieux manifester le contenu. En ce sens, le Filioque n'est pas une addition, mais une explication. Son insertion au Credo a été rendue nécessaire en Espagne et en Gaule comme une précision contre le danger d'arianisme, pour mieux affirmer la consubstantialité du Père et du Fils. "

43.Posté par Cathortho le 14/07/2010 17:54
@ Gabriel Kevorkian

Merci d'avoir répondu à mon interrogation. Je suis donc d'accord avec vous.

Je note avec satisfaction que vous reprenez le terme de "spiritualistes". Ce terme me semble en effet approprié pour désigner (sans les condamner) ceux qui en toute sincérité se disent croyants mais en rejetant les dogmes et en mélangeant les religions dans la grande marmite syncrétiste.

44.Posté par Cathortho le 14/07/2010 18:26
@ Sonia

Vous écrivez : "Je pense personnellement que l'unité nous sera donnée par le Seigneur le jour où nous en serons dignes. " C'est l'une des rares phrases de votre long et interessant commentaire avec lequelles je suis d'accord. Mais c'est la plus belle et elle m'a beaucoup touché. Merci de l'avoir écrite.

45.Posté par Irénée le 14/07/2010 18:53
Il me semble que dans ce débat, au demeurant fort intéressant, on laisse un peu de côté un aspect absolument essentiel : en plus de la déviation dogmatique introduite par l'ajout du Filioque, il y a l'acte schismatique consistant à modifier le texte du Credo malgré les défenses formelles faites unanimement par les conciles. Comme le disait Paul Evdokimov : "Avec une profonde angoisse, l'orient chrétien y voit le péché contre l'unité charitative du Corps"

46.Posté par vladimir le 14/07/2010 22:54
D'abord une information: ce thème passionne les foules! Prés de 1600 personnes se sont déjà connectées, en moins d'un mois donc, m'a fait savoir la rédaction! Un record.

Ensuite je suis très heureux de la tenue des commentaires, qui vont de plus en plus loin alors même que "Biens des gens aujourd'hui, y compris des Orthodoxes, ont tendance à trouver la dispute si obscure et si technique qu'ils sont tentés de la rejeter comme entièrement insignifiante" (Mgr Kalistos Ware, ib. commentaire 31)

Et sur le fond, plusieurs remarques:
- Il est clair que, à partir du Filioque, nous pouvons dériver sur tous les "sujets qui fâchent", et en particulier celui de la primauté. La Commission mixte demande expressément (5) " Que les personnes engagées dans le dialogue sur ce problème distinguent, autant que possible, les questions théologiques du mode d’origine du Saint-Esprit des questions ecclésiologiques de la primauté et de l’autorité doctrinale dans l’Église". Cette question a fait l'objet de réunions de la "grande" Commissions mixte et du document controversé "de Ravenne" (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html). Sonia en fait l'essentiel de son commentaire et Olivier réponds mais je vous proposerais plutôt que l'un de vous écrive un article faisant le point de la situation et l'envoie à la rédaction (touche "Contact", "Modérateur"), comme je fais moi-même, pour ouvrir un autre fil de débat et laisser celui-ci au seul thème du Filioque: il y a bien assez de quoi dire!

- @ Daniel: je n'avais pas vu votre 36 en rédigeant mon 38.
(i) Oui, Mgr Kalistos est bien évêque de Dicletia. Je trouve votre commentaire "leger": il s'agit d,un ouvrage de vulgarisation et simplifier en parlant " de colombes et de faucons" est une bonne façon de se faire comprendre. Mais ce que je vous demandais c'est votre avis sur le fond de sa présentation
(ii) Je vous suis entièrement sur la suite et en particulier le dernier paragraphe. Ce n'est pas pour rien que la Commission mixte pose comme dernière proposition " 8. Que l’Église catholique, suite à un consensus théologique grandissant, et en particulier suite aux paroles de Paul VI, déclare que la condamnation du 2e Concile de Lyon (1274) de « ceux qui ont l’audace de nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils » ne s’applique plus." C'est bien cela que nous attendons pour aller plus loin!
(iii) Croyez-vous vraiment qu'on publie les catéchismes "pour amadouer les orthodoxes'?

