Le patriarche œcuménique Bartholomeos Ier de Constantinople a invité les primats des anciens patriarcats orthodoxes (Alexandrie, Antioche et Jérusalem), ainsi que l’archevêque de Chypre, à une rencontre à Constantinople.

Cette « synaxe » de deux jours se tiendra au Phanar, siège stambouliote du Patriarcat œcuménique, et débutera le 1er septembre, date du début de l’année liturgique dans l’orthodoxie.Au menu de cette rencontre : les développements en cours au Moyen-Orient qui suscitent chez les chrétiens une grande inquiétude quant à l’avenir. Dans sa lettre d’invitation, Bartholomeos Ier souligne la nécessité d’une concertation « sur la situation de nos Églises dans les circonstances actuelles pour leur soutien fraternel mutuel »
.
« LE TRONC COMMUN DE LA STRUCTURE ET DE L’ARTICULATION DE L’ÉGLISE ORTHODOXE »

Le patriarche souhaite également un échange de vues sur « la progression vers le saint et grand concile de notre très sainte Église orthodoxe ». Bien que l’Église de Chypre ne soit pas un patriarcat et n’occupe que la dixième place dans les diptyques ecclésiastiques, son primat a été invité au Phanar car elle doit son autocéphalie à un concile œcuménique, à l’instar des trois anciens patriarcats.

Pour le patriarche Bartholomeos, en effet, « les anciens patriarcats de l’Église orthodoxe ayant, avec la très sainte Église de Chypre, vu leur autocéphalie confirmée par un concile œcuménique, se doivent de se concerter plus souvent concernant les affaires orthodoxes car elles constituent le tronc commun de la structure et de l’articulation de l’Église orthodoxe, non point certes afin d’exclure les autres Églises orthodoxes des décisions panorthodoxes, mais au contraire, afin d’appuyer et faciliter l’unité panorthodoxe ».

LA RUSSIE, PROTECTRICE DES ORTHODOXES AU MOYEN-ORIENT
Le Patriarcat de Moscou avait récemment manifesté sa mauvaise humeur devant la volonté de Constantinople d’instaurer un dialogue plus étroit entre les Églises orthodoxes du Moyen-Orient. Mais ses préventions semblent aujourd’hui levées, comme le souligne les récentes visites du métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, à Constantinople et à Damas.
Le métropolite Hilarion a souligné la très profonde préoccupation de l’Église orthodoxe russe quant aux problèmes des chrétiens dans certains pays du Moyen-Orient, aggravés par l’instabilité politique dans la région. La Russie est traditionnellement la protectrice des orthodoxes au Moyen-Orient.

N. S.
SUITE " LA CROIX"

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 23 Août 2011 à 14:26 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Potomok le 23/08/2011 15:12
S'il s'agit de réunir les primats des églises en déclin, il est certain que cette problématique ne concerne pas les églises de Russie, Serbie, Roumanie, Georgie; bref, les églises qui on su surmonter le joug de l'athéisme pour survivre et assurer leur vitalité.

2.Posté par vladimir le 23/08/2011 17:24
On peut penser qu'il s'agit de répondre aux problèmes du Proche-Orient, où sont canoniquement implantées ces Eglises, et non de ressusciter la "Pentarchie" (lien). La question a certainement été clarifiée lors de la visite de Mgr Hilarion car il l'avait clairement posée le 20 juin dernier (ibid, commentaire 4): "Aucun groupe d'Eglises ne peut se prévaloir d'un rôle particulier au sein de l'orthodoxie avait-il déclare, (…) Nous ne pouvons en aucune façon être d'accord avec l'idée selon laquelle tel ou tel groupe d'Eglise constituerait le "pivot" de l'orthodoxie mondiale au prétexte que leur statut d'autocéphalie est plus ancien que celui des autres Eglises ". Une telle conception reviendrait à diviser l'orthodoxie en " Eglises de première catégorie et Eglises de seconde zone (...) Si nous voulons dignement préparer et réaliser le concile panorthodoxe, il faut que nous nous appuyons sur les conceptions ecclésiologiques qui unissent toutes les Eglises orthodoxes, et ne pas inventer de nouvelles conceptions qui ne peuvent qu'introduire la division et le trouble (…) Nous avons beaucoup de respect pour l'autorité des anciens patriarcats. Mais quant il est question des affaires communes [à l'orthodoxie], il est indispensable de nous concerter tous ensemble, conformément aux principes de coopération inter-orthodoxe admis par tous. Notre objectif commun, c'est précisément de consolider les efforts de toutes les Eglises territoriales, indépendamment de leur histoire et de leurs origines, pour faire face aux différents défis de notre temps.


