La CROIX
Haute de 120 mètres,la cathédrale du Salut-de-la-Nation-Roumaine pourra accueillir jusqu’à 5 000 fidèles, et elle s’élèvera plus haut encore que le bâtiment du Parlement roumain, deuxième plus important bâtiment administratif au monde après le Pentagone aux États-Unis.

Votée en 2004, la construction a été entamée en 2011 sur un terrain de 11 hectares offert par le gouvernement. Pour l’heure, la cathédrale n’est pas encore achevée. Outre les travaux de décoration extérieurs et intérieurs, doivent toujours s’ajouter un musée du christianisme, un hôtel, une bibliothèque, la résidence du Patriarche, des bureaux pour les médias du Patriarcat, ainsi que quatre pavillons portant le nom des apôtres Saint-André, Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Luc, consacrés chacun à des tâches particulières, parmi lesquelles l’action médicale et sociale, l’accueil des pèlerins, et des actions culturelles.u[

L’Église roumaine a justifié la construction de cette nouvelle cathédrale en affirmant que les autres édifices ne suffisaient plus à accueillir les fidèles dans la capitale, mais cet argument a soulevé quelques sourcils dans l’opinion.

Plusieurs observateurs ont affirmé que l’Église aurait mieux fait de restaurer les églises à l’abandon depuis l’époque communiste plutôt que de se lancer dans une entreprise aussi dispendieuse que politique. Plus de 100 millions d’euros ont déjà été engloutis par la construction de ce complexe, et le coût final pourrait dépasser 400 millions d’euros selon plusieurs ONG.

Financement à majorité public

« C’est un symbole politique pour affirmer la domination de l’Église orthodoxe sur la société roumaine, affirme Cristian Pirvulescu, doyen de l’École nationale de sciences politiques de Bucarest. L’Église revendique aujourd’hui un rôle primordial dans la formation et la préservation de l’identité roumaine, et les politiciens souscrivent à cette présentation afin d’en tirer des dividendes politiques. »

Plus encore que le montant important atteint par la construction, c’est son financement à 70 % par des fonds publics en provenance du gouvernement mais aussi des autorités locales, qui provoque le mécontentement d’une partie de l’opinion.

Dès 2011, un sondage réalisé par la Fondation Soros révélait que, bien que 61 % des Roumains soient favorables à la construction de cette cathédrale, 58 % voyaient d’un mauvais œil la participation financière de l’État.

« Il n’y a pas de fracture dans l’opinion, ce débat n’intéresse qu’une minorité de personnes informées, mais les Roumains ne sont pas favorables à ce que l’État dépense de manière si extravagante pour un nouvel édifice religieux alors que l’argent manque tellement pour les hôpitaux et les infrastructures modernes », affirme Cristian Pirvulescu.

Pierre Sautreuil

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 26 Novembre 2018 à 14:55 | 2 commentaires | Permalien



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