Aurélie Charrier

Le 28 septembre 2013 avait lieu à Saint-Raphaël (83), le troisième volet du colloque intitulé « Europe d’hier et de demain », à l’initiative de la Communauté Saint Martin. Face à l’actuel défi identitaire, souligne Monseigneur Hollerich, archevêque du Luxembourg, qui préside la journée : « L’intellect de l’Europe demande la foi pour éclairer la raison ». Quelle sera la contribution des chrétiens à l’Europe de demain ?

Nous vous proposons une série de trois articles, reprenant les thèmes abordés dans trois des conférences de ce colloque, qui font entendre des voix de différents pays : le Père Alexandre Siniakov, recteur du Séminaire orthodoxe russe en France, Monseigneur Aldo Giordano, observateur permanent du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe depuis juin 2008, Monseigneur Hollerich, archevêque du Luxembourg.

Le rôle de la Russie dans la récente issue pacifique au conflit syrien semble témoigner d’une évolution de son rôle et de son image, en Europe et dans le monde, selon le Père A. Siniakov (Cf.1) Peut-être est-ce l’occasion de scruter de manière nouvelle « l’Orient de l’Europe », et de s’interroger sur l’apport des orthodoxes des pays de l’est à la fraternité européenne ?

Trois éléments paraissent particulièrement décisifs pour comprendre ce que la spiritualité orthodoxe pourrait apporter à la culture européenne : le sens de la beauté, la proximité avec la création, le souci de la communauté ou « sobornost ».

Le sens de la beauté

La spiritualité orthodoxe lie intimement la religion à l’art, et à la beauté.

D’ailleurs, selon la « Chronique des temps passés », lorsque le prince Vladimir 1er cherche quelle religion embrasser, c’est la beauté du culte byzantin qui détermine sa décision en faveur de la religion chrétienne. En effet, quand les émissaires envoyés dans la capitale byzantine assistèrent à la Divine Liturgie et aux diverses cérémonies qui avaient lieu à Sainte-Sophie, leur impression fut si forte qu’ils en furent stupéfaits et rapportèrent à leur souverain : « Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre, car il n’y a pas sur terre un tel spectacle ni une telle beauté, et nous sommes incapables de l’exprimer. Nous savons seulement que c’est là que Dieu demeure avec les hommes et que leur culte dépasse celui de tous les autres pays. Cette beauté, nous ne pouvons l’oublier et nous savons qu’il nous sera désormais impossible en Russie de vivre d’une manière différente ». Cette splendeur semble au prince Vladimir un argument en faveur de la vraie foi. Il est baptisé en 988 et la Russie devient ainsi chrétienne.

Cette beauté dans la spiritualité et la liturgie orientales, manifestée en premier lieu dans les célébrations, rappelle que l’art a une mission sacrée, une mission théurgique : l’art vrai est, d’une certaine façon, Parole de Dieu. Si Dostoïevski annonce que « La beauté sauvera le monde », Hans Urs von Balthasar, auteur d’une esthétique théologique, développe quant à lui cette « mission » de la beauté.

La proximité avec la création

Une seconde caractéristique de la spiritualité orthodoxe est une grande proximité avec la nature, avec la création de Dieu. La beauté du cosmos conduit à la connaissance de Dieu, et inversement, la connaissance de Dieu permet de découvrir la vraie beauté du monde, comme révélation. De plus, la spiritualité russe manifeste que l’homme est solidaire avec la nature. La réconciliation eschatologique, apocalyptique, avec la nature est le signe d’un retour au paradis originel, en témoignent les grands saints slaves, comme Saint Séraphin de Sarov.

Pour la pensée russe, le christianisme n’est pas une religion du salut individuel de l’homme, mais a des conséquences cosmiques, universelles. Le péché est non seulement une catastrophe pour l’homme lui-même, mais aussi pour le cosmos. Ainsi, l’anthropologie paraît inséparable de la cosmologie : c’est la matière et tout le cosmos qui sont appelés à être transfigurés.

Dans un contexte où le souci de la création et où la question de la relation entre les hommes et la nature sont très actuelles, cet apport de l’orthodoxie ouvre des perspectives intéressantes pour une réflexion chrétienne sur l’environnement.

La préoccupation pour la communauté ou « sobornost »


Enfin, la préoccupation pour l’ensemble de la communauté est aussi une caractéristique de la spiritualité orthodoxe.....SUITE Blog Terre de compassion

..............................................
Père Alexandre Siniakov
En 2008, il a été nommé par le Saint-Synode du patriarcat de Moscou recteur du Séminaire orthodoxe russe en France. Il est aussi secrétaire du diocèse de Chersonèse aux relations avec les Églises, la presse et la société par le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe et secrétaire du Conseil diocésain et membre de la Représentation de l’Église orthodoxe russe près les institutions européennes à Bruxelles.

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Octobre 2013 à 10:38 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Justine le 20/10/2013 19:00
Le sens de la beauté: Il ne faudrait pas oublier de souligner que la notion orthodoxe de la beauté n'a rien de commun avec l'esthéticisme. Il ne s'agit pas d'une beauté simplement extérieure, dans les formes, le raffinement, laquelle peut aussi être expression de vices. La beauté au sens orthodoxe est indissociable de la Vérité et de la Vertu. Ainsi par exemple nous chantons la beauté de la Mère de Dieu, mais voici comment: "La beauté de ta virginité et la toute-splendeur de ta pureté...."

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile