LE SCHISME SECULAIRE DES VIEUX-CROYANTS VA-T-IL SE RÉSOUDRE?
V. Golovanow

L'événement le plus dramatique – le schisme de 1666.

Au début du XX siècle, l'influence des russes issus du milieu vieux-croyant se fit ressentir davantage laissant de nombreuses empreintes à Moscou en dehors de leurs communautés: pavillons individuels, théâtres, usines, écoles et hôpitaux.

Les communautés de vieux-croyants nous ont laissé un riche patrimoine: des nécropoles, des églises ainsi que des pavillons étonnants réalisés dans le style art nouveau commandés par des entrepreneurs et mécènes - les dynasties vieux-croyantes des Morozov, Shchukine, Riabouchinsky, Goutchkov, Soldatenkov.,,,

Le cimetière Rogojskoïe est un cimetière de Moscou où se trouve le centre spirituel et administratif de la branche de l'Église orthodoxe vieille-ritualiste russe acceptant d'ordonner des prêtres. L'autre cimetière d'origine vieille-ritualiste à Moscou est le cimetière de la Transfiguration qui au départ avait été ouvert pour les vieux-ritualistes refusant l'ordination de prêtres dans leur Église.

Tombes de la famille Morozov

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MANŒUVRES DIPLOMATIQUES

La président russe V. Poutine a rendu visite le 31 mai 2017 au primat de l'Église des vieux-croyants, le métropolite Cornelius, à leur centre métropolitain de Moscou - Rogojskoïe qui existe depuis plus de 200 ans.

C'est un fait historique sans précédent: jamais aucun chef de l'état russe n'a rencontré un responsable des vieux croyants depuis que le fondateur du mouvement, le protopope (archiprêtre) Avvakoum, refusa de se soumettre aux ordres du tsar Alexis au XVIIe siècle.

Cette rencontre a suscité beaucoup de commentaires rappelant que la réunion du patriarcat de Moscou avec l'Église russe à l'étranger (ROCOR) en 2007 a été précédée d'une rencontre de V. Poutine avec le primat de cette Église séparée, le métropolite Laure, en 2003 à New York…

Mais ces spéculations ont été immédiatement refroidies par le métropolite de Volokolamsk Hilarion, chef du Département synodal des affaires ecclésiastiques extérieures, à l'occasion de la présentation de son nouveau livre le 1er juin 2017 à Moscou: "Il faut surmonter le schisme qui s’est produit dans l’Église orthodoxe russe au XVIIème siècle, mais cela ne se produira pas bientôt", explique le métropolite en exprimant le regret qu’actuellement les deux Églises « sont encore assez loin de travailler concrètement à surmonter ce qui en son temps a divisé les fidèles orthodoxes de notre patrie ».

Le métropolite a en revanche souligné qu’il entretenait de bonnes relations avec le métropolite Corneille, qu’il rencontre régulièrement, et il a également estimé que la visite récente que lui a rendue le président russe était liée à son soixante-dixième anniversaire et au prochain 400ème anniversaire de la naissance du protopope Avvakoum

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Nous allons brièvement analyser les raisons historique de ce schisme et la situation actuelle

MYTHES ET RÉALITÉS

Contrairement à une opinion largement répandue, l'ancien rite russe, qui provoqua le schisme des Vieux-croyants, ne provient pas des erreurs des copistes, mais tire ses racines de l'une des plus anciennes traditions liturgiques orthodoxes abandonnée au Moyen-âge par Byzance.

Les vieux-croyants ne différent en effet de l'Orthodoxie officielle que sur des questions de rites et de pratique, mais en respectent totalement tous les dogmes des foi. Ils se sont séparés de l'Église orthodoxe russe en refusant les réformes introduites par le patriarche Nikon en 1666-1667 qui aligna le rite russe sur Byzance. Ce fut le schisme ("Raskol" en russe).

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Du XVIIe siècle à la fin du XIXe, l'Église officielle et l'Administration impériale avaient le monopole total de l'information religieuse. Les réformes niconiennes ayant été ratifiées par les conciles de Moscou de 1666-1667, les opposants furent stigmatisés comme schismatiques et les causes du schisme présentées de façon biaisée.

