La Nef : Découvrez  dossier SPECIAL  « Les tradis » et ENTRETIEN - « Du goulag à la liberté », entretien avec Nikita Krivochéine
SOMMAIRE DU N°338 JUILLET-AOÛT 2021

ENTRETIEN avec Nikita Krivochéine - Du goulag à la liberté

Né à Paris en 1934 dans une famille de la noblesse ayant fui le communisme, Nikita Krivochéine, en 1948, rejoint l’URSS avec ses parents qui pensent retrouver une Russie apaisée, ce qui lui vaudra de connaître le goulag avant de pouvoir revenir en France en 1971. Il raconte cela dans un livre poignant (1)

La NEF Vous avez eu un parcours inimaginable, né en France, puis départ pour l’URSS où vous connaîtrez le goulag et retour en France : pourriez-vous nous le résumer ?

Nikita Krivocheine: Le Ciel a été clément, généreux : j’ai pu rentrer en France, m’y bien réintégré, y faire revenir mes parents, fonder un foyer. Parmi les jeunes émigrés emmenés en ex-URSS après la guerre ceux qui ont eu cette chance se comptent sur les doigts d’une main. Il m’été donné de voir de Paris l’effondrement du régime communiste, et cela sans que le sang soit versé ! Une grande vague de règlements de comptes meurtriers était plus que probable. Nous avons survécu en URSS corporellement ainsi que dans notre foi, notre vision. Mais combien de « rapatriés » ont préféré se faire « couleur muraille », se dépersonnalisé pour survivre. Mon retour en France a été et reste un très grand bonheur !

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Photo: le chanoine Stanislas Kiskis, après sa deuxième déportation

La NEF : Pourquoi vos parents sont-ils retournés avec vous en URSS en 1948, alors que le totalitarisme du communisme soviétique était manifeste ?

- Nikita Krivocheine: : Il avait, dans l’après-guerre immédiat cessé d’être claironné et manifeste. A partir de 1943 Staline constatant que les Russes ne sont pas très chauds pour se faire tuer par la Wermacht au « nom du communisme, avenir radieux de toute l’humanité » change de disque et se met invoquer « la grande Russie », ses militaires, sa culture, réouvre les églises. Il change d’hymne national et renonce à la devise « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », fait renaitre le corps des officiers. Pour, dès 1946, revenir à la répression de l’église. Il lance en 1949 une très importante vague d’arrestations (dont celle de mon père). Mais pendant la guerre l’illusion d’un renoncement au communisme a fonctionné.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué de votre vie en URSS et du temps passé dans les camps ?

J’ai intimement ressenti et intériorisé que l’Espérance est une grande vertu. Il aurait suffi de ne plus la vivre fut-ce instant pour sombrer dans le grand rien de « l’homo sovieticus ».

- Notre famille était l’une des rares de la diaspora russe de Paris à ne pas vivre dans la misère. Jusqu’au déclenchement de la Seconde guerre mondiale, ma première enfance a été heureuse. Avec mes parents, nous habitions dans un grand trois-pièces des quais de la Seine, en face de la Tour Eiffel. Nous vivions dans un confort rare à l’époque, d’autant plus chez les familles des émigrés russes. Mon père avait fait d’excellentes études à la Sorbonne, il était devenu l’un des spécialistes des appareils électroménagers. À ma naissance, il était ingénieur en chef de l’entreprise Lemercier Frères. Mon père possédait une Citroën noire, avec ma mère ils ont beaucoup voyagé. J’étais fils unique, né tard de surcroît.
En juin 1946, Staline met en place une gigantesque campagne de propagande : une amnistie est proposée à tous les anciens émigrés blancs de France, avec remise d’un passeport soviétique et la possibilité de retrouver leur patrie. La Pravda sortait avec un nouveau slogan en exergue : «Pour notre patrie soviétique!» à la place de «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!». Et la radio ne passait plus l’Internationale mais Russie puissante… Les Russes ont pensé que la débolchevisassions était lancée.

