LE PERE JEAN MEYENDORFF : "L'ÉGLISE DANS L'HISTOIRE"
Les éditions de l'université orthodoxe Saint Tikhon ont, conjointement avec les éditions EXMO - ЭКСМО publient un nouveau volume de textes appartenance au protobresbytre Jean Meyndorff.

La présentation de cet ouvrage aura lieu en février. Un récit des éditeurs consacré à l'ouvrage. Plus de la moitié des articles inclus dans le nouvel ouvrage sont publiés pour la première fois en russe.

Vladimir Golovanow

La pensée théologique de "l'École de Paris" d'après-guerre connait un regain d'intérêt en Russie: après la publication récente d'un livre de "causeries" inédites du père Alexandre Schmemann (1), c'est un recueil d'articles d'un autre éminent représentant de ce courant, le père Jean Meyendorff (2), qui voit le jour aux éditions de l'Université orthodoxe Saint-Tikhon de Moscou en collaboration avec l'un des plus importants éditeurs russes, EXMO (3). L'ouvrage a reçu l'imprimatur et est recommandé par le Conseil des publications de l'Église orthodoxe russe (4).

"L'ÉCOLE DE PARIS"


"L'École de Paris" (aussi appelé "Synthèse néo-patristique") est un courant théologique qui se développa après la révolution russe dans l'émigration russe en prenant la suite de “la Renaissance religieuse russe” (5). Son noyau se trouva jusqu'à la guerre à Paris, autour de "l'Institut de Théologie Orthodoxe St Serge" (6), fondé en 1925, avec la plupart des théologiens russes de l'émigration.


Cette école théologique met l'accent sur la renaissance d'une véritable philosophie orthodoxe, reliant philosophie classique et pensée orthodoxes dans un «hellénisme ecclésialisé» selon l'expression du père Georges Florovsky (7), incarné dans la patristique byzantine. Après la guerre, trois représentants éminents de l'École de Paris, les pères Georges Florovsky et Alexandre Schmemann et Jean Meyendorf, rejoignirent le "Séminaire de théologie orthodoxe Saint-Vladimir" (Creswood, USA)(8), de l'Église orthodoxe en Amérique (OCA) dont ils furent successivement les doyens (ibid).

Les théologiens russes se réapproprient maintenant ces recherches: des ouvrages inaccessibles en Russie durant près d'un siècle sont publiés et la recherche théologique, forte de ses dizaines de chercheurs, moines et laïcs, repart vers de nouvelles avancées. C'est d'autant plus important que, en dehors de l'Eglise russe, la théologie orthodoxe n'a pas eu de grandes avancées avant la fin du XXe siècle, il fallut d'abord "digérer les indépendances" des Eglises captives (le premier Congrès de théologie orthodoxe eut lieu à Athènes en 1936), et "l'École de Paris" a joué un rôle essentiel dans le développement de la pensée orthodoxe dans son ensemble au XXe siècle.

LE PERE JEAN MEYENDORFF ET L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE.

Le père Jean Meyendorff est, avec son ami et collègue le père Alexandre Schmemann, l'un des représentants les plus connus de cette "Ecole de Paris" d'après-guerre, en particulier pour ses grands apports à la connaissance de la théologie byzantine (son "Initiation à la théologie byzantine" (9) en constitue la première véritable synthèse). Lors de la présentation de la chaire d'études chrétiennes-orthodoxes qui lui est dédiée (2015), le président de l'Université Fordham a souligné que "Jean Meyendorff était l'historien du christianisme byzantin anglophone le plus important au XXe siècle" (10) et, en effet, ses ouvrages et articles étaient essentiellement rédigés en anglais et français. Cela explique que chaque nouvelle parution en russe est un évènement pour le Orthodoxes de ce pays. Comme c'est là que se trouvent actuellement la majorité des croyants et des théologiens de cette confession, ces évènements ont des répercussions sur toute l'Orthodoxie.

Plus de la moitié des articles inclus dans le nouvel ouvrage sont publiés pour la première fois en russe. "En fait, dit le rédacteur en chef de la maison d'édition Egor Agafonov dans une interview à Kiev-Orthodox, si les principaux livres et recueils du père Jean sont plus ou moins disponibles en russe, il y a encore de nombreux articles, dont les sujets sont originaux, qui ne sont pas traduits. Nous avons donc commencé à préparer une collection d'articles et, il y a cinq ans, nous avons édité le «mystère de Pâques», un volume de 800 pages avec 50 articles du père Jean sur la théologie.(11)

Maintenant nous envoyons à l'impression un volume encore plus important d'articles consacrés à l'histoire de l'Église et le titre de l'ouvrage a été repris d'un projet inachevé du père Jean: "L'Eglise dans l'histoire." Ce volume contient 55 articles, dont 24 inédits en russe et traduit spécifiquement pour notre projet. La bibliographie du père Jean occupe 60 pages et si, on ne peut toujours pas la considérer comme définitive, c'est certainement la version la plus complète qui existe actuellement en russe.