Cette version est toujours largement rependue parmi les Orthodoxes, mais les recherches scientifiques menées dès la fin du XIX siècle (A.A. Dmitrievski, N.F. Kapterev, A.V. Kartachev …) montrent que, si les différences étaient bien réelles, elles n'avaient pas surgi par erreur mais remontaient à l'ancienne règle du Stoudios qui avait pénétré en Russie dès sa christianisation.

L'ANCIEN RITE RUSSE

Les missionnaires de Constantinople qui christianisèrent la Russie au Xe siècle apportèrent les rites alors en vigueur – ceux de la règle studite, établie par saint Théodore le Studite (759 - 826), higoumène du monastère de Stoudios à Constantinople à partir de 788-789. Il y développa un nouveau typicon, fondé sur les règles de saint Basile de Césarée (ca. 330 - 379) et saint Pacôme le Grand (v. 292 - 348), qui s'imposa progressivement à Constantinople (le mont Athos l'adopta en 962) jusqu'au XIIIe siècle. Cette règle s'appliqua aussi aux monastères fondés en Russie: la version d'Alexis le Studite (patriarche de Constantinople en 1025-1043) fut traduite en slavon et introduite par saint Théodose (+1074) à la Laure des Grottes (Kiev) après 1054; de là elle fut diffusées dans la majorité des monastères et paroisses russes.

À partir des XIIe-XIIIe siècles la règle studite fut graduellement remplacée à Constantinople par l'ancienne règle de Jérusalem, appelée Sabaïte car elle fut établie par saint Sabas le Sanctifié (439 – 532). L'Église de Byzance subit aussi l'influence latine, qui aboutit à l’Union de Florence (1439). La règle de Jérusalem néogrecque devint la référence universelle du monde byzantin, mais sa diffusion en Russie fut retardée par la domination mongole, qui coupait la Russie de Byzance comme de l'Occident. Son introduction y fut commencée aux XIVe – XVe siècles par les métropolites de Kiev et de toutes les Russies Cyprien (+1406) et Photius (+1431), mais sa généralisation fut encore ralentie par la rupture avec Byzance qui suivit le concile de Florence.

Ainsi, avant la réforme de 1666 - 1667, l'Église russe utilisait une règle hybride conservant des éléments de la règle studite, avec ses nombreux éléments paléochrétiens et paléobyzantins, à côté de ceux la règle de Jérusalem. Nikon et ses partisans manquaient de connaissances de la tradition ecclésiastique et les conseillers grecs ignoraient déjà la tradition studite; de ce fait les différences entre les textes russes et ceux alors en vigueur à Constantinople furent prises à tort pour des innovations ou des erreurs causées par des traductions fautives ou arbitraires, alors qu'elles provenaient de la règle originelle... Et c'est cet ancien rite russe qui est toujours en vigueur chez les Vieux-croyants.

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FOI ET RITUALISME

Les livres imposés par la réforme furent de nouvelles traductions des livres liturgiques selon la règle néogrecque. Comme les chrétiens orthodoxes dans l’Empire ottoman n’eurent pas le droit d’imprimer les livres ecclésiastiques, ils durent recourir aux typographies européennes: la première édition imprimée du typicon Sabaïte est celle de Venise en 1545.Les livres liturgiques que Nikon fit traduire furent imprimés par les typographies des Jésuites à Rome, Venise et Paris (les premières éditions imprimées en slavon datent de 1610 et la première édition en Russie est celle de 1682, après la réforme…)

Et ils furent non seulement imprimés mais aussi rédigés en Italie à l'aide de sources des chrétiens de l’Italie méridionale qui pratiquaient le rite byzantin. Des glissements occidentalisants y apparurent; ils furent soulignés par les opposants à la réforme et, comme les livres et rites anciens furent anathémisés, de nombreux fidèles pensèrent que les vérités de la foi, qui avaient trouvé leur expression dans les rites et les livres à partir des premiers siècles, avaient été modifiés dans ces nouveaux textes. Cela accentua le rejet de la réforme qui, au départ, tenait surtout à la modification des rites.