Je me suis retrouvé en URSS en 1948 et ensuite pendant de longues années j’ai été obsédé par l’idée de m’enfuir. Notre bateau, parti de Marseilles, a amarré dans le port d’Odessa. Il avait à bord de nombreux russes désireux de réintégrer le pays. Le lendemain, c’était le 1er mai. Nous attendions. Un militaire en tenue du NKVD est entré dans notre cabine, il a demandé à ma mère d’ouvrir son sac à main et lui a confisqué trois journaux de mode : « C’est interdit !» On nous a dit : vous allez à Lüstdorf , une ancienne bourgade allemande près d’Odessa. Sur le débarcadère, des camions nous attendaient, conduits par des soldats. On nous a emmenés dans un véritable camp, avec des miradors, des chiens, du fil de fer barbelé et des baraquements ! Nous fûmes transférés à Oulianovsk dans un wagon 40 hommes 8 chevaux, voyage de 12 jours. En 1949 mon père est arrêté et condamné à 10ans de camps pour « collaboration avec la bourgeoisie internationale ». Mon enfance heureuse était finie. Je raconte tout cela dans mon livre.

Le Grand Témoin sur Radio Notre Dame >>> 12 juillet 2021 : Nikita KRIVOCHÉINE, ancien interprète auprès de différentes organisations internationales, l’un des derniers survivants du goulag soviétique. Auteur de « Des miradors à la liberté » (Life)

Vous évoquez avec chaleur dans votre livre la belle figure du chanoine Stanislas Kiskis, prêtre catholique lituanien : quelle place tenait la religion au goulag et quelle relation s’établissait-il entre orthodoxes et autres chrétiens ?


- Question qui demanderait toute une étude. En 1958, à mon arrivée au camp en Mordovie, un vieux déporté me dit en français : «Permettez-moi de vous présenter le chanoine Stanislav Kiskis» . Cette rencontre a marqué tout mon séjour en déportation. Notre amitié se prolongea après notre élargissement.

C’était un homme de petite taille, trapu. Son visage, sa tête, quelle prestance ! On pouvait tout de suite sentir que c’était une personne robuste à tous les points de vue. Une semaine était à peine passée que Kiskis fut transféré dans notre équipe pour charger des camions. Nous étions une dizaine d’hommes, presque tous de la campagne, criminels de guerre, pas mal d’Ukrainiens et de Biélorusses, tous des types pas ordinaires.

Kiskis avait choisi, dans sa mission, la méthode de la maïeutique de Socrate.

Je suppose qu’il avait du rôder son discours dans les camps précédents. Au sujet de la «nature de la propriété», par exemple, sans s’adresser à quelqu’un en particulier, le père Stanislav demandait : «Et ce tas de pierres, à qui appartient-il? Et la terre sur laquelle se trouve le tas?» Les réponses étaient évidentes : «à personne», ou bien «à ces abrutis de communistes et de tchékistes!», ou bien «on ne sait pas».

Le père Stanislav et moi analysions ensemble les dogmes romains comme l’Immaculée Conception, la preuve rationnelle de l’existence de Dieu et l’infaillibilité pontificale. Nous le faisions exclusivement du point de vue analytique et historique. Le chanoine-psychothérapeute dut s’exprimer de façon plus délicate et plus embrouillée que quand il s’agissait de la propriété mais il réussit à aboutir à ce qui distingue le travail comme châtiment infligé à Adam de celui qui est le signe principal de notre ressemblance à Dieu. Il réussit même à établir une qualité, une utilité et un côté salvateur à certains aspects du travail forcé en camp. A son retour en Lituanie il fut chaleureusement accueilli par la hiérarchie catholique.

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Photo: et lettres envoyés des Etats-Unis par Alexandre Soljenitsyne aux Krivochéine

Vous avez connu Soljénitsyne : que retenez-vous de l’homme et, plus de douze ans après sa mort, que peut-on dire aujourd’hui du rôle historique qu’il a joué ?

