Le Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople a pris la décision historique de permettre aux prêtres de se remarier, indique l’agence d’information orthodoxe en grec Romfea. Un texte officiel précisera les conditions permettant aux prêtres de se marier une seconde fois : le remariage sera autorisé dans des cas bien précis : Cela ne concernera que les prêtres veufs et ceux qui ont été abandonnés par leur femme et en aucun cas ceux qui veulent se remarier en quittant leur première épouse. » L’autorisation sera accordée après un examen au cas par cas par une commission du Saint-synode, indique le communiqué. (1)

UNE TRADITION DE L’ÉGLISE INDIVISE

Lors des sept premiers siècles, beaucoup de clercs, évêques, prêtres et diacres, sont choisis parmi les hommes mariés. Par exemple Grégoire le Grand est l'arrière petit-fils du pape Félix II. Ensuite apparaît le principe canonique, toujours en vigueur dans l’Église orthodoxe que le choix du sacerdoce est le dernier qu’un homme peut faire dans sa vie. Les hommes mariés peuvent donc accéder au diaconat, puis à la prêtrise. Ainsi par exemple le canon 6 du Concile in Trullo (VIIe siècle) permet aux diacres et prêtres de vivre avec leur épouse légitimes, c'est-à-dire d'un mariage datant d'avant l'accès aux ordres majeurs.

Mais, une fois ordonné, un diacre ou un prêtre ne peut plus se marier et il n'a jamais été question de "mariage des prêtres" : l'impossibilité de se marier pour un homme ordonné reprend une tradition déjà relatée par le recueil des Constitutions Apostoliques au IVe siècle.

Quant aux évêques, ils sont élus depuis le VIe siècle parmi les moines et les prêtres non mariés, et sont donc toujours célibataires, que ce soit chez les Orthodoxes ou chez les Catholiques.

L’Orthodoxie s’en tient à cette tradition et environ 1/4 des prêtres orthodoxes (clergé blanc), les autres étant célibataires et souvent moines (clergé noir).

AMENDÉE EN OCCIDENT

C'est le concile de Rome (1074) qui imposera le célibat de tout le clergé en Occident. La réforme grégorienne, soucieuse de préserver le patrimoine de l'Église et de soustraire les clercs mariés à la tentation de s'enrichir pour transmettre un bon héritage à leurs enfants, impose cette nouvelle législation canonique qui menace d'excommunier tous les prêtres mariés; Grégoire VII réitère le caractère obligatoire du célibat des prêtres et condamne en 1079 toutes les tentatives de justifier historiquement et théologiquement le mariage des prêtres.

Mais l'une des premières actions de Luther, qui fut moine avant d'être réformateur, fut de se marier et, se fondant sur cet exemple, les ministres protestants (hommes et femmes), y compris les évêques, sont généralement mariés. Puis les mouvements protestant ouvrirent la consécration pastorale et épiscopale aux femmes…

MODIFICATION DU DROIT CANON

Cette disposition ne s’appliquera qu’au au sein du Patriarcat de Constantinople et on peut se demander si d’autres Églises orthodoxes vont suivre. Soulignons en tous cas que ce changement du droit canon n’avait pas été évoqué lors du concile panorthodoxe de Crête, en 2016, et que, curieusement, elle éloigne encore plus Constantinople de la doctrine catholique ou le débat sur le célibat des prêtres peine à déboucher...
V.G.

Voir aussi :
(1) https://orthodoxie.com/le-patriarcat-de-constantinople-va-autoriser-un-second-mariage-pour-les-pretres/
https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mariage-celibat-et-vie-monastique-par-le-pere-Jean-Meyendorff_a2504.html
https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mgr-Athenagoras-Peckstadt-L-experience-orthodoxe-sur-la-question-du-mariage_a4432.html
https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Pape-impose-aux-Catholiques-le-modele-orthodoxe-pour-la-fin-du-mariage_a4447.html


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Septembre 2018 à 18:00 | 4 commentaires | Permalien



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