Les principaux rites touchés sont, par exemple:

- Le signe de croix se fait désormais avec trois doigts dressés, l'index, le majeur et l'annulaire au lieu de deux (trois doigts réunis symbolisent la sainte Trinité, deux doigts repliés représentent les deux natures de Christ – divine et humaine – c'était précédemment le contraire!);
- Dans le Credo, le Saint-Esprit devient « source de vie »au lieu « vraie source de vie »;
- L'alléluia binaire est remplacé per une triple répétition
- Les processions se firent d'ouest en est au lieu de suivre le cours du soleil pour montrer qu'on va vers le Christ, le soleil du monde;
- Le nom de Jésus, prononcé traditionnellement comme "Isous" fut transformé en "Iisous";
- La liturgie fut célébrée avec cinq au lieu de sept phosphores, etc.

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Le ritualisme tient une place très importante dans l'expression de la foi en Russie:

forme et contenu sont indissociables pour les croyants russes: « Aucun peuple chrétien de l'Europe ne possède un sentiment aussi aigu et brûlant de Dieu dans la matière, dans les objets sacrés que les Russes. La séparation nette du pur et de l'ignoble, du sacré et du profane dans la piété russe n'a comme précédent que, dans l'Israël ancien, le rapport à l'Arche d'Alliance (…). Comme prototype et anticipation de la vie juste, le peuple russe aime appréhender la vie quotidienne dans un contexte rituel et spirituel ; il aime que la vie quotidienne domestique autant que la vie publique soient comprises dans leur aspect ecclésial. Il aime considérer que, dans le creuset du culte ecclésial, tout ce qui est plein de grâce soit transformé de terrestre et périssable en quelque chose de pur et sacré,» écrit l'historien et théologien A.V. Kartachev (In « Le sens de la vieille-croyance », Paris 1924; Citation du journal «Tserkov» Moscou, 1992-2, page 18).

Cet aspect devint prépondérant chez les tenants des anciens rites: pour les Vieux-croyants cela va même encore plus loin. Les rites sont inséparables de la manifestation de leur piété comme l'écrit en 2002 l'évêque vieux-croyant Mikhaïl Semionov: « De quelle foi aux rituels peut-on parler ici ? Pour nos ancêtres les rites sont "la manifestation évidente de la vérité dogmatique…" comme écrit Klioutchevski***, et l'aspiration à conserver un tel rite-symbole n’est-elle pas naturelle ? On peut craindre que l'altération du rite n'en vienne à ébranler, à perdre la vérité de la foi habillée en cette enveloppe sacrée» (in « Apologie de la vieille-croyance », "Tserkov", Moscou, 2002, 4-5, page 19).

* V.O. Klioutchevski (1841 - 1911) est un historien russe;cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vassili_Klioutchevski

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DIVISIONS, PERSECUTIONS, EXODE …

Les vieux croyants furent anathémisés par le concile local de 1656 et firent l'objet de terribles persécutions durant les XVIIème et XVIIIème siècles, allant jusqu'au bucher (immolation du protopope Avvakum) et à des auto-immolations. À l’époque soviétique ils subirent le même sort que l'Église officielle. Ils sont chassés vers la Sibérie, les bords du lac Baïkal, le grand nord; certains choisissent l'exil et des communautés de « vieux croyants » se sont ainsi formées de la Roumanie (alors sous domination turque, on les appellent "Lipovènes") au Canada, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Des communautés de plusieurs dizaines de membres ont ainsi conservé jusqu'à nos jours un russe très pur, des vêtements, des traditions et des chants du temps de Pierre le Grand.

Privés d'évêques, les vieux croyants se divisent en plusieurs Églises qui soit se passent de prêtres pour les sacrements (« sans popes »), soit ont recours à des prêtres consacrés dans l'Église officielle et qui choisissent de les rejoindre (presbytériens). Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que la mouvance la plus importante, "L'Église orthodoxe vieille-ritualiste russe", presbytérienne, se dote d'une hiérarchie en invitant un évêque serbe.