- Mon père avait séjourné dans le camp du Premier cercle en même temps que Soljénitsyne . Ce fût entre eux une amitié à vie. Lorsque je quittais l’ex-URSS Alexandre Issaevitch me fit l’honneur de se déranger pour me dire adieu et encourager ma décision d’émigrer.

D’une façon plus générale, quelle a été l’influence des dissidents en URSS, en quoi sont-ils un exemple pour nous aujourd’hui ?

- Il est devenu certain que les résistants en URSS (à préférer aux « dissidents » ) ont par leur action accéléré, ne fut-ce que de peu, l’effondrement du système. Ils sont un exemple car, selon Soljenitsyne et Sakharov ils n’ont pas accepté de « vivre dans le mensonge ». Les communistes continuent jusqu’à présent à le haïr et à le vilipender.

Quand on lit dans votre livre la somme de souffrances à laquelle vos parents et vous-mêmes avez dû faire face, n’avons-nous pas, en Occident, perdu le sens tragique de la vie ?

- Il suffit de la conscience de mortalité, on peut très bien se passer du GOULAG pour être conscient du tragisme de l’existence.

Comment analysez-vous la situation actuelle de la Russie, la page du communisme est-elle définitivement tournée ?

- Hélas, non ! Tant que « l’empaillé », c’est ainsi que nous désignions le locataire du mausolée reste dans ses quartiers rien n’est irréversible. Les adorateurs de Staline restent nombreux, des momuments à ce criminel sont même clandestinement érigés par ci, par là.

Alors que le nazisme a été unanimement rejeté, il n’en va pas de même du communisme dont les crimes ne suscitent pas la même répulsion (on trouve encore des statues de Lénine en Russie) : pourquoi une telle différence et la Russie ne devrait-elle pas s’engager à un « examen de conscience » sur le communisme ?

- Le national-socialisme n’a jamais promis à qui que ce soit une vie heureuse. Alors que le communisme a réussi à se faire accepter en tant « qu’avenir radieux de toute l’humanité ». Lorsqu’une décommunisation authentique, à la Nüremberg, se fera je célèbrerai de tout cœur. Mais l’utopie du paradis terrestre a le don de ne pas laisser partir ses fidèles.

Vous êtes un croyant : comment voyez-vous l’avenir de nos sociétés qui s’éloignent toujours plus de Dieu et comment voyez-vous l’avenir des relations entre orthodoxes et catholiques ?

Cinq générations de croyants ont vécu sous un régime déicide, les martyrs ne peuvent être comptés. Le renouveau chrétien s’est fait sentir en Russie longtemps avant 1991. La période d’agnosticisme que nous avons traversée se termine, l’homme ne peut très longtemps ne vivre que de pain. Une nouvelle génération non infectée génétiquement par « l’homo sovieticus » est apparue. Les paroisses sont remplies de jeunes.

Lien vers la version complète de l'interview >>>> ICI

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Editeur : LIFE éditions
Auteur : Nikita Krivochéine
Préface de GEORGE NIVAT
Traduit du russe par BRUNO BISSON
« Des miradors à la liberté : Un Français-Russe toujours en résistance » de Nikita Krivochéine chez LIFE éditions, 192 pages, 22 €

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 7 Août 2021 à 14:11 | 12 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Anna Rotnov le 05/07/2021 01:36
En 1974 la loi sur le regroupement familial a vu jour. Quelques-uns ont pu quitter l'URSS, pas beaucoup. Mon père notamment a bénéficié de cette loi.
J'ai beaucoup aimé le livre écrit par votre mère. Un passage reste gravé dans ma mémoire; le ministre Jules Mock ayant signé un accord avec l'URSS leur livrant les Russes blancs. Mais je reste perplexe; que donc la France a-elle obtenu en échange? ....