3.Posté par Daniel le 23/08/2011 21:09
@ Potomok

Eglises en déclin? Le Patriarcat d'Alexandrie est en plein essor grâce à son activité missionaire en Afrique subsaharienne, activité missionaire qu'on aimerait bien voir en Europe occidentale. L'église de Chypre n'est pas particulièrement en déclin! Chypre a un des taux de pratique religieuse les plus élevés dans le monde orthodoxe. Les autres traversent une passe difficile et depuis longtemps, mais la domination musulmane, ce n'est pas facile, vous savez!

4.Posté par vladimir le 23/08/2011 22:57
Déclin par rapport à quoi? A 1er millénaire et à la Pentarchie? Certainement. Au temps de la domination turque? Probablement. Au milieu du XXe siècle? A voir...

Bien entendu, si nous parlons des vingt dernières années et comparons à la résurrection de l'Europe de l'Est, où le nombre de paroisses a été décuplé, toutes ces anciennes Eglises déclinent sous les coups des persécutions ou de la sécularisation: Alexandrie perd des paroisses en Egypte que l'Afrique subsaharienne est loin de compenser, Chypre constate une baisse importante de la pratique... comme tout l'Occident*, les autres sont réduites à la portion congrue dans leurs territoires canoniques, même si Constantinople et Antioche compensent partiellement par la diaspora, dont le nombre de paroisses dépasse largement celui des territoires canonique. Il est donc certain que les poids respectifs ont changé et cela se sent aussi au niveau des apports théologiques (pour Daniel: je prends le mot au sens habituel; vous appelez cela "pensée religieuse")

Note:
* Quand je suis allé à Malte, il y a 15 ans, un curé s'est plein de la baisse de la pratique: moins de 85% des habitants allaient maintenant à la messe tous les dimanche :-)

5.Posté par potomok le 23/08/2011 23:49
@3 - Daniel. Faisons, de bonne grâce, amende honorable. Resterait à voir (mais c'est une question marginale, ici) que deviendrait le patriarcat grec d'Alexandrie si l'Eglise copte rejoignait le plérôme de l'Eglise Orthodoxe. Sommes en solidarité d'avec l'Eglise de Chypre pourvu que celle-ci ne profite de cette réunion des Eglise du proche orient pour avancer ses pions et ses revendications dans l'ordre des dyptiques.

Tout à fait d'accord avec Vladimir mais reste que le texte relevé sur le site orthodoxie.com (lien ci-dessous) interpelle quant à une quelconque volonté panorthodoxe d'une telle "synaxe"...

6.Posté par Daniel le 25/08/2011 00:24
@ Potomok

Si les coptes rejoigneaient l'église orthodoxe, chose très peu probable, il y aurait 2 patriarches d'Alexandrie, l'ex-copte et l'orthodoxe. Logiquement, à terme, les deux devraient être fusionnés avec un seul patriarche d'Alexandrie (mais en conservant les 2 traditions liturgiques). Mais l'essor de l'orthodoxie en Afrique subsaharienne est saisissant, plus que le renouveau de l'orthodoxie dans les anciens pays communistes... En Ouganda, cela vient d'Africains ayant découvert l'orthodoxie... par des livres qui ont sollicité le Patriarcat d'Alexandrie. On a un clergé indigène, des séminaires qui se sont créées sur place, des traductions en langue locale et comme les Africains sont des familles nombreuses et que leur pratique religieuse n'a rien à voir avec celle d'une société occidentale peu intéressée par les choses spirtuelles, le Patriarcat d'Alexandrie a de beaux jours en Afrique.

On parle beaucoup de renouveau orthodoxe par ci parlà, mais on ne voit pas la naissance d'une Afrique orthodoxe (j'espère).

http://www.orthodoxie.com/2011/08/m%C3%A9tropolite-macaire-du-kenya-adventures-in-the-unseen-iii-the-mission-continues-.html

7.Posté par vladimir le 25/08/2011 10:45
Merci Daniel pour ces informations. Vous avez raison, nous connaissons mal la situation en Afrique: auriez-vous quelques chiffres? Il me semble que les données sont incomparables: le livre que vous citez parle de "un réseau de centaines de paroisses en Afrique orientale", ce qui se compare à la situation en Europe occidentale, mais en Europe de l'Est nous en voyons des dizaines de milliers. La seule Eglise russe a crée ces vingt dernières années plus de 20 000 paroisses (et ordonné autant de clercs...), 500 monastères, 80 établissements d'enseignement religieux, 12000 écoles paroissiales... . L’Afrique va probablement dépasser notre "Vieille Europe", qui se croit encore le nombril du monde (y compris orthodoxe), mais je crois bien que c'est en Europe de l'Est que se joue l'avenir de l'Orthodoxie.