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MOTEURS DU DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE

Avant la révolution les Vieux-croyants étaient plus de quinze millions dans l'empire russe, avec vingt diocèses et plus de deux mille paroisses. Contrairement aux clichés encore répandus ils n'étaient pas tous des paysans enfermés dans des communautés archaïques; il y avait parmi eux de grands entrepreneurs qui furent les moteurs du développement économique de la Russie et détenaient une bonne partie du capital industriel russe (citons les Morozov, Mamontov, Riabouchinski, Rakhmanov /mes aïeux/ ou Soldatenkov, /aïeux du père Nicolas Soldatenkov/.) Ils sont tous les équivalents russes des Rothschild et Rockefeller.

Les communautés de différents rites ont formé une véritable économie parallèle, offraient des avances avantageuses, sans intérêts et même parfois sans rien demander en retour, aux personnes de la même confession, tout en mettant en place ce qu’on appelle aujourd’hui des assurances sociales et œuvres caritatives. Les entrepreneurs géraient les capitaux de la communauté, les faisant passer pour les leurs afin d’alléger l’imposition et d’éviter la pression fiscale et les prélèvements des autorités.

Au début du XXème siècle, des capitalistes « vieux croyants » se sont sérieusement lancés en politique, tout en facilitant la vie des ouvriers de leurs usines et en essayant de faire adopter une législation du travail plus adaptée : cette « responsabilité sociale » faisait également partie de l’esprit de collectivisme des anciens orthodoxes. Parallèlement, des membres de clans financiers et industriels des vieux croyants se sont liés aux révolutionnaires en les finançant, et ce avant tout pour faire pression sur le gouvernement du tsar. Au début de la révolution en 1917, les vieux croyants étaient ainsi assez puissants pour avoir une influence sur le tsar

Les persécutions bolchéviques ne les épargnèrent pas plus que l'Église officielles et ils ne seraient actuellement qu'environ deux millions en Russie, toujours divisés en plusieurs juridictions dont la plus importante est "L'Église orthodoxe vieille-ritualiste russe" ("Русская Православная Старообрядческая Церковь"), qui en regrouperait près de la moitié. Le centre métropolitain de cette Église se trouve au complexe du cimetière Rogojskoïe à Moscou; son chef porte depuis 1988 le titre de Métropolite de Moscou et de toute la Russie (titulaire actuel : Corneille depuis le 18 octobre 2005). Сf

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QUELLE PLACE DANS LA SOCIETE?

L'attitude envers eux reste ambivalente: certains orthodoxes conservateurs leur reprochent l'insoumission à la hiérarchie ecclésiastique en considérant comme mineures les divergences sur les textes et les rites; mais il y a aussi ceux qui apprécient les vieux-croyants, comme Alexandre Soljenitsyne qui voit en eux les porteurs de la conscience et de la religion russe authentiques qui ont été détruites par les dérives provoquées par le schisme et la réforme de l’Église sous Pierre le Grand (in Alexandre Soljenitsyne, "La Russie sous l'avalanche", 1998) et il y a des théologiens orthodoxes qui vont chercher chez eux des racines authentiques. Ainsi le père Alexandre Schmemann, même s'il ne partage pas l'engouement de Soljenitsine comme le montre leurs échanges, s'en inspire peut être pour sa critique du "byzantinisme"…

« Le Raskol… ce fut la dissipation irréparable de la précieuse énergie nationale, ce fut un malheur immense dans la vie de l'Église et du peuple, une nouvelle catastrophe intérieure dans les destins de la Russie sacrée. Il a brisé l'âme du peuple et a obscurci la conscience nationale. Les zélateurs de la Russie sacrée l’ont emporté dans le secret et la clandestinité. Mais les classes officielles, ayant perdu l’instinct religieux, ont imperceptiblement succombé aux sortilèges d’une nouvelle culture : la culture laïque occidentale sécularisée. Le schisme religieux a entraîné le schisme de la conscience nationale, la catastrophe a été double et ce fut très compliqué.