2.Posté par A. Lebedeff le 05/07/2021 10:33
Monsieur (Nikita Krivocheine), j'ai acheté votre livre, lisez-le. Je suis bouleversé par votre sort. Vous êtes une personne qui a vécu plusieurs vies. Vous avez vu des gens intelligents et nobles. Vous étiez au seuil de la mort. Mais, vous êtes resté noble et n'êtes pas devenu mauvais. C'est une grande leçon pour un jeune homme. Beaucoup de gens modernes ne croient pas à la noblesse et ne savent rien du goulag

3.Posté par N.B. le 06/07/2021 08:49
Merci! Très intéressant! Le livre contient de magnifiques photographies. J'ai beaucoup aimé la façon dont vous parliez de votre enfance à Paris et de vos parents. Vos histoires sur l'URSS sont très importantes pour la jeune génération

4.Posté par Lara le 06/07/2021 18:04
Félicitations pour votre livre ! Vous avez trouvé la force d'écrire beaucoup de vérité sur l'URSS. J'étais très intéressé de lire sur vos amis du camp. Une merveilleuse introduction au livre de Georges Niva. Je pense que vous êtes le dernier de la génération de Français russes qui ont tant survécu et écrit de manière si intéressante

5.Posté par Marc Rubera le 06/07/2021 18:32
@Lara
L'auteur est formidable d'écrire sur la prière en prison! Quelle tristesse et espoir. Comment une personne trouve la force de prier dans des conditions aussi inhumaines

6.Posté par A. Lebedeff le 07/07/2021 12:34
Dans son livre, Nikita Krivocheine écrit sur les sentiments patriotiques de ses parents. Il parle de l'émigration russe, dont une partie a succombé à la persuasion de Staline et s'est rendue en URSS. Beaucoup ont été arrêtés et abattus.
Ces gens ne savaient-ils pas où ils allaient ? Quel est cet étrange phénomène ? Retourner dans la patrie qui se rencontre comme une méchante belle-mère ?

7.Posté par Anna Rotnov le 07/07/2021 14:42
@A. Lebedeff

Les russes sont naïfs et romantiques.
Mon père, Serge Rotnoff, était danseur classique aux Ballets Russes de Monté-Carlo de 1940 à 47.

1945. Presque tous les jours, papa prenait le train de Nice à Monte-Carlo.
Une fois en rentrant, sortant à la gare de Nice, il a entendu la musique, les chants et les discours russes... il s'est dirigé vers cet appel.
Il s’agissait de jeunes hommes et de jeunes filles en uniforme soviétique de l’Armée rouge. Il s’est avéré que Staline a donné l'ordre de rechercher dans toute l'Europe les immigrants russes, même un par un, pour les appeler à rentrer « chez eux », en Russie. Selon la version officielle, Staline avait très peur du soulèvement « blanc » contre l’URSS de l’étranger. Pour ma part; cela ne tient pas debout.

Ainsi, 1945 et Sergueï Rotnov est tombé dans les filets de la propagande soviétique. Il était entouré de jeunes gens si gentils et chaleureux, tout le monde était joyeux sourire aux lèvres, parlant le russe, jouant de la guitare...

Comment résister, après avoir vécu 25 ans sur les valises avec l'espoir de rentrer chez soi ? Il a commencé à aller à leurs réunions. La propagande était forte: « Le pays qui a gagné la guerre, qui est arrivé à Berlin à pied libérant tout le monde sur son passage, ne peut pas être mauvais ! Tout le monde vous ment ici. Nous bâtissons un nouveau pays, un nouvel homme, une nouvelle nation avec l’égalité pour tous". Comment être en désaccord avec de si beaux slogans?

« Le pays a perdu beaucoup d'hommes, il a besoin d’être reconstruit. La patrie a besoin de vous... « C’est ainsi que mon père s'est fait prendre à l'âge de 27 ans en entraînant avec lui ses parents... Comme des centaines de milliers à travers toute l’Europe. La Russie, ou plutôt l’URSS, n’a pas libéré la France; comment ces jeunes soldats se sont-ils retrouvés là ??? ... Ce jusqu'à 1947...