L'œuvre du père Jean dans son ensemble et, évidemment, ces articles en particulier, représente toujours un certain niveau de la recherche historico-ecclésiale où l'intégrité scientifique n'entre pas en conflit avec une relation attentionnée et filiale à la Tradition de l'Église; au contraire, elle la met en évidence et souligne les contours de la Tradition de façon plus nette et plus claire. Grâce aux travaux du père Jean (pas de lui seul, évidement) la Tradition elle-même se manifeste avec plus de précision, elle prend une forme précise en perdant les formules traditionnelles vagues et un peu ridicule du genre "les Saints Pères disent." C'est le mérite incontestable des théologiens du XXe siècle et contemporains de mettre en forme ce qui ne l'était pas, de porter un regard historique sur le kérygme de l'Eglise, de prêter attention à son origine et au développement, de comprendre l'Église et sa théologie non pas comme une donnée, mais comme un processus vivant, qui se déroule dans l'espace historique. Ce mérite appartient aussi au père Jean pour une très grande part."
LE PERE JEAN MEYENDORFF : "L'ÉGLISE DANS L'HISTOIRE"

В издательстве ПСТГУ совместно с ЭКСМО выходит новый том статей протопресвитера Иоанна Мейендорфа «Церковь в истории».


PROMOTEUR DU DIALOGUE INTERCONFESSIONNEL

Deux aspirations, deux certitudes sont invariablement présentes dans les œuvres du père Jean: l'unicité de l'Orthodoxie comme la seule véritable expression de la foi chrétienne et le désir de percer le blocage de la conscience européenne au nom du dialogue entre l'Orient et l'Occident pour combler ce fossé entre les Églises dans lequel l'auteur voit une erreur spirituelle et historique catastrophique du christianisme. Les travaux académiques du père Jean, en particulier sur le Grand Schisme de 1054, la nature de l'autorité dans l'Eglise et la primauté de Pierre, ont grandement contribué aux dialogues orthodoxe-catholique officiels. Il fut non seulement un participant dans un grand nombre de ces dialogues, mais aussi un observateur perspicace et un chroniqueur précis, avec un intérêt personnel dans leur poursuite et ces aspects sont aussi reflétés dans les articles publiés.

"Beaucoup de thèmes du livre apparaissent au départ sujets à controverses," continue Egor Agafonov: "la primauté romaine, la division des églises, la place du patriarche œcuménique dans le monde orthodoxe sont souvent utilisés pour polémiquer dans différentes batailles de tranchées. Le père Jean, au contraire, démontre là sa capacité de connaitre une situation en profondeur, de se plonger dans les sources, de comprendre et de réfléchir pour être prêt à engager un dialogue avec l'autre côté. C'est une qualité rare de nos jours et il est si important d'essayer de l'apprendre; cette façon de penser est essentiellement non seulement pour les professionnels, mais aussi pour toute personne qui veut discuter de l'histoire et des enseignements de l'Église. Je voudrais croire que ce livre quelqu'un va aider dans ce domaine."
LE PERE JEAN MEYENDORFF : "L'ÉGLISE DANS L'HISTOIRE"

Photo: Irma Mamaladze -rédacteur du recueil.

Notes et références:
(1) Pere-Alexandre-Schmemann
(2) Jean Meyendorff, (1926, Neuilly-sur-Seine, France, 1992, Montréal, Canada), est un théologien orthodoxe de langues française et anglaise, professeur à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris, puis doyen du séminaire Saint-Vladimir (État de New York) et professeur à l'Université Fordham, "l'Université jésuite de New York", qui lui a dédié une chaire spécialisée dans "relations entre les traditions orthodoxes et les catholiques".
(3) EKSMO, Fondé en 1991, basé à Moscou.
(4) https://book24.ru/product/tserkov-v-istorii-stati-po-istorii-tserkvi-1574357/
(5) cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Arkady-Mahler-developpement-de-la-theologie-russe-aux-XIX-XX-siecles_a3311.html
(6) http://www.saint-serge.net/
(7) Père Georges Florovsky, "Révélation, Expérience, Tradition", 1931, in "La Tradition : La pensée orthodoxe", L'Age d'Homme, 1992, p. 54-72
(8) Le "Séminaire Saint-Vladimir", ou "Institut de théologie orthodoxe Saint-Vladimir", est un établissement d'études supérieures de théologie orthodoxe situé à Crestwood (NY, USA) fondé en 1938.
(9) Paris, Cerf, 1975 /// réédité en 2010
(10) https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Universite-Fordham-New-York-annonce-la-creation-d-une-chaire-d-etudes-chretiennes-orthodoxes-p-John-Meyendorff_a4197.html
(11) Bogoslov
LE PERE JEAN MEYENDORFF : "L'ÉGLISE DANS L'HISTOIRE"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Janvier 2018 à 02:01 | -6 commentaire | Permalien



1.Posté par Vladimir G: Mgr Hilarion de Volokolamsk: "Le père Jean approfondi la tradition mystique chrétienne-orthodoxe..." le 05/01/2018 22:40

Mgr Hilarion de Volokolamsk souligne l'importance du père Jean Mayendorff: "Le père Jean approfondi la tradition mystique chrétienne-orthodoxe, dont il voit les sources dans les débuts du monachisme égyptien. Les étapes principales de cette tradition multiséculaire sont: «Le traité de la Prière» d'Évagre le Pontique, «le mysticisme du cœur» de saint Macaire d'Égypte, la doctrine de la brulure chez saints Grégoire de Nysse et Maxime le Confesseur, l'enseignement sur la vision de Dieu de saint Syméon le Nouveau Théologien, l'hésychasme byzantin des XIII—XIV siècles, le monachisme médiéval russe, saint Séraphin de Sarov et saint Jean de Cronstadt au XIX—XX siècles. Par «mystique orthodoxe» (à la différence des mysticisme non chrétiens ou occultistes) le père Jean entend «la vision objective du Dieu par l'homme» que peuvent atteindre les saints aux niveaux supérieurs de l'exploit spirituel, la communion totale de l'homme à Dieu, lorsque «la lumière divine rayonne dans le corps illuminé de l'homme»."

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