Deux Russies apparurent : l’une populaire, avec l'image de la Russie sacrée dans l'esprit et le cœur, l’autre gouvernementale, cultivée, le plus souvent pas vraiment nationale. Cette catastrophe double eut pris au dépourvu la Russie sacrée, non préparée, comme la première catastrophe de l'invasion latine. Maintenant il arrive un ennemi ou concurrent beaucoup plus puissant. C'est la sécularisation mondiale de la culture européenne ; le remplacement de la théocratie par l’anthropocratie, l’autorité de Dieu par celle de l’homme; le christianisme par l'humanisme, le droit divin par les droits de l’homme, l’absolu par le relatif, la fin de interdiction des idées fausses et de la volonté de les diffuser. Le but de la Russie sacrée fut le ciel, celui de la nouvelle Russie c’est la terre. Là où le législateur était Dieu par l'Église, maintenant c'est l’homme autonome par le pouvoir de l'État armé de l'instruction scientifique… Pierre le Grand a opposé à la thèse de la Russie sacrée l'antithèse de l'État laïc et de la culture laïque. »

A.V. Kartachev, in « "La Russie sacrée" dans les destinées de Russie. » Cours pour la connaissance avec la Russie, Paris 1938 // Essai sur la Russie sacrée, Moscou 1991 (Paris 1956))

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VERS UN RAPPROCHEMENT?

Des tentatives de surmonter le schisme eurent lieu sans résultat au XIXe siècle et ce n'est qu'en 1905 qu'un décret de l'empereur Nicolas II autorisa réellement les communautés de Vieux-croyants à pratiquer leur rite.

En 1800, un décret de Paul 1 autorise la pratique du "vieux rite" permettant la réception de paroisses vielles ritualistes dans l'Église russe et un décret de Nicolas II en élargissait les possibilités. Bien que la majorité des vieux-croyants refuse l'équivalence des anciens et des nouveaux rites et textes, plus de 800 paroisses pratiquant l'ancien rite faisaient partie de l'Église russe en 1918. On appelle ce mouvement "Edinovérié", mot formé sur les radicaux "édin" – un et "véra" – foi, qui souligne bien l'unité de foi malgré la différence de rites. Ces paroisses avaient pratiquement disparues sous le régime soviétique. En 1971 le patriarcat de Moscou lève l'anathème de 1656 à l'encontre des vieux croyants, qui ne sont donc plus considérés comme des « hérétiques » et le rapprochement s'accélère après le renouveau de l'Église russe. Une "commission pour les paroisses de tradition liturgique ancienne et la coopération avec les vieux croyants" fut créée en 2004 et un Centre patriarcal fondé en 2009 avec les mêmes objectifs Il y aurait actuellement dans l'Église russe un peu plus de 30 paroisses pratiquant le vieux rite, dont 1 aux USA, Pennsylvanie) **. Un vicariat dédie au vieux rituel a été crée au sein de l'Église russe à l'étranger (ROCOR); il dépend de l'évêque de Caracas Pierre (Bērziņš), qui a été sacré en 2008 selon le vieux rite***.

De nombreux contacts ont été développés récemment sous la responsabilité du métropolite de Volokolamsk Hilarion, responsable de la "commission pour les paroisses de tradition liturgique ancienne et la coopération avec les vieux croyants", avec l’Église orthodoxe vieille-ritualiste russe presbytérienne dirigée par le métropolite Corneille, qui regroupe environ 1 million de vieux croyants. Ces contacts ne montraient pas d'avancées notables, comme le souligne Mgr Hilarion dans son communiqué cité en introduction, mais …

Il n'est pas impossible qu'une annonce soit faite à l'occasion du 400-e anniversaire de la naissance du protopope Avvakoum en 2020: l’Eglise russe va participer mais ne fait pas (encore?) partie du "Comité d’organisation" de ces commémorations qui est présidé par le métropolite Cornelius et comprend aussi des représentants des vieux croyants "sans prêtres" ainsi que du ministère fédéral de la culture Cf. .
Au cours de la première réunion de ce comité le 24 mars dernier, le métropolite Cornelius a indiqué que cette commémoration peut donner une nouvelle impulsion au processus de rapprochement si elle donne lieu à "du travail commun, une bonne coopération…"