Peu de gens savent, que l’URSS a signé un traité avec la France afin d'extrader les immigrants russes et les renvoyer dans leur pays d'origine. Le ministre Jules Mock a pris cela très au sérieux. Des prisonniers russes furent capturés dans les rues de Paris et des grandes villes. Ils étaient soviétiques, la police ne prenait pas de pincettes avec eux, ils ne parlaient même pas la langue française. Ces malheureux seraient rentrés chez eux avec joie, mais pour avoir été faits prisonniers, ils se seraient fait fusiller en rentant... On les appelle la Deuxième Vague, ce sont les plus malheureux de tous. Ils se cachaient des années durant, ont vécu terrorisés jusqu'à la mort. Ces gens parlaient peu, baissaient les yeux. Les « Blancs » ne les acceptaient pas, les Français non plus, ils survivaient comme ils le pouvaient, chacun terré dans son coin.


La vie est étonnante... Je me souviens avoir rencontré cet ancien ministre, Jules Mock, dans sa jolie villa au Sud de la France. J’avais 15 ans. Mes parents lui parlaient calmement et on dînait tous devant la piscine. L'homme était chaleureux et sympathique, son épouse était belle et bien plus jeune que lui. Elle avait l'air de beaucoup l'aimer et s’occupait de lui sans cesse. Papa ne savait pas qu’il s’était retrouvé en URSS pour 30 ans grâce à ce charmant gentleman. S'il l'avait su, peut-être aurait-il commencé à l’étrangler... Seulement, il avait face à lui un petit homme si vieux et fragile, le bousculer n'aurait eu aucun sens.

En politique rien de personnel; le troupeau de Russes « devait » être ramené "chez eux", point. Les visages sont invisibles, les destins estropiés également, rien que les chiffres...

8.Posté par Grégoire le 08/07/2021 16:12
Ce qui montre bien que l'anti communisme de Jules Mock n'était juste que de l'apparance... Son positionnement politique a été très proche des Mencheviks (un socialiste modéré).

9.Posté par Leonide le 08/07/2021 16:59
J'ai lu le livre et j'ai été surpris, je me suis posé des questions. Quel genre de pays est l'URSS ? Elle a invité les émigrés russes à rentrer chez eux puis les a arrêtés. Des gens talentueux étaient recrutés, faits délateurs, expulsés du pays. Et cela a duré 80 ans. .Enfin, l'URSS s'est effondrée. Mais ils érigent encore des monuments au bourreau Staline, nostalgique de l'URSS. Il y a beaucoup de pauvres dans le pays. Un pays riche et gigantesque où il n'y a toujours pas de routes et pas de gaz dans les villages.

J'ai beaucoup voyagé en Russie et j'ai vu la pauvreté . Y a-t-il encore des gens aujourd'hui qui croient que la Russie a changé ? Un excellent livre de N. Krivocheine, dans lequel vous pouvez trouver des réponses aux questions...

10.Posté par Tchetnik le 08/07/2021 19:10
@Leonide
La Russie a en effet énormément changé. Quant aux pauvres, on en trouve aussi bien sous les ponts de Paris ou sur les rives du Saint Laurent.

11.Posté par Anna Rotnov le 08/07/2021 22:34
Il n'y a pas d'sdf à Moscou. Peut-être dans les gares, mais je n'en ai pas vu. Les gens sont tous très bien habillés, bien mieux qu'en France. Mes amies (classe moyenne) ont fait toute l'Europe et ont au moins 2 appartements privatisés, plus une datcha et une voiture.

Sinon, c'est le seul pays au monde qui faisait un salon annuel pour les millionnaires, même l'Arabie Saoudite n'en fait pas. Avec le covid ils ont dû prendre une pause.