- @Sonia: vous situez bien votre commentaire en partant du parti-pris de "méfiance à mort du Vatican". Je ne voudrais pas polluer la question du Filioque, question théologique compliqué mais essentielle puisqu'il s'agit de la Trinité, et je vous proposerais donc, là aussi de rédiger et poster un nouvel article sur ce thème. Je ne comprends pas votre " depuis plus de vingt ans, c'est le même débat qui se poursuit". Pour moi ce débat dure depuis plus de 1000 ans et, si vous faites allusion aux avancées catholique vers la reconnaissance de la vérité orthodoxe, cela fait à cout sur plus de 45 ans (Vatican 2 - 1962), et expressément sur le Filioque cela fait plus de 35 ans (1974, nouvelle position du Pape)
Par contre, si j'apprécie votre franchise et souhaite continuez et enrichir ce débat avec vous, je ne suis pas d'accord avec votre mise en cause des théologiens de l'École de Paris:
(i) Votre parenthèse sur feu Olivier Clément est choquante
(ii) Votre " l'une qui souhaite n'importe comment l'unité avec le Vatican quitte à reculer sur la foi et les dogmes, sous prétexte… " est un procès d'intention. Il est bien entendu que ces théologiens étudient les doctrines romaines et protestantes pour y trouver les moyens de compléter et approfondir notre propre connaissance de la Vérité. Ce n'est pour autant qu'ils renoncent à notre foi: au contraire, ils la renforcent et l'approfondissent (ou l'élargissent dans le cas de texte de vulgarisation comme le "Que sais-je d'O Clément")! Je pense que vous avez lu le texte sur le Filioque du p. Boris, ou l'explication de l'iconostase par Elizabeth Behr-Sigel, sans parler des cours d'Olivier Clément à St Serge. Moi, ce sont des trésors qui viennent enrichir l'Orthodoxie pour l'Orthodoxie, et tant mieux si, en plus, ils peuvent faciliter la compréhension entre les religions.

47.Posté par Olivier C le 15/07/2010 00:23
@ Irénée : Je comprends tout à fait votre point de vue. Mais vous savez que "l'ajout" ne vaux pas pour la langue grecque, il a même été défendu de l'utiliser en grec par une circulaire tout ce qu'il y a de plus officiel (je ne sais plus laquelle mais au besoin je peu la retrouver).

En effet, dans certaines Églises orientales influencées par le monde latin un credo traduit du latin en grec (le comble) commençais à circuler avec l'addition du Filioque. Or cela n'est pas recevable, y compris dans l'Eglise catholique.

48.Posté par vladimir le 15/07/2010 10:05
PS: pour Cathorth 42.
J'explique dans mon 46 comment envoyer un article à la rédaction. À la différence d'un commentaire, un article qui répond aux objectifs rédactionnels (cf. "Avant-propos") sera l'origine d'un fil de discussion dédié. Si l'article source est disponible sur Internet, vous pouvez en donner le lien, comme je l'ai fait pour la Déclaration ci-dessus, mais il est surtout intéressant de faire resortir les points qui peuvent nourrir un débat. Mais en l'espèce, je me demanda si l'article du père Guarrigues n'est pas dépassé, comme celui du père Boris, en particulier par cette Déclaration qui me semble bien faire le tour de la question. Sa conclusion, en particulier, propose des règles de conduite et met clairement la balle dans le camp de Rome: tant que le dogme promulgué par Lyon II (et confirmé par Florence) reste en vigueur on ne peut sérieusement aller plus loin, même si on reconnait le "consensus théologique grandissant qui résulte de ces deniers 40 ans de dialogues!

49.Posté par Irénée le 15/07/2010 11:26
Merci à Olivier pour cette réponse, mais la question de la langue est secondaire.
On a prié le Credo des Pères dans de nombreuses langues, puis le Filioque est arrivé...
Ce n'est pas parcequ'on ne le récite pas en grec que la question est règlée !
D'ailleurs la plupart des communautés uniates n'utilisent pas le Symbole avec Filioque...
Nous avons ainsi des Eglises en communion qui n'ont pas le même Credo !

50.Posté par Daniel le 15/07/2010 12:29
Pour revenir sur quelques points : je n'aime pas la présentation qu'en fait Kallistos de Dioklea pour plusieurs raisons. Parler de faucons et de colombes n'est pas forcément neutre car on aura tendance à préférer les colombes aux faucons guerriers et batailleurs. Ce bestiaire n'est pas innocent et oriente la sympathie du lecteur vers les si gentilles colombes oecuménistes. L'autre reproche est qu'il s'agit d'un ouvrage de vulgarisation; comme tous les ouvrages de ce genre, il a des avantages et aussi des faiblesses. On ne peut pas tout "vulgariser" et pour certaines choses, il faut entrer dans la profondeur, ce qu'il ne fait pas quand il traite du filioque. Au final, c'est un ouvrage que j'ai lu quand j'ai découvert l'orthodoxie, puis que j'ai abandonné par la suite (il a quitté ma bibliothèque) car il était trop vulgarisateur mais aussi parce que j'ai découvert qu'il comportait d'éditions en édition des changements qui réflétaient surtout l'évolution de la pensée de l'auteur vers l'oecuménisme (Kallistos de Dioklea est devenu orthodoxe dans l'Eglise Russe Hors Frontière!).

