Jacques Berset, agence Apic

L’Université de Fribourg, une nouvelle fois lieu de dialogue entre Eglises sœurs catholique et orthodoxes, a facilité la rencontre entre les évêques catholiques de Suisse et leurs homologues de l’Assemblée des évêques orthodoxes pour la Suisse (AEOS). Ils se sont rencontrés pour la première fois les 8 et 9 mai 2012, au siège de la Conférence des évêques suisses (CES). "C’est une première dans l’histoire de la CES, qui existe depuis 1863!", s’est exclamé mercredi Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, lors d’une conférence de presse à l’Université.

L’AEOS, de fondation récente, rassemble tous les évêques orthodoxes de rite byzantin responsables de paroisses sur territoire helvétique. Au centre de la rencontre entre évêques catholiques et orthodoxes, a relevé Mgr Morerod, la priorité a été la connaissance réciproque, la prière et l’échange sur les défis pastoraux et théologiques à relever. Les évêques suisses se sont également demandés comment ils pouvaient aider les chrétiens orthodoxes, notamment en leur mettant à disposition des églises. Cette rencontre a été rendue possible par l’engagement de l’Institut d’études œcuméniques, "grâce à Saint Nicolas, un saint vénéré intensivement tant en Orient qu’en Occident", a déclaré le Père Guido Vergauwen, recteur de l’Université de Fribourg.

Plus de 150’000 orthodoxes en Suisse

Les orthodoxes sont présents en Suisse depuis deux siècles, mais ils sont de plus en plus nombreux ces dernières années. Si les résultats du recensement fédéral de 2010 ne sont pas encore connus, les orthodoxes devraient dépasser nettement le chiffre de 150’000. La présence orthodoxe en Suisse se manifeste toujours davantage, notamment par l’érection de nombreuses infrastructures sur sol helvétique.

Les Eglises catholique et orthodoxes se reconnaissent mutuellement comme Eglises sœurs, mais cependant elles sont en désaccord sur la compréhension du "ministère pétrinien de l’évêque de Rome", souligne un communiqué commun signé par Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion et président de la CES, et le Métropolite de Suisse, Jérémie Kaligiorgis, président de l’AEOS. Tous deux soulignent l’importance de garder la foi vivante et de la diffuser en Suisse. Aux défis pastoraux communs correspond une responsabilité pastorale partagée en vue de la propagation de la foi et des valeurs chrétiennes dans la société et l’Etat, affirment les évêques, qui expriment leur souhait commun de continuer à travailler ensemble. Le Métropolite Jérémie a souligné pour sa part que cette rencontre offrait l’occasion d’une collaboration plus directe avec les frères dans l’épiscopat en Suisse: "Le cadre a été tracé pour que nous donnions une parole ensemble!"

Mgr Mennini a reçu la "Rose d’argent de Saint Nicolas de Myre"

En marge de cette rencontre entre évêques orthodoxes et catholiques, Mgr Antonio Mennini, ancien nonce apostolique à Moscou et actuel nonce à Londres, a reçu ce mercredi 9 mai, fête de la translation des reliques de Saint Nicolas, la "Rose d’argent de Saint Nicolas de Myre" à la cathédrale de Fribourg. Cette distinction, créée par l’Institut d’études oecuméniques de l’Université de Fribourg et l’Institut des Eglises orientales à Ratisbonne, est décernée pour la sixième fois. Cette manifestation, coïncidant avec la 1ère rencontre officielle de la CES et de l’AEOS, honore les mérites de Mgr Mennini pour son engagement en faveur d’une meilleure compréhension entre catholiques et orthodoxes.

"L’archevêque Antonio Mennini a contribué de manière efficace à une meilleure entente entre Eglises orthodoxes et catholique dans les pays où il était en mission", a relevé le recteur Guido Vergauwen.

Mgr Mennini, nonce apostolique à Moscou pour la Fédération de Russie entre 2002 et 2010, a permis, comme ce fut déjà le cas en Bulgarie auparavant, le développement d’une plus grande confiance entre chrétiens orthodoxes et catholiques. Il a ainsi pu résoudre bien des conflits locaux qui empoisonnaient les relations entre la minorité catholique et la majorité orthodoxe. C’est la raison pour laquelle Mgr Mennini est le lauréat de cette distinction, attribuée pour la première fois en 2006. Le métropolite russe Kirill de Smolensk et Kaliningrad, devenu entre-temps patriarche de Moscou, en avait été le premier lauréat.

A la question de l’Apic sur une éventuelle rencontre du pape Benoît XVI avec le patriarche orthodoxe russe à Moscou, Mgr Mennini a cité le patriarche Kirill: "Si cela ne dépendait que de moi, je ferais cette rencontre demain déjà, mais pour le moment, je ne peux pas!". Des réticences internes persistent au sein de l’Eglise orthodoxe russe. Mgr Mennini estime par conséquent qu’il faut lui donner du temps, mais qu’il appartient aussi aux catholiques de faire montre d’ouverture afin de faire tomber les tensions. Le nonce reconnaît que la situation s’est déjà bien améliorée ces dernières années et qu’il n’y a plus vraiment de gros obstacles sur le chemin.
JB
SUITE Apic

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 10 Mai 2012 à 20:33 | 3 commentaires | Permalien



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