Comme partout il y a des pauvres. Comme partout c'est c'est la majorité de la population. Mais on ne peut comparer l'URSS à la Russie actuelle, pour le simple fait que les gens ont la libre circulation. D'ailleurs j'ai vu qu'en ce moment les Russes ont pris d'assaut la Grèce et la Turquie. Les Français, en attendant reste en France.

12.Posté par Leonide le 09/07/2021 12:08
@ 11 Anna Rotnov
Hélas, la Russie a SDF. Vous ne les verrez pas dans la capitale Moscou et Saint-Pétersbourg parce que la police les fait sortir de la ville. Ceci pour faire croire aux touristes qu'il n'y a pas de clochards dans le pays. Vous êtes la fille de votre père, qui a souffert de son patriotisme aveugle. C'est bien d'être patriote, il faut être fier de sa Patrie, mais il faut voir les défauts qui doivent être éradiqués. Moscou est une vitrine de toute la Russie, mais si vous vous éloignez de Moscou sur 100 kilomètres, alors la vraie Russie commence. Il y a beaucoup de bon et de mauvais .

Si vous allez à 100 kilomètres de Paris, alors la vie est encore meilleure que dans la capitale.
Je vous conseille de vivre les yeux grands ouverts et d'écouter moins de propagande.

13.Posté par Tchetnik le 09/07/2021 13:38 (depuis mobile)
@Leonide
Vous n'avez pas dû aller souvent à 100 km de Paris...qui ressemble d'ailleurs de plus en plus à Kinshasa. Mk et son agglomération font pas loin de 14 millions d'habitants, parmi lesquels des riches comme des pauvres. Comme partout.

14.Posté par Anna Rotnov le 09/07/2021 13:47
Oui, Lionel, les maisons de campagne à 100 km de Paris sont sublimes. Hors de prix aussi. Par contre il y a la banlieux de Paris...
On ne va pas commencer à comparer l'incomparable; les deux pays sont si différents, le vécu est si à l'opposé; le climat, la grandeur, la mentalité etc. Je ne suis pas là pour descendre la France; c'est chez moi. Je ne cherche pas à glorifier la Russie; je ne la connais plus. Pour ce qui est d'éradiquer les défauts; on ne peut rien en France, comme les Russes ne peuvent rien en Russie. Personne ne peut battre le système.

15.Posté par Grégoire le 09/07/2021 21:35
"Il n'y a pas d'sdf à Moscou. Peut-être dans les gares, mais je n'en ai pas vu. Les gens sont tous très bien habillés, bien mieux qu'en France. Mes amies (classe moyenne) ont fait toute l'Europe et ont au moins 2 appartements privatisés, plus une datcha et une voiture.

Sinon, c'est le seul pays au monde qui faisait un salon annuel pour les millionnaires, même l'Arabie Saoudite n'en fait pas. Avec le covid ils ont dû prendre une pause"

Avoir des millions de personnes dans les églises chaque dimanche serait bien mieux que d'avoir quelques millionnaires pour la Russie... Il est mieux de laisser la réussite matérielle comme signe d'élection aux protestants


16.Posté par Anna Rotnov le 10/07/2021 08:36
@Grégoire

Sans les finances, je vois mal comment vivre. Si vous avez ce secret, donnez le nous.

Pour ce qui est des églises, en Russie elles sont remplies, en France vides. Mais on peut être croyant sans être pratiquant, ou peu pratiquant. Le principal est de prier, peu importe ou.

17.Posté par Lidia le 10/07/2021 13:56
@Grégoire

Les églises avant la révolution de 1917 en Russie et en Europe ont été construites par le gouvernement russe. Il y avait de riches sponsors, mais la plupart des fonds provenaient du trésor public de l'empire Russe. Les cathédrales de France, d'Italie, de Serbie etc. ont été construites par le Tsar. Lors de l'émigration dans les années 1920 et 1930, les réfugiés russes ont commencé à ouvrir leurs petites églises. Il n'y avait pas d'argent, mais ces temples étaient pleins de croyants.