Concernant Olivier Clément, que je n'apprécie pas, je crois deviner ce à quoi Sonia fait allusion. Comme cela est écrit sur internet par le Père Andrew Phillips sur son site, je me permets d'en donner le lien et de mentionner le fait incriminé. Olivier Clément aurait communié dans des paroisses catholiques à maintes reprises (http://www.orthodoxengland.org.uk/rusawake.htm cf note de bas de page 1). J'ignore si cela est vrai ou faux, cela me dérange d'en parler vu que l'intérressé est décédé (paix à ses cendres) et ne peut pas se défendre, mais bon, je crois que Sonia faisait allusion à cela.

Si on laisse de coté cette affaire, je n'apprécie pas Oliver Clément pour son ecclésiologie qui est l'ecclésiologie typique des oecuménistes. Elle frise avec l'hérésie ecclésiologique et la théorie des branches : croyait-il que l'église orthodoxe était la seule vraie église? Oui, non? D'après certaines de ces interviews non, car il semblait considérer l'Eglise latine comme une église. Je n'apprécie pas non plus le mépris avec le quel il traitait certaines figures orthodoxes : Séraphin Rose (officieusement canonisé par le peuple et qui a déjà ses icônes) traité par lui de fanatique car il avait mis en garde les orthodoxes contre les sirènes de religions orientales; notre Olivier Clément considérait aussi l'Eglise russe hors frontière comme un repaire de dangereux fondamentalistes, Saint Justin de Tchélié de la même façon... Plus largement, je l'ai souvent soupçonné d'être une sorte de spiritualiste pour lequel toutes les voies mènent au sommet de la montagne en témoigne cet extrait d'une de ses interviews : ". Serge Boulgakov ajoute qu’il faut réintégrer les vieux mythes et symboles païens dans le christianisme. Pour moi, c’est tout à fait essentiel. " ( http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=439 ).

Au fond, je n'aime pas cette fameuse Ecole de Paris qui est trop moderniste et oecuméniste à mes yeux et que je trouve d'ailleurs assez prompte à l'autocongratulation prétentieuse. Malheureusement, elle a une sorte de monopole de représentation de l'orthodoxie en France : c'est toujours la même antienne, Bulgakov, Meyendorff, Schmemann, Olivier Clément etc. Il serait temps de sortir de ce ghetto. J'ai très vite cessé de la lire quand j'ai découvert d'autres lectures, justement assez honnie de l'Ecole de Paris comme le Père Justin Popovitch, Séraphin Rose, le père Michel Pomazanzky. Le premier a été canonisé, le second est déjà considéré comme saint... ce qui discrédite leurs contempteurs de l'Ecole de Paris.

Revenons à nos moutons... L'Eglise orthodoxe étant l'Eglise du Christ ayant la plénitude de la foi, foi donnée une fois pour toute et inchangée, j'aimerais bien savoir pourquoi il y aurait ce besoin à "étudier les doctrines romaines et protestantes pour y trouver les moyens de compléter et approfondir notre propre connaissance de la Vérité. " (je cite Vladimir). A vous lire, la connaissance de la Vérité d'un point de vue doctrinal serait donc incomplète au niveau de l'Eglise orthodoxe? Ne craignez-vous pas de tomber dans le développement dogmatique chers aux catholiques? On découvre dogme après dogme... Belle image de la plénitude. a

Il va de soi que les catéchismes ne sont pas faits pour amadouer les orthodoxes. Mais en revanche, certaines déclarations visent à cela quand on essaie d'atténuer l'importance du filioque, alors qu'au final, l'Eglise romaine continue de condamner les opposants au filioque par la voix de ses conciles (qu'elle considère comme oecuméniques) qui rendent obligatoire le fait de croire au filioque (ce qui montre que ce n'est pas un théologoumène aux yeux des catholiques). Il ne faut pas avoir peur de reconnaître le caractère irréconcialiable de 2 positions. Pour les catholiques : il est obligatoire de croire à la double procession comme en témoigne les conciles oecuméniques catholiques. Pour les orthodoxes, de l'avis de nombreux saints ou conciles locaux, la double procession est strictement exclue.

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