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La visite du président Poutine, certainement en accord avec le patriarcat, marque probablement une volonté d'accélérer le processus: en nous appuyant sur l'exemple de la réunification avec ROCOR, nous pouvons faire l'hypothèse que, malgré le démenti diplomatique de Mgr Hilarion, les deux Églises se dirigeraient vers un rapprochement du même type: l’Église orthodoxe vieille-ritualiste deviendrait une Église autonome au sein de l'Église russe en gardant ses spécificités, en particulier son ancien rite. Bien entendu, comme pour ROCOR, ce processus peut encore prendre plusieurs années … mais les commémorations de 2020, dans 3 ans, s’insèrent bien dans ce possible calendrier. Et pour le président Poutine c'est encore une occasion de se poser en pacificateur et d’asseoir son influence sur une nouvelle frange du "Monde Russe", en Russie comme hors de ses frontières.

Renvois:
** ICI
*** ICI
Sources principales:
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Orthodoxes_vieux-croyants
- Job Getcha, «Le Typikon décrypté. Manuel de liturgie byzantine», Cerf, 2009, p40-52
- Blackwell W. L. The Old Believers and the Rise of Private Industrial Enterprise in Early Nineteenth-Century Moscow // Slavic Review. – 1965. – Vol. 24, N 3.
- A.B. Borodkin, "«ТРУД ДУХОВНЫЙ» И «ТРУД ДОСТОЙНЫЙ». ЭВОЛЮЦИЯ СТАРООБРЯДЧ,ЕСКОЙ ЭКОНОМИЧЕСКОЙ МОДЕЛИ во второй половине XVII–начале XX вв." Scientific revue of the Baikal State University", 2010, Vol.11. N2, p.5-15

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P.O. a consacré de nombreuses publications à la problématique des vieux-croyants. Nous complétons le texte élaboré par Vladimir Golovanow


ÉGLISE GREBENCHIKOVA DES VIEUX-CROYANTS /GREBENŠČIKOVA BAZNĪCA/
Рижская Гребенщиковская старообрядческая община


Si vous alliez à Riga, très belle ville, magnifique architecture art moderne, ne manquez pas de visiter la nombreuse communauté de vieux-croyants "GREBENCHIKOVSKAYA " russophones et son église où vous pourrez admirer une très riche collection d'anciennes icônes. D'abord construite en bois en 1760, l'église orthodoxe Grebenchikova actuelle date de 1814 et se reconnaît grâce à son dôme doré. Elle accueille aujourd'hui une large congrégation de Vieux-Croyants ainsi que de nombreuses icônes que cette dernière a pris soin d'emporter avec elle lors de sa fuite de Russie au XVIIIe siècle.

La communauté compte de nombreux jeunes. Film consacré à l'école du dimanche et à la colonie de vacances des vieux-croyants. Atelier de fonderie, copie de vieilles icônes en bronze et laiton.

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L'église orthodoxe Grebenchikova actuelle date de 1814 et se reconnaît grâce à son dôme doré

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Les vieux croyants vont bientôt construire une église consacrée à ceux qui ont péri pour leur foi dans le camp des Solovki. Ce sera la première en Russie. L'église situera dans la ville de Lioudinovo, région de Kalouga. C'est en 2013 qu'il avait été décidé de la construire.

Une administration spéciale vient d'être mise en place qui aidera les vieux croyants venus de d'Amérique latine s'installer dans le territoire de Primourje et la région d'Amoursk. Deux médiateurs en charge des vieux croyants rapatriés ont récemment été nommés.

Près de Moscou, une communauté de vieux-croyants garde la mémoire d’un Français converti à l’orthodoxie.

Issue d’un schisme d’une violence inouïe avec l’Église orthodoxe russe, l’Église vieux-croyant tente de se perpétuer dans une Russie en pleine mutation. Un Français chez les vieux-croyants

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Juillet 2017 à 20:40 | 20 commentaires | Permalien



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