Aujourd'hui, seuls quelques-uns de ces temples subsistent. Pendant l'URSS, les bolcheviks ont détruit des milliers de monastères et de cathédrales. Maintenant, ils essaient de les restaurer.
L'Église russe reçoit de l'argent pour la restauration de l'État ou des oligarques. Les gens ont peu d'argent, bien qu'il y ait beaucoup de croyants

18.Posté par Radio Notre Dame : Le Grand Témoin le 12/07/2021 17:44
Nikita KRIVOCHÉINE, ancien interprète auprès de différentes organisations internationales, l’un des derniers survivants du goulag soviétique. Auteur de « Des miradors à la liberté » (Life)

Entretien avec l'auteur du livre ; Podcaste >>> https://radionotredame.net/emissions/legrandtemoin/12-07-2021/

19.Posté par Anna Rotnov le 13/07/2021 07:42
Afin de compléter le récits de Nikita Igorévitch, je voudrais raconter l'histoire du retour en URSS de la cousine germaine de mon père.

Née comtesse Savoysky, Tamara Vassilievna, arrivé en France en 1924 avec toute la famille, mais plus âgée que mon père, était déjà mariée dans les années 40 et vivait avec sa fille. Le mari a quitté la famille et Tamara vivait dans 15m² avec Élisabeth.
Vers ses 20 ans Élisabeth s'est marié avec un immigré russe, Pierre (Pim) Mikouline. Remettons-nous dans cette époque d'après-guerre; ni CAF ni RSA ni APL; aucune aide sociale. Le couple s'est installé chez Tamara. Et la vie est devenue un enfer pour tous. Il fallait trouver une solution...

Tamara s’est sacrifiée... et a décidé d’aller en URSS. La famille au complet était présente pour les adieux au port de Marseille, ou son bateau l'attendait.
Nous sommes en 1946. Les Rotnov n’étaient pas encore partis; mon père hésitait à choisir sa route: le ballet de New-York lui a offert un contrat... ou l'URSS.

Tous étaient à quai pour accompagner Tamara. Papa me racontait que celle-ci avait très peur de partir ainsi, dans l'inconnu, et complètement seule. Elle a demandé à sa fille: « Alors, j' y vais? " Élisabeth baissa les yeux et n'a rien répondu. C’était sa réponse et Tamara est partie.

Et c’est tout, elle a disparu.

À Saratov, après avoir surmonté l’horreur et le sordide, papa a décidé de retrouver Tamara. Elle était sa cousine aînée, mais les familles étaient si proches que pour mon père elle était une soeur.

Je n'imagine même pas comment papa l’a fait, mais il l’a retrouvée. Dans une ville très lointaine, or il avait déjà les moyens de voyager à travers le pays avec le deuxième revenu de photographe. Il a investi son temps, son énergie et de l’argent, et arriva dans cette ville. Puis il fallait chercher la maison. Il a trouvé une cabane en bois au bord d'une route ... En y pénétrant il a vu Tamara, assise sur une cagette. Ni chauffage ni encore moins de meubles. La pauvre était à moitié folle. Mon père pensait organiser un thé... mais c'était le vide absolu, aucun aliment dans la maisonette!
Il a couru au magasin, a acheté beaucoup de nourriture, l'a apporté et ils ont fait comme ils le pouvaient. Il me racontait qu'en la quittant et allant au train de Saratov il en pleurait ...

Il n’a jamais revu Tamara. Ils ont correspondu, il lui envoyait de l’argent, mais très vite la pauvre fut placée dans un hôpital psychiatrique ou elle est morte rapidement.

Tous ne sont pas parti par conviction, certains sont revenu en URSS la recherche d'une vie meilleure, pensant qu'un changement, un nouvel endroit, un nouveau pays changeraient leur vie.
Je crois que certaines de ces personnes étaient génétiquement inadaptées à la survie, quel que soit le pays.

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