La misère spirituelle du socialisme  et les tentations du « socialisme chrétien »
Par le père Ilia SOLOVIEV

Traduction pour "Parlons d'orthodoxie" Elena Tastevin


La chute de l’idéologie communiste en Europe de l’Est n’a pas suscité la désillusion à l’égard du socialisme. L’opinion s’obstine à croire que une amélioration des conditions socio-économiques ferait disparaître le péché. Les socialistes, par exemple, estiment que dans une société plus développée il n’y aurait plus de raisons de pécher, d’envier, de tuer pour un morceau de pain, etc.

L’amélioration de la vie de la société comme de chaque personne est un objectif qui est en harmonie avec le christianisme. En effet, Dieu a crée l’homme pour qu’il vive dans l’harmonie absolue, c’est-à-dire au paradis où il n’y a « ni maladie, ni tristesse, ni soupirs ». Dieu n’était pas contre l’existence de l’homme dans les conditions de « l’harmonie sociale ». Il a créé une telle harmonie.

Cependant, selon les Saintes Ecritures, l’homme, et ceci lorsqu’il se trouvait dans l’harmonie, a commis un péché, il a transgressé la volonté de Dieu. Il importe également qu’à la différence des autres êtres l’homme a été créé parfaitement libre. Les animaux, les oiseaux et tous les êtres vivants au paradis étaient heureux de vivre en liberté. L’homme seul disposait du libre arbitre et ceci pour observer le commandement de Dieu : ne pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Autrement dit l’homme était doté du libre arbitre avec une contrainte, à savoir respecter la volonté de Dieu. Mais il ne l’a pas respectée.

La misère spirituelle du socialisme  et les tentations du « socialisme chrétien »
Peut-on en déduire que le péché tel qu’il existe ne dépend pas des conditions sociales ? Ou que si l’homme réussissait à reproduire une certaine ressemblance au paradis terrestre, autrement dit, s’il améliorerait les conditions sociales et économiques au maximum, le péché persisterait dans sa vie ?

La situation économique quelle qu’elle soit ne faciliterait pas le combat avec le péché car il ne dépend pas directement des conditions économiques. Il arrive souvent que dans des pays développés le péché et le vice atteignent leur paroxysme. Les hommes blasés de richesse perçoivent le vice comme un divertissement, le péché devient une partie intégrante de l’existence de la société libre. Penser que les hommes cesseront d’envier les autres suite à l’abondance du pain et des jeux est une illusion. Le socialisme qui considère que la morale est fonction de l’ordre public n’est qu’illusion.

S.L.Franck, philosophe religieux russe du XXème siècle , estimait que l’utopie n’est pas un rêve d’une vie parfaite sur terre mais la volonté de rendre la vie parfaite grâce à un ordre public et une organisation de la société nouveaux.

L’athéisme, sa théorie et sa pratique

L’ athéisme « pur et dur » a perdu de son importance en Russie après la chute du communisme. Mais il réapparaît, toutefois, à nouveau actuellement. L’enseignement athée consiste, d’une part, à nier l’existence de Dieu et, de l’autre , à inculquer les pratiques athées. En effet, l’homme qui reconnaît l’existence des forces suprêmes, l’existence de Dieu peut, toutefois, vivre comme si Dieu n’existait pas. Une telle approche est plus dangereuse que l’athéisme étriqué en ex-URSS. Il se manifeste, par exemple, dans les programmes des communistes et des fascistes qui appellent à la destruction des hommes au nom du bien-être de la société en appliquant des critères de race ou de classe. Ces programmes sont un exemple par excellence de l’athéisme pratique. Le dessein des socialistes consiste à transformer la réalité et obtenir la liberté, l’égalité et la fraternité pour tous.

La perception de la liberté dans les courants utopiques, cependant, n’est pas la même que dans le christianisme. En effet, le chrétien met la liberté extérieure, c’est-à-dire, celle du déplacement, de l’expression, etc. en-dessous de la vraie liberté spirituelle, la liberté à l’égard du péché. Ainsi les socialistes atteignent la liberté en voulant créer une société juste alors que les chrétiens voient la liberté dans le perfectionnement moral de l’homme.

Par conséquent, la liberté des uns et des autres se trouvent sur des longueurs d’ondes différentes, et il y a peu de points de convergence. Au bout du compte, la liberté extérieure n’est pas une fin en soi car elle se réduit souvent à la liberté du péché. Aussi, le slogan de la révolution française « Liberté, égalité, fraternité » ne rappelait que superficiellement les principes du christianisme. Le revers de cette liberté est connu.

La misère spirituelle du socialisme  et les tentations du « socialisme chrétien »
Les tentations du « socialisme chrétien »

Les souffrances de l’homme diminuent, certes, dans une société développée. Et c’est positif. La délivrance de la famine et des souffrances correspond aux aspirations chrétiennes. La souffrance altère la personne, y compris moralement. Elle est susceptible de pousser l’homme à des actions inhumaines : à la trahison, au meurtre, voire au suicide. Aussi le désir de libérer le monde des souffrances et des fléaux sociaux est un point commun de l’Eglise et de ceux qui cherchent à créer une société plus parfaite. L’Eglise ne réprouve pas le bien-être sur terre mais elle ne le considère pas non plus primordial. L’activité sociale de l’Eglise vise à aplanir les souffrances de l’humanité. Jésus Christ Lui-même appelle les chrétiens à donner à manger aux affamés, à visiter les malades, et à donner à boire aux assoiffés.

Or, les tentatives de créer une société utopique du bien-être universel motivée par des idéaux chrétiens sont une hérésie. Selon les socialistes, une société parfaite doit reposer sur l’Etat et la force de la loi considérée comme un moyen de répression du péché. La loi prévalait dans la société avant Jésus Christ. Aussi l’utopie socialiste altère la conscience chrétienne en l’orientant vers les principes appliqués avant la venue de Jésus.

Le perfectionnement des relations publiques n’est possible que dans la mesure de la renaissance morale de chaque personne dans la société. L’espoir de perfectionner la morale de la société grâce à des réformes sociales est utopique. Consacrer sa vie à l’utopie n’est pas compatible avec le chemin de Jésus. Selon Viatcheslav Ivanov, Jésus Christ est réaliste puisqu’Il sait que le bien triomphera du mal. Le diable est romantique. Il sait aussi que le bien combattra le mal mais il vit d’illusions espérant que cette victoire peut être retardée et que son importance ne sera pas universelle.

Le bien ne peut être affirmé que par le bien. Le mal ne peut servir à faire le bien. Qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Les moyens sociaux ne permettent que de maintenir l’homme à un certain niveau de son développement. Ils ne sont pourtant pas susceptibles d’élever la société jusqu’à la « nouvelle terre et le nouveau ciel » que l’humanité verra un jour.

"Neskoutchniy Sad" В плену утопии: социализм как ересь
священник Илья СОЛОВЬЕВ

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 26 Mars 2018 à 05:11 | 0 commentaire | Permalien


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