Pour ce qui concerne les Coptes il me semble que les discussions théologiques sont assez avancées pour qu'on puisse imaginer une restauration de la communion sacramentelle (cf. "L’Orthodoxie, l'Église des sept conciles" Mgr Kalistos Ware. p. 403-405).

8.Posté par vladimir le 25/08/2011 19:05
Et voici de l'eau pour le moulin de Daniel :-)
Afrique: le statut juridique de l'Eglise orthodoxe a été officiellement reconnue au Botswana
Le statut juridique de l'Eglise orthodoxe a été officiellement reconnue par le gouvernement du Botswana nous informe le quotidien orthodoxe roumain Ziarul lumina.

Rappelons que le 12 janvier 2006 le patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique, Théodore II, avait célébré la divine liturgie dans la capitale du Botswana, Gaborone, dans le sud de l’Afrique et a rencontré la communauté orthodoxe de ce pays. Il était accompagné de Mgr George, archevêque du Zimbabwe, de l’Angola, du Mozambique, du Malawi et du Botswana. Une petite communauté grecque orthodoxe d’environ 200 familles vit au Botswana. La première église orthodoxe du pays est actuellement en construction. (http://www.orthodoxie.com/2006/01/botswana_la_pre.html)

9.Posté par Daniel le 25/08/2011 22:14
@ Vladimir


Je n'ai pas de chiffre sur l'Afrique, d'une part parce que les états africains ont des recensements peu fréquents (encore devraient-ils interroger sur l'appartenance religieuse). Mais par les dépêches, on voit que ça bouge. Prenez l'exemple du Congo ex-Zaïre : arrivée de l'orthodoxie en 1972 et aujourd'hui 40 après, il y a déjà une université orthodoxe à Kinshasa etc... Je vous rejoins, la vieille Europe occidentale est largement dépassée ou le sera bientôt par l'Afrique en raison de la déchristianisation mais aussi du manque d'esprit missionaire. L'Europe de l'Est va se trouver confrontée à la même situation que l'Europe de l'Ouest, la déchristianisation qui est déjà plus que réelle en Bulgarie, Russie, qui pointe son nez en Grèce etc car on veut vivre "à l'occidentale".

Concernant les relations avec les coptes, aucune avancée majeure n'a été réalisée depuis Chambésy. J'ignore même si les discussions se poursuivent. Je pense même que les orthodoxes sont partagés entre ceux qui pensent que les coptes professent un monophysisme modéré et ceux qui pensent qu'ils ne le professent. Quant à un Ethiopien, il m'a dit qu'ils étaient monophysites... La christologie de ces églises est donc peu claires...

10.Posté par vladimir le 07/09/2011 15:34
Le métropolite Hilarion après son voyage au Proche-Orient et en Turquie:
- Q: Votre voyage au Proche-Orient et en Turquie s’est achevé. Vous avez visité trois Patriarcats. Quel était l’objectif de ce déplacement ?

- Mon voyage a eu lieu avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Le Patriarche et le Saint-Synode m’ont chargé de rendre régulièrement visite aux chefs des Églises locales orthodoxes, de les consulter sur les relations inter-orthodoxes, sur les questions d’actualité intéressant l’existence de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain. Un voyage dans les pays du Proche Orient était nécessaire pour rencontrer personnellement les Primats de trois Patriarcats antiques : ceux de Constantinople, d’Antioche et de Jérusalem.

A l’heure actuelle, le Proche Orient fait face à des évènements politiques qui risquent de compliquer sérieusement la vie des chrétiens de cette région. Ce n’est pas un hasard si les Primats des Églises du Proche Orient suivent de très près les problèmes des chrétiens locaux : le 1er août, en Jordanie, les Primats des Églises d’Antioche, de Jérusalem et de Chypre se sont rencontrés. Un représentant du Patriarcat d’Alexandrie assistait à la rencontre. Le 23 août, une réunion semblable a eu lieu à Chypre. Le 1er septembre, une autre rencontre consacrée aux problèmes du Proche Orient est prévue à Istambul sous la présidence du Patriarche Bartholomée de Constantinople.

L’Église orthodoxe russe n’est jamais restée indifférente aux problèmes de nos frères orthodoxes du Proche Orient. Elle a exprimé sa préoccupation face à la situation des chrétiens au Proche Orient et dans d’autres régions du monde dans la déclaration du Saint Synode datée du 30 mai.

- Comment les Primats des Églises que vous avez rencontrés ont-il accueilli cette déclaration ?

J’ai remis aux trois Primats le texte de cette déclaration traduite en différentes langues, y compris le grec et l’arabe. Les Primats des Églises du Proche-Orient l’ont reçu avec reconnaissance. Le patriarche d’Antioche a dit en particulier qu’elle serait publiée dans les médias orthodoxes de Syrie et du Liban.

- Quelle est l’opinion du leader de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, que vous avez rencontré dimanche, sur la situation des chrétiens au Proche-Orient ?

- En tant que dirigeant d’une des régions dont la population est majoritairement arabe et où vivent côte à côté musulmans et chrétiens, Mahmoud Abbas connaît bien la problématique. Il espère que des évènements semblables à ceux qui se sont produits il y a peu en Irak et en Égypte ne se répéteront pas dans d’autres pays de la région proche-orientale. On sait que c’est précisément après que ces pays aient renversé les régimes en place avec l’aide de l’étranger que la situation des chrétiens a considérablement empirée. En Irak, suivant les évaluations, vivaient environ un million et demi de chrétiens ; ils ne sont plus aujourd’hui que la moitié. La vie des chrétiens est sans cesse menacée, beaucoup ont été forcés de quitter les villes et les villages où leurs coreligionnaires vivaient depuis des siècles.

- La plus grande fréquence des rencontres entre Primats des Églises de cette région tient-elle exclusivement aux circonstances politiques ? Lors de la prochaine rencontre des Primats à Istambul, s’en tiendront-ils aux problèmes régionaux ou discuteront-ils également de questions à dimension panorthodoxe ?

- J’ai posé cette question aux trois Patriarches. Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée m’a dit que la rencontre serait consacrée avant tout aux problèmes du Proche-Orient. Les Patriarches Irénée d’Antioche et Théophile de Jérusalem me l’ont confirmé. Le Patriarche Théophile a par ailleurs ajouté que lorsque les Primats se rencontrent, ils peuvent discuter de toute question les intéressant.

Évoqueront-ils lors de la rencontre le thème du Concile panorthodoxe à venir, je ne saurais dire. Mais je pense que les problèmes panorthodoxes doivent être discutés par l’ensemble des Églises orthodoxes locales, afin de ne pas donner l’impression qu’un groupe d’Églises tente de prendre des décisions pour toutes les Églises locales en leur absence.

- Avez-vous évoqué le futur Concile panorthodoxe et sa préparation avec les Patriarches d’Antioche et de Jérusalem ?

- Oui, cette question a été abordée. Il était important de discuter avec le Primat du Patriarcat de Constantinople et ceux de ces Églises la possible configuration du Concile, sa thématique, comment y seront représentées les Églises, sur quel mode seront prises les décisions. Aujourd’hui, dans le cadre de la collaboration inter-orthodoxe, la seule méthode de prise de décision est le consensus ; c’est sur lui que repose la possibilité de la coopération entre les Églises orthodoxes locales. C’est cette méthode qui permet de résoudre les problèmes dans un esprit d’amour fraternel et de parvenir à la concorde sur les questions litigieuses.

Ces derniers temps, des voix se sont élevées, proposant de renoncer à cette méthode. Pour certains, les décisions en conférence inter-orthodoxe devraient être prises à la majorité simple. Un changement aussi radical dans le travail des organes inter-orthodoxes serait lourd de conséquences : si une Église s’élève contre telle ou telle décision et que son opinion est ignorée par le vote, on assistera forcément à des divisions dans la famille des Églises orthodoxes. Et si la division n’est pas surmontée au niveau de la préparation, elle ressortira forcément au niveau du Concile panorthodoxe lui-même. C’est pourquoi il est absolument impossible de proposer aujourd’hui quelque autre méthode que ce soit en dehors du consensus.

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